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458 résultats pour “ile du point némo

Une enfant de Poto-Poto de Henri LOPES

Publié le par Hélène

                       

♥ ♥

L’auteur :

Né en 1937, Henri Lopès est un écrivain congolais (Brazzaville).Il a assumé de hautes fonctions politiques et administratives dans son pays (Premier ministre de 1973 à 1975) avant de devenir (depuis 1982) fonctionnaire international de l'Unesco à Paris. La récente parution de Le Lys et le Flamboyant aux éditions du Seuil complète un oeuvre jusque là composée d'un recueil de nouvelles (Les Tribaliques, Clé, 1971), et de cinq romans : La Nouvelle Romance (Clé, 1976), Sans Tam-tam (1977), Le Pleurer-Rire (1982), Le Chercheur d'Afrique (Seuil, 1989), et Sur l'Autre Rive (Seuil, 1992). Ses écrits réalisés au Congo révèlent les contradictions de L'Afrique indépendante ; elle évoque surtout le combat que l'individu mène contre les entités collectives en s'appuyant sur la lecture et le savoir. Son oeuvre parisienne très intimiste est une quête identitaire de ses principaux personnages à travers le temps. (Source : africultures)

 

L’histoire :

 

« À la une, la photo d'une foule en liesse... En bas, dans le coin gauche, quelqu'un lève deux doigts. C'est Pélagie. À sa gauche, c'est moi, Kimia... C'était le 15 août 1960. La nuit de notre Indépendance... Pour Pélagie et moi, il s'agissait plus d'une occasion de réjouissance que d'une date historique. » Suit le récit d'une amitié liant deux jeunes femmes que l'évolution de leurs pays va séparer un temps. Amitié profonde, complexe, sillonnée de rivalités, de jalousie et, surtout, mue par une indéfectible solidarité au cœur d'un monde divisé.


Entre Pélagie et Kimia, un Moundélé, comme on appelle les Blancs, là-bas ! Mais ne serait-il pas, lui aussi, un enfant de Poto-Poto ?... Doublant l'intrigue amoureuse, une plongée dans les consciences de trois êtres dont les identités se forgent à la fusion des boues et des glaises des sols d'Afrique et d'ailleurs. À contre-courant des clichés, l'auteur, à l'écriture dépouillée, rapide, cinématographique, nous offre trois palpitants destins en perpétuels dialogues.


De l'Europe aux États-Unis, ce trio fiévreux de passion et d'intelligence reste uni par une aspiration commune, le désir de s'assumer et de se dépasser, que traversent les parfums et les saveurs du Congo dans les rythmes des rumbas du pays bantou. (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Toute la première partie du roman est consacrée aux dernières années de lycée des deux jeunes femmes que sont Pélagie et Kimia. Entre soirées dansantes, partiels aux sujets improbables ("Aux partiels de février, il sema la panique en nous faisant sécher sur un sujet dont le libellé fit penser à un canular : "Quelle est la teneur métaphysique du jaune, quel est le coefficient métaphysique du citron ?"" (p.122)), prétendants pas toujours désirables, rêves de départ pour la France, premiers amours, premières déceptions...

«Au Congo, on danse pour courtiser, pour célébrer la lune, la moisson, le nouveau-né, le mariage, on danse aussi pour exprimer sa tristesse. On danse pour prier. On danse pour pleurer ses morts. On danse pour se recréer, on danse pour dire sa mélancolie. Selon la manière dont on remue sa ceinture, la rumba exprime la joie ou le chagrin ».(p.103)

 

Elles sont surtout fascinée par leur professeur, métis plus noir que les congolais, homme brillant et passionnant, contesté, renvoyé, réintégré...

 

En toile de fond vibre l'indépendance du Congo, les violences inhérentes au nouveau statut du pays, les enlèvements discrets, les cannonades inexpliquées, un climat tendu et dur.

 

Pourtant, ce sont pour les jeunes femmes, les derniers jours paisibles qui ne demandent pas d'efforts, de ceux qui nous portent vers le futur sans grand trouble.

 

Vient ensuite le temps des choix, les départs vers l'étranger pour suivre des études qui éloignent inéluctablement les êtres de leurs amis et de leurs racines...

 

Avec simplicité et intelligence, Henri Lopès rend hommage à son pays et à ses jeunes filles pour qui tout commence et tout finit. Ce roman est aussi pour lui l'occasion de s'exprimer sur des sujets qui lui sont proches comme le métissage, l'amour, les femmes, son pays , ou encore le statut d'écrivain puisque la jeune Kimia devient elle-même écrivain et est amenée à assister à des rencontres avec ses lecteurs :



"Je ne crois pas au bien-fondé de ces rencontres. Elles aident peu à la vente des livres et sont une perte de temps pour les auteurs. Je n'y rencontre jamais les écrivains que j'admire. Aujourd'hui, c'est par les médias que l'on touche les lecteurs. C'est à notre personnage qu'on s'intéresse, pas à notre travail.
Le programme prévoyait l'animation d'ateliers d'écriture. Un exercice vain. L'écrivain est un artisan. Son métier s'apprend, mais pas dans une classe. Il n'est ni un cordon bleu ni un féticheur possédant des recettes et des pouvoirs secrets à transmettre. C'est en lisant qu'on apprend à écrire.
[...]
Pas d'atelier d'écriture ni de conférence ex cathedra. Je lirai mes textes. C'est l'unique introduction à tout débat fructueux. La meilleure.
Paresse ? Fantaisie ? Un peu des deux. Avant tout une intime conviction. La préparation de conférences disperse, mord sur le temps réservé à l'écriture, n'est pas dans la nature de l'artiste. Toute ma philosophie s'exprime dans mes romans. Mes gloses ne peuvent éveiller l'écho que mes romans font résonner en vous."  (page 204)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

La deuxième partie centrée sur la relation triangulaire entre Pélagie, Kimia et Franceschini est beaucoup plus classique et de fait moins passionnante et enrichissante...

 

Premières phrases :

 

« Certains nous appelaient les enfants dipanda, un mot forgé pour traduire indépendance en langue. J’avais alors dix-huit ans, Pélagie un peu plus.

J’ai conservé le numéro de Courrier d’Afrique qui relate les festivités de la nuit de dipanda.

A la une, la photo d’une foule en liesse. L’épreuve est de mauvaise qualité. En bas, dans le coin gauche, quelqu’un lève deux doigts. C’est Pélagie. A sa gauche, c’est moi, Kimia. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Photo de groupe au bord du fleuve de Emmanuel DONGALA

 

D’autres avis :

 

Presse : Le point L'Humanité  

 

Une enfant de Poto-Poto, Henri LOPES, Gallimard, Continents noirs, janvier 2012, 272 p., 17,50 euros

 

Merci aux Editions Gallimard.

 

Publié dans Littérature Afrique

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Rue Darwin de Boualem SANSAL

Publié le par Hélène

                  

  ♥ ♥

« Le seul véritable inconnu, c’est soi-même. » (p. 46)

L’auteur :

 Boualem Sansal est un écrivain algérien. Boualem Sansal a une formation d'ingénieur et un doctorat d'économie.Il a été enseignant, consultant, chef d'entreprise et haut fonctionnaire au ministère de l'Industrie algérien. Il est limogé en 2003 pour ses prises de positions critiques contre le pouvoir en place particulièrement contre l'arabisation de l'enseignement.

Son ami Rachid Mimouni (1945-1995), l'encourage à écrire. Boualem Sansal publie son premier roman Le Serment des barbares en 1999 qui reçoit le prix du premier roman et le prix des Tropiques. Son livre Poste restante, une lettre ouverte à ses compatriotes, est resté censuré dans son pays. Après la sortie de ce pamphlet, il est menacé et insulté1 mais décide de rester en Algérie. Un autre de ses ouvrages, Petit éloge de la mémoire est un récit épique de l'épopée berbère. Boualem Sansal est lauréat du Grand Prix RTL-Lire 2008 pour son roman Le Village de l'Allemand sorti en janvier 2008, roman qui est censuré en Algérie. Le 9 juin 2011, il remporte le Prix de la paix des libraires allemands.

Il habite près d'Alger.

L’histoire :

 Après la mort de sa mère, Yazid, le narrateur, décide de retourner rue Darwin dans le quartier Belcourt à Alger, où il a vécu son adolescence. « Le temps de déterrer les morts et de les regarder en face » est venu.

Son passé est dominé par la figure de Lalla Sadia, dite Djéda, sa toute-puissante grand-mère adoptive, qui a fait fortune installée dans son fief villageois – fortune dont le point de départ fut le florissant bordel jouxtant la maison familiale.

Né en 1949, Yazid a été aussitôt enlevé à sa mère prostituée, elle-même expédiée à Alger. Il passe une enfance radieuse au village, dans ce phalanstère grouillant d’enfants. Mais quand il atteint ses huit ans, sa mère parvient à l’arracher à l’emprise de la grand-mère maquerelle. C’est ainsi qu’il débarque rue Darwin, dans une famille inconnue. Il fait la connaissance de sa petite sœur Souad. D’autres frères et sœurs vont arriver par la suite, qui connaîtront des destins très divers.
La guerre d’indépendance arrive, et à Alger le jeune Yazid y participe comme tant d’autres gosses, notamment en portant des messages. C’est une période tourmentée et indéchiffrable, qui va conduire ses frères et sœurs à émigrer. Ils ne pourront plus rentrer en Algérie (les garçons parce qu’ils n’ont pas fait leur service militaire, les filles parce qu’elles ont fait leurs études aux frais de l’État algérien). Le roman raconte la diaspora familiale, mais aussi l’histoire bouleversante de Daoud, un enfant de la grande maison, le préféré de Djéda, dont Yazid retrouve un jour la trace à Paris.

 

Ce que j’ai aimé :

-          Rue Darwin est le récit nostalgique d’un homme qui cherche des réponses à ses questions et décident de les résoudre maintenant qu’il n’a plus à se sacrifier pour les autres. Dans un style millimétré Boualem Sansal nous offre un texte puissant sur les origines et la vérité :

« C’est peut-être une loi essentielle de la vie qui veut que l’homme efface son histoire première et la reconstitue de mémoire comme un puzzle impossible, dans le secret, à l’aune de son expérience et après bien des questionnements et des luttes, ainsi et seulement ainsi il peut faire le procès du bien et du mal, ces forces qui le portent dans la vie sur le chemin de son origine. Vire serait donc cela, retrouver le sens premier dans l’errance et la quête… et l’espoir qu’au bout est le fameux paradis perdu, la paix simplement. » (p. 225)

-          Boualem Sansal est un écrivain censuré dans son pays pour ses opinions radicales sur l’islam et ses imams :

« La religion me paraît très dangereuse par son côté brutal, totalitaire. L'islam est devenu une loi terrifiante, qui n'édicte que des interdits, bannit le doute, et dont les zélateurs sont de plus en plus violents. Il faudrait qu'il retrouve sa spiritualité, sa force première. Il faut libérer, décoloniser, socialiser l'islam. »

« Finalement, aujourd'hui, je pense que c'est aux hommes du pouvoir de partir. On a trop cédé, il ne faut plus céder. » (Entretien avec Marianne PAYOT, l’Express, 24 août 2011)

Il évoque dans son roman ses prises de position ainsi que son rapport à la guerre :

« La guerre qui n’apporte pas une paix meilleure n’est pas une guerre, c’est une violence faite à l’humanité et à Dieu, appelée à recommencer encore et encore avec des buts plus sombres et des moyens plus lâches, ce ci pour punir ceux qui l’ont déclenchée de n’avoir pas su la conduire et la terminer comme doit s’achever une guerre : sur une paix meilleure. Aucune réconciliation, aucune repentance, aucun traité, n’y changerait rien, la finalité des guerres n’est pas de chialer en se frappant la poitrine et de se répandre en procès au pied du totem, mais de construire une paix meilleure pour tous et de la vivre ensemble. » (p. 108)

Il décrit notamment cette scène surréaliste durant laquelle Boumediene, en 1973 annonce dans un discours « plus il y a de morts, plus la victoire est belle. »  Et en déduit : « Je découvrais que les grands criminels ne se contentent pas de tuer, comme ils s’y emploient tout le long de leur règne, ils aiment aussi se donner des raisons pressantes de tuer : elles font de leurs victimes des coupables qui méritaient leur châtiment. » (p. 117)

Plus qu'un simple roman familial, Rue Darwin est un roman sur l'identité d'un être dans un monde difficilement habitable.

Ce que j’ai moins aimé :

Je ne saurais dire exactement  pourquoi je n'ai pas été emportée par ce roman, mais il m'a manqué quelque chose, peut-être tout simplement un intérêt pour le sujet évoqué, je ne sais pas, un rien sans doute, qui fait que j'ai avancé péniblement dans cette lecture et que au final je ne m'y retrouve pas.

Ce qui ne m'empêche pas d'insister sur ses qualités indéniables...

Premières phrases :

« Tout est certain dans la vie, le bien, le mal, Dieu, la mort, le temps, et tout le reste, sauf la Vérité. Maiq qu’est ce que la Vérité ? La chose au monde dont on ne doute pas, dont on ne douterait pas un instant si on la savait. Hum… Ce serait donc une chose qui s’accomplit en nous et nous accomplit en même temps ? Elle serait alors plus forte que Dieu, la mort, le bien, le mal, le temps et le reste ?... mais devenant certitude, est-elle toujours la Vérité ? N’est-elle pas alors qu’un mythe, un message indéchiffré indéchiffrable, le souvenir de quelque monde d’une vie antérieure, une voix de l’au-delà ?

C’est de cela que nous allons parler, c’est notre histoire, nous la savons sans la savoir. »

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le village de l’allemand

D’autres avis :

L’express

Marianne Desroziers ; Nina

 

Rue Darwin, Boualem SANSAL, Gallimard, août 2011, 17.50 euros

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Publié dans Littérature Afrique

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Que ma joie demeure de Jean GIONO

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Une seule étoile, dit Bobi.

- Où ?

Un petit point rouge, clignotant sur l'horizon, du côté du nord.

"Non, dit Jourdan, ça doit être une lampe dans la montagne.

- On pourrait s'y diriger dessus.

- A quoi ça servirait ? dit Jourdan.

(...)

"Ca servirait à aller vers une étoile qui est une lampe dans la montagne, dit Bobi. Pas plus." 

Sur le plateau provençal de Grémone Jourdan laboure son champ en pleine nuit, mû pour il ne sait quel instinct. Il sent que quelqu'un va venir et changer sa vie, chasser l'ennui. Et quelqu'un vient : Bobi, acrobate poète qui lui demande du tabac. Bobi va changer la vie des habitants du plateau en réveillant leur appétit de vivre. Désormais Jourdan refuse de faire du "travail triste" , il veut de la joie, parce que les hommes ont besoin de cette joie. Ainsi il décide de planter un champ de narcisses pour égayer le plateau et de prendre un cerf : 

"Aujourd'hui le cerf, c'était goûter le goût de l'hiver, de la forêt nue, des nuages bas, marcher dans la boue, entendre les buissons qui griffaient sa veste de velours , avoir froid au nez, chaud dans la bouche; Il se sentait libre et agréablement seul." p. 339

@france3 

De petits gestes aux grands rassemblements, les hommes apprennent le bonheur de l'inutile, ils reprennent leur juste place dans le grand ordonnancement de la terre, accordés aux rythmes des saisons et de la nature, dans une sorte de panthéisme cosmique : 

"Toujours, toujours, sans arrêt, parce que le sang ne s'arrête pas de battre, et de fouler, et de galoper, et de demander avec son tambour noir d'entrer en danse. Et il appelle, et on n'ose pas. Et il appelle, et on ne sait pas s'il faut... Et on a dans tout son corps des désirs, et on souffre. On en sait pas et on sait. Oui, vaguement on se rend compte que ce serait bien, que la terre serait belle, que ce serait le paradis, le bonheur pour tous et la joie. Se laisser faire par son sang, se laisser battre, fouler, se laisser emporter par le galop de son propre sang jusque dans l'infinie prairie du ciel lisse comme un sable." p. 189

Ils se font présents à eux-mêmes et au monde grâce à Bobi, figure christique pourvoyeur d'espérance, de solidarité, d'amour... 

Et pourtant, l'inquiétude continue de les ronger : 

"L'inquiétude. Toujours attendre. Toujours vouloir, avoir peur de ce qu'on a, vouloir ce qu'on n'a pas. L'avoir, et puis tout de suite avoir peur que ça parte. Et puis, savoir que ça va partir d'entre nos mains, et pus ça part d'entre nos mains. J'allais dire : " comme un oiseau qui s'échappe" non, comme quand on serre une poignée de sable, voilà. Ca, je crois que c'est obligé, qu'on l'a en naissant, comme les grenouilles qui en naissant ont une coeur trois fois gros que la tête." p. 254

La joie n'est-elle pas une utopie éphémère qui file entre les doigts de celui qui cherche à la retenir ? 

"Pourtant, des fois, le soir, seul au bord des routes, assis à côté de mon petit sac, en regardant venir la nuit, regardant s'en aller le petit vent dans la poussière sentant l'herbe, écoutant le bruit des forêts, j'avais parfois presque le temps de voir mon bonheur. C'était comme le saut de la puce : elle est là, elle est partie, mais j'étais heureux et libre." p. 265

Si la joie ne dure pas, elle est pourtant là, tout près, palpable dans des instants fulgurants qui transcendent l'être humain. 

"Il faudrait que la joie soit paisible. Il faudrait que la joie soit une chose habituelle et tout à fait paisible, et tranquille, et non pas batailleuse et passionnée. Car moi je ne dis pas que c'est de la joie quand on rit ou quand on chante, ou même quand le plaisir qu'on a vous dépasse le corps. Je dis qu'on est dans la joie quand tous les gestes habituels sont des gestes de joie, quand c'est une joie de travailler pour sa nourriture. Quand on est dans une nature qu'on apprécie et qu'on aime, quand chaque jour, à tous les moments, à toutes les minutes tout est facile et paisible. Quand tout ce qu'on désire est là." p. 427

Dans ce texte sensuel Giono revisite notre façon de voir le monde. Il propose une autre façon de travailler sans accumuler l'argent ou le pouvoir, en le partageant plutôt pour embellir l'environnement et les conditions de travail. La mise en commun presque communiste des champs permet d'évoluer. En changeant l'homme il sera possible de changer la société qui le régit et de rétablir un rappport harmonieux avec la nature même si cette entreprise utopique se heurte à l'égoïsme des hommes et au plaisir charnel. La liberté créatrice doit éclater. 

"Ce n'est pas vrai. S'il n'y avait pas de joie, il n'y aurait pas de monde. Ce n'est pas vrai qu'il n'y a pas de joie. Quand on dit qu'il n'y a pas de joie, on perd confiance. Il ne faut pas perdre confiance. Il faut se souvenir que la confiance c'est déjà de la joie. L'espérance que ça sera tout à l'heure, l'espérance que ça sera demain, que ça va arriver, que c'est là, que ça attend, que ça se gonfle, qua ça va crever tout d'un coup, que ça va couler dans notre bouche, que ça va nous faire boire, qu'on n'aura plus soif, qu'on n'aura plus mal, qu'on va aimer." p. 494

 

Présentation de l'éditeur : Livre de poche  ;  Grasset 

D'autres avis : Dominique 

 

Que ma joie demeure, Jean Giono, Le livre de poche, 1974, 6.60 euros

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L'élevage des enfants de Emmanuel PRELLE et Emmanuel VINCENOT

Publié le par Hélène

♥ ♥

Tout a commencé avec un post trouvé sur Facebook sur la méthode Montessori 

1-  Les enfants apprennent de ce qui les entoure. Les parents sont donc leur meilleur modèle. 2- Si les parents critiquent leur enfant, la première chose qu’il apprendra à faire, c’est juger. 3- Si au contraire les parents complimentent régulièrement leur bambin,il apprendra à valoriser. 4- Si les parents manifestent de l’hostilité à leur enfant, il apprendra à se battre et à se disputer. 5- Si les parents ridiculisent leur enfant de façon habituelle, il sera une personne timide. 6- Si votre enfant grandit en se sentant sûr de lui, il pourra apprendre à faire confiance aux autres. 7- Si vous méprisez fréquemment votre enfant, il développera un sentiment négatif de culpabilité. 8- Si vous montrez à votre enfant que ses idées et opinions sont toujours acceptées, il se sentira bien. 9- Si votre enfant évolue dans une atmosphère où il se sent protégé, intégré et aimé, il apprendra à trouver l’amour dans le monde. 10- Ne parlez pas mal de votre enfant. Ni en sa présence, ni même en son absence. 11- En tant que parent, valorisez ses bons côtés de telle façon qu’il n’y ait plus jamais de place pour les mauvais. 12- Ecoutez toujours votre enfant et répondez-lui à chaque fois qu’il vous posera une question ou qu’il fera un commentaire. 13- Respectez toujours votre enfant, même dans les moments où il commet des erreurs. Soutenez-le. Il réparera ses erreurs un jour ou l’autre. 14- Si votre enfant cherche quelque chose, vous devez être disposé à l’aider, tout comme vous pouvez lui permettre de trouver par lui-même ce qu’il cherche. 15- Lorsque vous vous adressez à votre enfant, offrez-lui le meilleur de vous. Source : Info Bébés 

Voilà.

J'ai échoué.

Mes enfants seront des monstres.

Ils jugeront parce que j'ai dit que la maîtresse était une vieille C... incompétente,

Ils se sentiront dévalorisés parce que j'ai crié un peu fort quand j'ai appris que 3 fois 6 égal 21 (et que j'en ai rajouté sur la maîtresse c... et incompétente), 

Ils seront timides parce que j'ai dit que Chica Vampira franchement c'était pour les pouffes sans cervelle jeunes filles de 16 ans pas de 7 ans, 

Ils se sentiront mal parce que j'ai dit que non décidemment l'idée de manger des hamburgers à tous les repas était débile, non recevable,  

Ils ne seront jamais aimés parce que je n'ai pas écouté le sempiternel pourquoi du comment de pourquoi Déborah n'a pas voulu se ranger avec moi dans le rang, 

Je n'ai pas répondu au classique "comment on fait des bébés", préférant esquiver par un "bon et sinon tu comptes vraiment devenir une pouffe sans cervelle en continuant à regarder Chica Vampira ?" 

Je n'ai pas offert le meilleur de moi, ou rarement, parce que, franchement, je le cherche encore.

Voilà. Mes enfants sont des futurs Hitler.

Heureusement pour moi, alors que j'allais m'auto-dénoncer au 119-enfance maltraitée, Emmanuel est arrivé ! Avec un mail très gentil il m'a proposé de lire son livre, il avait dû sentir mon désarroi à distance... C'est beau la solidarité des parents qui trouvent que franchement Montessori sa méthode il peut se la carrer bip bip loosers ! 

J'ai donc dévoré son petit livre "guide professionnel pour parents amateurs" hier soir, et quel plaisir de se sentir moins seuls ! 

Déjà ça commence comme ça "Vous élevez déjà un ou plusieurs enfants, et vous avez le sentiment d'être un mauvais parent ? Soyons honnêtes : c'est sans doute le cas. (...) Elever un enfant est d'ailleurs une tâche tellement compliquée que Dieu lui-même n'en a eu qu'un seul." Mais oui mais c'est bien sûr je ne suis ni Dieu ni croyante -malgré les efforts de ma belle-mère qui m'a parlé en long large travers des miracles de Fatimah (vous savez l'hallucination collective)- d'où mon échec !

Les auteurs divisent leur guide en 5 parties "L'âge adorable (0-3 ans), l'äge pénible (3-6 ans) l'âge idiot (6-10 ans) l'âge bête (11-15 ans) et l'âge insupportable (16-18 ans) et répondent ainsi à des questions passionnantes et existentielles comme "Doit-on abandonner son enfant après la naissance ?" "Vaut-il mieux faire un deuxième enfant ou adopter un chien ?" Ils vous apprennent comment faire des économies : "Faire croire à vos enfants que leur anniversaire tombe le 29 février." ou comment décrypter les bulletins scolaires de son enfant :

L'élevage des enfants de Emmanuel PRELLE et Emmanuel VINCENOT

Ils vous aident à embaucher une baby-sitter  avec des questions pertinentes comme "Avez-vous déjà été condamné pour kidnapping ?", vous indiquent comment savoir qu'on s'est fait repérer à lire le journal intime de notre fille (le jour où vous lisez cette phrase "J'ai beaucoup de respect pour mes parents qui sont de vrais modèles pour moi" passez alors au plan B : soudoyer le petit frère pour qu'il balance), comment repérer le discours hypocrite de votre fils qui demande un smartphone parce que :

L'élevage des enfants de Emmanuel PRELLE et Emmanuel VINCENOT

Ils vous aiguillent pour comment savoir si votre fils se drogue (si il rit à vos histoires drôles ou range sa chambre ce qui dénoterait d'un comportement inhabituel) (et sinon "créez un faux profil facebook. Inventez-vous un nom de rappeur (au hasard, "MC Daddy"), puis proposez de la drogue à votre enfant.")

Ils nous offrent des comparaisons intelligentes : "Le petit garçon est comme un chien : toujours obéissant, joyeux dès qu'il vous aperçoit, désespéré quand vous le laissez. L'adolescent, pour sa part, ressemble à un chat : il est ingat, hypocrite et méprisant, on ne sait jamais ce qu'il pense, il vient manger quand bon lui semble et repart on ne sait où. En revanche, le chat, lui, fait sa toilette tous les jours." 

Ils proposent même des bilans de compétence pour vous auto-évaluer et si je ne donnerai pas ici mon résultat, je suis fière quand même de vous dire que j'ai eu plus de 2 points ! 

L'élevage des enfants de Emmanuel PRELLE et Emmanuel VINCENOT

Voilà, après cette lecture, j'ai repris espoir.

Peut-être que mes enfants seront quand même des gens bien...

Merci Emmanuel. 

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Rencontre Babélio avec Michel Jean

Publié le par Hélène

J'ai pu assister hier soir à une rencontre organisée par Babélio et animée par Pierre Krause autour du dernier roman de Michel Jean Tiohtiá:ke, roman qui met en scène des autochtones réfugié à Montréal.

Michel Jean est un journaliste, chef d'antenne et écrivain québecois. Sa grand-mère était autochtone et son grand père considéré comme blanc. Quand ils se sont mariés, ils ont dû quitter la réserve, ce que l'auteur considère à la fois comme un mal et un bien. Il a ressenti un manque inexorable éloigné de ses racines, un vide au creux de la poitrine, mais cela a permis aussi de les épargner puisqu'ils n'ont pas fait partie de ces autochtones envoyés au pensionnat.

Pourquoi situer l'action du livre à Montréal, est-ce une ville qui vous inspire ?

Je ne suis pas tellement inspiré par cette ville, je l'aime, entendons-nous, c'est une ville à l'activité foisonnante, multiculturelle, où il fait bon vivre. Mais c'est surtout l'aspect autochtone de Montréal qui m'intéressait. Je voulais décrire une situation que je voyais, alors que les gens qui vivent ici voient aussi ces autochtones mais ne comprennent pas forcément la situation. Malgré leur nombre, les québecois ont tendance à ignorer ou juger les autochtones, je voulais mettre en valeur ce peuple et comment ils sont devenus des itinérants quand ils sont partis des pensionnats ou ont quitté leurs réserves. Ils se retrouvent entre eux à Montréal car c'est là qu'ils sont le plus nombreux et ils ont besoin de se regrouper.

A Montréal ils se rassemblent dans le square Cabot, point de rassemblement autour duquel s'articulent les foyers pour femmes, les centres pour trouver de la nourriture. Cela crée des tensions par contre avec les gens qui habitent à proximité.

Vos personnages s'inspirent -ils de personnages qui existent ?

J'aime personnellement aller à côté du square pour regarder les gens. Les deux jumelles existent effectivement. Elie est inspiré par un homme que j'ai connu Raymond Hervieux, itinérant. Si mes personnages s'inspirent de personnes réellement rencontrées, ils n'ont pas la même vie. Raymond est décédé peu de temps après la parution du livre et je redoutais un peu la réaction de sa famille à la lecture, mais ils ont été très heureux, ils m'écrivaient. C'est important aussi de comprendre que si les itinérants sont dans la rue ils ont aussi de vraies familles qui ne les oublient pas.

 

Etes-vous le seul journaliste à vous intéresser aux autochtones ?

Nous ne sommes pas très nombreux à nous y intéresser car malheureusement selon les rédactions, ce n'est pas un sujet qui intéresse les gens. C'est un préjugé, ce n'est pas raciste. Il y a quelques temps quatre pères de famille autochtones avaient disparu, ils ont eu droit à une journée de recherche et à aucun journaliste alors que quelques temps plus tard un père et son fils blancs ont aussi disparu et eux ont eu droit à un hélicoptère, une couverture presse et des recherches poussées. Il faut savoir qu'une étude a montré que si vous êtres noirs ou autochtones au Québec vous avez six ou sept fois plus de chances d'être interpelés par des policiers. c'est une réalité.

Dans le milieu littéraire, jamais aucun roman autochtone n'a eu de prix. Ils ont eu des prix en poésie, prix considéré comme le moins prestigieux mais ce sont des blancs qui ont eu les "gros" prix. Le milieu littéraire est moins ouvert qu'il ne le pense. Kukum a obtenu plusieurs prix mais en France, pas au Canada.

Cela ne fait pas longtemps qu'on écrit des livres sur les autochtones. C'est seulement en 2012 pour ma part que j'ai abordé le sujet avec Atuk. Mais ce roman n'a pas eu beaucoup de succès. Un seul autre roman existait à cette époque Kuessipan de Naomi Fontaine. J'ai écrit Maikan l'année d'après qui n'a pas connu non plus beaucoup de succès. Puis j'ai enchainé avec deux autres romans qui ne parlaient pas de ce sujet. En 2016 j'ai participé à un recueil de nouvelles sur le sujets qui a bien fonctionné, puis en 2019 Kukum, gros succès de bouche à oreilles. Cela prouve que les lecteurs évoluent plus vite, ont plus d'intérêt.

Aujourd'hui il existe d'autres auteurs. Il existe un salon des premières nations dont l'importance augmente tous les ans. C'est une littérature émergente et vivante.

Les journalistes et le milieu littéraire sont en retard par rapport aux lecteurs qui lisent les livres.

Pourquoi cette difficulté au Québec d'accepter la littérature autochtone ?
Les québecois cherchent leur identité et ont tendance à laisser de côté celle des autres. Il est plus difficile d'être une autochtone au Québec qu'au Canada. Quand on est québecois on grandit entouré d'un milieu anglophone. A l'école on dit que la France nous a abandonnés avec le traité de Paris. Le français est une langue menacée, au Québec on est entouré d'anglais. La seule langue officielle au Québec est le français, on ne reconnait pas les langues autochtones parlées depuis des milliers d'années. Si on parle du droit des autochtones, les québecois ont l'impression qu'on délégitime les québecois. En se défendant finalement, ils font du mal.

Est-ce que les jeunes autochtones sont tout de même optimistes aujourd’hui ?

Malheureusement dans notre histoire, il y a eu un effet d'entrainement, un cycle infernal. Chassé des réserves pour être placés dans ces pensionnats, les autochtones sont aujourd'hui des itinérants avec tous les risques que cela comporte : absence d'emplois, décrochage scolaire, drogue, alcool. Arrêter cette spirale c'est comme arrêter un train en marche. Les blessures sont intergénérationnelles. Aujourd'hui certains jeunes s'en sortent, mais ce sera long, une seule génération ne suffit pas. On dit qu'il faudra sept générations  pour revenir à la normale. Il faut comprendre que nous sommes une société post-apocalyptique, nous avons vécu la fin de notre monde, cela est difficile de se remettre de cela. J'ai voulu écrire un roman optimiste, Elie fait partie de ces jeunes qui se lancent dans les études, la littérature autochtone est souvent pessimiste, je voulait montrer que quelquefois, ça finit bien !

 

A lire en ces pages : Kukum; Atuk, elle et nous  ; Tiohtiá:ke

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La valse aux adieux de Milan KUNDERA

Publié le par Hélène

                                               valse aux adieux

 ♥ ♥ ♥

"Si quelque chose m'a toujours profondément écœuré chez l'homme, c'est bien de voir comment sa cruauté, sa bassesse et son esprit borné parviennent à revêtir le masque du lyrisme."

 

L’auteur :

 

La vie de Milan Kundera pourrait se résumer en deux temps : auteur dissident en Tchécoslovaquie, il devient, en 1975, une figure importante de la vie littéraire française et internationale. Dissident, Kundera ne l'a pas toujours été : inscrit au Parti communiste, les premiers écrits de cet étudiant en littérature, en esthétique et en cinéma s'inscrivent dans une vison marxiste du monde. Pourtant, le lyrisme et la poésie sensible d'ouvrages comme 'Le Dernier mai' ou 'Monologues' ne tardent pas à l'éloigner du réalisme socialiste prôné par le régime. Ce n'est qu'à partir des années 1960 que sa critique se fait plus virulente : 'La Plaisanterie' et 'Risibles amours' incarnent avec force le souffle de liberté qui s'exprime lors du printemps de Prague, auquel il participe activement. Déchu de sa nationalité tchèque, la France lui réserve un accueil chaleureux et il devient enseignant à l'université de Rennes et à l'EHESS de Paris. C'est dans la langue de Molière qu'il signe ses plus grands succès dont son chef-d' oeuvre : 'L' Insoutenable légèreté de l'être', paru en 1984. Il y poursuit sa réflexion sur la parole, l'illusion et la condition humaine, ainsi que sur l'éternel retour nietzschéen. Cet ouvrage contient également sa définition du 'kitsch', devenue une référence. Analyste de son propre travail, Milan Kundera signe plusieurs écrits théoriques comme 'L'Art du roman', qui le place parmi les plus grands penseurs contemporains de la littérature. Le 24 mars 2011, l'auteur de 'L' Insoutenable légèreté de l'être' voit ses oeuvres complètes publiées dans la prestigieuse collection de Gallimard. Il en est le seul écrivain vivant à faire son entrée dans La Pléiade. Kundera canonisé côtoie désormais Proust et Balzac, Rabelais et Molière, Goethe et Conrad. (Source : Evene)

 

L’histoire :

 

Dans une ville d'eaux au charme suranné, huit personnages s'étreignent au gré d'une valse qui va en s'accélérant : une jolie infirmière ; un gynécologue fantaisiste ; un richard américain (à la fois saint et don Juan) ; un trompettiste célèbre ; un ancien détenu, victime des purges et sur le point de quitter son pays... Un 'songe d'une nuit d'été'. Un 'vaudeville noir'. Les questions les plus graves y sont posées avec une blasphématoire légèreté qui nous fait comprendre que le monde moderne nous a privés même du droit au tragique.

 

Ce que j’ai aimé :

 

Cette valse nous entraîne dans un tel tourbillon que l’on ne peut que succomber au charme des destins des habitants de cette petite ville d’eau. Mais une fois l’ivresse passée, reste un faisceau de réflexions qui s’épanouit dans l’esprit du lecteur et instillent leur philosophie.

 

Si le thème de la tromperie est au cœur du roman, bien d’autres ramifications philosophiques s’offrent à nous.

 

Un nouveau regard porté sur elle illumine la belle Mme Klima aspirée tout à coup par la liberté : elle se demande si son mari n’est pas juste auréolé par la jalousie et non pas par l’amour :

 

 « La jalousie possède l'étonnant pouvoir d'éclairer l'être unique d'intenses rayons et de maintenir les autres hommes dans une totale obscurité. »

 

Jakub cherche sa liberté dans l’apprivoisement de la mort, se promener avec un cachet de poison lui permet de maîtriser sa vie. Mais n’est-ce pas là encore qu’une illusion ? Ce petit cachet bleu va l’amener à s’interroger sur la vie et le mort, mais aussi sur le meurtre… La vie et la mort restent intrinsèquement liés.

 

De même que sont irrémédiablement  liés  les doubles thèmes de l’avortement et la fécondité.

 

"Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne pourrai jamais dire avec une totale conviction : l’homme est un être merveilleux et je veux le reproduire."

 

« Avoir un enfant, c'est manifester un accord absolu avec l'homme. Si j'ai un enfant, c'est comme si je disais : je suis né, j'ai goûté à la vie et j'ai constaté qu'elle est si bonne qu'elle mérite d'être multipliée. »

« [...] je dois me demander dans quel monde j'enverrais mon enfant. L'école ne tarderait pas à me l'enlever pour lui bourrer le crâne de contre-vérités que j'ai moi-même vainement combattues pendant toute ma vie. Faudrait-il que je voie mon fils devenir sous mes yeux un crétin conformiste ? ou bien, devrais-je lui inculquer mes propres idées et le voir souffrir parce qu'il serait enchaîné dans les mêmes conflits que moi ? »

 

Faut-il mettre au monde un enfant dans un contexte politique plus que bancal. Ce contexte n’est guère développé, mais la menace sous-jacente reste bien présente. Derrière la futilité de certaines scènes ou de certains dialogues se cachent une tragédie en cours :

 

 « Une blonde s'adapte inconsciemment à ses cheveux. Surtout si cette blonde est une brune qui se fait teindre en jaune. Elle veut être fidèle à sa couleur et se comporte comme un être fragile, une poupée frivole, une créature exclusivement préoccupée de son apparence, et cette créature exige de la tendresse et des services, de la galanterie et une pension alimentaire, elle est incapable de rien faire par elle-même, elle est toute délicatesse au-dehors et au-dedans toute grossièreté. Si les cheveux noirs devenaient une mode universelle, on vivrait nettement mieux en ce monde. Ce serait la réforme sociale la plus utile que l'on ait jamais accomplie. » (p. 56)

 

« [...] le désir de l'ordre veut transformer l'univers humain en un règne inorganique où tout marche, où tout fonctionne, où tout est assujetti à une règle supérieure à l'individu. Le désir de l'ordre est en même temps désir de mort, parce que la vie est perpétuelle violation de l'ordre. Ou, inversement, on peut dire que le désir de l'ordre est le prétexte vertueux par lequel la haine de l'homme justifie ses forfaits. » (p. 126)

 

Milan Kundera réussit là encore à allier subtilement tragédie et comédie, à l’image d’une vie qui oscille sans cesse entre vie et mort…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Rien.

 

Premières phrases :

 

« L'automne commence et les arbres se colorent de jaune, de rouge, de brun ; la petite ville d'eaux, dans son joli vallon, semble cernée par un incendie. Sous le péristyle, des femmes vont et viennent et s'inclinent vers les sources. Ce sont des femmes qui ne peuvent pas avoir d'enfants et elles espèrent trouver dans ces eaux thermales la fécondité.
Les hommes sont ici beaucoup moins nombreux parmi les curistes, mais on en voit pourtant, car il paraît que les eaux, outre leurs vertus gynécologiques, sont bonnes pour le coeur. Malgré tout, pour un curiste mâle, on en compte neuf de sexe féminin, et cela met en fureur la jeune célibataire qui travaille ici comme infirmière et s'occupe à la piscine de dames venues soigner leur stérilité ! C'est ici qu'est née Ruzena, elle y a son père et sa mère. Échappera-t-elle jamais à ce lieu, à cet atroce pullulement de femmes ? »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : L’insoutenable légèreté de l’être

 

La valse aux adieux, Milan Kundera, traduit du tchèque par François Kérel, Folio,  juillet 1978, 363 p., 7.30, euros

 

Publié dans Littérature Europe

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La promesse de l’aube de Romain GARY

Publié le par Hélène

promesse de l'aube

♥ ♥ ♥

 « Je prenais encore la vie pour un genre littéraire ; » (p. 352)

 

L’auteur :

Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew est un romancier français originaire de Pologne septentrionale, unique double lauréat du Prix Goncourt.

Roman Kacew est le fils de Arieh Leib Kacew et de Mina Owczynska. Kacew est le deuxième époux de la mère de Gary. Gary est élevé par sa mère après le départ de son père du foyer conjugal lorsqu'il était enfant. Gary était juif par ses deux parents.

Après la séparation des parents, Gary arrive avec sa mère en France, à Nice, à l'âge de 14 ans. Il étudie le droit à Paris. Naturalisé français en 1935, il est appelé au service militaire pour servir dans l'aviation où il est incorporé en 1938.

Engagé dans les Forces Aériennes Françaises Libres, durant la Seconde Guerre mondiale, Roman prend le pseudonyme de Gary comme nom de résistant. Décoré commandeur de la Légion d'honneur à la fin de la guerre, il embrasse la carrière diplomatique en 1945. Cette même année, paraît son premier roman L'Education européenne. Pendant sa carrière diplomatique, il écrit de nombreuses œuvres, dont le roman Les racines du ciel, pour lequel il reçoit le Prix Goncourt en 1956. Il quitte le Quai d'Orsay en 1961, après avoir représenté la France en Bulgarie, en Suisse, en Bolivie, aux Etats-Unis.

Désireux de surprendre et se renouveler, Romain Gary utilise, tôt dans sa carrière littéraire, des pseudonymes. Ainsi, publie-t-il L'Homme à la colombe, sous le nom de Fosco Sinibaldi, en 1958. Dans les années 1970, il utilise à la fois les noms de Romain Gary, de Shatan Bogat et d'Emile Ajar.

Las d'être la cible de critiques le considérant réactionnaire, du fait de son passé de diplomate gaulliste, il invente une écriture vive et drôle, à rattacher au courant post-moderniste, sous le nom de plume d'Emile Ajar. Son cousin Paul Pawlovic prête corps à cette allégorie et, en 1975, reçoit le Prix Goncourt pour La Vie devant soi. La supercherie est révélée par Romain Gary dans son œuvre posthume Vie et mort d'Emile Ajar.

Époux de l'actrice Jean Seberg de 1963 à 1970, Romain Gary est aussi lié au cinéma pour la réalisation de deux films Les Oiseaux vont mourir au Pérou (1968) et Kill (1971) ainsi que par des adaptations de ses œuvres, telles que Clair de femme (Costa-Gavras) ou La Vie devant soi (Moshé Mizrahi).

Un peu plus d'un an après le suicide de Jean Seberg (30/08/1979), il se donne la mort 108 rue du Bac. (Source : Babélio)

 

romain-gary.jpg

 

L’histoire :

 Ce récit coïncide sur bien des points avec ce que l'on sait de l'auteur des Racines du ciel, et Romain Gary s'est expliqué là-dessus : " Ce livre est d'inspiration autobiographique, mais ce n'est pas une autobiographie. Mon métier d'orfèvre, mon souci de l'an s'est à chaque instant glissé entre l'événement et son expression littéraire, entre la réalité et l'oeuvre qui s'en réclamait. Sous la plume, sous le pinceau, sous le burin, toute vérité se réduit seulement à une vérité artistique. "

Le narrateur raconte son enfance en Russie, en Pologne puis à Nice, le luxe et la pauvreté qu'il a connus tour à tour, son dur apprentissage d'aviateur, ses aventures de guerre en France, en Angleterre, en Ethiopie, en Syrie, en Afrique Equatoriale, il nous raconte surtout le grand amour que fut sa vie. Cette " promesse de l'aube " que l'auteur a choisie pour titre est une promesse dans les deux sens du mot : promesse que fait la vie au narrateur à travers une mère passionnée ; promesse qu'il fait tacitement à cette mère d'accomplir tout ce qu'elle attend de lui dans l'ordre de l'héroïsme et de la réalisation de soi-même.
Le caractère de cette Russe chimérique, idéaliste, éprise de la France, mélange pittoresque de courage et d'étourderie, d'énergie indomptable et de légèreté, de sens des affaires et de crédulité, prend un relief extraordinaire. La suprême preuve d'amour qu'elle donne à son fils est à la hauteur de son coeur démesuré.

Mais les enfants élevés par ces mères trop ferventes restent toujours, dit l'auteur, " frileux " de coeur et d'âme, et chargés d'une dette écrasante qu'ils se sentent incapables d'acquitter. Rarement la piété filiale s'est exprimée avec plus de tendresse, de sensibilité, et cependant avec plus de clairvoyance et d'humour. Et rarement un homme a lutté avec plus d'acharnement pour démontrer " l'honorabilité du monde ", pour " tendre la main vers le voile qui obscurcissait l'univers et découvrir soudain un visage de sagesse et de pitié ". (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

 Dans ce roman magnifique, Romain Gary rend un hommage troublant à sa mère  qui nourrissait de hauts espoirs pour lui et qu’il n’a jamais voulu décevoir. Elle l’a porté vers ce qu’il est devenu avec un dévouement et un amour inconditionnel, unique.

 « [...] Il n'est pas bon d'être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ca vous donne de mauvaises habitudes

.romain-gary-promesse-aube.jpg On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d’amour mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n’y a plus de puits, il n’y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l’aube, une étude très serrée de l’amour et vous avez sur vous de la documentation. Partout où vous allez, vous portez en vous le poison des comparaisons et vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu. Je ne dis pas qu’il faille empêcher les mères d’aimer leurs petits. Je dis simplement qu’il vaut mieux que les mères aient encore quelqu’un d’autre à aimer. » (p. 38)

 Cette mère entière et passionnée lui a aussi communiqué une vision du monde idéalisée, difficile ensuite à  mettre en adéquation avec une réalité bien moins parfaite…

 « (…) elle continua d’évoquer, avec le même sourire confiant, ce pays merveilleux qu’elle avait apporté avec elle dans son baluchon ; quant à moi, élevé dans ce musée imaginaire de toutes les noblesses et de toutes les vertus, mais n’ayant pas le don extraordinaire de ma mère de ne voir partout que les couleurs de son propre cœur, je passai d’abord mon temps à regarder autour de moi avec stupeur et à me frotter les yeux, et ensuite, l’âge d’homme venu, à livrer à la réalité un combat homérique et désespéré, pour redresser le monde et le faire coïncider avec le rêve naïf qui habitait celle que j’aimais si tendrement. 

Oui, ma mère avait du talent – et je ne m’en suis jamais remis. » (p. 45)

 Pour panser ces blessures encore bien prégnantes dans le cœur de l’auteur, il utilise un humour dévastateur pour désarmer la réalité. Ainsi, il raconte ses exploits amoureux avec décalage et bonhomie, comme cette fois où il est allé jusqu’à manger un soulier en caoutchouc pour sa bien-aimée, puis « un éventail japonais, dix mètres de fil de coton, un kilo de noyaux de cerises – Valentine me mâchait, pour ainsi dire, la besogne, en mangeant la chair et en me tendant les noyaux – et trois poissons rouges, que nous étions allés pêcher dans l’aquarium de son professeur De musique. » (p. 85)

 Il explique combien l’humour est salvateur pour lui :

  « Attaqué par le réel sur tous les fronts, refoulé de toutes parts, me heurtant partout à mes limites, je pris l’habitude de me réfugier dans un monde imaginaire et à y vivre, à travers les personnages que j’inventais, une vie pleine de sens, de justice et de compassion. Instinctivement, sans influence littéraire particulière, je découvris l’humour, cette façon habile et entièrement satisfaisante de désamorcer le réel au moment même où il va vous tomber dessus. (…) L’humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l’homme sur ce qui lui arrive. » (p.160)

 Ce roman magnifique est un chant d’amour touchant et profond en souvenir de cette mère entière, passionnée par son fils, dévouée entièrement à son bonheur, cette femme unique qui a permis à Romain Gary de devenir celui qu’il est encore aujourd’hui, au-delà du temps et de la mort, un auteur classique incontournable…

 « La création littéraire  devînt pour moi ce qu’elle est toujours, à ses grand moments d’authenticité, une feinte pour tenter d’échapper à l’intolérable, une façon de rendre l’âme pour demeurer vivant. » (p.175)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 Les années de guerre se font plus longues : le récit se fait plus dense, plus long, plus ennuyeux, moins humoristique.

 

Premières phrases :

 « C’est fini. La plage de Big Sur est vide, et je demeure couché sur le sable, à l’endroit même où je suis tombé. La brume marine adoucit les choses ; à l’horizon, pas un mât ; sur un rocher, devant moi, des milliers d’oiseaux ; sur un autre, une famille de phoques : le père émerge inlassablement des flots, un poisson dans le gueule, luisant et dévoué. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Une éducation européenne

Autre : Le livre de ma mère de Albert COHEN

 

 

 D’autres avis :

 Blogs : Théoma  Zarline, A girl from earth, Alex, Maggie, Sylvie, Luocine... 

 

La promesse de l’aube, Romain GARY, folio, avril 1973, 7.50 euros

 

12 d'Ys 

  catégorie : Classiques français

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La nuit des femmes qui chantent de Lidia JORGE

Publié le par Hélène

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♥ ♥

« La fin naturelle de tous les épisodes collectifs, joyeux ou tragiques, ce sont des chansons. » (p. 228)

 

  L’auteur :

Lídia Jorge est née à Boliqueim dans l’Algarve en 1946. Diplômée en philologie romane de l’université de Lisbonne, elle se consacre très tôt à l’enseignement.

En 1970, elle part pour l’Afrique (Angola et Mozambique), où elle vit la guerre coloniale, ce qui donnera lieu, plus tard, au portrait de femme d’officier de l’armée portugaise du Rivages des murmures (Métailié, 1989).

La Couverture du soldat, 2000 a eu le Prix Jean Monnet 2000 (Cognac) Le Vent qui siffle dans les grues, 2004 a eu le Grand Prix du Roman de l’Association Portugaise des Ecrivains 2003, Premier Prix « Correntes d’escritas » 2004 (Povoa da Varzim, Portugal), Prix Albatros de la Fondation Günter Grass 2006 (Allemagne).

 

L’histoire :

1987. Cinq jeunes femmes autour d’un piano, cinq survivantes du naufrage de l’Empire colonial portugais, elles sont là pour chanter. Il y a Gisela, qui les a convoquées et va mettre toute son audace et son énergie à leur transformation en un groupe vocal qui enregistre des disques et se produit sur scène. Il y a les deux sœurs Alcides, Maria Luisa la mezzo-soprano et Nani la soprano qui sortent du conservatoire. Il y a Madalena Micaia, The African Lady, à la sublime voix de jazz, noire et serveuse dans un restaurant, et enfin la plus jeune, Solange de Matos. Elle a 19 ans, elle découvre la vie et la ville, elle n’a pas une grande voix mais un grand talent « pour les petites choses », elle compose des paroles de chansons inoubliables qui vont faire la gloire du groupe. Puis il y aura l’amour aérien et ambigu du chorégraphe international Jõao de Lucena.

Il y a les relations de pouvoir si particulières des femmes, les pressions psychologiques, la façon de tout sacrifier à la réalisation d’un objectif. Elles ont travaillé dans un garage, elles ont appris à chanter, à composer des chansons, à danser sur scène, à marcher comme on danse, elles ont enregistré un disque, et l’impensable s’est produit.
Vingt ans après, la télévision, le royaume de l’instantané, leur consacre une émission et elles se retrouvent là, entre émotion et mensonge.
Romancière au sommet de son art, dominant une langue raffinée et subtile pour aller au plus profond des sentiments et de l’histoire des changements d’une société, Lídia Jorge écrit ici un roman puissant et limpide.  (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 Pour Lidia Jorge les mots ont un pouvoir immense, celui non seulement d’enfanter un monde, mais aussi de recréer le monde.

  « Je m’associe à ceux qui pensent que narrer, quelles qu’en soient les modalités, est toujours une façon de perpétuer l’enfance du monde. » ( A propos de ce livre)

 Aussi Solange, la narratrice réécrit-elle l'histoire du groupe de chanteuses auquel elle a appartenu pour mieux comprendre leurs trajectoires, pour mieux cerner leurs personnalités, et pour mieux appréhender le drame qui les a ébranlées. 

"C'était le passé qui était imparfait, et pour ce qui s'y était produit s'adapte à la compréhension du présent, il fallait que le récit qu'on en ferait soit modifié. C'était tout. On ne pouvait même pas parler d'imagination. Non, il ne s'agissait pas d'imagination. Il s'agissait simplement d'une vérité différente." (p. 23)

Il faut, pour créer l'harmonie, la perfection, quelquefois travestir la réalité. Solange va revenir aux origines en avançant à tâtons, à la rencontre de personnalités marquantes comme Gisela, ou Joao, des êtres passionnés qu'elle approche avec douceur, dans un profond besoin de tolérance et de compréhension. 

« J’avais compris alors que le charisme pouvait être un flux qui aveugle et séduit en même temps. Qui provoque des oublis et des arrêts dans le temps, des hiatus irrécupérables, comme on le raconte des apparitions bienfaisantes. » (p. 113)

«  Gisela veut atteindre le domaine qui est le sien, connaître le pouvoir, le chemin menant au pouvoir, elle aspire à faire partie de cette force obscure qui va de l’avant seule, comme la pointe d’un diamant aveugle fendant le monde en vue d’un triomphe, quel qu’il soit. C’est pour ça qu’elle est si dangereuse. Elle semble ignorer que tout, qu’il s’agisse des armes ou des effets du pouvoir pour le pouvoir, tout un jour sera oublié. » (p. 309)

  Servie par un style poétique aux élans lyriques, cette histoire de chant et d'amour charme profondément l'âme et le coeur de ses mots envoûtants :

« Ma vie est un intervalle que je veux remplir de la matière la plus lumineuse qui existe dans ce monde. L’amour. » (p. 232)

  Ce que j’ai moins aimé :

-  J'aurais aimé que quelquefois Solange se fonde plus dans son récit, n'anticipe pas autant, de façon à nous plonger entièrement dans cette narration des années passées. Les verbes tels que "Je revois, "Je me souviens", ainsi que  l'emploi de l'imparfait mettent un frein à l'action.

   Premières phrases :

« Pendant deux jours de suite, le vent fustigea les arbres de la place des Fleurs, le dol fut jonché de feuilles et de brindilles, et toutes sortes d’objets qui avaient été cachés pour toujours au fond de sacs en plastique se montrèrent une dernière fois, roulant sur les pavés. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le vent qui souffle dans les grues

 

D’autres avis :

BLOG : Anis 

  PRESSE : 

LE NOUVEL OBSERVATEUR, Claire Julliard
« Dans ce roman sombre et poétique, la Portugaise Lídia Jorge envisage l’écriture comme un acte de rédemption » »

LA MONTAGNE, Daniel MArtin
« Le passé et ce que l’on en fait. Comment il se transforme, s’embellit ou non, au fil du temps, est une des grandes thématiques de Lídia Jorge, auteure portugaise d’une rigueur extrême, ce qui lui a permis de s’imposer comme une des grandes prosatrices dans le monde entier.

LE MATRICULE DES ANGES
Entretien à lire ici.

THE LION, Pierre Schavey
« Un roman qui fouille avec finesse la psychologie féminine, et peint avec justesse les rapports de personnalités qui s’affrontent au sein d’un groupe apparemment uni par la même ambition. Un roman qui chante et enchante »

M LE MAGAZINE
« Le Lisbonne de Lidia Jorge ». Lire l'article entier ici.

LIRE, André Clavel
« Un beau roman sur les rapports entre les femmes et, surtout, sur la magie de la musique, dont la grande dame des lettres portugaise montre qu’elle est à la fois un lien social, un instrument de libération et une fenêtre ouverte sur l’absolu »

LIVRES HEBDO
« La prose dense contient ici une nouvelle force d’envoûtement, boucle toujours hypnotique mais plus lisible, qui donne un de ses romans les plus fascinants.»

BOOKS
« La Nuit des femmes qui chantent est une parabole qui enseigne comment la vie a eu raison de notre optimisme et réduit nos aspirations en miettes, pour mieux les broyer.»

PSYCHOLOGIES MAGAZINE, Christine Salles
« Chanter pour exister, revendiquer sa place, s’affirmer ou simplement suivre le mouvement fut une expérience intense pour certaines… mais aussi un drame pour d’autres. Ce que ces femmes sacrifièrent, perdirent ou offrirent se dévoile lentement. Musique ou chant, ne choisissez pas : prenez les deux.»

VERSION FEMINA, Anne Smith
« Roman subtil à la voix originale. »

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES
« L’écriture délicate et nuancée exprime une grande palette de sentiments. »

FRANCE CULTURE, « Le rendez-vous », entretien avec Laurent Goumarre le 26 janvier 2011
Plus d'infos ici

FRANCE INTER, « L’humeur vagabonde », entretien avec Katleen Evin le 26 janvier 2011
Plus d'infos ici

FRANCE INTER, « Le 7/9 du weekend »,Patricia Martin
Plus d'infos ici

ESTUDOS LUSOPHONOS
Plus d'infos ici.

La nuit des femmes qui chantent, Lidia Jorge, traduit du portugais par Geneviève Leibrich, Metailié, 2012, 309 p., 21 euros

Publié dans Littérature Europe

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