Le grand marin de Catherine POULAIN

Publié le par Hélène

♥ ♥ 

"Risquer de perdre la vie mais au moins la trouver avant..." p. 163

Un beau jour, Lili décide de larguer les amarres et de partir au bout du monde. Elle échoue à Kodiak en Alaska et s'embarque sur un bateau de pêche Le Rebel. Les conditions de vie sont difficiles, le travail très physique et dangereux, les hommes aux côtés de qui elle travaille crient beaucoup, mais Lili s'attache à ce monde rude qui la met sans cesse à l'épreuve. 

"Manquer de tout, de sommeil, de chaleur, d'amour aussi, il ajoute à mi-voix, jusqu'à n'en plus pouvoir, jusqu'à haïr le métier, et que malgré tout on en redemande, parce que le reste du monde vous semble fade, vous ennuie à en devenir fou. Qu'on finit par ne plus pouvoir se passer de ça, de cette ivresse, de ce danger, de cette folie oui !" p. 37

Surnommée "le moineau" par les hommes d'équipage, elle se fait peu à peu sa place dans cet univers masculin. Comme eux, elle a besoin de braver la mort pour se sentir vivante, c'est aux confins de sa vie, quand elle teste sa propre finitude qu'elle se sent vivre. Comme eux, à terre, elle erre désoeuvrée dans les docks, tentant de retrouver l'ivresse de la mer dans l'alcool qu'offrent les bars. 

Quand elle rencontre le grand marin, c'est comme par inadvertance, cela ne cadre pas avec ses projets, elle qui veut aller à Point Barrow, au bout du monde, et souhaite "M'asseoir au bout, tout en haut du monde. J'imagine toujours que je laisserai pendre mes jambes dans le vide... Je mangerai une glace ou du pop-corn. Je fumerai une cigarette. Je regarderai." p. 99 Pour elle, le couple et ses clichés semble être à l'opposé de ce qui la fait vibrer, bien trop statique pour lui convenir. Se laissera-t-elle apprivoiser ? 

Catherine Poulain signe là son premier roman inspiré de sa propre expérience puisqu'elle est elle aussi partie pêcher durant 10 ans en Alaska. Il a obtenu le prix Mac Orlan, le prix Joseph Kessel, le prix Henri Quéffelec, deux prix des Gens de mer et le prix Ouest-France Etonnants Voyageurs. Un beau succés pour ce magnifique portrait d'une femme qui veut juste être debout, vivante et se battre pour sa vie "C'est la seule chose qui compte, non ? Résister, aller au-delà, surpasser. Tout." p. 333

Ce que j'ai moins aimé :

- Quelques longueurs et répétitions

- Une petite baisse de régime se fait sentir quand on rentre dans l'aspect sentimental et/ou sexuel de la relation entre Lili et le grand marin. 

- Il faut adhérer au style, très minimaliste, à la Claudie Gallay. 

- Et une dernière question essentielle : pourquoi toutes les trois pages les protagonistes passent-ils leur temps à se moucher dans leurs doigts ???

 

Présentation de l'éditeur : Editions de l'Olivier

D'autres avis : Repéré chez Clara 

Vous aimerez aussi : Les déferlantes de Claudie Gallay

 

Le grand marin, Catherine Poulain, Editions de l'Olivier, 2016, 19 euros

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Commenter cet article
E
Je pense le lire, d'autant plus que j'aime beaucoup les livres de Claudie Gallay !
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H
Je te le conseille !
G
Prudente, je l'ai réservé à la médiathèque... comme ça, si je n'accroche pas, je n'aurai pas de regrets! ;-)
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K
D'autres m'attirent plus, finalement...
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H
il y en a tellement d'autres !
V
J'vais peur des longueurs, tu confirmes donc qu'il y en a.
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H
oui quelques unes...
K
J'ai l'impression d'être une des rares à ne pas l'avoir lu... En poche, peut-être ?
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H
sans doute///
C
Je ne suis pas très roman d'aventures maritimes . ça plus tes réserves...alors, j'attendrai qu'il soit à la médiathèque pour tenter...
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H
Ce n'est pas une priorité, personnellement je l'ai pioché en médiathèque !
J
Le style à la Claudie Gallay est plutôt un argument positif pour moi. Un premier roman qui a fait grand bruit et que je lirai sans doute quand il sortira en poche.
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H
J'avoue u'au début le style m'a déstabilisée, mais on s'y fait !
K
Roman ? N'est-ce pas plutôt une autobiographie ? J'avoue que je ne suis pas du tout tentée... Malgré toutes les critiques très positives des blogs amis.
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H
Non pas vraiment autobiographie même si elle s'est inspirée de sa vie, la limite est ténue pour un écrivain souvent;..
Z
Ils se moucent dans leurs doigts comme le font marins, sportifs... qui n'ont pas le temps de sortir un mouchoir de leurs poches et que le temps est froid et humide !<br /> J'ai aimé ce livre et les redites faisaient comme un refrain à la chanson que nous chante l'auteur. C'est vrai que son romance sur terre avec le Grand Marin est moins bonne, mais cela ne fait rien, j'ai adoré ce livre.
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H
J'ai bien compris la nécessité de se moucher dans les doigts, j'ai moins compris la nécessité de la romancière de le mentionner autant de fois dans le roman ...
M
Pas bien convaincue pour ma part ...le masochisme de Lili m'a souvent insupportée, et l'ennui n'était pas loin dans toute la partie centrale...
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H
Je te comprends !
E
Les billets sont souvent mitigés ou signalent des défauts agaçants pour ce livre. Le sujet me plait, mais effectivement, s'ils se mouchent toutes les trois pages, ça va m'énerver ;)
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H
On adhère ou pas à son charme assez indéfinissable
A
Au fil des billets, j'ai de plus en plus l'impression que ce n'est pas un livre pour moi, alors qu'au départ j'étais prête à sauter dessus !
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H
Je l'ai bien aimé...
M
Je suis plongée dans ce roman avec l'opération des 68. Je reviendrai lire ton billet attentivement quand j'aurai rédigé le mien. (Pour le moment j'aime beaucoup.)
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H
Il a un charme certain !