Les nuits de laitue de Vanessa BARBARA
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Ada vient de mourir laissant son mari Otto démuni dans un entourage qu'il ne comprend pas forcément. Il faut dire que si Ada se fondait à merveille dans ce quartier peuplé de personnages décalés, Otto, quant à lui peine à comprendre les délires des uns et des autres. Il écoute distraitement Nico, le préparateur en pharmacie lui décrire par le menu tous les effets indésirables les plus étonnants des médicaments :
"En tous cas, ce médicament provoque des démangeaisons terribles. Avec ou sans éruption cutanée. Du coup, vous prenez un truc pour atténuer les démangeaisons et vous vous retrouvez avec un glaucome. ALors vous appliquez un collyre pour traiter le glaucome et voilà que vos yeux bleus deviennent marron. Je vous jure ! Certaines gouttes augmentent la pigmentation de l'iris. Imaginez un peu le drôle d'effet. Ah, et votre peau peut aussi devenir légèrement bleutée, surtout si vous vous exposez au soleil." p. 32
Il peste contre Anibal le facteur qui aime se tromper dans sa distribution de courrier pour créer du lien social, il observe avec méfiance ses voisines Iolanda et ses chihuahuas hystériques, et Mariana, l'anthropologue chevronnée. Il s'entendait bien avec Monsieur Taniguchi un centenaire japonais persuadé que la Seconde guerre mondiale n'est pas terminée et qu'on lui ment, jusqu'à ce que la folie du vieil homme le rattrape. Ada et sa vivacité virevoltante lui manque, elle qui prenait soin de son entourage avec amour, et aimait partager avec lui reportages animaliers, orgie de chou-fleurs et tisane de laitue pour soigner les insomnies.
Désoeuvré, Otto observe son entourage de loin, et comme il lit beaucoup de romans noirs, il se persuade qu'on lui cache des choses.
Truffés de trouvailles rocambolesques ce petit roman possède un charme indéniable. Comme Nico, le lecteur est tenté de compter ses doigts pour vérifier qu'il est bien dans la réalité tant les évènements et personnages dépassent l'entendement. Le décalage entre le bougonnement incessant de Otto et la fraîcheur des autres habitants du quartier accentue encore la folie de ce petit monde.
Cocasse, drôle, Vanessa Barbara est parfaite dans sa première partie. Pourquoi avoir voulu coller une pseudo intrigue policière par la suite, comme si la description de ce petit monde atypique ne se suffisait pas en soi ? Cet aspect pollicier est comme adjoint artificiellement à l'intigue et n'adhère pas harmonieusement au roman.
Passé cette petite réserve, il n'en reste pas moins que Les nuits de laitue est un roman à savourer absolument pour son originalité optimiste !
Présentation de l'éditeur : Zulma
D'autres avis : Ollie ; Nadael ; Cathulu ;
Les nuits de laitue, Vanessa Barbara, premier roman traduit du portugais (Brésil) par Dominique Nédellec, Zulma, août 2015, 224 p., 17.50 euros
Merci à l'éditeur.