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poesie francaise

Printemps des poètes - 2

Publié le par Hélène

A qui tue par idéal

Ne sais-tu pas combien Dieu s’est vêtu de silence
Et n’ordonne plus
Que cherches-tu dans le bruit et la fureur
Dans l’arrêt du voilier par ton rêve
Insensible insensé
Qu’existe-t-il hors la vie
Les départs les aubes recommencées
Les carreaux de givre sur la vitre
Te souviens-tu du souffle sur ton berceau
Du pas frêle de ton amoureuse un matin de neige
Dis que sais-tu de cet amour
Qui se donne et ne reprend pas
De cette perte et de la porte
Que sais-tu de la liberté qui jamais ne meurt
Même sous le boisseau
Sais-tu combien Dieu s’est vêtu de silence
Et t’appelle à plus haut soleil
Que le sang renversé
A présence tremblée
A chuchotement dans les reflets
Ne sais-tu pas mon frère
Qu’il n’est de gloire que d’abord effacée
Puis d’étoiles sans nuit
Observe ta victime aux mains blanches
Immolée dans le calme tant t’enivrent tes raisons
Et le visage angélique du mal
Dans victime il y a vie
Tu as servi la mort et pourtant tendu au vent semences d’avenir
Debout serons-nous
Dans l’assurance du jour
Et rirons
De son éclat sans brisure

Tu te croyais exilé du destin je sais
Avril avili
Et les réclames qui pavoisent aujourd’hui
Enfonçaient dans le corps du monde
Le refus du poème
Je sais
Mais ton destin était d’être
A peine
Roseau sur le bord du chemin
Aquarelle envolée
Un presque rien qui s’étonne
Et devient univers

Ne sais-tu pas combien Dieu s’est vêtu de silence
Et t’appelle à vie

Que notre douleur de ce jour
Soit ce cristal éteint
Où renaîtra matin debout

Marc Desombre 
10 janvier 2015

Publié dans Poésie française

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17ème Printemps des poètes - 1

Publié le par Hélène

 

17e Printemps des Poètes 

7 au 22 mars 2015

 

L'INSURRECTION POETIQUE

 


"La poésie peut encore sauver le monde en transformant la conscience" Lawrence Ferlinghetti

 

Fait de langue, la poésie est aussi, et peut-être d'abord, « une manière d'être, d'habiter, de s'habiter » comme le disait Georges Perros. 


Parole levée, vent debout ou chant intérieur, elle manifeste dans la cité une objection radicale et obstinée à tout ce qui diminue l'homme, elle oppose aux vains prestiges du paraître, de l'avoir et du pouvoir, le voeu d'une vie intense et insoumise. Elle est une insurrection de la conscience contre tout ce qui enjoint, simplifie, limite et décourage. Même rebelle, son principe, disait Julien Gracq, est le « sentiment du oui ». Elle invite à prendre feu. 

Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des Poètes 

Publié dans Poésie française

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Les mains libres de Paul ELUARD et Man RAY

Publié le par Hélène

                                                                                                                                                                                            

♥ ♥

"Il y a plus de merveilles dans une main tendue, avide que dans tout ce qui nous sépare de ce que nous aimons."

Ce que j'ai aimé :

Les dessins de Man Ray sont illustrés par les poèmes de Paul Eluard. L'un et l'autre s'inscrivent dans une démarche surréaliste puisque Man Ray conservait des carnets près de son lit pour y dessiner à loisir ses rêves et autre envie fulgurante, et Paul Eluard était adepte de l'écriture automatique.

Les deux hommes se sont rencontrés dans le Paris des années 20 et ont naturellement décidés de collaborer, réunis par une même croyance dans le pouvoir infini de l'imagination, du rêve et de la création. Tous deux veulent créer "les mains libres" sans être assujetti à une forme particulière ou à des topos poétiques ou artistiques contraignants. 

Les dessins de Man Ray sont centrés sur l'univers féminin, le corps de la femme, le désir qu'il procure.

"Le dessin de Man ray : toujours le désir, non le besoin. Pas un duvet, pas un nuage, mais des ailes, des dents, des griffes."

"L'AVENTURE

Prends garde c'est l'instant où se rompent les digues

C'ets l'instant échappé aux processions du temps

où l'on jour une aurore une naissance

 

Bats la campagne

comme un éclair

 

Répands tes mains

Sur un visage sans raison

Connais ce qui n'est pas à ton image

Doute de toi

Connais la terre de ton coeur

Que germe le feu  qui te brûle

 

Que fleurisse ton oeil

Lumière."

 

 

 

"Dessine le sort

Un trait d'acier sincère

Un trait filant droit

Sur des routes nouvelles"

Ce que j'ai moins aimé :

L'hermétisme de certains poèmes ou dessins est inhérent au surréalisme...

Informations sur le livre :

Poésie Gallimard

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Capitale de la douleur

 

Vous trouverez une étude intéressante du recueil sur le site  de l'académie de Besançon 

Publié dans Poésie française

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Fêtes galantes de Paul VERLAINE

Publié le par Hélène

               

           

♥ ♥ ♥

Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.

Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.

Mon avis :

Dans ce second recueil, Verlaine s'inspire des fêtes galantes du XVIIIème siècle. Les fêtes galantes évoquent l'insouciance, la frivolité du XVIIIème entre badinage amoureux, recherche avide du bonheur et du plaisir. Mais ces fêtes sont un leurre de la grande comédie de la vie : le monde féérique n'est qu'un mirage, l'amour une mascarade et la vie un artifice davantage joué que rééellement vécu. 

         Ses poèmes penchent quelquefois vers le Parnasse qui affirme le primat absolu de la forme plutôt que toute volonté de délivrer un message politique ou de formuler des confidences personnelles. Verlaine a foi en l'existence d'un monde spirituel en route vers un ailleurs plus beau aux accents baudelairiens. Il se réfugie dans des légendes, dans le passé, dans le libertinage du XVIIIème. Il témoigne ainsi d'un penchant pour les ruines et les cloitres, les cimetières et autres lieux solitaires qui expriment l'angoisse romantique de cette génération face à la fuite du temps et à la fragilité de la vie humaine. Il nourrit le rêve nostalgique d'un monde ancien aussi romantique. 

De nouvelles conceptions du rythme et de l'harmonie voient le jour, dans la mouvance du mouvement symboliste : le symbole moitié visible d'une réalité supérieure est à découvrir. Des "correspondances" relient les choses entre elles par les liens secrets. 

Promenade sentimentale

Le couchant dardait ses rayons suprêmes
Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;
Les grands nénuphars entre les roseaux
Tristement luisaient sur les calmes eaux.
Moi j'errais tout seul, promenant ma plaie
Au long de l'étang, parmi la saulaie
Où la brume vague évoquait un grand
Fantôme laiteux se désespérant
Et pleurant avec la voix des sarcelles
Qui se rappelaient en battant des ailes
Parmi la saulaie où j'errais tout seul
Promenant ma plaie ; et l'épais linceul
Des ténèbres vint noyer les suprêmes
Rayons du couchant dans ses ondes blêmes
Et les nénuphars, parmi les roseaux,
Les grands nénuphars sur les calmes eaux.

Initium

    Les violons mêlaient leur rire au chant des flûtes
    Et le bal tournoyait quand je la vis passer
    Avec ses cheveux blonds jouant sur les volutes
    De son oreille où mon Désir comme un baiser
    S'élançait et voulait lui parler, sans oser.

    Cependant elle allait, et la mazurque lente
    La portait dans son rhythme indolent comme un vers,
    - Rime mélodieuse, image étincelante, -
    Et son âme d'enfant rayonnait à travers
    La sensuelle ampleur de ses yeux gris et verts.

    Et depuis, ma Pensée - immobile - contemple
    Sa Splendeur évoquée, en adoration,
    Et dans son Souvenir, ainsi que dans un temple,
    Mon Amour entre, plein de superstition.

    Et je crois que voici venir la Passion.

L'amour par terre

Le vent de l'autre nuit a jeté bas l'Amour

Qui, dans le coin le plus mystérieux du parc,

Souriait en bandant malignement son arc,

Et dont l'aspect nous fit tant songer tout un jour !

Le vent de l'autre nuit l'a jeté bas ! Le marbre

Au souffle du matin tournoie, épars. C'est triste

De voir le piédestal, où le nom de l'artiste

Se lit péniblement parmi l'ombre d'un arbre,

Oh ! c'est triste de voir debout le piédestal

Tout seul ! Et des pensers mélancoliques vont

Et viennent dans mon rêve où le chagrin profond

Évoque un avenir solitaire et fatal.

Oh ! c'est triste ! - Et toi-même, est-ce pas ! es touchée

D'un si dolent tableau, bien que ton oeil frivole

S'amuse au papillon de pourpre et d'or qui vole

Au-dessus des débris dont l'allée est jonchée.

 

Exposition : 

Au Musée Jacquemart André

 

Publié dans Poésie française

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L'honneur des poètes collectif

Publié le par Hélène

             

                      

♥ ♥ ♥

"Ces morts ces simples morts sont tout notre héritage

leurs pauvres corps sanglants resteront indivis.

Nous ne laisserons pas en friche leur image

les vergers fleuriront sur les prés reverdis." (Pierre Emmanuel)

 

Mon avis :

Cet ouvrage a été publié en juillet 1943 par les Editions de Minuit, maison d'édition clandestine. Il vient d'être réédité pour commémorer les 70 ans de la Libération et de la victoire sur le nazisme. L'achevé d'imprimer de la version d'origine précise :

CET OUVRAGE

PUBLIE AUX DEPENS

DE QUELQUES BIBLIOPHILES

PATRIOTES

A ETE IMPRIME

SOUS L'OCCUPATION NAZIE

LE 14 JUILLET 1943

JOUR

DE LA LIBERTE OPPRIMEE

Les poèmes ont été recueillis par Eluard avec l'aide de Jean Lescure. Le retentissement de l'ouvrage est immense. Y ont participé des poètes connus : Aragon, Desnos, Eluard, Guillevic, Ponge, Pierre Seghers,  Jean Lescure, Jean Tardieu, Vercors,  et des poètes moins connus comme René Blech, Pierre Emmanuel, André Frénaud, Georges Hugnet, Ambroise Maillard, Loys Masson, Camille Meunel, Lucien Scheler, Claude Sernet, Edith Thomas, Claude Vlldrac.

La préface rédigée anonymement par Paul Eluard précise :

"Whitman animé par son peuple, Hugo appelant aux armes, Rimbaud aspiré par la commune, Maïakovski exalté, exaltant, c'est vers l'action que les poètes à la vue immense sont, un jour ou l'autre, entraînés. Leur pouvoir sur les mots étant absolu, leur poésie ne saurait jamais être diminuée par le contact plus ou moins rude du monde extérieur. La lutte ne peut que leur rendre des forces. Il est temps de redire, de proclamer que les poètes sont des hommes comme les autres, puisque les meilleurs d'entre eux ne cessent de soutenir que tous les hommes sont ou peuvent être à l'échelle du poète.

Devant le péril aujourd'hui couru par l'homme, des poètes nous sont venus de tous les points de l'horizon français. Une fois de plus la poésie mise au défi se regroupe, retrouve un sens précis à sa violence latente, crie, accuse, espère."

Le poète est celui qui doit guider le peuple, un visionnaire qui par sa parole regroupe les hommes. Il prône la résistance, la liberté, la fraternité dans un monde divisé :

"Nul d'entre vous n'est seul : vos coeurs prisonniers

Battent dans nos coeurs à toute heure que sonne la 

fraternité."

Par la puissance des mots, il peut refaire le monde, le reconstruire et finalement, peut-être, le changer. La poésie devient alors une arme, un espoir.

"Ce coeur qui haïssait la guerre
voilà qu'il bat pour le combat et la bataille ! 
Ce coeur qui ne battait qu'au rythme des marées, à celui des saisons, 
à celui des heures du jour et de la nuit, 
Voilà qu'il se gonfle et qu'il envoie dans les veines 
un sang brûlant de salpêtre et de haine.
Et qu'il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent
Et qu'il n'est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne
Comme le son d'une cloche appelant à l'émeute et au combat.
Écoutez, je l'entends qui me revient renvoyé par les échos.Mais non, c'est le bruit d'autres coeurs, de millions d'autres coeurs 
battant comme le mien à travers la France.
Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces coeurs,
Leur bruit est celui de la mer à l'assaut des falaises
Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d'ordre :
Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !
Pourtant ce coeur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,
Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères
Et des millions de Francais se préparent dans l'ombre 
à la besogne que l'aube proche leur imposera.
Car ces coeurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté 
au rythme même des saisons et des marées, 
du jour et de la nuit." (Robert Desnos)

Des poèmes pour enjoindre à la résistance, mais aussi pour ne pas oublier, pour que ceux qui se sont sacrifiés pour la liberté ne l'ait pas fait en vain. Des poèmes pour se souvenir...

Vous aimerez aussi :

Sur le blog Les bavardages de Sophie 

D'autres romans sur le thème de la guerre :

L’origine de la violence ;  Terre et cendres ; Le jour avant le bonheur ; Melnitz ; ‘Ta mère ; Persépolis ; Purge ; L’art d’écosser les haricots ;  Virginia ;  Allah n’est pas obligé ;  Je me souviens   ; Maus ; Inconnu à cette adresse ; Les recluses  ; Le voyageur sans bagages ; Les yeux d’Elsa   ; 14 ; Certaines n’avaient jamais vu la mer ; Le héron de Guernica ; Notre force est infinie ; La remontée des cendres suivi de Non identifiés Radeau ;   Au revoir là-haut 

 

L'honneur des poètes, Collectif, Le temps des cerises, férvier 2014, 10.64 euros

Publié dans Poésie française

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Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages de Sylvain TESSON

Publié le par Hélène

                                       

♥ ♥ ♥

« Vivre, c’est rafler des instants. »

 

L’auteur :

 Sylvain Tesson est un écrivain voyageur. Il est le fils de Marie-Claude et Philippe Tesson et le frère de la comédienne Stéphanie Tesson et de la journaliste d'art Daphné Tesson.


Géographe de formation, il effectue en 1991 sa première expédition en Islande, suivie en 1993 d'un tour du monde à vélo avec Alexandre Poussin. C'est là le début de sa vie d'aventurier. Il traverse également les steppes d'Asie centrale à cheval avec l'exploratrice Priscilla Telmon, dont il fut le compagnon pendant de nombreuses années, sur plus de 3000 km du Kazakhstan à l'Ouzbekistan. En 2004, il reprend l'itinéraire des évadés du goulag en suivant le récit de Slavomir Rawicz : The Long Walk (1955). Ce périple l'emmène de la Sibérie jusqu'en Inde à pied.

Depuis quelques années, il écrit des nouvelles, dans un registre poétique où souvent l'absurde des situations humaines est montré avec humour. Il collabore également à diverses revues.

Aujourd'hui, Sylvain Tesson est membre d'honneur de l'INREES, Institut de recherche sur les expériences extraordinaires. Il est aussi administrateur de la Guilde européenne du raid et du comité directeur de la Société des explorateurs français.

Ces derniers ouvrages lui ont valu la reconnaissance critique et public. "Une vie à coucher dehors" chez Gallimard à reçu le Goncourt de la nouvelle en 2009, et "Dans les forêts de Sibérie " du même éditeur, le Prix Médicis essai 2011 (Source : Babélio)

 

Présentation :

 Chaque soir, en voyage, devant un paysage, après une rencontre, Sylvain Tesson piège sa pensée et l'épingle dans son carnet. Quelques mots forment un aphorisme et suffisent à décrire la cascade, les fleurs d'un alpage, l'odeur de l'aube dans les sous-bois, le plaisir de la marche. L'amoureux d'aphorismes est un peintre sans pinceau, un photographe sans appareil. Il saisit l'instant en entomologiste. L'aphorisme, lui, est comme le papillon : il éclot de la pensée et s'envole léger. (Source : Babélio)

 

Ce que j’ai aimé :

 Ce petit recueil rassemble des aphorismes, glânés au cours des voyages de l'auteur, selon l'inspiration du moment : 

« Un aphorisme est réussi lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter à quelque chose dont il y avait beaucoup à dire. »

« Aphorisme : partie émergée de l’iceberg de la pensée."

 

 « La nuit, on cicatrise du jour."

« Une route serpente sensuellement vers l’échancrure d’un col. »

« Eclair : un orage a eu une idée. »

 

De nombreuses images permettent des rapprochement subtils, l'auteur maîtrise parfaitement l'art de la métaphore :

« Les mauvaises herbes : écume des terrains vagues. »

 

Certains aphorismes se font philosophiques :

« Le printemps devrait nous faire comprendre une bonne fois pour toutes que rien n’est jamais perdu. »

« Après avoir observé le monde extérieur, le hérisson a tiré les justes conclusions. »

« Le tourisme, c’est l’énergie dépensée en parcourant dix mille kilomètres pour se plaindre que les choses ne fonctionnent pas comme chez soi. »

 

Ils sont illustrés par Michel Spinoza qui a réalisé 24 peintures originales our acompagner ces éclats de pensée.

 

                                

 

Ce que j’ai moins aimé :

 Il ne faut pas les lire tous d’un coup, il vaut mieux en faire son livre de chevet pour picorer, chaque jour ici ou là une pensée...

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur :  Une vie à coucher dehors Dans les forêts de Sibérie ;  Géographie de l’instant  ; S'abandonner à vivre

 

 D’autres avis :

 Mango 

 

Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages, Sylvain Tesson, pocket, 6.10 euros

Publié dans Poésie française

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Printemps des poètes 2014

Publié le par Hélène

Or, pour moi, la culture, c’est tout ce qui refuse les similitudes, l’immobilisme des racines, les miroirs de la mémoire close, tout ce qui refuse ou écarte le semblable ou le similaire pour rechercher ce qui est différent, ce qui est dissemblable. Etre cultivé aujourd’hui, ce n’est pas lire Tacite ou Homère dans le texte (ça c’est l’érudition), ce n’est pas non plus connaître par cœur les composantes chimiques du sol de Mars ou de Saturne, c’est simplement admettre jusqu’en sa propre création la culture des autres, c’est même au besoin se mêler à elle et la mêler en soi. Etre cultivé aujourd’hui, c’est porter en soi à sa mort des mondes plus nombreux que ceux de sa naissance. C’est s’enrichir et s’agrandir en se tissant, se métissant de la culture des autres.

Jacques Lacarrière


Extrait de « Nous ne sommes plus des paramécies »
Texte publié dans la revue Gulliver (93)

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Juste après la pluie de Thomas VINAU

Publié le par Hélène

                                                  

 

♥ ♥ 

« La vie est un voyage infâme sur le dos d’une bulle d’air

C’est fou ce que ça brille une larme. » (p. 243)

 

L’auteur :

http://etc-iste.blogspot.fr/

 

L’histoire :

« Songer, certains dimanches de grands vents pleins de poussières et de lumière, à s’ouvrir le ventre du sol au plafond. Pour aérer à l’intérieur ». C’est par ces mots que commence Juste après la pluie.

Tandis que d’autres s’étirent et ouvrent les volets Thomas Vinau, depuis longtemps, écrit de la poésie. Chaque matin.

Après Nos cheveux blanchiront avec nos yeux (2011), Ici ça vaet Le Bric à brac hopperien, (2012) voici donc, écrit dans la même veine que les romans, un gros livre de petits poèmes conçu comme un livre d’usage et de combat pour tous les jours. Un livre qui caresse, tempête et tient tête.

« Je défends une poésie sans chichis, une poésie du présent. Je veux qu’elle dise cet au-delà de nous, qu’elle écope cet essentiel, ce qu’il nous reste après la tempête et les mensonges, mais sans grands gestes. Je travaille beaucoup sa simplicité. Elle doit sentir l’odeur de chaque matin, être comme ces nuages suaves et sombres formés par des milliers d’oiseaux dans l’automne. » (Présentation de l’éditeur)

 

Mon avis :

Thomas Vinau prône une poésie de l’infime, du quotidien dans lequel il ne se passe pas grand-chose si ce n’est une femme qu’on aime, un enfant qui s’amuse et la pluie qui tombe sur le monde et sur nos espoirs et désillusions.

« Je défends une poésie sans chichi, sans lyrisme excessif, une poésie du présent. » (p. 271)

Continuer

« Beaucoup de choses

Se bousculent en moi

Beaucoup de colère

Et d’amour

De la peur aussi

Bien sûr

Cette tendresse

De prédateur

Cette impression de vivre

Comme un ciel d’orage

Orange

Balafré de soleil. » (p. 24

Recyclage

« Je me sers

D’un toboggan d’enfant

Comme chaise longue

Je me sers

De l’herbe haute

Comme déodorant

Je me sers

Du ciel foutraque

Comme cahier de brouillon. » (p. 147)

Mais il est très difficile de dire l’infime,  et quelquefois un éclat de magie transparait entre les lignes, mais quelquefois aussi le poème tombe à plat, trop banal pour être noté.

A flirter avec la simplicité, on risque de rencontrer la médiocrité, tant la frontière est ténue.

Un recueil que je qualifierais donc d'inégal, je n'ai pas été totalement charmée par cette poésie chantre de la simplicité.

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur :  Nos cheveux blanchiront avec nos yeux Ici ça va  ; Bric à brac hopperien  

Autre : les livres de Christian Bobin :  Les ruines du ciel  La part manquante  ; L’homme-joie Eloge du rien  ; La dame blanche 

 

D’autres avis :

Antigone ; Nadael ; Aifelle

 

Juste après la pluie, Thomas Vinau, Alma éditeur, 2014, 281 p., 17 euros

 

tous les livres sur Babelio.com

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Les nourritures terrestres de André GIDE

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

« Que l’importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée. »

 L’auteur :

 André Gide est un écrivain français, né le 22 novembre 1869 à Paris où il est mort le 19 février 1951. Il a notamment reçu le prix Nobel de littérature en 1947.

Volonté de liberté et d'affranchissement à l'égard des contraintes morales et puritaines, son œuvre s'articule autour de la recherche permanente de l'honnêteté intellectuelle : comment être pleinement soi, jusqu'à assumer sa pédérastie et son homosexualité, sans jamais démériter à l'égard de ses valeurs ? 

 L’histoire :

 Les Nourritures terrestres (1897), parfois appelé plus simplement Les Nourritures, sont une oeuvre littéraire d' André Gide (1869 - 1951), sur le désir et l'éveil des sens. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un roman, mais plutôt d'un long poème en prose, où s'exprime une sensualité teintée de ferveur, de contact avec la nature. La question du genre des Nourritures terrestres trouve sa réponse dans une esthétique de la diversité. Gide propose des structures hybrides, faites de formes poétiques désuètes (ballades, rondes), de fragments de journal intime, de cahiers de bord, de notes vagabondes. Malgré les éditions actuelles, il faut savoir que le manuscrit original prenait de grandes libertés sur le plan de la typographie, allant même jusqu'à ressembler au futur vers modernistes et autres calligrammes en vogue au début du XX e siècle. D'autre part, les éditeurs ont eu tendance à ramasser le texte et certains épisodes en vers sont aujourd'hui présentés en bloc comme de la prose. (Source L’express)

 

Ce que j’ai aimé :

Le poète, disciple de Ménalque veut transmettre à Nathanaël ses leçons de vie : être disponible au monde, le regarder et le vivre dans sa plénitude, sentir l’instant nous pénétrer, nous emplir.

« Ne me dites pas trop que je dois aux évènements mon bonheur, évidement ils me furent propices, mais je ne me suis pas servi d’eux. Ne croyez pas que mon bonheur soit fait à l’aide de richesses mon cœur sans nulle attache sur la terre est resté pauvre, et je mourrai facilement. Mon bonheur est fait de ferveur. A travers indistinctement toute chose, j’ai éperdument adoré. »

Pour lui, la transmission est essentielle, à un disciple qui s'émancipera du message pour mieux devenir lui-même.  

« Nathanaël, jette mon livre, ne t’y satisfais point. Ne crois pas que ta vérité puisse être trouvée par quelque autre, plus que tout, aie honte de cela. (…) Jette mon livre ; dis-toi bien que ce n’est là qu’une des mille postures possibles en face de la vie. Cherche la tienne. Ce qu’un autre aurait aussi bien fait que toi, ne le fais pas. Ce qu’un autre aurait aussi bien dit que toi, ne le dis pas – aussi bien écrit que toi, ne l’écris pas.  Ne t’attache en toi qu’à ce que tu sens qui n’est nulle part ailleurs qu’en toi-même, et crée de toi, impatiemment  ou patiemment, ah ! le plus irremplaçable des êtres. »

Ce texte est un hymne à la joie, une aspiration profonde de communion avec la nature. André Gide disait qu'il s'agissait d'un livre de convalescent, écrit après une grave crise. Il y prône l'éloignement de la famille, le dénuement, la liberté absolue et exalte le plaisir des sens. Résultat de trois ans de voyages, Gide ayant goûté ces nourritures terrestres en Afrique, en Italie ou encore dans le Sahel.

« Camarade, n’accepte pas la vie telle que te la proposent les hommes. Ne cesse point de te persuader qu’elle pourrait être plus belle, la vie, la tienne et celle des autres hommes… Ne sacrifie pas aux idoles. »

 

Ce que j’ai moins aimé :

  - Quelquefois un peu répétitif ou hermétique.

 

Premières phrases :

 « Ne te méprends pas, Nathanaël, au titre brutal qu’il m’a plu de donner à ce livre ; j’eusse pu l’appeler Ménalque, mais Ménalque n’a jamais, non plus que toi-même, existé. Le seul nom d’homme est le mien propre, dont ce titre eût pu se couvrir ; mais alors comment eussé-je osé le signer ? »

 

Vous aimerez aussi :

  Du même auteur : La porte étroite

Autre : Lettres à un jeune poète de Rainer Maria RILKE

 

Les nourritures terrestres, André GIDE, folio, 1972, 6 euros

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La diane française de Louis ARAGON

Publié le par Hélène

        diane-francaise_couv.jpg

♥ ♥ ♥

 « Que peut un rossignol si ce n’est sa chanson. »

(La nuit de juillet)

 

L’auteur :

 Né à Paris en 1897, Louis Aragon manifeste très tôt un goût pour l'écriture. En 1917, il rencontre André Breton avec lequel il s'engage dans l'aventure surréaliste. La publication du roman intitulé Le Paysan de Paris (1926) fait de lui un écrivain d'avant-garde. À la fin des années 1920, il s'inscrit au parti communiste et rencontre Elsa Triolet, qui deviendra sa femme. Il s'éloigne alors du surréalisme et s'engage dans l'action politique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il entre dans la Résistance et publie clandestinement, aux côtés de Pierre Seghers, plusieurs recueils de poèmes. Après la Libération, Aragon poursuit son œuvre romanesque et poétique tout en restant un écrivain engagé. Il meurt à Paris en 1982. Cinq de ses recueils ont été publiés aux Éditions Seghers.
Née Natacha Huttner à Moscou et venue en 1914 à Paris, Dominique Arban est secrétaire de rédaction à L'École de la vie et à Marianne avant la Seconde Guerre mondiale. Après quatre années de clandestinité, elle collabore au journal Combat, dont elle assure ensuite la direction littéraire. Collaboratrice à France-Observateur, au Figaro littéraire, puis au Monde, Dominique Arban produit et anime de 1954 à 1968 une émission hebdomadaire intitulée «Étranger, mon ami » sur les ondes de l'ORTF. Spécialiste de Dostoïevski, elle traduit et publie, entre autres, sa monumentale correspondance. À la fin de sa vie, Dominique Arban rédigera ses Mémoires, Je me retournerai souvent? (Flammarion, 1990). (Source : Editions Seghers)

 

 L’histoire :

Des poèmes devenus le symbole de la résistance littéraire en France.

 

Après Les Yeux d'Elsa, Il ne m'est Paris que d'Elsa et Le Voyage de Hollande, les Éditions Seghers rééditent le grand recueil de résistance de Louis Aragon. Cet ouvrage rassemble en réalité deux recueils qui furent d'abord publiés séparément par Pierre Seghers en 1946 : La Diane française et En étrange pays dans mon pays lui-même.


Composés entre 1941 et 1944, ces poèmes sont indissociables des circonstances dans lesquelles ils furent écrits, publiés et diffusés. En effet, si certains ont été édités légalement, d'autres échappent à la censure de Vichy en paraissant dans des revues clandestines, sous des pseudonymes (François la Colère ou Jacques Destaing).


Avec ce recueil, le poète bat la " diane " et tente de réveiller les Français endormis, comme l'avait fait avant lui Victor Hugo dans Les Châtiments. Il prend également appui sur une tradition remontant aux troubadours de langue d'oc, qui faisaient alterner le parler clair, destiné aux témoins des événements, et le parler clos, réservé aux initiés. Dans l'un et l'autre cas, Aragon veut convaincre ses compatriotes d'entrer dans une lutte commune et juste qui mobilise " toute sa lyre ".

 

Ce que j’ai aimé :

 

Ces poèmes d’Aragon sont un acte de résistance : rédigés entre 42 et 44 sous l’occupation, ils chantent l’amour de la France libérée de ses scories allemandes. Aragon ne concevait pas d’art en dehors des circonstances, pour lui, il était essentiel de témoigner, de lever les masses pour lutter contre l’oppression nazie.  

 

« Il faut libérer ce qu’on aime

Soi-même, soi-même, soi-même » (Marche française)

 

S’il évoque la femme aimée, c’est pour la comparer à la France bafouée

 

« Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur

Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri

Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri

Et pas plus que de toi l’amour de la patrie

Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs » (Il n’y a pas d’amour heureux)

 

Pour déjouer la censure, Aragon utilise des mythes et des légendes médiévales, des figures nationales comme dans la littérature de « contrebande » du Moyen-Age, il crypte les messages. Les héros de la résistance comme Gabriel Péri sont comparés aux chevaliers du Moyen-Age :

 

« Ce poème, écrit pour le second anniversaire de la mort de Gabriel Péri, publié illégalement, relève vraiment de la légende et non de l’histoire : en effet, ce n’est pas à Ivry, mais à  Suresnes et dans une tombe enregistrée et non pas dans la fosse commune que Péri est enterré. L’auteur, alors dans l’illégalité, n’a pourtant inventé aucun de ces détails, ni l’histoire, peut-être controuvée, des hortensias bleus ; mais déjà la tradition orale avait porté jusqu’à lui moins de deux ans après la mort du martyr cette version déformée par quoi naît une légende aujourd’hui comme au temps de la Chanson de Roland, des Troubadours et des poèmes transmis de bouche en bouche à travers une France alors comme aujourd’hui dévastée et livrée aux soudards et aux chimères. » (Légende de Gabriel Péri)

 

 « Trouver des mots à l’échelle du vent

Trouver des mots qui pratiquent des brèches

Dans le sommeil comme au soleil levant

Des mots qui soient à nos soifs une eau fraîche » (Je ne connais pas cet homme)

 

La vocation du poète est de « Trouver des mots que personne n’oublie » (Je ne connais pas cet homme), et nous n'oublierons pas ces mots...

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

Certains poèmes sont plus hermétiques que d’autres –et pour cause-, ils demandent une étude plus approfondie pour être pleinement apprécié.

 

Premier poème :

 

« De si loin qu’on se souvînt, la vie avait cette couleur d’habitude qui emprunte aux tournantes saisons ses nuances et fait aux hommes une marée d’humeurs qui varie avec le soleil et le vent. De si loin qu’on se souvînt, il y avait des familles de pêcheurs, des chasseurs habiles à tirer au vol les plumes dans le ciel et la bête des taillis débusquant, et des artisans qui, de père en fils, se transmettaient les secrets du bois, savaient courber le fer, tresser l’osier ; il y en avait qui se crevaient pour d’autres ; et l’on voyait passer sur des chevaux habillés d’étranges étoffes des dames et des seigneurs qui parlaient un langage difficile à suivre, non tant à cause de la vitesse de leurs coursiers que pour les idées de bizarrerie nées dans leurs maisons trop grandes (…) »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur :  Les yeux d’Elsa de Louis ARAGON

 

 

La diane Française, Louis Aragon, Seghers, 16.50 euros 

 

Publié dans Poésie française

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