Les nourritures terrestres de André GIDE
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« Que l’importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée. »
L’auteur :
André Gide est un écrivain français, né le 22 novembre 1869 à Paris où il est mort le 19 février 1951. Il a notamment reçu le prix Nobel de littérature en 1947.
Volonté de liberté et d'affranchissement à l'égard des contraintes morales et puritaines, son œuvre s'articule autour de la recherche permanente de l'honnêteté intellectuelle : comment être pleinement soi, jusqu'à assumer sa pédérastie et son homosexualité, sans jamais démériter à l'égard de ses valeurs ?
L’histoire :
Les Nourritures terrestres (1897), parfois appelé plus simplement Les Nourritures, sont une oeuvre littéraire d' André Gide (1869 - 1951), sur le désir et l'éveil des sens. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un roman, mais plutôt d'un long poème en prose, où s'exprime une sensualité teintée de ferveur, de contact avec la nature. La question du genre des Nourritures terrestres trouve sa réponse dans une esthétique de la diversité. Gide propose des structures hybrides, faites de formes poétiques désuètes (ballades, rondes), de fragments de journal intime, de cahiers de bord, de notes vagabondes. Malgré les éditions actuelles, il faut savoir que le manuscrit original prenait de grandes libertés sur le plan de la typographie, allant même jusqu'à ressembler au futur vers modernistes et autres calligrammes en vogue au début du XX e siècle. D'autre part, les éditeurs ont eu tendance à ramasser le texte et certains épisodes en vers sont aujourd'hui présentés en bloc comme de la prose. (Source L’express)
Ce que j’ai aimé :
Le poète, disciple de Ménalque veut transmettre à Nathanaël ses leçons de vie : être disponible au monde, le regarder et le vivre dans sa plénitude, sentir l’instant nous pénétrer, nous emplir.
« Ne me dites pas trop que je dois aux évènements mon bonheur, évidement ils me furent propices, mais je ne me suis pas servi d’eux. Ne croyez pas que mon bonheur soit fait à l’aide de richesses mon cœur sans nulle attache sur la terre est resté pauvre, et je mourrai facilement. Mon bonheur est fait de ferveur. A travers indistinctement toute chose, j’ai éperdument adoré. »
Pour lui, la transmission est essentielle, à un disciple qui s'émancipera du message pour mieux devenir lui-même.
« Nathanaël, jette mon livre, ne t’y satisfais point. Ne crois pas que ta vérité puisse être trouvée par quelque autre, plus que tout, aie honte de cela. (…) Jette mon livre ; dis-toi bien que ce n’est là qu’une des mille postures possibles en face de la vie. Cherche la tienne. Ce qu’un autre aurait aussi bien fait que toi, ne le fais pas. Ce qu’un autre aurait aussi bien dit que toi, ne le dis pas – aussi bien écrit que toi, ne l’écris pas. Ne t’attache en toi qu’à ce que tu sens qui n’est nulle part ailleurs qu’en toi-même, et crée de toi, impatiemment ou patiemment, ah ! le plus irremplaçable des êtres. »
Ce texte est un hymne à la joie, une aspiration profonde de communion avec la nature. André Gide disait qu'il s'agissait d'un livre de convalescent, écrit après une grave crise. Il y prône l'éloignement de la famille, le dénuement, la liberté absolue et exalte le plaisir des sens. Résultat de trois ans de voyages, Gide ayant goûté ces nourritures terrestres en Afrique, en Italie ou encore dans le Sahel.
« Camarade, n’accepte pas la vie telle que te la proposent les hommes. Ne cesse point de te persuader qu’elle pourrait être plus belle, la vie, la tienne et celle des autres hommes… Ne sacrifie pas aux idoles. »
Ce que j’ai moins aimé :
- Quelquefois un peu répétitif ou hermétique.
Premières phrases :
« Ne te méprends pas, Nathanaël, au titre brutal qu’il m’a plu de donner à ce livre ; j’eusse pu l’appeler Ménalque, mais Ménalque n’a jamais, non plus que toi-même, existé. Le seul nom d’homme est le mien propre, dont ce titre eût pu se couvrir ; mais alors comment eussé-je osé le signer ? »
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Autre : Lettres à un jeune poète de Rainer Maria RILKE
Les nourritures terrestres, André GIDE, folio, 1972, 6 euros