Au-delà de 125 palmiers de Pauline DESNUELLES

Publié le par Hélène

Alma mène une vie engluée dans la routine entre son mari Paul et son fils Léopold. Quand Paul part en mission en Antarctique pour plusieurs mois, elle voit là l'occasion de se recentrer sur elle-même et surtout, sur l'essentiel. Elle décide de fuir la ville pour retrouver le village de son enfance, au bord de la Méditerranée. Jour après jour, rencontres après rencontres, les stigmates du quotidien s'effacent pour laisser place à davantage de liberté et d'épanouissement.

Comme j'aurais voulu l'aimer ce roman ! J'aurais aimé que l'auteure parvienne à écrire ce roman poétique qui parlerait du temps présent, de la magie du temps suspendu au bord de mer, des choix cruciaux que l'on décide de faire ou de ne pas faire, de la vie qui s'écoule, des enfants rieurs, des hommes-aimants, des grands-pères bienveillants. J'aurais aimé me couler avec délice dans la simplicité de la vie au bord de mer, entre marées et pluies printanières. J'aurais tant aimé lire tout cela, me laisser envoûter...  Mais n'est pas Claudie Gallay qui veut. 

Dés les premières lignes, le style m'a heurté de plein fouet

"Il y a gros à parier que Léopold va se relever. J'allume la télévision, rien d'intéressant. Un concert lyrique sur Arte, une cantatrice aux seins engoncés dans un brocart rouge s'égosille d'un air courroucé. Je rêvais de temps pour moi, en voilà. Je n'ai pas très faim, j'ai grignoté avec Léopold."

Voilà, tout est dit. Des tournures impersonnelles, l'usage du présent de l'indicatif qui aplatit le récit au lieu de lui donner l'envergure du quotidien recherché, des actes quotidiens sans aucun intérêt, un "je" qui nous rapproche plus du journal intime que du roman... Bien sûr si on s'appelle Duras tout cela est transcendé et poétisé, mais ici, cela tombe à plat. Duras ne passerait pas une page entière à décrire ses tentatives diverses pour se connecter au réseau dans sa nouvelle maison, et ses multiples appels à l'opérateur.

C'est un échec, même la sensualité n'est pas bien rendue, les étreintes restent seulement esquissées, pudiquement, si bien qu'on ne comprend pas bien la métamorphose progressive de la narratrice. Quant aux dialogues, ils sonnent eux aussi faux :

"-Je ne sais pas quoi te dire. C'était si soudain. Si étrange. En même temps, tu ne me dois rien. 

- Si je te dois des explications.

- Tu m'as manqué. Je m'étais sentie si proche de toi...

- Moi aussi, je me suis senti très proche de toi, et je  me sens toujours très proche de toi. Rien ne s'est effacé. 

- Pour moi, c'est différent, dis-je d'un ton rude." p. 85

J'aurais voulu l'aimer. A chaque mot j'ai ressenti l'intention de l'auteure, et à chaque phrase je me disais qu'elle n'avait pas réussi à faire passer ce qu'elle voulait. C'est rageant. Je n'ai pas pu l'aimer.

 

Présentation de l'éditeur : Editions de la Rémanence 

D'autres avis : Yves qui a trouvé cette lecture " calme, reposante et mélodieuse"

Vous aimerez aussi : Les déferlantes de Claudie Gallay

 

Au-delà de 125 palmiers, Pauline Desnuelles, Edtions de la Remanence, mai 2015, 112 p., 15 euros

 

Merci à Yves pour le prêt.

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G
Dommage. Effectivement, style et dialogues ne sont guère attirants.<br /> Je vais donc passer, mais je te souhaite tout de même de joyeuses fêtes et de chouettes lectures en 2016 !
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H
A toi aussi !
A
Je l'attends de la part de Yv, j'espère qu'il ne me décevra pas.....
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H
Je te l'ai envoyé en début de semaine il ne devrait pas tarder à arriver chez toi...
E
Oh moi, rageant ! j'ai bien senti toutes tes émotions d'agacement en lisant ce livre, tu as vraiment essayé d'y trouver un passage pour pouvoir enfin y entrer mais non ! Que de frustration - merci de la partager avec nous. Je sais que ce thème te plaît .. bon j'espère que tu as retrouvé le plaisir de lire depuis
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H
Oui je me suis tournée vers un bon western de gallmeister, plaisir assuré !
Z
Je vais le lire, je préfère ne pas troplire ta chronique
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H
Hâte de découvrir ton avis !
K
Yv a mieux aimé... Mais bon, je ne te reproche rien (moi je ne supporte pas bien Claudie Gallay)
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H
J'adore Claudie Gallay, non vraiment ce roman avait tout pour me plaire !
V
heureusement que tu es là, titre et couverture m'auraient attiré mais l'extrait que tu cites me refroidit aussi.
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H
Une vraie déception !
S
Je ne connaissais pas cette maison d'édition, au passage...
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H
Moi non plus, Yves est notre découvreur bloguesque des petites maisons d'édition...
Y
Alors que moi, à la base, le roman ne me tentait pas trop, j'étais surtout curieux quant au titre et à la couverture... peut-être est-ce parce que je n'en attendais rien que j'ai été agréablement surpris ?
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H
oui peut-être, c'est possible, c'est souvent comme ça
L
C'est comme ça, il y a des livres qui ne sont pas faits pour nous, alors que le sujet nous allait bien, mais il y en a tant d'autres. ...
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H
On ne peut s'empêcher d'être encore plus déçu quand le roman avait tout pour nous plaire...