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litterature afrique

Disgrâce de J.M. COETZEE

Publié le par Hélène

disgrace

 

 

♥ ♥ ♥

 Booker Prize, 1999

Commonwealth Prize

National Book Critics Circle Award

Prix du meilleur livre étranger, 2002


L’auteur :

 

John Maxwell Coetzee est un romancier et professeur en littérature sud-africain. Il est lauréat de nombreux prix littéraires dont le prix Nobel de littérature en 2003.

 

L’histoire :

 

David Lurie, 52 ans, deux fois divorcé, enseigne à l’université du Cap. Une jeune étudiante, parmi ses nombreuses conquêtes, finit par l’accuser de harcèlement sexuel. Contraint à la démission, David se réfugie auprès de sa fille, Lucy, qui vit dans une ferme isolée. Mais les temps ont changé et sa retraite vire au drame. La bourgeoisie sud-africaine doit payer pour les crimes de l’apartheid…

 

Ce que j’ai aimé :

 

-         JM Coetzee peint avec subtilité le portrait d’un homme déchu, placé en statut de « disgrâce ». David Lurie n’est pas un héros classique doté de toutes les qualités requises pour que le lecteur puisse d’identifier à lui ou rêver d’atteindre sa perfection. C’est un être humain, contradictoire, borné quelquefois, intelligent souvent, lâche à l’occasion, tendre si besoin est. Comme le Lucifer de Byron, il se laisse mener par les forces obscures du désir :

 

 «  Bien ou  Mal, il fait ce qu’il a envie de faire. Il n’agit pas selon un principe, il obéit à des impulsions, et l’origine de ses impulsions lui est obscure. (…) Et Byron, en fin de compte, nous donne à penser qu’il sera impossible de l’aimer, au sens le plus profond, le plus humain du terme. Il sera condamné à la solitude. » (p. 44)

 

Il plaide coupable quand on l’accuse, s’affichant alors là où on ne l’attend pas :

 

« Nous vivons une époque de puritanisme. La vie privée des uns est l’affaire de tous. La luxure est respectable, la luxure et la sentimentalité. Ils voulaient du spectacle : que je batte ma coulpe, des remords, des larmes si possible. Un programme de télé, en somme. Je ne leur ai pas donné ce plaisir. » (p. 84)

 

Un être désespérement seul malgré ses efforts pour se rapprocher de sa fille.  

 

-         Là est la puissance des romans de JM Coetzee : savoir nous offrir une vision du monde et des humains qui n’est pas manichéenne. Ses personnages sont comme jetés, désoeuvrés, dans un monde qu’ils tentent d’habiter au mieux, dotés de qualités et de défauts profondément humains.

 

« Mais moi, je dis que tous autant que nous sommes nous regrettons ce que nous avons fait quand nous nous faisons prendre. C’est alors qu’on regrette. Mais la question n’est pas de savoir si l’on regrette. La question est de savoir ce qu’on a appris. La question est de savoir ce qu’on va faire maintenant qu’on regrette. » (p. 207)

 

- Sa réflexion sur l’Afrique du Sud, pays meurtri, est tout aussi nuancée.  Il évoque les séquelles de l’apartheid sans aucun parti pris.

 

 « Ce qu’il y a  doit circuler pour que tout un chacun ait l’occasion de connaître le bonheur le temps d’une journée. (…) c’est ainsi qu’il faut voir la vie dans ce pays : sous son aspect schématique. Sinon on pourrait devenir fou. » (p. 120)

 

-         Par touches, il laisse planer cette insécurité permanente des afrikaners condamnés à souffrir pour expier crimes du passé

 

« - C’est l’histoire qui s’exprimait à travers eux, offre-t-il enfin comme explication. Une histoire de torts longuement subis. (…)

-         Ca ne rend pas les choses plus faciles. Je reste en état de choc, je ne reprends pas le dessus, je veux dire le choc d’être objet de haine, dans l’acte même. » (P. 188)

 

-         Un grand roman qu’il faut lire pour découvrir cet auteur sud-africain hors du commun.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-         Rien.

 

Premières phrases :

 

« Pour un homme de son âge, cinquante-deux ans, divorcé, il a, lui semble-t-il, résolu la question de sa vie sexuelle de façon plutôt satisfaisante. Le jeudi après-midi il prend sa voiture pour se rendre à Green Point. A deux heures pile il appuie sur le bouton de la porte d’entrée de Windsor Mansions, il donne son nom et il entre. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : L’été de la vie de John Maxwell COETZEE

 Autre : Cette vie de Karel SCHOEMAN

 

 D’autres avis :

 

Lecture commune avec Zarline et Keisha

 Ys

 

Disgrâce, JM COETZEE, Traduit de l’Anglais (Afrique du sud) par Catherine Lauga du Plessis, Seuil, août 2001, 256 p., 19 euros

Disgrâce, JM COETZEE, Traduit de l’Anglais (Afrique du sud) par Catherine Lauga du Plessis, Points, octobre 2002, 274 p., 7 euros

 

defi Afrika Choupynette 

Publié dans Littérature Afrique

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Une si longue lettre de Mariama BA

Publié le par Hélène

 

 

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  ♥ ♥ ♥

Un très beau destin de femme.

  

L’auteur :

 Mariama Bâ est née en 1929 au Sénégal. Diplômée de l'Ecole normale en 1947, elle enseigne douze ans durant avant d'être affectée à l'inspection régionale. Militante des droits de la femme, mère de neuf enfants, elle écrit en 1979 "Une si longue lettre". Elle est morte en 1981, ayant achevé son second roman.

 

L’histoire :

 L'auteur fait parler une femme du Sénégal, Ramatoulaye Fall qui écrit à une amie de jeunesse, Aïssatou Ba. A travers le quotidien qu'elle lui conte, c'est toute l'existence des femmes africaines qui se trouve dévoilée. (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 -          Mariama Bâ nous offre avec cette longue lettre le portait vivant d'une femme africaine qui prend sa vie en mains.

 « Pour vaincre la détresse quand elle vous assiège, il faut de la volonté. Quand on pense que chaque seconde écoulée abrège la vie, on doit profiter intensément de cette seconde, c’est la somme de toutes les secondes perdues ou cueillies qui fait les vies ratées ou réussies. Se muscler pour endiguer les désespoirs et les réduite à leurs justes proportions ! » (p.81)

 -         La polygamie est au centre des préoccupations de ces femmes pour qui ce mode de fonctionnement ancestral n'est pas sans difficultés :

 «  Tu oublies que j’ai un cœur, une raison, que je ne suis pas un objet que l’on se passe de main en main. Tu ignores ce que se marier signifie pour moi : c’est un acte de foi et d’amour, un don total de soi à l’être que l’on a choisi et qui vous choisi. (J’insistais sur le mot choisi.) (p. 110)

 -          Mais au-delà de cette tradition avilissante pour la femme, c'est le statut global de la femme africaine, et de la femme en général qui est ici évoqué :

 «  La femme ne doit plus être l’accessoire qui orne. (…) la femme est la racine première, fondamentale de la nation où se greffe tout apport, d’où part aussi toute floraison. Il faut inciter la femme à s’intéresser davantage au sort de son pays. » (p. 116)

 -          Une si longue lettre est un court récit magnifiquement bien mené, un roman qui pose les bonne questions et les laissent planer lumineusement en notre esprit. 

 

Ce que j’ai moins aimé :

  - Rien.

 

Premières phrases :

« Aïssatou,

J’ai reçu ton mot. En guise de réponse, j’ouvre ce cahier, point d’appui dans mon désarroi : notre longue pratique m’a enseigné que la confidence noie la douleur.

Ton existence dans ma vie n’est point hasard. »

 

Vous aimerez aussi :

Celles qui attendent de Fatou DIOME

 

Une si longue lettre, Mariama BA, Le serpent à plumes, 2001, 164 p., 7 euros

 

 defi Afrika Choupynette

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La cruche cassée de Hayat EL YAMANI

Publié le par Hélène

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L’auteur :

 

Hayat El Yamani est d’origine marocaine mais vit et travaille en France. La cruche cassée est son premier roman.

 

L’histoire :

 

Dounia revient dans son village natal, au Maroc, pour assister aux funérailles de Yemma, l'aïeule de la famille. Elle renoue avec un univers radicalement autre, dont le deuil accentue la singularité. D'abord spectatrice, Dounia, qu'on surnomme « l'Européenne », prend conscience, à la vue du corps de la vieille dame, de l'impact que cette mort a sur elle. La distance s'amenuise. Au fil des jours et des rituels, hommes et femmes se confient à elle, comme Yemma aimait à le faire. Son sentiment de différence s'efface, facilité en cela par la promiscuité féminine permanente, de la maison au hammam. (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Hayat El Yamani nous offre une peinture vivante de cette communauté marocaine au travers de courtes scènes liées au deuil de Yemma. Ses souvenirs affluent également, faisant revivre cette grand-mère aimante.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          J’ai trouvé cette histoire relativement banale. Le style est passe-partout, les scènes décrites n’ont rien d’original, et le choix même d’égrener les souvenirs sous forme de journal intime, au jour le jour, est assez facile. Je pense que quiconque qui sait un tant soit peu écrire et qui aurait vécu une expérience similaire, aurait été capable d’écrire ce roman…

 

Premières phrases :

 

« Il est minuit. Grand-mère est morte. Je suis dans ma voiture, mon micro-ordinateur sur les genoux. En l’allumant, j’ai la sensation de me raccorder à moi-même et j’ouvre mon « fichier-journal », guidée par le besoin impérieux de canaliser le flux de mes pensées. Il a pris un cours nouveau ce matin à dix heures, lorsqu’une voix que je n’ai pas us identifier au téléphone m’a présenté ses condoléances. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Une si longue lettre de Mariama BA

 

 

La cruche cassée, Hayat EL YAMANI, Editions Anne Carrière, janvier 2011, 211 p., 17 euros

 

Merci à Julia Gallet des Editions Anne Carrière.

 

defi Afrika Choupynette

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Ténèbres à midi de Théo ANANISSOH

Publié le par Hélène

                                            tenebres a midi m

♥ ♥ ♥

"Le probléme, c'est qu'ils ont peur de mourir." (p.61)

 

L’auteur :

 

théo ananissoh

 

Théo Ananissoh est un écrivain togolais. Ténèbres à midi est son troisième roman.

 

L’histoire :

 

Pour Théo, le narrateur, il s'agit d'un retour utile : mettre dans un livre les lieux et les paysages de son enfance. Une amie l'accueille, le guide, le présente aux uns et aux autres ; en particulier à Eric Bamezon, conseiller à la présidence de la République. Celui-ci le convie un soir à dîner. On s'attend à une rencontre avec un homme satisfait de sa vie et heureux de sa réussite ; on découvre, à mesure qu'avance la nuit, un être pris dans un piège aux motifs obscurs...

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Ténèbres du midi nous offre une vision directe du pays, avec une lucidité rare. Le narrateur n’épargne à aucun moment sa nation, pointant ses aberrations au travers le portrait émouvant d’Eric, conseiller à la présidence errant dans sa ville comme dans sa vie, condamné malgré lui.

 

« Il n'y a pas de politique, encore moins de pouvoir politique dans le lieu dont il est question dans Ténèbres à Midi. Pour qu'il y ait politique, il faut qu'il y ait des lois entre les hommes. Les gens, là, ne se sont pas encore hissés à un tel niveau éthique et esthétique. Le propos du roman est donc l'état d'avilissement, de sordidité, induits par une telle situation. Ne nous fâchons pas ; je parle de moi et des miens. Que ceux qui sont heureux d'avoir le pays qu'ils ont, passent leur chemin. » (Africultures, entretien de Boniface Mongo-Mboussa avec Théo Ananissoh)

 

-          L’écriture est juste et plante page après page un décor mouvant, une atmosphère particulière de celle que l’on ressent lors de voyages éclairs qui permettent une acuité d’observation que ne permettent pas de plus longs séjours, happés rapidement par le pays.

 

- Ténèbres à midi cherche à tirer un signal d'alarme :

 

"Mon pays, depuis une bonne quarantaine d’années, est un lieu sans intelligence et sans aucune vertu. Je voudrais en faire le portrait pour ceux qui viendront après nous. En ce sens, oui, c’est un hommage à ce qu’il deviendra un jour quand l’esprit y prévaudra."

 

"La dignité ne réside pas dans l’aveuglement sur son propre état, mais dans la conscience qu’on a de soi." (Afrik.com, interview par Birgit Pape-Thoma)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Rien.

Premières phrases :

 

« Nadine est française ; elle a trente-sept ans. Ses longs cheveux et ses sourcils noirs lui donnent l’air d’une Orientale. Elle est née et a grandi ici. Sa famille possède des commerces et des exploitations agricoles. Sa mère a perdu la vie dans un accident d’avion il y a un an, et son père a décidé de se retirer des affaires au profit du frère aîné de Nadine. »

 

Vous aimerez aussi :

 

L’iguifou, Nouvelles rwandaises de Scholastique MUKASONGA

 

D’autres avis : Hervé 

 

Ténèbres à midi, Théo ANANISSOH, Gallimard, Continents noirs, 2010, 138 p., 13.90 euros

 

Je remercie Frédérique Romain des Editions Gallimard

 

defi Afrika Choupynette

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Celles qui attendent de Fatou DIOME

Publié le par Hélène

               

♥ ♥

 « Parce qu’elles savent tout de l’attente, elles connaissent le prix de l’amour ; mais seuls leurs soupirs avouent ceux qui nous font languir nous assassinent ! »

 

L’auteur :

Fatou Diome est une écrivain sénégalaise. Son premier roman Le ventre de l’Atlantique lui a valu une grande notoriété.

 

L’histoire :

 Arame et Bougna, mères de Lamine et Issa souhaitent le meilleur pour leur enfant. Elles ne voient aucun avenir pour eux s’ils demeurent dans leur pays, aussi décident-elles de les envoyer en Europe, clandestinement. Les deux fils acceptent bien volontiers cette envolée vers l’espoir. 

 

Ce que j’ai aimé :

-          Dans les départs, souvent le projecteur éclaire ceux qui partent, rarement ceux qui restent. Fatou Diome a eu la prescience de s’intéresser à « celles qui restent »

en chien de faïence dans leur pays, osant à peine imaginer ce qui peut arriver à leurs fils partis si loin… Elle nous décrit avec beaucoup de tendresse leur vie quotidienne, leurs angoisses, mais aussi leur espoir inconsidéré de voir un jour revenir leur aimé les bras emplis de richesse, nous offrant ainsi de magnifiques portraits de femmes.

   - Fatou Diome n'hésite pas à poser les bonnes questions en peignant le quotidien misérable de ces hommes et de ces femmes qui n'ont pas d'autres choix que de subir cette situation que d'autres plus puissants se plaisent à faire perdurer.

 « Seigneur ! Qu’on nous cache les yeux ! Voir ce que la pauvreté fait des humains est une torture infligée à l’âme. » (p. 152)

  

« Devraient entrer en résistance tous ceux qui sont d’accord pour dire qu’il n’est pas éthique de vider l’Afrique de sa force humaine. Que l’Europe, avec ses cyniques accords de partenariat, fasse de l’Afrique sa bétaillère de réserve n’est pas acceptable ! » (p. 241)

    

Ce que j’ai moins aimé :

-          Fatou Diome écrit avec tellement de facilité et de fluidité qu’elle finit par en jouer et j’ai trouvé dans ce roman qu’elle avait « sur-écrit », de la même façon que les acteurs « sur-jouent »… Au lieu d’aller à l’essentiel et de dire les choses simplement, elle les répète différemment plusieurs fois, leur adjoint des comparaisons, des métaphores qui allongent considérablement le propos.

 « Ce que les gens appellent l’éternité, qu’ils s’imaginent telle une ligne de mire lointaine, n’existe pas. La véritable éternité, c’est un bref instant, volé à la vacuité du quotidien, où, soudain, une intense beauté se concentre et s’ancre si profondément en nous que le temps à venir ne peut en éroder le souvenir. L’éternité, c’est cette pleine présence à soi et aux autres lors de ces moments inoubliables. Si le corps se laisse ruiner par le temps, il existe en nous des endroits où la beauté ménage un espace hors d’atteinte. (…) » (p. 285)

 J’ai souvent perdu le fil de la narration au détour de ces considérations, au point, souvent, de passer des lignes pour plus vite retrouver nos chères héroïnes…

 

Premières phrases :

« Aram, Bougna, Coumba, Daba, mères et épouses de clandestins, portaient jusqu’au fond des pupilles des rêves gelés, des fleurs d’espoir flétries et l’angoisse permanente d’un deuil hypothétique ; mais quand le rossignol chante, nul ne se doute du poids de son cœur. Longtemps, leur dignité rendit leur fardeau invisible. Tous les suppliciés ne hurlent pas. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Eldorado de Laurent GAUDE

 

D’autres avis : Yves, (Merci) Clara, Catherine

 

Je remercie Gilles Paris qui m’a permis de découvrir le destin de ces femmes attachantes… 

 

Celles qui attendent, Fatou Diome, Flammarion, août 2010, 336 p., 20 euros

 

defi Afrika Choupynette

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Allah n’est pas obligé d’Ahmadou KOUROUMA

Publié le par Hélène

allah n'est pas obligé

♥ ♥

Prix Renaudot 2000

Prix Goncourt des Lycéens 2000

Prix Amerigo Vespucci 2000

  

L’auteur :

 

Ahmadou Kourouma est un romancier ivoirien. Au moment de sa mort, il travaillait à la rédaction d’un nouveau livre Quand on refuse on dit non, une suite d’Allah n'est pas obligé : le jeune héros, enfant soldat démobilisé retourne en Côte d’Ivoire à Daloa et vit le conflit ivoirien. Ce roman sera publié après sa mort.

 

L’histoire :

 

Birahima est un enfant ivoirien d’une dizaine d’années. Sa mère, gravement malade, meurt et Birahima devient orphelin. Il part à la recherche de sa tante au Libéria. Sur la route, il rencontre Yacouba, un féticheur musulman, qui se dit multiplicateur de billets. Pris au piège par la guerre civile, ils s’engagent tous les deux auprès du Front National Patriotique du Libéria dirigé par le colonel Papa le Bon. Yacouba devient féticheur professionnel et Birahima se retrouve enrôlé comme enfant-soldat. Le livre raconte leur périple à travers des pays dévastés par la guerre (Libéria, Guinée, Sierra Leone) et dénonce la cruauté des conditions de vie de ces enfants-soldats. (Source : Wikipédia)

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          L’originalité dans la façon dont le sujet est traité : en faisant parler Birahima, l’auteur met l’accent sur la déshumanité intrinsèquement inculquée à ces enfants soldats pour qui la guerre est un jeu comme un autre.

-          La violence et l’absurdité des guerres est ainsi placée sur le devant de la scène, sans pour autant que la narration soit insoutenable.

-          Les réflexions sous-jacentes sur la religion sont habilement amenées grâce à ce leitmotiv que se répète le jeune garçon comme un mantra « Allah n’est pas obligé d’être juste avec toutes les choses qu’il a créées ici-bas. »
 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Je me suis lassée à la mi-parcours : à cause du style, très répétitif, et devenu lourd au fil des pages avec ces définitions qui jalonnent le texte, ces jurons qui clôturent les paragraphes ;  lassée aussi à cause des rappels historiques sur l’histoire du Libéria qui m’ont ennuyée ; lassée à cause de l’histoire même de Birahima qui n’évolue pas…

 

Premières phrases :

 

« Je décide le titre définitif et complet de mon blablabla est Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes ses choses ici-bas. Voilà. Je commence à conter mes salades.

 

Et d’abord… et un… M’appelle Birahima. »

 

Vous aimerez aussi :

 

 Photo de groupe au bord du fleuve de Emmanuel DONGALA

 

 

blogoclub

   Lu dans le cadre du Blogoclub

    Les avis sont sensiblement identiques au mien : la deucième partie a eu tendance à lasser les blogolecteurs...

 

 

POCHE : Allah n’est pas obligé, Ahmadou KOUROUMA, Points, 2002, 6 euros

 

defi Afrika Choupynette

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L’iguifou, Nouvelles rwandaises de Scholastique MUKASONGA

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

 "La mort est partout en embuscade." (p.50)

 

L’auteur :

 

Scholastique Mukasonga est née au Rwanda et vit actuellement en Basse-Normandie où elle travaille. Ses deux premiers ouvrages, Inyenzi ou les cafards et La femme aux pieds nus, ont obtenu la reconnaissance de la critique et touché un large public.

 

L’histoire :

 

L’Iguifou (« igifu » selon la graphie rwandaise), c’est le ventre insatiable, la faim, qui tenaille les déplacés tutsi de Nyamata en proie à la famine et conduit Colomba aux portes lumineuses de la mort... Mais à Nyamata, il y a aussi la peur qui accompagne les enfants jusque sur les bancs de l’école et qui, bien loin du Rwanda, s’attache encore aux pas de l’exilée comme une ombre maléfique... Kalisa, lui, conduit ses fantômes de vaches dans les prairies du souvenir et des regrets, là où autrefois les bergers poètes célébraient la gloire des généreux mammifères... Or, en ces temps de malheur, il n’y avait pas de plus grand malheur pour une jeune fille tutsi que d’être belle, c’est sa beauté qui vouera Helena à son tragique destin... Après le génocide, ne reste que la quête du deuil impossible, deuil désiré et refusé, car c’est auprès des morts qu’il faut puiser la force de survivre.

L’écriture sereine de Scholastique Mukasonga, empreinte de poésie et d’humour, gravite inlassablement autour de l’indicible, l’astre noir du génocide. (Présentation de l'éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Dans ses nouvelles, Scholastique Mukasonga donne la parole aux enfants de l’avant-génocide, quand la peur s’échafaudait lentement, pas à pas, semant ses grains insidieusement. Elle décrit un monde qui décline dans un quotidien grevée par la faim, la peur, l’appât du gain, l’exil à Nyamata...   

 

 « J’ignorais qu’au bout de l’exil s’ouvraient les portes de l’enfer. » (p. 46)

 

 Elle aborde le sujet de façon très pudique, par touches subtiles, en peignant la vie de ces enfants, hommes et femmes qui subissent une lutte qui n’a aucun sens pour eux. Elle suggère le massacre, mais jamais elle ne l’aborde de front, permettant ainsi au lecteur d’apprécier cette lecture pure et solaire qui cache une réalité sombre et sanguinaire.

 

-          Seule la dernière nouvelle « Le deuil » parle - mais toujours très délicatement - des années des génocides au travers le vécu d’une jeune exilée qui apprend à vivre avec la mort de tous ses proches :

 

« Ce n’est pas sur les tombes ou près des ossements ou dans la fosse des latrines que tu retrouveras tes Morts. Ce n’est pas là qu’ils t’attendent, ils sont en toi. Ils ne survivent qu’en toi, tu ne survis que par eux. Mais c’est en eux désormais que tu puiseras ta force, tu n’as plus d’autre choix, et cette force-là, personne ne pourra te l’enlever, elle te rendra capable de faire ce que peut-être aujourd’hui il t’est impossible de prévoir. La mort des nôtres, et nous n’y pouvons rien, nous a nourris, non pas de rancœur, non pas de haine, mais d’une énergie que rien ne pourra briser. » (p. 120)

 

 Cette jeune fille, c’est sans doute l’auteur elle-même qui a perdu les siens lors du génocide de 1994. Elle est l’une des rares rescapées de sa famille et par ces récits discrets, elle offre une digne sépulture à ses proches. Grâce à elle, nous n’oublions pas l’horreur afin de mieux lutter contre son retour…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Trop court.

 

Premières phrases :

 

« Puisque, comme moi, parce que tu étais tutsi, tu as été déplacée à Nyamata, tu as conuu toi aussi cet ennemi implacable qui gîtait au plus profond de nous-mêmes, ce maître impitoyable auquel nous devions payer un tribut que, dans notre pauvreté, nous étions incapables d’acquitter, ce bourreau inlassable qui tenaillait sans répit nos ventres et brouillait notre vue, tu l’as reconnu, c’est l’Iguifou, la Faim, que nous avions reçu à notre naissance comme un mauvais ange gardien… »

 

Vous aimerez aussi :

 

Une saison de machettes de Jean HATZFELD

 

L’iguifou, Nouvelles rwandaises, Scholastique MUKASONGA, Gallimard, Continents noirs, 2010, 120 p., 13.50 euros

 

Je remercie Frédérique ROMAIN des Editions Gallimard.

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L’été de la vie de John Maxwell COETZEE

Publié le par Hélène

                                             été de la vie

 ♥ ♥ ♥

 « Un livre devrait être un outil pour fendre la glace que nous portons en nous. » (p.78)

 

L’auteur :

 

J. M. Coetzee, de son nom complet John Maxwell Coetzee (né le 9 février 1940 au Cap en Afrique du Sud) est un romancier  et professeur en littérature sud-africain  d'expression anglaise, descendant de colons afrikaners. Il est lauréat de nombreux  prix littéraires de premier ordre dont le prix Nobel de littérature en 2003.

 

L’histoire :

 

Il s’agit d’une autobiographie fictive de l’auteur. Un jeune universitaire anglais recueille les témoignages de quatre femmes et d’un collègue qui auraient compté pour l’écrivain Coetzee en gestation dans les années 70.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Le procédé est original : en faisant parler des personnes qui ont connu Coetzee, un portrait en creux se dessine, encadré par des notes et fragments extraits des carnets de l’écrivain. Cette construction multiplie les points de vue et les perspectives, agissant comme un prisme dans lequel apparaît une image déformée de l'homme dont il est question. 

 

-          C’est en effet un homme ordinaire qui se dessine, un homme plutôt maladroit avec les femmes, mal à l’aise en société, pataud, loin de l’image de grand homme à laquelle on s’attend quand on parle d’un écrivain connu. Le talent dans l’écriture est-il vraiment un gage de grandeur ?  L'auteur joue autour de ces questions en créant ce double qui n'est pas tout à fait lui...

 

-          La réflexion sur l’entreprise autobiographique nous éclaire sur la part de fiction et de réel qui hante chaque écrit et chaque vie :

 

« Et si tous, tant que nous sommes, nous faisions dans la fiction, comme vous le dites de Coetzee ? Si nous ne cessions d’inventer l’histoire de notre vie ? Pourquoi ce que je vous dis de Coetzee serait-il plus digne de foi que ce qu’il vous dit de lui-même ? » (p.271)

 

- J. M. Coetzee nous offre un roman original très complet 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Rien

 

Premières phrases :

 

«  Dans le Sunday Times d’hier, un reportage sur Francistown au Botswana. La semaine dernière, en pleine nuit, une voiture, modèle américain de couleur blanche, s’est arrêtée devant une maison dans un quartier résidentiel. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Disgrâce

Autre : Indépendances de Richard FORD

 

 

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L’Été de la vie, J. M. Coetzee, traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Catherine Lauga du Plessis, éd. du Seuil, août 2010, 324 p., 22 euros.

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Le roi de kahel de Tierno MONENEMBO

Publié le par Hélène

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♥ ♥

Prix Renaudot 2008

L’auteur :

Tierno Monénembo est un écrivain guinéen. Il a quitté son pays à la fin des années 60 pour fuir la dictature de Sekou TOURE. Il est l’auteur d’une dizaine de romans, parmi lesquels « Les crapauds brousse » (1979) et « Peuls » (2004)

L’histoire :

 Au début des années 1880, Aimé Victor Olivier rêve de conquérir une région d’Afrique. Il se rend donc au Fouta-Djalon (situé dans l’actuelle Guinée), bien décidé à convaincre les Peuls qui peuplent la région de la nécessité de construire un chemin de fer et de signer quelques traités de commerce. Il va se heurter à quelques personnages plutôt rétifs à ses projets…

Ce que j’ai aimé :

- Le portrait cocasse de cet homme persuadé que ses rêves d’enfant pourront voir le jour dés qu’il posera les pieds en Afrique. Sa vision de ce continent est plus qu’idéalisée :

« Ce serait un pays tout nouveau, tout vierge, avec des fleurs partout et des fruits étranges ; peuplé de bêtes eet de tribus éparses, joviales et pacifiques. Un pays embryonnaire qui n’attendrait que sa petite étincelle pour s’irradier et jaillir des ténèbres. » (p. 236)

La réalité à laquelle ce vaillant aventurier va se heurter sera bien plus prosaïque :

« Sa petite tête de gamin ne pouvait, bien sûr, deviner les fringales et les insolations, les blessures, les demi-morts, encore moins les deux terribles écueils à présent dressés devant lui : Les Peuls et Bayol, Bayol et Peuls, Charybde et Scylla, peut-être ! » (p.236)

C’est un homme qui ne se rend pas compte de son ridicule quand il soutient par exemple sa théorie sur la glaciation :

« Oui, vous n’ignorez pas que la glaciation s’accentue, que dans quelques décennies le Languedoc sera aussi gelé que le pôle Nord. Alors, les Inuits et les Lapons descendront chez nous. Et nous, nous courrons nous abriter sous les climats rafraîchis de l’équateur. » (p. 162)

Le ton humoristique rend ce conte africain aux accents philosophiques truculent et dynamique.

- C’est un roman très documenté : Tierno Monénembo s’est appuyé sur les notes de voyages de Aimé Victor Olivier de Sanderval pour établir ce récit très réaliste. C’est une vision très nuancée du personnage et de la colonisation que nous offre ce talentueux écrivain. Historiquement, sa vision est également très juste : la description des conquêtes coloniales et du déclin des pouvoirs traditionnels en place s’appuie sur un travail d’analyse minutieuse. Il nous laisse voir ce qu’aurait pu être la colonisation ourdie par des personnages plus sages et proches des peuples africains…

Ce que j’ai moins aimé :

- Quelques longueurs.

Premières phrases :

« Alors qu’il sortait de chez lui pour aller prendre le bateau, la voix cinglante de sa femme immobilisa Olivier de Sanderval au milieu de l’escalier :

- Mon pauvre Aimé, regardez ce que vous avez oublié !

Il toucha ses oreilles échauffées et son dos frémissant, puis tourna un regard suppliant vers le doux petit monstre qui venait de le martyriser. »

Vous aimerez aussi :

L’étrange destin de Wangrin de Amadou HAMPATE BA

 

Le roi de kahel, Tierno MONENEMBO, Seuil, avril 2008, 261 p., 19 euros

POCHE : Le roi de kahel, Tierno MONENEMBO, Points, 335 p., 7 euros

 

Alex l'a lu aussi.

 

Publié dans Littérature Afrique

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Blues pour Elise de Léonora MIANO

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Un roman original et vivifiant.

L’auteur :

 Léonora Miano est une romancière d’origine camerounaise. Elle réside en France depuis 1991. Elle publie son premier roman « L’intérieur de la nuit » en 2005 et rencontre aussitôt un vif succès.

 

L’histoire :

 Quatre femmes d’origine africaine évoluent dans Paris. Elles sont en proie à des émois amoureux qui ont tendance à leur compliquer le quotidien. Akasha se remet très difficilement d’une peine de cœur, Amahoro voit son compagnon s’éloigner, Shale est éprise d’un homme peu avenant et Malaïka est décontenancée par la demande en mariage de son conjoint.

 

Ce que j’ai aimé :

 -         La légèreté de ton : cette comédie sociale dresse un portrait coloré de ces femmes appartenant à la France noire. Le rythme est vif, le récit et dynamique, et je me suis laissée emportée avec délice dans cet univers chamaré. Sous l'apparente frivolité de ces "Bigger than life", comme elles ont plaisir à se nommer, se dissimulent des fissures discrètes quelquefois difficiles à assumer. Les hommes quant à eux semblent perplexes, perdus entre des repères liés à l'image traditionnelle de la femme africaine et ces nouvelles personnalités qui émergent.

-         Chaque fin de chapitre est agrémenté d’une ambiance sonore idéale pour la lecture. Sur Facebook, en devenant fan de la page « Blues pour Elise » il nous est possible d’écouter quelques uns des morceaux en question. Cet interface sur des réseaux sociaux est originale et enrichissante.

- Le sous titre du roman "Figures afropéenne. Saison 1" laisse présager une suite qui approfondira je l'espère le destin de ces personnages si attachants.

  

Ce que j’ai moins aimé :

-          Je pense que c’est avant tout un roman qui plaira aux femmes.

 

Premières phrases :

 « Akasha s’était levée du bon pied : le plus résolu. Elle avait allumé son ordinateur, ouvert la liste de lecture compilant les plus belles chansons de Millie Jackson. C’était sa soul therapy.   Une musique chaude. Sensuelle. Tout allait changer. C’était décidé. »

 

Vous aimerez aussi :

Aya de Yopougon de Marguerite ABOUET et Clément OUBRERIE tome 1

 

 

Blues pour Elise, Léonora MIANO, Plon, octobre 2010, 199 p., 18 euros

 

Site de l’auteur : http://www.leonoramiano.com/

 

Merci à Elizabeth KOVACS pour cette belle découverte. 

 

1pourcent

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