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recits de voyage

L'hiver aux trousses de Cédric GRAS

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Contempler la nature devrait être la religion de tous les hommes." p. 85

Ce que j'ai aimé :

Cédric Gras est un écrivain géographe. Pour lui l'écriture suit le rythme du voyageur, il pratique ainsi la "géographie narrative. Cette littérature est une manière de mêler ses trouvailles savantes à la relation de ses tribulations. Elle a ses lettres de noblesse dans le domaine de l'ethnologie. Il s'agit de confier ses observations au gré de ses péripéties dans un style mêlant érudition soutenue et mésaventures les plus lamentables. C'est un ton à la fois sincère et initié. C'est une harmonie entre le su et le vécu. J'ai renoncé à tout diplôme de docteur pour reprendre l'école du voyage." p. 15

Amoureux inconditionnel des automnes, de leur lenteur décadente, il décide de courir après la saison déclinante en voyageant dans des contrées plus septentrionales. 

"Si quelque génie m'avait offert de prononcer un voeu, j'aurais souhaité poursuivre les crépuscules et aller avec les orages." p. 22

"Il y a dans le déclin une tristesse d'une grande beauté, ce passé qui s'étiole, ces gloires enfuies, ces lumière qui s'éclipsent : géographie du domaine des souvenirs." p. 84

De la mer d'Okhotsk à celle du Japon, il dresse un portrait de la Russie du Pacifique. Il passe son premier automne à Yakoutsk aux côtés des Yakoutes, des Talgas, puis il part à la lisière du Japon, à Khabarovsk, se rend sur l'île de Sakhaline et au bord du Fleuve Amour. Enfin, pour son troisième automne il part aux confins de la Chine et des Corées.

L'hiver aux trousses de Cédric GRAS

Partout, il entend l'hymne à la terre natale des russes "Et ce malgré l'infortune, les vaches maigres et la détresse." p. 153 Il dresse au fil des lignes l'histoire de ce peuple qu'il affectionne particulièrement. Marchant sur les pas des tribus de la région, il traverse des étés indiens, beaucoup de pluie de brouillard, pour arriver dans ces contrées lointaines du bout du monde. Peu importe le but quand le chemin est joie. "Le bonheur c'est quand le temps s'arrête." dit-il. Son voyage est lancinant, mais  "L'automne a ses apothéoses, ses grâces ineffables, et je n'avais jamais fait d'aussi ravissant voyage." p. 271

Ce que j'ai moins aimé :

- Un lenteur qui peut laisser le lecteur en bord de route...

Présentation de l'éditeur :

Stock 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le coeur et les confins

 

L'hiver aux trousses, Cédric Gras, Stock, février 2015, 19.50 euros

 

Merci à l'éditeur.

Publié dans Récits de voyage

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Immortelle randonnée de Jean-Christophe RUFIN

Publié le par Hélène

 

"En partant pour Saint-Jacques, je ne cherchais rien et je l'ai trouvé."

 

Ce que j'ai aimé :

Jean-Christophe Rufin nous livre son expérience du chemin, chemin qui l'a choisi plutôt que l'inverse, tant il s'impose aux voyageurs à leur insu. Entre rencontres, cheminement, et douleurs, l'auteur se dépouille peu à peu du superflu pour être seulement présent à son chemin, à la marche vers son but.

"Je comprenais combien il était utile de tout perdre, pour retrouver l'essentiel."

"Compostelle est un pélerinage bouddhiste. Il délivre des tourments de la pensée et du désir, il ôte toute vanité de l'esprit et toute souffrance du corps, il efface la rigide envelope qui entoure les choses et les sépare de notre conscience ; il met le moi en résonance avec la nature"

Son style fluide permet au lecteur de l'accompagner dans son chemin avec plaisir et entrain. Quelques éléments cocasses agrémentent son récit, comme la technique pour bloquer le bouton-poussoir d'une douche à l'aide d'un coton-tige "Je vous donne le truc à tout hasard, si le destin devait vous conduire à de telles extrémités."

 

Ce que j'ai moins aimé :

Néanmoins, je n'ai rien trouvé de bien transcendant dans ce récit, somme toute assez banal :  pas de ton particulièrement drôle, pas de réflexions très philosphiques, des rencontres qui ne sont pas marquantes. Peut-être est-ce dû au fait que l'auteur n'avait pas prévu d'écrire son récit et qu'il a travaillé après coup, en reconstituant son voyage une fois rentré chez lui. Bref, je n'ai pas compris l'engouement de la presse pour ce livre !

 

Premières phrases :

"Lorsque, comme moi, on en sait rien de Compostelle avant de partir, on imagine un vieux chemin courant dans les herbes, et des pélerins plus ou moins solitaires qui l'entretiennent en y laissant l'empreinte de leurs pas."

 

Informations sur le livre :

L'auteur : Jean-Christophe Rufin, médecin, pionnier du mouvement humanitaire a été ambassadeur de France au Sénégal de 2007 à 2010. Il est l'auteur de romans désormais classiques tels que "L'Abyssin" , "Globalia", "Rouge Brésil", prix Goncourt 2001. Il est membre de l'Académie française depuis 2008.

 

Vous aimerez aussi :

En avant route ! de Alix de St André

 

D'autres avis :

Presse

Kathel ; Jostein ; DominiqueKeisha LuocineAifelle

 

Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi, Jean-Christophe Rufin, Editions Guérin, 19.50 euros

Publié dans Récits de voyage

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Chers aventuriers de Vincent NOYOUX

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

« En prenant conscience de ses possibilités, de ses peurs, de son courage, de ses limites, l’aventurier se dévoile. » (p. 136) (Jean-Louis Etienne)

L’auteur :

Vincent Noyoux a été auteur de guides de voyage chez Gallimard avant de devenir reporter indépendant. Il a publié chez Stock Touriste Professionnel (2012). (Présentation de l'éditeur)

  L’histoire :

 « “La Terre est une vieille prostituée. Elle se vend partout”, écrivait Pierre Mac Orlan. Partir à l’aventure aujourd’hui, c’est essayer de bander devant une vieille tapineuse. Pourtant, pas un jour ne passe sans qu’un olibrius ne s’élance dans quelque coin hostile du globe. Tout à la fois interpellé et agacé, j’ai voulu comprendre pourquoi et dans quel but. À quoi servent les aventuriers d’aujourd’hui : navigateurs, explorateurs, écrivains voyageurs ? Assouvissent-ils un plaisir égoïste ou accomplissent-ils une tâche d’utilité publique ? »
 
Qu’ils gravissent des sommets inviolés, qu’ils franchissent des océans furieux ou qu’ils traversent des espaces désolés, les aventuriers déroutent. Vincent Noyoux en a rencontré neuf. Neuf individus qui, un beau jour, ont décidé de tout plaquer pour mener une existence faite d’incertitudes et d’audace, de maladies tropicales et d’horizons lointains. Il livre avec une juste mesure d’ironie et de tendresse le portrait de chacun, en tentant de répondre à toutes les questions que posent ces anticonformistes habités par le goût du risque. (Présentation de l’éditeur)

 Ce que j’ai aimé :

 Vincent Noyoux nous convie à la rencontre d'aventuriers modernes, d'hommes et de femmes qui ont cherché à travers le monde à vivre intensément, follement parfois, en se frottant au monde et à leurs propres limites.

Jean-Louis Etienne  le spécialiste des pôles

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Patrice Franceschi

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Mike Horn le « demi-dieu de l’aventure »

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Antoine de Maximy celui qui s’invite chez vous

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Bertrand Piccard qui aime voyager en montgolfiere

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Sonia et Alexandre Poussin les époux altruistes

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Sylvain Tesson

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Isabelle Autissier la navigatrice la plus mystérieuse qui ne semble pas s’être beaucoup livrée

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Vincent Noyoux les a rencontrés et s'est intéressé à leur parcours ainsi qu'à leurs motivations. Sur un ton humoristique frais et décapant, il nous livre des refléxions philosophiques, sociologiques, sur ces aventuriers modernes :

Franceschi : « La vie est moins importante que la liberté, la fraternité et l’égalité de droit. La vie ne vaut que s’il y a tout ça. Je plains les gens qui ne savent pas pour quoi ils sont prêts à mourir. » souligne ce rebelle renégat qui s’est engagé dans la guerre en Afghanistan en 1979.

« D’autres questions toutes aussi cruciales furent abordées au cours des deux entretiens que l’aventurier me consacra. Quel sens donne-t-on à sa vie ? La vie l’emporte-t-elle sur la liberté ? Qu’apprend-on au cours de son existence ? Le monde comment ça marche ? Les autres, c’est qui ? Nous devrions tous rencontrer un Patrice Franceshi au moins une fois.  Sous ses airs de barbouze au cuir tanné, il surgit dans votre vie comme un contrôle de philo surprise. » p. 55

« Les aventuriers ne servent pas à mesurer  l’épaisseur de labanquise, à promouvoir les énergies renouvelables, ni à former de jeunes citoyens du monde. Ils ne servent pas non plus à nous faire rêver, même si certains y arrivent. Ils servent avant tout à nous montrer ce que sont le courage, la volonté, l’humilité, la patience. » p. 226

Des rencontres fascinantes, des conversations passionnantes, ce petit recueil est à conseiller, il offre un vrai bol d’air !

 Ce que j’ai moins aimé :

-Rien

 Premières phrases :

 « C’est un mouvement sans fin. Chaque année, chaque mois, chaque semaine, des hommes et des femmes partent au bout du monde pour réaliser quelque chose de difficile, de dangereux et d’absolument inutile. Certains veulent gravir des sommets trop hauts, d’autres franchir des déserts trop arides, d’autres encore naviguer à contre-courant. Et que ça traverse l’Alaska sauvage et que ça explore les hautes vallées du Pakistan…

Nous avons tous, autour de nous, un original qui a décidé de vaincre l’Atlantique à la rame ou les steppes de Mongolie en side-car. »

 Vous aimerez aussi :

 

Sylvain Tesson :  Une vie à coucher dehors Dans les forêts de Sibérie ;  Géographie de l’instant 

Mike Horn : Latitude zéro

Isabelle Autissier : L’amant de Patagonie  

Les époux Poussin : Africa trek

Patrice Franceschi : Avant la dernière ligne droite

Antoine de Maximy : ses vidéos

Bertrand Piccard : http://bertrandpiccard.com/accueil?width=1920#1

 

Chers aventuriers, Vincent Noyoux, stock, octobre 2013, 240 p., 22 euros

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Publié dans Récits de voyage

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Espaces sauvages de Jim FERGUS

Publié le par Hélène

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♥ ♥

 

L'auteur :

 

Né à Chicago en 1950, d'une mère française (aristocrate originaire de Bourgogne) et d'un père américain, Jim Fergus est chroniqueur dans de nombreux journaux américains. Passionné par l'histoire des Indiens d'Amérique, il avait depuis toujours le projet d'écrire une biographie de Little Wolf. Afin de trouver matière à son livre, il s'est beaucoup documenté et a silloné le Middle West, de l'Oklahoma au Montana, seul pendant plusieurs mois, sur les pistes des Cheyennes. À partir d'un fait authentique, Jim Fergus a imaginé le journal d'une des femmes qui ont été données en mariage aux Indiens en 1875. Mille femmes blanches (2000), son premier roman, qui a obtenu le prix du premier roman étranger, La fille sauvage (2004) et Marie blanche (2011) ont paru au Cherche Midi. (Présentation de l'éditeur)

Retrouvez l'auteur sur son site : www.jimfergus.com

 

L'histoire :

 

C'était le rêve d'un petit garçon du Midwest.

Ce rêve, trente ans plus tard, Jim Fergus l'a réalisé : cinq mois de chasse itinérante sur le continent nord-américain. 30 000 kilomètres, 24 États – du Maine au Montana, en passant par New York et la Floride –, avec son truck, son fusil et son chien Sweetzer, ainsi que tous les anonymes, écrivains et passionnés croisés au fil de la route.

Entre forêts, marais, dinerset bivouacs, Jim Fergus nous entraîne dans une balade sauvage qui révèle « le vrai monde derrière l'Amérique »... (Présentation de l'éditeur)

 

Ce que j'ai aimé :

 

Contrairement aux apparences, ce livre n'est pas un livre sur la chasse mais plus sur le charme des rencontres, les contrées traversées, la chasse n'étant au final qu'un prétexte pour gouter à la "vie sauvage". Paradoxalement aussi, c'est cette même chasse qui permet une harmonie avec la nature  et avec les oiseaux.

 

« Je ne vois aucune raison de m'excuser d'être un chasseur, particulièrement à notre époque. Peut-on éprouver pareil émerveillement – fait de douceur et de mystère – devant des aliments sous film en barquette de polystyrène ? Ou devant les blancs de poulet sans os ni peau qu'on trouve aux étals de boucherie de son supermarché ? » (p. 40)

 

« Ce sont les chasseurs qui accordent une certaine valeur à ces oiseaux et sans cela il n'y en aurait plus, explique Gulion, qui était chercheur dans ce milieu depuis suffisamment longtemps pour avoir compris les réalités de la gestion de la vie sauvage. Sans l'intérêt qu'ils leur portent et la valeur économique qui en résulte, il n'y aurait aucune raison de faire des concessions aux pratiques habituelles de gestion de la forêt. J'espère que les forces anti-chasse ne finiront pas l'emporter, car je vous garantis que ce sera alors le déclin de toute vie sauvage. Il est important que les gens comprennent ça. » (p. 149)

 

Jim Fergus bouscule donc les idées reçues sur la chasse pour nous conter ses pérégrinations à travers différentes régions, en amoureux absolu de son pays et ce cette nature qu'il souhaite protéger et louer.

 

Les recettes en fin de chapitre font saliver et sont comme le point d'orgue des récits et de la philosophie de l'auteur : il prône une vie simple, harmonieuse, comblée par un bon repas, une belle promenade et des rencontres amicales. What else ?

 

« Bécassine grillée

Griller les oiseaux sur des braises de charbon de bois, pendant 6 à 8 minutes. Les retourner fréquemment pendant la cuisson en les arrosant de beurre fondu ou d'huile d'olive mélangée de sauce Worcester, de poivre et de jus de citron. »

 

Ce que j'ai moins aimé :

 

Un peu répétitif et lassant.

 

Premières phrases :

 

« Je ne peux pas vous dire ce qui fait d'un homme un chasseur. Mai si je peux vous révéler comment tout s'est passé pour l'un d'entre eux.

Tout a commencé quand j'étais un petit garçon grandissant dans un faubourg du Midwest. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur :  Mon Amérique de Jim FERGUS

Autre : les romans de Jim Harrison

 

D'autres avis :

 

Babélio

 

Espaces sauvages, Voyage à travers les États-Unis avec un chien et un fusil, Jim Fergus, traduit de l'américain par Nicolas DE TOLDI, Pocket, octobre 2013, 7,8 euros

Publié dans Récits de voyage

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Géographie de l’instant de Sylvain TESSON

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

 

L’auteur :

 Sylvain Tesson est notamment l'auteur de "Petit traité sur l'immensité du monde" et "Dans les forêts de Sibérie".

 

Présentation :

 "Géographie de l'instant" réunit les blocs-notes de sylvain Tesson parus dans le magazine "Grands Reportages" et divers journaux. Il y évoque ses voyages aventureux ou immobiles, ses rencontres, ses escalades, ses lectures secrètes et contemple les ravages commis par les hommes contre la nature, la douceur. Il y parle de la Russie, de l'Afghanistan, de Haïti, de l'Islande, de New York, de Paris. Il choisit le dégagement, l'humeur, la féerie, se confronte à l'absurde et aux ridicules de son époque. Avec un joyeux désespoir, ce nomade injecte de la couleur dans la grisaille du quotidien. "Géographie de l'instant" est un manteau d'arlequin sur lequel Sylvain Tesson trace les points cardinaux de son univers intime. C'est un pamphlet poétique contre la lourdeur du monde, révélant la part secrète d'un voyageur pour qui les retours sont des brûlures.

 

Ce que j’ai aimé :

 Sylvain Tesson ne se promène jamais sans un « bloc-notes » qui lui permet de consigner ce qu’il observe, ses pensées, des « éclats de kaléidoscope », qu’il a décidé d’agencer ensuite dans ce recueil : « De l’harmonisation de ces instantanés jaillira une géographie de l’instant ».

Les auteurs l'accompagnent dans ses voyages, de nombreuses citations émaillent ses récits et réflexions, nourrissant ses pensées, montrant qu'ainsi, il n’est jamais seul avec ses réflexions. Elles lui permettent de s'ouvrir l’esprit, de dilater l'idée pour mieux la saisir et la transcrire :

« J’aime les mots d’auteur. Ils sont comme les arbres au bord d’une route. Ils se tiennent là, plantés, sur le côté de notre chemin intérieur. » (p. 30)

« Elles sont la formulation d’une pensée qu’on a caressée un jour et que l’on reconnaît, exprimée avec bonheur, sous la plume d’un autre. »

De fait le lecteur apprend beaucoup en lisant ces anecdotes, comme l'auteur a appris e observant le monde, les plantes, les hommes, les animaux. Des tortues de Yumurtalik en Turquie par exemple, il a appris la persévérance : à leur naissance, ces petites bêtes bravent les prédateurs et les risques multiples pour se rendre dans la mer, et sur 1000 tortues une seule survivra.

« Désormais, lorsque devant moi se dressera un obstacle duquel je n’aurai qu’une infime chance de triompher, je viderai un verre à la gloire éternelle des tortues de Yumurtalik avant de foncer, tête baissée. » (p.46)

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  De cet alpiniste à qui il demande ce qu’il retient de son incroyable vie d’aventures, il apprend la présence :

« Rien ne m’a plus autant que de marcher au petit matin sur les chemins de la forêt de Fontainebleau. «  On court le monde pour chercher ce qu’on avait sous les yeux. » commente l’auteur.

Tout est enseignement, et surtout, tout l'enjoint à vivre ici et maintenant :

« Maintenir l’aiguille sismographique de sa conscience et de sa sensibilité dans l’intervalle de l’instant présent permet d’en éprouver, d’en accueillir toute la valeur. » (p. 160)

Un recueil érudit offert par observateur doté d’une acuïté d’observation aigüe. A recommander !

 

Ce que j’ai moins aimé :

- Rien  

 

Premières phrases :

« Tache grises dans le 93

Les Renseignements généraux ont établi la liste des cent soixante-douze « cités interdites » de France, où les lois de la Républoique ne sont plus en vigueur. Si un géomètre urbaniste se penchait  sur le sujet, il calculerait – cadastre en main – la superficie de ces zones de non-droit. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur :  Une vie à coucher dehors de Sylvain TESSON;  Dans les forêts de Sibérie de Sylvain TESSON

 

Géographie de l’instant, Sylvain Tesson, Editions des Equateurs, octobre 2012, 18 euros

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Chroniques de l’Occident nomade de Aude SEIGNE

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

Prix Nicolas Bouvier 2011

 

L’auteure :

 

Site de l'auteur.

 

L’histoire :

 

Lectrice du monde et d'elle-même, Aude Seigne, bourlingueuse du 21ème siècle,écrit avec une acuité et une souplesse inédites sur le voyage et ses amours lointaines. (Editeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

« L’arbre. C’est là que je suis, que j’étais, que je serai toujours, comme tous les instants qu’on a tellement habités qu’on y sera toujours, que le corps, qu’un de nos corps y restera à jamais. (…) Je suis allongée sous un arbre dans le désert. Je ne dors pas, je ne fais pas évasion de conscience. J’entends le silence. Les arbustes bougent, le souffle chaud fait tanguer le paysage. De gros insectes bourdonnent à quelques mètres du sol, les scarabées noirs poussent leur boule. Les ombres tournent. Le sable grise toutes les formes, les enlace, les façonne. Ma vue est trouble, le ciel blanc. Sur la plaine, dans la poussière, un troupeau passe. Et parfois tout se tait. S’allonger dans le désert sans dormir et se taire. » ( p. 56)

 

Portée par un ton personnel et contemporain, Aude Seigne s’attache à son ressenti pour nous offrir ces récits de voyage. Elle nous donne un aperçu de son nomadisme et des bonheurs ressentis dans cette façon de vivre et d’avancer.

Elle n’omet pas toutefois de nous livrer les limites, le burn out, le fait d’être comme déconnectée de la « vraie » vie, de la famille, des amis, d’un amour stable et durable… Mais pour elle voyager est un besoin, qu’elle assouvit pour ne pas sombrer.


Ce sont donc des éclats de vie nomades, des divagations, des rencontres, sans chronologie ni géographie précises, un état nomade aussi bien dans ses voyages que dans son écriture.

 

« Qui comprendrait alors l’exaltation d’un matin froid, un sac sur le dos, quelques pas dans le rues qui ne veroont jamais de retour, un billet dans la ppche pour un nouvel ailleurs. » (p.139)

 

Une agréable découverte que ce voyage intérieur.

 

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Ce que j’ai moins aimé :

 

- Rien

 

Premières phrases :

 

« Comment cela a-t-il commencé au juste ? Pourquoi ce mouvement tout à coup, ces ailleurs, ces hommes ? Est-ce que j’écris sur les voyages, est-ce que j’écris sur l’amour ? Difficile à dire. AU début du mouvement, je vois un ferry qui arrive sur le Grèce un matin de juillet. J’ai quinze ans. Je me couche sur le pont à Brindisi. J’ai quinze ans. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Récits de voyage

 

D’autres avis :

 

Daniel ; Choco 

 

Chroniques de l’Occident nomade, Aude Seigne, Zoé poche, 2013, 144 p., 8.55 euros

 

 

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Paradis avant liquidation de Julien BLANC-GRAS

Publié le par Hélène

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♥ ♥

  "Il y a des pays en voie de développement et des espèces en voie de disparition. La république des Kiribati est un pays en voie de disparition." (p. 10)

 

L’auteur :

Né en 1976 à Gap, Julien Blanc-Gras est journaliste de profession et voyageur par vocation. Il a publié trois romans, "Gringoland" (lauréat en 2005 du festival du premier roman de Chambéry et "Talents à découvrir" des librairies Cultura), "Comment devenir un dieu vivant en 2008", une comédie apocalyptique, et en 2011, "Touriste" (plus de 10.000 exemplaires vendus, lauréat du Prix J. Bouquin et du Prix de l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon, nominé au Prix de Flore).

L’histoire :

  Récit de voyage aux Kiribati, pays d'Océanie menacé de disparition par le changement climatique.
« Il y a des pays en voie de développement et des espèces en voie de disparition. La république des Kiribati est un pays en voie de disparition. Perdu au milieu de l’océan Pacifique, ce petit paradis semble promis à l’engloutissement par le changement climatique.
J’ai organisé ma vie autour d’une ambition saugrenue, le quadrillage méthodique de la planète. Moteur : toujours voir un pays en plus. Ce qui se profile ici, c’est un pays en moins. Je dois m’y rendre avant qu’il ne soit rayé de la carte. »

  http://www.audiable.com/livre/?GCOI=84626100083860 

Ce que j’ai aimé :

L'écriture de Julien Blanc-Gras est d'une fluidité très agréable pour le lecteur. Il émaille son récit d'un humour flegmatique de bon aloi, bref à travers son récit transparaît une personnalité intéressante, profondément humaine. C'est un amoureux de ceux qu’il rencontre, il est en totale empathie avec eux.

Il nous conte ici son voyage dans les îles Kiribati, îles en voie de disparition, menacées d'engloutissement en raison des changements climatiques.

« J’espère que nous n’aurons pas à quitter notre pays, mais je reconnais le poids de l’évidence. Il n’y a pas assez de place pour tout le monde. La terre rétrécit. Nous n’avons pas de futur. » (p. 233)

Notre globe-trotteur part ainsi à la rencontre des habitants de cette île du bout du monde et va passer quelques temps à leurs côtés, pour des rencontres enrichissantes, des personnes souvent pauvres, mais au fond plus heureux que nous, occidentaux. La comparaison finale avec Los Angeles où « tout sonne faux » est d'autant plus parlante :

« Je suis dans le pays le plus riche du monde et les SDF pullulent. Aux Kiribati, qui figurent tout en bas du classement, chacun a un toit.

Ce qui m’amène à ce cliché entendu mille fois à propos des régions où la misère serait moins pénible au soleil.

La formule, souvent prononcée de loin, est exécrable quand elle oublie les ventres vides et la souffrance des vies trop courtes. Cela dit, il n’est pas insensé de dire que le niveau de joie émanant du quotidien aux Kiribati est supérieur à celui d’une grande ville occidentale modelée par l’insatisfaction et noyée sous les divertissements. » (p. 248)

Ce que j’ai moins aimé :

 L’impression que cet écrit ne restera pas dans les mémoires, quelquefois je lisais certains chapitres sans que rien ne vienne s'imprégner sur mon esprit, si bien que je devais relire les mêmes passages plusieurs fois. 

 Premières phrases :

 « Le bout du monde se cache plus loin que prévu. On m’avait appris que les antipodes se trouvaient aux alentours de la Nouvelle-Zélande et comme c’est exact, je m’étais empressé d’y croire. Arrivé à Auckland, j’ai tout de même dû emprunter deux avions supplémentaires avant d’apercevoir ma destination. Il faut croire que la géographie est une science mouvante. »

 Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Touriste

D’autres avis :

Initiales http://www.initiales.org/Paradis-avant-liquidation.html

 Paradis avant liquidation, Julien Blanc-Gras, Au diable Vauvert, 17 euros

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En avant, route ! de Alix de SAINT ANDRE

Publié le par Hélène

en avant route

♥ ♥ 

 

L’auteure :

 Fille de militaire, élevée dans des pensions religieuses dont elle a gardé un intérêt pour la religion catholique, A. de Saint André a fait des études littéraires puis s'est orientée vers le journalisme.

Elle a travaillé à "Elle" au "Figaro magazine" et à "Canal Plus". Elle a aussi écrit un roman policier puis des livres inspirés de ses expériences personnelles, où se reflètent ses goûts littéraires, en particulier sa passion pour André Malraux. Elle fait encore des reportages mais se consacre de plus en plus à l'écriture dans sa petite maison bretonne. (Source : Babélio)

Interview http://www.gallimard.fr/Media/Gallimard/Entretien-ecrit/Alix-de-Saint-Andre.-En-avant-route

 

L’histoire :

 

Alix de Saint-André a pris trois fois la route de Compostelle. La première fois, elle est partie de Saint-Jean-Pied-de-Port, sur le chemin français, avec un sac plein d'idées préconçues, qui se sont envolées une à une, au fil des étapes.

La deuxième fois, elle a parcouru le «chemin anglais» depuis La Corogne, lors d'une année sainte mouvementée.

L'ultime voyage fut le vrai voyage, celui que l'on doit faire en partant de chez soi. Des bords de Loire à Saint-Jacques-de-Compostelle, de paysages sublimes en banlieues sinistres, elle a rejoint le peuple des pèlerins qui se retrouvent sur le chemin, libérés de toute identité sociale, pour vivre à quatre kilomètres-heure une aventure humaine pleine de gaieté, d'amitié et de surprises. Sur ces marcheurs de tous pays et de toutes convictions, réunis moins par la foi que par les ampoules aux pieds, mais cheminant chacun dans sa quête secrète, Alix de Saint-André, en poursuivant la sienne, empreinte d'une gravité mélancolique, porte, comme à son habitude, un regard à la fois affectueux et espiègle.

 

Ce que j’ai aimé :

  Alix de Saint André a suivi le chemin de Compostelle trois fois.

Elle partage avec nous cette expérience avant tout humaine faite de rencontres et d’entraide. Car les pélerins ne sont pas tous férus de religion, et beaucoup font la route pour des raisons spirituelles ou culturelles et non pas religieuses. Alix de Saint André avoue elle-même avoir  « la foi plutôt méfiante. » (p.149) et ce qu’elle cherche avant tout sur le chemin est une solitude mêlée d’introspection rythmée par l’amplitude de ses pas.

« Nous faisons savoir au pèlerin qu’il rencontrera au long du chemin des saints et des canailles, mais qu’il ne désespère pas, car il devra aider les autres et parfois se faire aider lui-même, qu’il trouvera de nouvelles valeurs et découvrira la transcendance. » (p. 126)

Cette solitude sera difficile à connaître tant le chemin est rencontre : Raquel et son verbiage incessant pour le premier et deuxième voyage, sept « maris » tombés du ciel pour le troisième voyage. Il faut accepter de rompre cette solitude pour laisser le monde venir à soi et emplir cœur et esprit sur le chemin. Dans cette alliance subtile entre vie intérieure et relations sociales, se construit la magie du chemin et s’établit le sentiment durable d’appartenir à une entité commune bienfaitrice, celle du « pèlerin ».

« Le chemin n’est pas fait pour aller vite d’un point A à un point B, il est fait pour se perdre, et perdre du temps. Ou prendre son temps, si l’on veut. Retrouver un monde à taille humaine et ses humains habitants. » (p. 169)

Le ton adopté par l’auteur n’est pas dogmatique, ni poétique, il est humain, drôle, enlevé, les anecdotes sont aussi bien liées aux douleurs du corps (et surtout des pieds et des articulations), qu’aux rencontres inattendues et pesantes quelquefois, en passant par les joies du chemin et à ses enseignements multiples.

 « Sur le chemin, la pauvreté n’était pas à fuir mais à rechercher. (…)  L’économie du monde spirituel fonctionnant à l’inverse de l’économie du monde matériel (plus on donne d’amour et plus on en a, par exemple), pour vivre vraiment au présent, le temps des enfants, des poètes et des mystiques, il me fallait apprendre à être pauvre. » (p. 304)

Un beau récit profondément humain.

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Ce que j’ai moins aimé :

 Il s’agit là d’un récit divertissant, ludique, mais le style reste assez simple, il ne faut pas trop en attendre.

  

Premières phrases :

 « Le 14 juillet 2003, ma cousine Cricri et moi-même étions dans le très typique village de Saint-Jean-Pied-de-Port, au Pays basque, attablées devant une nappe à carreaux rouges et blancs typique, en train d’avaler du fromage et du jambon typiques avec un coup de rouge typique aussi, en fin d’après-midi, sous la menace d’un orage de montagne, bien noir mais presque tiède. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Papa est au panthéon

 

D’autres avis :

 Presse : Télérama L’express 

Blogs : Joëlle Kathel, Alain, Cathulu, Praline, Sandrine, Lystig, Alex, Flora, Aproposdelivres, Mango, Saxaoul, Aifelle, Chiffonnette.

 

En avant, route ! Alix de Saint André, folio, juin 2011, 6.95 euros

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Ceci n’est pas l’Afrique, récit d’une française au Gabon de Anne-Cécile MAKOSSO-AKENDENGUE

Publié le par Hélène

                                          ceci-n-est-pas-l-afrique.jpg

 L’auteure :

 

Anne-Cécile Makosso-Akendengué, née Frébeau, après une vingtaine d'années passées au Gabon, vit actuellement à Angers. Elle y est disquaire. Elle a déjà publié en 2007 un roman, Mathilde et son pianiste, aux éditions les 2 encres.

 

L’histoire :

 

 L'auteur nous parle ici de ses vingt ans passés au Gabon. Sans nostalgie et parfois avec humour, elle s'exprime sur ce qui l'entoure, s'attardant sur des vues du pays, des situations souvent surprenantes, la vie de tous les jours, loin de certains clichés habituels. (Source éditeur)

 

Mon avis :

 

 Ce qui m’a profondément choqué dans ce témoignage d’une femme qui a  passé vingt ans en Afrique est qu’elle ne parle pas du tout des africains. Ils sont scandaleusement absents de ces pages, comme si Madame Makosso avait vécu là-bas dans une bulle à part, sans s’intégrer, sans se mélanger, à observer seulement de loin ce pays dont elle prétend ensuite donner une image plus juste que les médias français. Il faut le savoir : nous avons ici un récit écrit par une blanche, le point de vue d’une blanche qui se complaît à écouter de la musique classique dans sa voiture.

Finalement les moments où elle semble le plus  en harmonie avec le pays est quand elle s’évade loin de Libreville au cap Estérias, comme pour fuir cette ville qu’elle rêve de nettoyer de fond en comble de ses détritus. Ses propos sur la ville sont inintéressants : ils concernent les taxis, les grands hôtels, une excursion à Lambaréné

, Mbolo, le nom des quartiers de Libreville, les atangas… Autant de futilités qui ne donnent qu’une image superficielle de ce pays, de cette ville foisnnante et de ses habitants…

« Comment s’habiller ce matin ? Pleuvra-t-il encore ? Le ciel, surchargé, le laisse soupçonner. Dand le doute, comme sous  toutes les latitudes, j’embarque mon parapluie dans la voiture. Et m’habille finalement comme tous les jours, légère et sobre à la fois. » (p. 113)

De plus le style frise le scolaire, les phrases restant très basiques. Clou du récit, un chapitre entier « J’aime j’aime pas » digne des meilleures rédactions de collégiennes… En voici un florilège : « Je n’aime pas le dimanche soir, à cause du lundi matin. » « Je n’aime pas les mondanités. » « Je n’aime pas la banane verte, je l’aime mûre, tendre et sucrée. » « Je n’aime pas l’heure fatale où le moustique débarque, fatalement repoussant, jamais inoffensif. » « J’aime dire que j’ai vécu au Gabon. »

J’aurais envie de dire à cette charmante dame « Ceci non plus n’est pas l’Afrique. » Ce n'est qu'une vision fade et égocentrique de son séjour...

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Premières phrases :

 « Nous venions de faire connaissance. J’allais chez L. à la Cité Universitaire. Chez lui, c’est beaucoup dire : petite chambre impersonnelle dans laquelle il ne ferait que passer, entre son arrivée à Toulouse et son installation, avec moi, dans mon studio. »

 

Vous aimerez aussi :

Sur le Gabon : La bouche qui mange ne parle pas de Janis OTSIEMI  

 

D'autres avis :

http://lucmelmont.canalblog.com/archives/2010/05/01/17753856.html

http://lucmelmont.canalblog.com/archives/2012/05/06/24195266.html

http://lucmelmont.canalblog.com/archives/2010/11/03/19510378.html

 

Ceci n’est pas l’Afrique,  Récit d’une française au Gabon, Anne-Cécile Makosso-Akendengue, l’Harmattan, 2010, 137 p., 13.50 euros

Publié dans Récits de voyage

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Solitudes australes, chronique de la cabane abandonnée de David LEFEVRE

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

 

 « Et si je lève la tête pour un rien, c’est parce que j’ai besoin d’un monde qui m’étonne encore. » (p. 56)

 

 

L’auteur :

 

Né à Fougères en 1973, David Lefèvre interrompt ses études à 20 ans après une licence d’histoire-géographie. Après avoir travaillé un an comme gestionnaire dans une grande entreprise d’électronique, il boucle son sac avec l’idée d’aller chercher son université sur les routes. Un premier départ le conduit en Amérique du Nord. Après une traversée coast to coast des États-Unis, il randonne dans de nombreux parcs nationaux. Il parcourt notamment une partie de l’Arizona en compagnie d’un sculpteur de kashinas hopi qui cherche des racines de cotton wood dans les sables. En octobre 1994, il se rend au Mexique, dans la région du Chiapas alors en plein soulèvement zapatiste. Il côtoie les Indiens tzotzil en lutte contre le gouvernement central pour la défense de leurs droits. De retour à New York, il se retrouve sans argent et convoie des véhicules. Il parcourt plusieurs régions de France au rythme saisonnier des cueillettes et des récoltes de fruits (vignes dans le Beaujolais, pommes en Corrèze, mirabelles en Lorraine).

Il alterne ensuite divers petits boulots alimentaires dans l’idée de se frotter à la réalité précaire d’un monde pénible (opérateur sur presses à emboutir, peintre, chauffeur livreur) et des séjours en Asie (Turquie, Iran, Syrie, Ouzbékistan, Kirghizistan, Chine, Pakistan, Népal, Inde, Thaïlande, Malaisie). Il randonne en solitaire en Anatolie, au Rajasthan, dans le désert iranien du Dasht-e Kevir, réalise des treks classiques au Népal et excursionne sur d’anciens sentiers muletiers dans les monts Deosai, au nord du Pakistan. Une rencontre avec les aigliers des contreforts des Tian Shan constitue une autre expérience marquante.

En 2003, David Lefèvre se rend en Irlande sur les traces de Nicolas Bouvier qui y avait séjourné presque vingt plus tôt. Sur l’île d’Inishmore, il rencontre les deux personnages principaux du Journal d’Aran et recueille leurs souvenirs. Il se rend ensuite à la Bibliothèque publique de Genève et, sous l’égide d’Éliane Bouvier, explore les archives manuscrites et iconographiques de l’écrivain suisse. Cette escapade irlandaise associée à ce travail de recherche donne naissance à l’écriture d’un essai intitulé Dans le sillage d’un saumon genevois remontant à ses sources, qui sera publié dans la prestigieuse revue Europe en 2007. Auparavant, un autre séjour à Genève avait donné naissance à l’exposition Nicolas Bouvier, flâneur planétaire donnant à connaître à un large public le parcours multiple et l’œuvre de l’auteur genevois. Cette réalisation itinérante, toujours active à ce jour, a été régulièrement présentée dans divers espaces culturels, événements ponctuels et festivals à travers la France tels que les festivals Étonnants Voyageurs de Saint-Malo ou Artisans voyageurs à Angers.

Parallèlement, David Lefèvre continue à alterner voyages au long cours et sédentarité. Il exerce alors divers métiers. Il est initié aux techniques de la photographie à Udaipur, en Inde. Il est cuisinier en Angleterre et en Allemagne, barman puis berger en Irlande. Il commerce des pierres semi-précieuses.

De plus en plus attiré par les grands espaces, en 2003, il effectue un premier voyage en Amérique du Sud, au cours duquel il marche deux semaines dans les salars du Nord argentin et traverse le désert d’Atacama, au Chili, jusqu’à la côte Pacifique. En 2004, il se livre à une ascension du volcan Sajama, qui culmine à 6 542 mètres en Bolivie.
Entre 2005 et 2010, son attirance affirmée pour les forêts et les steppes argentines le pousse vers la Patagonie, où il effectue plusieurs séjours de trois à six mois. Depuis 2010, il réside au Chili, où il exerce d’abord une activité de photographe. Installé au bord d’un lac de l’île de Chiloé, dans une région où la nature demeure intacte, il s’adonne à une vie frugale proche de l’autosubsistance. Il s’interroge notamment sur les limites du concept de pauvreté volontaire. C’est une expérience propice à la réflexion, à la contemplation et donc à l’écriture. Parmi ses engagements, il entend sensibiliser le public aux dangers d’un projet de mégacentrales hydroélectriques par des entreprises privées sur les deux principaux fleuves de la Patagonie chilienne.

 

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Dans ses récits, David Lefèvre aime faire office de cueilleur de mémoire. Il privilégie l’enquête, le témoignage et, en particulier, la parole donnée aux anonymes.

(Présentation de l’éditeur)

 

L’histoire :

 

Lorsque David Lefèvre se retire seul dans une cabane au cœur de l’île de Chiloé, au Chili, son projet est simple : vivre une existence frugale et authentique, en harmonie avec les éléments. Au fil des saisons, il s’ancre entre lac et forêt, travaille la terre et retrouve le goût des tâches manuelles, de la pêche à la cueillette en passant par la charpenterie. Entre deux corvées de bois, le voyageur devenu sédentaire s’interroge sur son rapport au monde. Et si le bonheur consistait à se contenter de l’essentiel, en marge de la société consumériste ? La beauté et l’intensité de la vie sauvage deviennent une source inépuisable d’émerveillement. Le temps qui s’égrène, plus dense, consacre chaque geste, et de la solitude jaillit une ivresse qui demeure. Le récit de cette expérience, dans la pure tradition du nature-writing, est à la fois un hymne au Grand Dehors et une envoûtante méditation intérieure.

 

Ce que j’ai aimé :

 

Loin de toute civilisation tonitruante et souvent aliénante, l’auteur a choisi de se retirer dans une cabane au bord d’un lac, avec comme seuls compagnons la faune et la flore environnante. Il choisit alors une petite île chilienne, l'île de Chiloé, et cette expérience lumineuse qui lui permet de retrouver le monde et de l’embrasser dans toute sa plénitude.

 « C’était cela : être présent. Immobile. Comme une stèle au jardin des pierres. Laisser faire. Regarder. Ecouter. Avoir intensément désiré cet état. Se sentir décollé du sol, attiré comme une plante vers la clarté. » (p. 22)

 « Tant que les impératifs de l’âge de m’obligent pas à battre en retraite, je me tiens là, debout, et prends l’air du soir sous les variations du crépuscule. Dehors, un grillon grince, des mandibules mettent en pièces leurs victimes, des moucherons d’eau volettent au hasard, un bourdonnement s’enfuit vers le néant. » (p. 115)

 Occupé à retaper sa cabane, ses seules autres occupations consistent à chercher sa subsistance quotidienne, puis à observer ce qui l’entoure d’un œil neuf et émerveillé. A la fois soumis à ses sensations et à sa raison, cette expérience le pousse à une méditation intérieure florissante.

 « Faisons en nous la place au touchant, au léger, au sublime, au cosmique, à tout ce qui palpite et fait monter notre âme au ciel avant l’heure d’enterrer nos convictions, et de nous vautrer dans les habituels reniements de l’âge mûr une fois venue l’heure où le courage s’use, avant d’éprouver un jour cette fatigue de vieux soldats qui n’aspirent qu’au repos. » (p. 126)

  « Et pendant que l’homme exige un décorum à sa disposition, qu’il prend le monde comme une invention façonnée par lui, quel qu’en ait été l’architecte, des animaux franchissent les méridiens, engendrent leur descendance, s’éteignent sans qu’on s’inquiète de savoir s’ils ont assez vécu et si leur existence nous a été profitable. » (p. 51)

 Quelques écrivains l’accompagnent dans son monde : Giono et ses Vraies richesses, Henry Thoreau, Harry Martinson, Barry Lopez, John Haines, Annie Dillard… Autant de personnalités qui entretiennent un rapport fort à la nature et à la solitude. Néanmoins, il n’est pas sans rencontrer quelques chiliotes en chair et en os et c’est avec encore davantage d’ouverture et de plaisir qu’il partage alors quelques instants à leurs côtés.

 Quand il évoque sa vie d’avant, ses réflexions ont un arrière-goût désagréable :

 « Comme ceux que je côtoyais, j’étais moi aussi coupable de soumission volontaire. Naïf, j’ignorais que l’exploité se complaît parfois dans les griffes de l’exploitant et que chacun n’a pas envie de terrasser sa servitude et ses ignorances. Écueil de la modération : à force de s’effacer, on finit par disparaître. À cette époque, j’étais incapable de donner une direction à ma radicalité.

 Pour retrouver ma propre trajectoire, il me fallait d’urgence déserter cette mauvaise farce, faire le tri et regarder les solutions qui me restaient. Je décidai de ne plus disperser mon énergie dans le néant mais d’aller enfin ma pente naturelle : je voyagerais pour voir le monde et lui voler sa part de chaleur et d’humanité. Oui, c’était dit, j’irais rencontrer la planète, je disparaîtrais sous les cimes, je naviguerais sur le flot sauvage des cours d’eau avant de devenir un homme-machine, marqué et repéré. Je dévorerais l’espace à la poursuite de l’horizon. Comme un navire navigant à l’estime, je fouillerais l’inconnu démesuré. Cela répondait autant à une volonté profonde qu’à la nécessité de me mettre en retrait de mes aversions les plus indicibles. » (p.122-124)

 Dans un style digne des plus grands, David Lefevre partage avec son lecteur une existence frugale lumineuse, lui offrant un monde intact et fascinant. Les photographies au mitan du livre sont aussi là pour attester de ce petit miracle de bonheur.

  « N’est-il pas condamné à une certaine solitude l’être délicat qui sent le pouvoir du vent entre ses mains, la danse de l’abeille revigorante, le souffle de l’esprit qui habite le sous-bois. Qui croira ce que j’éprouve à écouter le chant d’un oiseau nocturne ou à passer une  nuit à marcher sous la pleine lune ? » p.143)

 Un récit inoubliable, fort, un indispensable du nature writing.

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Ce que j’ai moins aimé :

-Rien

 Premières phrases :

 « J’avais une fois encore traversé la Cordillère pour retrouver le sud du Chili, son ciel glacial et ses villages endormis. L’hiver semblait malgré tout rendre ses derniers souffles. Il ne tarderait pas à passer la main. C’est en abandonnant les gelées blanches d’Aisen pour une remontée de la Carretera austral, face aux îles pluvieuses des Fuaitecas, que les semaines et les mois écoulés sont revenus à ma mémoire. »

 Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Aux quatre vents de la Patagonie, En route pour la Terre de Feu

Autre : Une année à la campagne de Sue HUBBELL  ; Indian creek : un hiver au coeur des Rocheuses de Pete FROMM  

 

D’autres avis :

 

Transboreal ;

Dominique Lire et Merveilles  

 

Solitudes australes, chronique de la cabane abandonnée, David LEFEVRE, Transboréal, novembre 2012, 18.9 euros

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Publié dans Récits de voyage

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