L'éclaireur de Fred CHAPPELL
♥ ♥ ♥
"Tous deux considéraient comme une priorité d'apprendre l'émerveillement aux enfants."
Ce que j'ai aimé :
La journée de Joe s'annonce mouvementée. Professeur de lycée, il doit rencontrer dans l'après-midi la commission scolaire de son lycée, car il est accusé d'enseigner les théories darwinistes à ses élèves. Issus de familles pieuses, ces derniers préfèreraient en effet entendre que "la théorie de l'évolution est une manipulation communiste et Charles Darwin un suppôt de Satan." Juste avant l'heure du jugement, Joe va connaître une série d'aventures rocambolesques qui risquent de compromettre cette réunion...
Pour commencer, il se bat avec un opossum de Satan beige avec des taches noires, et un "visage de p'tit vieux. Avec une barbe et une grosse moustache piquante." et des yeux vert anis. Puis, il sauve une jeune fille de la noyade. Par la suite il aura une discussion fort interessante avec un bouc sur un toit et avec un homme étrange au fond d'une cave...
Joe n'est pas mécontent de ces évènements qui le rendent profondément vivant :
"Ces journées, ces heures étaient le meilleur de l'existence : combattre des opossums de Satan sous les étoiles, tracer son nom en pissant, traire les vaches..." (p. 36)
Il faut dire qu'il préfère les travaux de la ferme à sa charge provisoire de professeur, parce que "Son rêve à lui n'était pas d'être maîtresse d'école, mais fermier, homme de science et explorateur." Cet homme idéaliste et rêveur aux idées novatrices est peu en adéquation avec le système éducatif :
"La vérité était que Sandy Slater et mon père auraient préféré clouer des planches sur la porte de leur salle de classe et aller courir les bois et les prés avec leurs élèves pour, au hasard des chemins et des ruisseaux, leur montrer la gale du chêne, le terrier du rat musqué, le nid des abeilles sauvages, les traces du cerf, pour leur donner le nom de cette plante, le nom de cette fleur sauvage, leur nom courant et celui sous lequel elles étaient inscrites dans la nomenclature de Linné. Tous deux considéraient comme une priorité d'apprendre l'émerveillement aux enfants." p. 85
Joe est un homme qui enchante le monde, sa poésie le porte vers les étoiles, mais ses principes lui permettent de rester bien campé sur terre, droit dans ses bottes de fermier. Il est profondément attachant et illumine le monde et la littérature de sa présence.
Vous vous devez de le rencontrer !
Ce que j'ai moins aimé :
- Rien
Premières phrases :
"Nous marchions le long de la route craquante. Ces matins d'hiver étaient si froids qu'il me semblait que j'allais résonner commeune enclume si mon père posait la main sur moi. Une gelée brillante recouvrait toutes choses, jusques aux pierres. Elle était si dure quun couteau ne l'aurait brisée, et les fils barbelés étaient si givrés que la clôture qui bodait la route faisait penser à des cordes de guitare."
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D'autres avis :
L'éclaireur, Fred Chappell, traduit de l'anglais (américain) par Anne Mornet, Autrement Littératures, 2003, 14.95 euros