L'homme qui savait la langue des serpents de Andrus KIVIRÄHK

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

En des temps lointains, les hommes habitaient les forêts et conversaient avec les serpents. Les animaux n'avaient pas de secrets pour les hommes et tous vivaient en harmonie. Puis les hommes ont commencé à quitter la forêt pour fonder des villages, et peu à peu, ils ont perdu ce don millénaire. Leemet est un des derniers à connaître la langue des serpents, un des derniers survivants à refuser de gagner le village. Il vit encore dans la forêt avec sa mère, son oncle, et sa soeur qui s'amourache d'un ours. A ses côtés, ses meilleurs amis, Ints, un serpent, et deux australopithèques qui élèvent deux poux géants, qui cohabitent également avec Ülgas respectueux des génies et des rituels archaïques, Tambet enfermé dans ses croyances et ses délires identitaires et  Meeme, qui ne semble plus avoir toute sa tête. Ces chasseurs cueilleurs sylvestres refusent de céder aux sirènes de la modernité incarnées par le village régi par des chevaliers teutons qui cherchent à les christianiser. 

Dans une époque médiévale réinventée, Leemet est le dernier homme qui voit la vie de ses ancêtres disparaître peu à peu vers la modernité de la civilisation. Il rêve encore des temps anciens durant lesquels la salamandre, poisson titanesque, veillait sur le monde. Toutefois l'auteur n'idéalise pas ce monde sauvage, il mène davantage une réflexion sur ce que signifie être le dernier homme, celui qui résiste envers et contre tout, fidèle à ses valeurs. Mais seul. Désespérément seul. Il montre que "nous sommes toujours les modernes de quelqu'un, car toute tradition a un jour été une innovation" (postface de Jean-Pierre Minaudier). Ainsi il permet d'élargir la réflexion sur l'avenir des petits peuples, des minorités souvent opprimées par leurs voisins.

"Mais face au temps qui passe et à un monde qui change à un rythme de plus en plus vertigineux, nous sommes tous (ou nous serons tous un jour) des Indiens, des Bretons, des Leemet : vivre en faisant le moins de dégâts possible autour de soi, c'est accepter l'inévitable tristesse de tout cela, sans se vautrer dans le conformisme et la bêtise qui triompheront toujours, sans pour autant verser dans la haine ni se réfugier dans l'idéalisation d'un passé fantasmé, qui est une autre forme d'hérésie." postface 

Ce roman a connu un immense succés en Estonie, sans doute en raison de son humour et de sa dimension pamphlétaire qui offre un regard acéré sur l'époque et sur l'histoire de l'Estonie,  de son peuple. 

Un roman original à recommander. 

 

Présentation de l'éditeur : Le tripode 

D'autres avis : Le Monde ; Babélio 

 

Merci à Phili pour le conseil ! 

 

L'homme qui savait la langue des serpents, Andrus Kivirähk, traduit de l'estonien par Jean-Pierre Minaudier, Editions Attila, 2013, 421 p., 

 

Lire le monde avec Sandrine pour l'Estonie

Publié dans Littérature Europe

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D
Bonsoir Hélène, je l'ai noté car j'ai entendu que du bien à son propos. Bonne soirée.
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H
IL mérite le bien qu'on en dit !
S
J'ai beaucoup aimé ce roman, lu et chroniqué il y a deux ans je crois. Ma belle-soeur est estonienne c'est elle qui me l'a offert et figure-toi que le traducteur est un ami à elle ! J'aimerais bien lire maintenant l'autre livre de lui.
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H
Un bon conseil !
L
Depuis le temps qu'il m'attend, j'ai décidé de le lire en février, et j'aime bien lire ton avis, qui me confirme que c'est un livre à ne pas rater !
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H
Acheté sur les conseils de Phili l'an dernier lors de nos errances au salon du livre !
A
Déjà repéré chez Ingannmic, j'aime beaucoup la citation de la postface, qui rajoute à mon envie de le lire.
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H
Un ovni que je conseille !
L
Un roman qui sort des sentiers battus, je l'ai lu il y quelques mois et il m'a beaucoup plu. J'ai découvert l'auteur avec ce roman mais je ne compte pas m'arrêter là.
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H
Moi non plus !
A
Je me l'étais noté pour le challenge Union européenne/Estonie. Ravie de voir que c'est a priori une bonne pioche !
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H
oh oui, très bonne pioche !
J
Un roman intrigant qui me fait de l’œil depuis très longtemps.
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H
Il te plairait je pense.
I
J'avais beaucoup aimé moi aussi, notamment le mélange de fabuleux et de violence, qui donne un côté épique mais glauque...
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H
C'est sûr que c'est assez déséspéré, mais le style plein d humour allège le fond du propos
L
Un livre que j'ai dans ma PAL depuis quelque temps déjà. Ce que tu en dis m'incite à le sortir plus tôt que prévu...
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H
oui oui !
F
Il est dans ma PAL depuis un petit moment, je crois qu'il est temps de l'en sortir ;)
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H
je te le conseille ! il était aussi dans ma pal depuis le dernier salon du live ;;;
E
En lisant ton billet, au début, je me suis dit par pour moi : trop barré et trop sérieux.. mais à la fin tu cites l'Estonie, un pays sublime que j'ai adoré visité ! donc là .. mais bon je me concentre sur ma PàL et nos LC !
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H
Oui il vaut franchement le détour !
P
Je suis vraiment ravie que tu aies aimé. Je n'ai pas chroniqué cette lecture mais qu'est-ce qu'elle m'a marquée ! J'ai tout aimé. Elle m'a transportée. Bisous
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H
J'ia bien envie de lire aussi ces "groseilles de novembre" !
P
punaise, j'en oublie mes chroniques : en fait, je n'ai pas chroniqué Les groseilles de novembre du même auteur. Et j'ai confondu les deux cas. Heureusement que tu es là !
H
Mais si si regarde : http://jemelivre.blogspot.fr/2013/03/lhomme-qui-savait-la-langue-des.html
Z
Ce fut et cela reste un coup de coeur. Un superbe livre. J'ai également beaucoup aimé, voire coup de coeur pour "Les groseilles de novembre".
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H
Je le note, j'ai aimé cet univers si particulier !
D
très original en effet mais j'ai eu un peu de mal à entrer dedans
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H
Je comprends, j'ai été surprise au début et si il ne m'avait pas été chaudement recommandé par Phili, je ne sais pas si j'aurais persévéré. Mais je ne regrette pas.
C
Un peu de dépaysement me ferait du bien !
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H
C'est assez particulier, mais très prenant !
S
Et on a mille fois raisons d'aller chercher ailleurs de nouveaux horizons imaginaires : quel plaisir de découvrir de nouvelles légendes, d'étranges figures et de petites peuples inconnus !
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H
Oui ce fut une belle découverte, vraiment étonnante. J'ai même une dame intriguée par le titre qui m'a demandé dans le métro si j'avais un serpent chez moi :-)
K
Tu parles que je connais, il est traduit par JP Minaudier, celui de Poésie du gérondif!!!
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