Changement de décor de David LODGE
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Philip Swallow et Morris Zapp bénéficient d'une permutation de leur poste de professeur pour six mois : Philip part pour l'université d'Euphoria aux Etats-Unis, et Morris pour Rummidge en Angleterre. Philip, homme assez timide laisse derrière lui femmes et enfants avec un certain soulagement, tandis que Morris a été plus ou moins contraint de partir, sa femme souhaitant prendre l'air en vue de demander le divorce.
A Euphoria, les révoltes étudiantes grondent, et la libération sexuelle s'annonce également à grand pas... Ce changement de décor s'avèrera finalement bénéfique pour les deux hommes... David Lodge en profite pour fustiger le microcosme universitaire, érafle le mariage au passage, et nous offre finalement une comédie de moeurs assez drôle !
"Cet après-midi, assis chez Pierre sur Cable Street, il comprenait pour la première fois de sa vie la littérature américaine tandis que le flot de la vie de Poltinus roulait devant lui ; il comprenait cette prodigalité et cette indécence, cette hétérogénéité grégaire, il comprenait Walt Whitman qui avait fait cohabiter des mots qui, en dehors du dictionnaire, ne s'étaient jamais retrouvés ensemble, et Herman Melville qui avait brisé l'atome du roman traditionnel dans l'espoir de faire de la chasse à la baleine une métaphore universelle et qui avait glissé en douce, dans un roman qui s'adressait aux lecteurs les plus puritains que le monde ait jamais connus, un chapitre sur le prépuce de la baleine sans qu'on lui en fasse le moindre grief ; il comprenait pourquoi Mark Twain avait failli écrire une suite à Huckleberry Finn dans laquelle Tom Sawyer devait vendre Huck comme esclave, et pourquoi Stephen Crane avait écrit son grand roman de guerre avant de faire l'expérience de la guerre, et ce que Gertrude Stein voulait dire lorsqu'elle disait que "tout ce que l'on se rappelle est une répétition, mais exister en tant qu'être humain, c'est à dire être, écouter et entendre, ce n'est jamais une répétition" ; il comprenait tout cela, bien qu'il eût été incapable de l'expliquer à ses étudiants - certaines pensées sont trop profondes pour les séminaires - et comprenait aussi, enfin, ce qu'il voulait dire à Hilary."
Ce que j'ai moins aimé : Quelques longueurs... Comme souvent chez David Lodge, certaines allusions littéraires ou universitaires me semblent réservées uniquement aux spécialistes et tombent à plat pour le lecteur lambda...
Bilan : Une lecture assez divertissante, il s'agit du premier tome de la trilogie universitaire de David Lodge, suivront Un tout petit monde et Jeu de société dans lequels nous retrouvons les mêmes personnages.
Du même auteur : La chute du British Museum
Le mois anglais est consacré aujourd'hui à Rendez-vous au campus (campus novel, film, photoreportage oxbridgien...)