Mr.Peanut d’Adam ROSS
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« Le mariage peut-il nous sauver la vie ou n’est-ce que le début d’un long double homicide ? » (p. 467)
L’auteur :
Adam Ross est né et a grandi à New York. Comme tout enfant acteur, il a fait des apparitions dans des films, des publicités et des émissions de télévision. Il a obtenu un M.A. en creative writing de l'Université Hollins et un M.F.A. en creative writing de l'Université de Washington, ou il a étudié avec Richard Dillard, Stanley Elkin et William Gass. Son premier roman, Mr. Peanut, a été acclamé par la critique et s'est vendu dans 13 pays. Son nouveau livre, Ladies and Gentlemen, vient de paraître aux Editions Knopf, aux Etats-Unis. Adam Ross vit à Nashville, dans le Tennessee, avec sa femme et ses deux filles.
Site officiel : adam-ross.com
L’histoire :
David Pepin a toujours aimé sa femme, Alice. Pourtant, parfois, il rêve de sa mort. Mais peut-on être coupable des rêves que l'on fait ? Le problème, c'est qu'Alice est morte. Réellement. Pour les deux policiers en charge de l'enquête, David apparaît aussi suspect qu'il est désemparé. Mesurant sa culpabilité à l'aune de leur propre histoire conjugale, il leur devient clair que son rôle ne se limite pas à celui du mari inconsolable... (Présentation de l’éditeur)
Ce que j’ai aimé :
Ce roman est une véritable autopsie du mariage : l’auteur dissèque méticuleusement les corps et les âmes fatigués des mariés blasés et nous livre brillamment son analyse. Chacun pourra se reconnaître dans ces scènes tirées de la vie quotidienne des couples : comme quand David annonce à sa femme qu’il a invité 40 personnes pour un barbecue seulement quelques jours avant : « Une brique, se dit Marilyn, me serait bien utile, à cet instant. » (…) « La fête était, bien entendu, une annonce, pas une requête, pourtant, peu de temps auparavant, elle avait exigé, sous peine de divorce, que cela ne se reproduisît plus jamais. Ce qui n’avait apparemment rien changé, et la poussa à s’interroger : s’il n’y avait aucun moyen de corriger les petites choses dans le comportement de son mari, quels espoirs cela lui laissait-il pour les grandes. » (p. 225)
En choisissant d’examiner trois couples, l’auteur nous livre un récit varié, passionnant en nous plongeant dans l’intimité des couples, tels des voyeurs qui n’osent croire ce qu’ils découvrent sur leurs voisins qui, pourtant « semblaient tellement unis.. ; » Adam Ross se joue des faux-semblants :
« Et maintenant, nous ne savons d’elle que ce que nous imaginons.
Sheppard alluma sa pipe et souffla un nuage de fumée agréablement parfumée.
- C’est vrai pour nous tous, conclut-il. » (p. 378)
« Je ne crois pas au diable, répliqua Sheppard.
- A qui croyez-vous ?
- A la conscience. » (p. 269)
Adam Ross nous parle de cette force destructrice contre laquelle chaque conjoint doit lutter, ces habitudes, ces lassitudes qui nous transforment et nous rendent haïssables, ces libertés que l’on laisse de côté pour un être qui nous déçoit trop souvent, de ces messages non entendus, non écoutés, de cette vie qui file avec nos rêves sans que nous n’y prenions garde.
« Tu as tué ma joie, dit-elle doucement. » (p. 504)
Les récits imbriqués apportent densité et cohésion à l’ensemble
Ce que j’ai moins aimé :
- Quelques longueurs, notamment dans l’histoire du Dr Sheppard.
Premières phrases :
« La première fois que David Pepin rêva de tuer sa femme, ce n’était pas lui qui la tuait. Il imagina une intervention divine providentielle. Ils pique-niquaient sur la plage lorsqu’un orage approcha. Tandis qu’ils rangeaient pliants, couvertures et alcool, un éclair jaillit. David vit Alice prendre feu et se transformer, comme dans les dessins animés, en un squelette avant de s’écrouler, réduite à un tas de cendres fumant. »
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Les femmes du braconnier de Claude PUJADE-RENAUD
D’autres avis :
Mr. Peanut, Adam Ross, Traduit de l’anglais (EU) par Jean-Baptiste Dupin, 10/18, septembre 2011, 507 p., 19.9 euros