Debout payé de GAUZ

Publié le par Hélène

 ♥ 

Je n'ai pas bien saisi l'origine de l'engouement des médias et lecteurs pour ce livre. Je pense que cela tient au sujet en lui-même plus que dans son traitement. Il est en effet rare que soient mis en lumière ces hommes de l'ombre qu'on salue à peine dans les boutiques, ces vigiles qui passent inaperçus en se fondant dans le paysage consumériste. Ils sont africains pour la plupart, comme si "A Paris, la concentration élevée de mélanine dans la peau prédispose particulièrement au métier de vigile." C'est ce que l'auteur appelle la "théorie PSG général." (Pigmentation de la peau, Situation sociale et Géographie). 

"Partout dans le monde, situations administratives, idées reçues, niveau d'éducation, racisme assumé ou refoulé, contraintes économiques, etc., finissent toujours par imposer à des hommes possédant des situations pigmentaires particulières des situations sociales particulièrement peu flatteuses." 

Pour illustrer son propos, Gauz choisit deux types de narration : d'une part il livre les anecdotes vues et entendues par un vigile durant ses longues heures de piétinement statique, et parallèlement il suit la trajectoire de quelques immigrés ivoiriens sans papiers dont Ossiri et Kassoun, également vigiles de génération en génération aux Grands Moulins de Paris. 

Malheureusement, si la pertinence de son propos donne du relief au métier, il n'en reste pas moins que ces remarques ne révolutionnent pas la littérature, les observations frôlent souvent la platitude d'une journée ennuyeuse.

"GROSSES. Souvent, les femmes grosses commencent d'abord par essayer des habits plus petits... avant de disparaitre avec la bonne taille dans les cabines d'essayage." p.20

"JEAN . Un jean nommé Jane." p. 32

Dans l'autre partie du livre qui s'intéresse aux immigrés et à leur statut qui a évolué au cours des années, avant, après la crise, il m'a semblé que les personnages manquaient cruellement de profondeur. 

La construction de l'ensemble est décousue, si bien que, là encore, l'impression de survoler le sujet prédomine. C'ets bien dommage !

S'il a le mérite d'ouvrir les yeux de certains sur la condition des immigrés en France, tant mieux, et à ce titre je veux bien l'encenser également. Mais le sujet ne fait pas tout, j'aurais simplement aimé plus de consistance.

J'ai préféré récemment sur ce sujet par exemple Beauté parade ou encore sous la forme du roman Americanah.

 

Présentation de l'éditeur Le nouvel Attila  

D'autres avis : Jérôme ; Keisha ; Violette ; Sophie ont aimé, Malika et Athalie sont plus réservées

 

Publié dans Littérature Afrique

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E
C'est vrai qu'on l'a beaucoup vu ce livre, mais je ne suis toujours pas tentée.
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H
ce n'est pas moi qui te fera changer d'avis !
J
J'ai aimé le traitement moi, ce mélange de narration, les références historiques et le "ras des pâquerettes" parfois des observations de la clientèle. Et 'ai pris bien plus de plaisir à le lire qu'Americanah ;)
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N
Il ne m'a jamais tenté, aucun regret...!
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H
;)
S
Malika avait été très dure (à l'époque ou elle bloguait encore), et avait été choquée à l'époque de LGL de l'hyper médiatisation de ce livre, ton avis me conforte dans ce qu'elle disait. Je pense aussi que le contexte de ce livre (un vigile qui se met à l'écriture) joue en sa faveur, même si du coup, cela signifie qu'il n'a pas été aimé pour les bonnes raisons...
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H
Il n'est pas nul non plus mais ne mérite pas l'emballement médiatique. Mais bon je n'arrive pas à leur en vouloir sur ce coup là, la cause est belle !
A
Un livre atypique que j'avais bien aimé.
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H
Il est spécial...
A
Par rapport au succès de ce livre, je pense que c'est avant tout parce que c'est un témoignage inédit de ce milieu, un côté du miroir qu'on ne s'est jamais soucié d'explorer. Je ne pense pas que les gens se soient précipités dans l'espoir d'y trouver le nouveau Shakespeare noir. ;-) Et pourtant, j'ai été plutôt surprise de mon côté, de l'originalité du texte, de sa forme, et de son propos, au-delà du témoignage. On ne s' attend pas à ça de la part d'un vigile. ;-)
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H
c'est sans doute la raison oui. J'ai discuté de nombreuses fois avec des vigiles qui avaient fait de hautes études sans jamais trouver la reconnaissance en France et qui étaient réduits à ces métiers faciles. A mes yeux le livre n'est même pas encore assez virulent à ce sujet !
A
Je rejoins ton avis, mitigée, je suis aussi, mais finalement plus à cause de l'engouement (et donc de l'attente suscitée), que du livre en lui-même, qui n'est pas sans intérêt, même anecdotique. Je me répète mais Léonora Miano, a, notamment dans "Ecrits pour la parole", une réflexion et une écriture qui me semble dans la même ligne, mais avec une plus grande ampleur.<br /> Merci pour le lien et je renote "Americanah". En plus, on a vraiment des lectures qui se croisent en ce moment, je viens de commencer "l'homme du verger" !
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H
Je n'ai pas accroché au livre dans son intégralité, il survole seulement je trouve les idées. J'ai hâte de connaître ton avis sur "l'homme du verger" !
Z
Je suis en mode vacances et n'ai plus vraiment suivi l'actualité littéraire donc je découvre ce livre avec ton billet. Ca me fait un peu penser aux Tribulations d'une caissière? Même si l'aspect immigration a l'air intéressant, je ne pense pas succomber pour le moment vu ton avis.
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H
Je n'ai pas lu "les tribulations d'une caissière", mais je pense que c'ets proche !
C
je n'ai pas réussi à rentrer dedans... ( et un abandon)
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H
Je te comprends !
C
en effet, le sujet ne fait pas la qualité. Aussi bien en littérature qu'au cinéma. On en fait souvent l'expérience (malheureusement).
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H
Mais il semble faire le succès ;)
A
J'ai vu un autre avis pas très enthousiaste non plus ces jours dernier. Du coup, je crois que je vais laisser tomber.
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H
Le sujet vaut le détour, le livre, moins !
V
c'est le côté fourre-tout sans langue de bois qui crée peut-être l'originalité. Mais comme je te le disais chez moi, quelques mois plus tard, il ne me reste plus grand chose...
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H
Je ne l'ai pas trouvé non plus très corrosif ... Effectivement le manque de profondeur me fait penser aussi qu'il ne m'en restera pas grand chose !
Y
Pas encore lu mais je n'avais pas l'idée de me précipiter, encore moins maintenant
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H
Je l'ai trouvé par hasard à la bibli, je me suis laissée tenter...
S
Il faut l'appréhender moins pour ses qualités littéraires que pour sa résonance sociale, j'imagine...
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H
Exactement !
K
Je n'en attendais pas plus que des anecdotes, et finalement j'ai bien aimé ces histoires d'immigration...<br /> (quant aux bouquins où on n'accroche pas, figure toi que j'ai abandonné L'homme du verger, oups, la honte)
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H
Comme quoi, les goûts ... ;) Cela tient quelquefois à pas grand chose, le moment, notre concentration, notre moral...