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1259 résultats pour “vie parfaite

Miniaturiste de Jessie BURTON

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

A dix-huit ans, Nella Oortman quitte son petit village pour rejoindre Amsterdam où l'attend son mari, Johannes Brandt. De lui, elle sait peu de choses, ainsi, c'est avec anxiété qu'elle ouvre la porte de l'opulente maison qui va accueillir sa vie de femme. Son mari, riche marchand de la ville n'est pas présent à son arrivée, c'est donc Marin, sa soeur célibataire avec laquelle il vit, qui reçoit la jeune femme avec une certaine froideur. L'atmosphère semble glacée dans cette maison du bord du canal et la jeune Nella sent courir dans les murs des secrets chuchotés tandis que son mari garde ses distances. Néanmoins, il lui offre un cadeau de mariage : une maison de poupée identique à leur propre maison. Nella fait alors appel à un mystérieux miniaturiste de la ville pour décorer cette maison miniature. Mais les livraisons de l'artisan sont surprenantes, comme si il en savait plus qu'elle-même sur les habitants de la maison et leurs secrets...

 

Maison miniature de Petronella Oortman au Rijksmuseum, à Amsterdam Rijkmuseum

Pour ce premier roman, Jessie Burton s'est inspirée d'une maison de poupée d’époque exposée au Rijksmuseum d’Amsterdam, prétexte pour explorer l'âme humaine et ses tréfonds marécageux. En cette fin du XVIIème la religion et la morale régissent la société, enserrant chacun dans un carcan duquel la jeune Nella fera tout pour s'extraire, choisissant de forger son propre destin. La miniaturiste, aidant les femmes de la ville, "leur a donné la force de croire en elles-mêmes. Elles ont le pouvoir de déterminer leur existence et peuvent choisir de l'échanger, de le conserver ou d'y renoncer." Si notre héroïne arrive innocente et naïve dans la maison de son mari, avec une image très romancée du mariage et de la famille qu'elle est appelée à fonder, l'expérience densifie son point de vue et elle comprend que des forces plus sombres et plus fortes sous-tendent la vie en société. La maison est pour l'auteur le symbole d'un monde intérieur fait de secrets et de répression, monde qui évolue en parallèle du monde extérieur. "C'est une réflexion sur le contrôle, le pouvoir, l'imagination, la vie domestique, la liberté et ses limites, mais c'est également une réflexion sur l'importance de l'imagination et de la créativité."

Le roman est nourri par les recherches poussées de l'auteur sur la société de l'époque et ses pages réussissent à nous emporter dans les rues au bord du canal auprès de ces  êtres déchirés entre l'envie de vivre comme ils l'entendent et la peur calviniste de l'au-delà, contradictions qui les mènent  une certaine hypocrisie dans leur façon de vivre.

Ce premier roman a connu un immense succès, une série télévisée est même en préparation, succès grandement mérité tant Jessie Burton maîtrise parfaitement l'art de la narration !

A conseiller !

 

Présentation de l'éditeur : Folio

D'autres avis : Dominique ;

 

Miniaturiste, Jessie Burton, traduit de l'anglais par Dominique Letellier, Folio, mars 2017, 528 p., 8.20 euros

 

Merci à l'éditeur.

Publié dans Littérature Europe

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L'arc-en-ciel en verre de James Lee BURKE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Après la découverte de sept jeunes femmes sauvagement assassinées, l'enquête de Clete et Dave semblent les porter vers Herman Stanga, maquereau et dealer notoire. Clete, toujours aussi autodidacte et explosif décide de lui rendre une petite visite qui tourne mal. Stanga porte plainte contre Clete avant d'être lui-même assassiné. 

Parallèlement, Dave constate avec regret que sa fille Alafair fréquente le fils d'une grande famille de la région, famille que Dave ne porte guère dans son coeur car ils sont notamment des descendants de marchands d'esclaves. La jeune fille va apprendre à ses dépens que "La confiance qu'on accorde aux autres, c'est notre plus grande vertu et notre plus grande faiblesse." Dave devra gérer cette relation houleuse, tout en épaulant son ami de toujours, Clete, toujours doté d'un instinct d'autodestruction prégnant : "Tu es l'équivalent humain d'une boule de démolition, Clete. Sauf que les plus gros dommages, c'est à toi-même que tu les causes." p. 161

James Lee Burke n'a pas son pareil pour nous faire sentir "l'odeur des arbres mouillés et des gouttes de pluie heurtant le ciment chaud". Il parvient à éclairer de l'intérieur cette Louisiane gangrenée par la corruption, par la pauvreté et l'industrie galopante. Les éclairs de lumière baignent le roman d'une ambiance crépusculaire, le noir cauchemardesque imprégnant peu à peu le soleil éclatant, et inversement, des rayons inondant la noirceur d'éclats qui rappellent que, malgré tout, la vie vaut la peine. 

"Mais je dus me forcer à me rappeler que, aussi fort qu'on puisse vouloir l'imaginer, notre disparition, pas plus que la disparition d'une époque, n'est une tragédie. S'il existe une tragédie humaine, il n'en existe qu'une seule : c'est ce qui se passe quand nous oublions qui nous sommes, et que nous restons silencieux quand un étranger s'installe dans notre peau." p. 157

Les êtres luttent dans cet antichambre, faisant rimer espoir et cauchemars, ils ne savent plus voir distinctement les frontières... Tout est mouvant chez James Lee Burke pour qui le manichéisme ne signifie rien. A l'orée de ses pages, palpite juste la vie, avec ses aléas, ses luttes, ses petites victoires et ses grandes défaites. Juste des personnages pris dans les entrelacs de la vie, pour le meilleur et pour le pire...

 

Présentation de l'éditeur : Payot Rivages 

D'autres avis : Lecture commune avec Electra ;

Actu du Noir  ; Télérama 

Du même auteur :

La série des Dave Robicheaux :

La Pluie de néon,

Prisonniers du ciel,

Black Cherry Blues

Une saison pour la peur

Une tache sur l'éternité

Dans la brume électrique avec les morts confédérés

Dixie City

Le Brasier de l'ange

Cadillac Jukebox

Sunset Limited

Purple Cane Road

Jolie Blon's Bounce

Dernier tramway pour les Champs-Elysées

L'Emblème du croisé

 La descente de Pégase

La nuit la plus longue

Swan Peak

L'Arc-en-ciel de verre

Créole belle

Lumière du monde

 

L'arc-en-ciel en verre, James Lee Burke, traduit de l'anglais (EU) par Christophe Mercier, Rivages/Noir, juin 2015

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Enterrez vos morts de Louise PENNY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

L’inspecteur-chef Armand Gamache et ses collègues tentent de surpasser le traumatisme lié à une opération policière longue et éprouvante, à l'issue fatale. Armand séjourne chez Emile, à Vieux-Québec et il aime se réfugier dans la bibliothèque de la Literary and Historical Society, loin de la violence du monde. Mais dans ce lieu mythique qui abrite les archives historiques de la ville, on retrouve le corps sans vie d'un archéologue passionné par Samuel de Champlain, un des fondateurs du Québec. Etait-il sur la piste de la sépulture de cet homme célèbre, restée secrète jusqu'à aujourd'hui, près de 400 ans après ? Qui aurait eu intérêt à éliminer cet homme devenu ridicule à force de creuser les sols à la recherche du tombeau de Champlain ?

Parallèlement, Gamache, torturé par l'erreur, se demande s'il n'a pas condamné trop vite celui qu'il a mis en prison pour le meurtre de l'ermite à Three Pines (cf Révélation brutale). Il envoie donc son fidèle Langlois dans le petit village, par acquis de conscience, pour enquêter discrètement.

A l'image de la bibliothèque dont Gamache arpente les allées, ce roman est d'une richesse infinie. Si le meurtre initial porte vers l'histoire de la ville, avec cette vieille querelle entre anglais et français, il s'oriente rapidement sur la mémoire et les traces qu'elle laisse profondément en nous.

"La ville avait peut-être été construite grâce à la foi et aux fourrures, par des êtres en chair et en os, mais c'étaient les symboles qui lui servaient de carburant. Et la mémoire."

Mémoire de notre histoire commune, mémoire de nos parents, mémoire du passé proche, aliénant, handicapant quelqurfois. En avançant, Gamache apprend peu à peu à faire siennes les quatre phrases qui mènent à la sagesse :  "Je m'excuse. Je me suis trompé. J'ai besoin d'aide. Je ne sais pas.". Il comprend que la sécurité n'est que factice et que la vie est un risque à prendre, même si cela peut être douloureux.

""Se sentir en sécurité", pensa Gamache. C'était un besoin primordial, vital. Que feraient les gens pour préserver un havre sûr ? Ils feraient ce qu'ils avaient fait depuis des siècles. ce que les français avaient fait pour sauver le Québec, ce que les Anglais avaient fait pour le conquérir. Ce que faisaient les pays pour protéger leurs frontières, et les individus pour protéger leur maison.

C'est à dire tuer. Pour se sentir en sécurité. mais ça ne fonctionnait à peu près jamais." p. 245

Pour Gamache, la sécurité sera davantage à trouver dans l'amour de ses proches, sa femme la première qui retient de cette aventure traumatisante un point essentiel, qu'elle répète comme un mantra "Il est vivant". Car finalement, "Enterrez vos morts" n'est pas un livre sur la mort, mais sur la vie. Et sur la nécessité à la fois de respecter le passé et de s'en détacher." (Postface de l'auteure)

Mon préféré de la série jusqu'ici !

 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud

D'autres avis : Aifelle ; Enna ; Karine

Sur le blog :  Nature morte ♥ ♥ ♥  ; Le mois le plus cruel ♥ ♥   ; Défense de tuer ♥ ♥ ♥ ♥ , Révélation brutale ♥ ♥ ♥ 

La série dans l'ordre :

  1. Nature morte
  2. Sous la glace
  3. Le Mois le plus cruel
  4. Défense de tuer
  5. Révélation brutale
  6. Enterrez vos morts
  7. Illusion de lumière
  8. Le Beau Mystère
  9. La Faille en toute chose
  10. Un long retour
  11. La Nature de la bête
  12. Un outrage mortel
  13. Maisons de verre

 

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Les 10 amours de Nishino de KAWAKAMI Hiromi

Publié le par Hélène

                                       10-amours-de-nishino.jpg

♥ ♥


L’auteur :

 Hiromi Kawakami est une romancière japonaise. Elle est diplômée de l'université pour femmes d'Ochanomizu.

Sa première nouvelle, Kamisama (littéralement : Dieu), fut publiée en 1994. 
En 1996, elle fut récompensée par le Prix Akutagawa pour Hebi wo fumu (littéralement : Marcher sur un serpent). 

En 2000, elle reçut le Prix Tanizaki pour sa nouvelle Sensei no kaban (Les Années Douces, littéralement : La sacoche du professeur), racontant la naissance d'une histoire entre une jeune femme trentenaire, Tsukiko, et l'un de ses anciens professeurs de littérature, septuagénaire, rencontré par hasard dans un café qui verra l'évolution de leur relation au fil des saisons et de rencontres épisodiques et toujours aléatoires. (Source : Babélio)

 

L’histoire :

 

 Qui était Nishino, cet homme insouciant et farouche comme un chat, et qui comme lui s’immisçait avec naturel dans la vie des femmes dont il faisait battre le coeur trop fort ?

Dix voix de femmes composent ce roman dont un homme est le centre de gravité et dont l’existence nous est progressivement révélée par celles qui l’ont tant aimé aux différentes époques de sa vie. Chacune d’elles à son tour prend la parole : elles tissent un à un les fils séparés d’une existence qui se rejoignent pour dessiner en creux le visage d’un homme plein de charme et de mystère, nonchalant, touchant, insaisissable. Et en faisant son portrait c’est elles-mêmes finalement qu’elles révèlent.

Dix variations tissées de poésie, de mélancolie, de drôlerie, pour tenter de comprendre cet étrange sentiment que l’on nomme l’amour. (Source : Babélio)

 

 Mon avis :

 

 Dix femmes se racontent. Leur vie, la rencontre avec cet homme fuyant, Nishino, les sentiments qui naissent au fil des jours, s'évanouissent, ou ne voient jamais le jour… Le mystère de l’amour est au centre de ces récits : pourquoi aime-t-on quelqu’un, pourquoi pas, pourquoi Nishino papillonne-t-il de fille en fille sans réussir à être fidèle, qu’est-ce qui fait l’essence d’une relation ?

 

« Mais peut-on s’aimer, si on ne se fait pas d’illusions sur l’autre ? C’est seulement à condition d’être indulgent, de ne pas être sur ses gardes, de se méprendre un peu, qu’on peut s’aimer l’un l’autre. » (p.66)

Au travers ces multiples récits, se dessine le portait en creux de ce Nishino, un être perdu entre ces femmes qui semblent davantage savoir qui elles sont. 

 Le charme des romans de Kawakami Hiromi est tellement diffus, diaphane, qu’il vous enveloppe doucement mais quand il s’agit de l’expliquer, le mystère reste entier, intraduisible. Moins fort que Les années douces, de ce récit émane un charme indéfinissable.

 

Premières phrases :

 « Minami était âgée de sept ans à l’époque.

C’était une enfant réservée. Elle passait son temps à faire des origamis de ses doigts graciles : un orgue, une belle-de-jour, une perruche, un petit plateau monté sur pieds… Elle confectionnait sans se lasser toutes sortes d’objets, qu’elle rangeait ensuite délicatement dans une boîte en carton tapissée de papier gaufré. J’étais très jeune quand je l’ai mise au monde. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Les années douces de Hiromi KAWAKAMILe temps qui va, le temps qui vient de Hiromi KAWAKAMI

Autre :  Littérature Asie de l'Est

 

D’autres avis :

 TéléramaLireMango 

 

Les 10 amours de Nishino, Kawakami Hiromi, traduit par Lisabeth Suetsugu, Picquier, février 2013, 18.50 euros

 

Publié dans Littérature Asie

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A l'orée du verger de Tracy CHEVALIER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Des pommes de la discorde aux arbres de l'espérance...

En 1838, dans l'Ohio, James Goodenough cultive des pommes. Mais les malheurs s'accumulent sur sa famille : à chaque fin d'hiver un de ses enfants meurt à cause de la fièvre des marais, les caprices du temps peuvent détruire en un instant ses récoltes, sa femme, Sadie, a tendance à trop apprécier l'eau de vie, les voisins sont rares bref, la vie est rude pour cette famille de cultivateurs... Les dissenssions s'exacerbent au sein du couple, James souhaitant cultiver avant tout une variété de pommes chère à son coeur la reinette dorée, pomme sucrée "au parfum de noix, de miel avec une note finale d'ananas" quand sa femme préfère les pommes à cidres qui lui permettent de fabriquer son eau de vie, encouragée en cela par John Chapman, vendeur d'arbres fruitiers itinérant. Leurs conflits permanents impacteront durablement leurs enfants. 

Enfants que l'on retrouve des années plus tard, après l'éclatement de la famille. Robert a quitté l'Ohio pour tenter sa chance dans l'Ouest. Il suit William Lobb, un exportateur chargé de prélever des pousses de séquoia pour les envoyer en Angleterre. Martha, quant à elle sillonne le pays à la recherche de son frère tant aimé.

Dans ce roman foisonnant très documenté, les arbres, tout comme les hommes voyagent : les pommiers à reinettes dorées viennent d'Angleterre et les séquoias géants ainsi que les redwoods font le chemin inverse. Mêlant savamment personnages fictifs et personnages réels, Tracy Chevalier rend hommage à la mémoire de ces pionniers venus construire l'Amérique. Si les êtres qui parcourent A l'orée du verger parlent peu, leur silence dit l'essentiel. Les rapports humains, amoureux ne coulent pas de source et demandent eux aussi des sols fertiles. Chacun est méfiant, comme pour se protéger d'un monde trop grand. 

Ce que j'ai moins aimé : Dans la première partie l'alternance de point de vue est déconcertante : d'abord celui de James à la troisième personne, puis celui de Sadie le personnage le plus détestable du roman -selon moi, d'autres comme Séverine l'ont adorée- qui, elle, parle à la première personne, dans un style qui se veut le sien. 

La construction est elle aussi déconcertante, avec des retours en arrière, des échanges épistolaires entrecoupant l'action et permettant des ellipses temporelles de plusieurs années.

En conclusion : Même si ce roman ne bénéficie pas des qualités narratives ni du souffle romanesque de La dernière fugitive, il aborde d'un point de vue original l'histoire de ces nomades anonymes qui ont contruit les Etats-Unis. 

 

Présentation de l'éditeur : Editions de la Table Ronde

Du même auteur : Mon préféré La dernière fugitive ;  Prodigieuses créatures

D'autres avis : Séverine

Télérama

 

A l'orée du verger, Tracy Chevalier, traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff, éditions la Table Ronde, mai 2016, 336 p., 22.50 euros

 

Merci à l'éditeur.

Ma rencontre avec l'auteure est ICI : rencontre avec Tracy Chevalier

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Clair de femme de Romain GARY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Vous êtes là, il y a clair de femme, et le malheur cesse d'être une qualité de la vie."

 

Ce que j'ai aimé :

Un soir de désuétude, deux êtres vont se frôler, pour rompre un instant leur solitude et leur souffrance. Michel aurait dû être dans un avion en partance pour Caracas, loin de sa femme Yannik qui met fin volontairement à une maladie qui la ronge dans un appartement tout proche, mais il n'a pas pu partir, pas voulu, alors il erre dans cette ville qui porte les débris de son amour. Lydia lutte pour retrouver un amour perdu depuis un tragique accident de voiture qui a rendu son mari infirme. Yannik voulait que Michel rencontre une autre femme pour que l'amour qui les liait perdure avec une autre. Cette autre sera-t-elle Lydia ? 

La beauté du texte et des dialogues prend à la gorge et inonde le lecteur d'émotions diverses. 

"L'éphémère vit d'éclairs  et je ne demande aps au bonheur une rente."

"Le sens de la vie a un goût de lèvres."

De très belles réflexions sur le couple illuminent cette liaison entre deux délaissés de la vie :

"Comment veux-tu distinguer le faux du vrai, quand on crève de solitude ? On recontre un type, on essaie de le rendre intéressant, on l'invente complètement, on l'habille de qualités des pieds à la tête, on ferme les yeux pour mieux le voir, il essaie de donner le change, vous aussi, s'il est beau et con on le trouve intelligent, s'il vous trouve conne, il se sent intelligent, s'il remarque que vous avez les seins qui tombent, il vous trouve de la personnalité, si vous commencez à sentir que c'est un plouc, vous vous dites qu'il faut l'aider, s'il est inculte, vous en savez assez pour deux, s'il veut faire ça tout le temps, vous vous dites qu'il vous aime, s'il n'est pas très porté là-dessus, vous vous dites que ce n'est pas ça qui compte, s'il est radin, c'est parce qu'il a eu une enfance pauvre, s'il est mufle, vous vous dites qu'il est nature, et vous continuez ainsi à faire des pieds et des mains pour nier l'évidence, alors que ça crève les yeux et c'est ce qu'on appelle les problèmes de couple, le problème du couple, quand il n'est plus possible de s'inventer, l'un l'autre, et alors, c'est le chagrin, la rancune, la haine, les débris que l'on essaie de faire tenir ensemble à cause des enfants ou tout simplement parce qu'on préfère encore être dans la merde que de se retrouver seule."

Durant cette nuit d'errance Michel croise aussi la route du Senor Galba, dresseur de chiens émérite, qui attend la mort la "smrt" comme il préfère l'appeler parce que ces sonorités sont davantage en accord avec ce qu'elle est. 

Un très beau texte que je vous recommande en ce jour qui célèbre le 100ème anniversaire de la naissance de Romain Gary !

« Deux désespoirs qui se rencontrent cela peut bien faire un espoir ».

 

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien, j'en réclame encore !

 

Premières phrases :

"Je descendais du taxi et la heurtai, avec ses paquets, en ouvrant la portière : pain, oeufs, lait se répandirent sur le trottoir - et c'est ainsi que nous nous sommes rencontrés, sous la petite pluie fine qui s'ennuyait." 

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : La promesse de l'aube

 

Clair de femme, Romain Gary, Folio, avril 1982, 180 p., 6.20 euros

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Le collier de la reine et autres nouvelles de Maurice LEBLANC

Publié le par Hélène

                                      collier-de-la-reine-copie-1.jpg

♥ ♥ ♥ ♥

 

 L’auteur :

 Maurice Leblanc est né en 1864 à Rouen. Après des études de droit, il se lance dans le journalisme. En 1907 paraît son premier ouvrage « policier » : Arsène Lupin gentleman cambrioleur. Le personnage devient immédiatement populaire et Leblanc en fait le héros d’une longue série d’aventures. Au total trente récits, parmi lesquels Arsène Lupin contre Herlock Sholmès (1908), L’Aiguille creuse (1909), Le Bouchon de cristal (1912), Les Huit Coups de l’horloge (1921), La Cagliostro se venge (1935)… Maurice Leblanc est mort en 1941 à Perpignan. (Présentation de l’éditeur)

 

L’histoire :

Un soir, ainsi qu’elle en a l’habitude à l’occasion de grandes solennités, la comtesse de Dreux-Soubise décide de porter le magnifique collier autrefois destiné à Marie-Antoinette et qui avait donné lieu à l’« affaire du collier ». Avant de se coucher, elle le confie à son mari qui le dépose à sa place habituelle, dans un petit cabinet attenant à la chambre et dont le verrou est fermé de l’intérieur. Au réveil, le collier demeure introuvable… Dans les cinq nouvelles de ce volume, on retrouve Arsène Lupin sous diverses identités, à la fois enquêteur et voleur, gentleman et cambrioleur.

Ce volume comprend : Le Collier de la reine, La Perle noire, Au sommet de la tour, La Carafe d’eau et La Lettre d’amour du roi George.

(Présentation de l’éditeur)

  

Ce que j’ai aimé :

Arsène Lupin, homme  élégant, racé, sarcastique s’en prend aux riches avec classe et intelligence. C'est un homme charmant, prêt à tout pour défendre la veuve et l’orphelin, homme vif, drôle aussi, il est le gentleman par excellence.

 L’alliance de roman policier et roman d’aventures rythme allègrement le récit servi par un style tout aussi vivace.

  « Ce que j’ai voulu d’abord, c’est vous distraire. Votre vie était monotone et manquait d’imprévu. En fut-il de même aujourd’hui ?

-          Comment pouvez-vous poser une telle question ? J’ai vécu les minutes les plus fortes et les plus étranges.

-          C’est cela, la vie, dit-il, quand on sait regarder et rechercher. L’aventure est partout, au fond de la chaumière la plus misérable, sous le masque de l’homme le plus sage. Partout, si on le veut, il y a prétexte à s’émouvoir, à faire le bien, à sauver une victime, à mettre fin à une injustice. »

Elle murmura, frappée par ce qu’il y avait en lui de puissance et d’autorité :

« Qui donc êtes-vous ?

-          Un aventurier, pas autre chose. Un amateur d’aventures. La vie ne vaut d’être vécue qu’aux heures d’aventures, aventures des autres ou aventures personnelles. » (p. 71)

L'action endiablée, le mouvementcontinuel et la vitesse de l’écriture font de ces petites nouvelles un régal de lecture... 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 J’aurais préféré choisir un recueil plus complet maintenant que je suis tombée amoureuse de Arsène, ce recueil-ci a tout juste fait office de préliminaires et m’a laissé sur ma faim…

 

Premières phrases :

« Deux ou trois jours par an, à l’occasion de solennités importantes, comme les bals de l’ambassade d’Autriche ou les soirées de Lady Billingstone, la comtesse de Dreux-Soubise mettait sur ses blanches épaules le « Collier de la Reine. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Les huit coups de l’horloge

 

D’autres avis :

Lu dans le cadre du Blogoclub  

Le collier de la reine et autres nouvelles, Maurice Leblanc, Le livre de poche, 2 euros

 blogoclub  

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Eloge du rien de Christian BOBIN

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ ♥

 

 L’auteur :

 Qui est vraiment Christian Bobin ? Les indications biographiques qu'il consent à glisser aux journalistes lors de (rares) entretiens nous apprennent qu'il est né au Creusot, en Bourgogne, de parents ouvriers. Et qu'il y vit toujours. Qu'enfant, déjà solitaire, il préférait la compagnie des livres. Qu'après des études de philosophie, il a exercé divers métiers, dans des bibliothèques, des musées, des librairies. Que ses premiers textes, publiés au début des années 1980, ne rencontrent qu'un public restreint. Que le succès est venu plus tard, porté par la grâce d'un livre consacré à Saint François d'Assises, Le Très-Bas, prix des Deux Magots... C'est dans ses textes qu'il faut chercher La Part manquante de Christian Bobin. Dans ses textes, où cet humaniste solitaire parle le plus de lui-même, il nous fait partager, dans un style épuré, ses plaisirs minuscules et jusqu'à ses plus grandes douleurs comme La plus que vive, hommage à son amie, morte à 44 ans d'une rupture d'anévrisme. Àtravers une oeuvre sensible et poétique, ce sédentaire, voyageur de la page blanche, nous montre le monde tel qu’on ne le voit plus. (Source : Evène)

 

L’histoire :

 Au lieu de répondre à la question: “Qu’est-ce qui donne un sens à votre vie?” que lui avait posée un directeur de revue, l’auteur a eu envie de s’évader ailleurs et d’écrire ce petit livre qu’il termine ainsi: “Bien sûr, je ne réponds plus vraiment: je chante”. (Présentation babélio)

 

Ce que j’ai aimé :

 Christian Bobin nous offre ici un court récit en réponse à la question « Qu’est-ce qui donne un sens à votre vie ? »

 "Tous les arbres dans le soir frémissent. Ils m’instruisent par leur manière d’accueillir chaque instant comme une bonne fortune. L’amertume d’une pluie, la démence d’un soleil : tout leur est nourriture. Ils n’ont souci de rien, surtout pas d’un sens. Ils attendent d’une attente radieuse et tremblée. Infinie. Le monde entier repose sur eux. Le monde entier repose sur nous. » (p. 21)

 

arbre-automne.JPG

 Sa réponse sera prétexte à multiples digressions sur la vie, la beauté, la poésie, les livres, thèmes chers à l'auteur. Le texte est à la fois beau, poétique, profond et philosophique.

 Christian Bobin se glisse dans les interstices du monde pour communier avec lui, s’harmoniser avec lui et chanter sa gloire et sa beauté.

 Ce que j’ai moins aimé :

-          Rien

 Premières phrases :

 « Votre lettre est là, sur le bord d’un buffet de cuisine. Elle attend. Depuis bientôt une semaine, elle attend ma réponse. Une petite femme d’encre, modeste, avec sa jupe un peu froissée, ses phrases croisées sur ses genoux. »

 Vous aimerez aussi :

 Du même auteur :  L’homme-joie de Christian BOBIN ; Les ruines du ciel de Christian BOBIN 

 D’autres avis :

 Eloge du rien, Christian Bobin, Editions Fata Morgana, janvier 1990, 23 p., 8 euros

 Challenge-Christian-Bobin

 

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Au cœur du cœur d’Andrée CHEDID

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

 

 « Oser encore recourir à l’espoir

Oser encore

 

Porter l’instant et le rendre à lui-même

Répondre quel qu’il soit

Au baiser de la terre,

Vouloir ce Plus loin dont on ne sait le nom. » (p. 39)

 

L’auteur :

 

Andrée Chédid est une femme de lettres et poétesse française d'origine libanaise décédée en février dernier. Elle est la mère du chanteur Louis Chedid, de la peintre Michèle Chedid-Koltz et la grand-mère du chanteur Matthieu Chedid.

 

L’histoire :

 

Figure de proue de la poésie et du métissage culturel, Andrée Chedid fait l'objet d'un hommage lors de l'édition 2010 du Printemps des poètes. L'occasion rêvée de redécouvrir l'oeuvre d'un auteur prolifique avec des textes qui s'étalent de 1949 à nos jours.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          En transparence, derrière les mots lumineux de ses poèmes, se dessinent le portrait d’une femme admirable, attentive aux autres, débordante d’amour, de rebellion  contre ceux qui dérangent le monde, une femme intelligente qui distille par ses écrits l’espoir.

 

« La peine est de ce monde, ô mes amis que j’aime,

Mais chaque fleur d’orage porte la graine de demain. » (p. 33)

 

 « Elisons encore la vie

Au sommet du jour blessé. » (p. 40)

 

  -          Elle place la poésie au cœur du monde, la rendant accessible à tout un chacun, puisque pour elle, il s’agit seulement de regarder et d’aimer le monde.

« Vivre en poésie, ce n’est pas renoncer ; c’est se garder à la lisière de l’apparent et du réel, sachant qu’on ne pourra jamais réconcilier, ni circonscrire. » (p. 26)

 

«  La poésie suggère. En cela, elle est plus proche qu’on ne pense de la vie, qui est toujours en deçà de l’instant qui frappe. » (p. 27)

 

«  Les habiles, les jongleurs de mots sont plus éloignés de la poésie que cet homme qui –sans parole aucune – se défait de sa journée, le regard levé vers un arbre, ou le cœur attentif à la vois d’un ami. » (p. 27)

 

«  Ce qui nous dépasse, et dont nous portons le grain aussi certainement que nous portons notre corps, cela s’appelle : Poésie. » (p. 28)

 

-          Elle questionne la vie humaine et nous offre une formidable leçon d’humanité.

 

« La poésie chez Andrée est une philosophie de l’existence, elle fonde une éthique de la fraternité : lien universel et éternel entre les hommes, elle nous invite à sortir de notre étroite peau » pour que l’intimité de chacun s’ouvre à la résonance du monde et que nous donnions sens à l’aventure humaine par la partage. » (Préface)

 

-          Savourons les poèmes de cette grande dame en écoutant son mot d’ordre :

 

« Sacre l’éphémère. » (p. 49)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Trop court.

 

 

Au cœur du cœur, poèmes choisis et préfacés par Matthieu CHEDID et Jean-Pierre SIMEON, Andrée CHEDID, Librio poésie, 94 p., 3 euros

 

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Publié dans Poésie étrangère

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La rose du cimarron de James Lee BURKE

Publié le par Hélène

                                           rose du cimarron  

♥ ♥ ♥

Un très bon roman policier aux allures de western. 

 

L’auteur :



James Lee BURKE est un écrivain américain spécialisé dans les romans policiers. Il est surtout connu pour ses romans mettant en scène le héros Dave Robicheaux, comme dans le roman Dans la brume électrique avec les morts confédérés adapté en 2008 sur grand écran par Bertrand TAVERNIER.

 

L’histoire :

La rose du cimarron inaugure une nouvelle série dont le héros n’est plus Dave, mais l’avocat Billy Bob Holland. Celui-ci est un ancien ranger hanté par la mort de son ami L. Q. Navarro qu’il a abattu accidentellement lors d’une traque impliquant des trafiquants de drogues.

Quand son fils illégitime Lucas  est accusé du meurtre de sa petite amie Roseanne, il décide d’assurer sa défense, au risque de se heurter à son passé.

 

 Ce que j’ai aimé :

-       L’atmosphère de violence latente subtilement rendue, comme léguée en héritage par les générations précédentes.

-       Les plages de beauté et d’amour que le héros essaie de s’octroyer dans ce monde violent : ses parties de pêche avec le petit Pete, sa relation amoureuse avec la belle Mary Beth, l’entretien de son cheval Beau…

-       Le personnage de Billy Bob est touchant. Il est d’un côté doté d’une foi en la vie, ainsi il n’hésite pas à se lancer dans des relations qui peuvent mettre en péril la vie de ceux qu’ils côtoient, mais d’un autre côté il sait que cette violence omniprésente dans sa vie est aussi en lui.  Il est capable du meilleur comme du pire. L. Q. Navarro dont le fantôme lui rend visite régulièrement agit comme sa conscience, leurs discussions l’aidant à retourner sur le droit chemin.

-       L’évocation de l’histoire du grand-père de Billy Bob livrée apporte un intérêt supplémentaire au roman : il raconte dans ses carnets sa relation avec La rose du cimarron, une jeune femme appartenant au gang des Dalton.

 

Ce que j’ai moins aimé :

-       A bien y réfléchir, je ne vois rien à redire.

 

Premières phrases :

« Mon arrière grand-père était Sam Morgan Holland, un conducteur de  bestiaux qui menait des troupeaux de vaches de San Antonio jusqu’au Kansas sur la piste du Chrisholm. Presque toute son existence, il se colleta avec le whisky, les Indiens et les voleurs de bétail, et vit des torrents en crue ou des éclairs de chaleur disperser régulièrement ses bêtes affolées sur la moitié du Territoire de l’Oklahoma. »

 

Vous aimerez aussi :

Ténèbres, prenez-moi par la main de Dennis LEHANE

 

La rose du cimarron, James Lee Burke, Rivages, avril 2001, 334 p., 21 euros

POCHE : La rose du cimarron, James Lee Burke, Rivages noir, mars 2003, 421 p., 9 euros

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