Journée nationale de recueillement au Gabon
En ce jour au Gabon, les opposants au régime d'Ali Bongo organisent une journée nationale du recueillement pour les morts tombés suite aux violences postélectorales, un jour de compassion pour toutes les familles endeuillées, et toutes les victimes de la barbarie qui s'est abattue sur le Gabon.
Pour rappel, des élections présidentielles étaient organisée le 27 août dernier.
A l'issue du scrutin, la CENAP (Commission électorale nationale autonome et permanente) et le ministre gabonais de l'intérieur ont annoncé la réélection du président sortant Ali Bongo Ondimba avec 49.80% des voix contre 48.23% pour son adversaire Jean Ping, soutenu par une coalition de partis d'opposition. Pourtant, en s'appuyant sur les procés-verbaux de l'ensemble des bureaux de vote, Jean Ping estime avoir devancé de 60000 voix le président sortant, exception faite des chiffres recueillis dans la province du Haut Ogooué, fief de Bongo. Dans cette province, le président sortant aurait obtenu 95 % des voix pour 99% de participation, lui garantissant donc une avance de 5000 voix sur Jean Ping.
Cette victoire, considérée comme frauduleuse par l'opposition a alors provoqué des heurts dans la capitale et plusieurs villes de province, heurts violemment réprimés par le président sortant.
Face aux accusations de tricheries et de fraudes massives portées par Jean Ping, ce dernier a saisi la cour constitutionnelle du Gabon le 8 septembre 2016 en demandant le recomptage des voix notamment dans la province du Haut-Ogooué.
Or dans le nuit du 23 au 24 septembre, la cour constitutionnelle a validé la réélection d'Ali Bongo, malgré le relevé d"évidentes anomalies".
50 ans que la famille Bongo est au pouvoir, le peuple voulait du changement, ce que Jean Ping représentait. L'espoir d'oeuvrer pour un pays plus libre, plus ouvert, plus démocratique.
Voici le message adressé par Jean Ping à son pays le 29 septembre dernier :
"Gabonaises, Gabonais, mes chers compatriotes,
Au nom des Gabonaises et des Gabonaises de toutes générations et de toutes conditions, je prends la parole aujourd’hui, pour exprimer une fois de plus la consternation de tout un peuple meurtri dans sa chair et dans son âme, suite aux graves évènements auxquels nous avons tous assisté ces derniers jours dans notre pays.
Au lendemain de la nomination d’Ali Bongo comme président de la République, par la Cour constitutionnelle, je me suis exprimé pour dénoncer ce coup d’état militaro-électoral. Depuis lors, vous avez constaté que j’ai observé un relatif silence.
J’ai entendu les appels des Gabonais de toutes les provinces et de la diaspora. Je voudrais vous rassurer, j’affirme ici ma détermination à assumer mes responsabilités de président élu par le peuple souverain ; au-delà des circonstances qui nous sont imposées.
Je suis habité par la responsabilité de veiller sur le peuple Gabonais qui m’a élu le 27 août 2016.
Président élu par vous, peuple gabonais, je réaffirme ubi et orbi que je ne reconnaîtrai pas le pouvoir d’Ali Bongo qui a les mains souillées du sang de nos compatriotes.
Je ne reconnaitrai pas ce pouvoir qui a fait massacrer froidement de nombreux Gabonais, tout simplement parce qu’ils réclamaient le respect de leurs suffrages exprimés le 27 août 2016.
Je ne reconnaîtrai pas ce pouvoir inquisiteur, qui enlève les Gabonais dans les rues, comme dans leurs maisons et les emprisonne arbitrairement.
Je ne reconnaîtrai pas ce pouvoir qui ne respecte pas les droits humains, y compris les plus élémentaires.
C’est pourquoi, je vous demande, Peuple gabonais, de rejeter massivement aussi ce pouvoir, de ne lui accorder aucun crédit ; en vertu de la légitimité que vous m’avez donnée. (...)
J’appelle chaque Gabonaise et chaque Gabonais à une résistance active jusqu’à la fin de la forfaiture.
Le peuple gabonais doit rejeter et faire obstacle, avec la plus grande détermination, à cette nouvelle imposture qui veut s’imposer à notre pays.
Nous devons Tous refuser ce coup d’état militaro-électoral qui n’offre aucune perspective au Gabon. Pour ma part, je m’y engage.
Des compatriotes sont morts, parmi lesquels de nombreux jeunes, tués par ce pouvoir. Ils ne doivent pas être morts pour rien. Ils ne sont pas morts pour rien. Ils sont morts pour que la démocratie, l’alternance et le changement voient enfin le jour dans notre pays.
Nous devons à ces héros de réaliser ce pour quoi ils ont consenti au sacrifice suprême.
Notre combat n’est pas contre un ou des individus : quel qu’ils soient. Notre combat est contre un système dictatorial et pour la démocratie. (...)"
Marche de la diaspora gabonaise à Paris pour réaffirmer le choix du peuple gabonais dans les urnes: Jean Ping Président élu! - Le 01/10/2016. Crédits Photos: OneSnapView
A mon humble niveau littéraire, pour soutenir ces mouvements de résistance, je vous propose de nous retrouver le 31 octobre autour d'une lecture commune gabonaise.
Pour ma part, je lirai un roman de Justine Mintsa Histoire d'Awu, avec Magali et Sandrine. Qui nous rejoint ?
"Poussière d'étoile, grain dans le désert
Etincelle dans une flamme, un humain sur la terre
Changer les choses, à son niveau
C'est faire une croix sur l'océan, se concentrer sur ses gouttes d'eau"
Milk Coffee and Sugar