Underground railroad de Colson WHITEHEAD
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"Comme si en ce monde il n'y avait pas de lieux où s'enfuir, seulement des lieux à fuir."
Underground railroad est le nom donné au réseau de routes clandestines utilisées par les abolitionnistes pour aider les esclaves noirs à s'échapper notamment dans les années 1850. Ce chemin, la jeune Cora, seize ans, esclave dans une plantation de coton, va le suivre pour fuir aux côtés de Caesar, un autre esclave de la plantation. Caesar pense sans doute que la jeune femme lui portera chance dans sa fuite puisque la mère de Cora, Mabel, fut la seule esclave de la plantation a avoir réussi à fuir sans jamais se faire prendre par les chasseurs d'esclaves. Cora et Caesar, accompagnés par Lovey, s'engagent donc vers la route censée les mener vers la liberté. Mais cette route est semée d'embûches, et de la Caroline du Sud à l’Indiana en passant par le Tennessee, ils vont vivre une incroyable odyssée.
"Il arrive parfois qu'une esclave se perde dans un bref tourbillon libérateur. Sous l'emprise d'une rêverie soudaine au milieu des sillons, ou en démêlant les énigmes d'un rêve matinal. Au milieu d'une chanson dans la chaleur d'un dimanche soir. Et puis ça revient, inévitablement : le cri du régisseur, la cloche qui sonne la reprise du travail, l'ombre du maître, lui rappelant qu'elle n'est humaine que pour un instant fugace dans l'éternité de sa servitude."
L'auteur a choisi ici de matérialiser ce chemin clandestin par un chemin de fer souterrain, lieu désertique dans lequel errera plusieurs fois Cora, sommée de fuir à nouveau alors qu'elle pensait avoir trouvé un havre de paix. Mais la paix est éphémère dans ce monde dominé par la haine et la violence.
« Un semblant de liberté était le pire des châtiments, tant il mettait douloureusement en relief la magnificence d’une vraie liberté […] Etre libre n’était pas une question de chaînes, ni d’espace disponible. »
Ce que j'ai moins aimé : Le roman est très bien documenté, ouvrant sur une période sombre de l'histoire, mais il manque un souffle, une émotion qui prendrait aux tripes et apporterait une dimension supplémentaire à ce destin poignant. Cora semble comme dénuée de sentiments, être immatériel qui traverse les étapes de son parcours en observatrice.
Bilan : Cette fuite en avant aux rebondissements multiples agit certes comme un page turner instructif, mais il lui manque une dimension supplémentaire pour marquer durablement.
Présentation de l'éditeur : Albin Michel
D'autres avis : Babélio
Reçu et lu dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire Priceminister