Le ciel ouvert de Nicolas MATHIEU

Publié le par Hélène

 

♥ ♥
En 2018, Nicolas Mathieu tombe amoureux d'une jeune femme déjà mariée. Il publie alors sur Instagram des posts qui lui sont destinés "C'était une manière de surmonter la clandestinité, de se donner à soi-même, mais devant les autres, le spectacle d'une relation enviable". Cinq ans après il rassemble ces textes dans ce recueil pour témoigner de ce "sort magnétique" qui l'a parcouru.
Ce que j'ai aimé :
L'auteur ne parle pas seulement de cette relation, somme toute assez ordinaire, mais il en profite pour évoquer sa mélancolie, le temps qui passe et contre lequel il essaie de lutter en vivant plus intensément, plus dangereusement, pour conjurer la mort.
Il évoque aussi son fils, celui qui restera après lui, source d'émerveillement constante.
Son écriture s'évade facilement vers de belles envolées lyriques.
"Nous avons ambitionné de réveiller ces puissances qui en chacun ruminent, ce sentiment qui parfois le matin nous prend à la gorge et nous fait dire, dans notre voiture ou face au miroir, les yeux mouillés et les lèvres pâlies : Bordel, ma vie n'aura-t-elle été que cela ? La certitude de l'amour fut pour nous le signe avant coureur d'une insurrection intime. Dans cette poitrine qui déborde, nous aurons trouvé la preuve que l'existence qui nous est faite ne suffit pas, qu'il n'y a plus lieu d'être sage, que nous voulons tout, et tout de suite. Nous avons rêvé d'ouvrir grand le ciel par-dessus le toit."
 
"Toute l'enfance on s'imagine que les adultes savent ce qu'ils font. Chaque jour, ils partent bosser, ont des carrières, font semblant chacun dans leur coin, choisissent des yaourts ou leur voiture, rentrent crevés du boulot, vous bordent et tout recommence. Ils savent lire des cartes routières, faire pousser des tomates et parfois même s'aimer longtemps. En réalité, je vais te dire, personne ne sait rien. Tous à notre mesure, nous repoussons pauvrement le désastre, celui du temps, des autres, de notre impuissance, des grands chagrins qui vous prennent quand le volant de badminton est retombé chez le voisin."
 
Ce que j'ai moins aimé :
- L'aspect intime dévoilé au grand jour peut déranger, même si l'auteur se justifie au début en disant que cela peut aider d'autres destins.
- Le livre est illustré par Aline Zalko mais j'ai trouvé que ses couleurs ne correspondaient pas à l'esprit des textes. L'auteur parle d'incandescence, de lumière, mais je trouve que le fond des textes est plus mélancolique, plus pastel que couleur...
Bilan :
L'ensemble est assez convenu, décevant par rapport à ses romans comme Leurs enfants après eux ou Aux animaux la guerre.
 
Présentation de l'éditeur : Actes Sud
Du même auteur : Leurs enfants après eux
 
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S
Déçue aussi... même s'il y a de belles pages.
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M
Dommage en effet. J'avais beaucoup aimé "Leurs enfants après eux" et "Connemara" un peu en dessous je trouve. Je le lirai peut-être mais ce n'est pas urgent du coup...
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A
Je vais rester sur mes bonnes impressions de lecture de ses ouvrages précédents, alors.
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