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rencontres litteraires

Rencontre avec Nicolas Mathieu

Publié le par Hélène

Mardi 12 novembre la médiathèque d'Enghien les Bains organisait une rencontre avec Nicolas Mathieu. Rencontre inspirante qui a permis de mieux connaître l'écrivain.

Le ciel ouvert est le premier récit autobiographique de l'auteur, qui se présente sous la forme d'un recueil de micro-fictions publiées sur Instagram et adressées à son amour clandestin.

"Il s'agissait d'une déclaration d'amour à quelqu'une. Rappelons que cette relation était illicite puisque la jeune femme était mariée, ainsi les posts sur Instagram permettaient de lui déclarer "vois comme je t'aime même si tu es loin". Les mots pouvaient suppléer au silence imposé par l'infidélité. Chaque like était comme une preuve que cette relation avait de la valeur. Puis cela devient une chronique. Les réseaux sociaux me permettent de mettre en mots des idées qui restent vagues tant qu'elles ne sont pas incarnées dans des mots. C'est un moyen de fixer des d'émotion et de pensées.

Pour moi, parler de l'intime n'est pas impudique car si cela est bien conçu, toute plongée dans l'intime se hausse vers quelque chose de collectif.

Dans ce recueil, j'évoque aussi mon fils de 11 ans. Pour moi, la vie est toujours un peu au-dessus de nos forces. Être père est aussi difficile, mais intense. Je suis marqué en effet par le passage du temps, je vis les choses au futur antérieur en me disant "ça aura été". Je tente de retenir le sable qui coule inexorablement entre nos doigts.

Mon père était un taiseux, j'ai constaté l'inefficacité du langage entre mes parents, comme si la langue ne pouvait pas aller chercher ce qui est fondamental. L'écriture est là pour tenter de combler ces silences. Je mets des mots sur ce qui n'était pas dit quand j'étais enfant. C'est une forme de thérapie, même si je vois aussi un psy, et d'ailleurs mes livres me permettent de régler mon psy...

Ce thème du temps qui passe est un motif qui me hante et que l'on retrouve dans tous mes livres, le vrai personnage de mes romans jusqu'à un certain point est là, dans le passage du temps, la mélancolie. Le texte est un climat, un agencement de sensations dans lequel on entre, et je voulais montrer combien le temps qui passe peut affecter. Je vis avec l'idée constante de ce "c'est déjà fini".

La littérature doit faire prendre conscience, elle doit nous désespérer pour nous faire agir en connaissance de cause, pour qu'on comprenne que notre temps n'est pas infini et qu'il ne faut rien lâcher, il faut se cabrer. Elle n'est pas là pour nous remonter le moral, on est là pour en découdre, pour se battre !"

Connemara raconte la relation entre deux personnages aux trajectoires très différentes : Hélène est un modèle de réussite, de succès quand Christophe se laisse vivre.

"Ce roman est une réflexion sur la réussite, sur la question de savoir ce que signifie l'accomplissement. J'ai créé deux personnages aux trajectoires différentes pour réfléchir sur cette réussite. Au lieu de faire un essai, je crée un personnage et je vois ce qui arrive. Hélène incarne une certaine idéologie managériale que j'ai pu subir par le passé. Mes personnages sont aussi une façon de me venger de ce qui m'accable au quotidien."

L'écrivain au travail :

"Pour moi l'écriture n'est pas un don initial, elle demande des efforts, un apprentissage, un entrainement. Elle demande disponibilité et discipline. Elle est comme un muscle. Pour me relancer entre deux romans, cela me coûte à chaque fois. Il s'agit d'un métier dans le sens où on a acquis des compétences, mais à chaque fois, on est face à sa nullité car en écriture il existe beaucoup de mauvais gestes. Je réécris beaucoup. "

La solitude des personnages :

"On a tous des moments, surtout le dimanche, où on regarde sa vie et on se sent seul face à elle. Mais la solitude et l'ennui ont des fonctions d'élucidation de la réalité qui nous aide à faire les bons choix. Si nous sommes toujours dans le divertissement, on ne voit pas ce qui se passe dans notre vie, pour choisir ce qu'on doit faire, cela exige de l'ennui."

Leurs enfants après eux :

"Il est adapté au cinéma en ce moment. Je n'ai pas contribué au scénario des frères Boukherma. Je voulais juste que ce soit une fresque, pas seulement un petit film social, je voulais un souffle, une ivresse, beaucoup de musique."

Le prix Goncourt :

"Le recevoir c'était cap Canavéral, vous décollez pendant deux ans, toute votre vie change en une journée vous vendez beaucoup plus, le regard des gens change sur vous. On devient un objet, comme Miss France, on vous fait tourner, il faut faire le job dans les salons mais après il faut se remettre à bosser, et là c'est dur. On sait qu'on ne fera plus jamais autant de ventes, et c'est difficile à digérer. On vous attend au tournant, on sait qu'on fera un truc moins bon. Il faut avoir une bonne santé mentale, et avouons-le, ce n'est pas tout à fait mon cas..."

Ses livres en ces pages : Leurs enfants après eux ♥ ♥ ♥ ♥ ; Le ciel ouvert ♥ 

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Rencontre Babélio avec Hemley Boum

Publié le par Hélène

Hemley Boum est une autrice camerounaise qui a publié en 2010 son premier livre Le clan des femmes. Elle publie son dernier roman Le rêve du pêcheur.

L'histoire débute à Campo, petit village de pêcheur. Pourquoi le choix de ce lieu ? C'est un petit village au sud est du Cameroun au bord de l'Atlantique en face d'autres pays. Des allemands y ont vécu puis les français et les anglais, c'est un lieu de rencontres, et cela s'entend avec la langue. J'étais de passage à Campo et j'ai découvert cet endroit sublime, sauvage, saisissant et profondément romanesque. Le lieu est venu avant le personnage, quand je suis arrivée en fin de soirée, les pirogues rentraient de la pêche, et le pêcheur est né de cette vision. Je suis restée quelques jours et j'ai compris ce qu'était ce lieu.

Votre roman est-il une dénonciation de cette mondialisation qui tue à petit feu le travail des pêcheurs ?
Je suis romancière, j'écris sur les gens , je veux leur donner une consistance, et je regarde l'impact des évènements sur eux. On ne peut pas démondialiser, on ne peut pas fantasmer un passé révolu, on peut juste constater l'impact sur les gens. La question est de savoir ce que nous faisons de ce qu'on a puisque il est impossible de revenir en arrière.

Zackary est un être de mémoires ? Je parle plutôt d'archivage, les histoires s'inscrivent en nous sans qu'on en soit conscient. Zackary aurait pu mourir mais quelque chose en lui l'a poussé vers autre chose vers une lumière qui est une intuition ? Ou autre chose, on ne sait pas...L'amour provoque cette intuition chez Zack. Il doit reprendre possession de lui-même et de sa vie en revenant vers ses racines.

La vie est dure pour les rêveurs, le chemin n'est pas simple. Les contrariétés du destin seront aussi sa chance.

J'ai souhaité formé deux destins en miroir, c'était important pour moi pour montrer combien on porte en soi un héritage et il faut savoir ce qu'on transporte en soi, trouver des réponses aux questions pour se retrouver.

Les femmes sont elles fortes et les hommes lâches dans votre roman ?

Non, les uns et les autres sont plus nuancés. Yalana est brutale avec sa fille, Dorothée est absente et est même dangereuse pour son fils. Julienne est faible aussi, car quand son homme vacille, elle lui dit qu'il peut partir. Elles restent malgré tout, elles sont là elles ne fuient pas, même quand elles partent, elles reviennent c'est ce qui permet aux hommes d'être sauvés car ils peuvent revenir. Je voulais des hommes aimés et je voulais qu'ils aient des filles. Les femmes font ce qu'elles doivent, elles protègent les leurs. Sans la communauté, elle n'est rien. 

Je vous invite à découvrir ce beau roman qui ancre les destins dans la terre !

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Rencontre avec Pete FROMM

Publié le par Hélène

Samedi dernier, dans le cadre du challenge Gallmeister, nous avons eu la chance de rencontrer Pete Fromm, un auteur profondément humain et bienveillant.

Voici les questions qui lui ont été posées :

Vous semblez très proche de la nature dans vos romans, que pensez-vous du réchauffement climatique ? (oui ça commençait fort...)

Cela me terrifie, surtout que les politiciens aux EU et particulièrement dans le Montana où je vis sont mauvais sur ce chapitre. Pour preuve, une loi récente a été votée : il est impossible d'abroger des lois au nom de la défense de l'environnement ! Nous avons deux enfants, et franchement je ne sais pas quoi faire...

Avez-vous prévu un livre sur le sujet ?
Non, pas sur ce thème spécifiquement. Mais je viens de finir un roman dans lequel l'héroïne est touchée par ce sujet. Indian Creek permet aussi de sensibiliser les lecteurs au sujet...

Quelle importance a pour vous la rivière, que l'on retrouve dans nombre de vos romans ?

L'un des plus vieux conseils donnés aux écrivains est "écris sur ce que tu connais", donc j'ai suivi ce conseil. Et je trouve aussi que la rivière est une belle métaphore de la vie : elle coule toujours dans un sens, il n'est pas possible d'aller en arrière, quelquefois le flot est tumultueux, quelquefois calme, on est obligé de prendre les choses comme elles se présentent. J'aborde ce sujet dans mon roman Mon désir le plus ardent.

Repartiriez-vous pour refaire le voyage vers Indian Creek ?

Oui, sans hésiter, l'année suivante, j'ai voulu y retourner, mais le programme avait changé. J'y suis retourné dans une cabane, ce que je raconte dans Le nom des étoiles.

Comment parvenez vous à donner autant d'intensité à vos personnages ?

Je pars d'une idée simple au début, un couple par exemple, et s'il ne se passe rien ensuite, le lecteur va s'ennuyer. Les personnages prennent vie d'eux-mêmes ensuite, j'écris juste ce qu'ils se disent, ma femme dit même que quand je vais travailler, je vais retrouver "mes amis imaginaires".

Comment faites-vous pour vous glisser aussi bien dans la peau de personnages féminins ?
Quand je dis que je vois mes personnages, c'est vrai ! Je ne veux pas les décrire, je préfère que le lecteur se fasse sa propre idée. Le personnalités sont un bouquet d'émotions complexes, pour moi il n' y pas de différences entre les hommes et les femmes, les émotions sont universelles, on connait tous des moments durs ou joyeux, homme ou femme. Ce qui est important pour moi est de rendre ces moments avec exactitude, c'est ce qui constitue le coeur de mes histoires.

Y a t il des sujets que vous vous interdisez d'aborder ?

Non, encore une fois je ne choisis pas d'écrire une histoire précise, elle se présente à moi.

Quelles sont vos habitudes d'écriture ?
Etre écrivain n'est pas super cool, c'est assez répétitif : je me lève, écrit 4 ou 5 heures et c'est tout. Même le jour de Noël, je suis allé écrire, je ne sais pas me réveiller autrement. J'écris dans un bureau sans internet, sans journaux, sans radio.

Avez vous un roman que vous avez préféré écrire, et quel était le plus difficile à écrire ?
Difficile de répondre, c'est comme si on vous demandait quel est votre enfant préféré. Ils ont été tous été difficiles à écrire, et ils ont tous quelque chose que j'aime. Mon désir le plus ardent raconte une vie complète, donc avec une mort inéluctable à la fin. Je savais que le jour arriverait où je devrais donc faire mourir mon personnage mais quand c'est arrivé, j'ai été touché, sonné !

Avez-vous des auteurs préférés ou qui vous inspirent ?

je lis beaucoup et c'est donc difficile de répondre. J'ai pris il y a longtemps des leçons d'écriture et on m'a conseillé de lire Hemingway, Steinbeck et Mark Twain, que des écrivains mâles décédés ... Hemingway sait dire les choses simplement et Twain m'a appris à ajouter de l'humour pour désamorcer quelquefois une situation plus dramatique. J'aime Roddy Doyle qui est capable d'entremêler ainsi le tragique et l'humour. J'apprécie aussi les nouvelles de Keith Kennedy. Il n'y a pas tant d'écrivains américains que j'apprécie je trouve qu'ils poussent trop dans l'émotion plutôt que nous laisser ressentir ce qu'on veut. En France, j'ai lu Maylis de Kerangal, ou encore Franck Bouysse.

Que pensez vous de la censure de certains termes dans les romans ?

Je trouve cela ridicule : par exemple Mark Twain s'attaque à la notion de racisme il prend un jeune homme éduqué dans le racisme le plus pur, qui est sur cette rivière aux côtés d'un esclave et doit revoir ses préjugés, il devient ami avec lui. Dans le livre le mot "nègre " a été banni alors qu'à l'époque c'était le seul mot utilisé pour parler des gens de couleurs. C'est ridicule.

Quel sera le titre de votre prochain roman ?

"L'impératrice de l'air" pour la traduction française mais généralement Oliver trouve à redire à mes titres et les modifient... Pour Une vie en chantier, j'avais choisi "un métier que tu ne sauras pas faire" et Oliver a dit non, donc ce titre n'est pas forcément le bon..

Avez vous déjà songé à écrire pour la jeunesse ?

Les histoires que je raconte à mes enfants sont  destinées à les endormir et à dire vrai je n'ai pas envie d'écrire des histoires soporifiques ...

Lisez vous d'autres auteurs du Montana, comme Rick Bass par exemple ?
Oui bien sûr, sinon il me sera difficile de les croiser ensuite dans la ville et de faire semblant d'avoir lu leurs livres... J'ai rencontré David Vann, j'ai tourné avec lui d'ailleurs, c'est un des hommes les plus drôles que j'ai rencontrés, ce qui est surprenant vu ce qu'il écrit (cf Sukkwan island)

Rencontrez-vous un succès particulier en France ? avez vous aussi du succès au Japon ou en Allemagne ?
Je ne suis pas publié au Japon. Je tourne en Italie, Espagne. Mais j'apprécie les tournées en France, ces tournées sont extraordinaires. Aux EU quand on fait une tournée, souvent il n'y a que 3 ou 4 personnes lors de la rencontre dans la librairie, dont l'un qui demande où trouver le prochain Stephen King et l'autre qui est rentré parce qu'il faisait froid dehors... Aux EU on nous balance face au lecteur sans présentation, le jour même de la sortie du livre si bien que personne ne l'a lu encore.

Comment vous sentez-vous en ville ?

Tout dépend de la taille de la ville. Missoula est une ville de 70000 personnes, je vis dans une rue tranquille, j'aime bien. J'aime être dans la nature, tout ce à quoi on doit faire attention on y fait attention, c'est un endroit où on peut se concentrer sur tout, alors qu'en ville, souvent, le but est d'ignorer tout ce qui se passe, tout ce qui nous entoure.

Merci encore à Nathalie et Anthony pour l'invitation !

Pour en savoir plus sur le challenge, c'est ici : https://www.instagram.com/challengegallmeister/

Ses romans ici : Indian creek ♥ ♥ ♥. Avant la nuit ♥ ♥ ♥; Le nom des étoiles ♥ ♥ ♥

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Rencontre avec Nathaniel Ian Miller

Publié le par Hélène

Nathaniel Ian Miller est l'auteur d'un premier roman remarqué intitulé L'odyssée de Sven qui raconte l'histoire de Sven, fuyant une vie contemporaine abrutissante pour se retirer dans une cabane au coeur du Spitzberg, une île appartenant à l'archipel norvégien de Svalbard. Cet archipel est situé à l'intérieur du cercle polaire. Si sa première année est décevante, il s'adapte peu à peu à cette vie hors du commun.

Il est indiqué que vous avez découvert la cabane de Sven lors d'une résidence d'auteur. Que faisiez-vous là-bas ? Dans l'archipel ?

Je voulais aller en arctique car je suis aussi fasciné par les explorateurs polaires, mais en tant que touriste cela coûtait cher et ce n'était pas ce que je cherchais. J'ai donc trouvé cette résidence d'artiste à bord d'une trois mâts avec des escales. Il faut savoir tout de même que c'est une expérience payante, chère aussi, j'ai dû lever des fonds pour partir. Lors d'une de ces escales j'ai découvert la cabane du vrai Sven, je suis rentré et j'ai vu les reliques de son passé, des allumettes, divers petits objets. J'ai eu envie de raconter cette vie d'isolement. On connait très peu de la vie de Sven, j'ai donc inventé à partir de ces reliques.

Que connait on du vrai Sven ? Vous êtes vous beaucoup documenté sur son histoire et sur l'arctique en général ?

Je savais peu de choses avant d'écrire, j'en ai appris davantage par la suite mais je suis heureux de ne pas avoir su avant : j'ai appris notamment que Sven n'était pas toujours très élégant avec les femmes, ou encore qu'à sa mort il a eu des funérailles magnifiques dans la ville voisine de sa hutte. Ce n'était pas mon Sven...

En ce qui concerne l'arctique j'ai beaucoup lu à propos des explorations des pôles mais je ne connais rien sur la chasse et le trappage, j'ai donc beaucoup inventé. En France, quand j'ai travaillé avec ma traductrice Mona de Pracontal, elle me posait de nombreuses questions sur les termes précis employés et elle-même faisait des recherches sur Internet pour mieux comprendre. Elle m'a d'une certaine manière sorti de mon ignorance...

Y a t il de vous en Sven ? Avez-vous été tenté par cet isolement dans une cabane ?

J'ai mis de moi en Sven, beaucoup plus que je ne le voudrais et pas forcément les meilleurs parts. J'ai vécu dans un grand isolement étant plus jeune jusqu'à effectivement ressentir cette sensation de devenir un bout de bois... J'étais dans une tour de guet, j'en avais rêvé mais cela devenait horrible. Honnêtement, je ne pourrais pas vivre ce qu'il vit, je pense qu'il a eu de la chance, parce qu'il ignorait les techniques de survie.

Le titre original est the Memoirs of Stockholm Sven. Pourquoi ce titre ? Pourquoi un titre différent en France ?

La première personne m'est venue naturellement, cela faisait sens pour lui quand il décrit cette sensation de vivre comme une pierre, et j'ai commencé à écrire ce passage d'ailleurs qui devait être un prologue. La première personne est un bon choix car Sven est honnête et le lecteur suit ainsi son chemin de pensée. Je voulais de plus le rendre observateur de ce qui l'entourait.

Le titre a été changé en France, car comme l'explique sa directrice éditoriale Maÿlis de Lajugie le terme "mémoires" en français est marqué : il s'agit plus des souvenirs d'une personne qui a réellement existé, un personnage réel qui raconte sa vie et rencontre. Ici l'histoire de Sven tient plus de l'épopée.  De plus ce roman lui avait fait penser à l'Odyssée de l'Endurance, donc cela faisait sens.
 

Sven est un personnage toujours poussé par les autres, est ce que ce ne serait pas ces autres qui finalement l'amènent à être lui-même ?

Oui, il accepte les décisions que les autres prennent pour lui, il n'est pas vraiment moteur de sa propre vie, il se considère souvent comme la personne la moins intéressante de la pièce. Il se construit peu à peu et développe une confiance en lui et devient quelqu'un de moteur, il commence à prendre des décisions par la suite, peut-être trop tard...

Avez vous écrit d'autres livres ?

Il s'agit de mon second livre mais le premier publié. Peut-être un jour lirez-vous le premier, mais il est beaucoup plus sombre. Il est assez similaire avec ces thématiques de l'isolement, de l'aliénation, mais l'Odyssée de Sven est plus humaine, les personnages sont plus drôles, plus humains.

J'aimerais voir publié ce premier livre, mais mon agent et mon éditeur me disent que cela risque de décontenancer les lecteurs qui ont apprécié l'Odyssée de Sven car l'amitié, la chaleur et l'espoir qui portent Sven sont absents du premier roman. Il est très différent, il évoque une réalité plus dure et nue.

Vous laissez ouverte la fin concernant la nièce de Sven. Pourquoi ce choix ?

J'ai ma propre idée de ce qui lui arrive, mais je voulais que le lecteur puisse imaginer sa propre suite, je voulais qu'elle continue à vivre dans son coeur. Peut-être un jour reprendra-t-elle le flambeau et vous pourrez lire la suite de ses aventures...

Quelle est la place de la nature dans votre roman ?

Au départ je voulais écrire du nature writing et non pas une fiction. J'ai besoin de voir pour écrire donc je suis allé à l'endroit en question. Rien ne m'attire a priori dans ces paysages froids et hostiles et pourtant mon prochain roman se situe en Islande, dans des espaces désolés aussi, donc j'ai au fond de moi une fascination pour ces espaces sublimes dans lesquels on se perd et devant lesquels nos problèmes deviennent si minimes... Néanmoins j'ai eu mon comptant de ces paysages, je vis au fin fond du Vernon dans une ferme, et sept mois de l'année la neige recouvre tout, cela ressemble à l'arctique. J'habite à côté d'une ville qui s'appelle Montpelier et j'envisage de m'y installer car le temps y est meilleur.

Quelle est la place de la musique dans votre roman ?

J'aime beaucoup la musique en général et il fallait qu'elle soit présente dans le roman. J'ai choisi de mentionner Dvorak car c'est un compositeur que j'apprécie, il est sombre, il remue quelque chose en moi de réflexif, qui me parle plus que d'autres compositeurs.

Merci à Babélio pour cette belle rencontre !

tous les livres sur Babelio.com
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Rencontre avec Carole FIVES

Publié le par Hélène

Nous avons eu la chance de rencontrer en petit comité Carole FIVES lors du Forum Fnac Livre ce week-end pour son roman Tenir jusqu'à l'aube chez Gallimard dont voici la présentation : "Une jeune mère célibataire s'occupe de son fils de deux ans. Du matin au soir, sans crèche, sans famille à proximité, sans budget pour une baby-sitter, ils vivent une relation fusionnelle. Pour échapper à l'étouffement, la mère s'autorise à fuguer certaines nuits. À quelques mètres de l'appartement d'abord, puis toujours un peu plus loin, toujours un peu plus tard, à la poursuite d'un semblant de légèreté.
Comme la chèvre de Monsieur Seguin, elle tire sur la corde, mais pour combien de temps encore? "

Pourquoi choisir ce thème ?

Non, ce roman ne parle pas de ma vie... Je voulais parler de ces mères solos, de leur solitude profonde et de leurs difficultés.

J’ai cherché des faits divers, et je n’ai pas trouvé grand chose hormis des cas d’abandon, très ponctuels, par exemple, une jeune mère laisse ses enfants seuls au Mac Do toute une soirée… et vient les récupérer vers 23h, c’est la police qui l’accueille. C’est des petites choses, mais qui d’après moi en disent beaucoup sur les charges, les servitudes qui pèsent sur les femmes aujourd’hui.

J’ai voulu tordre le cou dans ce roman au cliché de la Mère Courage, ou de la mère sacrificielle, qu’on présente habituellement lorsqu’on parle des mères célibataires. Et monter une femme qui ressemblait plus dans son quotidien à celles qui m’entouraient.

 

Si cette femme se retrouve seule dans cette ville, c’est qu’elle y a rejoint le père de son fils, et qu’après la séparation, elle ne peut pas se décider à partir. Elle attend un signe de lui.

Pourquoi cette référence à la Chèvre de Monsieur Seguin ?

Parallèlement, je lisais ce conte à mon fils. Je déteste ce conte qui parle des femmes et est profondément anti féministe. J'ai rapidement fait le lien avec cette mère solo emprisonnée.

Qu'avez-vous penser en visitant les forums ?

Pour le roman, j'ai effectivement fréquenter ces forums de maman. J'y ai vu beaucoup de jugements, "Si tu n'y arrives pas, c'est que tu ne sais pas t'organiser". Mais non ! C'est un problème structurel, pas un problème d'organisation. Sur ces forums, on ne s'avoue pas ses failles, il y a peu de bienveillance, peu d'entraide.

Quelles seraient les solutions à envisager pour pallier à cette situation des femmes solos ?

Pour le moment les pères ont seulement le droit de visite et doivent verser une pension alimentaire. Si l'on reste sur ce schéma, les aides doivent être plus conséquentes et la priorité pour la crèche doit être donnée à ces parents solos. Actuellement rien n'oblige à rester parent quand on se sépare. Il faudrait que la loi prenne ce problème à bras le corps.

Quels retours avez-vous eu après la parution du roman ?

Beaucoup de retours d'hommes étonnamment. Des femmes aussi, qui se confiaient et m'avouaient qu'il leur arrivait de mettre en danger leur enfant à cause de cette solitude subie. Nous sommes dans une société individualiste, avant la famille était au sens élargi, maintenant les familles sont isolées, séparées, géographiquement souvent. Ces femmes n'ont personne sur qui s'appuyer.

Pourquoi ce choix de couverture ?

C'est une photographie de Anni Leppala, j'ai demandé à l'éditeur de choisir une de ses photos pour la couverture de mon roman, ils ont choisi celle-ci. Toutes ses photos sont magnifiques.

Pourquoi aborder aussi ce thème de la violence conjugale ?
C'est un thème qui me tient à coeur. D'ailleurs je travaille sur une pièce de théâtre actuellement sur ce thème. Elle sera en janvier au théâtre de la Pépinière dans le cadre du Paris des Femmes.

A lire : Tenir jusqu'à l'aube

Du même auteur : Une femme au téléphone ♥ ;  Quand nous serons heureux ; C'est dimanche et je n'y suis pour rien ♥ ; Ca nous apprendra à naître dans le nord

 

Merci à l'agence Anne et Arnaud et au service communication chic et choc de la Fnac pour cette belle rencontre ! et merci à Benoît de A l'ombre du Noyer, Eva du blog Tu vas t'abîmer les yeux, Séverine de Blablamia, Camille de Mémoires du vivant, Nath du Boudoir de Nath, Audrey Du Souffle des mots et les autres blogueurs pour ce beau moment partagé

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Rencontre avec Olivier Bourdeaut

Publié le par Hélène

Lundi dernier nous avons pu rencontrer Olivier Bourdeaut, le talentueux auteur de En attendant Bojangles et de Pactum Salis dans les salons de Ladurée Royale à Madeleine. La rencontre était organisée par La Fnac qui avait également convié certains de ses adhérents, et elle était menée par Karine Papillaud. Ce fut l'occasion de revenir sur le parcours atypique de cet écrivain au charme indéniable.

"Un jour je ferai un coup d'éclat"

Mauvais élève, je rassurais mes parents en leur certifiant qu'un jour, je ferai un coup d'éclat donnant un sens à toutes les lacunes accumulées. J'ai écrit En Attendant Bojangles en deux mois en Espagne. S'il a tout d'abord été refusé par les éditeurs, il a fini par rencontrer un succès foudroyant.

Pactum salis

Pactum salis signifie que l'amitié est un pacte de sel, et ce titre n'est pas représentatif du roman puisque les amitiés du roman sont fortement contrariées. J'ai personnellement des relations apaisées avec mes amis, contrairement aux personnages du roman !

Dans Pactum Salis les deux personnages s'opposent. Ils ont deux métiers antagonistes : l'un est agent immobilier et court après l'argent, l'autre est paludier, en accord avec la nature. Chacun a fait ses choix, et tous deux sont heureux, satisfaits de leur vie. Humour, étincelle, rugosité, voilà ce que j'attendais de cette rencontre et puis leur rencontre m'a échappé. Michel est moins sympathique a priori mais finalement son ridicule le rend attachant.

Le personnage d'Henri

Lui aussi est un personnage qui s'est imposé comme un "Dédé", c'est à dire un débauché de droite. J'en avais assez de cette scission entre deux groupes, les bobos et les beaufs, j'ai donc inventé les "Dédés" pour montrer qu'il y a d'autres tribus.

Des projets dans d'autres domaines ?

Non, je ne souhaite pas faire autre chose qu'écrire mes romans ! En France sitôt que vous faites quelque chose de bien, on vous propose de faire autre chose, d'écrire des articles pour les journaux, des pièces de théâtre. J'ai trouvé en quoi je suis bon, pourquoi aller ailleurs, je préfère me concentrer sur quelque chose que j'arrive à faire pas trop mal. Et puis j'aime l'écriture aussi parce que c'est une activité solitaire qui me convient très bien.

L'amour de la langue

J'aime le vocabulaire suranné, je déteste les anglicismes. Je dis cela et pourtant mon prochain roman aura un titre anglais mais j'ai réussi à justifier ce titre par une pirouette pour avoir la conscience tranquille.  Je suis admiratif de la façon dont ma grand-mère s'exprimait, ce vocabulaire châtié, ces tournures de phrases syntaxiquement parfaites. Cela a disparu. La langue n'est plus le support de l'élégance, il doit y avoir à notre époque plus de fond que de forme.  Je suis déçu par cet effondrement de la langue et de l'esprit. Un premier ministre fait maintenant des tweets avec ces émoticônes et c'est une grande défaite si une simple boule jaune donne le fond de la pensée. C'est catastrophique !

Le travail des éditeurs

Sur Bojangles les éditeurs ont enlevé dix lignes pour Pactum salis j'ai eu plus de travail, un mois et demi environ. L'éditeur dirige le travail, il nous guide avec honnêteté, par exemple je  rajoutais des fioritures à la fin de chaque chapitre et mon éditeur m'a conseillé de les supprimer pour un effet plus efficace. Dans En attendant Bojangles le garçon disait toujours "Et tout et tout et tout" et je ne m'en rendais pas compte. Néanmoins pour Pactum Salis je regrette une scène qui a : c'était une scène désuète avec un curé, je la trouvais charmante.

Le prochain roman

Je l'ai en tête mais il n'est pas encore écrit. Il se passera aux Etats-Unis. Mais actuellement je suis dans une frénésie qui nuit à mon écriture. J'ai besoin de me retirer de cette vie trépidante et d'ingérer tout ce que j'ai vécu. Avant j'avais du temps mais pas d'argent maintenant c'est l'inverse. L'écriture vient aussi de l'ennui et de l'observation. De fait je pense que mon prochain roman ne sortira que dans trois ans.

Pour conclure

Je laisserai le dernier mot à la maman d'Olivier Bourdeaut qui était présente :

"Il ne faut jamais désespérer de ses enfants : Olivier était plutôt mauvais élève, puis il a éprouvé des difficultés à trouver sa voie, mais finalement, il n'a pas menti et il a fini par accomplir son coup d'éclat !"

 

A lire : En attendant Bojangles et Pactum Salis

 

A déguster : Le ISPAHAN de chez Ladurée

 

 

Merci à Julie et à la Fnac pour l'invitation et à Eva pour sa radieuse compagnie.

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Rencontre avec Claudie Gallay

Publié le par Hélène

Jeudi dernier avait lieu une rencontre avec Claudie Gallay initiée par Aliette Armel dans le cadre du Livre forum

Claudie Gallay a évoqué son dernier roman La beauté des jours 

Aller au bout de soi et de ses décisions

Voici la leçon de Marina Abramovic dont je parle dans ce roman. Elle parle de ses passions avec son corps. J'ai découvert cette artiste grâce à un article dans Télérama, et je suis "tombée en amour". Marina a vécu 17 ans de passion avec Ulay, même pour se séparer, ils se sont mis en danger. Comment une artiste en danger fascine-t-elle quelqu'un qui est du côté de la sécurité ? Jeanne n'est pas du tout dans l'audace, elle est dans la prudence retenue. Marina est un miroir de ce qu'elle aimerait être ou faire.

Marina n'a pas choisi sa façon de vivre, elle s'est appuyée sur son enfance, sur ses parents autoritaires, elle voulait prouver qu'elle était capable de réussir. Et elle réussit. Il y a un an dans un entretien, alors qu'elle était au summum de son art, elle a dit qu'elle donnerait beaucoup pour se lever le matin, être là avec quelqu'un, boire un café, lire le journal et juste parler de ce qu'on va faire aujourd'hui. Elle rêve d'un quotidien banal en somme. Et Jeanne a cela, cette monotonie, ce quotidien réglé.

L'art fait résonner la vie

L'art contemporain est présent dans d'autres de mes romans, par exemple dans Seule Venise avec le peintre Zoran Music, l'auteur de peintures et gravures fascinantes. Il a connu l'expérience des camps de concentration.

J'ai écrit aussi sur Opalka dans Détails d'Opalka.

Ce sont des artistes partis de situations extrêmes qui ont eu besoin de les transmuer dans des oeuvres extrêmes. Dans mes romans, ils font écho avec des personnages  qui n'ont pas de rapport avec ces situations, mais trouvent quelqu'un qui leur parle et ils grandissent ainsi. Ils éprouvent le besoin d'approcher les artistes.

L'art fait résonner la vie, il embellit.

Jeanne a découvert Abramovic à l'école, elle qui n'est pas une intellectuelle a compris ce langage, ce langage de corps, de chair, de ressenti. Pendant 20 ans, elle ne l'a pas oublié, c'était toujours là. Vingt ans plus tard, un cadre tombe, la mémoire rend Marina. Jeanne est disponible à ce moment-là, il est temps pour elle de faire remonter à la surface ce qui est en elle.

Jeanne est née de ses manques

La ferme était aussi dans L'office des vivants. Jeanne est issue d'une famille de taiseux, ses parents sont paysans et Jeanne est issue de ce silence. C'est pour cela qu'elle a compris Abramovic, cela résonne en elle, tous ces manques. Elle est au mi-temps de sa vie et elle fait le point. Alors quelqu'un surgit.

Dans mes romans souvent, quelqu'un surgit, quelqu'un qui va tout mettre en déséquilibre. C'est important de se faire bousculer. Martin est un amour d'adolescente laissé en suspens. Que se passe-t-il quand vingt ans plus tard on recommence ? Peut-on retrouver l'émotion de l'adolescence ?

Jeanne n'est pas une intellectuelle, elle ressent les choses. Elle a envie d'aimer. Rémi, son mari, voit tout, sait tout, mais il l'aime intangiblement. Martin est celui qui fait battre son coeur et emmène ses battements de coeur de l'autre côté de l'océan. Il est celui qui lui parle de Giono, il est celui qui éveille la curiosité de Jeanne. Il la réveille en tant que femme.

De la difficulté d'écrire une lettre d'intention

Au début, j'écris beaucoup, pour arriver ensuite à cerner, au début le texte faisait trois fois le volume du texte. Après, comme un sculpteur qui enlève petit à petit, j'épure. Comme Giacometti, pour arriver à des personnages filiformes. Le travail final demande de retirer ce qui est inutile, pour que ne reste que ce qui est essentiel. Au début l'écriture importe peu, ce qui est essentiel ce sont les personnages et l'histoire.

A la fin je lis aussi l'histoire à haute voix pour encore épurer, tailler.

Je commence à vraiment comprendre mon roman maintenant, quand j'en parle en librairie. Mon éditeur m'avait demandé d'accompagner mon texte d'une lettre d'intention, mais j'ai été désemparée, j'ai été incapable de l'écrire. Maintenant je pourrais le faire. J'ai besoin d'un temps de pause, je comprends mes livres une fois que j'en ai parlé.

Aujourd'hui ma lettre d'intention serait : "Montrer comment l'art peut sauver, aider, traverser, émerveiller quelqu'un qui a une vie toute simple. Comment deux mondes si différents peuvent s'entrechoquer."

L'art permet de revenir sur la beauté qui est, montre les choses qui sont là.

 

 

Mes livres ce n'est rien d'autre que la vie

Mon intention première était d'écrire sur Marina parce que j'avais ressenti une grande émotion que je voulais partager. Mais je me suis rendue compte que ce partage n'était pas utile. Jeanne est née ensuite. Jeanne n'existe pas dans la vraie vie, mais elle existe aussi.

Jeanne a mis en sourdine ses passions pendant vingt ans et soudain, cela ressurgit et éclate. Marina a permis à Jeanne d'oser, elle ose prendre une décision, elle va dire non pour retrouver une fidélité à elle-même. Elle  pense que le ciel va lui tomber sur la tête parce qu'elle a osé faire quelque chose seule, mais non. Elle reprend sa vie en mains.

Accéder à la pureté

Dans Détails d'Opalka, je parle de Tom Friedman qui a affiché une feuille blanche dans laquelle il avait placé toutes ses pensées, tout son ressenti. De même Marie-Hélène Lafon affirme dans "Traversée" vouloir aller vers la pureté. On veut arriver au silence. Il existait un livre avec juste des notes de bas de page, c'était au lecteur de reconstituer l'histoire à partir des notes de bas de page. (Vengeance du traducteur de Brice Matthieussent chez POL ? )

Ce qui est beau dans l'écriture c'est que l'on peut retravailler à l'infini, pas comme l'oral. L'écrit est au plus près de ce que l'on ressent.

Des paysages qui nous habitent

Les déferlantes est né de la Hague, il est né d'un paysage, qui est un personnage à part entière. Je me souviens d'un jour passé à Auderville en octobre, il y avait de la brume. J eme souveins être là-bas dans une atmosphère brumeuse avec ce phare qui pulsait. Un vieil homme sortait de chez lui, il s'éloignait le long de la rue. Théo, le gardien de phare est né comme cela. Le poème de Prévert m'a aussi inspiré :

Des oiseaux par milliers volent vers les feux
Par milliers ils tombent par milliers ils se cognent
Par milliers aveuglés par milliers assommés
Par milliers ils meurent.

Le gardien ne peut supporter des choses pareilles
Les oiseaux il les aime trop
Alors il dit tant pis je m’en fous
Et il éteint tout

Au loin un cargo fait naufrage
Un cargo venant des îles
Un cargo chargé d’oiseaux
Des milliers d’oiseaux des îles
Des milliers d’oiseaux noyés.

Mon roman est né d'un endroit à nul autre pareil, un endroit incroyable.

 

D'autres avis : Aliette Armel

D'autres titres de l'auteur : Les déferlantes  ♥ ♥  ; L'amour est une île  ♥ ; Une part du ciel  ♥ ♥  ♥ ; Dans l'or du temps ♥ ♥  ; Seule Venise ♥ ♥ ♥ ; La beauté des jours ♥ ♥  

 

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Alexis Ragougneau et le Goncourt des lycéens

Publié le par Hélène

Des questions qui nous recentrent

Comment avez-vous vécu les rencontres avec les lycéens ? Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

J'ai trouvé intéressant d'avoir le regard de lecteurs que nous n'avons pas l'habitude de rencontrer. Dans les librairies et salons en général, ce ne sont pas les lycéens qui viennent vers nous, nous n'avons pas souvent l'occasion de parler à des adolescents. Ici, ils ont lu en profondeur avec des questions encadrées, posées, travaillées avec le professeur.

La diversité des classes est aussi intéressante, nous avons face à nous des profils très différents.

Qu’avez-vous pensé de leurs questions ? Y a-t-il eu des questions surprenantes ? Lesquelles ?

Les questions sont différentes de celles qui sont posées en librairie. Cela nous aide à prendre de la distance par rapport à notre propre livre. Après une longue période de travail solitaire, vient la période du partage et de l'explication, et ce n'est pas simple d'expliquer. Les questions des lycéens étaient souvent assez concrètes sur le travail d'écriture, des questions de fond, de base, que tout écrivain devait se poser. Cela nous recentre.

Auriez-vous aimé, adolescent(e), participer à ce type de jury littéraire ?

Oui, j'ai découvert à cet âge des écrivains comme Tournier, Knut Hamsun.

L'école a un rôle essentiel à jouer pour faire découvrir la littérature, la lecture. Il est intéressant de pouvoir faire lire plus de littérature contemporaine dans les lycées, de montrer des auteurs vivants. L'étude des auteurs classiques est aussi fondamentale, parce qu'il existe un enjeu atemporel, universel dans ces textes classiques. Il faut créer un lien avec la littérature contemporaine et la littérature classique car au fond les enjeux sont les mêmes

 

En résumé, ces rencontres permettent de revenir aux fondamentaux.

 

Alexis Ragougneau est l'auteur de Niels publié chez Viviane Hamy.

 

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François-Henri Désérable et le Goncourt des lycéens

Publié le par Hélène

Photo Francesca Mantovani © Éditions Gallimard

Une aventure unique

Comment avez-vous vécu les rencontres avec les lycéens ? Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Comme une aventure unique, une tournée de rock-stars sans rock et sans stars mais avec des écrivains dont certains étaient déjà des amis, dont d’autres le deviendront sans doute, et ce grâce à la rencontre de quelques milliers de jeunes un peu partout en France.

Qu’avez-vous pensé de leurs questions ? Y a-t-il eu des questions surprenantes ? Lesquelles ?

Souvent pertinentes, parfois inattendues, rarement incongrues (mais il y en eut, et tant mieux – posez la question à Olivier Guez).

Quel lycéen étiez-vous ? Lisiez-vous ? Quels auteurs ?

J’étais le genre de lycéen qui attend toute la journée que la cloche sonne et le délivre pour qu’il puisse sauter sur la glace, une crosse de hockey dans les mains. Je lisais très peu, hormis (et pas toujours) les quelques auteurs (souvent morts) au programme.

Auriez-vous aimé, adolescent, participer à ce type de jury littéraire ?

J’aurais sans doute commencé par rechigner (non mais vous comprenez, nous, on n’a pas que ça à faire, on a une vie, en dehors du lycée !), avant d’y prendre goût.

Lisez-vous les Goncourt des lycéens ?

Oui, il m’est arrivé d’en lire plusieurs. J’ai lu les sept derniers, plus quelques autres.

Lequel vous a particulièrement marqué ?

Difficile à dire. Il y en a plusieurs, parmi lesquels Du domaine des murmures de Carole Martinez, qui est une remarquable conteuse ; mais aussi le très beau petit livre de Mathias Enard, Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants ; et enfin le Magnus de Sylvie Germain dont je connais certains passages par cœur.

 

François-Henri Désérable est l'auteur de Un certain Monsieur Piekielny aux éditions Gallimard

 

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Rencontre avec Paolo Cognetti

Publié le par Hélène

De passage à Paris pour quelques jours, j'ai eu la chance de partager un déjeuner avec Paolo Cognetti, l'auteur du beau roman Les Huit montagnes. Accompagné de sa charmante compagne, sa première lectrice, il a évoqué son parcours, ses passions, ses déceptions avec humanité.

Son parcours

S'il a décidé de partager son amour de la montagne à travers ce roman, il aime aussi la ville, étant lui-même né à Milan. Il a d'ailleurs consacré un guide littéraire à New-York en 2010, sur les traces des écrivains qu'il admire comme Ernest Hemingway, Raymond Carver. Il a également rédigé des nouvelles non traduites en français, principalement des portraits de femmes, écrites du point de vue féminin. Ce furent des étapes, avant son immersion dans le roman, comme un aboutissement de ces esquisses.

Son inspiration :

Les huit montagnes est un récit à résonance autobiographique dans lequel se rencontre la trajectoire de deux garçons : l'un rivé à la montagne comme un aimant, l'autre oscillant entre la ville et la campagne. Une belle amitié naît entre les deux garçons, amitié qui perdurera avec les années. Pour ces deux personnages, Paolo Cognetti s'est inspiré de sa propre vie, s'identifiant à Pietro, Bruno incarnant un très bon ami à lui. La mère de cet ami, est, comme la mère de Bruno, une taiseuse, qui ne quitte pas son village, et reste accrochée à ses montagnes, été comme hiver.

Paolo Cognetti  et sa compagne vivent eux-mêmes à la montagne six mois par an, dans un petit village du val D'Aoste. Ils repartent dans la vallée quand la neige arrive.

@www.panoramio.com

Si leur village ne compte que six habitants, il a connu une activité inahabituelle récemment puisque Paolo Cognetti y a organisé un festival dans la forêt, près de chez lui, alliant musique et livres. A cette occasion, le village a alors reçu la visite de plus de 3000 personnes ... http://www.ilrichiamodellaforesta.it/

Dans les Huit montagnes, l'auteur évoque ainsi cette lente désertion des montagnes, ces hommes et ces femmes qui partent vers la ville, ces villages qui se dépeuplent petit à petit, devenant des villages fantômes.

Ses lectures :

Souvent son roman est comparé à celui de Marcel Pagnol, La gloire de mon père, mais Paolo Cognetti ne l'a pas lu. Il apprécie Sylvain Tesson, et se reconnait dans son expérience contée dans "Dans les forêts de Sibérie". Son coeur penche évidemment aussi vers les écrivains montagnards, comme Ramuz, Mario Rigoni Stern, comme une évidence, mais aussi vers le magnifique roman Une vie entière de Robert Seethaler, ou l'écrivain norvégien Per Petterson.

Ses projets :

Malgré le fait qu'il souffre réellement du mal des montagnes, il projette de partir marcher trois semaines dans l'Himalaya. Suite à ce voyage, il écrira dans un premier temps un récit de voyage pour un magazine, et peut-être ensuite un roman si l'inspiration vient.

A suivre...

 

Je vous invite à visiter son blog http://paolocognetti.blogspot.fr/

 

Je remercie Valentine des éditions Stock pour l'invitation, qui m'a aussi permis de découvrir un restaurant atypique : le Niebé dans le 6ème arrondissement qui a l'avantage d'allier culture africaine et brésilienne et de proposer des plats vegan. Nous avons savouré le tofu sauté à la crème de manioc, curcuma, coriandre et riz noir, et en dessert, la mousse de fruits de la passion était divine, tout comme le bissap.

J'ai eu le plaisir également de croiser Audrey du blog Booksnjoy ainsi que des libraires comme Olivier Gallais de la Librairie Idéale dans le 7ème, Philippe de la librairie Le livre écarlate dans le 14ème, et la libraire de La belle lurette dans le 4ème

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