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Sukkwan island de David VANN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

Un roman marquant…

 

L’auteur :

David Vann est un jeune auteur américain (je rajouterai pour avoir eu le privilège de le rencontrer « très sympathique ») né en Alaska. Sukkwan island est son premier roman traduit en français.

L’histoire :

Un père demande à son fils de l’accompagner durant un an sur une île coupée du monde, au sud de l’Alaska, peut-être pour resserrer des liens distendus par un divorce, peut-être pour ne pas être seul dans cette épopée surréaliste. Le fils accepte à contrecoeur, parce que refuser signifierait accepter une culpabilité qui pourrait devenir fatale.

Ce que j’ai aimé :

-          Les relations entre le fils et le père sont très finement évoquées : si les toutes premières pages du roman laissent supposer que les retrouvailles viriles auront effectivement lieu, la suite nous détrompe rapidement. Le fils est perdu et indécis face à ce père rapidement dépassé par les évènements et surtout rattrapé par de vieux démons. Aussi, si, au final, l’amour d’un père et d’un fils est bien au centre du roman, ce ne sera pas tout à fait de la façon prévue au départ…

-          Sukkwan Island est un roman noir, qui ne tombe néanmoins jamais dans le pathos : il reste juste, évoquant avec beaucoup de subtilité les difficultés des rapports humains

Un grand roman.

 

Ce que je n’ai pas aimé :

 

-          Ce qui constitue l’originalité et la puissance de ce roman est susceptible aussi de choquer certains lecteurs qui pourraient trouver sordide cette histoire improbable.

Premières phrases :

« On avait une Morris Mini, avec ta maman. C’était une voiture minuscule comme un wagonnet de montagnes russes et un essuie-glaces était bousillé, alors je passais tout le temps mon bras par la fenêtre pour l’actionner. Ta maman était folle des champs de moutarde à l’époque, elle voulait toujours qu’on y passe quand il faisait beau, autour de Davis. Il y avait plus de champs alors, moins de gens. C’était le cas partout dans le monde. Ainsi commence ton éducation à domicile. »

Vous aimerez aussi :

Indian creek : un hiver au coeur des Rocheuses de Pete FROMM  

Sukkwan island, David VANN, Editions Gallmeister, 2010, 192 p., 21.70 euros  

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Le dernier mousse de Francisco COLOANE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

« Nous sommes comme la glace, la vie nous fait parfois chavirer et nous changeons de forme. » (p. 114)

 

L’auteur :

Francisco COLOANE est un écrivain chilien décédé en 2002. Le dernier mousse fait partie de ses premiers ouvrages publiés.

 

L’histoire :

Alejandro, jeune homme de 15 ans s’embarque clandestinement sur la corvette Le Baquedano. Il part à la recherche de son frère et souhaite ainsi tenter sa chance en tant que mousse. Découvert par un officier, il est finalement accepté légitimement et c’est en tant que dernier mousse qu’il s’achemine vers le cap Horn.

 

Ce que j’ai aimé :

-          Les aventures palpitantes que rencontre ce dernier mousse qui va apprendre les duretés de la vie en mer.

« Les flots redoublaient de furie ; ce n’était plus l’océan mais un univers de folles montagnes liquides qui dansaient en se fracassant les unes contre les autres. Le vent hurlait, mugissait, des torrents de pluie s’abattaient comme une mer se déversant d’en haut. De temps en temps on entendait des cris lacérants, plaintifs, des appels retentissants jaillissaient des flots et du vent. C’était la voix de la tempête. » (p. 26)

-          La richesse des sujets abordés : fantômes revenus se venger, tempête déchaînée, chasse à la baleine, rencontre avec des Indiens, découverte des glaces aux abords du cap Horn…

 

Ce que j’ai moins aimé :

-          J’aurais aimé un récit moins condensé, plus détaillé, surtout que les sujets abordés sont nombreux et donc seulement survolés.

 

Premières phrases :

« -Vingt degrés à bâbord ! lança le lieutenant de quart sur la passerelle de la corvette Général Baquedano.

-          Vingt degrés à bâbord ! répéta en écho le timonier tandis que ses mains calleuses faisaient tourner la barre d’un geste vigoureux. »

 

Vous aimerez aussi :

Cap sur la gloire d’Alexander KENT

 

Le dernier mousse, Francisco COLOANE, Phébus, mai 1996, 144 p., 12 euros

POCHE : Le dernier mousse, Francisco COLOANE, Points, mars 1998, 118 p., 3.95 euros

 

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Mangue amère de Bulbul SHARMA

Publié le par Hélène

mangue amère

♥ ♥ ♥

Des nouvelles indiennes savoureuses.

 

 

L’auteur :

 

Bulbul SHARMA est peintre et écrivain. Elle réside à Dehli en Inde. Elle est  l'auteur de recueils de nouvelles dont trois sont traduits en français : La colère des aubergines, Mes sacrées tantes et maintenant Mangue amère.

 

L’histoire :

 

Quatre femmes sont réunies autour de Badidua pour préparer ses plats préférés au défunt Bhanurai Jog. Tout en cuisinant, chacune va raconter une histoire.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          L’originalité dépaysante des sujets abordés : la conteuse Bulbul Sharma nous fait découvrir les us et coutumes de son pays à travers ces récits de femmes. On y apprend ce qui arrive à la femme incapable d’enfanter, à celle qui ose tenir tête à sa belle-mère ou à celle qui n’écoute pas les esprits…

-          Bulbul Sharma nous immerge dans un univers respectueux des esprits errants : elle aborde le sujet avec de l’humour dans « Le rêve de la mère d’Hema au sujet des tantes mortes », et de façon plus grave dans la première histoire.

-          Les senteurs et goûts qui exhalent des pages ont enchanté mes sens…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Dans « La colère des aubergines », des recettes agrémentaient les nouvelles, j’aurais aimé en trouver ici aussi. Ce ne fut malheureusement pas le cas… Je n’ai plus qu’à aller relire « La colère » pour alimenter mes fourneaux…

 

Premières phrases :

« Les corbeaux s’étaient regroupés en cercle en attendant que commence la cérémonie d’anniversaire des funérailles. Dans leur hâte d’obtenir les meilleurs restes, ils étaient arrivés un peu trop tôt. Badidua, la cuisinière en chef à qui revenait la tâche de préparer tous les plats préférés du défunt Bhanurai Jog, n’était pas encore rentrée. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Le pays des marées d’Amitav GHOSH

 

Mangue amère, Bulbul SHARMA, Picquier, septembre 2010, 171 p., 16.50 euros

 

 

Merci à Isabelle LACROZE des Editions Picquier.

 

1pourcent

Publié dans Littérature Asie

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Laitier de nuit de Andreï KOURKOV

Publié le par Hélène

Laitier-de-nuit

♥ ♥ ♥ ♥

 Un roman fantasque et intelligent.

  

L’auteur :

 

Andreï KOURKOV est un écrivain ukrainien. Il écrit également des scénarios de films et de documentaires. Laitier de nuit est son dernier roman traduit en français.

 

L’histoire :

 

L’inventeur d’un remède offrant à celui qui l’absorbe un courage et un dévouement citoyen exemplaire meurt assassiné. Or cette nuit-là, Sémion rentre tard chez lui, sans donner d’explications plausibles à sa femme Véronika. Dima, employé des douanes, trouve quant à lui une mystérieuse mallette emplie d’ampoules aux vertus étranges…

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          L’originalité : les situations cocasses s’enchaînent, à la limite du surréalisme. Néanmoins, derrière cet humour décalé, c’est une vision déstructurée de la Russie post-soviétique que nous offre l’auteur. Le laitier de nuit est un roman qui se dévore littéralement. Les chapitres sont courts, consacrés tour à tour à l'un des personnages principaux.

-          L’humour : rien ne semble étonner les protagonistes, qui sont comme anesthésiés. Les chats ressuscitent, les somnambules ont une double vie dont ils ne sont pas responsables, les cadavres sont jetés dans des puits discrètement… Comme Dima le dit à sa femme un soir en rentrant chez eux, rien d'inquiétant :

 

« - Surtout il ne faut pas que tu t’inquiètes, ce n’est pas la peine,  commença-t-il quand ils furent arrivés sur la place à côté de la gare routière. Nous avons un cadavre à la maison… » (p. 206)

 

- Le roman rend hommage aux Ukrainiens, paisibles, se réconfortant autour d’un plat de « pelmenis » ou en buvant une rasade de gnôle à l’ortie quand une contrariété se présente. La jeune Irina, mère célibataire donnant son lait au lactarium, est la figure phare de ce roman : simple et touchante, elle accueille en son sein tous les enfants démunis et les nourrit volontiers de son lait inépuisable… Quant au chat Mourik, qui lui aussi joue un rôle non négligeable, je vous laisse le plaisir de le découvrir…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Rien

 

Premières phrases :

 

« Dans le ciel d’hiver, la voie lactée se morfondait, privée de l’attention des hommes. Il régnait en cette nuit un silence surprenant, pas un chien n’aboyait, comme si le ciel chargé d’étoiles qui pesait sur la terre les eut tous écrasés de sommeil. »

 

Vous aimerez aussi :

 

La vie d’un homme inconnu d’Andreï MAKINE

 

 

Laitier de nuit, Andreï KOURKOV, Liana Levi, janvier 2010, 427 p., 22 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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Poulet-bicyclette et cie de Florent COUAO ZOTTI

Publié le par Hélène

Poulet-bicyclette-et-Cie

♥ ♥

 Une plongée dans un univers africain peuplé de sorciers inquiétants…

  

L’auteur :

 

Florent Couao Zotti est un romancier béninois. Journaliste, scénariste, il se consacre depuis 2003 entièrement à l’écriture.

 

L’histoire :

 

Poulet-bicyclette et cie est un recueil de nouvelles qui met beaucoup en avant la sorcellerie, les croyances, la superstition présente dans certaines communautés béninoises :

Dans « Femelle de ta race », une femme veut récupérer son enfant qui subit une séance d’exorcisme orchestré par son père, dans « Barbecue blues » un garçon fait passer de la drogue dans de la viande du Bénin au Nigéria et se fait malheureusement voler sa marchandise, dans « La femme étoile » une femme revient d’entre les morts pour se venger de son beau-frère qui l’a assassinée…

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Le style : ces nouvelles sont admirablement bien écrites, très poétiques, le langage est peuplé d’images :

 

« Là-bas, derrière la cime des arbres aux feuillages moutonneux, le soleil faisait ses dernières parades dans le ciel. Un ciel immense et plat, presque enrobé dans les rayures dentelées de l’horizon. Effacées, les rumeurs des pluies de la veille avec ces filets de nuages encore chargés d’eau. Gommée, cette impression de lourdeur et d’humidité poisseuse. Il semblait que le vent avait tout nettoyé, tout balayé, ne laissant à l’œil que le spectacle d’un paysage avide d’enchantement et de voyage. Un paysage qui donne envie de déployer ses ailes pour connaître le vertige des espaces infinis. » (p.30)

 

-          Ces nouvelles sont le reflet d’une réalité dont il est rarement question : là-bas, des enfants et des femmes meurent, victimes d’actes de sorcellerie parfaitement justifiés dans l’esprit des assassins. Les enfants nés par le siège par exemple peuvent être tués car leur arrivée particulière serait signe de sorcellerie. Ces questions sont peu abordées en Occident. L’auteur ne porte pas de jugement, il énonce seulement les faits en les romançant.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          La dureté des sujets et des scènes.

-          L’absence d’espoir. La population semble embourbée dans cette violence sans aucune prise de conscience.

 

Premières pages :

 

« C’est à toi que je m’adresse, bout de femme, tout petit bout de femme, enchâssée dans les rets du temps.

C’est à toi que je parle, femme-lion, femme-énergie ; toi, étagée sur trois pommes vertes…

Ne te cache pas à la lame rayonnante du soleil. Ne te dissimule pas à l’humeur riante du soleil. Nos regards ont si rarement des choses à s’offrir que tu me fais injure en voulant t’enfouir dans l’ombre. »

 

Vous aimerez aussi :

 

 Photo de groupe au bord du fleuve de Emmanuel DONGALA

 

 

Poulet bicyclette et cie, Florent COUAO ZOTTI, Gallimard, Continents noirs, avril 2008, 17.10 euros

Publié dans Littérature Afrique

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Aya de Yopougon de Marguerite ABOUET et Clément OUBRERIE tome 1

Publié le par Hélène

aya-de-yopougon.jpg

♥ ♥ ♥ ♥

Une bande dessinée africaine fraîche et intelligente.

« Je vais gazer avec Bintou au « Ca va chauffer ». Tu veux venir ? »

 

Les auteurs :

Marguerite ABOUET est ivoirienne. Elle vit actuellement en France et est assistante juridique dans un cabinet d’avocats.

Le dessinateur Clément OUBRERIE est français.  Il voyage beaucoup, illustre de albums jeunesse et a cofondé un studio d’animation, La Station.

L’histoire :

Aya vit dans le quartier de Yopougon et contrairement à ses amies Bintou et Adjoua, elle préfère étudier pour devenir médecin plutôt que de courir les garçons et les maquis.

Ce que j’ai aimé :

-          L’ambiance du pays si bien rendue grâce aux dialogues vifs  et au vocabulaire de là-bas. Vous aussi, allez décaler dans les maquis et déguster des allocos aux cotés des gazelles…

-          L’humour,  comme dans cette scène dans laquelle le père rentre saoûl et vient vérifier la présence de ses enfants dans leurs lits en comptant les pieds « Un pied… Deux pieds… Ca fait une personne… » (p.14)

-          Les sujets graves qui se cachent subtilement derrière les histoires légères proches des novelas brésiliennes à la mode là-bas. Affleurent des questions comme les grossesses impromptues, les études que les parents poussent à faire, ou pas, les pères souvent absents…

-          Le dessin coloré rend hommage à la beauté de ce pays dynamique.

-          Le bonus ivoirien : on y apprend les expressions typiquement ivoirienne, mais aussi à rouler des fesses, ou encore à concocter une sauce arachide (appelée aussi « aller-retour »).

Ce que j’ai moins aimé :

-          Le prix de la BD : 15 euros

-          Je pense que c’est avant tout une BD destinée aux femmes…

 

Aya de Yopougon, Marguerite ABOUET et Clément OUBRERIE, Gallimard BD, 2005, 15 euros

 Kathel et Sylde en parlent aussi.

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Je voudrais que cela ne finisse jamais de Ake EDWARDSON

Publié le par Hélène

 je voudrais que cela ne finisse jamais 

 ♥ ♥ ♥ ♥

Un très bon roman  policier très marquant.

 L’auteur :

Ake EDWARDSON est un journaliste suédois également écrivain de romans policiers. Il habite à Göteborg sur la côte occidentale de la Suède. Son personnage principal, Erik Winter, est commissaire à Göteborg

 

L’histoire :

Suède, Göteborg, un été de canicule. Une jeune fille est retrouvée morte dans un parc de la ville. Érik Winter va se charger de l'enquête tout en replongeant dans une enquête similaire vieille de 5 ans et qui n'avait pas été élucidée. Et si l'assassin était le même ? C'est une histoire simple, mais efficace.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          L’atmosphère : l'action se passe en Suède à notre époque. La chaleur de cet été torride pèse sur les épaules de notre héros et sur celles du lecteur qui se met lui aussi à transpirer tant l'atmosphère pesante est bien rendue.

-          Le suspens : haletant, l’auteur se plaît à créer des pistes nombreuses, et des fausses pistes encore plus nombreuses… Le lecteur ne s’ennuie pas une seconde.

-          La subtilité de la psychologie : les rapports humains sont décrits avec finesse et ici la jeunesse tient la première place de façon subtile et éphémère...

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          On voudrait que cela ne finisse jamais…

 

Premières phrases :

  "Elle ressentit une douleur au pied droit, sous les orteils. Elle avait pourtant marché prudemment mais, à cet endroit, le fond était couvert d'algues qui ressemlaient à de grandes et grosses herbes, brunes et écoeurantes, oscillant au gré du courant comme des fleurs fanées."

Vous aimerez aussi :

 

Pour le meilleur et pour le pire de Gunnar STAALESEN

 

Je voudrais que cela ne finisse jamais, Ake EDWARDSON, JC Lattès, septembre 2005, 392 p., 21.50 euros

POCHE : Je voudrais que cela ne finisse jamais, Ake EDWARDSON, 10/18, octobre 2009, 391 p., 8.20 euros

  

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Les chagrins de Judith PERRIGNON

Publié le par Hélène

les chagrins

♥ ♥

 Un très beau roman sur les relations mère-fille

  

L’auteur :

 

Judith PERRIGNON est journaliste et auteur de plusieurs ouvrages mais Les Chagrins est son premier roman.

  

L’histoire :

 

A la mort de sa mère, Angèle apprend qu’elle est née en prison pendant la détention d’Hélèna, sa mère. Grâce à des lettres de Mila, sa grand-mère, à Hélèna et à des articles de journaux, Angèle va reconstituer son histoire et sonder les rapports opaques qu’elle entretenait avec sa mère.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          L’écriture ciselée :

 

« Une nuit sans sommeil commence. Pleine de murmures, de regrets, de prières et de berceuses. Des fées embastillées promettent à l’enfant la vie qu’elles n’ont pas eue. C’est toujours flou la vie qu’on n’a pas eue, parce qu’on ne sait pas à quel moment on s’est trompé, même quand on est en prison. Alors elles cousent des mots les uns aux autres, ressortent de vieux rêves jetés aux chiffons, convoquent la beauté, hésitent avec l’amour, se méfient des chimères qu’on raconte aux petites filles, tout en rêvant de s’envoler vers la rue juste derrière l’enceinte, rue Merlin elle s’appelle, comme l’enchanteur. » (p.19)

 

-          L’alternance de supports de narration (lettres, articles de presse, récit de Mila, récit d’Angèle…) apporte de la profondeur au personnage si fantômatique d’Hélèna.

 

-          La relation floue entre Angèle et Hélèna est minée par les chagrins de l’enfance : Angèle fut élevée par Mila, puis à cinq ans elle retrouva une Hélèna froide et distante, incapable d’aimer encore. Aujourd’hui, elle cherche à comprendre cette femme qui lui a obscurci la luminosité de l’enfance.

 

« Elle était la prisonnière consentante d’un court moment de sa vie. » (p.109)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Pourquoi ne pas avoir mis trois ou quatre étoiles ? La raison est simple : j’ai pleuré d’un bout à l’autre de cette lecture. Et mon cœur (et mes yeux bouffis) me murmurent que je ne peux pas m’enthousiasmer pour un roman qui a fait couler autant de larmes… Alors, comme hier avec « Une année en haut », j’ai décidé d’écouter mes émotions… Mais sachez que c’est un avis très personnel sur ce roman à la qualité indéniable.

 

Premières phrases :

 

"Au premier mars mille neuf cent soixante-treize, plus aucun fourgon n'avait passé la porte. Personne ne s'était assis au café Les Platanes, juste au coin de la rue, dans l'attente d'une visite. La prison était vide. Au-dessus du porche d'entrée, adossé au drapeau français, un panneau disait : Terrassement. Démolition. Entreprise Bonaldy."

 

Vous aimerez aussi :

 

Leur histoire de Dominique MAINARD

 

 Les chagrins, Judith PERRIGNON, Stock, août 2010, 204 p., 17 euros

 

Merci à Karine VINCENT des Editions Stock.

 

Lu dans de cadre du challenge du 1% littéraire : 1pourcent

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Une année en haut, chroniques d’un refuge ordinaire de Cyril AZOUVI

Publié le par Hélène

                            une année en haut

 ♥ ♥ ♥

Dépaysement garanti

  

L’auteur :

 

Cyril AZOUVI est un journaliste français qui a longtemps collaboré pour la presse montagne et voyage.

  

L’histoire :

 

Le lecteur est invité à passer une année au refuge des Oulettes de Gaube, au pied du Vignemale, à deux ou trois heures de marche de la station de Cauterets dans les Pyrénées. Il y côtoiera Jean- Thomas, gardien du refuge, et son aide-gardien Boris, tous deux passionnées de montagne et profondément amoureux de leur refuge…

 

Ce que j’ai aimé :

 

Au préalable, je dois préciser une chose concernant ma notation : ma sœur me faisait remarquer qu’elle et moi n’avions pas les mêmes critères pour attribuer des cœurs - ou des étoiles, des notes, que sais-je - à nos lectures : pour elle quatre cœurs signifiaient un très bon moment de lecture, sans se soucier de critères techniques. Alors que pour moi quatre cœurs signifient un bon moment de lecture, mais aussi un style irréprochable, une construction exemplaire, une histoire originale, des idées lumineuses…

Mais cette fois-ci, je vais parler et noter avec mon cœur (et la fois prochaine aussi d’ailleurs pour « Les chagrins ») : durant les quelques pages de « Une année en haut »,  j’ai déambulé avec les randonneurs sur le plateau de Gaube, je me suis assise en terrasse face au Vignemale aux côtés de Jean-Thomas, j’ai guetté le cri d’alarme des marmottes, j’ai cherché au loin quelques izards égarés, j’ai suivi tremblante la progression d’une cordée sur une paroi, et quand j’ai dû rentrer chez moi, j’ai senti comme un vide immense que ne pourrait combler qu’un voyage prochain -réel cette fois- dans ce refuge paradisiaque.

Alors oui l’écriture n’est pas littéraire, oui les situations sont tout à fait banales,  oui les rapports humains restent sommairement décrits, mais il n’en reste pas moins que ces pages ont su se frayer un chemin à travers mes critères –drastiques quelquefois, oui Maryse, je te l’accorde- et elles sont allées droit à mon cœur. Touché…

 

« Oui, adieu l’été. Comme s’ils avaient l’hiver à leurs trousses, quatre randonneurs avancent à grandes enjambées en lançant leurs bâtons loin devant pour mieux se propulser. Autour d’eux, la montagne a pris ses couleurs d’automne. La forêt éclate de rouge et de brun, de jaune et d’orange. Le long des pentes ouest de la vallée de Gaube, l’herbe semble briller d’un jaune paille, saupoudrée de sapins éternellement verts. L’air est frais. Le ciel bleu est légèrement blanchi par des nuages de haute altitude.

       Si ce n'étaient les timides ondulations provoquées par le passage d’une truite, on pourrait croire le lac de Gaube déjà gelé. Pas un souffle de vent ne vient troubler la vaste surface bleu-vert, figée comme un miroir. Inesthétique cube de béton blanc au toit de tôle et aux volets verts hermétiquement clos, l’hôtellerie du lac semble n’avoir jamais été ouverte. Seul el bruit des cascades alentour rompt le silence. » (p. 174)

 

Premières phrases :

« « N’avons-nous pas souvent besoin de solitude, de recueillement et de silence ? A bien plus forte raison dans les montagnes, qui semblent faites pour ça. Ce sont des temples, dont la splendeur et la solennité ont quelque chose d’austère et de sacré. »

 L’auteur de ces lignes écrites en 1899, le très distingué pyrénéiste Henry Russell, se retournerait dans sa tombe s’il était témoin de la frénésie qui règne à 2151 mètres d’altitude, dans les Hautes-Pyrénées, par cette après-midi ensoleillée de juillet 2009. »

 

 

Une année en haut, Chroniques d’un refuge ordinaire, Cyril AZOUVI, Glénat, juin 2010, 189 p., 15.95 euros

 

Un grand merci à Cuné chez qui j’ai découvert ce livre, et ma reconnaissance éternelle à Shanez Richert des Editions Glénat qui a bien voulu me l’envoyer…

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Le dernier des Weynfeldt de Martin SUTER

Publié le par Hélène

                                  dernier des weynfeldt

 ♥ ♥ ♥ ♥

 Un  roman aux rouages machiavéliques

  

  L’auteur :

 

Martin Suter est un écrivain suisse. Depuis 1991 il se consacre uniquement à l’écriture après un passage dans l’univers de la publicité et du journalisme. Ses romans connaissent un beau succès.

 

L’histoire :

 

Adrian Weynfeldt est expert en art et riche héritier d’une famille suisse fortunée. Célibataire, il mène une vie plutôt routinière entouré d’un cercle d’amis fidèles et d’une gouvernante qui lui facilite la vie. Sa rencontre avec Lorena, jolie voleuse ressemblant à l’ancien amour perdu d’Adrian, va venir bouleverser cet univers bien rangé…

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          La façon dont l’intrigue se met en place, subtilement, doucement, rouage après rouage. La construction de ce roman est parfaitement maîtrisée, les évènements s’enchaînent avec brio et les rebondissements jaillissent à points nommés. Du grand art…

-          La peinture très subtile que fait l’auteur du monde de l’art et de l’argent : un des amis de Adrian cherche à lui vendre un faux Vallotton, et comme Adrian va découvrir la supercherie, il devra choisir que vendre : le vrai ou le faux ? S’amorce alors une réflexion sur l’argent qui donne souvent des lettres de noblesse aux œuvres comme à d’autres objets, ou même à des personnes comme Adrian…

 

« Que quelqu’un paie autant pour un tableau, ça suffit à le rendre authentique. » (p. 240)

 

-          Le portrait psychologique très fin d’Adrian : homme intègre, il est régi par des principes droits et ancrés profondément dans son histoire. Mais Lorena va venir ébranler cette façade si solide :

 

 « Oui, c’était compréhensible. Et tout ce qui se comprend se pardonne. N’est-ce pas ? C’était bien cela, non : tout ce qui se comprend se pardonne ?" (p.296)

  

Lui qui frôlait seulement les autres, gainé par son statut et son argent, va-t-il parvenir à se fissurer pour laisser entrer en lui une once de folie ?

 

Premières phrases :

 

« « Ne fais pas cela », voulut-il dire, mais ça ne marchait pas.

Adrian Weynfeldt avait le regard rivé aux poings blancs de la femme, des poings blancs et mouchetés de taches de rousseur. »

 

Vous aimerez aussi :

 

La double vie de Vermeer de Luigi GUARNIERI

 

Le dernier des Weynfeldt, Martin SUTER, Christian Bourgois Editeur, avril 2008, 339 p., 25 euros

POCHE : Le dernier des Weynfeldt, Martin SUTER, Points, mai 2009, 339 p. 7.50 euros

 

Kathel vous en parle.

Publié dans Littérature Europe

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