L'homme de la montagne de Joyce MAYNARD
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Ete 1979. Rachel, 13 ans et Patty 11 ans sont livrées à elles-mêmes : après le divorce de leurs parents, leur père est parti et leur mère a sombré dans une dépression la déconnectant de la réalité. Rachel et Patty qui se qualifient de "bizarres et un peu foldingues" profitent de cette liberté forcée pour arpenter la montagne avoisinante. Elles se balancent à des lianes, dévalent la montagne en roulés-boulés, trainassent dans la cabine rouillée d'un camion avec un sac de crackers, écrivent des histoires qu'elles se lisent à haute voix, jouissant pleinement de cette belle complicité entre soeurs. Elles se créent un monde à elles, ensemble, unies.
Mais un évènement va sonner le glas de ces sorties insouciantes : une jeune fille est retrouvée morte, assassinée par celui que l'on surnommera par la suite après la découverte d'autres corps "L'étrangleur du crépuscule". Le père des filles, inspecteur, est en charge de cette enquête très médiatisée. Vouant un amour sans failles à ce père absent, Rachel et Patty sont persuadées qu'il attrapera rapidement le coupable.
Au travers du portrait touchant de Rachel et de ses rapport fusionnels avec sa soeur, se profile l'adolescence et ses choix : faut-il assumer le fait d'être "bizarre", à part, ou choisir d'être populaire en papotant et en se vernissant les ongles ? Faut-il entrer dans la norme et avoir un petit copain qui vous pétrit les seins en s'imaginant être sensuel ou préférer courir les montagnes en faisant rire sa soeur ?
"Les filles de treize ans sont grandes et petites, grosses et maigres. Ni l'un ni l'autre, ou les deux. Elles ont parfois la peau la plus douce, la plus parfaite, et parfois, en l'espace d'une nuit, leur visage devient une sorte de gâchis. Elles peuvent pleurer à la vue d'un oiseau mort et paraitre sans coeur à l'enterrement de leurs grands-parents. Elles sont tendres. Méchantes. Brillantes. Idiotes. Laides. Belles." p. 238
Treize ans est aussi l'âge où l'on découvre son corps et sa sexualité, l'âge où on admire encore ses parents en les prenant comme modèles, mais où l'on comprend aussi qu'ils sont faillibles. Joyce Maynard saisit avec talent cet âge intermédiaire entre l'enfance et l'adolescence, ce moment où tout bascule et plus rien n'est sûr. L'intrigue policière n'est au fond qu'un prétexte pour peindre de magnifiques portraits d'adolescentes.
Ce que j'ai moins aimé : La fin est décevante.
Bilan : Un roman très sensible et touchant sur l'adolescence.
Présentation de l'éditeur : Philippe Rey ; 10-18
D'autres avis : Télérama ; Chez Florence
Du même auteur : Les filles de l'ouragan
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Lu dans le cadre du Blogoclub organisé par Amandine et Florence Le livre d'après