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litterature afrique

Petit pays de Gaël FAYE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Au début des années 90, Gabriel fait les 400 coups avec sa bande de copain au fond de leur ruelle à Bujumbura au Burundi. Il respire le bonheur et l'insouciance mais une première déchirure transperce son quotidien quand ses parents décident de se séparer. Mais autour de cette famille désunie, de ce père français et de cette mère rwandaise dont la famille habite Kigali, rôde une catastrophe bien plus violente et sanguinaire...

Roman de l'enfance, Petit pays chante l'insouciance des jours sans fin passés à voler des mangues dans le jardin des voisins, à se raconter des histoires dans des vieilles voitures décatis, à se disputer pour mieux se réconcilier, à courir à perdre haleine en virevoltant dans le temps infini d'un avenir radieux, sur le sol d'un pays à la beauté pure et simple : 

"Rien de plus doux que ce moment où le soleil décline derrière la crête des montagnes. Le crépuscule apporte la fraîcheur du soir et des lumières chaudes qui évoluent à chaque minute. A cette heure-ci, le rythme change. Les gens rentrent tranquillement du travail, les gardiens de nuit prennent leur service, les voisins s'installent devant leur portail. C'est le silence avant l'arrivée des crapauds et des criquets. Souvent le moment idéal pour une partie de football, pour s'asseoir avec un ami sur le muret au-dessus du caniveau, écouter la radio l'oreille collée au poste ou rendre visite à un voisin." p. 81

Puis, tout bascule quand tout à coup la politique rattrape l'enfance, quand les différences ethniques éclatent au grand jour : 

"J'ai découvert l'antagonisme hutu et tutsi, infranchissable ligne de démarcation qui obligeait chacun à être d'un camp ou d'un autre. Ce camp, tel un prénom qu'on attribue à un enfant, on naissait avec, et il nous poursuivait à jamais. Hutu ou tutsi. C'était soit l'un soit l'autre. Pile ou face. (...) La guerre, sans qu'on lui demande, se charge toujours de nous trouver un ennemi. Moi qui souhaitais rester neutre, je n'ai pas pu. J'étais né avec cette histoire. Elle coulait en moi. Je lui appartenais." p. 133

Vient alors la perte des innocences "qui se débattaient à marcher au bord des gouffres.", l'horreur qui s'invite sur les terrains de jeu, les tueries incompréhensibles, les familles éplorées, la folie des uns pour combler le désespoir des autres. Les enfants deviennent alors des "exilés de leur enfance", parce qu'ils ont vu et vécu des choses qu'un enfant ne devrait jamais voir, ni même concevoir. Ils perdent leur enfance dans la peur dévorante, dans la haine, dans le sang. 

Dans un texte puissant, à la poésie évocatrice, Gaël Faye nous raconte un peu de son histoire, un épisode de l'Histoire de son pays. Lui-même a dû se réfugier dans l'écriture pour survivre, comme le jeune Gabriel trouve refuge dans les livres prêtés par la voisine. Mais il chante aussi la joie de l'enfance, l'amour inconditionnel pour son pays, et, au bout de l'horreur, l'espoir, comme un point ténu au fond de l'horizon...

"On en doit pas douter de la beauté des choses, même sous un ciel tortionnaire. Si tu n'es pas étonné par le chant du coq ou par la lumière au-dessus des crêtes, si tu ne crois pas en la bonté de ton âme, alors tu ne te bats plus, et c'est comme si tu étais déjà mort. 

- Demain, le soleil se lèvera et on essaiera encore, a dit Prothé, pour conclure." p. 181

Essai gagnant que ce Petit pays... 

 

Présentation de l'éditeur : Grasset 

D'autres avis : Africultures ; Les avis sont nombreux, et unanimes ! Si vous ne devez en lire qu'un de la rentrée littéraire, lisez celui-là ! 

 

Merci à l'éditeur.

Petit pays, Gaël Faye, Grasset, 2016, 215 p., 18 euros

 

Il a obtenu le Prix du roman Fnac. Vous pourrez rencontrer l'auteur :

- à la Fnac Montparnasse le mardi 20 septembre à 18h

- à la Fnac de Nantes le mrecredi 28 septembre à 17h  

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En étrange pays de Karel SCHOEMAN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥  

"Chacun de nous doit supporter sa propre solitude." p.217

Sur les conseils de son médecin, Versluis, un bourgeois hollandais vient soigner sa maladie des poumons aux confins de l'Afrique, à Bloemfontein, en Afrique du Sud. Il est censé tirer profit de l'air sec du "veld". Il s'installe d'abord à l'hôtel avant de trouver refuge dans la pension de Mme Van der Vliet. Son univers se réduit à la communauté hollandaise et allemande de la petite ville. Il fréquente d'abord les Hirsch, une famille tonitruante, pour qui ce nouvel arrivant constitue un palliatif à leurs habitudes de colons. Mais Versluis ne tarde pas à se lasser de leurs conversations mondaines, le pays et l'approche de la mort réclament pour lui plus de calme et de paix. Ainsi, il se rapproche du pasteur Scheffler et sa famille qui lui apprennent peu à peu à apprivoiser le vide de cet étrange pays.

"Il aurait aimé trouver les mots afin d'évoquer pour eux l'éclat blanc de cette chaleur de l'après-midi. Il aurait aimé trouver des mots pour décrire l'aspect désolé du veld qui entourait la ville, et les sensations d'inquiétude et de joie qu'il éveillait en lui. Mais les mots existaient-ils ? Possédait-il le langage nécessaire à de tels récits ?" p. 78

Jour après jour, visite après visite, il tombe sous le charme du bonheur calme de cette famille et son univers s'éclaire en découvrant d'autres moeurs. 

"C'était ainsi que vivaient les gens, se dit-il - ils s'asseyaient ensemble dans la clarté des lampes pour boire du café, ils jouaient de la musique ensemble, ils parlaient ensemble, et ils n'avaient pas besoin de beaucoup de mots parce qu'ils connaissaient les mêmes choses et qu'ils partageaient un vaste espace commun de référence. Plus tard, dans le ville obscure et moribonde où il souhaita bonne nuit à Mme Van der Vliet avant de se retirer dans sa chambre, dans la nuit profonde où les animaux nocturnes hurlaient et où les aboiements des chiens se répondaient, il se rappellerait que d'autres gens vivaient leur vie, regardaient la pendule, écoutaient un instant pour vérifier s'ils entendaient un bébé pleurer, avant de se retourner en souriant vers leurs compagnons." p. 226

Le pasteur et sa soeur ont vécu au coeur du pays, au plus près des locaux et leur regard sur la colonisation est très opposé à ceux des hollandais et allemands de la communauté : 

"Parfois, je pense que nous avons échoué. (...) Nous avons apporté la civilisation ici ; nos maisons et nos églises ; nos meubles, nos livres et nos modes d'Europe : nous avons apporté ici sans qu'on nous le demande et nous l'avons entassé comme si l'Afrique était une sorte de tas d'ordures, et nous sommes venus vivre ici selon les modèles que nous ou nos parents avons apportés d'ailleurs. Nous vivons de souvenirs et nous nous entourons de fantômes, et quant à l'Afrique elle-même, nous ne la voyons que de loin, deriière les rideaux en dentelle que nous avons accrochés devant les fenêtres de nos salons. (...) Quant aux Noirs que ne leur avons-nous pas fait ? Nous leur avons fait des cadeaux douteux, les maisons et les églises européennes, l'argent, l'alcool et des maladies qui leur étaient totalement inconnues.D'un côté nous avons essayé de les élever, comme nous disons, sans qu'ils nous l'aient jamais demandé, et de l'autre nous les repoussons chaue fois qu'ils s'approchent trop et que nous nous sentons menacés. Qu'avons-nous fait de ce pays ? Et de quel droit ?" p. 248

Cette "histoire d'une âme en quête du dépouillement absolu" résonne dans nos âmes émues bien après la dernière page tournée... Elle nous parle philosophiquement de la mort non pas comme une fin, mais davantage comme une paix de l'âme et du corps. Les paysages désolés du veld s'accordent parfaitement avec l'esprit en délition de Versluis. L'étrange pays n'est-il pas l'aboutissement d'une vie que le vide envahit ?

http://southafricaphotoblog.tumblr.com/

"Ne plus faire qu'un avec cette terre, comme les dieux et les esprits dans d'autres pays, et dans le même temps lui permettre de ne plus faire qu'un avec soi, dans l'obscurité parmi les pierres, les racines et le gravier." p.254

Aux confins du monde et de sa vie, Versluis rencontrera peut-être enfin la plénitude de l'humanité...

 

Présentation de l'éditeur : Phébus ; Libretto

Du même auteur : Cette vie

 

En étrange pays, Karel Schoeman, traduit de l'anglais par Jean Guiloineau, Phébus, février 2007, 20.30 euros, 11.80 en libretto

 

Je remercie Sandrine et son Lire le Monde consacré aujourd'hui à Karel Schoeman et sans qui je n'aurais sans doute pas relu cet auteur pourtant si profond !

 

Publié dans Littérature Afrique

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Notre-Dame du Nil de Scholastique MUKASONGA

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Prix Renaudot 2012, Prix Océans 2013, Prix Ahmadou Kourouma 2012

"Il faut toujours rappeler aux Tutsi qu'ils ne sont que des cafards, des Inyenzi, au Rwanda."

Rwanda début des années 70. Le lycée Notre-Dame du Nil est perché sur une colline. En son sein, sous le calme appparent, la lutte raciale couve entre Tustis et Hutus. Le président hutu Kayibanda a commencé à lancer des opérations punitives contre l'ethnie rivale qu'il menace de mort ou condamne à l'exode. Dans ce lycée perché sur la colline, un quota "etnhique' limite le nombre d'élèves tutsis à 10 %. Parmi les jeunes filles qui suivent l'enseignement, Gloriosa, fille de ministre hutu se dresse face à Véronica et Virginia, deux jeunes filles tutsis. Peu à peu la tension monte...

Véronica et Virginia trouvent refuge chez Monsieur Fontenaille, un homme blanc des environs qui se plait à fréquenter les tutsis, parce qu'il reste persuadé que ce sont les descendantes de reines égyptiennes. Il les met en scène dans des tableaux vivants tirés de l'Egypte ancienne. Si les jeunes filles sont méfiantes dans un premier temps face à cet homme un peu fou, elles comprennent rapidement qu'il est leur seul allié dans ce lieu où tous les mensonges deviennent politiques et sont tolérés pour faire accuser les tutsis. Les soeurs belges et les enseignants français du lycée ferment les yeux, invisibles, introuvables quand des troubles éclatent. 

Scholastique Mukasonga nous emmène dans l'antichambre du massacre. Dans un récit tout en retenue, en finesse, elle livre l'émotion pure ressentie face à cette lutte ethnique injustifiable. Avec une intelligence rare, elle sait en quelques personnages, en quelques scènes, témoigner de cette horreur qu'elle a subie elle-même de plein fouet. Un roman essentiel ! 

 

Présentation de l'éditeur : GallimardFolio 

D'autres avisLe PointLe Magazine Littéraire Bibliobs Le Monde 

Vous aimerez aussiQuelques photos pour illustrer le roman ; le site de l'auteure 

Du même auteurL'iguifou

 

Notre-Dame du Nil, Scholastique Mukasonga, folio, février 2014, 7.49 euros

Lu dans le cadre de Lire le monde consacré aujorud'hui à Scholastique Mukasonga

Publié dans Littérature Afrique

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Au café du rendez-vous de Ingrid WINTERBACH

Publié le par Hélène

♥ ♥

Karolina entomologiste revient dans sa ville Voorspoed en Afrique du Sud pour recenser les papillons de l'espèce Hebdomophrda crenilinea du veld. Elle arpente le veld aux côtés de Willie, rencontré par hasard au détour d'une route, et qui cherche "un peu de tout" pour concocter des remèdes. Le soir elle loge à l'hôtel et se rend dans la salle du snooker, lieu emblématique de la ville. 

"La salle du snooker était un lieu où l'on ne savait jamais à quoi s'attendre." p. 186

C'est un lieu de pulsions et de folie réprimée hanté par des hommes désoeuvrés : Pol avocat, le magistrat, homme silencieux veillant sur la salle, le lieutenant Kieliemann sergent, le capitaine Gert Els difficilement contrôlable et Jess qui médite. 

Karolina ressent à la fois attirance et répulsion pour eux, elle revient irrémadiablement en cet endroit quand elle ne va pas danser le tango. 

La nuit elle fait des rêves agités, comme si un danger latent la guettait, tapi dans l'ombre : 

"Tout peut arriver, songea Karolina. Elle pouvait être amenée à tout vivre, être exposée à n'importe quoi ; elle ne pouvait prétendre à aucune protection d'aucune nature. A aucune garantie." p. 45

A l'extérieur, le township gronde, prêt à imploser dans le silence et la chaleur poisseuse. 

"L'air était chargé de désirs indicibles, de peurs et de préjugés profondément enracinés, une hystérie latente remontait peu à pe à la surface. Elle éclaterait tôt ou tard, sous des formes différentes. Un bain de minuit, une chasse à l'homme, une séance de pillage." p. 40

Dans cette atmosphère prégnante de violence sous jacente, passion et mort s'entremêlent sensuellement.  Karolina est fascinée par un couple d'amants illicites, par ce risque, cet amour sans lendemain que la mort frôle sans cesse. Elle-même rêve de recommencer de zéro, loin des hasards de l'existence. 

Mes réserves : Un rythme lancinant parcourt ces pages brûlantes présentant des êtres régis par des instincts primaires. Les allusions sexuelles sont nombreuses, et quelquefois superflues, comme si l'auteur souhaitait insister lourdement sur ce point.

"Elle dansa avec le dénommé Kolyn. Il portait des tennis qui lui montaient jusqu'aux chevilles. Ses testicules étaient frais et souples." p. 153

 

Présentation de l'éditeur : Phébus 

Premières pages : Phébus 

Vous aimerez aussi : Cette vie de Karel Schoeman

 

Au café du rendez-vous, Ingrid Winterbach, traduit de l'afrikaans par Pierre-Marie Finkelstein, Phébus, août 2015, 240 p., 20 euros

Merci à l'éditeur.

Publié dans Littérature Afrique

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Debout payé de GAUZ

Publié le par Hélène

 ♥ 

Je n'ai pas bien saisi l'origine de l'engouement des médias et lecteurs pour ce livre. Je pense que cela tient au sujet en lui-même plus que dans son traitement. Il est en effet rare que soient mis en lumière ces hommes de l'ombre qu'on salue à peine dans les boutiques, ces vigiles qui passent inaperçus en se fondant dans le paysage consumériste. Ils sont africains pour la plupart, comme si "A Paris, la concentration élevée de mélanine dans la peau prédispose particulièrement au métier de vigile." C'est ce que l'auteur appelle la "théorie PSG général." (Pigmentation de la peau, Situation sociale et Géographie). 

"Partout dans le monde, situations administratives, idées reçues, niveau d'éducation, racisme assumé ou refoulé, contraintes économiques, etc., finissent toujours par imposer à des hommes possédant des situations pigmentaires particulières des situations sociales particulièrement peu flatteuses." 

Pour illustrer son propos, Gauz choisit deux types de narration : d'une part il livre les anecdotes vues et entendues par un vigile durant ses longues heures de piétinement statique, et parallèlement il suit la trajectoire de quelques immigrés ivoiriens sans papiers dont Ossiri et Kassoun, également vigiles de génération en génération aux Grands Moulins de Paris. 

Malheureusement, si la pertinence de son propos donne du relief au métier, il n'en reste pas moins que ces remarques ne révolutionnent pas la littérature, les observations frôlent souvent la platitude d'une journée ennuyeuse.

"GROSSES. Souvent, les femmes grosses commencent d'abord par essayer des habits plus petits... avant de disparaitre avec la bonne taille dans les cabines d'essayage." p.20

"JEAN . Un jean nommé Jane." p. 32

Dans l'autre partie du livre qui s'intéresse aux immigrés et à leur statut qui a évolué au cours des années, avant, après la crise, il m'a semblé que les personnages manquaient cruellement de profondeur. 

La construction de l'ensemble est décousue, si bien que, là encore, l'impression de survoler le sujet prédomine. C'ets bien dommage !

S'il a le mérite d'ouvrir les yeux de certains sur la condition des immigrés en France, tant mieux, et à ce titre je veux bien l'encenser également. Mais le sujet ne fait pas tout, j'aurais simplement aimé plus de consistance.

J'ai préféré récemment sur ce sujet par exemple Beauté parade ou encore sous la forme du roman Americanah.

 

Présentation de l'éditeur Le nouvel Attila  

D'autres avis : Jérôme ; Keisha ; Violette ; Sophie ont aimé, Malika et Athalie sont plus réservées

 

Publié dans Littérature Afrique

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Americanah de Chimamanda Ngozi ADICHIE

Publié le par Hélène

♥♥♥

Ce que j'ai aimé :

Ifemelu a quitté très tôt son pays, dévasté par les grèves des universités ne lui permettant pas de poursuivre ses études. Elle vit depuis treize années aux Etats-Unis mais prend la décision de rentrer au pays pour retrouver son identité perdue dans un pays qui lui rappelle à chaque instant sa couleur de peau. Ce retour aux sources est prétexte à se remémorer les années passées. Son parcours met en lumière la question centrale de la race, et le racisme prégnant aux Etats-Unis, dénaturant les êtres, les dépouillant de leur identité, jour après jour,  année après année. Ifemulu retrace les difficultés pour trouver un emploi, les extrémités auxquelles les étudiants sont amenées, le quotidien témoignant de ce racisme latent, les relations mixtes, la difficulté de trouver sa place... 

Obinze, son amour de jeunesse a tenté lui aussi l'immigration, aux Etats-Unis, sans succès, puis en Angleterre, mais c'est finalement au Nigéria qu'il fera fortune. La situation au pays n'est pas vraiment plus reluisante, entre la corruption, les femmes qui se font entretenir par un homme riche, celles qui se marient par intérêt, beaucoup de souffrance transparaît dans son parcours également. 
 

Le style fluide de Chimamanda Ngozi Adichie nous emporte sur les flots mouvementés de l'émigration et de ses limites. L'auteur éclaire avec intelligence et humour le destin de ces êtres pour qui une reconstruction n'est pas toujours évidente. La fraternité, l'amitié, la famille constituent heureusement des valeurs qui leur permettront de passer outre les dificultés et d'avancer. En filigrane, l'amour, les coeurs qui battent à l'unisson malgré la distance et les obstacles constituera aussi un moteur essentiel du destin des personnages.

Ce que j'ai moins aimé :

Rien.

Présentation de l'éditeur  :

Gallimard 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : L'hibiscus pourpre ; Autour du cou

Autre : Sourires de loup de Zadie Smith

D'autres avis :

Babélio 

Télérama  ; Page des libraires

Leiloona  ; Clara 

 

Merci à l'éditeur.

 

Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie, traduit de l'anglais (Nigéria) par Anne Damour, décembre 2014, Gallimard, 528 p., 24.50 euros

 

Publié dans Littérature Afrique

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Snapshots - Nouvelles voix du Caine Prize

Publié le par Hélène

           

♥ ♥ ♥

Le Caine Prize :

Lancé en 1999, le Caine Prize récompense chaque année une oeuvre de création littéraire africaine. Il est décerné tous les ans à un écrivain pour une nouvelle publiée en anglais. 

Dans ce recueil apparaissent des auteurs sélectionnés pour le Caine Prize, ou lauréats

Ce que j'ai aimé :

Six nouvelles aux genres et styles très variés sont présentées : 

Snapshots  de NoViolet Bulawayo (Zimbabwe) : une petite fille  grandit tant bien que mal entre un père bronchiteux et une mère colérique au Zimbabwe. Elle va affronter trop vite et violemment le passage à l'âge adulte. 

Hunter Emmanuel   de Constance Myburgh (Afrique du Sud) : Hunter Emmanuel est un ex-flic qui ne se décide pas à décrocher parce que "Un homme, ça doit enquêter. Sans enquête, un homme n'est rien." Et pourtant tout ne s'explique pas, tout n'est pas compréhensible et "L'ombre est partout", pas seulement dans la forêt millénaire. 

America de Chinelo Okparanta (Nigéria) : la narratrice entreprend des démarches pour obtenir un visa pour les Etats-Unis, l'eldorado rêvé par tout un chacun au Nigéria. Elle souhaite ainsi retrouver son amie et vivre avec elle au grand jour leur relation homosexuelle. Mais plus le visa se rapproche, plus les questions affleurent : doit-elle suivre son désir et partir, ne risque-t-elle pas d'"aller se perdre" en Amérique comme le redoute sa mère ? Reviendra-t-elle ensuite ? Laissera-t-elle son pays et sa famille livrés à eux-mêmes ? 

Miracle de Tope Folarin (Nigéria) : Au Texas, un pasteur cherche à faire des miracles. Un jeune garçon noir myope assiste au prêche et sera le jouet desdits miracles. Une nouvelle plus légère qui s'interroge sur le pouvoir de la foi.

Jours de baston de Olufemi Terry (Sierre Leone) évoque les combats de rue et l'enfance volée par la misère.

La République de Bombay de Rotmi Babatunde (Nigéria) : Le sergent nigérian Bombay revient au Nigéria après avoir combattu sur le front birman combattants nigérians en Birmanie.

Ces récits offre un aperçu de la littérature africaine anglophone, une littérature talentueuse aux thématiques fortes. 

Ce que j'ai moins aimé :

Comme souvent dans les recueils de nouvelles, certaines nous plaisent moins que d'autres, ici pour ma part, j'ai moins aimé les deux dernières. 

Présentation de l'éditeur : 

Zulma 

Vous aimerez aussi :

Littérature africaine

D'autres avis :

Yves  ; Itzamna 

France Inter 

 

Snapshots, Nouvelles voix du Caine Prize, traduit de l'anglais par Sika Fakambi, Metailié, octobre 2014, 244 p., 18 euros

 

Merci à l'éditeur

Publié dans Littérature Afrique

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Notre quelque part de Nii Ayikwei PARKES

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Un premier roman très remarqué

L'auteur :

Romancier, poète du spoken word, nourri de jazz et de blues, Nii Ayikwei Parkes est né en 1974. Il partage sa vie entre Londres et Accra. Notre quelque part, premier roman très remarqué, finaliste du Commonwealth Prize, est une véritable découverte. (Présentation de l'éditeur)

Ce que j'ai aimé :

Au centre du roman, une trouvaille macabre hors du commun dans une case du village. Et comme la jeune femme qui a découvert la scène est intime avec le ministre, il faut que la lumière soit faite sur ce qui a pu se passer dans ce lieu. Ainsi, Kayo Odamtten, jeune médecin légiste est diligenté pour enquêter. Il rencontre alors le vieux chasseur Yao Yoku qui va l'initier autour du vin de palme aux mystères de la forêt, puis, aux mystères de la vie...

Un premier roman qui réunit les opposés : d'un côté, les chantres de la modernité, incarnés par Yuko, médecin légiste formé en Angleterre, homme rationnel qui aimerait trouver des explications scientifiques aux évènements.

"Il lui était difficile d'expliquer à ses amis pourquoi il était si attaché à l'idée de travailler comme médecin légiste dans la fonction publique ghanéenne, ou d eleur dire combien l'horripilaient tous ces décès infailliblement attribués à la sorcellerie ou à la mauvaise fortune, et comme il avait envie d'y aller carrément, avecsa mallette argentée d'expert, pour délivrer aux gens des réponses scientifiques, des réponses dignes de ce nom."

De l'autre, Yao Poku, vieux chasseur du village qui va l'initier aux mystères de la forêt à travers ses légendes ancestrales. Peu à peu le jeune homme va changer au contact du vieil homme :

"Il commençait même à se dire que l'ultime vérité des choses, comme l'amour, se trouvait hors de portée de toute forme d'explication scientifique."

"Mais peut-être était-ce la bonne attitude à adopter ; peut-être Kayo serait-il, lui aussi, mieux équipé pour comprendre la vie s'il ne croyait pas en l'existence de vérités scientifiques absolues." 

Du sang d'Amadou Hamapatê Bâ court dans les veines du vieil homme capable d'envoûter son auditoire en tressant les fils d'une légende. Il pousse les hommes à s'interroger sur les mystère insondables du monde, et sur le monde de la forêt aux secrets nébuleux et comme magiques.

L'auteur, pour entremêler deux mondes, modernité et passé, rationnalité scientifique et éléments fantastiques, utilise une langue hybride, il marie habilement pidgin ghanéen, twi et anglais standard dans une traduction remarquable. 

Un roman fascinant prend forme alors sous nos yeux et notre esprit est lui aussi sour le charme de ces récits fondateurs.

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien, je suis envoutée...

 

Vous aimerez aussi :

Littérature Afrique de l'ouest 

 

D'autres avis :

Jeune Afrique 

 

Notre quelque part, Nii Ayikwei Parkes, roman traduit de l'anglais (Ghana) par Sika Fakambi, février 2014, 304 p., 21 euros

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Nouvelles africaines 1 de Doris LESSING

Publié le par Hélène

  

       ♥ ♥ ♥

 L’auteure :

 http://doris-lessing.albin-michel.fr/

 L’histoire :

 Dans ces nouvelles, Doris Lessing nous présente au microscope l'enchevêtrement des comportements raciaux en Rhodésie et en Afrique du Sud, où le progressisme et la bonne volonté individuels ne peuvent mener qu'à des malentendus porteurs de catastrophes.

 Rapports entre noirs et blancs, mais aussi entre Afrikaners et Anglais, et entre leurs attitudes contradictoires vis-à-vis des noirs. Quand je pense à tout ce que nous avons fait pour eux », s'indignent les blancs, abasourdis par l'ingratitude de leurs domestiques et de leurs ouvriers qui, sans eux, seraient encore des sauvages… L'incompréhension engendre la rancune, elle-même mère de la haine et de la délinquance. L'auteur du Carnet d'or nous montre également le processus d'appauvrissement, au rythme des saisons et à la mesure de leur ignorance, des « petits blancs » terrorisés par la menace de tomber au niveau des noirs. Tous ces personnages fragiles se débattent dans la turbulence organique de l'Afrique, qui tend à anéantir toutes leurs précieuses illusions de civilisation dès que se relâchent leurs vigilants efforts – de même que les racines des arbres abattus repoussent et soulèvent chaque année le dallage des maisons, comme pour leur rappeler la permanence africaine sous le vernis éphémère de la présence blanche. (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 Le vieux chef Mshlanga : Une petite fille se promène dans le veld et rencontre le vieux chef Mschlanga qui habite sur les terres voisine. Elle ressent alors une espèce de fascination pour ce vieux sage. Cette petite fille est comme le double de l'auteure, qui nous fait ressentir le veld fascinant et dangereux à la fois avec sa violence latente tapie dans les taillis.

« J’avais lu des descriptions de cette sensation, je savais comme l’immensité silencieuse de l’Afrique, sous le soleil antique, acquiert une telle densité et une telle forme dans l’esprit que l’appel même des oiseaux semble menaçant, et qu’une présence macabre semble se dégager des arbres et des rochers. L’on se déplace avec circonspection, comme si le seul fait de passer dérangeait quelque chose d’ancien et cruel, sombre, quelque chose d’énorme et furieux qui pourrait soudain bondir  et frapper par derrière. » (p. 18)

veld-africain.jpg

Le soleil se lève aussi sur le veld : Un garçon de quinze ans teste sa liberté puis tombe nez à nez avec une antilope agonisante. La mort s’invite inhérente à la vie..

Pas de sorcellerie à vendre : Les coulisses de l’Afrique et de ses guérisseurs aux mystères indicibles.

La seconde hutte : Un homme embauche un assistant qui arrive à son grand déplaisir avec toute sa famille. Il se sent alors obligé de construire une deuxième hutte pour pallier à leur pauvreté.

Le fléau : Un conducteur de bœufs a des soucis avec ses - trop - nombreuses épouses.

L’arrivée des De Wet à Kloof Grange : Le Major Gale et sa femme attendent l'arrivée de l’assistant et de sa femme. Les femmes dans ces contrées lointaines, sont livrées à elles-mêmes et si Mme Gale a fini par apprécier sa solitude, la jeune femme qui arrive avec l’assistant est désemparée devant cette nouvelle vie qui s’offre à elle.

 Le petit Tembi : Le rapport particulier entre un petit cafre et Jane, jeune femme très attentionnée envers les indigènes mais Jane finit par avoir ses propres enfants et s’éloigne peu à peu du jeune Tembi qui ne comprend pas ce revirement de situation.

La ferme du Vieux John : Un nouveau couple s’installe dans la région et la jeune Kate est fascinée par ce couple qui pourtant se met rapidement la communauté à dos.

Un beau récit sur l’adolescence et la confusion des sentiments :

« Elle souhaitait qu’ils trient et définissent pour elle ses impressions confuses et contradictoires. » (p. 237)

George le léopard : George Chester paie de jeunes indigènes pour son plaisir. Jusqu’au drame...

Des récits magnifiques, prenants, fascinants qui explorent les rapports complexes entre blancs et noirs mais aussi entre Hollandais et Anglais, hommes et femmes, adolescents et adultes. La finesse psychologique des récits éclaire ces nouvelles d'une aura marquante. Les descriptions du veld sont de toute beauté, et là encore Doris Lessing a su en saisir toute l'ambivalence : derrière les paysages magnifiques se cachent aussi des maux sans nom prêts à bondir à la première imprudence...

 

Ce que j’ai moins aimé :

 Les fins sont très ouvertes.

 Premières phrases :

 

« Comme c’était bon, ces années de randonnées dans les taillis répandus sur une vaste part de l’exploitation de son père, qui, comme toutes exploitations blanches, n’était guère cultivée qu’ici et là. Entre deux champs, rien que des arbres, de hautes herbes jaillissant en touffes maigres, des buissons épineux, des cactus et des ravines, et puis encore de l’herbe, de la rocaille, des broussailles. »

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le rêve le plus doux

Autre :  Disgrâce de J.M. COETZEE

  

Nouvelles africaines, 1, Le soleil se lève sur le veld, Doris Lessing, traduit de l’anglais par Marianne Véron, Le livre de poche, 6 euros

 

Publié dans Littérature Afrique

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Autour de ton cou de Chimamanda NGOZI ADICHIE

Publié le par Hélène

 

♥ ♥ ♥

L’auteur :

 Chimamanda Ngozi Adichie est originaire d'Abba, dans l'État d'Anambra, mais a grandi dans la ville universitaire de Nsukka, où elle a fait sa scolarité. 
À l’âge de 19 ans, elle quitte le Nigeria pour les États-Unis. Après avoir étudié à la Drexel University de Philadelphie en Pennsylvanie, Chimamanda Ngozi Adichie opte pour l’Eastern Connecticut State University afin de vivre plus près de sa sœur, qui exerçait la médecine à Coventry (actuellement à Mansfield, CT). Elle poursuit là ses études en communication et en sciences politiques. 

Ses nouvelles ont été publiées dans de nombreuses revues littéraires, notamment dans Granta. 
Son premier roman, L'hibiscus pourpre, a été sélectionné pour l'Orange Prize et pour le Booker Prize. L'autre moitié du soleil a reçu l'Orange Prize. 

Chimamanda Ngozi Adichie vit au Nigeria. (Source : Babélio)

 

L’histoire :

 Lauréate de la loterie des visas, Akunna quitte le Nigeria pour les États-Unis ; elle y découvre un pays qui a bien peu à voir avec celui de ses attentes. À Kano, dans le nord du Nigeria, une violente émeute intercommunautaire réunit deux femmes que tout sépare : une marchande d’oignons musulmane et une étudiante issue de la bourgeoisie chrétienne de Lagos. Dans Nsukka blanchie par l'harmattan, James Nwoye, ancien universitaire au soir de sa vie, repense au rêve biafrais et attend, la nuit, les visites de sa femme défunte, qui vient caresser ses jambes fatiguées… Voici quelques-uns des personnages des nouvelles d’Adichie ; ils composent une image complexe et riche de la réalité nigériane d’aujourd’hui, qui prend ses racines dans le passé et se prolonge dans l'expérience de l’émigration, une plongée émouvante, souvent poignante, tour à tour terrible et drôle, toujours vibrante d’humanité. (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 Le genre de la nouvelle permet de dresser un tableau complet du pays et des femmes à l’œuvre dans ce pays déchiré qu'est le Nigéria. Les destins individuels différents permettent ainsi d’établir un portait global des difficultés, des joies et des peines rencontrées dans le pays et aux Etats-Unis par celles et ceux qui ont choisi –ou non- de fuir dans cet eldorado illusoire.

Dans « Imitation » Nkem vit en effet aux Etats-Unis pendant que  son mari est resté au Nigéria et elle apprend qu’il a installé une nouvelle femme dans leur maison du Nigéria. Dans « Les marieuses » Chinaza- Agatha est aussi  une femme nouvellement arrivée aux Etats-Unis à qui son mari demande de devenir américaine à part entière quitte à perdre sa culture.

D’autres femmes vivent encore au cœur du Nigéria ébranlé par ces émeutes, comme ces deux femmes de culture et de religion différentes qui se réfugient le temps d’un soulèvement dans une maison abandonnée, apprenant à communiquer au-delà des mots et des cultures dans une communion évidente d’êtres humains en souffrance.

Les femmes sont bien au cœur des récits, femmes fortes aux personnalités bigarrées : quand Ujunwa jeune écrivaine ne supporte plus les remarques machistes, Kamara se découvre des inclinations homosexuelles…

Chaque nouvelle a sa place au sein du recueil, servie par un style précis, concis et intelligent.

 

Ce que j’ai moins aimé :

- Rien

 

Premières phrases :

 « La première fois que notre maison a été cambriolée, c’était notre voisin Osita qui avait grimpé par la fenêtre de notre salle à manger et volé notre télé, notre magnétoscope et les cassettes de Purple Rain et Thriller que mon père avait rapportées d’Amérique.

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur :  L’hibiscus pourpre de Chimamanda NGOZI ADICHIE

Autre :  Littérature Afrique de l'Ouest

 

D’autres avis :

Le monde 

 

 Autour du cou, Chimamanda Ngozi Adichie, traduit de l’anglais (Nigéria) par Mona de Pracontal, Gallimard, janvier 2013, 304 p., 22.50 euros

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Publié dans Littérature Afrique

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