Hortensias de David THOMAS

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Les souvenirs ne sont pas faits pour être justes et vrais, ils sont faits pour être ces terriers dans lesquels on s'engouffre pour souffler un peu du présent."

Mon avis :

La patience des buffles sous la pluie  fut le premier titre dont j'ai parlé sur ce blog en 2010. Parce qu'il m'avait touché, parce que j'avais trouvé ses pages très justes, parce que j'avais ri, parce que j'avais été émue, parce que l'auteur était discret, parce que l'éditeur n'était pas connu... Je ne pouvais donc que revenir vers mes premières amours 5 ans après -parce que, oui, je l'affirme, je suis une femme fidèle- ! Et c'est avec un immense plaisir que j'ai retrouvé le discret David Thomas, toujours un peu dépressif, mais toujours drôle, décalé et intelligent. Cette alliance subtile entre le désespoir et la lucidité donnerait presque envie d'entamer une petite dépression tellement la lumière finit par jaillir des heures sombres, plus pure que jamais.

Il met en scène Gabriel Vialle, cinquante ans qui apprend la mort de sa mère et décide simultanément de mettre fin à une relation passionnelle aliénante. Pour ce faire, il choisit une méthode radicale visant à la fois à faire son deuil et à éviter la furie nommée Irène qui le poursuit : il s'enferme chez lui et se plonge dans ses souvenirs et son passé aux Baléares, à Formentera : "Je ne suis pas en vacances, je suis en ermitage, je suis avec mon père et ma mère, avec mes racines."

Il convie à ses côtés les êtres qu'il a aimés pour les faire revivre le temps de son exil, pour leur dire aussi un dernier adieu, mais aussi pour mieux comprendre ses propres failles, ses errances, ses folies :

"Quand on a connu ses premières années heureuses, l'enfance est un boulet rose que l'on traîne en chantant pour se convaincre que la vie n'est pas si noire." p. 19

Le passé ne s'efface pas d'un coup de crayon, il est profondément ancré en l'être humain, et Gabriel demeure un petit garçon perdu qui hurle dans un coin de sa tête d'homme mûr et adulte. Tétanisé par l'abandon de sa mère, il oscille entre l'envie d'enfouir ces années au plus profond de son esprit, mais reste assez lucide pour savoir que là n'est pas la solution.

"Voilà, au fond, c'était simple, si simple, il suffisait de décider et de ne plus réfléchir. Faire des gestes, s'en tenir aux gestes. Et si des questions angoissantes parvenaient à se glisser dans les interstices du cerveau, ne pas y répondre, faire le geste comme on empoigne une cavité sur la paroi et se hisser un peu plus haut. Penser, c'était glisser." p. 182

Il décide finalement de quitter sa chambre et de se rendre dans le village de son enfance, pour marcher sur les traces de l'enfant qu'il fut. 

"Non, ça n'allait pas me manquer, ce qui manque, c'est ce qu'on a perdu, mais moi je n'avais rien perdu, au contraire, j'avais tout récupéré. Je n'avais pas perdu mon père, ma mère, la maison, Anita, les gamins, les plages, les rochers, les hippies, Barcelone, Irène... J'étais rempli de toutes ces choses-là, composé de tout ce que j'avais vécu. rien n'est perdu quand on se souvient." p. 227

Alliant profondeur et humour, ce petit bijou d'autodérision est parfait pour fêter dignement ces 5 années de blog ! A lire !

Présentation de l'éditeur :

Stock 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur :  La patience des buffles sous la pluie  ; Un silence de clairière Je n’ai pas fini de regarder le monde  ; On ne va pas se raconter d'histoires

D'autres avis :

 

Hortensias, David Thomas, Stock, avril 2015, 232 p., 18.50 euros

 

Merci à l'éditeur

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S
Une pure merveille de sensibilité et d'humour. Du bonheur, quoi !
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H
Exactement !
N
Je vais le glisser dans ma valise celui là !!
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H
Il y sera bien !
S
Un auteur que je ne connais pas; Je dois y remédier au plus vite manifestement!
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H
Oh oui, un indispensable pour moi...
V
J'ai découvert cet auteur en mai avec ce roman qui, finalement, est une de mes meilleures lectures de ces 6 premiers mois : j'ai adoré ! je l'ai trouvé juste, drôle et très tendre ;o)
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H
Je suis tellement heureuse qu'il plaise !
C
Pareil que Cath. Tu sais que c'est toi qui m'a fait découvrir cet auteur ...(et oui!)
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H
et il en valait la peine n'est-ce pas ?
C
Trop de tentations:) j'attendrai le poche !
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C
oh que oui !
Y
j'en suis resté à ses buffles, mais à chaque fois que je lis un de tes billets sur l'un de ses livres, je me dis que je devrais le relire ce David Thomas
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H
Mais oui, il est toujours aussi attachant !
M
J'avais adoré son titre précédent. Hâte de découvrir celui-ci.
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H
Il reste fidèle à lui-même.