Rencontre avec Pete FROMM

Publié le par Hélène

Samedi dernier, dans le cadre du challenge Gallmeister, nous avons eu la chance de rencontrer Pete Fromm, un auteur profondément humain et bienveillant.

Voici les questions qui lui ont été posées :

Vous semblez très proche de la nature dans vos romans, que pensez-vous du réchauffement climatique ? (oui ça commençait fort...)

Cela me terrifie, surtout que les politiciens aux EU et particulièrement dans le Montana où je vis sont mauvais sur ce chapitre. Pour preuve, une loi récente a été votée : il est impossible d'abroger des lois au nom de la défense de l'environnement ! Nous avons deux enfants, et franchement je ne sais pas quoi faire...

Avez-vous prévu un livre sur le sujet ?
Non, pas sur ce thème spécifiquement. Mais je viens de finir un roman dans lequel l'héroïne est touchée par ce sujet. Indian Creek permet aussi de sensibiliser les lecteurs au sujet...

Quelle importance a pour vous la rivière, que l'on retrouve dans nombre de vos romans ?

L'un des plus vieux conseils donnés aux écrivains est "écris sur ce que tu connais", donc j'ai suivi ce conseil. Et je trouve aussi que la rivière est une belle métaphore de la vie : elle coule toujours dans un sens, il n'est pas possible d'aller en arrière, quelquefois le flot est tumultueux, quelquefois calme, on est obligé de prendre les choses comme elles se présentent. J'aborde ce sujet dans mon roman Mon désir le plus ardent.

Repartiriez-vous pour refaire le voyage vers Indian Creek ?

Oui, sans hésiter, l'année suivante, j'ai voulu y retourner, mais le programme avait changé. J'y suis retourné dans une cabane, ce que je raconte dans Le nom des étoiles.

Comment parvenez vous à donner autant d'intensité à vos personnages ?

Je pars d'une idée simple au début, un couple par exemple, et s'il ne se passe rien ensuite, le lecteur va s'ennuyer. Les personnages prennent vie d'eux-mêmes ensuite, j'écris juste ce qu'ils se disent, ma femme dit même que quand je vais travailler, je vais retrouver "mes amis imaginaires".

Comment faites-vous pour vous glisser aussi bien dans la peau de personnages féminins ?
Quand je dis que je vois mes personnages, c'est vrai ! Je ne veux pas les décrire, je préfère que le lecteur se fasse sa propre idée. Le personnalités sont un bouquet d'émotions complexes, pour moi il n' y pas de différences entre les hommes et les femmes, les émotions sont universelles, on connait tous des moments durs ou joyeux, homme ou femme. Ce qui est important pour moi est de rendre ces moments avec exactitude, c'est ce qui constitue le coeur de mes histoires.

Y a t il des sujets que vous vous interdisez d'aborder ?

Non, encore une fois je ne choisis pas d'écrire une histoire précise, elle se présente à moi.

Quelles sont vos habitudes d'écriture ?
Etre écrivain n'est pas super cool, c'est assez répétitif : je me lève, écrit 4 ou 5 heures et c'est tout. Même le jour de Noël, je suis allé écrire, je ne sais pas me réveiller autrement. J'écris dans un bureau sans internet, sans journaux, sans radio.

Avez vous un roman que vous avez préféré écrire, et quel était le plus difficile à écrire ?
Difficile de répondre, c'est comme si on vous demandait quel est votre enfant préféré. Ils ont été tous été difficiles à écrire, et ils ont tous quelque chose que j'aime. Mon désir le plus ardent raconte une vie complète, donc avec une mort inéluctable à la fin. Je savais que le jour arriverait où je devrais donc faire mourir mon personnage mais quand c'est arrivé, j'ai été touché, sonné !

Avez-vous des auteurs préférés ou qui vous inspirent ?

je lis beaucoup et c'est donc difficile de répondre. J'ai pris il y a longtemps des leçons d'écriture et on m'a conseillé de lire Hemingway, Steinbeck et Mark Twain, que des écrivains mâles décédés ... Hemingway sait dire les choses simplement et Twain m'a appris à ajouter de l'humour pour désamorcer quelquefois une situation plus dramatique. J'aime Roddy Doyle qui est capable d'entremêler ainsi le tragique et l'humour. J'apprécie aussi les nouvelles de Keith Kennedy. Il n'y a pas tant d'écrivains américains que j'apprécie je trouve qu'ils poussent trop dans l'émotion plutôt que nous laisser ressentir ce qu'on veut. En France, j'ai lu Maylis de Kerangal, ou encore Franck Bouysse.

Que pensez vous de la censure de certains termes dans les romans ?

Je trouve cela ridicule : par exemple Mark Twain s'attaque à la notion de racisme il prend un jeune homme éduqué dans le racisme le plus pur, qui est sur cette rivière aux côtés d'un esclave et doit revoir ses préjugés, il devient ami avec lui. Dans le livre le mot "nègre " a été banni alors qu'à l'époque c'était le seul mot utilisé pour parler des gens de couleurs. C'est ridicule.

Quel sera le titre de votre prochain roman ?

"L'impératrice de l'air" pour la traduction française mais généralement Oliver trouve à redire à mes titres et les modifient... Pour Une vie en chantier, j'avais choisi "un métier que tu ne sauras pas faire" et Oliver a dit non, donc ce titre n'est pas forcément le bon..

Avez vous déjà songé à écrire pour la jeunesse ?

Les histoires que je raconte à mes enfants sont  destinées à les endormir et à dire vrai je n'ai pas envie d'écrire des histoires soporifiques ...

Lisez vous d'autres auteurs du Montana, comme Rick Bass par exemple ?
Oui bien sûr, sinon il me sera difficile de les croiser ensuite dans la ville et de faire semblant d'avoir lu leurs livres... J'ai rencontré David Vann, j'ai tourné avec lui d'ailleurs, c'est un des hommes les plus drôles que j'ai rencontrés, ce qui est surprenant vu ce qu'il écrit (cf Sukkwan island)

Rencontrez-vous un succès particulier en France ? avez vous aussi du succès au Japon ou en Allemagne ?
Je ne suis pas publié au Japon. Je tourne en Italie, Espagne. Mais j'apprécie les tournées en France, ces tournées sont extraordinaires. Aux EU quand on fait une tournée, souvent il n'y a que 3 ou 4 personnes lors de la rencontre dans la librairie, dont l'un qui demande où trouver le prochain Stephen King et l'autre qui est rentré parce qu'il faisait froid dehors... Aux EU on nous balance face au lecteur sans présentation, le jour même de la sortie du livre si bien que personne ne l'a lu encore.

Comment vous sentez-vous en ville ?

Tout dépend de la taille de la ville. Missoula est une ville de 70000 personnes, je vis dans une rue tranquille, j'aime bien. J'aime être dans la nature, tout ce à quoi on doit faire attention on y fait attention, c'est un endroit où on peut se concentrer sur tout, alors qu'en ville, souvent, le but est d'ignorer tout ce qui se passe, tout ce qui nous entoure.

Merci encore à Nathalie et Anthony pour l'invitation !

Pour en savoir plus sur le challenge, c'est ici : https://www.instagram.com/challengegallmeister/

Ses romans ici : Indian creek ♥ ♥ ♥. Avant la nuit ♥ ♥ ♥; Le nom des étoiles ♥ ♥ ♥

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S
Super, ça m'a fait plaisir de lire les réponses de Peter Fromm que j'ai découvert dernièrement avec "mon désir le plus ardent"
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C
Merci pour cette retranscription, que j'ai plaisir à relire :) j'ajouterais même que pour le titre que Pete avait donné à 'la vie en chantier" Oliver lui à dit que ' c'était le pire titre de de toute tous les temps " MDR.<br /> Heureuse d'avoir enfin fait ta connaissance en vrai après tout ce temps.
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A
Merci infiniment pour ce partage. Les rencontres avec les auteurs sont souvent pleines d'enseignement et en dévoilent parfois autant qu'un livre sur leur personnalité.
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