Les mouches de Jean-Paul SARTRE
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"Car je suis un homme, Jupiter, et chaque homme doit inventer son chemin."
Alors qu'Agammemnon et Clytemnestre règnent sur la ville d'Argos, Egisthe et Clytemnestre, fomentent l'assassinat du roi pour vivre au grand jour leurs amours illicites. Après le meurtre sanglant, les mouches envahissent la ville, incarnant les remords des habitants. Oreste, le fils d'Agammemnon et Clytemnestre revient à cette période dans la ville. Il ne révèle pas son identité, préférant se faire passer pour Philèbe, habitant de Corinthe. Il retrouve sa soeur Electre, malmenée par le couple royal. Le rôle d'Oreste se dessine peu à peu : il se doit de venger la mort de son père et d'assassiner Clytemnestre, sa mère et son amant Egisthe. Seul contre tous, il prend les armes pour délivrer la cité.
Oreste devra faire des choix cruciaux : à partir du moment où il se défait de l'influence de Jupiter, il devient libre, libre de ses choix, libre d'être qui il souhaite. Mais le prix à payer est sa solitude... En effet, les mouches peuvent personnifier la tyrannie. Un seul homme peut résister, même s'il y a un prix à payer, comme Jean dans Rhinocéros de Ionesco, comme Diego dans L'état de siège de Camus. Mais l'espoir est permis car l'effort d'un seul peut changer la donne.
Jean-Paul Sartre explique : « Ce que j’ai voulu démontrer dans Les Mouches, c’est qu’il faut être lucide pour pouvoir dépeindre la liberté individuelle des comédies où elle se perd. Et le seul outil possible dans ce cas, c’est la responsabilité. Il faut savoir juger du degré de responsabilité individuelle que nous mettons dans nos actes. C’est ce que vivra d’ailleurs Oreste. Oreste ne prendra pas conscience qu’il peut être libre, mais qu’il l’est. Si j’ai utilisé un cadre mythique, c’est pour montrer l’absolu de la liberté, à travers le temps et l’espace. La liberté n’est pas une invention du XXe siècle. Elle est là depuis que l’Homme est Homme. Il ne faut qu’en prendre conscience. ».
Oreste assume ses responsabilités car pour lui la vie commence de l'autre côté du désespoir. "Le plus lâche des assassins, c'est celui qui a des remords" dira-t-il. Il faut écouter sa conscience, oser devenir ce que l'on veut et en assumer les conséquences sans faire oeuvre de mauvaise foi, principes de la philosophie existentialiste...
Un très beau texte à lire et relire !
Présentation de l'éditeur : Folio