L'enfant qui mesurait le monde de Metin ARDITI

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

De l'importance de se laisser surpendre par la beauté du monde

A Kalamaki en Grèce trois destins vont se croiser : celui du petit Yannis, perdu dans son autisme, celui de sa mère Marai, submergée par ce fils si différent des autres, et celui d'Eliot qui a perdu sa fille et s'installe sur l'île pour poursuivre ses recherches sur le nombre d'Or. 

Ces trois personnages sont des êtres désoeuvrés errant dans un monde qui les dépasse : Eliot cherche un sens à sa vie alors que la chair de son sang est morte en raison d'un accident stupide, il cherche à s'ancrer dans le monde et se sauve temporairement grâce au travail dans lequel il se lance à corps perdu pour mieux combattre la douleur. "Quand la mer n'est pas furieuse, nous sommes tous de grands capitaines. Lorsqu'elle se déchaine, le plus solide des trehandiri doit rentrer au port et s'ancrer. Et même en trois points." p. 23

Marai et son fils essaient aussi de s'ancrer dans le monde, mais pour Yannis, autiste, le monde est trop instable, soumis aux changements perpétuels, alors qu'il aimerait que la vie soit sans surprise, ordonnée, "Qu'il n'ait pas à affronter sans cesse des situations dont il ne savait rien, ou des gens dont il n'arrivait pas à prévoir ce qu'ils allaient dire ou faire et qui le mettaient dans des états d'immense angoisse." p. 57

Tous se raccrochent à leur environnement, ce lieu magnifique qui leur offre un semblant de stabilité. Mais un projet d'hôtel dans cet univers préservé risque de bouleverser leur équilibre. 

Ce que j'ai moins aimé :

- Au début du roman, des sauts temporels, des ellipses, des résumés sur plusieurs pages compliquent la chronologie. Des passages à l'imparfait couvrent plusieurs années, puis de nouveaux passages au passé simple donnent l'impression qu'enfin l'action a débuté, mais non, de nouveaux retours en arrière dans la vie d'un autre personnage bouleversent la narration ! L'action débute réellement au bout de 30 pages quand les personnages se rencontrent réellement. 

- L'auteur a voulu aborder trop de sujets qui lui tenaient à coeur, créant un trop-plein de problématiques : la beauté de la Grèce, l'amour de la philosophie, la situation économique de la Grèce, les luttes de pouvoir politique, le projet immobilier, l'autisme, le théâtre et la représentation, la religion, même la sexualité des prêtres ... 

Bilan : L'enfant qui mesurait le monde fait montre d'une belle poésie, c'est un récit touchant même s'il a tendance quelquefois à s'éparpiller au détriment par exemple du très beau personnage de Yannis, qui aurait mérité d'être mis davantage en avant car "Cet enfant porte en lui toute la douleur des hommes. L'immense solitude et l'impossibilité désespérante de s'ouvrir à l'autre."  A travers cet enfant, l'auteur nous éclaire sur le sens de la vie, sur notre capacité à nous émerveiller devant la beauté qui nous entoure, pour quelquefois, un instant, saisir le magnifique agencement du monde. Avoir cette impression tout à coup de tout comprendre. Pour mieux s'ancrer. Ici et maintenant. 

 

Présentation de l'éditeur : Grasset 

D'autres avis : Yves 

Du même auteur : Le Turquetto ;  La confrérie des moines volants  ; Juliette dans son bain 

 

L'enfant qui mesurait le monde, Metin Arditi Grasset, août 2016, 304 p., 19 euros

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Z
Hier à la librairie, je l'ai pris, ouvert, soupesé... puis laissé psur la pile pour deux autres auteurs. Je pense qu'il sera à la bibli
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H
Dur de faire des choix !
M
Malgré tes réserves et l'avis plutôt négatif de Yves je vais le tenter, d'autant plus que je ne connais pas du tout cet auteur et que j'en ai entendu parler en bien. Merci beaucoup !
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H
Je te conseille aussi de lui "Le Turquetto"
E
j'aime bien tes billets avec les plus et les moins, vu que je suis très sensible à la profondeur des personnages, je passe mon chemin !
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H
Je déteste me demander dans un billet "alors elle a aimé ou pas ?" :-)
A
Je te sens tout de même mitigé.
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H
Il m'a touchée...
E
au bout du compte, il m'a laissé des bons souvenirs!
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H
Oui pour moi aussi.
D
j'ai aimé mais j'ai un peu le même bémol que toi, ce n'est peut être pas le trop plein pour moi mais plutôt le manque de profondeur mais finalement c'est un peu la même critique, il effleure beaucoup mais ne va pas au fond des choses les personnages manquent ainsi de relief
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H
C'est dommage car le petit Yannis aurait mérité plus d'approfondissement à mes yeux... Mais j'ai rencontré Metin Arditi hier à l'occasion du Goncourt des lycéens et il expliquait que dans son projet initial le petit Yannis n'apparaissait pas.
L
Malgré tes réserves, il me tente quand même un peu celui là aussi ... ;-)
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H
J'ai quand même mis trois coeurs !
B
Beaucoup aimé aussi (et sans tes réserves ;) ) !
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H
Il est touchant...