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litterature francaise

Jardin d’hiver de Thierry DANCOURT

Publié le par Hélène

                                            jardin d'hiver

 ♥ ♥

 

L’auteur :

 

 Thierry Dancourt est né à Montmorency, dans le Val-d'Oise. Il travaille aujourd'hui comme rédacteur indépendant dans les domaines de l'architecture et de l'urbanisme. Hôtel de Lausanne, écrit à Paris et à Casablanca, est son premier roman. Après Jardin d'hiver, Il revient en 2012 avec Les ombres de Marge Finaly. (Source 10-18)

 

L’histoire :

 

Une station balnéaire de la côte atlantique, en hiver. Pascal Labarthe, le narrateur, arrive un soir de brume, par l'autocar. Que vient-il faire ici, hors saison, dans cette petite ville endormie des bords de mer qu'il ne connaît pas ? « J'ai rendez-vous », déclare-t-il à l'homme qui séjourne également à l'Océanic, un hôtel dont ils sont les seuls occupants. Rendez-vous avec qui ? Jardin d'hiver tisse, entre Paris et Royan, les fils ténus, presque invisibles, d'une intrigue ou dialoguent histoire d'amour et histoire tout court, ou, le temps d'un hiver, s'entrelacent finement un présent traversé de personnages singuliers et un passé hanté par la figure d'une jeune femme aimée. Peuplé de lieux à l'abandon auxquels la mémoire se raccroche, ce roman est celui d'un amour perdu, jamais oublié. (Source 10-18)

 

Ce que j’ai aimé :

 

 Thierry Dancourt campe une atmosphère à la Modiano, entre présent et passé, souvenirs heureux et nostalgie galopante. Pascal est à la recherche d’une villa ayant un lien avec un ancien amour. Rien n’est dit, tout est suggéré, amené doucement, par touches subtiles et aériennes.  

 Dans ce court roman, le temps passe lentement aux côtés de personnages atypiques : un représentant de commerce, un vieil homme qui hante les bibliothèques pour lire les journaux, des retraités qui se promènent… Le temps est comme suspendu, dans cette ville de Royan atemporelle. 

  Le temps qui passe, les souvenirs qui s’effacent pour laisser la place au présent, sont au couer de ce charmant récit. 

 royan-2.jpg

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

 Un charme tellement diffus que je ne sais pas s’il me marquera durablement.

 

Premières phrases :

 

 « Il pleut sur le square Kennedy. Une pluie tiède, qui tombe obliquement. Les parterres engazonnés, les allées au tracé sinueux, les bouquets d’arbustes, le bassin avec son jet d’eau, la guérite du gardien : ce décor m’est familier. Je viens ici très souvent, je retrouve M. André Smeyers, Mme Raymonde Desnoyers, M. Lucien Rochais, des gens que je connais et qui sont tous à la retraite, pratiquement. »

 

Vous aimerez aussi :

 

 Du même auteur : Hôtel de Lausanne

Autre :  L'horizon de Patrick MODIANO

 

D’autres avis :

 

 Télérama ; Lire 

 

Jardin d’hiver, Thierry Dancourt, 10-18, mars 2013, 168 p., 6.60 euros

 

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La peste de Albert CAMUS

Publié le par Hélène

peste-camus.jpg

 

 

♥ ♥ ♥


 L’auteur :

 

Albert Camus naît à Mondovi, en Algérie, en 1913. Pendant la seconde guerre mondiale, il intègre un mouvement de résistance à Paris, puis devient rédacteur en chef du journal «Combat» à la Libération. Romancier, dramaturge et essayiste, il signe notamment «L'étranger» (1942) et «La Peste» (1947), et reçoit le prix Nobel de littérature en 1957. Il meurt en 1960 dans un accident de voiture

 

L’histoire :

 

Dans les années 1940, une épidémie de peste s’abat sur la ville d’Oran. Jour après jour, le lecteur suit l’apparition et l’extension de la maladie. Il découvre les réactions de chacun des personnages face aux souffrances et à la mort : certains fuient, d’autres restent pour lutter. À travers ce grand roman, Albert Camus rend hommage à ceux qui affrontent la vie avec modestie et honnêteté, et nous invite à réfléchir sur les valeurs de solidarité et d’engagement. (Source : Belin)

 

Ce que j’ai aimé :

 

La peste est un roman qui est comme le miroir de notre propre condition humaine :

« On dira sans doute que cela n’est pas particulier à notre ville et qu’en somme tous nos contemporains sont ainsi. Sans doute, rien n’est plus naturel, aujourd’hui, que de voir des gens travailler du matin au soir et choisir ensuite de perdre aux cartes, au café, et en bavardages, le temps qui leur reste pour vivre. Mais il est des villes et des pays où les gens ont, de temps en temps, le soupçon d’autre chose. En général, cela ne change pas leur vie. Seulement, il y a eu le soupçon et c’est toujours cela de gagné. » (p. 12)

Car la peste a une dimension allégorique : elle est l'allégorie du mal, consubstanciel à l’homme, une métaphore de l’horreur de la seconde guerre mondiale, de toute forme de totalitarisme, de dictature politique.

"Ils niaient tranquillement, contre toute évidence, que nous ayons jamais connu ce quotidien que celui des mouches, cette sauvagerie bien définie, ce délire calculé, cet emprisonnement qui apportait  avec lui une affreuse liberté à l'égard de tout ce qui n'était pas le présent, cette odeur de mort qui stupéfiait tous ceux qu'elle ne tuait pas, ils niaient enfin que nous ayons été ce peuple abasourdi dont tous les jours une partie, entassée dans la gueule d'un four, s'évaporait en fumées grasses, pendant que l'autre, chargée des chaînes de l'impuissance et de la peur, attendait son tour." (p. 269)

Le seule façon de côtoyer l'espoir sera de faire appel à la solidarité car elle permet de faire face à l’absurde. Le docteur Rieux est le symbole de l’homme révolté qui lutte avec ses propres moyens pour soulager la souffrance des autres. Homme humaniste, compréhensif il est le personnage le plus proche de Camus.

« Mais le narrateur est plutôt tenté de croire qu’en donnant trop d’importance aux belles actions, on rend finalement un hommage indirect et puissant au mal. Car on laisse supposer alors que ces belles actions n’ont tant de prix que parce qu’elles sont rares et que la méchanceté et l’indifférence sont des moteurs bien plus fréquents dans les actions des hommes. C’est là une idée que le narrateur ne partage pas. Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l’ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n’est pas éclairée. » (p. 124)

 Un classique à redécouvrir pour ne pas oublier que la peste peut se tapir dans le symptôme le plus innocent...

Ce que j’ai moins aimé :

 

Quelques longueurs dans les descriptions de la peste en elle-même.

 

Premières phrases :

 

« Les curieux évènements qui font le sujet de cette chronique se sont produits en 194., à Oran. De l’avis général, ils n’y étaient pas à leur place, sortant un peu de l’ordinaire. A première vue, Oran est, en effet, une ville ordinaire et rien de plus qu’une préfecture française de la côte algérienne. »

 

Vous aimerez aussi :


Du même auteur : L'étranger

 

 

La peste, Albert Camus, folio, 288 p., 6.50 euros

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Mort aux cons de Carl ADERHOLD

Publié le par Hélène

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 ♥ 

 « Le con, m’écriai-je, voilà l’ennemi ! » (p. 153)

 

L’auteur :

 Carl Aderhold est né en 1963. Directeur éditorial chez Larousse dans le domaine des sciences humaines, il a publié Mort aux cons et Les poissons ne connaissent pas l’adultère. (Source Sophielit)

Questions http://blog.elle.fr/sophielit/2010/04/19/5-questions-a-carl-aderhold/

 

L’histoire :

Contrairement à l'idée répandue, les cons ne sont pas réformables ; les campagnes de prévention ou les actions pédagogiques n'ont pas de prise sur eux. Une seule chose peut les amener non pas à changer, mais du moins à se tenir tranquille : la peur. Je veux qu'ils sachent que je les surveille et que le temps de l'impunité est révolu. Je compte à mon actif cent quarante meurtres de cons. Afin qu'ils ne soient pas morts pour rien, je vous enjoins de lire ce manifeste. Il explique le sens véritable de mon combat. » Qui n'a jamais rêvé de tuer son voisin le dimanche matin quand il vous réveille à coups de perceuse? Ou d'envoyer dans le décor l'automobiliste qui vous serre de trop près? Le héros de cette histoire, lui, a décidé un jour de passer à l'action. (Quatrième de couverture)

 Ce que j’ai aimé :

 L’idée de départ est originale : le narrateur a décidé de ne plus subir les cons qui l’entourent et le cernent, il les élimine un à un en maquillant ses forfaits ou en procédant de façon à ne jamais être retrouvé.

 Mais au fur et à mesure des disparitions, le problème se complexifie : comment définir le con, quels critères mettre en place pour »justifier » ces exactions ?

 Quelques réflexions le mènent sur la voie :

 « C’est une des grandes caractéristiques des cons que cette envie de nous faire partager leur bonheur et, plus encore, de nous y convertir. De fait, le con est contagieux. Il nous entraîne sur son propre terrain et nous pousse à agir selon sa propre logique, si bien qu’à le fin, on se trouve dans la peau d’une sorte de double, son alter ego. » (p. 192)

 « Premièrement : les cons sont partout. » (p. 296)

 « Bref, si l’on cumule tout ce temps passé chaque jour à lutter contre les cons, au boulot ou ailleurs, vous arrivez, à raison de deux heures par jour en moyenne, et en admettant que vous vivrez à peu près soixante-dix ans, au total faramineux de 50960 heures, soit grosso modo un quart de votre vie active. Un quart ! Qui part ainsi en fumée ! » (p. 310)

Une réflexion dans laquelle chacun peut se reconnaître...

 Ce que j’ai moins aimé :

 Malheureusement, le propos tourne rapidement en rond sans décoller, les situations ne changent pas, créant un effet catalogue lassant et ô déception suprême, la fin tombe à plat, preuve que l’auteur s’est perdu en chemin…

Premières phrases :

 « 1. On ne fait jamais assez attention aux petites choses de la vie. Pourtant le plus souvent, ce sont elles qui sont à l’origine des changements importants de notre existence. La littérature et le cinéma nous encombrent l’imagination de grands drames qui bouleversent la destinée du héros. Mais dans la réalité, ces brusques coups de tonnerre prennent presque toujours la forme de détails ridicules. »

 Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Les poissons ne connaissent pas l’adultère de Carl ADERHOLD

 Autre : Le couperet de Donald WESTLAKE

 Mort aux cons, Carl ADERHOLD, Le livre de poche, février 2009, 409 p., 6.95 euros

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L’herbe des nuits de Patrick MODIANO

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥

 

 L’auteur :

 

Patrick Modiano est un écrivain français.

Il est né d'un père juif italien (Albert Modiano) et d'une mère belge flamande, débarquée à Paris en 1942 pour tenter sa chance comme comédienne.

Il fait ses études à l'école du Montcel à Jouy-en-Josas, au collège Saint-Joseph de Thônes (Haute-Savoie), puis au lycée Henri-IV à Paris. Ayant pour professeur particulier de géométrie Raymond Queneau, un ami de sa mère qu'il rencontre alors qu'il a quinze ans, il décroche son baccalauréat à Annecy, mais n'entreprend pas d'études supérieures.
Sa rencontre avec l'auteur de Zazie dans le métro est cruciale. Introduit par lui dans le monde littéraire, Patrick Modiano a l'occasion de participer à des cocktails donnés par les éditions Gallimard. Il y publiera son premier roman en 1967, La Place de l'Étoile, après en avoir fait relire le manuscrit à Raymond Queneau. À partir de cette année, il ne fait plus qu'écrire.

En 1970 Patrick Modiano épouse Dominique Zehrfuss. De cette union naîtront deux filles, Zina (1974) et Marie (1978).

En 1978 Rue des boutiques obscures a reçu le Prix Goncourt.

En 2000, il reçoit le Grand prix de littérature Paul-Morand pour l'ensemble de son œuvre. (Présentation Babélio)

 

Quatrième de couverture :

«"Qu'est-ce que tu dirais si j'avais tué quelqu'un?"

J'ai cru qu'elle plaisantait ou qu'elle m'avait posé cette question à cause des romans policiers qu'elle avait l'habitude de lire. C'était d'ailleurs sa seule lecture. Peut-être que dans l'un de ces romans une femme posait la même question à son fiancé.

"Ce que je dirais? Rien."»

 Mon avis :

Ce dernier roman de Patrick Modiano est plaisant. Comme toujours, il est bien écrit, fluide, sans doute parce que l'auteur talentueux sait comment nous enjoindre à la rêverie, comment nous retenir dans les rets du souvenir et de la mémoire.

« Le passé? Mais non, il ne s’agit pas du passé, mais des épisodes d’une vie rêvée, intemporelle, que j’arrache, page à page, à la morne vie courante pour lui donner un peu d’ombre et de lumière. » (p56) 

 Malgré tout, j’ai été moins sensible au charme de ce roman que d’ordinaire, une fois la dernière page tournée, j’ai l’impression qu’il ne m’en restera rien, l’effet s’est évaporé dans les brumes d'une lecture nébuleuse... Peut-être est-ce dû au thème, vu et revu chez Modiano, cette quête incessante d'une figure du passé qui pourrait, peut-être rattraper le temps perdu et conjurer le temps qui passe...

 Destiné aux fans absolus de Modiano, ou peut-être à ceux qui ne le connaissent pas encore... Si vous êtes peu ou pas du tout sensibles à son charme, passez votre chemin... 

 

 Premières phrases :

 « Pourtant je n’ai pas rêvé. Je me surprends quelquefois à dire cette phrase dans la rue, comme si j’entendais la voix d’un autre. Une voix blanche. Des noms me reviennent à l’esprit, certains visages, certains détails. Plus personne avec qui parler. »

 

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : L'horizon de Patrick MODIANO  

 D’autres avis :

 Babélio 

  

L’herbe des nuits, Patrick Modiano, Gallimard, octobre 2012, 16.9 euros

 

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La maison des marées de Kenneth WHITE

Publié le par Hélène

                                                  maison-des-marees.jpg

 ♥ ♥

 "Pas de doute, la terre est un lieu intéressant..." (p. 83)

 L’auteur :

site de Kenneth White 

L’histoire :

 

Depuis toujours, Kenneth White collectionne les terres, les océans, les pierres, les chemins, les vents et les brumes. Il aime marcher, se perdre, faire des rencontres.

Voici quelques années, il s’est arrêté sur la côte nord de la Bretagne. À la fois espace ouvert et lieu concentré, propice à la rêverie, aux promenades, à la lecture. Segalen, Chateaubriand, Renan ne sont pas très loin.  Faulkner ou Kerouac lui font parfois signe, entre la visite amicale d’un géographe, d’un pêcheur ou d’un routard…

Dans ce livre, Kenneth White nous raconte ses voyages immobiles, ses randonnées à travers le paysage armoricain, ses rencontres avec les fantômes de moines celtes navigateurs, ses curiosités et ses songes, au fil d'une géographie poétique de la Bretagne… (Présentation sur le site de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Quand Kenneth White s'est installé  à Trébeurden en  Bretagne il y a quelques années de cela, proche de son élément phare, la mer, lové au sein de paysages qui lui ressemblent. Il nous livre ici ses déambulations physiques et intellectuelles, comme un journal de vie : ses promenades sur le sentier des douaniers, ses rencontres avec ses voisins, les visiteurs inopportuns, la cohabitation avec son chat... Mais il convoque aussi ses écrivains favoris, Conrad, Kerouac, dans un climat d'érudition et de culture ensoleillé. 

"Hêtres, chênes et pins, leurs racines comme les veines de la terre. Rayons de soleil sur les eaux brunes de la rivière, araignées d'eau faisant des cercles à la surface. Mica scintillant dans le granit. Le petit bruit mat d'un gland qui tombe. Le mauve de la bruyère. le rouge extraordinaire d'une feuille de ronce. Un oiseau volant le long de la rivière et d'autres, invisibles : fuit, fuit, tseu, tseu, tseu, tseu." (p. 269)

Tous ces courts chapitres respirent l'humanité de l’auteur, aussi fasciné par la rencontre avec un pêcheur que de se retrouver nez à nez avec un renard...

 La maison des marées est donc un récit plaisant à lire, la description d’un monde calme, à part, préservé, comme un cocon... 

  trebeurden.JPG

 

Ce que j’ai moins aimé :

 Il m’a manqué davantage de la poésie, j'ai quelquefois eu l'impression de lire une série de descriptions, qui, comme dans le journal intime, ne résonnent que dans l'esprit de celui qui les écrit...

Premières phrases :

 

 "D'une manière générale, c'est l'ATlantique qui régit notre territoire : il crée le climat, sculpte les côtes, imprègne les esprits.

L'océan dans ces contrées se rétrécit en trois principaux canaux : le canal Saint-Georges, entre l'ANgleterre et l'Irlande, le canal de Bristol, entre l'Angleterre et le pays de Galles, et la Manche, entr el'Angleterre et la France." 

Vous aimerez aussi :

           Du même auteur : Un monde ouvert de Kenneth WHITE

  

La maison des marées, Kenneth White, Albin Michel, 2005, 288 p., 19.30 euros

 

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Antigone de Henry BAUCHAU

Publié le par Hélène

antigone

♥ ♥ ♥

  

L’auteur :

Henry Bauchau (1913-2012), psychanalyste, poète, dramaturge, essayiste, romancier, est l’auteur d’une des œuvres les plus marquantes de notre temps – publiée par Actes Sud.
Récemment : Déluge (roman, 2010), Dialogue avec les montagnes (1968-1971) (nouveau volume de son journal, 2010), L'Enfant rieur (récit, 2011), Tentatives de louange (recueil de poèmes, 2011), Temps du rêve (récit, 2012), Pierre et Blanche (Souvenirs et documents sur Blanche Reverchon et Pierre Jean Jouve, 2012) et Chemin sous la neige. L'Enfant rieur vol. 2 (récit, 2013).

En 2008, Le Boulevard périphérique (repris en Babel, n° 972) avait obtenu le prix du Livre Inter.

 L’histoire :

 Lumineuse, féminine, intrépide, l’Antigone d’Henry Bauchau nous est peut-être plus présente que celle des dramaturges. Et sans doute fallait-il un roman pour vraiment incarner les passions de la jeune mendiante qui, après avoir suivi son père, le roi aveugle, des années durant jusqu’au terme de son parcours, contre toute prudence prend le chemin de Thèbes avec l’espoir d’empêcher la guerre entre les fils de Jocaste, ses deux frères tant aimés. Commence alors pour elle une suite d’épreuves, de doutes, d’humbles joies et d’inexorables déchirements. Traversée d’épisodes sublimes où resplendissent la beauté des chevaux, l’éclat des armes et la vaine gloire des combats, l’Antigone de Bauchau n’en est pas moins une œuvre d’écoute et d’attention à la souffrance, qui chante les regrets de l’amour, l’apaisement des blessures, l’ambivalence des désirs, les mystères de la filiation. Dans une écriture limpide, semblant souverainement précéder toute rhétorique, Henry Bauchau traverse les âges de l’humanité jusqu’à atteindre un temps des origines, une matière première des passions et des arts, d’où il fait soudain jaillir cet événement merveilleux : la naissance du théâtre. Par-delà les éblouissements que nous procure parfois la littérature, il y a bel et bien dans ce livre quelque chose d’éternel. Comme est éternelle Antigone, figure laïque et rédemptrice, symbole de paix et de féminité, qui défie les lois viriles de la haine — et nous éclaire depuis des millénaires, face aux millénaires à venir. (Présentation de l’éditeur)

 Ce que j’ai aimé :

Là où Sophocle et Anouilh commençaient la relation du mythe à la mort de Polynice et Etéocle, Bauchau choisit de remonter le cours du temps et de cueillir Antigone à son retour de Thèbes, quand ses deux frères sont encore vivants et qu’elle peut espérer, elle, la petite sœur, les sauver. Elle veut les empêcher de s’entredéchirer, elle veut la paix et le bonheur aux côtés d’Hémon. Elle refusera jusqu’au dernier instant de prendre parti pour l’un ou l’autre, fidèle à leur souvenir et à leur amour. Mais les deux jumeaux se battent pour Thèbes, pour l’amour perdu de leur lumineuse mère Jocaste, pour exister, parce que ce duel incessant les résume et les résumera jusqu’à la fin. Une surenchère incessante se joue entre eux. Antigone résistera jusqu'à la fin. 

  " Ils pensent tous que je vais échouer. On a bien le droit d’échouer. De tenter seulement de faire un peu de lumière et des ombres, comme la lampe dans l’escalier, et de s’éteindre ensuite sans bruit. 

Clios doit danser ce soir en regardant les étoiles. Peut-être qu’il pense un peu à Antigone et se dit, à sa manière, que tout a un sens qui nous donne parfois des instants, des instincts de bonheur. »  (p. 138)

L'Antigone de Bauchau est un personnage profondément humain, émouvant, elle soigne les blessures de l’enfance comme celles de la cité peuplée de pauvres affamés. Elle semble bien plus adulte et posée que chez Anouilh. Ismène joue un rôle important, sœur compréhensive et tout aussi combative tandis que Créon tire les ficelles dans l’ombre.  

  Bauchau  nous livre un texte beau fort, à la fois  lyrique et épique dans ces combats puissants comme soumis à une chorégraphie céleste.

 « Dans sa lutte avec Créon elle ne conteste pas la loi de la cité qui est alors la loi des hommes. Elle affirme seulement qu’il y a une loi plus haute et qu’en tant que femme elle entend la suivre. Elle reste encore aujourd’hui un modèle de ce que pourrait être une pensée, une éthique, une action féminine délivrée des modèles masculins qui pèsent encore tant sur les femmes.

En face d’Antigone un homme peut entrer dans une colère meurtrière comme Créon, il ne peut plus craindre d’être victime de sa séduction ou de sa ruse » Henry Bauchau, JOURNAL d’Antigone (1989-1997), p. 256

 Ce que j’ai moins aimé :

 Je n’ai pas pu m’empêcher de comparer avec le texte d’Anouilh, et j’ai préféré ce dernier.

 Premières phrases :

 « Depuis la mort d’Oedipe, mes yeux et ma pensée sont orientés vers la mer et c’est près d’elle que je me réfugie toujours. A l’ombre d’un rocher, j’écoute la rumeur du port et des hommes et les cris des oiseaux de mer. »

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Œdipe sur la route, Diotime et les lions

Autre : Antigone de Jean ANOUILH  

D’autres avis :

Lu dans le cadre du Blogoclub

 

blogoclub 

Antigone, Henry Bauchau, Actes Sud, Babel, août 1997, 7 euros

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La campagne de France de Jean-Claude LALUMIERE

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥

   "- Chateaubriand. C'est mon nom. René.

- Comme l'écrivain, souligna Otto en souriant.

- Non, comme le steack, corrigea l'homme en s'engouffrant dans l'autocar." (p. 48)

  

L’auteur :

 « Monsieur Lalumière, vous n’en êtes pas une ! » lui répète son professeur de mathématiques. Sans doute faut-il voir là une des raisons qui poussent le jeune Jean-Claude Lalumière vers les études de lettres. Il multiplie ensuite les expériences dans des domaines aussi variés que la papeterie industrielle, le sport, le transport de champignons, l’enseignement, le bâtiment, la radio et bien sûr l’administration. De tout cela, et de bien d’autres choses, il s’inspire pour écrire des romans empreints d’un humour qui n’est jamais gratuit. (Présentation de l’éditeur) 

 

L'histoire :

 Le train de la croissance est en panne ? Qu'à cela ne tienne, c'est en autocar que les jeunes Alexandre et Otto véhiculent leurs clients, un groupe de retraités indisciplinés, dans un voyage culturel à travers la France. Ultime tentative pour sauver leur agence de la faillite, l’entreprise est capitale, porteuse des plus grands espoirs mais aussi de l’éventualité du péril. Prudence donc sur la route : l'imprévu peut surgir à chaque virage. (Présentation de l’éditeur)

 

 Ce que j’ai aimé :

 Le ton est plutôt drôle autour de cette histoire de virée culturelle qui se heurte à des retraités récalcitrants, peu enclins à découvrir le parcours concocté par les deux brillants universitaires dont les étapes « permettaient une approche détaillée des relations entre la France et l’Allemagne à travers le XXème siècle. » Contraints de s’adapter à leurs voyageurs, ils feront quelques escales non prévues. Et entre André le GO, Denise, l'ancienne enseignante victime d'Alzheimer, son mari Edouard qui ne fait que dormir et manger, Daniel le spécialiste des autobus, et quelques autres hurluberlus, le voyage promet de ne pas être de tout repos. 

 Pour le lecteur le voyage est agréable, les mots coulent et l'entraînent gaiement aux côtés de ces joyeux drilles... 

  Ce que j’ai moins aimé :

 Malheureusement, j’ai trouvé que ni l’humour ni l’histoire ne décollaient suffisamment pour marquer durablement mon esprit…

 

 Premières phrases :

 « Le voyage avait pourtant bien commencé. Nous avions récupéré les membres de la fédération départementale des agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques devant la mairie de Jurançon ? Ils étaient joyeux à l’idée de ce voyage, blagueurs même. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Le front russe

 D’autres avis :

 Presse sur le site de la maison d'édition : http://www.ledilettante.com/livre-9782842637446.htm

 

La campagne de France, Jean-Claude Lalumière, Le Dilettante, janvier 2013, 288 p., 17.50 euros

 

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L’amour sans le faire de Serge JONCOUR

Publié le par Hélène

                                                 amour-sans-le-faire.jpg

 L’auteur :

 Serge Joncour a 46 ans. Il est l'auteur de huit livres, parmi lesquels UV (Prix France Télévision 2003), L'Idole (Flammarion, 2005), Combien de fois je t'aime (Flammarion 2008), L'homme qui ne savait pas dire non (Flammarion 2009). (Présentation de l’éditeur)

 

L’histoire :

Après dix ans de silence, Franck téléphone un soir à ses parents. Curieusement, c'est un petit garçon qui décroche. Plus curieusement encore, il s'appelle Alexandre, comme son frère disparu des années auparavant. Franck décide alors de revenir dans la ferme familiale. Louise, elle, a prévu d'y passer quelques jours avec son fils. Franck et Louise, sans se confier, semblent se comprendre. « On ne refait pas sa vie, c'est juste l'ancienne sur laquelle on insiste », pense Franck en arrivant. Mais dans le silence de cet été ensoleillé et chaud, autour d'un enfant de cinq ans, « insister » finit par ressembler à la vie réinventée. L'Amour sans le faire, c'est une histoire de la tendresse en même temps qu'un hymne à la nature, une nature sauvage, imprévisible, qui invite à changer - et pourquoi pas à renaître. (Présentation de l’éditeur)

 

Mon avis :

 

Voilà un roman qui a les défauts de ses qualités : il nous parle de la vie comme elle va, bonnant mallant quelquefois pour certains, entre querelles de famille pour Franck et deuil incommensurable pour Louise. L’un comme l’autre vivent une vie décousue, triste et morne, jusqu’à ce que …

Le style du roman s’adapte à cette histoire fort simple, et reste très basique, tout comme les chapitres, courts alternant l’histoire de Franck et celle de Louise.

L’amour sans le faire pourrait donc être un joli conte mais il est finalement assez prévisible et frôle quelquefois les clichés et la niaiserie. Trop de simplicité et de banalité tue le roman.

Les réflexions sur le couple sont somme toute assez communes même si elles sonnent vraies :

« Ce qui les retenait, c’était cette totale habitude qu’ils avaient l’un de l’autre, à force de rester ensemble on ne tient plus à l’autre, mais on tient par l’autre, et là, c’ets beaucoup plus délicat, ça demande une énergie folle de se déprendre, ou de la haine pure, à moins de miser sur l’évènement d’une nouvelle rencontre, celle qui redonne la folie de recommencer à zéro. » (p.250)

« Je ne sais pas, dans le fond, c’est la seule vraie chose qu’on devrait se promettre dans la vie, de ne jamais se faire de mal. » (p. 296)

Dans le cadre du prix des lectrices de Elle je dois comparer ce roman-là à Arrive un vagabond. Le roman de Goolrick traite lui aussi d’un thème usé jusqu’à la lie, l’adultère, mais avec talent, originalité, puissance dans l’écriture… Dans L’amour sans le faire j’ai retrouvé tout ce que je reproche au roman français : un thème banal, des idées simplistes trop proches de notre quotidien pour nous apporter quelque chose, une tristesse latente démoralisante, et en prime un style qui ne s’élève pas et laisse le roman à ras de terre…

Dernière critique, la quatrième de couverture a le don d’intriguer le lecteur, mais cette piste est rapidement oubliée, rapidement résolue, fondue dans la banalité du sujet.

Une déception...

 

Premières phrases :

 

« Il voulait les prévenir avant de descendre. Ce jour-là il laissa sonner longtemps, il reposa même le téléphone pour vérifier le numéro, il n’était plus très sûr depuis le temps. »

 

D’autres avis :

 

Presse : Télérama ; Lire ; Le monde

Blogs : A propos de livres Fransoaz CanelYv  Papillon Gambadou  

 

L’amour sans le faire, Serge Joncour, Flammarion, août 2012, 319 p., 19 euros

   grand prix lectrices de elle

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Les bonheurs de l’aube de Léon MAZZELLA

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

 "La poésie, c'est ne pas être assis,

c'est, passionnément, refuser sa mort,

c'est entrer à l'aube et à corps perdu

dans l'onde du jour,

c'est ne pas dormir et c'est être

l'aube avant l'aube."

Rafael Alberti D'espagne et d'ailleurs

 

 L’auteur :

 

En quelques mots : je suis né le 7 novembre 1958 à Oran. J'ai grandi à Bayonne. J'ai fait mes études (Sciences-Po et Droit) à Bordeaux, où j'ai commencé à travailler -au journal Sud-Ouest, dès l'été 1981, à Biarritz. Journaliste professionnel depuis 1984, je bourlingue de rédaction en rédaction et effectue des reportages de pays en pays et de bled en bled. Spécialisé en art de vivre (gastronomie, vins, cigares, voyages), en nature sauvage et en critique littéraire, je donne beaucoup en presse écrite, mais aussi audiovisuelle (télé et radio). Plusieurs fois rédacteur en chef, notamment de Pyrénées Magazine (à Toulouse), de La Chasse, directeur des rédactions de GaultMillau (magazine et guides)... Je suis aussi éditeur (j'ai créé et dirigé fitway publishing, et suis actuellement directeur de collection aux éditions Privat). Auteur par ailleurs, d'une quinzaine d'ouvrages (ma biblio sélective figure sur la page d'accueil de ce blog), je consacre mon temps à lire, écrire, aimer, fort, à voir mes deux enfants grandir, à voyager, m'émerveiller des beautés de la nature; et à rire de tout, mais pas avec n'importe qui.  (Présentation de l’auteur sur son blog http://leonmazzella.hautetfort.com/

 

L’histoire :

 

Recueil de vingt nouvelles qui disent toutes la vérité. Ce sont parmi les aubes que j'ai vécues, celles qui m'ont le plus marqué. Elles se passent un peu partout dans le monde (Afrique, Cuba, Kazakhstan, Venise, Pays basque... Mer, montagne, marécages...). Ce sont des rencontres avec des paysages et avec des hommes (ou des femmes) forcément rares, car à l'aube, un surcroît de vie et d'acuité de tous les sens donnent plus de saveur à l'existence. Dispo en librairie, il a été publié à La Table ronde. Bon petit succès à sa parution fin 2001 (excellente presse, accueil libraires top!). J'aimerais le voir reparaître en poche. J'ajoute que ce bouquin a raté d'un cheveu le Prix GONCOURT de la nouvelle, en 2001... (Présentation de l’auteur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Les bonheurs de l'aube, ce sont ceux glânés aux quatre coins du monde par l'auteur, ces bonheurs minuscules qui deviennent immenses, quand tout à coup la beauté d'un instant ou d'un paysage vous envahit et vous prend à la gorge et au coeur. Ces instants collés à la réalité, si près d'elle, que quelquefois si le regard n'est pas aiguisé, si l'attention n'est pas relâchée, deviennent invisibles. Léon Mazzella nous rappelle que la beauté est là , que la poésie court dans le regard que l'homme porte que le monde, que la pureté existe.

Que ce soit en Afrique lors d’une partie de chasse au buffle, sur le pont d’un bateau dans le détroit de Gibraltar, dans les Pyrénées dans une plaine de Mongolie, Léon Mazzella chante la vie et la mort imbriqués comme dans un tout lumineux évident, il chante la renaissance d’un nouveau jour immuable et toujours aussi magique...

 

« Mais la première bouffée de ce cigare mercenaire, sans marque, à l’heure où les premiers rayons du soleil caressaient notre peau, me donna l’impression d’aspirer un peu de l’haleine des Dieux. Sa fumée rejoignait les nuages. Je fermais les yeux pour mieux ressentir la combustion du bonheur. » (p. 133)

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Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Trop court ! Du coup j’enchaîne avec Chasses furtives que je viens d’acheter…


Premières phrases :

 

« Le combat s’est achevé vers deux heures et demie du matin. Depuis plusieurs jours, il faisait un temps de chien. J’étais épuisé.  J’ai bu beaucoup de whisky et je me suis couché sur une autre planète. Auparavant, en lisant machinalement, dans les toilettes, un texte sans intérêt sur l’emballage  du papier hygiénique, je me suis arrêté sur un mot de la version italienne du descriptif : le mot morbidezza. En français, cela signifie douceur. Aussitôt je me dis : morbidezza, et la mort paraît douce… »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Chasses furtives

Autre : Hommes, bois, abeilles de Mario RIGONI STERN

  

Les bonheurs de l’aube, Léon Mazzella, La table ronde, octobre 2001, 12.20 euros

 

 

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Le héron de Guernica de Antoine CHOPLIN

Publié le par Hélène

                                          heron-de-guernica.jpg

 ♥ ♥ ♥ ♥

  L’auteur :

 Antoine Choplin est depuis 1996 l’organisateur du festival de l’Arpenteur, en Isère, événement consacré au spectacle vivant et à la littérature.

Il vit près de Grenoble, où il concilie son travail d’auteur, ses activités culturelles et sa passion pour la marche en montagne.

Il est également l’auteur de plusieurs livres parus aux éditions de La fosse aux ours, notamment Radeau (2003, Prix des librairies Initiales), Léger fracas du monde (2005) et L’Impasse (2006).

Antoine Choplin reçoit le Prix France Télévisions 2012 pour "La nuit tombée". (Source : Babélio)

Interview : http://www.babelio.com/auteur/Antoine-Choplin/30311

 

 L’histoire :

Guernica. Avril 1937. Jeune peintre autodidacte, Basilio passe son temps dans les marais à observer des hérons cendrés. Ce n’est pas qu’il se sente extérieur au conflit, il a même chercher à s’enrôler dans l’armée républicaine. Mais tandis que les bombardiers allemands sillonnent déjà le ciel, il s’acharne à rendre par le pinceau le frémissement invisible de la vie, dans les plumes d’un de ces oiseaux hiératiques. Dans quelques heures, Guernica sera une ville en cendres, mais c’est un peintre autrement célèbre qui va en rendre compte, magistralement.

L’un comme l’autre, pourtant, le petit peintre de hérons tout autant que le Picasso mondialement connu, nous interrogent sur les tragédies de la guerre et la nécessité de l’art pour en témoigner. (Quatrième de couverture)

 

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 Ce que j’ai aimé :

Le héron de Guernica est un texte magnifique qui nous parle de la guerre, de l’amour, de l’art avec une économie de mots et d’images saisissantes. Il évoque le massacre de Guernica, ville d’innocents bombardés par les allemands pour soutenir Franco, devenu symbole de l’horreur perpétrée par la guerre.

 Il suit surtout les traces de Basilio, jeune homme qui se plaît à peindre la fragilité des hérons au bord de la rivière. Témoin du bombardement, il se rend ensuite à Paris, pour découvrir la toile que Picasso a consacré à cette tuerie, tableau peint à Paris, loin de l’horreur. Et pourtant, ce sera la toile de cet artiste qui inscrira Guernica dans la postérité.

 Antoine Choplin s’interroge ainsi sur le pouvoir de l’art et des choix de l’artiste :

 " J'ai photographié la bicyclette, aussi.

Quelle bicyclette?

Celle qu'on voit là-bas, couchée par terre au milieu de la place.

C'est une drôle d'idée, dit le père Eusebio en regardant vers la bicyclette.

Les avions, ça suffit pas pour raconter ce qui se passe ici, dit Basilio. Dès que tu te mets la tête sous le drap noir et l'oeil dans le viseur tu te rends compe que ça suffit pas.

Si on peut voir les bombardiers juste là, c'est déjà beaucoup, non? (…)

Rien que ça, une bicyclette qui repose à terre, au milieu d'une place déserte. Je crois que c'est pas mal pour donner à deviner tout ce qu'on voit pas sur l'image. Toutes ces choses qui flottent dans l'air et qui fabriquent notre peur de maintenant. Qu'on peut pas graver sur du papier mais qui nous empêchent presque de respirer, par moments. Tu vois ce que je veux dire? » (p. 106)

 Basilio est un artiste qui s’intéresse à  « Toutes les choses qu’on ne voit pas. Tout ce qui palpite sans figurer sur les images, ce qu’on éprouve avec force et qui se refuse à nos sens premiers. Et dont on voudrait témoigner pourtant. » (p. 108)

   heron-bleu.jpg

 Un très beau texte sur la nécessité pour l'artiste d'offrir son talent à la description de l'horreur pour marquer les esprits et ne pas laisser dans l'oubli ces morts et ces vivants à jamais marqués par la guerre...

 

Ce que j’ai moins aimé :

-          Rien.

 

Premières phrases :

« La veille, après avoir quitté la gare, Basilio s’était aventuré au hasard, parmi les rues.

Vers le soir, il avait franchi les grilles du jardin du Luxembourg et s’était assis sur un banc, un peu à l’écart des allées. La nuit était tombée. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : La nuit tombée de Antoine CHOPLIN

 

D’autres avis :

 Kathel ; Agathe ; Aproposdelivres ;  Uncoindeblog ; Val ; Yv

 

Le héron de Guernica, Antoine Choplin, La Brune, 2011, 158 p., 16 euros

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