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litterature francaise

Les trois saisons de la rage de Victor COHEN HADRIA

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ ♥

Un roman plaisant qui nous emporte sur les traces d'un médecin de campagne au XIXème siècle.

  

L’auteur :

 

Victor COHEN HADRIA est producteur et réalisateur de fictions et de documentaires et romancier.

 

L’histoire :

 

La première partie du roman est constitué d’un échange épistolaire entre le docteur Le Cœur, médecin de campagne en Normandie, et le docteur Rochambaud, médecin militaire. L’action se passe en 1859 sous le règne de Napoléon III. La deuxième partie du roman s’attache au docteur Le Cœur en nous livrant son journal intime. Dans cette partie, il raconte son quotidien de médecin, mais aussi ses aventures galantes…

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          La construction originale, en creux, le prologue trouvant écho en l’épilogue. L’échange épistolaire de la première partie suscite l’intérêt et permet de se lancer facilement dans la lecture. De plus, la fin est cohérente et relie l’ensemble.

-          L’évocation de ces paysans et bourgeois du XIXème siècle : le docteur Le Cœur plonge dans leur intimité et nous offre des portraits très fins et vivants de ces hommes et ces femmes reflets d’une époque. Il aborde des sujets très variés les concernant : les mariages arrangés, la religion et les superstitions omniprésentes, les tromperies nombreuses et variées…

- Les réflexions des médecins : la confrontation entre la science –encore lapidaire- de ces hommes et la réalité qu’ils rencontrent est l’objet de réflexions qui ont finalement un caractère universel. La science aura beau progresser, resteront des zones d’ombre inhérentes à la vie.

 

 « Je me reproche de n’avoir pas vu la détresse de Pierre Daubois, j’espérais qu’il trouverait la ressource de surmonter son état. Mais il en est des conformations humaines comme des mystères de la Nature, les mêmes causes ne donnent pas toujours les mêmes effets. Il nous manque la science pleine des choses pour déchiffrer pourquoi elles surviennent. Nous sommes des aveugles qui n’éprouvons le monde que lorsqu’ils s’y cognent, tout le reste n’est que le fruit de notre imaginaire. » (p.227)

 

- Le personnage de Le Cœur, pris soudain dans des tourments érotiques qui lui permettent d’oublier un instant les duretés qu’ils côtoient.

-          Le talent de conteur de l’auteur pour finir : pas un instant il n’ennuie le lecteur tant sa verve est communicative…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          J’ai trouvé quelques longueurs dans le journal de Le Cœur (le roman fait quand même 458 pages…) Certains passages auraient mérités d’être allégés. Néanmoins, c’est une lecture agréable qui file.

 

Première phrases :

 

« Elle a demandé à Madame Maurasse d’ouvrir les volets et les fenêtres de façon à chasser les miasmes de l’hiver. La demeure paraît vivante, comme ressuscitée, tout juste si elle ne perçoit pas les parfums de rôtis et de confitures flottant dans le couloir. Le carrelage en damier du vestibule est légèrement terni, abrasé par les pieds des malades qui l’ont piétiné pendant trois générations pour rejoindre l’antichambre. »

 

Vous aimerez aussi :

 

La maladie de Sachs de Martin WINCKLER

 

Merci à Judith OTT des Editions Albin Michel pour cette belle découverte.

 

Les trois saisons de la rage, Victor COHEN HADRIA, Albin Michel, août 2010, 458 p., 22 euros

 

1pourcent

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Que tous nous veuille absoudre de Stéphanie JANICOT

Publié le par Hélène

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 ♥

Un roman très actuel…

 

L'auteur :

 Stéphanie JANICOT est une romancière  française. Elle travaille dans le journalisme tout en publiant parallèlement des romans sur la société contemporaine.

L’histoire :

Place de la Contrescarpe un petit garçon borgne scande plusieurs fois par jour ses prophéties. Les habitants de la place sont troublés par cet être venu d’ailleurs. Parmi eux Saar, ancienne journaliste de guerre se remet doucement de l’attentat qui a coûté la vie à son mari Solel et l’a laissée estropiée. Elle va tenter d’approcher l’étrange Immanouel tout en reconstruisant pierre après pierre les ruines de sa vie.

Ce que j’ai aimé :

-          La facilité avec laquelle Stéphanie Janicot campe des histoires si proches de nous. Le lecteur devient le temps de ce roman un habitant de la place de la Contrescarpe, mû par les mêmes questionnements, les mêmes doutes devant la vie et la même fascination pour ce petit prophète.

-          Les rapports humains sont très subtilement décrits. Stéphanie évoque notamment la culpabilité qui se terre au sein des familles : celle des parents qui ne parviennent que peu à influer sur la vie de leurs enfants, celle des enfants qui regrettent parfois de na pas être en adéquation avec les attentes de leurs parents.

-          Les contradictions de ce métier particulier qu’est le journalisme de guerre hantent la jeune Saar qui a le sentiment de s’être « rassasier au grand festin de la rage et du ressentiment. » (p. 71).

Ce que j’ai moins aimé :

-          Je n’ai pas vraiment adhéré à ce roman auquel pourtant je reconnais des qualités. Sans doute parce qu’il ne répond pas à ce que j’attends d’une lecture : l’évasion. Je suis restée à Paris, dans une famille qui ressemble à la mienne, engluée dans des questions qui sont sans doute les miennes mais qui n’ont pas trouvé de réponses en ces pages, bref je n’ai pas décollé.

Premières phrases :

« Un rayon de soleil se glisse par ma fenêtre entrouverte. Assise sur mon vieux canapé en velours, je m’étire pour le sentir caresser ma jambe morte, il me semble émerger d’un interminable hiver. »

 

Que tous nous veuille absoudre, Stéphanie JANICOT, Albin Michel, août 2010, 265 p., 19 euros

Merci à Judith OTT des Editions Albin Michel pour cette découverte.

TAGS : Littérature française - Famille - Journalisme de guerre - Prophète- Deuil

 

1pourcent

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La fortune de Sila de Fabrice HUMBERT

Publié le par Hélène

fortune-de-sila.jpg

 ♥ ♥ ♥ ♥

Un roman captivant avec en toile de fond les redoutables milieux financiers.

 

L’auteur :

 

Fabrice Humbert est un écrivain français. Il est professeur agrégé de français et a publié son premier roman en 2001. Son précédent roman L’origine de la violence a été salué par la critique et les lecteurs.

 

L’histoire :

 

Plusieurs destins s’entrecroisent dans ce roman captivant : Sila est un jeune africain émigré en Europe, Mark Ruffle un américain qui s’investit dans l’immobilier, Simon Judal est chercheur dans un laboratoire de mathématiques, son ami Matthieu Brunel est employé dans un établissement de nuit, et enfin Lev Kratchenko est un ancien conseiller de Boris Eltsine, et marié à la belle Elena, professeure.

Tous ces personnages ont en commun d’évoluer dans des mondes dominés par le culte de l’argent et la violence inhérente à ce domaine. Trouveront-ils leur place dans ce monde ?

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Fabrice Humbert réussit à nous captiver si facilement, que cela en est déconcertant…

-          Les personnages sont attachants, et comme ils sont nombreux, le lecteur peut facilement s’identifier à l’un d’eux.

-          La peinture des milieux financiers et de la mafia russe sonne juste.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          L’aspect didactique un peu trop marqué : les thèmes de prédilection de Fabrice Humbert sont clairement affichés : la césure ténue entre le bien et le mal, le choix de basculer ou pas, l'argent ne fait pas le bonheur… J’aurais aimé plus de suggestions, de sous-entendus.

 

Premières phrases :

 

« Sila se tenait en équilibre fragile sur l’angle d’un mur de pierre, le pied gauche surélevé par rapport au droit. Là, debout dans le soleil, un grand sourire aux lèvres, il pissait. Et à cette époque, personne n’aurait pu songer qu’il se retrouverait un jour serveur à l’autre bout du monde, attendant dans les cuisines, le nez cassé, qu’on l’emmène aux urgences. »

 

 

Un grand merci à Vincent EUDELINE des Editions Le Passage.

 

La fortune de Sila, Editions Le Passage, août 2010, 320 p., 18 euros.

 

1pourcentPremier billet pour le challenge du 1% de la rentrée littéraire...

 

 

 Sophie est beaucoup plus enthousiaste... 

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L’origine de la violence de Fabrice Humbert

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

Un roman puissant

 

L'auteur :

Fabrice Humbert est professeur de français et écrivain à ses heures. Il a publié son premier roman Autoportaits en noir et blanc en 2001.

 

L’histoire :

Lors d’un voyage scolaire à Buchenwald, le narrateur découvre une photo troublante : sous ses yeux, le portrait de son père qui pourtant n’a jamais connu les camps de concentration. Pas plus que son grand-père, Marcel Fabre. Qui est donc cet homme ? Notre jeune professeur va alors se jeter à corps perdus dans cette enquête visant à rétablir la vérité familiale. La première partie du roman s’attache donc au destin de David Wagner, l’homme de la photo, destin marqué par la violence de la vie à Buchenwald. La seconde partie est centrée à nouveau sur le narrateur : il va rencontrer une jeune femme allemande qui, elle aussi, a une histoire marquée par la violence du nazisme.

Ce que j’ai aimé :

-          Fabrice Humbert a un talent de conteur évident, pas un instant il n’ennuie le lecteur, le captivant au contraire si bien qu’il est difficile de poser le livre avant de l’avoir fini.

-          L'enquête autour de cette photographie permet de tenir en haleine le lecteur impatient de connaître le fin mot de l’histoire.

-          Les destins des protagonistes prennent de la profondeur au fur et à mesure que le récit avance, les visages changent au gré de l’enquête, le dit remplace un silence lourd et quelquefois rassurant. Mais ne peut évoluer que celui qui sait.

-          Au-delà de l’histoire familiale, c’est aussi l’histoire de notre peuple marqué par la violence de la seconde guerre mondiale que nous conte le narrateur :

                                                                                                                                                                              

« La violence m’a été livrée en héritage » dit-il (p. 157).

 

Connaître notre histoire avec ses zones d’ombre et d’horreur, c’est nous permettre de comprendre le monde qui nous entoure dans toute sa complexité. Sans cela nous ne sommes que des fantômes de nous-mêmes, des êtres bruts, incompréhensibles.

-          C’est un roman aux multiples sujets, la passion amoureuse y tient aussi une place importante, avec toujours en toile de fond ce questionnement sur la violence et ses origines. Pourquoi certains penchent du mauvais côté quand d'autres restent moraux ?

 

  Ce que j’ai moins aimé :

-          Un énième livre sur les camps de concentration, me direz-vous. Oui et non. Personnellement, je ne lis pas tellement de textes sur ce sujet, j'ai donc été littéralement prise par le roman, par son intensité et sa vérité. Pour ceux qui ont beaucoup lu sur le sujet, peut-être n'apprendront-ils rien de nouveau.

 

Premières phrases :

 « On dit que Satan était l’ange le plus brillant de Dieu. Sa chute, lumineuse, fulgurante, est marquée  du double sceau de la grandeur et de la trahison. Et il me semble deviner, dans les méandres de ma mémoire, l’image d’un archange chutant de l’empyrée pour rejoindre les coins sinueux de l’enfer. Ce dessin, peut-être recomposé par le souvenir, d’une bible pour enfants m’a longtemps poursuivi : c’est toujours le fils le plus aimé qui passe su côté du Mal. »

 

Vous aimerez aussi :

  Si c'est un homme de Primo LEVI

 

L’origine de la violence, Fabrice HUMBERT, Le passage, janvier 2009, 317 p., 18 euros

POCHE : L'origine de la violence, Fabrice HUMBERT, LDP, avril 2010, 341 p., 6.95 euros 

Papillon, Aifelle et Dominique ont aimé,   Keisha, EmiLie et Yves moins...

TAGS : Littérature française - Famille - Guerre - Camps de concentration - Secret de famille

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Les déferlantes de Claudie GALLAY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Un livre simple et beau accessible à tous les publics

        

L’auteur :

 

Claudie GALLAY est une écrivain français également institutrice. Elle a publié son premier roman «L’office des vivants» en 2001.

     

L’histoire :

 

La narratrice est nouvellement arrivée à la Hague, aux confins du Cotentin. Employée par le centre ornithologique de Caen pour observer les oiseaux, elle se fond dans le décor et apprivoise peu à peu cette nature normande et ses habitants pas toujours tendres.

Cela fait six mois qu’elle côtoie les habitants de la Hague quand arrive Lambert, un ancien de la Hague qui semble lourd de secrets. La narratrice –et le lecteur- est intriguée par cet homme au passé trouble, et elle va subrepticement chercher à en savoir davantage.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          L’atmosphère remarquablement bien rendue, mystérieuse et envoûtante.

-          La mer est comme un dernier personnage qui influence de slautres, un personnage fort à qui il faut s’abandonner pour espérer une trêve dans une vie agitée :

           

« Je savais que l’on pouvait rester très longtemps comme ça, les yeux dans la mer, sans voir personne. Sans parler. Sans même penser. Au bout de ce temps, la mer de déversait en nous quelque chose qui nous rendait plus fort. Comme si elle nous faisait devenir une partie d’elle. Beaucoup de ceux qui vivaient cela ne repartaient pas. » (p. 293)

 

-          Le mystère lié à Lambert, à la vieille nan et à Théo, gardien du phare et des secrets, maintient l’attention du lecteur à son comble.

-          L’intrigue sentimentale, centrée autour de cette narratrice anéantie par un deuil, et qui essaie doucement de réapprendre à aimer un autre homme, est toute en retenue, très finement décrite.

-           

« Les histoires se ressemblent.

Et il y a d’autres histoires. Il suffit d’un rien, parfois, un angélus qui sonne, des êtres se rencontrent, ils sont là, au même endroit.

Eux qui n’auraient jamais dû se croiser. Qui auraient pus se croiser et ne pas se voir.

Se croiser et ne rien se dire.

Ils sont là. » (p. 478)

 

-          Le style, simple et direct.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          L’épaisseur du livre (524 pages), surtout si vous ne le lisez pas en poche, dans le lit, il est lourd à porter…

          

Premières phrases :

 

« La première fois que j’ai vu Lambert, c’était le jour de la grande tempête. Le ciel était noir, très bas, ça cognait déjà fort au large. »

 

Vous aimerez aussi :

 De pierre et de cendre de Linda NEWBERY

 

 

Les déferlantes, Claudie GALLAY, Editions du Rouergue, la Brune, février 2008, 524 p., 21.50 euros

POCHE : Les déferlantes, Claudie GALLAY, J’ai Lu, juin 2010, 538 p., 8 euros   

 

Keisha a moins apprécié, EmiLie,  Cathulu , Kathel ont aimé.

 

TAGS : Littérature française - Solitude - Mer - Deuil - Secret -

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Les pieds dans l’eau de Benoît DUTEURTRE

Publié le par Hélène

pieds dans l'eau

 

  ♥ ♥ ♥ ♥

  Un roman intelligent et nostalgique, qui

donne envie d’aller se prélasser sur les galets

 d’Etretat (c’est dire…)

 

 

L’auteur :      

  Benoît DUTEURTRE est un écrivain français dont le premier roman   « Sommeil   perdu » paraît en 1985. Il a exercé divers métiers avant de pouvoir se consacrer à ses deux passions : l’écriture et la musique. Il a depuis publié plusieurs romans et quelques essais sur la musique.

L’histoire :

Benoît DUTEURTRE est également l’arrière petit-fils de René COTY qui possédait une villa familiale à Etretat. Elle est la base du nouveau roman de ce normand mélomane, qui évoque les souvenirs liés à la côte normande et à sa famille si particulière.

Ce que j’ai aimé :

-       Le style : très classique, il fut pour moi un bol d’air après des lectures au style plus moderne. Ce fut une lecture très agréable, comme quand on se replonge dans un classique après une longue période d’abstinence… 

 

-       L’évocation de la côte normande, prétexte à diverses considérations politiques, sociales, culturelles… Le regard du narrateur d’aujourd’hui sur le jeune adolescent qu’il fut est intelligent car il prend la distance nécessaire à de belles réflexions sur lui-même et sur la société (notamment avec son évocation de la bourgeoisie).

 

-       La poésie nostalgique qui se dégage des pages. Etretat apparaît comme le théâtre d’une époque révolue, témoin d’une représentation au charme gentiment désuet.

 « Planté au plus bel endroit de la côte, l’Etretat d’aujourd’hui a des allures médiocres. Mais, derrière ce rivage de bric et de broc, se prolongent des histoires pleines de sous-entendus ; et je ne connais rien de plus fascinant que ce mélange de beauté immuable et de transformation du monde. » (p. 239)

Ce que j’ai moins aimé :

-       J’aurais aimé un vrai roman complet, ce cher Benoît en est capable, mais c’est comme si il s’y refusait. Pourquoi ? Il nous offre une évocation intelligente, mais à mes yeux sans le souffle épique et passionnant que pourrait revêtir une saga familiale…

Premières phrases :

« Mon histoire commence dans une poudre de lumière, un après-midi d’été. La pente de galets blanchis par le sel glisse rapidement vers le rivage où l’eau claire et profonde donne une sensation de fraîcheur, même en plein mois de juillet. »

Vous aimerez aussi :

Paris Brest de Tanguy VIEL

Les pieds dans l’eau, Benoît DUTEURTRE, Gallimard, août 2008, 238 p., 17,50 euros

POCHE : Les pieds dans l’eau, Benoît DUTEURTRE, Folio, mars 2010, 251 p., 6,10 euros   

TAGS : Littérature française -Famille- Mer

Kathel vous en parle aussi.

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La centrale de Elisabeth FILHOL

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

  Une très belle découverte.

 

L’auteur :

La centrale est le premier roman d’Elisabeth FILHOL qui travaille en entreprise dans le milieu industriel. 

  L’histoire :

Le narrateur est un intérimaire qui traverse la France pour accomplir des missions ponctuelles dans les centrales nucléaires. Il nous conte ses expériences, ses rencontres, et cette impression perpétuelle de marcher sur un fil.

  Ce que j’ai aimé :

  -          L’originalité du thème : le roman nous plonge dans un univers aux dangers pernicieux parce qu’invisibles, dans un monde froid et déconcertant, dans l’intimité de celles qui tentent de se fondre en vain dans le paysage,  les centrales nucléaires.

 

« Donc oui, les dangers du nucléaire. Derrière les murs. Une cocotte-minute. Et en attendant d’en sortir, dix-neuf centrales alimentent le réseau afin que tout un chacun puisse consommer, sans rationnement, sans même y penser, d’un simple geste. » (p. 32)

-          L’opposition si bien rendue entre cet « employeur » aux actions et aux mots glacés et techniques, et ces employés si sensibles, si faillibles…

-          Le style de l’auteur épouse parfaitement cette oscillation incessante : des phrases courtes pour coller à cette atmosphère scientifique, mais tapis au cœur de ces phrases, des éclats d’humanité irradient cette blancheur immaculée…  

« On s‘est assis côte à côte sur des pliants, devant la caravane de location. Il ne disait rien. Il avait résumé les faits en trois phrases avant de conclure, j’arrête, et depuis silence sur les ondes, et une expression du visage qui n’encourageait personne. On est restés là, il fumait, j’échangeais avec ceux qui passaient de temps à autre et nous donnaient le bonsoir, la lumière déclinait au-dessus de la Loire, j’avais fini par m’habituer (…) » (p. 136)

   Ce que j’ai moins aimé :

-          La déconstruction temporelle du récit fait de retours en arrière pas franchement balisés. L’effet était sans doute voulu, pour insister sur le destin de ces hommes, haché, laminé, mais il peut gêner la lecture.

Premières phrases :

    «  Trois salariés sont morts au cours des six derniers mois, trois agents statutaires ayant eu chacun une fonction d’encadrement ou de contrôle, qu’il a bien fallu prendre au mot par leur geste, et d’eux qui se connaissaient à peine on parle désormais comme de trois frères d’armes, tous trois victimes de la centrale et tombés sur le même front. » 

Vous aimerez aussi :

 Cour nord d’Antoine CHOPLIN

   La centrale, Elisabeth FILHOL, POL, janvier 2010, 144 p., 14.50 euros    

  

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Le traducteur amoureux de Jacques GELAT

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ ♥ ♥

Un vrai plaisir de lecture.

 

L’auteur :

 Jacques GELAT est un écrivain français contemporain. Il s’est surtout consacré à l’écriture de scénarios, s’essayant au genre du roman en 1991 avec Le tableau, puis revenant à ses premières amours. Ce ne sera qu’en 2000 qu’il publiera à nouveau des romans.

   L’histoire :

 Le narrateur est un traducteur de romans japonais aux prises soudain avec les souffrances dues à une rupture amoureuse. Son travail va s’en trouver bouleversé puisque lors de la traduction de son dernier roman, il transforme un point virgule en un point. Et ce ne sera que le début de subtiles transformations dans son travail, mais aussi dans sa vie.

 Ce que j’ai aimé :

 -          La fluidité de la narration : le style est si coulant que l’on se laisse porter par le flot des mots avec délectation.

-          La légèreté du ton : le narrateur ne se perd jamais dans l’auto-apitoiement ou le pathétique, même quand il frôle la dépression, il est doté d’une force tranquille qui lui permet de rebondir.

-          La vision romantique de l’amour : le narrateur a plaisir, malgré ses dires, à tomber amoureux et sa joie est communicative.

-          Les belles réflexions amorcées sur la création et ses affres…

 Ce que j’ai moins aimé :

 -          L’impression que ce n’est pas un livre marquant, que je l’aurai vite oublié. Puis, ce matin je me suis souvenue que j’avais eu la même impression en lisant Le plaisir du diable il y a un an de cela, or aujourd’hui j’en garde un souvenir prégnant. Réponse dans un an donc…

 Premières phrases :

« Je suis un traducteur. Au départ c’est un plaisir qui ressemble un peu au métier de comédien. On doit se faire à l’autre, l’écouter, le comprendre, s’en imprégner, avec cette différence qu’au lieu d’un personnage, c’est un roman qu’il va falloir traduire. »

Vous aimerez aussi :

 L’horizon de Patrick MODIANO

   

Le traducteur amoureux, Jacques GELAT, José Corti, mars 2010, 193 p., 15.50 euros  

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Les ruines du ciel de Christian BOBIN

Publié le par Hélène

 les ruines du ciel

♥ ♥ ♥ 

Un petit bijou poétique concentré autour de la destruction de Port Royal. 

 

L'auteur :

 Christian BOBIN est un écrivain français contemporain, auteur de "fragments", des textes en prose poétiques. Il a connu le succés à partir de 1991 avec Une petite robe de fête.

 L'histoire :

Les livres de Christian BOBIN n’ont pas d’histoire… Il préfère la contemplation à l’action, aussi choisit-il un fil conducteur, ici la destruction de Port Royal par Louis XIV, puis, serpente-t-il sur des sentiers vagabonds semés d’aphorismes, de réflexions, de fragments… 

   « Qu’est-ce que Port-Royal ? » explique-t-il, « C’est une poignée d’hommes et de femmes qui ne se laissent pas éblouir par le roi soleil, qui préfèrent la course des nuages à celle des honneurs. Ils pensent qu’il y a autre chose dans la vie que l’argent, la gloire ou la puissance. Ils parient sur cette autre chose. » 

 Ce que j’ai aimé :

-          Sa poésie en général, présente à toutes les pages :

« La pluie, si belle avec son insouci de plaire et la fièvre de ses longs yeux gris. » (p.174)

-          Plus spécifiquement, la poésie du quotidien, ou l’art de transformer le détail quotidien en un miracle :

« Les ablutions musicales des oiseaux sont toute ma religion. » (p. 72)

« L’art de vivre consiste à garder intact le sentiment de la vie et à ne jamais déserter le point d’émerveillement et de sidération qui seul permet à l’âme de voir. 

Le monde ne devient réel que pour qui le regarde avec l’attention qui sert à extraire d’un poème le soleil qu’il contient. » (p. 28)

-          Sa façon d’appréhender l’écriture et le livre :

« L’écriture est le doigt qui montre le miracle. » (p. 175)

 

Ce que j’ai moins aimé :

-          Je suis une inconditionnelle de Christian BOBIN, vous ne pourrez pas me faire dire du mal de lui…

 Premières phrases :

« Angélique Arnaud, abbesse de Port-Royal, morte le 6 août 1661, passe devant la fenêtre du bureau où j’écris. »

 Vous aimerez aussi :

Lambeaux de Charles JULIET

 

Les ruines du ciel, Christian BOBIN, Gallimard, octobre 2009, 182 pages, 15.50 euros

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La patience des buffles sous la pluie de David THOMAS

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥  

Une pépite à lire, offrir, relire, méditer…

De très belles réflexions sur le couple.

 

L'auteur :

 

David THOMAS est un auteur français qui écrit plutôt pour le théâtre et le cinéma. Il est l'auteur notamment de la pièce Tais-toi et parle-moi. La patience des buffles sous la pluie est sa première publication préfacée par Jean-Paul DUBOIS.

 

L'histoire :

 

Il s’agit d’un recueil de nouvelles courtes ayant souvent pour sujet le couple et ses ramifications : son usure, la solitude après une rupture, le célibat, la drague…

 

Ce que j'ai aimé :

 

-       Un univers drôle :  

 

« J’ai fait le calcul, depuis que nous sommes ensemble, j’ai attendu ma femme 16224 minutes. Un soir je suis arrivé au rendez-vous à l’heure, comme à mon habitude, et comme c’était à prévoir, elle n’était pas là. Alors je suis parti. Je suis rentré onze jours, six heures et vingt-quatre minutes plus tard. On est quittes. » (p.135)  

 

-       Des narrateurs ou narratrices qui nous ressemblent.

 

-      Des thématiques universelles, proche de nous. Le couple n’est au fond qu’un prétexte pour aborder des questions plus essentielles, existentielles, comme le temps qui passe, le bonheur qui fuit, les rêves que l’on n’a pas accomplis…  

 

« Est-ce qu’un jour moi aussi je mâchouillerai un brin d’herbe sous un saule en me disant que la vie est belle ? Qu’elle est sacrément belle ? Faut que j’arrête de gamberger, c’est pas bon. » (p. 116)  

 

-       Une vraie poésie qui transforme le quotidien, l’irradie d’un éclat particulier, une véritable œuvre d’art…

 

-       La construction des nouvelles : elles sont courtes, admirablement bien construites et surtout dotées d’une chute digne de ce nom.

 

Ce que j'ai moins aimé :

 

-       On aimerait en avoir plus, davantage encore, peut-être un roman, quelque chose de complet, qui nous sauverait, peut-être…

 

Première phrase :  

 

« Je me demande parfois ce que je serais devenu si j’avais vécu d’autres choses que celles que j’ai vécues jusqu’à aujourd’hui. »

 

 

La patience des buffles sous la pluie, David THOMAS, Bernard Pascuito Editeur, 154 pages, février 2009, 16.95 euros

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