Le paradis des animaux de David James POISSANT
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Les personnages qui hantent ces nouvelles sont tous à un tournant de leur vie, tous chancelants, risquant à tous moments de basculer vers une décision marquante. Qu'ils soient au bord du suicide dans "100% coton", vraiment bordelines dans "La fin d'Aaron", Aaron prédisant la fin du monde, au bord de l'implosion dans "les derniers des mammifères terrestres", au bord de la rupture dans "Remboursement", tous hésitent face à la complexité du monde qui les entoure et surtout face aux difficultés créées par les relations humaines. Il est si simple de baisser les bras devant l'incompréhension que représente l'autre ! C'est ce qu'a fait le narrateur de en reniant son fils homosexuel, c'est ce qu'envisage de faire le narrateur de "Remboursement" quand il comprend que sa femme et lui sont diamétralement opposés face à leur fils surdoué, c'est aussi la solution envisagée par les parents de "La géométrie du désespoir" après la mort subite de leur bébé. Et pourtant, au moment où tout semblait sombrer dans une noirceur pessimiste, l'espoir renaît et les êtres se relèvent, plus forts d'avoir vacillés. SI la mort et le désamour rôdent, la rédemption et le pardon sont toujours possibles : après un road movie concluant, le père retournera vers son fils homosexuel dans la suite de "L'homme lézard", "Le paradis des animaux".
Quand ces nouvelles pourraient être glauques, noires, déprimantes au vu des thèmes abordés, elles sont simplement puissantes. Les situations décalées rafraîchissent des univers trop réalistes : dans "L'homme lézard" Crystal et le narrateur transportent un alligator dans le coffre, Arnie quant à lui se retrouve face à un bison dans "les derniers des mammifères terrestres" et le narrateur de "Ce que veut le loup" face à un loup qui réclame de surcroît ses mocassins !
La parfaite maîtrise de cet exercice difficile de la nouvelle alliant concision et précision dans l'écriture en font des nouvelles percutantes qui font toutes mouche !
Présentation de l'éditeur : Albin Michel
D'autres avis : Caroline ; Augustin Trapenard ; Valérie ; Cathulu
Le paradis des animaux, David James Poissant, traduit de l'anglais (EU) par Michel Lederer, Albin Michel, terres d'Amérique, mai 2015, 352 p., 25 euros
Merci à l'éditeur.