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374 résultats pour “long silence

Le long silence de Thomas MCGUANE

Publié le par Hélène

Thomas McGuane nous livre en ces pages des courts récits autobiographiques dans lesquels il évoque sa passion pour la pêche. En effet, les parties de pêche lui permettent de se découvrir pleinement humain en étant attentif au monde, il écoute et observe ce qui l'entoure avec acuité et sa présence au monde devient évidente. Que ce soit la chasse, l'observation des oiseaux, la pêche ou le bateau à voile "chacun de ces loisirs offre de magnifiques possibilités d'observer le temps, le paysage dans sa lumière changeante, le mouvement de l'eau." p.301

Les pêcheurs suivent le rythme des saisons, se mettent à l'unisson du balancement du monde et vivent ainsi des instants suspendus hors du monde ou au contraire profondément ancrés dans l'univers.

"Je suis bouleversé par la perfection des choses : le profil splendide de chacune des truites, la beauté angélique miniature des éphémères, et les eaux soyeuses et sauvages de le Big Hole River. Car c'est pour de telles choses que nous sommes déposés sur ce tas de boue en rotation." p.124

Bien campés dans leurs bottes comme dans le monde, ils apprennent à profiter du moment présent :

"Il trouva des signes d'immortalité dans la pêche et le long des rivières où des instincts humains ancestraux rencontrent la nature au paroxysme du cyclique et du mystérieux, où le comportement humain fait si clairement partie de la nature, où notre détachement, même de la brièveté de nos propres vies, est réconfortant." p. 332

http://pecheur.info/flyfishing-is-a-joke.html

Ce que j'ai moins aimé :

Partie de pêche après partie de pêche, j'ai fini par me lasser du vocabulaire technique, des détails et de l'aspect finalement très répétitif des récits.

Bilan :

De belles anecdotes à picorer pour se plonger dans l'univers lumineux de cet auteur, icône du nature writing américain.

 

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

D'autres avis : Le Bouquineur ; Lecture commune avec Electra

Du même auteur : Sur les jantes

Sur le même thème :  Dérive sanglante  ; Casco bay Mon Amérique 

 

Le long silence, Thomas McGuane, traduit par Anatole Pons, Gallmeister, novembre 2016, 376 p., 23.90 euros

 

Merci à l'éditeur.

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La remontée des cendres suivi de Non identifiés de Tahar BEN JELLOUN

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

« Ce corps qui fut un rire

Brûle à présent.

Cendres emportées par le vent jusqu’au fleuve et l’eau les reçoit comme les restes de larmes heureuses. »

 

L’auteur :

 

Ecrivain marocain de langue française, Tahar ben Jelloun est né en 1944. Il a publié de nombreux romans, recueils de poèmes et essais. Il a obtenu le prix Goncourt en 1987 pour la Nuit sacrée.

 

Présentation :

 

« Ce corps qui fut un rire

Brûle à présent.

Cendres emportées par le vent jusqu’au fleuve et l’eau les reçoit comme les restes de larmes heureuses. »

 « Il est une douleur millénaire sui rend notre souffle dérisoire. Le poète est celui qui risque les mots. Il les dépose pour pouvoir respirer. Cela ne rend pas ses nuits plus paisibles.

Nommer la blessure, redonner un nom au visage annulé par la flamme, dire, faire et défaire les rives du silence, voilà ce que lui dicte sa conscience. Il doit cerner l’impuissance de la parole face à l’extrême brutalité de l’histoire, face à la détresse de ceux qui n’ont plus rien, pas même la raison pour survivre et oublier. » (Tahar Ben Jelloun)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Tahar Ben Jelloun rend hommage à tous les morts pendant la guerre du Golfe : aussi bien les soldats, les militaires que les civils. La mission du poète passeur de mots est dans cette transmission, dans cette dénonciation :

« Entre le silence meurtri et le balbutiement désespéré, la poésie s’entête à dire. Le poète crie ou murmure ; il sait que se taire pourrait ressembler à un délit, un crime. » (p.6)

Les illustrations  du peintre irakien Azzawi Harrouda nourissent intelligemment le texte du poète.

« Qui comptera nos morts ?

Tas de cendre oubliés au bord de la route

Membres épars dans les carcasses abandonnées.

Qui nommera ces restes ?

Nous ne sommes qu’épaves sans navire

Ombres du vent sur des collines perdues

Couchés sur flanc d’airain

Par le signe céleste. » (p. 35)

 Le texte se termine sur une note d’espoir finale :

« Cet homme est tous les hommes. Il a fait toutes les guerres. Il est mort plusieurs fois. Il ne cesse de renaître. Toujours le même, il croit à l’âme, à la pensée et aux choses : une prairie fleurie, un parasol pour l’amour, le rire et l’amitié, l’enfance et le courage…

Cela fait des milliers de jours et de saisons qu’il marche. On dit qu’il est atteint d’errance. On dit qu’il est fou. Sa bouche est fermée sur des siècles de mots. Ses yeux, grands et étincelants, restent ouverts. Ils voient loin, au-delà des murs et des montages. Au-delà de tous les silences. »

Les Non identifiés sont les palestiniens des territoires occupés, victimes de répression.

Les poèmes sont construits pour certains comme des notices biographiques. Ce sont des personnes appartenant à l’humanité ordinaire, des gens du peuple, inoffensifs, mères de famille, jeunes gens innocents. Et pourtant cette vie simple s’est terminée brutalement dans d’atroces souffrances, par une mort absurde.

Un très beau recueil sur les ravages de la guerre et son absurdité...

 

Ce que j’ai moins aimé :

-Rien

 

Premiers vers :

 

 

« Ce corps qui fut un corps ne flânera plus le long du Tigre ou de l’Euphrate

Ramassé par une pelle qui ne se souviendra d’aucune douleur

Mis dans un sac en plastique noir

Ce corps qui fut une âme, un nom et un visage

Retourne à la terre des sables

Détritus et absence. »

 

La remontée des cendres suivi de Non identifiés Version arabe de Kadhim Jihad, Edition Bilinge, Points, 8 euros

 

Publié dans Poésie étrangère

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Lecture musicale de Gaël Faye lors du Festival Paris en toutes lettres

Publié le par Hélène

Il apparaît sur scène, altier, unique.

Si l'obscurité l'environne, il illumine la scène, comme un défi lancé aux ténèbres.

Il plonge dans ses racines, il longe les ravines de son passé, il songe à son petit pays.

Ses mots chantent l'insouciance d'une enfance, les défis lancés au sort du haut d'un plongeoir de piscine, la nuit, la fuite dans sa ville endormie, la magie des lumières prometteuses de Bujumbura.

La musique de Samuel Kamanzi offre un écrin doux et ouaté à ses paroles enchantées.

Il chante sa ville, ses bars, ses lumières, ses chansons.

Il loue la vie, la vie qui tourne, la vie qui virevolte sous un air de Papa Wemba, la vie qui palpite, la vie qui crépite.

Puis insidieusement, l'hostilité se glisse. Sournoisement, au détour d'une phrase, d'un sous-entendu, d'un silence...

Puis, l'horreur éclate, nous sommes le 21 octobre 1993.

Plus rien ne sera comme avant...

Et pourtant... Et pourtant... La vie reste plus forte.

Toujours...

"On ne doit pas douter de la beauté des choses, même sous un ciel tortionnaire. Si tu n’es pas étonné par le chant du coq ou par la lumière au-dessus des crêtes, si tu ne crois pas en la bonté de ton âme, alors tu ne te bats plus, et c’est comme si tu étais déjà mort."
 

 
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Radeau d’Antoine CHOPLIN

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

« Pour les amoureux d’art et des silences qui en disent long. »

 

L’auteur :

 Antoine Choplin est depuis 1996 l’organisateur du festival de l’Arpenteur, en Isère, événement consacré au spectacle vivant et à la littérature.

Il vit près de Grenoble, où il concilie son travail d’auteur, ses activités culturelles et sa passion pour la marche en montagne. Il est également l’auteur de plusieurs livres parus aux éditions de La fosse aux ours, notamment Radeau (2003, Prix des librairies Initiales), Léger fracas du monde (2005) et L’Impasse (2006). Antoine Choplin reçoit le Prix France Télévisions 2012 pour "La nuit tombée". (Source : Babélio)

 

L’histoire :

 

 1940 En pleine débâcle, Louis, au volant d'un camion, fuit devant l'arrivée prochaine des Allemands. Sa cargaison est précieuse. Il transporte des tableaux du Louvre qu'il faut mettre à l'abri. Sur la route, il dépasse une femme. Les consignes du plan "Hirondelle" sont strictes. Il ne doit pas s'arrêter. Et pourtant... (Source : Babélio)

 

Ce que j’ai aimé :

 

1940. Un camion au chargement précieux sur une route déserte. Sur cette même route, une femme marche. Ils vont se rencontrer. SI Louis le conducteur hésite tout d’abord à s’arrêter, à cause de sa mission, le plan « Hirondelle », il va finalement passer outre les consignes et inviter la jeune femme à ses côtés.

De non-dits en paroles sibyllines, ils se découvrent, s’apprivoisent, se lient…

En peu de mots, Antoine Choplin dit l’essentiel. Il fait entendre aussi bien les sentiments que les silences, il dessine des silhouettes qui peu à peu prennent vie sous nos yeux émerveillés.

 « Il n’y a qu’à vivre, passer par ces instants. Rencontrer une femme sur la route, lui donner un bout de pain, sentir sans savoir les méandres d’un destin, partager la suite avec elle. Une nuit de guerre. Une nuit comme ça, entre un homme et une femme dans un camion, sur la banquette d’un camion, avec juste  la promesse des heures sombres à traverser ensemble.

Il est exalté par cette chose simple, aussi humaine. » (p. 13)

 

 L’histoire de Louis et Sarah est effectivement simple et lumineuse, ensemble ils vont construire un cocon d’art et d’amour en marge de la guerre.

 

 « C’est une drôle de chose les musées. En fait, une sorte de trahison. Quand on pense à toutes ces œuvres façonnées dans la solitude, souvent créées dans le dénuement, sans souci les unes des autres, et qu’on retrouve là, les unes à côté des autres, accrochées dans ces salons d’apparat à haut plafond, au parquet bien lustré, les musées, ce devrait être les ateliers d’artistes, avec leur vraie lumière, avec les chiffons salis et les odeurs de vernis. Alors là. » (p. 53)

 « Un roman charnel et incandescent. » (Télérama)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 - Rien.

 

 Premières phrases :

 

 « Il franchirait la Loire à Saumur. Emprunterait le même pont chargé d’enfance. C’était cette route-là aussi, vers le Berry de ses grands-parents, des premières vacances, des cousins éloignés et des courses de brouette, des cerises trop mûres bouffées par les oiseaux.

Quand il y pense, Louis. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur :  La nuit tombée de Antoine CHOPLIN ; Le héron de Guernica de Antoine CHOPLIN 

 

Radeau, Antoine Choplin, Points, septembre 2013, 128 p., 5.50 euros

 

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A l'orient de tout. Oeuvres poétiques de François CHENG

Publié le par Hélène

♥♥♥♥

"La beauté est une rencontre" 

 

"Quand se tait soudain le chant du loriot

L'espace est empli de choses qui meurent

Tombant en cascade un long filet d'eau

Ouve les rochers de la profondeur

Le vallon s'écoute et entend l'écho

D'immémoriaux battements de coeur."

 

"Vers le soir

Abandonne-toi

à ton double destin :

Habiter le coeur du paysage 

Et faire signe

aux filantes étoiles."

 

Le lac Suwa dans la province de Shinano, (c) Hokusai

 

"Céder à l'invite du tronc couché

Céder à l'antique blessure

guérie par la résine du temps

Au sortilège d'un après-midi

en vierge forêt

Aux murmures ininterrompues de l'été

A la félicité de l'attente, à l'arrivée

inattendue d'une amante de rêve

Au bourdonnement autour des mûres

que les renards ont crachées

Aux écailles de serpent muées en papillons

A la soif qu'étanchent seules les larmes

A l'irrépressible nostalgie renée

de l'éternel instant

 

Céder à l'invite du héron debout

Qui, près de l'étang, là-bas

Tend le miroir d'un soir doré

au coeur de la mémoire terrestre."

 

"Réduit au plus ténu du souffle

Etre pure ouïe

Et faire écho en silence

Au respir des sycomores

Quand l'automne les pénètre

De son haleine d'humus et de brume

A la saveur de sel après larmes

 

Réduit au plus ténu du souffle

Abandonné au rien

Et au change

A rine de moins qu'échange

Là où voix est voie

Et voie voix

Là est"

Shiro Kasamatsu – Pin sous la pluie, Kinokunizaka, in Tokyo, 1938

 

"Ne laisse en ce lieu, passant

Ni les trésors de ton corps

Ni les dons de ton esprit

Mais quelques traces de pas

 

Afin qu'un jour le vent fort

A ton rythme s'initie

A ton silence à ton cri

Et fixe enfin ton chemin"

 

"Au bout de la nuit un seuil éclairé

Nous attire encore vers son doux mystère

Les grillons chantant l'éternel été

Quelque part la vie vécue reste entière"

 

Kawase Hasui (1883-1957), "Lune d'hiver à Toyamagahara" (ukiyo-e, c. 1931)

 

"Accorde-nous de boire l'eau céleste

Aussi pure que les perles de crapaud

sous l'éclair de la lune

 

De surgir une fois encore du sol

Des chairs meurtries au gré de la tige

du bambou réduite aux os

 

De ne pas oublier le cou de cygne

Plus tendre u'un rêve de paradis

au coeur de la foule en perdition

 

De perpétuer les mots non dits à jamais

Lèvres d'iris effleurées par la brise

émanant du volcan d'origine

 

"Nous reverrons-nous un jour ?" 

"Mais..."

 

Présentation de l'éditeur :

Gallimard 

 

A l'orient de tout. Oeuvres poétiques, François Cheng, Préface d'André Velter, Poésie/Gallimard, septembre 2005, 7.10 euros

Publié dans Poésie française

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Tag de l'amitié sur le thème de l'enfance

Publié le par Hélène

 J'ai été taguée par Vilvirt

(oui, je sais c'était "l'an dernier", mais il me fallait réfléchir aux réponses, c'est long...) :

relais-amitie.jpg

 

1) Quand vous étiez petit(e), que répondiez-vous à la question : "Et toi, que veux-tu faire quand tu seras plus grand(e) ?"

 

Je voulais être : institutrice, infirmière, prof agrégée, ethnologue, journaliste, écrivain, lectrice...

 

Et je ne sais toujours pas ce que je veux faire quand je serai grande... 

 

2) Quels ont été vos BD et dessins animés préférés ?

 

Pour les BD, sans hésiter « Astérix » pour ça : 

 asterix-bagarre-copie-1.jpg Et "Tintin", pour ce cher capitaine :  

tintin-capitaine.jpg

 

Pour les dessins animés, j’étais fan des dessins animés japonais des années 80 comme « Jeanne et Serge », parce Jeanne, y'a pas à dire, c'est la plus forte...

 

 jeanne-serge 

  

3) Quels ont été vos jeux préférés ?

 

Le jeu des petits chevaux parce que ça ne s'arrête jamais...

 

4) Quel a été votre meilleur anniversaire et pourquoi ?

 

Je passe, je ne saurais pas répondre.

 

5) Qu'est-ce que vous auriez absolument voulu faire que vous n'avez pas encore fait ?

  

Réponse classique,  voyager davantage pour voir ça : 

 

 

etats-unis-298721.jpg

 Tanzanie-2-copie-1.gif 

 taj-mahal.jpg

 

 

 canada-488733.jpg

 

 

 venise-copie-1.jpg

 

 

 muraille_de_chine_Mutianyu.jpg

 

Mais le problème, c'est la réponse à la question 1 ...

 

6) Quel était votre premier sport préféré ?

  

L'escalade pour aller toujours plus haut...  Et parce que "Where there is a will, there is a way" (spécial dédicace à Guy)

 

escalade1.jpg

 

7) Quelle était votre première idole de musique ?

 

JJ Goldman, parce que :

Veiller Tard

Les lueurs immobiles d'un jour qui s'achève.
La plainte douloureuse d'un chien qui aboie,
le silence inquiétant qui précède les rêves
quand le monde disparu, l'on est face à soi.

Les frissons où l'amour et l'automne s'emmêlent,
Le noir où s'engloutissent notre foi, nos lois,
Cette inquiétude sourde qui coule dans nos veines
Qui nous saisit même après les plus grandes joies.

Ces visages oubliés qui reviennent à la charge,
Ces étreintes qu'en rêve on peut vivre cent fois,
Ces raisons-là qui font que nos raisons sont vaines,
Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard.

Ces paroles enfermées que l'on n'a pas pu dire,
Ces regards insistants que l'on n'a pas compris,
Ces appels évidents, ces lueurs tardives,
Ces morsures aux regrets qui se livrent la nuit.

Ces solitudes dignes au milieu des silences,
Ces larmes si paisibles qui coulent inexpliquées,
Ces ambitions passées mais auxquelles on repense
Comme un vieux coffre plein de vieux joués cassés.

Ces liens que l'on sécrète et qui joignent les êtres
Ces désirs évadés qui nous feront aimer,
Ces raisons-là qui font que nos raisons sont vaines,
Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard

 

 

8) Quel est le plus beau cadeau de Noël (ou équivalent) que vous avez reçu ?

 

Celui que mon cher et tendre va m'offrir cette année : un voyage à Venise...

 

- Comment ça j'ai dû mal comprendre ? - 

 

Publié dans Tags - challenges...

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L’année des secrets d’Anjana APPACHANA

Publié le par Hélène

année des secrets

♥ ♥ ♥

L’auteure :

 Née au sud de l’Inde, dans l’État du Karnataka, Anjana Appachana vit aujourd’hui entre l’Arizona et Delhi. Après Mes seuls Dieux, elle pousuit une investigation quasi sociologique de l'imaginaire indien en y ajoutant cette ampleur intimiste, frémissante de nuances, qui nous rend si proches de ses personnages. En rupture avec les conventions, Anjana Appachana place le lecteur au coeur même de la sensibilité féminine indienne.  (Présentation de l’éditeur)

 L’histoire :

 Tout commence à travers la vive émotion de Mallika, une fillette entourée et choyée dans une famille indienne qui eût été traditionnelle sans l’absence du père. Padma, sa mère adorée, garde depuis des années un brûlant secret. Mais elle n’en est pas la seule détentrice. Tout au long de ce roman polyphonique, chacune – mère, tante, amies ou voisines – nous révèle une part du mystère, plus ou moins assaisonné de fantaisie, comme le ferait une cuisinière jalouse de ses recettes.

Dans ce roman bruissant d’échos, l’intrigue semble se nourrir, à l’indienne et par maints jeux de miroir, des passions dévorantes, rendez-vous manqués et portes dérobées des grands romans victoriens. Et le secret des secrets finit par nous apparaître comme une promesse d’histoires – une fresque haute en couleurs et terriblement féministe.

On retrouve avec L'année des secrets l'auteur de Mes seuls dieux qui déjà nous donnait à vivre et à aimer l'Inde d'un point de vue éminemment romanesque de la fmme sur les chemins escarpés de sa libération. (Présentation de l’éditeur)

 Ce que j’ai aimé :

Foisonnant, nous emportant dans l'intimité d'une famille aux secrets bien gardés, L'année des secrets est un roman résolument très prenant. Différents points de vue se croisent pour nous conter l'histoire de la jeune Prada amoureuse et prétendûment veuve. Ce changement de points de vue permet de mettre en avant les strates de secret préservés qui éloignent peu  à peu les êtres de la vérité. Les personnages sont ainsi amenés à construire leur propre vérité, et quand finalement d’autres données viennent ébranler l’univers fragile construit avec le temps, l’équilibre instable risque de s’effondrer.

Les femmes sont au cœur du roman tissant des thèmes comme le mariage, la condition des femmes en Inde mais aussi plus largement le statut de femme mariée qui oblige la femme à faire des sacrifices et à laisser de côté certaines de ses passions, certains aspects de sa personnalité. Ces femmes se font agresser dans la rue, sont bien souvent victimes des hommes, victimes aussi de la famillle, obligées de se répéter à longueur de journée comme un mantra "Contrôle-toi"

 "La mesure. C'était ça, le bonheur. (...) Ce n'était pas le ravissement, mais le calme, il n'aiguisait pas les sens mais les émoussait. C'était ce lieu intermédiaire que tout un chacun devait découvrir pour vivre." (p. 178)

"Comment expliquer à Mallika, à l'aide de mots simples, l'erreur des femmes qui attendaient de leur mari et de la famille de leur mari les mêmes gestes d'amour que ceux si naturellement reçus de leur propre famille ? Comment lui dire que l'amour etre hommes et femmes, de par sa nature même, était corrompu ? Qu'il revêtait une apparence dorée dans les livres, les films, la mythologie, dans l'éclat même de la cérémonie du mariage, du mensonge que vivait chaque femme mariée et des sourires qu'elle arborait." (p. 252)

Les hommes sont en effet bien souvent faibles, soumis à une pression familiale à laquelle ils refusent d'échapper, égoïstes, ne voyant pas ou si peu la tristesse dans le regard de leurs femmes.

Ce que j’ai moins aimé :

 Un peu trop de rebondissements mélos vers la fin, le roman aurait gagné à être un peu moins long. De plus le dénouement est quelque peu décevant après tant d’actions et de mouvements.

 Premières phrases :

 « A cette époque enfouie et lointaine, vivaient sous notre toit ma mère, constamment affligée, sa sœur, vive et enjouée, et mon père, absent, à qui donnait corps le terrible silence de ma mère. Notra maison était un puits rempli de cette absence et de ce silence, et c’est dans ces eaux-là que mon histoire commença. »

 Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Mes seuls dieux

Autre :  La colère des aubergines de Bulbul SHARMA

 

L’année des secrets, Anjana Appachana, Traduit de l’anglais (Inde) par Catherine Richard, Zulma, 2013, 608 p., 24.80 euros

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Publié dans Littérature Asie

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Révélation brutale de Louise PENNY

Publié le par Hélène

♥ ♥

On ne peut pas retourner au bonheur de l’ignorance ?

L'inspecteur Gamache se rend à nouveau dans le petit village de Three Pines car un mort a été retrouvé dans le bistrot d'Olivier, au coeur du village. Personne ne semble connaitre la victime, un ermite, mais Gamache et son équipe va rapidement s'apercevoir que les non-dits sont nombreux. L'arrivée dans le village d'un projet de Spa bouleverse l'ordre calme et tranquille.

L'âme du village vibre toujours avec ses habitants emblématiques comme Ruth et son canard au look vestimentaire tendance, Clara et Peter et leurs projets artistiques à la rivalité qui couve, Olivier et ses secrets. Mais toujours cette entraide et cette volonté de préserver le village de la violence. Malheureusement, ce sont les émotions qui gouvernent les hommes, et celles-ci peuvent s'avérer incontrôlables...
"L'inspecteur-chef l'avait mis en garde : on ne voit pas ce qui tue, d'où le danger. Ce n'est ni un revolver, ni un couteau, ni un poing. C'est une émotion. Rance et putride. Attendant l'occasion de frapper."

La jalousie, les rancoeurs, les silences et mensonges engloutissent les âmes les plus pures, tant la recherche du bonheur inhérente au genre humain reste aléatoire et compliquée. L'art peut sauver un temps, par la révélation brutale qu'il provoque.

Ce cinquième volet des aventures de l'inspecteur Gamache nous porte aux rives de l'automne, au coeur d'une atmosphère en clair-obscur propice aux secrets, aux regrets et aux remords. Placé sous le patronage de Walden, il prouve combien il est difficile à l'homme de ne pas être rongé par une conscience affamée.

"'Un homme est riche en proportion du nombre de choses qu'il peut arriver à laisser tranquilles." Walden

 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud

D'autres avis : Babélio

Du même auteur : Nature morte ♥ ♥ ♥  ; Le mois le plus cruel ♥ ♥   ; Défense de tuer ♥ ♥ ♥ 

La série dans l'ordre :

  1. Nature morte
  2. Sous la glace
  3. Le Mois le plus cruel
  4. Défense de tuer
  5. Révélation brutale
  6. Enterrez vos morts
  7. Illusion de lumière
  8. Le Beau Mystère
  9. La Faille en toute chose
  10. Un long retour
  11. La Nature de la bête
  12. Un outrage mortel

 

Révélation brutale, Louise Penny, Actes Sud, Babel, juin 2016, 9.90 euros

 

 

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Moi, Malala de Malala YOUSAFZAI

Publié le par Hélène

 ♥ ♥ ♥

« Si nous croyons en quelque chose de plus grand que nos vies, alors nos vies ne feront que s’amplifier même si nous sommes morts. » p147

Quand les talibans prirent le contrôle de la vallée du Swat, au Pakistan, Malala, malgré son jeune âge, décida de ne pas céder à la terreur et de lutter contre le fanatisme. Élevée dans une famille moderne qui refuse de faire une différence entre les garçons et les filles, elle comprend rapidement que l'éducation est au cœur des enjeux pour lutter contre l'ignorance et le fanatisme.

La famille de Malala se dresse contre les talibans, malgré les menaces, pour lutter pour la paix et la démocratie dans leur pays. Peu à peu Malala gagne en notoriété jusqu'au jour fatidique en octobre 2012 où les talibans lui tirent dessus dans son bus scolaire.

A 15 ans, elle est grièvement blessée d’une balle dans la tête. Cet attentat censé la faire taire l’a au contraire confortée dans son engagement en faveur de l’éducation des filles dans son pays et, au-delà, des millions d’enfants non scolarisés de par le monde.

« La vérité triomphera de la fausseté. C’est cet article de la véritable foi musulmane qui nous a guidés tout au long de notre parcours. Les talibans m’avaient tiré dessus pour essayer de me faire taire. Finalement, c’était le monde entier qui écoutait mon message dorénavant. « 

« Une personne avait tenté de me réduire au silence. Et des millions lui reprochaient son acte. C’était là des miracles, également »

A 17 ans, elle reçoit le prix Nobel de la paix et continue de se battre pour la paix et l'éducation car « Un enfant, un professeur, un crayon, un livre peuvent changer  le monde »

Son témoignage bouleversant est un exemple de courage et d'engagement. 

Présentation de l'éditeur : le livre de poche

Publié dans Biographies et cie

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L’affaire de l’esclave Furcy de Mohammed AISSAOUI

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

« Grâce à lui j’ai su que c’est le souci de l’autre qui fait avancer le monde. »

16 mars 2005 archives concernant « l’affaire de l’esclave Furcy » étaient mises aux enchères, à l’hôtel Drouot. Elles relataient le plus long procès jamais intenté par un esclave à son maitre, trente ans avant l’abolition de 1848. Les archives racontaient comment un esclave âgé de 30 ans en octobre 1817 dans l’île de le Réunion décida de se rendre au tribunal d’instance de St Denis pour exiger sa liberté. Malgré un dossier volumineux on ne sait rien de cet homme si bien que Mohammed Aïssaoui a éprouvé le désir de le retrouver et de le comprendre, de l’imaginer aussi. « Je crois que c’est le silence que je voulais dénoncer, cette absence de textes et de témoignages directs sur tout un pan d’une histoire récente. »

Il est rapidement frappé par la détermination sans faille de cet homme, par son "Extravagante patience" et il est ému par les aides diverses qu'il a pu recevoir, par ceux qui ont été prêts à sacrifier leur carrière pour obtenir gain de cause, portés par des valeurs profondément humaines. « Je crois avoir compris que ce qui fait avancer le monde, c’est l’altérité. Tous ces hommes qui ont agi pour d’autres. Ce peut bien être un fil conducteur de l’Histoire. »

Furcy surmonte une épreuve pour gagner sa liberté et n’agit pas seulement pour lui même mais pour tous les autres esclaves qui pourront eux aussi entamer des démarches pour se libérer de leurs maîtres. Il est un exemple pour tous. Pourtant, il se bat contre des mastodontes, puisque le système économique faisait en sorte de tout laisser en place : l'homme était considéré comme une marchandise comme une autre, et lui donner raison aurait signifié remettre en cause le système même de l'esclavage.

L’auteur a ainsi donné une voix à un homme condamné à l’oubli et l’a remis sur le devant de la scène car « L’histoire de l’esclavage est une histoire sans archives. » Aissaoui a mis des années à collecter toutes les pièces du puzzle, se réjouissant à chaque nouvelle découverte, aussi infime soit-elle et son projet est louable. Il nous offre un livre fort qui éclaire sur la condition des esclaves et donne foi en l’humanité.

Présentation de l'éditeur : Folio

  • Prix RFO (2010)
  • Prix Renaudot Essai (2010)
  • Prix du Roman historique (2010)
  • Bourse littéraire de la Fondation Cino del Duca (2010)
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