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litterature europe

Le Maître du Jugement dernier de Léo PERUTZ

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Chacun de nous porte son propre Jugement dernier en lui-même." p. 201

Vienne 1909, le baron Von Yosh assiste à un récital privé chez le célèbre acteur Eugen Bischoff. Lors de la soirée, l'acteur est retrouvé mort et les circonstances de cette mort restent mystérieuses : s'agit-il d'un suicide ? D'un meurtre ? Le baron von Yosh, amoureux de Dina, la femme de Bischoff, est rapidement soupçonné et lui-même en vient à douter de sa mémoire. Aurait-il cédé à une pulsion de mort inhérente à l'être humain ? Les identités des uns et des autres se craquèlent lentement, quand dans l'ombre semble oeuvrer des forces obscures régissant les âmes humaines.

"Mon cher ami, qui d'entre nous peut-on définir aussi facilement ?  On ne vient pas à bout du caractère d'un homme avec quelques formules à l'emporte pièce. Le caractère humain n'est pas une chose aussi simple que vos bobines de fil vert par exemple, qui sont de pôle positif ou négatif." p. 83

Tout à la fois enquête prenante au suspens palpable et étude psychologique affûtée, Le Maître du Jugement dernier est un chef d'oeuvre de maîtrise aux accents fantasmagoriques. Le récit est pris en charge par Von Yosh, ce qui ajoute au trouble du lecteur qui ne sait jamais s'il doit accorder du crédit au témoignage de cet homme fou amoureux, ou le soupçonner de mensonges romanesques... L'imagination de l'emmène-t-il pas vers un au-delà mensonger, vers un piège qui risque de se refermer sur son esprit rationnel ? 

Un roman démoniaque...

 

Présentation de l'éditeur : Zulma 

D'autres avis : Babelio 

 

Le maître du Jugement dernier, Léo Pérutz, roman traduit de l'allemand par Jean-Claude Capèle, Zulma, 2014, 224 p., 8.95 euros

 

Merci à ma nièce Clémentine pour ce cadeau !

Publié dans Littérature Europe

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La ferme de cousine Judith de Stella GIBBONS

Publié le par Hélène

♥ ♥

Flora Poste devient orpheline et pauvre. Qu'importe, cette jeune femme pétillante décide de vivre aux crochetrs de ses cousins éloignés ! C'est ainsi qu'elle choisit d'être accueillie par les Starkadder une drôle de famille qui vit dans une femre nommée Froid Accueil. Celle qui dirige ce lieu atypique est Cousine Judith, déprimée en portant la culpabilité d'une faute secrète, aux côtés de son mari Amos, héraut de la damnation divine, avec leurs trois enfants, Seth le séducteur de la région, Ruben et Elfine, nymphe des bois. Dans l'ombre de sa chambre la tante Ada semble régir d'une main de maître tout ce petit monde ... Flora décide alors de se lancer un défi et d'améliorer la vie de ces drôles de cousins. 

Ce texte qui date de 1932 est léger et drôle. Portrait féministe avant l'heure, il met en scène une Flora atypique qui reste toujours de bonne humeur, volontaire face aux personnalités de ses cousins.  Derrière les trouvailles de la jeune femme, se cache également une critique de la société anglaise du début XXème, percluse dans ses moeurs désuets et ses stéréotypes surannés. 

Ce que j'ai moins aimé : cela reste léger, la comparaison avec Jane Austen est quelque peu exagérée !

Bilan : Le lecteur se prend peu à peu d'affection pour la région et ses habitants et finit par passer un bon moment à leurs côtés !

 

Présentation de l'éditeur : Belfond 

D'autres avis : Babélio

 

Merci à l'éditeur

 

La ferme de cousine Judith, Stella Gibbons, traduit de l'anglais par Iris Catella et Marie-Thérèse Baudron, Belfond vintage, juin 2016, 352 p., 15 euros

Publié dans Littérature Europe

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Funny girl de Nick HORNBY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Sophie Straw est bien décidée à ne pas se contenter d'être Miss Blackpool, son ambition est bien plus large : depuis toujours, elle souhaite faire rire les gens. Pour cela, elle décide de quitter Blackpool pour tenter sa chance à Londres. Grâce à son agent et à sa pugnacité, elle décroche un rôle fait sur mesure dans une comédie playhouse, cette demi-heure de programmation naguère rampe de lancement pour les feuilletons de la BBC. Intitulée "Barbara (et Jim)" la comédie mettra en scène un couple en proie à des situations cocasses. Rapidement, une complicité s'installe dans l'équipe dirigée par les scénaristes Tony et Bill, toujours à la recherche de la bonne intrigue et du bon rythme. Clive, le partenaire de Sophie, "Jim" à l'écran, se révèle attachant sous ses allures de séducteur et le producteur Dennis couve son petit monde avec tendresse. Sophie évolue comme un poisson dans l'eau dans ce milieu et leur série connaît rapidement un succés fulgurant.

Nick Hornby témoigne ici avec talent de sa passion pour les "Swinging Sixties" et il réussit brillamment à rendre le souffle de l'époque, qu'il évoque l'arrivée du divertissement à la télévision, les luttes des homosexuels pour faire valoir leur droit et ne plus être condamnés à la prison ou à un mariage de façade, ou encore l'émancipation des femmes. La série lui permet d'explorer les subtils liens  ui unissent fiction et réalité dans l'esprit des spectateurs, comme dans ces passages où Jim raconte que s'il traîne dans des bars, on vient le voir en lui conseillant de rentrer à la maison auprès de sa chère et tendre Sophie ... être fictif... Le divertissement à la télévision s'épanouit, face à un lot d'intellectuels qui le fustige et pensent que ce divertissement n'augure rien de bon pour l'avenir. Sur ce sujet, un dialogue passionnant oppose Dennis et Vernon, intellectuel pure souche, qui s'affrontent autour de la définition de l'intelligence et de l'avenir du divertissement, Vernon restant persuadé que les producteurs seront prêts aux pires indécences pour faire rire le spectateur et le divertir... A méditer... Mais ce que prouve avant tout ce roman, à travers cette série fictive à succés, est que la culture populaire rassemble finalement puisque la série est suivie par tout un chacun derrière son petit écran et abondamment commentée. 

"Quelle chose terrible que l'éducation, songeait-il, si elle forgeait des esprits qui méprisent le divertissement et tous ceux qui lui accordent du prix." p. 102

Cet hommage aux comédies des années 60 est à la fois drôle et intelligent, plus profond qu'il n'y paraît au premier abord sous ses allures de divertissement...

Ce que j'ai moins aimé : un peu longuet

 

Présentation de l'éditeur : 10/18

Vous aimerez aussi : Haute fidélité du même auteur

D'autres avis : Keisha ; Luocine  ; Babelio 

Le point ; Télérama  ; Libération 

 

Merci à l'éditeur.

 

Funny girl, Nick Hornby, traduit par Christine Barbaste, 10/18, août 2016, 456 p., 8.40 euros

Publié dans Littérature Europe

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L'ami retrouvé de Fred UHLMAN

Publié le par Hélène

♥ ♥ 

Ce court roman, entre nouvelle et roman, raconte l'amitié entre le narrateur Hans Schwartz, d'origine juive et Conrad von Hohenfels, jeune aristocrate, ceci pendant la montée du nazisme à Stuttgart. Les deux enfants s'apprécient sans se soucier de leur classe sociale ou de leur religion mais parce qu'ils ont les mêmes centres d'intérêt, les mêmes passions. Leurs échanges  sont riches et s'ils abordent la religion, c'est dans un échange d'opinion constructif, au sein d'une discussion harmonieuse. Ce sont les autres, la mère de Conrad notamment, qui s'insinuent entre eux et brandissent le statut de juif de Hans. L'idéologie nazie s'infiltre peu à peu dans les discours des professeurs également, montrant ainsi les mécanismes d'endoctrinement des lycéens. Au début du roman les lycéens vivent en harmonie, puis peu à peu l'idéologie nazi s'iinfiltre et change les mentalités. 

Fred Uhlman a vécu dans sa propre vie les ravages du nazisme : contraint à l’exil, subissant la déportation de ses parents, la mort de sa sœur et de son bébé ainsi que la disparition de ses proches, L'auteur n’a plus jamais écrit en allemand, sa langue maternelle, jugeant que l’Allemagne avait trahi ses idéaux.

Il offre ici un récit court et puissant doté d'une fin qui donne tout son sens au titre du roman et chante ainsi l'universalité de l'amitié !

 

Publié dans Littérature Europe

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Les filles de Hallows Farm de Angela HUTH

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Les filles de Hallows Farm ont été embauchées dans cette ferme du Dorset pour participer à l'effort de guerre durant l'automne 1941. Elles sont trois à se porter volontaires pour travailler dans la ferme des Lawrence : Prue qui vit à cent à l'heure, Stella plus rêveuse et Agatha, la plus posée des trois.  Elles se plient bien volontiers aux travaux de la campagne, apprennent à traire les vaches, à tracer des sillons bien droits avec le tracteur, à chasser les rats... Contre toute attente, elles se plaisent dans cet univers préservé, aidé en cela par Joe, le fils du fermier réformé pour question de santé, qui lui aussi va reprendre goût à la vie à leur contact virevoltant.

Les trois filles sont à un âge où le flirt constitue tout leur horizon, et leur rapport à l'amour est aussi bien différent : quand Prue tombe amoureuse tous les matins et se lasse tout aussi vite de ses conquêtes, Stella rêve et idéalise son premier flirt Philip, et Agatha pense de loin en loin à un jeune homme croisé un jour avec la certitude qu'il est l'homme de sa vie. 

Si ces jeunes filles et leurs idylles sont attachantes, ce qui importe davantage dans ce roman est l'impact de la guerre sur des destins individuels, l'amour souvent cristallisé par les incertitudes d'un monde chancelant. Durant cette période irréelle, tous ressentent le poids de la guerre et la nécessité d'avoir des projets solides, quitte à faire fausse route. L'urgence de vivre symbolisée par les avions qui rôdent autour de la ferme contraint les uns et les autres à accélérer des choix desquels ils pourraient se retrouver prisonniers par la suite... 

Un beau roman sur cette période de l'histoire vue du point de vue de ceux qui restent à terre ...

 

Présentation de l'éditeur : Folio 

D'autres avis : Babelio 

Du même auteur : la suite Souviens-toi de Hallows Farm

 

Les filles de Hallows Farm, Angela Huth, traduit de l'anglais par Christiane Armandet et Anne Bruneau, Folio, 2000, 560 p., 9.70 euros

 

Lu dans le cadre ud mois anglais consacré aujourd'hui à cette auteure.

 

Publié dans Littérature Europe

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Nord Sud de Elizabeth GASKELL

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥ 

Margaret Hale est la fille d’un pasteur du Sud rural qui quitte l’Église d’Angleterre pour des raisons de conscience et emmène sa femme et sa fille dans la ville industrielle de Milton dans le Darkshire, où on lui propose un travail de professeur privé. Ils rejoignent ainsi le rude et besogneux Nord industriel qui contraste sévèrement avec le paisible Sud rural et conservateur. Margaret découvre un monde totalement différent de celui qui était le sien, elle, qui vivait chez sa tante, dans un milieu privilégié, se heurte à un monde régi par la révolution industrielle et la montée des syndicats. Ces nouvelles valeurs s'incarnent dans le personnage de John Thornton, un riche manufacturier de la ville que méprise Margaret. Elle se lie au contraire avec les Higgins, des pauvres du quartier pour qui elle éprouve de la compassion. A leurs côtés, elle assiste alors aux premières grèves organisées et voit s'affronter patrons et ouvriers, s'éloignant peu à peu de l'univers qu'elle a quitté, de ces nobles qui se laissent vivre de façon indolente en entretenant des discussions superficielles, quand de l'autre côté, des travailleurs acharnés se battent pour nourrir leurs enfants. La jeune femme prend résolument partie, encourageant un dialogue égalitaire entre patrons et ouvriers, ouvriers qu'elle considère avant tout comme des êtres humains et non pas des outils de production régentés par le monde de l'argent. 

La gare Victoria de Manchester en 1844

lewebpedagogique.com

 

Dans cette magnifique fresque au souffle romanesque puissant, les points de vue différents s'affrontent face au pouvoir industriel, et les préjugés de la jeune Margaret se transforment face à la réalité et face à son ennemi de la première heure, le ténébreux John... 

Elizabeth Gaskell a su trouver le bon équilibre entre romance et roman social pour porter les questions de son siècle sur le devant de la scène, et si les scènes sentimentales flirtent quelquefois avec les clichés, les pages passionnantes sur les grèves rachètent ces légers errements.

Un grand roman victorien. 

 

Présentation de l'éditeur : Points

 

Challenge mois anglais : roman victorien 

Publié dans Littérature Europe

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La libraire de Pénélope FITZGERALD

Publié le par Hélène

A Hardborough, ville de l'East Anglia, Florence Green, une jeune veuve, décide d'ouvrir une librairie. Les habitants de la ville ne semble guère réceptif à cette idée, mais Florence pense qu'une fois son lieu fétiche ouvert, ils se laisseraont charmer par les livres. Hélas, rien ne se passe comme prévu et la jeune femme se heurte aux notables du village qui ont dans l'idée d'ouvrir un centre artistique plutôt qu'un "magasin". 

Edité une première fois en 2008 sous le titre "L'affaire Lolita", ce court roman vit une deuxième jeunesse sous son nouveau titre chez Quai Voltaire. Ce premier titre faisait allusion au fait que Florence Green choisit de vendre dans sa librairie le célèbre titre de Nabokov, quitte à, une fois encore, choquer ses congénères. Mais là réside le principal défaut de ce roman : tout reste édulcoré, plat, sans grand intérêt, et même un roman sulfureux comme Lolita devient terne dans la librairie de Florence et dans les pages de Pénélope Fitzgerald. Les personnages sont tout aussi creux que l'intrigue, qu'il s'agisse de la discrète Florence, ou même de la dragonne Mrs Gamart. La quatrième de couverture nous annonce une lutte sans merci contre le conformisme ambiant, et si lutte il y a effectivement, elle reste très édulcorée. 

Bref, vous l'aurez compris, ce fut une lecture très décevante jusqu'à la dernière page !

 

Présentation de l'éditeur : Petit Quai Voltaire 

D'autres avis : chez Babélio , des avis tout aussi mitigés que le mien ! 

 

La libraire, Pénélope Fitzgerald, traduit de l'anglais par Michèle Lévy-Bram, Petit Quai Voltaire, Nouvelle édition de l'ouvrage paru en 2006 sous le titre L'affaire Lolita, avril 2016, 176 p., 14 euros

 

Mois anglais 

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Un mois à la campagne de J. L. CARR

Publié le par Hélène

♥ ♥

Durant l'été 1920 eux rescapés de la grande guerre se retrouvent dans la campagne anglaise. 

Tom Birkin est chargé de restaurer une  fresque médievale dans l'église d'Oxgodby quand Charles Moon, archéologue cherche une tombe du XIVème siècle dans le champ près de l'église. Tous deux sont mandatés par une vieille dame qui a laissé un legs pour ces recherches : elle pensait en effet qu'une fresque monumentale était recouverte de chaux dans l'église, et elle supposait qu'un très ancien ancêtre ayant vécu au XIVème siècle était enterré à côté du cimetière (en raison de son déshonneur). Cinquante ans plus tard, Tom Birkin nous raconte cet été inoubliable passé au sein d'une petite communauté, aux côtés de cet archéologue avec qui il sympathisera, et enchanté par la jeune femme du pasteur au charme piquant.

"Ah le bonheur de ces journées-là... bien des années plus tard, il me hantait encore. Parfois, quand j'écoute de la musique, je retourne là-bas, et j'y retrouve tout intact. Cet été qui n'en finissait pas. Le beau temps, jour après jour, les voix qui s'appelaient à la nuit tombante, à l'heure où les fenêtres s'éclairaient ici et là, trouant l'obscurité. Et le murmure des blés sous le vent de l'aube, et l'odeur chaude des épis prêts pour la moisson. Et ma jeunesse.

Si j'étais resté là-bas, y aurais-je vécu heureux ? Non, je ne le pense pas. Tout change, ceux que nous aimions s'en vont, vieillissent, disparaissent, et peu à peu retombe cette ardeur qui nous faisait croire à chaque instant que l'instant d'après serait encore plus beau. C'est maintenant ou jamais ; il faut prendre le bonheur quand il passe." p. 105

Publié en 1980, Un mois à la campagne  est un roman au rythme lent comme les jours qui s'écoulent. Il a obtenu le Guardian Prize et a été adapté au cinéma en 1987 par le réalisateur irlandais Pat O'Connor, avec Colin Firth dans le rôle de Birkin et Kenneth Branagh dans celui de Moon. C'est un roman aux accents proustiens, chantant ce temps qui ne reviendra pas, ce bonheur qui était là sans qu'on le sache, juste dans l'écoulement des jours et dans la plénitude des minutes heureuses...

 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud 

D'autres avis : Repéré chez ? Je ne me souviens plus ... 

 

Un mois à la campagne, JL. Carr, traduit de l'anglais par Pierre Girard, Actes sud,  1992, 144 p., 15.50 euros

 

 

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L'amour dans un climat froid de Nancy MITFORD

Publié le par Hélène

♥ ♥

L'amour dans un climat froid est la suite de La poursuite de l'amour mais les deux romans peuvent se lire séparément. Ils nous plongent dans le destin de deux familles aristrocratiques de l'entre-deux-guerres, les Montdore et les Hampton. La narratrice Fanny raconte dans le premier tome les difficultés de sa cousine Linda pour trouver l'amour, puis, une fois Linda mariée, elle s'intéresse dans ce deuxième opus aux mêmes difficultés de Polly, fille de Lord et Lady Montdore. L'auteure s'est inspirée de sa propre expérience pour brosser le portrait de ces jeunes filles désoeuvrées dans une aristocratie décadente. 

Le monde des jeunes filles tournent autour du sujet central du mariage, puisque on leur apprend très tôt que "Le mariage est la plus belle de toutes les carrières qui s'offrent à une femme." La tante de Fanny encourage d'ailleurs cette dernière à faire un mariage d'argent plutôt que d'amour puisque l'amour ne dure jamais alors qu'elle pourra jouir de la fortune toute sa vie. Elles passent leur jeunesse à courir après un mari pour ensuite se plaindre dudit mari et des aléas de la vie de couple : 

"Mais, bien entendu, j'avais franchi déjà ce seuil charmant et, plongeant dans la mer bleue des illusions, je nageais vers ce qui m'apparaissait comme les îles enchanteresses du bonheur et n'était, en réalité, que les soucis du ménage, les peines de la maternité, bref, la destinée habituelle des femmes." p. 113

Au-delà de cette vision relativement pessimiste du mariage qui oblige les unes et les autres à courir ensuite après des amants, ce roman tire surtout son intérêt de sa galerie de personnages rocambolesques. Si Fanny est quelque peu ennuyeuse, l'oncle Davey est excentrique à souhait, Jassy et Victoria, capricieuses et fantasques, Boy, vieux satyre qui se retrouve malheureusement piégé, ou encore Cédric, l'esthète héritier qui embellit son entourage apporte humour et légèreté au paysage. 

Peinture d'une époque et d'un milieu, L'amour dans un climat froid fait sourire par sa discrète excentricité.

Ce que j'ai moins aimé Des longueurs -surtout dans le début- et un ensemble assez décousu. De mémoire, j'avais préféré La poursuite de l'amour que j'avais trouvé plus piquant.

 

Présentation de l'éditeur : 10-18 

 

L'amour dans un climat froid, Nancy Mitford, 10/18, juillet 2007, 352 p., 8.10 euros

 

Mois anglais.

Thème du jour : vieilles dames indignes ou indignées

 

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La chute du British Museum de David LODGE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

Mon premier Lodge ! Il fallait le mois anglais pour que je me lance ! Et ce fut un bon choix, un roman que j'ai trouvé drôle et intelligent. 

La chute du British Museum raconte une journée dans la vie d'Adam Appleby, jeune universitaire marié et père de trois enfants (et peut-être 4, il passera sa journée à en douter) Il prépare une thése sur "la structure des phrases longues dans trois romans anglais modernes", le seul souci étant qu'il n'a pas encore trouvé quels sont les trois romans en question ni quelle est la longueur d'une phrase longue... Il rejoint la bibliothèque du British Museum pour travailler sur ce sujet et se fond dans cette faune atypique : "des Américains compétents et consciencieux, vrombissant comme des dynamos, propulsés par des bourses du Musée Guggenheim ; des sikhs enturbannées, s'appelant tous Mr Singh et étudiant tous les influences indiennes sur la littérature anglaise ; des femmes boutonneuses, à lunettes, qui souriaient intérieurement avec cruauté quand elles relevaient une erreur faite par quelqu'un dans une note de bas de page ; et puis les phénomènes du Museum - le monsieur dont la barbe lui descendait jusqu'aux pieds, la dame en short, l'homme qui portait des chaussures dépareillées et une casquette de marin et qui lisait un journal en gaélique, un luth à une corde appuyé sur sa table, la femme qui prisait." p. 84 Son meilleur ami Camel fait partie de cette faune particulière car il prépare lui aussi une thèse de doctorat sur les sanitaires -ou leur absence- dans les romans victoriens.  

Lors de cette journée délirante, Adam sera peut-être à l'origine du pseudo incendie du British Museum, il aura le privilège de découvrir un manuscrit rare, mais en échange il devra subir les assauts d'une jeune fille vierge, et d'autres aventures tout aussi rocambolesques échelonneront sa journée. Il évolue de surcroît dans ce milieu universitaire si particulier, avec ses rivalités, ses thèses improbables, ses recherches de toute une vie, ses luttes intestines. 

Malgré tout, la principale préoccupation d'Adam en ce jour, outre ses questions existentielles habituelles comme "où puis-je trouver un quatre pièces à 3 livres 10 shillings et 0 penny par semaine ? Quelle est la définition d'une phrase longue ? Voulez-vous acheter un scooter d'occasion ? Que faut-il que je fasse pour mon salut ?" p. 139, porte surtout sur la question de savoir si sa femme est oui ou non enceinte de leur quatrième enfant. Catholiques pratiquants, ils appliquent en effet les règles de l'Eglise concernant le contrôle des naissances et son interdiction officielle d'user de contraceptifs artificiels. Pour éviter d'engendrer, ils appliquent la méthode rythmique, qui s'est avérée peu efficace. Elle brime surtout la vie érotique du couple, provoquant frustrations et angoisses. 

Roman comique avec de nombreuses aventures picaresques, La chute du British Museum a aussi la particularité de faire de chaque épisode l'écho -au moyen de la parodie, du pastiche et de l'allusion - de l’œuvre d'un romancier moderne bien connu (ou pas). Ainsi Adam rencontre Clarissa Dalloway, évoque les souffrances d'un héros de Kafka placé dans les dédales de la bureaucratie, imite le style de Conrad, de Graham Greene, d'Henry James, de James Joyce. Les allusions sont subtiles pour le lecteur français, mais peu importe, le sel du roman n'est pas seulement là...  

 

Présentation de l'éditeur : Payot Rivages 

D'autres avis : Lecture commune avec Electra

 

La chute du British Museum, David Lodge, traduit de l'anglais par Laurent Dufour, Rivages poche, 1965, 8 euros

 

Thème du Blogoclub de ce mois : Londres

 

Première participation pour le Mois anglais !

 

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