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theatre

Cabale et amour de Friedrich von SCHILLER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

« Vivez votre siècle, mais ne soyez pas sa créature. »

Le major Ferdinand de Walter, noble, est amoureux de Louise Miller, une fille d'un musicien, et entre eux s'épanouit un amour pur et désintéressé, de ceux qui suivent le droit du cœur. Mais le père du major en a décidé autrement, il a une autre fiancée en vue et décide de briser les aspirations passionnées de son fils. Mais ici comme ailleurs, contrarier une passion aussi limpide ne peut que finir de façon tragique !

Schiller a 25 ans quand il écrit la pièce qui incarne la volonté de la jeunesse de se libérer des carcans d'une société oppressante. La pièce est prise entre deux feux : d’une part un pamphlet révolutionnaire et, d’autre part, un mélodrame flamboyant. Tous s'aveuglent, le cynisme règne et gangrène toutes les strates de la société, se propageant à la sphère intime et détruisant même les plus pures aspirations. Ferdinand et Louise deviennent alors sublimes, confrontés à l'injustice, ils se transcendent pour s'extraire de cette miasme désenchantée.

En 1848, Giuseppe Verdi l'adapta en opéra sous le titre Luisa Miller, sur un livret de Salvatore Cammarano.

Présentation de l'éditeur : Arche éditeur

Publié dans Théâtre

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Le Dieu du carnage de Yasmina REZA

Publié le par Hélène

 

Ferdinand le fils d'Alain et Annette Reille voulait faire partie de la bande de Bruno le fils de Véronique et Michel Houillé, mais les deux enfants se sont battus, Ferdinand ayant frappé Bruno au visage avec un bâton.

Véronique et Michel ont donc convié l'autre couple autour d'un clafouti et de tulipes pour s'expliquer en adultes responsables. Mais Alain, Alain avocat qui veut passer sous silence les effets indésirables d'un médicament, passe son temps à répondre au téléphone, Véronique emploie à tout va sa morale, Michel vient d'abandonner le hamster de sa fille dans la rue parce qu'il faisait trop de bruit, et Annette finit par vomir sur les livres d'art de Véronique !

La bienséance en prend alors pour son grade !

S'ensuivent des jugements rédhibitoires :

"L'honnêteté est une idiotie, qui ne fait que nous affaiblir et nous désarmer" Alain

"On s'efforce d'échapper à la mesquinerie ... et on finit humilié et complètement seul..." Véronique

A propos du couple et de la vie de famille "la plus terrible épreuve que Dieu puisse nous infliger."

Entre ironie et ton acerbe, je me suis perdue dans un pessimisme sans fond, servi par une écriture bien creuse, et j'ai refermé le livre avec cette question ô combien philosophique et intellectuelle - à l'image de ce que se veut l'auteure - en suspens au-dessus de mon esprit ignare "So what ?"

 

Du même auteur : Art ; Heureux les heureux

Présentation de l'éditeur : Folio

Publié dans Théâtre

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Marius de Marcel PAGNOL

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

«Le jour où on fera danser les couillons tu ne seras pas à l'orchestre»

Sur le port de Marseille, dans les années vingt, Marius, le fils de César, le seconde au Bar de la Marine. Il courtise la jeune Fanny, la petite marchande de coquillages, mais il écoute aussi attentivement les récits de ceux qui reviennent du bout du monde, fasciné par ces lointaines destinations. Partagé entre son amour pour Fanny et son appel de la mer, il devra irrémédiablement faire un choix...

« Vers 1925, parce que je me sentais exilé à Paris, je m’aperçus que j’aimais Marseille et je voulus exprimer cette amitié en écrivant une pièce marseillaise." dira Marcel Pagnol. Hommage à Marseille, la pièce célèbre cette atmosphère si particulière aux accents chantants dans des dialogues truculents :

"César : Tu es tout le portrait de ton oncle Emile. Celui-là ne passait jamais au soleil parce que ça le fatiguait de traîner son ombre. Tu es un rêvasseur, voilà ce que tu es. Un rêvasseur. Tu ne sais même pas doser un cinzano-cassis ou un mandarin-citron. Tu n'en fais pas deux pareils.
Marius : Comme les clients n'en boivent qu'un à la fois, ils ne peuvent pas comparer."

La tendresse affleure à chaque réplique :

"Marius : Je t'aime bien
César : Mais moi aussi, je t'aime bien. Pourquoi me dis-tu ça ?
Marius : Parce que je vois que tu t'occupes de moi, que tu te fais du souci pour moi. Et alors, ça me fait penser que je t'aime bien.
César : Mais bien sûr, grand imbécile ! "

Cette pièce rencontrera un immense succès, notamment grâce à la célèbre scène de la partie de cartes, que Pagnol avait coupée en répétitions, mais remise en avant par Raimu. Elle fait partie d'une trilogie et précède Fanny et César

Un classique à redécouvrir !

Publié dans Théâtre

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Une maison de poupée de Henrik IBSEN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Nora est mariée depuis huit ans avec Torvald Helmer qui s'apprête à devenir directeur de banque. Son mari a tendance à l'infantiliser, et si jusqu'ici la jeune femme a accepté passivement cette situation, un enchainement de désagréments provoque un changement brutal ... Nora mûrit et comprend la nécessité de s'émanciper de ce couple néfaste qui l'enferme dans une "maison de poupées".

"Je n’y crois plus. Je crois que je suis avant tout un être humain, avec les mêmes droits que toi, ou que du moins je dois tâcher de l’être. Je sais que la majorité des hommes te donnera raison et, que ces idées sont imprimées dans les livres, mais maintenant je ne puis penser à ce que disent les hommes et à ce qu’ils impriment dans les livres. Je ne sais rien, mais je vais tout tirer de moi-même. Il faut que je forme moi-même mes idées là-dessus, et que j’essaye de m’en rendre compte.

Je vois aussi que les lois ne sont pas ce que je croyais, mais que ces lois soient justes, cela je ne puis l’admettre. Qu’une femme n’ait pas le droit d’éviter un souci à son vieux père moribond, et de sauver la vie à son mari, cela n’est pas possible."

Nora aspire à d’éduquer par ses propres moyens pour devenir un être libre qui pourra alors seulement s’entretenir d’égal à égal avec un homme, au sein d’un couple. Mais la pièce n'est pas seulement une critique des rôles des hommes et des femmes dans le mariage, elle condamne plus largement toute situation d’enlisement dans le conformisme social. Réflexion sur l’asservissement consenti aux autres – par habitude, lassitude ou crainte – sur la contrainte et la servitude sociales – notamment au regard d’autrui et à la rumeur, Ibsen met en avant différentes dépendances aliénantes comme l'argent, le milieu social, l'hérédité ou encore cette morale des apparences, "skinnmoral" qui représente tout un ensemble d’attitudes superficielles et ostentatoires incarnées ici par Helmer. 

En claquant la porte, Nora refuse désormais tout type de dépendance et, seule dans la nuit, s'éloigne vers elle-même...

Présentation de l'éditeur : Actes sud

Publié dans Théâtre

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Un fil à la patte de Georges FEYDEAU

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Fernand de Bois d'Enghien doit se marier avec une riche héritière, fille d'une baronne, et il est tellement engagé qu'il doit signer son contrat de mariage le jour même. Il s'agit donc pour lui de rompre avec sa jeune maitresse Lucette Gautier, chanteuse de café-concert, elle-même engagée pour chanter ce même jour chez la baronne... Cette situation rocambolesque promet de nombreux quiproquos...

S'ajoutent quelques personnages comme Bouzin, minable clerc de notaire et compositeur raté, Irrigua, général plein de fougue amoureux de Lucette, Viviane la future mariée rêvant d'un séducteur plutôt que un futur mari terne comme celui qu'on lui destine...

Cette comédie enlevée, dans le genre du vaudeville pur est une satire de la société bourgeoise frivole et légère de la fin du 19ème ainsi qu'une critique du mariage bourgeois et de la conception de l’amour à l’époque. Plus largement, la critique des défauts humains offre une vision absurde de l’existence humaine.

Ce que j'ai moins aimé :

Les répliques fusent tellement vite, ainsi que les quiproquos, situations cocasses, qu'il vaut mieux voir la pièce plutôt que la lire.

Bilan :

Un régal de drôlerie !

 

Présentation de l'éditeur : Folio

Du même auteur : On purge bébé ♥ ♥ ♥ (Théâtre)

Publié dans Théâtre

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Les filles aux mains jaunes de Michel BELLIER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

« N’attends pas que quelqu'un parle à ta place prends la parole et raconte »

Quand la guerre est déclarée en 1914, les femmes regardent partir leurs maris au front, persuadées que leur absence sera de courte durée. Mais bien vite, elles comprennent qu'elles vont devoir faire vivre leur famille, et elles s'engagent alors comme ouvrières dans des usines d'armement.

Là, elle manient sans le savoir la poudre de TNT, elles l'inhalent quotidiennement et celle-ci colore en jaune peu à peu  leurs cheveux et leur peau de façon indélébile, les empoisonnant à petits feux.

Julie, Rose, Jeanne et Louise, quatre "filles aux mains jaunes", fabriquent des obus à la chaîne.
Louise espère éveiller leur esprit et leur ouvrir les yeux sur leurs conditions de travail, leur salaire deux fois inférieur à celui des hommes, et surtout sur cet empoisonnement qui se caractérise par un affaiblissement, un froid prégnant, puis les mains jaunes, les nausées, la toux avant la mort.

Si au début, les autres ouvrières ne comprennent pas bien le combat de Louise, pensant avant tout à nourrir leur famille, car « toutes ces femmes n’envisagent la vie que sous l’angle de l’homme. », et qu'elles sont victimes des idées préconçues sur les allemands, elles s'ouvrent peu à peu et saisissent le prix de la liberté et de l'égalité. « Notre force s’arrête où commence notre peur », comprennent-elles finalement.

Une pièce de théâtre forte, à conseiller aux collégiens et lycéens également !

 

Présentation de l'éditeur : Lansman Editeur

Publié dans Théâtre

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Petits crimes conjugaux de Eric Emmanuel SCHMITT

Publié le par Hélène

♥ ♥

A la suite d'un accident, Gilles a perdu la mémoire et doit se réadapter à son quotidien aux côtés de sa femme Lisa. celle-ci tente de reconstituer le passé oublié et de raviver les souvenirs perdus dans les limbes de la mémoire. Mais peu à peu l'un et l'autre doutent : Lisa raconte-t-elle la vérité ou cherche-t-elle à recréer son mari et leur vie. Et Gilles a-t-il réellement perdu toute la mémoire ? 

Ce que j'ai aimé : 

Cette pièce de théâtre sur le couple est plutôt bien construite avec un message intéressant sur l'usure du couple. Lisa ressent l'impression de ne pas être aimée suffisamment, elle manque de confiance, et vacille devant l'indifférence de son mari. Mais si en tant que femme elle affronte l'usure tout en ayant parfois tendance à se croire coupable, Gilles a plutôt tendance à ne rien voir, ou à ne rien vouloir voir. 

Tous deux vont s'entendre sur le fait que l'amour est un mystère difficilement explicable, mais un mystère qui vaut l'aventure...

Ce que j'ai moins aimé : 

Si les idées sont relativement justes, elles sont malheureusement traitées de façon un peu caricaturale, trop directement avec des phrases clichés comme : 

« C’est contre nature d’aimer toujours, d’aimer longtemps »

« Je t’aime et ça me tue »

« Quand la violence s’installe dans un couple, peu importe qui la manifeste. »

Bilan :

Décevant !

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Publié dans Théâtre

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Cendrillon de Joël POMMERAT

Publié le par Hélène

♥ ♥

Sandra saisit mal des derniers mots de sa mère murmuré sur son lit de mort. Elle comprend qu'elle ne doit jamais cesser de penser à elle sans quoi sa mère mourra à jamais. La jeune femme vit alors dans la peur perpétuelle d'oublier cette mère tant aimée. Son père décide de se remarier, et tous deux viennent vivre chez la nouvelle belle-mère qui assigne à Sandra mille tâches ménagères. Sandra accepte vaillamment, pensant ainsi expier ses manquements. Puis vient le jour du bal....

Joël Pommerat opte pour une adaptation du conte moderne avec des familles recomposées, le harcèlement subi par la jeune femme, la difficulté à faire son deuil, les violences relationnelles... Il s'approprie le conte populaire.

"Je me suis intéressé particulièrement à cette histoire quand je me suis rendu compte que tout partait du deuil, de la mort (de la mère de Cendrillon). À partir de ce moment, j’ai compris des choses qui m’échappaient complètement auparavant. J’avais en mémoire des traces de Cendrillon version Perrault ou du film de Walt Disney qui en est issu : une Cendrillon beaucoup plus moderne, beaucoup moins violente, et assez morale d’un point de vue chrétien. C’est la question de la mort qui m’a donné envie de raconter cette histoire, non pas pour effaroucher les enfants, mais parce que je trouvais que cet angle de vue éclairait les choses d’une nouvelle lumière. Pas seulement une histoire d’ascension sociale conditionnée par une bonne moralité qui fait triompher de toutes les épreuves ou une histoire d’amour idéalisée. Mais plutôt une histoire qui parle du désir au sens large : le désir de vie, opposé à son absence. C’est peut-être aussi parce que comme enfant j’aurais aimé qu’on me parle de la mort qu’aujourd’hui je trouve intéressant d’essayer d’en parler aux enfants.[...]" Joël Pommerat, entretien avec Christian Longchamp

Ce que j'ai moins aimé :

Je n'ai pas été sensible à cette adaptation, peut-être éprouverai-je plus d'intérêt en voyant la mise en scène, souvent la lecture ne suffisant pas pour le théâtre. J'ai trouvé cet univers très noir, manquant de lumière et d'humanité.
 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud

Publié dans Théâtre

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Les sorcières de Salem de Arthur MILLER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

" Il ne s’agit pas de confondre les jeux d’une enfant avec les maléfices d’une sorcière. "

En 1692 dans plusieurs villages du Massachusetts proches de Salem, plusieurs personnes sont accusées de sorcellerie et exécutées sur la foi de ces affirmations. Il s'agit de la la chasse aux sorcières la plus importante de l'histoire de l'Amérique du Nord.

En 1953 dans un contexte fortement marqué par le maccarthysme, une autre forme des chasses aux sorcières, Arthur Miller écrit cette pièce, montrant ainsi qu'à plusieurs siècles d'intervalle les mêmes erreurs se répètent et des personnes peuvent être accusées et condamnées sans preuve.

Il reprend ainsi l'histoire des sorcières au moment où Abigail, jeune femme de 17 ans a provoqué chez l'une de ses camarades Betty une crise profonde : elle a convié plusieurs de ses amies à une cérémonie nocturne durant laquelle elle a bu un philtre à base de sang.  Le Révérend Samuel Parris père de Betty et oncle d'Abigail cherche à cacher cette cérémonie durant laquelle les morts ont été invoqués, il fait appel  au révérend Hale pour l'aider à chasser le Démon de la ville.

Mais l'affaire s'envenime se transformant en chasses aux sorcières et prétexte à de multiples accusations invérifiables. A qui faire confiance si ce n'est à soi-même ? Faut-il mentir pour sauver sa peau ?

« Ne vous attachez donc pas à des principes si ces principes doivent faire couler le sang. C’est justement une loi trompeuse que celle qui nous conduit au sacrifice. La vie est le plus précieux des dons de Dieu, et rien ne donne le droit à personne de l’ôter à un être.»

« Faites ce que vous voudrez, mais ne laissez personne être votre juge. »

La frontière entre raison et folie s'avère infime, l'imagination portant ici bien son nom de "folle du logis". Malheureusement, le fanatisme rôde encore et toujours, profitant de ces failles pour s'engouffrer et condamner arbitrairement. Même la notion de justice est alors mise à mal.

Un grand texte qui nous enjoint à rester attentifs, toujours...

 

Présentation de l'éditeur : Pavillons poche

Publié dans Théâtre

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Juste la fin du monde de Jean-Luc LAGARCE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

« C’est comme la nuit en pleine journée, on ne voit rien, j’entends juste les bruits, j’écoute, je suis perdu et je ne retrouve personne. »

Louis rend visite à sa famille pour la première fois depuis des années. Il retrouve sa mère, sa sœur Suzanne, son frère Antoine et sa belle-sœur Catherine. Il a l'intention de leur annoncer sa maladie et sa mort prochaine irrémédiable, mais son arrivée fait ressurgir souvenirs et tensions familiales. Chacun exprime divers reproches et tout se joue alors dans les interstices, dans les silences, les répétitions. Ce qu'on dit, ce qu'on ne dit pas, ce qu'on pense que l'autre pense, ce qu'il ignore. Tout est subtil, lié aux blessures de l'enfance, au fait de se sentir aimé ou pas, rejeté, mis à l'écart, mis en valeur. Quoiqu'il arrive, rien n'est évident tant les relations familiales restent complexes et tant le langage est limité pour exprimer les vagues du conscient et de l'inconscient entremêlées étroitement.

Les êtres se frôlent certains haussent le ton comme Antoine, d'autres se taisent comme Louis, plus discret. Catherine pourrait incarner l'équilibre celle qui rassemble et comprend. Mais c'est la mère qui finalement sera clairvoyante quand elle dira : « […] la journée se terminera ainsi comme elle a commencé, / sans nécessité, sans importance. »

Mes réticences :

A la première lecture, je me suis perdue, et ce n'est qu'une fois que j'ai vu la magnifique adaptation de Xavier Dolan avec ces acteurs exceptionnels que j'ai mieux compris les enjeux de la pièce.

Bilan :

Un texte fort qui vibre longtemps ...

« Je me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier. / Ce sont des oublis comme celui-là que je regretterai. »

Publié dans Théâtre

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