La petite lumière de Antonio MORESCO
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"La petite lumière sera comme une luciole pour les lecteurs qui croient encore que la littérature est une entreprise dont la portée se mesure dans ses effets sur l'existence."
(Présentation de l'éditeur)
Un homme s'est retiré du monde dans un hameau abandonné. Il est le seul habitant du lieu entouré de montagnes et de forêts, loin du tumulte tonitruant du monde.
"Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant."
Il a choisi sa solitude, et s'il retourne quelquefois vers la civilisation pour garnir son garde-manger, il revient rapidement vers son havre isolé. On ne connait pas ses raisons, ses motivations profondes, on imagine seulement... La nature gronde autour de lui et loin d'être un idéal de pureté et de beauté, elle renferme des dangers insoupçonnés, des tremblements de terre ébranlent sa maison, et chaque jour, tout autour de lui une vie inconnue grouille et l'effraie : "Pourquoi il y a tout ce sous-bois mauvais ?, je me demande. Qui essaie d'envelopper et d'effacer les arbres plus grands. Pourquoi toute cette férocité misérable et désespérée qui défigure toute chose ? Pourquoi tout ce grouillement de corps qui tentent d'épuiser les autres corps en aspirant leur sève de leurs mille et mille racines déchaînées et de leurs petites ventouses forcenées pour détourner vers eux la puissance chimique, pour créer de nouveaux fronts végétaux capables de tout anéantir, de tout massacrer ? Où je peux aller pour ne plus voir ce carnage, cette irréparable et aveugle torsion qu'on a appelée vie ?" p. 16
Comme un espoir, comme un havre de paix, l'homme observe tous les soirs une petite lumière qui s'allume sur le versant opposé de la colline. Nul hameau ne peuple cette colline, personne ne sait qui pourrait allumer cette petite lueur le soir, le mystère tremble autour d'elle. L'homme décide finalement d'aller explorer cet endroit. Il y rencontre un enfant. Seul. Etrange. Les deux êtres solitaires vont s'approcher, se frôler, échanger, partager un peu de leur vie pour mieux cheminer vers ailleurs...
Dans cette fable aux accents métaphysiques, rien n'est stable, à l'image des tremblements de terre qui secouent la colline du vieil homme. Les apparences sont trompeuses, il devient rapidement nécessaire de ne pas rester à la surface des choses pour espérer s'approcher de l'absolu. Dans une interview de la librairie Mollat, Antonio Moresco explique ce besoin de solitude :
"Parfois il faut faire le noir autour de soi et en soi et il faut faire silence pour entendre ce qu'on ne pourrait pas entendre dans le vacarme et la lumière éblouissante de notre époque."
La fin surprenante du récit encourage chaque lecteur à choisir sa propre interprétation, de la même façon que chacun perçoit le monde et son étrangeté différemment... La petite lumière rayonne en nous longtemps après les dernières pages tournées, cette petite fable "intime et secrète" crée un halo d'une lumineuse beauté...
Présentation de l'éditeur : Verdier
D'autres avis : Télérama ;
La petite lumière, Antonio Moresco, traduit de l'italien par Laurent Lombard, Verdier, 2014, 123 p., 14 euros