La peur et autres nouvelles de Stefan ZWEIG

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

« Pourtant, je sais que les livres sont faits pour unir les hommes par-delà la mort et nous défendre contre l'ennemi le plus implacable de toute vie, l'oubli. »

Dans ce recueil de six nouvelles le génie de Zweig vous prend à la gorge. Admirateur de Maupassant, Zweig voulait, dans ces six chefs-d’œuvre, «résumer le destin d’un individu dans un minimum d’espace et donner dans une nouvelle la substance d’un livre».

La peur nous plonge au cœur des angoisses de Irène, femme infidèle qui redoute que son mari découvre la vérité. Le processus psychologique complexe de la tromperie est admirablement bien disséqué.

« Blottie paresseusement dans la tranquillité d'une existence bourgeoise et confortable, elle était tout à fait heureuse aux côtés d'un mari fortuné, qui lui était intellectuellement supérieur, et de leurs deux enfants. Mais il est une mollesse de l'atmosphère qui rend plus sensuel que l'orage ou la tempête, une modération du bonheur plus énervante que le malheur. La satiété irrite autant que la faim, et la sécurité, l'absence de danger dans sa vie éveillait chez Irène la curiosité de l'aventure. »

Le narrateur de  Révélation inattendue d'un métier découvre fasciné le métier subtil du pickpocket. Leporella s'attache au destin d'une servante qui apprécie un peu trop à son maitre. Dans le merveilleux La femme et le paysage le narrateur se laisse emporter par des vagues de volupté et de sensualité lors d'un orage.

« La lutte voluptueuse entre le ciel et la terre était d'une beauté démoniaque, c'était une gigantesque nuit de noces dont je partageais le plaisir en pensée. Les éclairs empoignaient la terre frémissante, le tonnerre s'abattait sur elle et c'était dans cette obscurité gémissante une étreinte passionnée. Les arbres soupiraient voluptueusement, et, au milieu des éclairs de plus en plus violents, l'horizon tissait ses mailles, les veines ouvertes du ciel se mêlaient en coulant aux rigoles des chemins. Tout se disloquait, s'effondrait, la nuit et le monde, et un souffle nouveau, merveilleux, dans lequel l'odeur des champs se mêlait à l'haleine embrasée du ciel, me pénétrait de sa pureté. « 

Les deux dernières nouvelles prouvent combien l'art et la passion peuvent maintenir un homme en vie : Le bouquiniste Mendel contant la passion de cet homme pour les livres et La collection invisible présentant un collectionneur aveugle, qui trouve du réconfort en touchant les oeuvres inestimables de sa collection.

« Ce que  j'emportais, c'était cette chose inestimable : le souvenir d'un enthousiasme vivant et pur, d'une extase spirituelle entièrement vouée à l'art que les hommes semblent ne plus connaître depuis longtemps. »

« Jamais je n'oublierai la joie de cet homme. A sa fenêtre, il planait au-dessus des passants affairés et inquiets. Une illusion bienfaisante, semblable à un nuage vaporeux, lui cachait le monde réel et ses turpitudes. Et je me rappelai cette parole si vraie — de Goethe, je crois : « Les collectionneurs sont des gens heureux. » »

A travers ces nouvelles, l'auteur sonde l'âme humaine, ses noirceurs mais aussi ses illuminations capables de le sauver du naufrage.

Un essentiel !

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Du même auteur : Le joueur d'échecs ♥ ♥ ♥ Magellan   ♥ ♥ ♥ (Biographie) ; Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme ♥ ♥ ♥ 

Publié dans Littérature Europe

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Commenter cet article
L
encore un livre de Zweig j'ai lu ces textes il y a longtemps je vais peut être m'y remettre
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A
Je ne crois pas avoir jamais lu ses nouvelles, alors pourquoi pas;
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D
Dans ce recueil de nouvelles que je ne connais pas j'en ai malgré tout lu une qui m'a beaucoup plu c'est le Bouquiniste Mendel
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M
Je n'ai jamais lu ce recueil de nouvelles et j'aime beaucoup cet auteur. "Leporella" me dit pourtant quelque chose mais peut-être cette nouvelle est-elle éditée dans un autre recueil ou individuellement ? A voir donc. Merci pour cette présentation
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