La collision de Paul GASNIER

Publié le par Hélène

♥ ♥

En 2012, dans le centre-ville de Lyon, une femme meurt brutalement après avoir été percutée par un jeune garçon en motocross qui faisait du rodéo urbain. Dix ans plus tard, le fils de la victime, devenu journaliste, constate comment ce type de catastrophe est utilisé dans le débat public pour dresser les gens les uns contre les autres et décide d’écrire sur le drame.

Ce que j'ai aimé : 

Il dresse alors un portrait des deux trajectoires qui se sont percutées : celle de sa mère et celle du conducteur Saïd. II enquête, cherche des explications, explore les sous-bassements psychologiques, sociétaux, constate l’omniprésence de l’argent facile avec la drogue, met en lumière la culture de rue, mais aussi le rôle de l’ennui pour finalement accuser un système saturé : « L’accident n’est pas qu’une imprudence individuelle, il est le résulat d’un lent ravinement collectif qui s’est accompli par étapes, par érosions budgétaires successives, et a permis la dérive toujours plus lointaine d’hommes privés peu à peu de perches solides à saisir. »

Pour lui, il est nécessaire de donner un sens, qu’il ne s’agisse pas d’une mort absurde, mais aussi parce qu’il refuse de s’abreuver comme les autres de faits divers non analysés. Pour lui l’écriture permet «  de réinjecter de l’humain dans des histoires manichéennes, non pas pour diluer les responsabilités mais pour apaiser la colère et sortir du piège des sommations qu’exige l’époque »

En ce sens ses dernières pages resplendissent d’humanité.

Ce que j'ai moins aimé : 

Certes le propos est louable : ne pas faire de ce drame un énième prétexte pour diviser la société en plaçant d'un côté des "racailles" de l'autre les bourgeois, de ne pas chercher à simplifier, à polariser les débats. Et pourtant, avec le terme même de "collision" il met face à face deux milieux sociaux, qu'il a tendance à caricaturer. Et que de répétitions dans l’écriture, que d’hésitations dans cette quête et dans la façon de la mettre en mots, d’ailleurs souvent le narrateur s'interroge lui même et tente de se justifier si bien qu’on en vient à penser comme un libraire qui lui dit "Tout le monde écrit quelque chose de nos jours, c'est un peu pénible..."

De plus, Paul Gasnier propose un essai sur les fractures sociales, les conséquences du laisser aller public, la défaillance des institutions mais ne met pas en place de pistes concrètes d’amélioration.

Bilan : 

Pour conclure, le propos est digne, mais résonne comme un pavé lancé dans la mare. Pour moi c’est un livre qu’on oubliera rapidement.

Présentation de l'éditeur : Gallimard

Sélection de septembre 

Catégorie Non fiction 

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G
Et bien je passe... allègrement vu ton avis.
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