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litterature europe

La lettre à Helga de Bergsveinn BIRGISSON

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

"La vie n'est que trame et rêve,

calme plat et dur ressac,

écueil et courant rapide,

tempête, neige et brouillard.

Avec fleurs et soleil aussi.

Mais derrière les hautes montagnes -

personne n'est encore allé voir." (p. 102)

 

L'auteur :

Bergsveinn Birgisson est né en 1971. Titulaire d’un doctorat en littérature médiévale scandinave, il porte la mémoire des histoires que lui racontait son grand-père, lui-même fermier et pêcheur dans le nord-ouest de l’Islande.

Immense succès dans les pays scandinaves ainsi qu’en Allemagne, la Lettre à Helga est enfin traduit en français.

 

L'histoire :

« Mon neveu Marteinn est venu me chercher à la maison de retraite. Je vais passer le plus clair de l’été dans une chambre avec vue plongeante sur la ferme que vous habitiez jadis, Hallgrímur et toi. » Ainsi commence la réponse – combien tardive – de Bjarni Gíslason de Kolkustadir à sa chère Helga, la seule femme qu’il aima, aussi brièvement qu’ardemment, d’un amour impossible.

Et c’est tout un monde qui se ravive : entre son élevage de moutons, les pêches solitaires, et sa charge de contrôleur du fourrage, on découvre l’âpre existence qui fut la sienne tout au long d’un monologue saisissant de vigueur. Car Bjarni Gíslason de Kolkustadir est un homme simple, taillé dans la lave, pétri de poésie et d'attention émerveillée à la nature sauvage.

Ce beau et puissant roman se lit d’une traite, tant on est troublé par l’étrange confession amoureuse d’un éleveur de brebis islandais, d’un homme qui s’est lui-même spolié de l’amour de sa vie.

 

Ce que j'ai aimé :

Bjarni Gislason est un vieil homme qui, à l'orée de sa mort, souhaite alléger le fardeau avec lequel il affrontera l'au-delà. Il se confie à Helga, son grand amour inassouvi, celle sui aurait pu être la seule et l'unique, celle qu'il n'a jamais cessé d'aimer, même si leur amour était impossible. Il lui écrit une longue lettre, une déclaration enflammée dans lequel il se souvient avec délices et intensité des premiers émois, des premiers regards, des premiers gestes... Mais il livre aussi sa vie, nue, l'élevage des moutons, son travail de contrôleur de fourrage, et surtout, surtout, son amour inconditionnel pour la nature sauvage si différente des villes telles que Reykjavik.

"Je ne veux pas dire que tout est tellement merveilleux par ici, ni que les gens sont des anges. Bien sûr, ici il y a les ragots, la jalousie, et toutes sortes de conneries qui vont avec l'espèce. Mais ces gens-là vous dépanneront d'un pneu de tracteur en cas de besoin. " (p. 103)

Avec une poésie sans pareille il chante son monde, comme pour enchanter ses choix et abnégations. Parce qu'il ne peut pas partir sans expliquer, sans expier, sans aimer, une dernière fois...

"J'ai appris à déchiffrer les nuages, le vol des oiseaux et le comportement du chien. J'ai éprouve l'étonnement du premier colon et mesuré l'envergure des premiers habitants de ce pays. J'ai perçu l'angoisse du feuillage aux éclipses de lune, j'ai levé les yeux dans les côtes et senti mon âme s'élever hors de moi tandis que je conduisais mon tracteur. (...) Je me suis baigné dans une eau pleine de l'écalt du soleil, et no celle qui sont noires des  tuyaux de lieux civilisés et j'ai perçu la différence. (...) L'amour ne se réduit pas au romantisme citadin où il s'agit de trouver la seule, la vraie qui comblera votre âme jusqu'à la faire déborder et dégouliner telle une pompe intarrissable. L'amour est présent aussi dans cette vie que j'ai menée ici, à la campagne." (p. 105)

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Un magnifique chant d'amour poétique, beau comme un coucher de soleil sur une vallée islandaise. Bjarni s'éteindra peut-être doucement bercé par le bêlement de ses moutons, mais son chant restera longtemps lové dans l'âme de ses lecteurs...

A lire, à relire, à offrir, à savourer, à aimer...

 

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien

Premières phrases :

"Chère Helga,

 

Certains meurent de causes extérieures. D'autres meurent parce que la mort depuis longtemps soudée à leurs veines travaille en eux, de l'intérieur. Tous meurent. Chacun à sa façon. Certains tombent par terre au milieu d'une phrase. D'autres s'en vont paisiblement dans un songe. Est-ce que le rêve s'éteint alors, comme l'écran à la fin du film ? Ou est-ce  que le rêve change simplement d'aspect, acquérant une autre clarté et des couleurs nouvelles ? Et celui qui rêve, s'en aperçoit-il tant soit peu ?"

 

Vous aimerez aussi :

Rosa candida de Audur Ava OLAFSDOTTIR

 

D'autres avis :

Babélio A noter qu'il est rare pour un roman de connaître un tel avis positif quasi unanime.

 

La lettre à Helga, Bergsveinn Birgisson, traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson, Zulma, août 2013, 130 p., 16.5 euros

 

 rentrée littéraire2013 2

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La femme à la clé de Vonne VAN DER MEER

Publié le par Hélène

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♥ ♥

Un récit tout en émotions.

L'auteur :

Vonne van der Meer vit près d’Amsterdam. Ses précédents romans, La Maison dans les dunes (2005) et Le Bateau du soir(2006), situés sur une île frisonne, ont rencontré un énorme succès aux Pays-Bas. Le Voyage vers l’enfant, en cours d’adaptation au cinéma, débute sur cette même île de Vlieland et se poursuit jusqu’à Lima. (Présentation de l'éditeur)

L'histoire :

" Femme, 59 ans, d'apparence maternelle, hanches larges, voix agréable, vient vous border et vous faire la lecture avant que vous vous endormiez. Discr. assurée. Intentions sexuelles totalement exclues."

Voilà l'annonce un brin malicieuse que rédige Nettie, lorsque la recherche d'un travail devient inévitable, quelques mois après le décès de son mari. Sans expérience professionnelle à faire valoir, elle se tourne vers sa passion et propose aux âmes esseulées - chômeur célibataire, hôtesse de l'air divorcée, fillette qui boude l'école - ses services en tant que lectrice. ( Présentation de l'éditeur)

Ce que j'ai aimé :

Nettie est une femme discrète, veuve, qui cherche une activité rémunératrice. En faisant le tour de ses compétences, elle décide de proposer ses services en tant que lectrice. Bien sûr son rôle dépassera largement celui de lectrice, à l'écoute de ses "clients", elle est à la fois la confidente, la soeur, la mère et apporte bien plus que quelques pages de lecture. Parce que notre besoin de réconfort est infini, Nettie n'est jamais à court de demandes.

Nous retrouvons le charme discret de Vonne Van der Mer dans ces pages, pages émaillées de récits enchâssés, petites nouvelles que racontent Nettie le soir au creux du lit... Charme brumeux, qui file là où on ne l'attend pas forcément, atmospère douce et mélancolique.

Ce que j'ai moins aimé :

Le récit reste un peu court dans tous les sens du terme, il manque une dimension, et de pages pour densifier l'ensemble qui reste dans l'ombre de ses pairs comme Raymond Jean...

Premières phrases :

C'’était une douce soirée de printemps. On pouvait se passer de coupe-vent et de pulls, les nouer autour de la taille. Nous chantions en cette fin de journée, comme la veille et l’avant-veille. Mais l’impression de nouveauté avait disparu et rien ne laissait présager un incident particulier.« Nous ne sommes pas près de rentrer chez nous, la route est longue, la route est longue… » « Le petit pot de graisse sur la table j’ai posé… » « Et hop, les garçons ça ne vaut rien, hop, les garçons ça ne vaut rien. Et les filles, ça ne connaît rien au foot… »

Les garçons avaient mêlé leurs voix à celles des filles, pas seulement les garçons de notre classe mais tous ceux des écoles voisines et même de plus loin, pour chanter que les filles, ça ne vaut rien. Et que ça ne connaît rien au foot. Nous hurlions ces curieuses paroles comme si nous étions sur le sentier de la guerre. Le lendemain, quand serait décernée la médaille de la Marche de quatre jours, il fallait absolument avoir la voix cassée. Plus que cette médaille, l’extinction de voix était la preuve qu’on avait été de la partie."

Vous aimerez aussi :

Du même auteur :  Les invités de l’île de Vonne Van DER MEER

Autre : La lectrice de Raymond Jean

D'autres avis :

Babélio, cathulu

 

La femme à la clé, Vonne VAN DER MEER , traduit de lu néerlandais par Isabelle Rosselin, Héloïse d'Ormesson, août 2013, 208 p., 17 euros

 

rentrée littéraire2013 2

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L'envol du héron de Katharina HAGENA

Publié le par Hélène

 

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♥  ♥

« Peut-être que ce que nous appelons vie est un rêve et ce que nous appelons rêve est la vie, et qu'en réalité la caverne de Platon est une station de métro. » (p. 257)

 

L'auteure :

Katharina Hagena est spécialiste de l’œuvre de Joyce, elle enseigne la littérature anglaise et allemande à l’université de Hambourg.

Son premier roman «Der Geschmack von Apfelkernen», qui vient de paraître en France sous le même titre de «Le goût des pépins de pomme» (Éditions Anne Carrière, janvier 2010), a remporté un triomphe outre-Rhin. Deux cent cinquante mille exemplaires vendus. (Source : Babelio)

 

L'histoire :

Trois personnages sont liés sans le savoir par un secret tragique. Marthe recherche son fils mystérieusement disparu depuis des années. Ellen ne parvient pas à se remettre de la fuite de son amant qui l'a laissée enceinter. Andreas, l'ami d'enfance d'Ellen, hante les rues du bourgs de Grund sans prononcer la moindre parole... (Source : Babélio)

 

Ce que j'ai aimé :

Ellen veille. Souffrant d'insomnies récurrentes, elle qui est pourtant une médecin spécialiste du sommeil, elle veille, laisse ses pensées l'envahir, les souvenirs émerger, l'immerger. Ellen nous raconte. Sa fille, ses amants, son passé, Andréas, l'ami d'enfance, Lutz, le séducteur de l'adolescence, disparu mystérieusement, et les autres, ceux contre qui elle a cherché réconfort, amour et paix. Elle nous confie également les arcanes de son mal rongeur :

« Le sommeil est un antidote. Les patients n'ont aucune idée de tous les ravages et les loupés qui se produisent dans le corps pendant la journée : hormones, métabolisme, cœur. Le sommeil en guérit la plupart au cours de la nuit. Ce même cortisol qui, chaque nuit, m'éveille entre trois et quatre heures du matin et me contraint à me souvenir fait que mes souvenirs s'effacent et que je peux me rendormir. C'est aussi contradictoire que merveilleux et , lorsque j'y réfléchis, il me faut presque me dissoudre pour pouvoir complètement l'appréhender. » (p. 262)

Parallèlement, Marthe confie ses pensées et ses rancoeurs dans un journal intime, guettant dans l'ombre Ellen et sa fille...

L'atmosphère de ce roman, entre rêve et réalité, sommeil et veille est hypnotique. Elle rive le lecteur au pages et le tient éveillé, captivé, sommé de connaître le fin mot de cette histoire nostalgique. Le charme agit...

 

Ce que j'ai moins aimé :

Je m'interroge sur le manque d'originalité dans cette histoire (souvenirs, secrets enfuis dans l'enfance...) je ne pense pas qu'il m'en restera grand chose dans quelques mois... Je pense que cela est dû aussi à un aspect brouillon, déjà ressenti dans le Goût des pépins de pomme, l'impression que l'auteure ne sait pas bien où elle va, qu'elle avance dans un brouillard nébuleux opaque.

Bref un roman qui est certes agréable à lire, mais qui manque substanciellement de corps, d'intensité, trop flou encore pour retenir et l'attention, et la mémoire... 

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Premières phrases :

« Les signes sont partout, déjà, les signes postaux, timbres, tampons et codes-barres, l'écriture de l'expéditeur – imprimée ou manuscrite, avec imprimante laser, encre, stylo bille ou feutre.

L'emploi de machine à écrire est assez rare, plus fréquents sont les caractères derrière des fenêtres crissantes de papier transparent. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur :  Le goût des pépins de pomme de Katharina HAGENA

Autre : La chambre aux échos de Richard POWERS

 

D'autres avis :

Clara ; Mélo Aifelle

 

L'envol du héron, Katharine Hagena, roman traduit de l'allemand par Corinna Gepner, Anne Carrière Editions, août 2013, 292 p., 22 euros

 

rentrée littéraire2013 2

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Compartiment n°6 de Rosa LIKSOM

Publié le par Hélène

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 "Il y a des milliers et des milliers de vérités. Chacun a la sienne. J'ai maudit ce pays je ne sais combien de fois, mais je ne serai rien sans lui. Je l'aime." (p.112)

 

L'auteure :

 

Rosa Liksom est une écrivaine finlandaise née en 1958 dans un petit village situé près de Tornio en Laponie, sous le nom d’Anni Tylävaara. Liksom est un pseudonyme (signifiant « comme » en suédois). Rosa Liksom parcours l’Europe à partir de l’âge de 15 ans, commençant par la Scandinavie, la France, l’URSS où elle s’installe un temps. Serveuse dans des cafés pour « hippies-punk », dans les années 1980, Rosa Liksom profite des temps morts pour écrire des livres qui posent des questions : le refus du monde, l’exclusion sociale, l’espoir et l'amour dans un argot (celui des jeunes d’Helsinki) poétique. Son premier livre date de 1985 (Arrêt de nuit). Elle écrit surtout des nouvelles traduites dans une quinzaine de langues, mais elle a aussi publié un roman, Kreisland, non traduit en français. En parallèle à l’écriture, Rosa Liksom est également peintre. (Source : Babélio)

 

L'histoire :

 

En gare de Moscou, une jeune Finlandaise s’installe dans le train qui la mènera à travers la Sibérie, puis la Mongolie, jusqu’à la ville mythique d’Oulan-Bator. C’est avec Mitka qu’elle aurait dû réaliser son rêve, mais la voici seule dans ce compartiment n° 6, prête à traverser l’Union soviétique pour rallier les portes de l’Asie. Quelques instants avant le départ, un homme la rejoint et s’installe finalement face à elle. Vadim Nikolaïevitch Ivanov est une véritable brute qui s’épanche sur les pires détails de sa vie, sans jamais cesser de boire.


La jeune femme regarde défiler les paysages enneigés qui se répètent et se déclinent à l’infini. Alors que les villes ouvrières se succèdent, l’atmosphère du compartiment n° 6 s’alourdit à mesure que l’intimité disparaît. Les repas se partagent, de même que les angoisses et les violentes pulsions du grand Russe. Si la jeune femme se réfugie dans ses souvenirs pour ne pas céder à la peur, ces deux êtres que tout oppose rentreront à jamais changés de ce long voyage. (Source : éditeur)

 

Ce que j'ai aimé :

 

 

Le train brinquebale lentement à travers les paysages de la Russie, entraînant la jeune finlandaise vers le nord, vers la ville d'Outan-Bator. L'atmosphère se fait lente, comme suspendue entre deux décisions, entre deux amours, entre deux vies possibles. Le train est le symbole du passage, d'un temps et d'un monde à part, à l'orée du monde pour la jeune femme indécise. Les phrases sporadiques épousent les mouvements lancinants du train :

 

"Tout est en mouvement, la neige, l'eau, l'air, les arbres, les nuages, le vent, les villes, les villages, les gens et les pensées." (p. 158)

 

« La forêt jaillit, ce n'est plus Novossibirsk : une colline, une vallée, des broussailles. Le train se rue vers la toundra, vers l'inconnu, et Novossibirsk s'écroule au loin en un tas de pierres. Le train fonce dans la nature, gronde à travers le pays enneigé, désert. » (p. 93)

 

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Ce trajet est le prétexte de rencontres improbables possibles, comme cette confrontation avec l'homme qui partage le compartiment de la jeune femme, un alcoolique, désabusé, qui voit en la jeune fille fragile et discrète une oreille attentive. Le contraste est saississant entre ce russe, amoureux de la vodka, des prostituées, symbole du pays en déliquescence, et cette jeune femme diaphane, qui essaie de rester transparente et qui fuit dés qu'elle le peut pour découvrir les villes où le train fait des haltes. 

 

Rosa Liksom signe là un roman au charme nordique indéniable, cotonneux, typique des romans du nord...

 

 

Ce que j'ai moins aimé :

 

 - L'action est réduite au minimum, il s'agit davantage d'un roman contemplatif. 

 

 

Premières phrases :

 

« Moscou se recroquevillait dans le froid sec d'un soir de mars, se protégeant du contacte du soleil couchant, rouge et glacé. La jeune femme monta dans le dernier wagon, en queue du train, chercha son compartiment, le n°6, et respira profondément. Il y avait quatre couchettes, dont les deux du haut étaient repliées, avec entre elles une petite table ornée d'une nappe blanche et d'un vase en plastique contenant un œillet en papier rose décoloré par le temps ; le porte-bagages, à la tête des lits, débordait de gros ballots noués à la va-vite. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Le creux de l'oubli

Autre :  La nuit tombée de Antoine CHOPLIN

 

 

 

 

Compartiment n°6, Rosa Liksom, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, Gallimard Du monde entier, septembre 2013, 212 p., 19.50 euros

 

 

 

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 rentrée littéraire2013 2

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Les trois lumières de Claire KEEGAN

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

Un récit qui va droit au cœur.

 

L'auteur :

Claire Keegan est née en 1968 en Irlande. Elle a grandi dans une ferme du comté de Wicklow, qu’elle a quittée pour aller étudier à La Nouvelle-Orléans et au pays de Galles. Également diplômée du Trinity College à Dublin, elle vit aujourd’hui près de Sligo. L’Antarctique, son premier recueil de nouvelles paru en mai 2010 chez Sabine Wespieser éditeur, a remporté un beau succès. Foster (Les Trois Lumières) a été publié dans le New Yorker en février 2010, puis édité comme texte isolé par l’éditeur anglo-saxon de Claire Keegan, Faber and Faber. Cette longue nouvelle a été couronnée par le prix le plus prestigieux du monde anglophone pour les textes courts, le Davy Byrnes Award. À paraître en 2012, chez le même éditeur, Walk the Blue Fields (À travers les champs bleus), son deuxième recueil de nouvelles. (Source : Fnac)

 

L'histoire :

Dans la chaleur de l’été, un père conduit sa fille dans une ferme du Wexford, au fond de l’Irlande rurale. Bien qu’elle ait pour tout bagage les vêtements qu’elle porte, son séjour chez les Kinsella, des amis de ses parents, semble devoir durer. Sa mère est à nouveau enceinte, et il s’agit de la soulager jusqu’à l’arrivée du nouvel enfant.

Au fil des jours, puis des mois, la jeune narratrice apprivoise cet endroit singulier, où la végétation est étonnamment luxuriante, les bêtes grasses et les sources jaillissantes. Livrée à elle-même au milieu d’adultes qui ne la traitent pas comme une enfant, elle apprend à connaître, au gré des veillées, des parties de cartes et des travaux quotidiens, ce couple de fermiers taciturnes qui pourtant l’entourent de leur bienveillance. Pour elle qui n’a connu que l’indifférence de ses parents dans une fratrie nombreuse, la vie prend une nouvelle dimension. Elle apprend à jouir du temps et de l’espace, et s’épanouit dans l’affection de cette nouvelle famille qui semble ne pas avoir de secrets. Certains détails malgré tout l’intriguent : les habits dont elle se voit affublée, la réaction de Mr Kinsella quand il les découvre sur elle, l’attitude de Mrs Kinsella lors de leurs rares sorties à la ville voisine…

Claire Keegan excelle à éveiller l’attention de son lecteur sur ces petites dissonances où transparaît le désarroi de ses personnages, en apparence si maîtres d’eux-mêmes. Explorant avec le talent qui lui est coutumier les failles du quotidien, elle brosse ici le portrait magnifique d’une enfant qui apprend à grandir entourée d’adultes mystérieux et d’une nature dont la beauté coupe le souffle. (Source : Fnac)

 

Ce que j'ai aimé :

Quand sa mère l'envoie chez les Kinsella, elle ponctue son départ d'un phrase assassine « ils la garderont autant qu'ils voudront », une phrase terrible à entendre pour une enfant. Mais la jeune narratrice n'est pas une enfant qui s'épanche, elle va là où on lui dit d'aller, craintive peut-être, mais obéissante.

Mais ses craintes vont rapidement s'estomper et un nouveau monde va s'ouvrir à elle, un monde dans lequel les adultes vous prennent par la main, se soucient de votre bien-être et de votre apparence, un monde de tendresse, un monde sans honte et sans violence. Et elle se prend à espérer que ce monde-là puisse être le sien.

Avec une économie de mots, Claire Keegan dit l'essentiel de l 'enfance irlandaise difficile de cette enfant. Elle procède par petites touches, distillant les informations, de la même façon qu'une enfant glâne des brides de conversation pour deviner ce que cachent les adultes. Elle s'attache à décrire des scènes somme toutes banales, un bain mousseux, des tâches ménagères menées dans la bonne humeur, une caresse distraite, d'une enfant qui réapprend à rire, à vivre sans menace sans cesse planant au-dessus de son âme.

Un court roman remarquablement touchant, un hymne à l'enfance et à l'innocence.

 

Ce que j'ai moins aimé :

-rien.

 

Premières phrases :

« Tôt un dimanche, après la première messe à Clonegal, mon père, au lieu de me ramener à la maison, s'enfonce dans le Cwexford en direction de la côte d'où vient la famille de ma mère. C'est une journée chaude, radieuse, avec des zones d'ombre et de brusque lumière verdâtre sur la route. »

 

 

D'autres avis :

Babélio avec 98 critiques ! http://www.babelio.com/livres/Keegan-Les-Trois-Lumieres/251982/critiques

Lu dans le cadre du Blogoclub

 

Les trois lumières, Claire Keegan, traduit de l'anglais (irlande) par Jacqueline Odin, 10/18,

 

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Le vin de longue vie de Nicolas Dumitru COCEA

Publié le par Hélène

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                                                                        ♥ ♥


 L’auteur :

 Ecrivain roumain, auteur de nombreux romans, de nouvelles et de pièces de théâtre, Nicolae Dumitru Cocea (1880-1949) fut aussi traducteur français, introduisant en Roumanie les oeuvres de certains contemporains comme Anatole france ou Marguerie Audoux.

il est également connu dans son pays pour son engagement antifasciste : il fut le créateur ou le directeur de plusieurs revues, et défendit ses opinions courageuses progressistes à travers ses éecrits politiques jusqu'à la fin de sa vie.
 

L’histoire :

Roman épicurien d'amour et de vigne, le Vin de longue vie se déroule dans la campagne roumaine, sous le soleil, à l'ombre des souvenirs. Au jeune juge qui vient d'être nommé, tous les notables du village parlent de maître Manole, le boyard, propriétaire de l'immense vigne. Celui-ci attirerait des femmes dans sa demeure, dont elles ne ressortiraient jamais ; il userait également de sortilèges, et son extraordinaire longévité en serait la conséquence.

La rencontre entre le jeune homme et le vieux maître, puis l'amitié qui les unira, enfin le secret de cette jouvence que le boyard transmettra, tel est le coeur de ce roman. Un roman empli de poésie mais aussi de philosophie, sur la nature humaine et sur le sens que chacun peut donner à sa vie. (Source : Babélio)

Mon avis :

  L’action est très longue à se mettre en place, comme si le narrateur tournait volontairement autour de cet être mystérieux, Manole, sujet de toutes les conversations, envies et jalousies des alentours. Quand il finit par le rencontrer, sous l’égide de Charles Baudelaire, leurs conversations prennent un tour philosophique qui densifie tout à coup le propos et de fait le roman.

 « Vivre en harmonie ou en disharmonie avec l'univers, face à face avec l'infini, l'éternité ou le néant, qu'importe ! Mais en tous cas, loin des sots. » p. 57

 Peu à peu une amitié naît entre les deux hommes, Manole devenant le maître à penser du jeune homme, lui livrant des préceptes de vie, d’harmonie et finalement de bonheur. Fasciné, le jeune magistrat aimerait découvrir le secret d’éternelle jeunesse que semble détenir le boyart.

 Le vin de longue vie  est un récit plaisant, mais un peu long à se mettre en place.


Premières phrases :

 

 « La vigne de maître Manole Arcasch, plantée sur plus haute crête de la province de Cotnar, descendait dans la vallée jusqu’à la Fontaine aux Serfs : longue, rectangulaire, striée, ponctuée et bariolée de toutes les nuances du vert, comme un couvre-pied de Bessarabie. »

  

Le vin de longue vie, N. D. Cocea, traduit du roumain par Jean de Palacio, Editions Cambourakis, 2012, 124 p., 9 euros

 

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Mais qui a tué Harry ? de Jack Trevor STORY

Publié le par Hélène

                                      

♥ ♥ ♥ ♥


 

L'auteur :

 

Jack Trevor Story (1917-1991) est un écrivain britannique extrêmement prolifique, qui publia des dizaines de romans sous psudonyme, touchant à divers genres. Il est le créateur de plusieurs séries policières populaires. Autodidacte, son oeuvre est marquée par la culture ouvrière et par les aléas de sa fortune personnelle, qu'il s'agisse de ses amours agitées ou de revers financiers. sa vie en dent de scie, sa désinvolture, son humour et son sens de l'empathie le rapprochent de son maître en écriture William Saroyan.

 

L’histoire :

 

 Alors qu’il vadrouille en forêt par un beau jour d’été, Abie, petit garçon de quatre ans, bute sur le corps d’un homme étendu au milieu des fougères et des rhododendrons, en ce charmant coin de campagne anglaise. Harry est mort, et son cadavre est bien encombrant pour les membres de la petite communauté qui peuple la lande de Sparrowswick. Plusieurs fois découvert, caché, enterré, exhumé au cours d’une même journée, le défunt déclenche une série de quiproquos, et sera le révélateur des turpitudes secrètes des villageois, qui tous ont de bonnes raisons de craindre d’être accusés de meurtre. Mais l’incident, cause de beaucoup d’angoisse, encouragera également le rapprochement de quelques êtres, les situations aigues stimulant semble-t-il sentiments et passions...

En quelques phrases percutantes, Jack Trevor Story excelle à croquer une série de portraits particulièrement savoureux : le capitaine Wiles, balourd et piètre chasseur, la jeune mère d’Abie, sexy et sans complexes, Sam Marlow, artiste raté mégalomane, Miss Graveley, vieille fille en mal d’amour, ou encore Mark Douglas, promoteur immobilier et séducteur invétéré.

 

Ce que j’ai aimé :

 

 Ce cher  Harry, qui ne semble manquer à personne, va être enterré, déterré, réenterré dans une suite de gags burlesques servis par des dialogues enlevés.

Le rythme est rapide car les indécisions quant au sort de Harry fluctuent au fur et à mesure des pages et des rencontres : faut-il informer la police ? Le capitaine a-t-il tiré sur lui ou sur un hérisson ? Qu'a vu le petit Abie ? 

Les personnages sont bien campés, drôles et déjantés : un chasseur de papillons décalé, une jeune veuve ravie, un artiste peintre de talent encore méconnu, un capitaine indécis, un vagabond amateur de chaussures, un chasseur de femmes...

« Mark Douglas était un amateur de blondes. C'était aussi un amateur de brunes, de rousses, d'albinos, de négresses, de mulâtresses, de sémites, d'Asiatiques et de réceptionnistes d'hôtel. Mark Douglas était amateur de tout ce qui portait jupe et ne jouait pas de cornemuse. »

Si le sujet principal reste la mort d'Harry, pourtant nous ne sommes pas dans un roman policier. Harry méritait sa mort, personnage peu sympathique, il est clair pour tous qu'il est mieux là où la mort l'a envoyé. Ce prérequis permet de jouer sur un autre terrain, point d'enquête, le but va plutôt être de cacher ce cadavre un peu encombrant.

« - Quelle a été votre réaction ?

- Mal au cœur, dit Jennifer laconiquement. Vous avez vu sa moustache et ses cheveux crêpés ?

Sam hocha la tête en signe d’assentiment.

 - Seulement, dit-il, quand je l’ai vu il était mort.

Jennifer haussa les épaules.

 - Il était exactement pareil de son vivant, sauf qu’il était vertical. » (p. 81)

 

 Ce court roman jubilatoire a été adapté par Alfred Hitchcock en 1955.

 

Ce que j’ai moins aimé :

- Rien


Première phrases :

 

 « Le petit garçon nommé Abie gravissait le chemin forestier qui menait à la lande de Sparrowswick. Son corps formait un angle aigu avec la pente raide et caillouteuse. Il serrait fermement une carabine à flèches sous son bras gauche. »

 

D’autres avis :

Sandrine Jérôme http://litterature-a-blog.blogspot.fr/2013/04/mais-qui-tue-harry.html

 

Mais qui a tué Harry ? de Jack Trevor Story, traduit de l’anglais par Jean-Baptiste Rossi, Cambourakis, 2013, 9 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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Le marin américain de Karsten LUND

Publié le par Hélène

        

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♥ ♥

Prix Gens de Mer 2009
Festival Étonnants Voyageurs

 

L’auteur :

 

 Karsten Lund est né en 1954. Parallèlement à son travail d’é­cri­vain, il est journaliste pour la chaîne de télévision danoise TV2. 

Le marin américain est son premier roman traduit en français. (Source : gaïa)

 

L’histoire :

 

 En l’an 1902, un trois-mâts fait naufrage au large de Skagen, à l’extrême nord du Danemark. Le seul survivant, un marin américain, aux cheveux et aux yeux noirs, est hébergé chez un jeune couple.

Le marin disparaît à l’aube, sans laisser de trace. Neuf mois plus tard naît un enfant qui ne ressemble pas aux autres. Tout au long de sa vie, Anthon sera surnommé Tonny, ou l’Américain, et devra supporter les rumeurs persistantes sur ses origines. Mais sa réussite en tant que patron-pêcheur de haute mer lui permettra de surmonter ce qui est un véritable handicap dans cette petite ville du nord, où chacun est blond et sait d’où il vient.

Un siècle plus tard, au cours duquel Skagen est passé d’un gros bourg de pêcheurs aux maisons basses à une ville riche de ses pêcheries industrielles et célèbre par les peintres qui s’y sont installés, un homme roule de nuit le long des dunes, dans le paysage lunaire, balayé par les sables. Il se sent investi d’un obscur devoir de réhabilitation et veut élucider le mystère qui plane sur les origines de son grand-père, ce secret qui pèse sur la famille depuis quatre générations.

Avec une douce ironie scandinave, Le marin américain raconte le destin d’hommes et de femmes ordinaires et remarquables, d’une époque révolue à la vie de nos jours, tout au nord du sauvage Jutland.

 Le marin américain est lauréat du Prix Gens de Mer 2009. (Source : Gaïa)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Un vieux phare veille sur le récit, balaie le paysage, il est le seul à tout savoir mais à ne rien dire. Car des secrets se terre au coeur du récit : secret de la naissance de Tonny, secret de la disparition du marin américain, secret que certains partagent et gardent jalousement pour ne pas créer d'étincelles. Le voile ne sera levé qu'à la toute fin du roman après la quête sans relâche du petit-fils de Anthon. Celui-ci revient en effet sur les lieux même où tout a débuté et il va enquêter à sa façon pour approfondir son histoire. Nous suivons donc ses pérégrinations, émaillées par des retours en arrière nous plongeant dans l'histoire passionnante de Ane et de Jens Peter.

 Le récit se situe dans la région sauvage du Jutland, région âpre où les hommes vivent de la pêche de génération en génération.  Les habitants sont des personnages forts et au coeur du roman se nichent des êtres qui s’aiment envers et contre tout. 

En toile de fond, de belles réflexions agrémentent le récit :

«Qu’en est-il alors de l’autodétermination de l’individu ? Où est la libre volonté ? dans les décisions anodines, sans danger. Dois-je peindre la porte en rouge ou en vert, acheter une Tuborg ou une Carlsberg. Dans les situations déterminantes et dangereuses, quelque chose d’autre, d eplus grand, décide. » (p. 404)

 Ce marin américain sait nous intriguer et nous envoûter...

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Ce que j’ai moins aimé :

 

Un peu long.

 

Premières phrases :

 

« Ma famille est issue d’un naufrage dramatique, survenu par une nuit d’hiver il y a cent ans.

L’histoire me tient en éveil dans l’Audi A8 qui me porte vers le nord. La grosse voiture roule au régulateur de vitesse, museau levé, et éclaire la route sur cinq cent mètres. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Les déferlantes de Claudie Gallay

 

D’autres avis :

Le point ; Dominique

 

Le marin américain, Karsten Lund, Gaïa, Roman traduit du danois par Inès Jorgensen,  mars 2009, 400 p., 24 euros

Le marin américain, Karsten Lund, Roman traduit du danois par Inès Jorgensen, Babel, janvier 2011, 9.70 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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Maurice et Mahmoud de Flemming JENSEN

Publié le par Hélène

 

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♥ ♥ ♥

Succombez à l'humour danois !

 

L’auteur :

 Flemming Jensen est né en 1948 au Danemark. Amoureux du Groenland et fervent défenseur des Groenlandais, il a mijoté pendant vingt-cinq ans Imaqa (2000), son grand roman inuit. Connu pour ses one-man-shows et ses sketches radio ou télé, il use de ses talents d’humoriste dans Le blues du braqueur de banque (2012) et Maurice et Mahmoud (2013).

 

L’histoire :

Maurice est un expert-comptable doté d’un indécrottable humour danois et en pleine procédure de divorce. Mahmoud, son assistant, est un jeune musulman un peu geek sur les bords, qui n’a jamais vraiment eu de copine. Le premier est cynique et désabusé, le deuxième idéaliste et romantique. Le premier ne peut s’empêcher de persifler, le deuxième s’efforce de ne pas le prendre mal. Le premier habite chez le deuxième depuis que sa femme l’a mis dehors. Entre frictions culturelles et religieuses, préjugés et décalages générationnels, Flemming Jensen livre un pamphlet sur ce qui tant bien que mal nous rapproche les uns des autres.

 

Ce que j’ai aimé :

 Enfin un livre drôle  qui éclaire la morosité ambiante et nos journées pluvieuses !

Flemming Jensen met en scène des personnages atypiques : Maurice en instance de divorce, plutôt heureux de son sort, Mahmoud amoureux transi de sa voisine, sa mère musulmane un peu trop présente, sans parler de l'imam boulimique. Ces joyeux personnages vont se retrouver pris au coeur d'une intrigue digne d'un vaudeville avec ses portes qui claquent, ses  personnages qui se cachent derrière le canapé, mais aussi avec, c'est nouveau et c'est là la grande originalité de l'auteur, un réveil qui chante l’appel du muezzin, un rôti de porc exilé sur le blacon puis atterrissant malencontreusement dans un bassin pour ne citer qu'eux.

Toutes ces péripéties font suite à l'installation de Maurice chez Mahmoud pour quelques temps, ce qui lui permet de découvrir un monde proprement surréaliste. Malgré leurs différences, les personnages parviendront à cohabiter dans un joyeux capharnaeüm salvateur. Les apparences sont souvent trompeuses et entre mensonges et vérités, chacun va apprendre à apprécier l'autre pour ce qu'il est vraiment.

Ce roman est diablement efficace malgré quelques baisses de régime, il sait nous faire rire devant l'absurdité de certaines situations, le rythme rapide et enlevé permet de s'immerger intégralement dans la lecture, en oubliant pour quelques temps crise financière et touti quanti. Et ce type de lecture, c'est précieux !

 Ce que j’ai moins aimé :

 La fin, la résolution du « nœud » est tirée par les cheveux sur fond d’asile politique, de clandestins…

 

 

Premières phrases :

 « Je ne savais pas quelle heure il était. Mais il faisait nuit, et j’avais enfin réussi à m’endormir. Combien de temps j’avais dormi, aucune idée, et pendant un bon  moment je ne sus même pas où j’étais. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur :  Le blues du braqueur de banque  ; Imaqa 

 

 Maurice et Mahmoud,

 

Publié dans Littérature Europe

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Expiation de Ian McEWAN

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ ♥ ♥

 Un chef d’œuvre appelé à devenir un classique du XXIème siècle…  

  

L’auteur :

 

Considéré comme l'un des écrivains britanniques les plus importants, Ian McEwan est lauréat de nombreux prix et membre de la très sélecte Royal Society of Literature. Remarqué dès son premier recueil de nouvelles 'Premier amour, dernier rite', il reçoit le prix Somerset Maugham en 1976. Découvert en France avec 'L' Enfant volé', Ian McEwan interroge dans ses oeuvres, parmi lesquelles 'Expiation' ou 'Délire d'amour', les questions de la sexualité, de l'inceste et du rapport ambigu entre les hommes et les femmes. L'écrivain rencontre l'un de ses plus grands succès avec 'Amsterdam', un ouvrage sur l'ambition et l'adultère qui alimente la controverse. Tourmentés par l'idée de la mort, les livres de McEwan traitent également des grands enjeux spirituels et scientifiques du monde moderne, notamment dans 'Samedi' qui met en scène un neurochirurgien confronté au deuil. Revenu à un univers plus intime avec 'Sur la plage de Chesil' paru en 2008, Ian McEwan s'impose comme une voix essentielle de la littérature contemporaine.  (Source : Evene)

 

L’histoire :

 

Sous la canicule qui frappe l'Angleterre en ce mois d'août 1935, la jeune Briony a trouvé sa vocation : elle sera romancière. Du haut de ses treize ans, elle voit dans le roman un moyen de déchiffrer le monde. Mais lorsqu'elle surprend sa grande sœur Cecilia avec Robbie, fils de domestique, sa réaction naïve aux désirs des adultes va provoquer une tragédie. Trois vies basculent et divergent, pour se recroiser cinq ans plus tard, dans le chaos de la guerre, entre la déroute de Dunkerque et les prémices du Blitz. Mais est-il encore temps d'expier un crime d'enfance ? Un roman dans la grande tradition romanesque, où Ian McEwan, tout en s'interrogeant sur les pouvoirs et les limites de la fiction, restitue, avec une égale maîtrise, les frémissements d'une conscience et les rapports de classes, la splendeur indifférente de la nature et les tourments d'une Histoire aveugle aux individus. (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Expiation est un roman complet, admirablement bien construit. Il est divisé en trois parties bien distinctes : la première partie nous plonge dans un monde raffiné, ouaté, protégé au sein d'une grande propriété anglaise. En août 1935, une réunion de famille s'organise, chacun s'agite dans la chaleur caniculaire, la jeune Briony essayant d'accaparer toutes les attentions. Briony est une jeune fille qui joue sa vie, persuadée d'être au coeur d'un spectacle passionnant dont elle maîtrise parfaitement les rôles et les dialogues. Perdue par une imagination passionnée, elle peut aller jusqu'à s'imaginer reine de la soirée à l’enterrement de sa propre mère :

« Elle se voyait debout, seule, au milieu de la grande arène d’un immense Colisée, observée non seulement de tous les gens qu’elle connaissait, mais aussi de tous ceux qu’elle connaîtrait, toute la troupe de sa vie, rassemblée là pour la chérir dans son deuil. (…) Il fallait des témoins. » (p.214)

Petite personne égocentrique, elle a besoin d’être au centre des attentions, elle veut jouer le rôle principal quelle que soit la pièce. Cette aspiration à jouer les jeunes premières la conduira à commettre l’irréparable : pour que le monde qui l’entoure s’adapte à la « pièce de sa vie », elle va transformer la réalité et l’insérer dans son propre scénario.

« Tout collait. Elle le découvrait. C’était bien son histoire, celle qui s’écrivait autour d’elle. » (p. 220)

La deuxième partie du roman nous entraîne au cœur de le guerre, cinq ans plus tard, sur les traces de Robbie. Le monde a basculé et ce qui était stable vole en éclat. La culpabilité, thème phare du roman, est remise en question elle aussi, vivre cette guerre ne peut être que synonyme de culpabilité :

« Vous n’avez tué personne aujourd’hui ? Mais combien en avez-vous laissé mourir ? » (p. 345)

 Dans la troisième partie, nous retrouvons une Briony plus âgée, plus mûre et lucide, une Briony qui va chercher à expier ses fautes.

Mais l'ultime épilogue remet tout en question dans une magnifique virevolte orchestrée par les metteurs en scène de talent que sont Briony et l'auteur... Ce dernier nous mène vers une réflexion profonde sur le pouvoir de l'écriture et de l'écrivain, scénariste, metteur en scène, menteur et affabulateur.

« C’était la pensée, la perception, les sensations qui l’intéressaient, l’esprit conscient, comme une rivière à travers le temps, et la manière de représenter la progression de son cours autant que tous les aflluents qui la gonfleraient, et les obstacles qui la détourneraient. Si seulement elle avait été capable de décrire la lumière limpide d’un matin d’été, les sensations d’un enfant à une fenêtre, la courbe et le plongeon d’un vol d’hirondelles au-dessus d’un bassin. » (p. 370)

Grâce à une étude psychologique très fine placée sous l’égide de Bergson et de Virginia Woolf, Ian McEwan nous offre un chef d'oeuvre inoubliable.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

J’ai lu ce roman pour la première fois il y a 10 ans et à l’époque la partie concernant Robbie à la guerre m’avait semblé longue et violente. A ma deuxième lecture, elle m’apparaît comme totalement cohérente, s’inscrivant parfaitement dans l’ensemble magnifiquement construit du roman.

 

 Premières phrases :

 

« La pièce de théâtre – dont Briony avait conçu affiches, programmes, billets, construit la caisse à l’aide d’un paravent renversé et garni la boîte à monnaie de papier crépon rouge -, elle l’avait écrite en deux jours de furie créatrice, au point de sauter un petit déjeuner et un déjeuner. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Mr.Peanut d’Adam ROSS  

D’autres avis :

 

Karine, Choco Dasola,  Keisha,  Clara Manu

PRESSE : L’express  

 

Expiation, Ian McEwan, traduit de l’anglais par Guillemette Belleteste, Gallimard, 2003,

POCHE :  Expiation, Ian McEwan, traduit de l’anglais par Guillemette Belleteste, Folio, 487 p., 8.00 euros

 

 Billet réédité dans le cadre du blogoclub de juin 2013 

 blogoclub

Publié dans Littérature Europe

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