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1254 résultats pour “vie parfaite

Ici ça va de Thomas VINAU

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

"C'est un livre qui a la prétention de l'aube, de l'horizon, du recommencement. Un livre comme certains matins. Parfois. Un livre qui veut croire." (p. 135)

 

 L’auteur :

Thomas Vinau est né en 1978 à Toulouse et vit au pied du Luberon à Pertuis. Son premier roman, Nos cheveux blanchiront avec nos yeux a été publié chez Alma en 2011.
Son blog : http://etc-iste.blogspot.com

 L’histoire :

 Un jeune couple s’installe dans une maison apparemment abandonnée. L’idée ? Se reconstruire en la rénovant. Tandis qu’elle chantonne et jardine, lui – à pas prudents – essaie de retrouver ses souvenirs dans ce lieu qu’il habita enfant. Ses parents y vécurent heureux, avant que la mort soudaine du père coupe le temps en deux. Dans ce paysage d’herbes folles et d’eau qui ruisselle, ce sont les gestes les plus simples, les événements les plus ordinaires qui vont réenchanter la vie : la canne à pêche, la petite voisine, les ragondins, la tarte aux fruits, l’harmonica.

 Ce que j’ai aimé :

Thomas Vinau nous offre des éclats de vie éclairés d'une aura particulière : il décrit la vie comme elle va, avec ses lenteurs, ses déceptions, ses musicalités, sa beauté et ses recoins sombres. Il ne nous raconte rien de plus que ce qu'il voit, juste la vie qui passe, juste le bonheur qui ondoie : 

 "Le soleil monte sur la berge. Sur les troncs. Les taillis. Puis les branches. Les feuillages, qu'il finit par percer. Certaines de ses flèches commencent à arriver sur la surface de l'eau. Elles éclatent en cristaux de lumière. Eblouissent. Eclaboussent. Bondissent dans mes pupilles." (p. 61)

 Son quotidien champêtre est doux et sans accroc, seules les blessures inévitables du passé affleurent au bord de ces journées passées dans les lieux même de son enfance. Blessures que l’on essaie de panser en se fondant dans la béatitude du temps qui passe. 

Thomas Vinau chante la beauté de la vie dans sa simplicité : nul besoin de fioritures, quand l'essentiel est de pouvoir dire à ceux que l'on aime « Ici ça va », comme un refrain rassurant qui n'en demande pas plus, comme une paix intérieure évidente, parce que finalement, le bonheur est peut-être dans ces mots, purs, simples et directs …

 "J'ai eu cette idée d'entrer dans l'eau à la manière du film Et au milieu coule une rivière. C'était beau. Romantique. Mais je ne pêche pas à la mouche. L'eau est glacée. Le soleil m'aveugle. Je me retrouve debout, les yeux fermés, au centre du courant. Cette scène n' a pas de sens. Je vais finir malade. Pourtant je me sens bien." (p. 62)

 

   Ce que j’ai moins aimé :

 - Rien  

 

 Premières phrases :

« Ici ça va. La maison n’est pas toute neuve mais elle est propre et les plafonds sont hauts. Au moment où Ema a ouvert la porte grinçante, dont le bois humide avait gonflé autour des gonds et de la serrure, il y a eu comme un grand silence de poussière et de souvenirs. »

 

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Nos cheveux blanchiront avec nos yeux

Autre : L’homme-joie de Christian BOBIN

 D’autres avis :

 Presse 

 Blogs : Clara  ;  Anne Antigone, Emeraude, Mimipinson Nadael, Philisinne

 

Ici ça va, Thomas Vinau, Alma Editeur, août 2012, 140 p., 13 euros

  challenge rentrée littéraire 2012

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Féroces de Robert GOOLRICK

Publié le par Hélène

féroces 

  ♥ ♥

Un très grand roman.

 

L’auteur :

 

Robert Goolrick est un écrivain américain dont Féroces est le premier roman.

 

L’histoire :

 

Le narrateur porte un regard aiguisé sur sa famille, les Goolrick. Dans les années 50, tout le monde enviait ce couple uni qui courait les cocktails et fêtes en tous genres, toujours sophistiqués, toujours gais, toujours brillants. Leurs trois enfants semblaient eux aussi promis à un bel avenir.

Mais l’envers du décor est rarement aussi clinquant que l’endroit…

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          La puissance de l’écriture nous emmène allègrement sur les traces de cette famille si tourbillonnante. Le récit est passionnant, envoûtant, drôle quelquefois, tragique souvent, décalé tout le temps.

-          Le narrateur entre dans le vif du sujet de façon subtile et délicate : il plante le décor, parle de lui avec sincérité, peint quelques scènes familiales pour permettre au lecteur de cerner sa famille avant de véritablement ouvrir la porte qui mène aux vérités effrayantes… Ces vérités sont alors d’autant plus puissantes qu’il ne se perd pas dans le pathos et nous livre un récit très pur de ce qu’il a vécu.

-          C’est un homme qui souffre profondément et souhaite si ce n’est panser, du moins penser ses blessures pour que d’autres souffrent moins. Un grand homme…

 

« Ce que j’achetais ce jour-là ne changea strictement rien, et j’ai passé ma vie entière à en parcourir, des kilomètres à pied, à chercher une chose ou une autre, la chose qui ferait la différence entre ce que j’étais et ce que je voulais être. […] Quelque chose qui me dirait qu’enfin je n’étais plus sans espoir, que je n’étais ni petit, ni faible, ni laid, ni pauvre […].

Quelque chose qui viendrait apaiser la terrible beauté et l’inconsolable tristesse de la vie.

Je ne l’ai jamais trouvé. Je ne cesserai jamais de la chercher. » (p. 169)

 

« Je la raconte [cette histoire] parce que j’ai dans le coeur une douleur poignante en imaginant la beauté d’une vie que je n’ai pas eue, de laquelle j’ai été exclu, et cette douleur ne s’estompe pas une seconde.

[…]

Je la raconte pour tous les garçons, pour la vie qu’ils n’ont jamais eue.

Je la raconte car je tente de croire, car je crois de tout mon cœur, que toujours demeure l’écho obstiné d’une chanson. » (p. 249)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Je dois avouer avoir quand même reçu un coup au cœur quand la « férocité » fut dévoilée. Mais une fois le temps du choc passé, je ne peux que m’incliner devant la puissance de ce texte essentiel.

-          Le titre français est mal choisi. Robert Goolrick avait intitulé ce roman : La fin du monde telle que je l’ai connue : scènes d’une vie, bien loin de ce « Féroces »…

 

Premières phrases :

 

« Mon père est mort parce qu’il buvait trop. Six ans auparavant, ma mère était morte parce qu’elle buvait trop. Il fut un temps où moi-même je buvais trop. Les chiens ne font pas des chats. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Sukkwan island de David VANN

 

 

 

Un très beau billet de La Ruelle Bleue 

 

Féroces, Robert GOOLRICK, Traduit de l’anglais (EU) par marie DE PREMONVILLE, Editions Anne Carrière, août 2010, 20.50 euros

 

 

Merci à Julia GALLET des Editions Anne Carrière pour m'avoir permis de découvrir ce très beau roman. 

 

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Rosa candida de Audur Ava OLAFSDOTTIR

Publié le par Hélène

                                                Rosa-candida

 ♥ ♥ ♥ ♥

Un récit lumineux.

 

L’auteur :

 

Audur Ava Olafsdottir est une écrivain islandaise. Rosa candida, largement salué par la presse et la critique lors de sa parution en 2007 et deux fois primé, est traduit pour la première fois en français.

 

L’histoire :

 

En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d’Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par un moine cinéphile. (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Je dois avouer que j’avais une petite appréhension à la lecture de ce roman, raison pour laquelle j’ai mis six mois à l’ouvrir malgré tous les éloges lus sur le web à son sujet. Je redoutais en effet cette mort accidentelle de la mère du narrateur dont il est fait mention sur la quatrième de couverture. Ce fut un tort car si effectivement cette amoureuse de la vie expire un beau jour au bord de la route, le récit ne verse pas un seul instant dans le pathos, il reste tout en retenue, en poéticité. Et l’essentiel du propos n’est pas là.

 

-          Cette mère si aimante a légué à son fils son amour pour le jardinage, mais aussi son amour pour la vie et ses beautés inattendues. Le narrateur mène sa vie telle qu’il l’entend, une force le pousse invariablement vers ce qu’il aime, comme auréolé par l’esprit de sa mère. Il s’accroche à ce qu’il sait et croit vrai et laisse le reste libre de l’approcher ou pas. Une belle philosophie qui lui évite de trop lourdes réflexions qui le mèneraient vraisemblablement dans une impasse…

 

 rosa-candida-rose2.jpg

 

-          Ce beau roman nous offre une vision touchante du couple, de la paternité et des aléas de la vie auxquels on s’adapte, tant bien que mal :

 

« Comment savoir si une femme vous aime ?

-          Il est difficile d’être sûr de quoi que ce soit en amour, dit l’abbé en poussant la poupée vers l’enfant.

-          Et si une femme dit qu’elle a peur que l’homme ne revienne pas quand il va faire une course ?

-          Alors il se peut que ce soit elle qui ait envie de partir seule.

-          (…)

-          Et quand une femme a l’esprit ailleurs, est-ce que cela veut dire qu’elle n’est pas amoureuse ?

-          Cela peut vouloir dire ça, mais aussi qu’elle est amoureuse.

-          (…)

-          Il n’y a pas d’amour raisonnable. Si l’on vivait une vie de seule raison, on raterait l’amour, comme il est dit, ici, quelque part. » (p. 316)

 

-          J’ai particulièrement aimé le personnage du moine qui puise tout son savoir dans les films d’art et d’essai qu’il regarde chaque soir…

  

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Rien.

 

Premières phrases :

 

« Comme je vais quitter le pays et qu’il est difficile de dire quand je reviendrai, mon vieux père de soixante-dix-sept ans veut rendre notre dernier repas mémorable. Il va préparer quelque chose à partir des recettes manuscrites de maman – quelque chose qu’elle aurait pu cuisiner en pareille occasion. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Le mec de la tombe d’à côté de Katarina MAZETTI

 

D’autres avis : Cuné, Théoma, Midola, Cathe, Aifelle, Kathel, Cathulu, Griotte...

 

Rosa candida, Audur Ava Olafsdottir, Traduit de l’islandais par Catherine EYJOLFSSON, Zulma, septembre 2010, 333 p., 20 euros

 

challenge voisins voisines

Publié dans Littérature Europe

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Des vies d’oiseaux de Véronique OVALDE

Publié le par Hélène

                                           Des-vies-d-oiseaux-Veronique-Ovalde-copie-1.jpg

♥ ♥

« Si tu voulais des garanties, ma douce, il fallait acheter un toasteur. » (p. 235)

 

L’auteur :

 

Véronique Ovaldé est un écrivain français né en 1972. Ses ouvrages connaissent un succès grandissant et depuis le début de sa carrière littéraire elle bénéficie d’une reconnaissance de la librairie et de la critique. En 2008, son cinquième roman Et mon cœur transparent est récompensé par le prix France Culture/Télérama. En 2009, son septième roman Ce que je sais de Vera Candida, reçoit le 18e prix Renaudot des lycéens2, le prix France Télévisions 20093 et le Grand Prix des lectrices de Elle en 2010. (source Wikipédia)

 

L’histoire :

« On peut considérer que ce fut grâce à son mari que Madame Izarra rencontra le lieutenant Taïbo » Car c’est lui, Gustavo Izzara, qui, revenant de vacances un soir d’octobre 1997, appelle la police pour qu’elle vienne constater que sa somptueuse villa de Villanueva avait été cambriolée. Un vol pour le moins étrange puisqu’aucun objet n’a été dérobé et que les intrus, apparemment familiers des lieux, se sont contentés d’habiter la maison en l’absence du couple. Vida Izzara va peu à peu sortir de son silence et dévoiler au lieutenant Taïbo la vérité : Paloma, sa fille unique de 18 ans, s’est évaporée du jour au lendemain avec Adolfo, un mystérieux (dangereux?) jardinier, et elle la soupçonne d’être revenue, par effronterie, insolence, nostalgie, hanter la demeure familiale. Les vies d’oiseaux, ce sont celles que mènent ces quatre personnages dont les trajets se croisent sans cesse. Chacun à sa manière, par la grâce d’un nouvel amour, est conduit à se défaire de ses anciens liens, conjugaux, familiaux, sociaux, pour éprouver sa liberté d’exister. Sans plus se soucier d’où il vient ni de là où la vie le mène. Avec Des vies d’oiseaux, Véronique Ovaldé continue à explorer les rapports qui lient les hommes et les femmes.  (Source : Babélio)

 

Ce que j’ai aimé :

Ce n’est pas le sujet, somme toute assez insignifiant, qui retient le lecteur, mais plutôt cette atmosphère si particulière que sait créer Véronique Ovaldé, ce monde teinté de mélancolie et de douceur, un univers dans lequel rien n’est vraiment grave, comme dans les romans sud-américains teintés de réalisme magique.

Les personnages évoluent comme dans un songe, et c’est presque malgré eux qu’ils accomplissent leur destin, poussés par des sentiments qui tombent du ciel et restent relativement inexplicables et mystérieux. Hypnotisés alors par cette force nouvelle qu’ils puisent en eux, ils trouvent le courage de s’abstraire d’un monde qui ne leur convient plus pour, enfin, devenir eux-mêmes.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

     C’est un roman à l’atmosphère et à l’histoire tellement aériennes que je me demande si le vent de l’oubli ne va pas l’emporter rapidement loin de moi…


Premières phrases :

 

« On peut considérer que ce fut grâce à son mari que Madame Izarra rencontra le lieutenant Taïbo. Monsieur Izarra avait tenu à appeler le poste de police, un soir d’octobre 1997, malgré l’heure tardive et le caractère sans urgence de son appel, afin de déclarer qu’il leur semblait avoir été cambriolés mais que rien, et il avait insisté étrangement sur ce point, ne leur avait été dérobé. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Toutes choses scintillant

Autre :  Le cœur cousu de Carole MARTINEZ

 

D’autres avis :

 

Théoma, Clara , Cuné , Amanda

PRESSE : Babélio recense les articles presse

 

Des vies d’oiseaux, Véronique Ovaldé, Editions de l’Olivier, 2011, 235 p., 19 euros

 

challenge 1% littéraire  

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Sido et les vrilles de la vigne de COLETTE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥ 

Dans Sido Colette peint le portrait de sa mère, Sidonie, elle chante son amour pour cette femme qui s'émerveille de tout, détachée des contraintes humaines, et inculquant à ses enfants cet amour de la nature et de la liberté.

"Je célèbre la clarté originelle qui, en elle, refoulait, éteignait souvent les petites lumières péniblement allumées au contact de ce qu’elle nommait "le commun des mortels.""

Colette évoque aussi avec nostalgie les autres membres de sa famille, son père qu'elle aurait aimé mieux connaître, ses deux frères et sa sœur Juliette.

Si ce récit autour de l'enfance est émouvant, permettant de mieux comprendre l'autrice, Les vrilles de la vigne, série de courts textes reprenant les thèmes chers à Colette, est un bijou de littérature.

A côté de sujets légers comme son amour des chats, elle évoque aussi son mariage, les infidélités de son mari puis sa nouvelle vie libérée, les moments joyeux passés au music-hall, sa maîtresse, et  son amour inconditionnel pour la vie et ses merveilles :

« Quoi ?… ma vie aussi est inutile ? Non, Toby-Chien. Moi, j’aime. J’aime tant tout ce que j’aime ! Si tu savais comme j’embellis tout ce que j’aime, et quel plaisir je me donne en aimant ! Si tu pouvais comprendre de quelle force et de quelle défaillance m’emplit ce que j’aime !… C’est cela que je nomme le frôlement du bonheur. Le frôlement du bonheur… caresse impalpable qui creuse le long de mon dos un sillon velouté, comme le bout d’une aile creuse l’onde… Frisson mystérieux prêt à se fondre en larmes, angoisse légère que je cherche et qui m’atteint devant un cher paysage argenté de brouillard, devant un ciel où fleurit l’aube, sous le bois où l’automne souffle une haleine mûre et musquée… Tristesse voluptueuse des fins de jour, bondissement sans cause d’un cœur plus mobile que celui du chevreuil, tu es le frôlement même du bonheur, toi qui gis au sein des heures les plus pleines… et jusqu’au fond du regard de ma sûre amie… »

« Une journée douce de printemps, ou bien un matin mouillé d’automne, peut-être une nuit de lune, vous sentirez en votre cœur une chose inexprimable et vivante s’étirer voluptueusement, – une couleuvre heureuse qui se fait longue, longue, – une chenille de velours déroulée, – un desserrement, une déchirure soyeuse et bienfaisante comme celle de l’iris qui éclôt… Sans savoir pourquoi, à cette minute, vous nouerez vos mains derrière votre tête, avec un inexplicable sourire… Vous découvrirez, avec une naïveté reconquise, que la lumière est rose à travers la dentelle des rideaux, et doux le tapis aux pieds nus, – que l’odeur des fleurs et celle des fruits mûrs exaltent au lieu d’accabler… Vous goûterez un craintif bonheur, pur de toute convoitise, délicat, un peu honteux, égoïste et soigneux de lui-même… »

Elle chante la vie avec lyrisme et humour, transfigurant la réalité et célébrant le monde de l'enfance, le monde du vivant dans toutes ses acceptions, et pour finir la vie elle-même, l'amour, le plaisir, la liberté et l'intensité des moments vécus.

J'avais découvert ce texte à vingt ans et quelques années après (si peu...) le plaisir reste intact, la fulgurance des émotions résonnant comme une évidence.

Un texte à lire et relire !

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

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Le nom des étoiles de Pete FROMM

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Après avoir rêvé pendant des années de s'établir en pleine montagne dans une cabane "introuvable car trop isolée", Pete Fromm s'est installé dans les plaines, à Great Falls, avec sa femme et ses deux fils, passant ainsi "De la nature sauvage à la vie bien sage". Vingt cinq ans ont passé depuis son expérience de gardien d'oeufs de saumon qu'il conte dans Indian Creek, quand on lui propose de s'installer un mois au coeur de la Bob Marshall Wilderness afin de surveiller à nouveau la croissance d'oeufs de poissons. Il voit là l'occasion de renouer avec ses rêves de vie sauvage, et surtout, il pense pouvoir partager cette expérience unique avec ses fils, leur inculquant ainsi davantage encore son goût pour l'aventure et la nature. C'est sans compter sur sa femme et le garde forestier du district, la première n'étant guère enthousiasmée à la perspective d'envoyer ses petits en pleine nature à la merci "des sales bêtes sournoises" comme les grizzlys, "Et il y avait aussi les loups. l'eau rapide et glacée. Les chutes. Les blessures. Les maladies.", et le deuxième avançant des questions de responsabilité en cas d'accident pour poser son veto à la venue des enfants. Pete part donc seul, déçu tant il souhaitait partager sa passion pour l'aventure avec ses enfants.

Mais les premiers vingt kilomètres à cheval pour rejoindre sa cabane font déjà vaciller ses certitudes : ses fils auraient-ils été vraiment à leur place dans cet univers sauvage, où même des chevaux peuvent devenir dangereux, parce qu'ils "sont grands, ils sont cons, et tôt ou tard ils vous flanquent un coup de pied." Quant au grizzly, son omniprésence devient obsédante, le moindre bruit devenant alarme, obligeant Pete à chanter à tue-tête pour chasser l'ombre du danger. Il reste bien conscient que toutes les précautions ne pourront pas empêcher une malencontreuse rencontre. Ainsi, jour après jour, il se résigne et à accepte le bien-fondé des craintes de sa femme et du garde.

Fort de sa solitude, son activité ne lui prenant que peu de temps, il a tout le loisir de se remémorer d'autres aventures, vécues tout au long de sa vie, du temps où il était maître nageur dans le Nevada, guide de rivières sans le parc national de Grane Teton, ou garde forestier au coeur du parc national de Big Bend. Au fil de ses souvenirs il s'interroge sur ce qui a fait de lui un homme, un père, et sur ce qu'il peut transmettre à ses enfants. 

"Je me retrouve au milieu de ma vie, déjà si pleine, où les regrets sont rares, comme de petits tourbillons au sein du courant principal, aucun qui me hante, et pas un, pas un seul qui concernne les jours passés en pleine nature sauvage." 

Les espaces infinis qui l'entourent font naître de vastes questions en son âme sur le sens de sa vie ou sur la direction étrange que peut prendre nos destinées pourtant soumises à un faisceau d'options.  Niché dans sa cabane en tête à tête avec lui-même, il découvrira qui il est vraiment...

 

Présentation de l'éditeur : Gallmeister 

D'autres avis : Litteraventures 

Du même auteur : Indian Creek ; Avant la nuit

 

Merci à l'éditeur.

 

Le nom des étoiles, Pete Fromm, traduit par Laurent Bury, Gallmeister, avril 2016, 272 p., 23 euros

 

 

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Epicure en Corrèze de Marcel CONCHE

Publié le par Hélène

♥ ♥ 

"Nous sommes nés une fois, il n'est pas possible de naître deux fois, et il faut n'être plus pour l'éternité : toi, pourtant, qui n'es pas de demain, tu ajournes la joie ; la vie périt par le délai, et chacun de nous meurt affamé." Epicure

Marcel Conche est né en 1922 en Corrèze dans une famille de paysans. Son enfance s'est déroulée dans les champs, dans une harmonie simple et limpide avec la nature et ses secrets. Les travaux des champs étaient son quotidien : s'occuper des vaches, arracher les pommes de terre ("Je suis peut-être le seul philosophe qui ait arraché les pommes de terre... ou du moins le seul encore vivant !" ironise-t-il à ce propos), faire les foins, s'occuper de la vigne... De ces expériences premières, il retire une sagesse millénaire : il apprend à faire les choses lentement, dans l'ordre, en temps et en heure. Ce sera sa première leçon de philosophie... 

Touche après touche, Marcel Conche nous livre ici ses souvenirs d'enfance pour revenir aux sources de son amour de la philosophie. Il en profite pour évoquer les philosophes qu'il affectionne comme les grecs Héraclite, Parménide, Epicure ou l'humaniste Montaigne. 

"La Nature est le Poète premier, ai-je souvent dit, et la philosophie a sa source dans la poésie." 

Il réfléchit sur le temps, l'espace et le sens de de la vie, nous livrant sa sagesse avec humilité. Il souligne à ce sujet que le titre est du fait de son éditeur, lui n'aurait jamais eu la prétention de se comparer à Epicure. Avec le temps il est devenu spécialiste de ce philosophe grec souvent mal compris pour qui la recette du bonheur est de ne pas craindre dieux, de savoir que la mort n'est rien, que le bonheur est facile à obtenir, la souffrance facile à supporter si nous maîtrisons nos désirs de sorte que les satisfaire ne nous crée aucune difficulté. Ainsi vivre selon la Nature cela signifie vivre sous le signe de la limite et non pas dans un relâchement journalier.

Dans ces pages, Epicure cotoie d'autres personnalités comme la femme du philosophe corrézien ou ses amies Chaïmaa et Emilie, prouvant ainsi combien la philosophie fait partie intégrante de la vie et ne constitue pas une discipline à part. Elle donne des directions vers "la vie bonne", libre à chacun ensuite de suivre les pas de Marcel Conche qui chante la beauté d'une vie simple : 

"Les fanes de pommes de terre sont assez sèches pour être brûlées... J'enfais des tas au pied desquels j'allume des torches de papier journal. La flamme s'élève bientôt, le vent la secoue dans un sens et dans l'autre ; quand son bruit de souffle s'apaise, le murmure de la Dordogne toute proche parvient jusqu'à moi, et je me sens environné d'amis. Ils sont rares chez les humains, mais la nature en est peuplée." 

 

Présentation de l'éditeur : Editions Stock 

L'auteur Né en 1922, il est professeur émérite à la Sorbonne et membre de l’Académie d’Athènes. Outre lesLettres et Maximesd’Épicure, il a traduit, aux PUF, le Poèmede Parménide, lesFragmentsd’Anaximandre et lesFragmentsd’Héraclite. On lui doit une trentaine d’ouvrages, dont des essais classiques sur Lucrèce, Pyrrhon ou Montaigne. Il a développé son propre système, construit autour de l’idée de la Nature comme source spontanée de toutes choses – lire notamment le recueilPrésence de la Nature (PUF, 2001) etMétaphysique (PUF, 2012). Dernier ouvrage paru : Présentation de ma philosophie (HDiffusion, 2013). (source : Philosophie magazine )

D'autres avis : repéré dans Télérama  ; Le JDD ; BibliobsPhilosophie magazine 

 

Epicure en Corrèze, Marcel Conche, Stock, ocotbre 2014, 120 p., 17 euros

Publié dans Biographies et cie

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Lambeaux de Charles JULIET

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

 « Et tu sais qu’en dépit des souffrances, des déceptions et des drames qu’elle charrie, tu sais maintenant de toutes les fibres de ton corps combien passionnante est la vie. » (p. 155)

 

L’auteur :

 Charles Juliet est né en 1934 à Jujurieux (Ain). À trois mois, il est placé dans une famille de paysans suisses qu’il ne quittera plus. À douze ans, il entre dans une école militaire dont il ressortira à vingt, pour être admis à l’École de Santé Militaire de Lyon. Trois ans plus tard, il abandonne ses études pour se consacrer à l’écriture. Il travaille quinze ans dans la solitude avant de voir paraître son premier livre (Fragments préfacé par Georges Haldas). Il vit à Lyon.
Une nouvelle édition en format poche de L'Autre faim aux éditions POL est prévue pour décembre 2011.
En janvier 2012 paraîtra Hadewijch d'Anvers, une femme ardente, dans la collection " Sagesses " de Points.
Charles Juliet prépare pour les éditions P.O.L une anthologie de ses poèmes et le prochain tome de son Journal.

 L’histoire :

Lambeaux est un récit autobiographique dans lequel Charles Juliet évoque sa mère qu’il n’a pas connue – morte de faim après huit ans d’enfermement abusif en hôpital psychiatrique – et le rôle que, malgré cette absence, ou à cause de cette absence, elle a joué dans sa vie d’homme et dans sa formation d’écrivain.
Dans un second temps, il nous relate son parcours : la famille adoptive, l’enfance paysanne, l’école d’enfants de troupe, puis les premières tentatives d’écriture, lesquelles vont progressivement déboucher sur une toute autre aventure : celle de la quête de soi. Une descente aux enfers sera le prix à payer pour qu’un jour puisse éclore la joie grave et libératrice de la seconde naissance.
Dans cette démarche obstinée il trouve la force de se mesurer à sa mémoire pour en arracher les moments les plus enfouis, les plus secrets, et les plus vifs. L’auteur devient son propre historien et nous livre un texte « pour finir encore ». (Présentation de l’éditeur)

 Ce que j’ai aimé :

Charles Juliet nous offre le portrait émouvant d’une mère idéaliste exceptionnelle aux aspirations quasi philosophiques et qui ne peut pas se contenter d’une vie commune banale. Elle se trouve dans l’incapacité d’exprimer son mal-être et sombrera peu à peu, enfermée en elle-même.

 « Toujours en toi cette nostalgie de tu ne sais quoi, ce besoin incoercible d’une vie dégagée de toute entrave une vie libre et riche, vaste, intense, une vie où ne règneraient  que bonté, compréhension et lumière. » (p. 72)

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« T’enfuir… marcher sans fin sur les routes… aller là où tout pourrait recommencer…là où tu ne connaîtrais plus ni la peur ni l’angoisse ni la honte… là où les humains vivraient dans la concorde, n’auraient pour leurs semblables que respect, attention, bonté… là où peut-être le temps ni la mort n’existeraient plus… là où la vie ne serait que joie, bonheur, félicité… Mais  ces rêves et ces divagations sont de courte durée, car la réalité est là, que tu ne saurais oublier. Alors une lourde mélancolie s’empare de toi. Ce que tu ressens et penses est comme amorti, la vie ne te traverse plus, semble s’écouler ailleurs, et il n’est rien qui puisse te tirer de ta désespérance.» (p. 76)

 « Heures merveilleuses des voyages immobiles ! Tu lisais un poème, méditais en contemplant la reproduction d’une toile, dialoguais avec un philosophe de l’Antiquité, et le temps ainsi que tout ce qui t’enténébrait se trouvaient instantanément abolis. Tu rencontrais là ce qui en toi reposait encore dans des limbes, et tu vivais des heures exaltées à sentir que tu t’approchais de la source. Ces hommes et ces femmes dont les œuvres t’ont aidé à te mettre en ordre, dénuder ton centre, glisser parfois à la rencontre de l’impérissable, de quel profond amour tu les as aimés. » ( p. 148)

 

Il ne s’agit pas ici d’établir une véritable biographie, mais plus d’évoquer des états de conscience, de peindre la vie intérieure dense de ces femmes. Les lambeaux de pensée s’ajoutent les uns aux autres pour faire revivre ces mères essentielles. L’écriture permet d’approcher au plus près la magie de l’enfantement.

« En écrivant, se délivrer de ses entraves, et par là même, aider autrui à s’en délivrer. Parler à l’âme de certains. Consoler cet orphelin que les non-aimés, les mal-aimés, les trop-aimés portent en eux. Et en cherchant à apaiser sa détresse, peut-être adoucir d’autres détresses, d’autres solitudes. » (p. 124)

Un très bel hommage rendu à ces mères dévouées et au pouvoir rédempteur de l'écriture...

 Ce que j’ai moins aimé :

 -          Rien

 Premières phrases :

 « Tes yeux. Immenses. Ton regard doux et patient où brûle ce feu qui te consume. Où sans relâche la nuit meurtrit la lumière. Dans l’âtre, le feu qui ronfle, et toi, appuyée de l’épaule contre le manteau de la cheminée. »

 Vous aimerez aussi :

 Le livre de ma mère de Albert COHEN

 

POCHE : Lambeaux, Charles Juliet, Folio, avril 1997, 5.95 euros

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Stoner de John WILLIAMS

Publié le par Hélène

stoner

♥ ♥ ♥ 

 

L’auteur :

 John Williams (1922-1994), né au Texas a étudié au Colorado et obtenu son doctorat dans le Missouri où il a fait ses premiers pas de professeur. Après avoir servi dans l’armée de l’air de 1942 à 1945, il a enseigné la littérature et l’art d’écrire pendant trente ans à l’université de Denver. Il est l’auteur de deux recueils de poèmes, d’une anthologie sur la poésie anglaise de la Renaissance et de quatre romans, dont Stoner, publié en 1965.

 

L’histoire :

 Né pauvre dans une ferme du Missouri en 1891, le jeune William Stoner est envoyé à l’université par son père – et au prix de quels sacrifices –, pour y étudier l’agronomie. Délaissant peu à peu ses cours de traitement des sols, ce garçon solitaire découvre les auteurs, la poésie et le monde de l’esprit.

 

Présentation d’Anna Gavalda :

C’est en lisant une interview de Colum McCann parue dans le quotidien anglais The Guardian il y a quelques années que j’ai découvert Stoner de John Williams. McCann affirmait que ce roman, publié en 1965, était un grand oublié de la littérature américaine, ajoutait qu’il en avait déjà acheté plus d’une cinquantaine d’exemplaires pour l’offrir à ses amis et que c’était un texte qui touchait autant les écrivains que les simples lecteurs. Cette précision m’avait mis la puce à l’oreille et je m’étais empressée de le lire. De le lire, de l’aimer et d’avoir envie de le partager à mon tour. Hélas, il n’avait jamais été édité en français. La suite est simple : j’ai demandé à mon éditeur d’en acquérir les droits, ai vaguement cherché un traducteur patenté et ai fini par m’avouer ce que je savais déjà, à savoir que William Stoner, c’était moi, et que c’était à moi de m’y coller. Pour le meilleur, pour ce « vertige de l’orpailleur » évoqué dans le chapitre IX – expression qui n’est pas dans le texte original et que je me sais gré d’avoir inventée – ceux qui liront jugeront, et pour le pire: des heures et des heures passées arc-boutée sur un bout de phrase que je comprenais, que je « voyais » mentalement, mais qu’il m’était impossible de traduire… Pourquoi tant d’enthousiasme et tant de peines ? Je ne sais pas. Voilà un roman qui n’a rien de spectaculaire. Le récit d’une vie âpre, austère, une vie de prof, une vie passée sous silence et tout entière consacrée à la littérature, bref pas très sexy, j’en conviens et n’en espère aucun miracle, mais je suis bien heureuse d’avoir été au bout de ce projet. D’une part parce qu’il m’a beaucoup appris sur « le métier », toutes ces histoires de légitimité, de liberté, de respect dû à une voix plutôt qu’à une langue m’ont passionnée, d’autre part parce c’est un roman qui ne s’adresse pas aux gens qui aiment lire, mais aux êtres humains qui ont besoin de lire. Or, avoir besoin de lire n’est pas forcément un atout, ce peut être, même, souvent, un handicap. Se dire que la vie, bah… tout compte fait, n’est pas si importante que ça et que les livres pareront à ses manquements, c’est prendre le risque, souvent, de passer à côté. William Stoner donne cette impression de gâchis. D’ailleurs c’est une question qui le hante au moment de sa mort : parce que j’ai aimé lire plus que tout, j’ai déçu mes parents, perdu des amis, abîmé ma famille, renoncé à ma carrière et eu peur du bonheur, ai-je raté ma vie ?

Quelques battements de cils plus tard, il y répond et, en essayant de le servir le mieux possible, j’y ai répondu aussi. Car en vérité, et nous pouvons l’avouer, que nos vies soient ratées ou pas nous importe moins que cette question posée par un professeur à ce jeune homme gauche, fruste et solitaire qui n’a encore jamais mis les pieds dans une bibliothèque et qui deviendra mon héros :

« M.Stoner, M.Shakespeare s’adresse à vous à travers trois siècles. L’entendez-vous ? »

Anna Gavalda

   

Ce que j’ai aimé :

 Stoner est un roman brut, sans fioritures, qui va droit à l’essentiel,  bien campé dans un style direct et incisif. Il évoque la vie d’un homme ni plus brillant, ni plus intelligent qu’un autre, un homme qui se laisse porter par les évènements sans songer à résister et assume jusqu’à la fin l’implication de ses choix. Un homme ordinaire qui va placer la littérature au centre de son univers, parce qu’elle seule a ce pouvoir rédempteur et consolateur, insufflant ainsi aux vies qui la frôlent un semblant d’éternité et de bonheur.

 « Il comprenait le rôle de la grammaire et percevait comment, par sa logique même, elle permettait, en structurant un langage, de servir la pensée humaine. De même, en préparant de simples exercices de rédaction, il était frappé par le pouvoir des mots, par leur beauté, et avait hâte de se lancer enfin pour pouvoir partager toutes ces découvertes avec ses étudiants. » (p. 39)

 L’amour même sera souffrance pour Stoner, marié à une femme névrosée, profondément instable, il vivra une passion tumultueuse mais sans avenir avec une jeune étudiante. Sa femme lui offrira une enfant, Grace, qui aurait peut-être pu le sauver, mais qui s'éloignera inéluctablement, poussée par cette mère au mal-être cruel et assassin.  

 « Quand il était très jeune William Stoner pensait que l’amour était une sorte d’absolu auquel on avait accès si l’on avait de la chance. En vieillissant il avait décidé que c’était plutôt la terre promise d’une fausse religion qu’il était bon ton de considérer avec un scepticisme amusé ou un mépris indulgent, voire une mélancolie un peu douloureuse. Mais maintenant qu’il était arrivé à mi-parcours, il commençait à comprendre que ce n’était ni une chimère ni un état de grâce, mais un acte humain, humblement humain, par lequel on devenait ce que l’on était. Une disposition de l’esprit, une manière d’être que l’intelligence, le cœur et la volonté ne cessaient de nuancer et de réinventer jour après jour. » (p. 267)

 La vie universitaire lui apportera quelques brèves consolations bien que là aussi, les conflits passionnés grèvent souvent sa tranquillité… William est un homme faible qui cherche seulement à s'abstraire d'une réalité inadaptée pour connaître quelques fulgurances libératrices. 

 Stoner nous offre le portrait émouvant d’un homme passionné pour qui la littérature sera le dernier espoir…  

Ce que j’ai moins aimé :

 Les passages dédiés à la littérature pure sont plutôt rares, même si la passion de cet homme pour son domaine demeure en filigrane tout au long du roman.

 

 Premières phrases :

 « William Stoner est entré à l’université du Missouri en 1910. Il avait dix-neuf ans. Huit ans plus tard, alors que la Première Guerre Mondiale faisait rage, il obtient son doctorat et accepte un poste d’assistant dans cette même université où il continuera d’enseigner jusqu’à sa mort en 1956. »

 

Vous aimerez aussi :

 L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet de Reif LARSEN

 

D’autres avis :

 Presse : Télérama  Sur le site du Dilettante

 Blog : Papillon Antigone Kathel Théoma Nico

  

Stoner, John Williams, traduit de l’anglais (EU) par Anne Gavalda, Le Dilettante, août 2011, 384 p., 25 euros

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Montedidio de Erri DE LUCA

Publié le par Hélène

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♥ ♥

Prix Fémina étranger 2002

 

L’auteur :

 D'origine bourgeoise, il est destiné à une carrière de diplomate. Il s'y refuse, rompt avec sa famille et en 1968, embrasse le mouvement de révolte ouvrière. Il intègre le mouvement d'extrême gauche : Lotta continua, dont il sera dirigeant de la fin des années soixante au début des années soixante-dix.
Il multiplie les métiers manuels : ouvrieir spécialisé chez fiat à Turin, manutentionnaire à l'aéroport de Catane, maçon en France et en Afrique, conducteurs de camions.
Bien qu'il se dise athée, il lit quotidiennement la bible et a appris l'hébreu ancien pour pouvoir lire et traduire les textes sacrés.
C'est un passionné d'alpinisme, sujet sur lequel il a écrit de nombreux articles.
Pendant la guerre de Yougoslavie, il s'engage comme conducteur auprès d'une association humanitaire, et convoie des camions de ravitaillement en Bosnie.
Bien qu'il ait commencé à écrire à l'âge de vingt ans, son premier livre ne paraît qu'en 1989, et obtient le prix Femina en 2002 pour Montedidio.
Il collabore au Matino, principal journal napolitain et à d'autres périodiques La republica, il manifesto).
Il vit actuellement près de Rome. (source : Babélio)

 

L’histoire :

 Montedidio, le " mont de Dieu ", emprunte son titre à un quartier populaire de Naples où vit le narrateur, un garçon de treize ans, dans l'immédiat après-guerre. Apprenti menuisier, il grandit dans une famille modeste où on parle le napolitain, mais il s'efforce de noter ses impressions en italien sur un grand rouleau de papier dont l'imprimeur du quartier lui a fait cadeau.
Sa vie évolue entre son père, ouvrier dans les docks, sa mère, malade, son maître Errico qui lui enseigne les rudiments de la menuiserie, et surtout don Rafaniello, un survivant de la Shoah échoué à Montedidio.

 En de brefs chapitres, c'est toute une communauté humaine qui prend corps sous la plume du narrateur qui, en écrivant sa vie, laisse derrière lui son enfance. (Source : éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 Avec retenue et émotion, Erri De Luca évoque cet âge délicat situé entre l'enfance et son univers doré insouciant, et l'âge adulte avec ses prises de conscience quelquefois moins gaies.

Le jeune narrateur a reçu un boomerang de son père, objet de tous les possibles, qu'il ne peut pas laisser échapper par manque d'espace, d'envergure. Il se contente de s'exercer au mouvement, rêvant de le laisser s'échapper. Son compagnon de route Rafaniello rêve lui aussi : bossu, il attend le bon moment pour déployer ses ailes. Parce que l'adolescence est cet espace d'attente, tout est encore possible, rien n'est fermé.

Le narrateur commence à travailler et devient ainsi un homme, un peu. Sa voix mue, il découvre les émois de la chair avec la jeune Maria qui trouve dans l'amour du jeune homme un exutoire à une vie triste. Jour après jour, page après page, il quitte l'enfance. Il découvre aussi les âpretés de la vie, la pauvreté de Maria, la maladie de sa mère, les persécutions des hommes qui profitent de la faiblesse de certains... Mais porté par l'amour de son père, de ses amis et de  Maria, il apprend à évoluer dans un monde en demi-teinte.

Un roman douceureux, doux amer empli de poésie et du vent qui siffle au-dessus de leurs têtes, comme un danger intrinsèque à la vie qui les pousse à se serrer plus étroitement les uns contre les autres, pour mieux s'épauler face aux adversités de la vie : 

"Assis l'un près de l'autre, par terre, contre le parapet, à l'abri de la couverture, nous passons le temps, compères du vent qui se moque des fils vides des étendoirs et des antennes de tlévision. il siffle au-dessus de nous, trouve notre abri et nous donne une bourrade, pour qu'on se serre encore plus fort." p. 142

 

Ce que j’ai moins aimé :

-Rien.

 

Premières phrases :

« A iurnata è nu muorzo » ? La journée est une bouchée, c’est la voix de mast’Errico devant sa boutique. Moi, j’étais déjà là depuis un quart d’heure pour bien commencer ma journée de travail. Lui, il arrive à sept heures, relève le rideau métallique et dit sa phrase d’encouragement : la journée est une bouchée, elle est courte, il faut se remuer. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur :  Trois chevaux de Erri DE LUCA ; En haut à gauche de Erri DE LUCA Le contraire de un d’Erri DE LUCA Le poids du papillon de Erri DE LUCA Le jour avant le bonheur de Erri DE LUCA

Autre :  Littérature Europe du Sud

 

D’autres avis :

 Papillon 

 

Montedidio, Erri de Luca, traduit par Danièle Valin, Folio, octobre 2003, 240 p., 6.80 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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