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1349 résultats pour “vie parfaite

Le matériel du tueur de Gianni BIONDILLO

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥
 

L’auteur :

 Gianni Biondillo est né à Milan, où il vit, en 1966. Architecte, a publié des essais sur Figini et Pollini, Giovanni Michelucci, Pier Paolo Pasolini, Carlo Levi, Elio Vittorini. Il est rédacteur en chef du pays indien. (Source : Babélio)

 

L’histoire :

 Pourquoi un détenu, petit délinquant apparemment sans histoire, est-il libéré dans des conditions particulièrement sanglantes par un commando mafieux ? La commissaire d’une unité d’élite, Elena Rinaldi, se lance à ses trousses, assistée de mauvaise grâce par l’inspecteur Ferraro, un de ses ex. Avec l’aide de Lanza, hurluberlu génial de l’Agence européenne, ils découvrent qu’ils pourchassent en réalité un tueur redoutable, échappé des brûlantes brousses d’Afrique et des camions du trafic d’esclaves. Il poursuit seul une vengeance implacable et toute personnelle. Haile l’Érythréen a tout pour inquiéter : l’anonymat, la cruauté, l’intelligence et une volonté de fer, spartiate, militaire. Le matériel du tueur.

Gianni Biondillo, maître du roman noir, nous emmène dans un road-movie haletant, d’un bout à l’autre d’une Italie violente, nerveuse, divisée, pétrie de peurs anciennes et nouvelles, accablée par un ciel de plomb, où défile toute une humanité improbable mais bien réelle.
Le lecteur se laisse emporter, étourdi et reconnaissant. . (Source : Babélio)

 

Ce que j’ai aimé :

 Comment Haile, détenu érythréen a-t-il réussi à s’évader de sa prison ? Qui sont ses complices alors qu’il avait été arrêté pour une raison anodine, ne semblant pas faire partie d’une organisation quelconque ? Fait-il partie d’une mafia plus large ? L’inspecteur Ferraro devra enquêter aux côtés de Elena Rinaldi, commissaire d’une unité d’élite, et accessoirement son ex maîtresse.

« De toute façon, il n’y avait rien à faire, avec la vie. Qu’elle te plaise ou non, il fallait la vivre. Arrivés là, mieux valait arrêter de jouer les déprimés existentialistes. Nous ne pouvons que proposer notre bonne volonté et notre sourire, ce qui ne fait jamais de mal face aux précipices. » (p. 48)

C’est avec talent que Gianni Biondillo campe ses personnages. Talent dans la psychologie de ses personnages avec cet inspecteur désœuvré entre son ex-femme, sa fille qui grandit et cette maîtresse sous les ordres de qui il doit collaborer, si possible avec brio , avec aussi Elena, commissaire qui doit diriger des hommes pas toujours enclin à écouter une femme, et enfin Haile, homme perdu dans la jungle italienne dont on découvre l’histoire page après page.

Talent dans l’intrigue également, en multipliant les points de vue le lecteur s’attache non seulement à l’enquête mais aussi au présent et au passé de Haile avec en toile de fond l’immigration clandestine, les trafics de haut vol, la violence, et ces hommes sanguinaires, perdus, aux codes d’honneur facilement transigés.

Talent dans l’observation de la société italienne et des mœurs contemporaines.

Talent dans le style enfin avec des pages au lyrisme brûlant comme ce dernier passage qui fait écho  aux premières lignes :

   "Il la vit. Ce n'était certes pas celle de son enfance, épaisse comme une couverture, blanche comme le lait, mais c'en était ; elle s'insinuait timidement, on aurait dit qu'elle rentrait à la maison, après une longue absence, on aurait dit un nuage qui avait perdu son troupeau, qui cherchait le repos dans cette vieille cour d'immeubles milanais, mince, fragile, mais c'en était ; elle était là, elle s'étendait, prenait les mesures du bassin de pierre et de crépi, faisait pâlir l'obscurité, lui donnait un air fantastique, se gonflait, humidifiait l'air, la peau, adoucissait les douleurs, émouvait, rappelait la mort et pourtant la fuyait, suspendait le temps, paralysait les choses, les personnes, le monde, interrompait les peurs, les amplifiait, fantasmatique, consolait, racontait et faisait taire, apeurait quand elle se raréfiait, trompait quand elle devenait dense, sculptait avec le givre, se dissolvait avec l'air, effaçait, remémorait, perdait les choses lointaines, les gardait avec elle, éclairait, annulait, blanchissait. Il la vit, étreignant sa fille, et cela lui suffisait. La brume, la brume."

Du grand art !

 Ce que j’ai moins aimé :

 -Rien.

 Première phrase :

   "La brume, la brume, cristaux de glace suspendus, nuage pédestre, la brume qui monte, petite pluie fine, orgeat opalin qui cache les choses lointaines, halo blanchâtre, pâle, diffuseur laiteux d'abstraites réminiscences lunaires, la brume dure, presque, solide, trempée, des millions de gouttelettes dansantes, qui estompent, émoussent, amortissent l'ouïe, la brume qui presse, qui étouffe les chuchotements, capitonne les pas, fait taire les chiens, se couche sur la plaine, la brume, drap de coton  étendu, voûte de voile, coupole de fumée, vapeur, brouillard, la brume, celle des contes de fées, mystérieuse, menteuse, domestique, la brume des rêves, celle que les enfants de Milan n'ont jamais vue, mur d'ouate, rideau de théâtre, haleine de la terre, la brume qui presse dans le cadre en damier de la fenêtre, qui voudrait se précipiter, gicler, entrer dans l'obscurité de la cellule, se répandre, glace sèche, fumigène, la brume qui enfin se retient, pudique, effrayée par les hurlements de détresse qui résonnent dans le noir profond, la brume qui se fait vague lueur, verre gravé, qui se retire, retourne dans le monde, et, vaincue, quitte les cris et les gargouillis de sang éructés par les mâchoires épuisées de l'homme, écroulé sur la civière, à un pas de la mort. Peut-être." 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Pourquoi tuons-nous ?

Autre : les romans de Gilda PIERSANTI

 D’autres avis :

  Jean-Marc

 

Le matériel du tueur, Gianni  Biondillo, traduit de l’italien par Serge Quadruppani, Métailié, mai 2013, 352 p., 20 euros

Publié dans Roman policier Europe

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Pour seul cortège de Laurent GAUDE

Publié le par Hélène

                                                  POUR SEUL CORTEGE large

 ♥ ♥ ♥

"A qui appartiens-tu, Alexandre ?..."

 

  L’auteur :

Laurent Gaudé est un écrivain français né le 6 juillet 1972 dans le XIVe arrondissement de Paris. Ancien élève de l'École Alsacienne de Paris, il poursuit des études de lettres modernes à Paris III. Il prépare l'agrégation mais ne sent pas d'attirance pour l'enseignement. Son sujet de thèse porte sur le théâtre. Il décide de vivre de sa plume et ses premiers écrits seront pour la scène (1999).

En 2001, il publie son premier roman : Cris.

Laurent Gaudé est marié à une femme d'origine italienne. Son roman Le soleil des Scorta, dont l'action se situe dans les Pouilles, remporte le prix Goncourt 2004 et couronne pour la première fois son éditeur Acte sud qui jusque là n'avait jamais remporté ce prestigieux prix. Le livre s'était déjà vendu à 80 000 exemplaires avant que le verdict du Goncourt ne soit rendu.

Paraitront ensuite Eldorado, en 2006; La Porte des Enfers, en 2008 et Ouragan en 2010.
"Pour seul cortège" apparaitra à le rentrée 2012. (Source : babélio)

 

 L’histoire :

En plein banquet, à Babylone, au milieu de la musique et des rires, soudain Alexandre s’écroule, terrassé par la fièvre.

Ses généraux se pressent autour de lui, redoutant la fin mais préparant la suite, se disputant déjà l’héritage – et le privilège d’emporter sa dépouille. Des confins de l’Inde, un étrange messager se hâte vers Babylone. Et d’un temple éloigné où elle s’est réfugiée pour se cacher du monde, on tire une jeune femme de sang royal : le destin l’appelle à nouveau auprès de l’homme qui a vaincu son père… Le devoir et l’ambition, l’amour et la fidélité, le deuil et l’errance mènent les personnages vers l’ivresse d’une dernière chevauchée.
Porté par une écriture au souffle épique, Pour seul cortège les accompagne dans cet ultime voyage qui les affranchit de l’Histoire, leur ouvrant l’infini de la légende.

 

 Ce que j’ai aimé :

En choisissant comme personnage principal Alexandre le Grand, Laurent Gaudé insuffle à son roman un souffle épique grandiose porté par un style lyrique fonctionnant en symbiose avec son sujet.

« ALEXANDRE LE GRAND n’est pas un personnage historique.

Ce n’est pas ainsi que j’ai voulu l’approcher. C’est un maelström, un tourbillon de forces contradictoires. Un mélange saisissant de violence et de beauté, de rêves et de démence. Alexandre n’est pas une figure de nos livres d’histoire, il est bien plus que cela : c’est un mythe, c’est-à-dire une force vivante qui m’intrigue, m’habite, et se déploie dans mon imaginaire.
Avec Pour seul cortège, je n’ai pas voulu proposer au lecteur la reconstitution d’un épisode de notre Antiquité, j’ai voulu embrasser Alexandre. Le roman historique ne m’intéresse pas, parce qu’il corsète la fiction. Le roman historique ne m’intéresse pas parce que je préfère l’éblouissement à la véracité, l’épique à l’exactitude. Je veux être dans la fièvre plutôt que dans le détail, tenter d’insuffler au livre une énergie chamanique plutôt que rester fidèle à la chronique.

Pour seul cortège est un chant à deux voix, celle d’Alexandre et celle de Dryptéis. Au fond, il n’y a que ces deux personnages-là et, au coeur du livre, l’énigme de ce qui les lie. Chacun va offrir à l’autre la possibilité de s’affranchir du temps et du poids de l’Histoire. Ce qui me touche, c’est la vibration de leur parole. Ce qui me touche, c’est leur héritage. J’ai écrit Pour seul cortège parce que je veux être du côté des cavaliers du Gandhara, ces cinq compagnons qui abandonnent l’Empire pour embrasser l’immensité, ces cinq hommes qui quittent le réel pour plonger dans le mythe et qui le font avec ivresse. » Laurent Gaudé (Source : Editeur)

 Alexandre et Dryptéis sont deux personnages en prise directe avec l’Histoire. Si Dryptéis a tenté de se retirer du monde politique, elle est contrainte de retourner vers lui, comme si un destin inéluctable l’y poussait. Elle doit se rendre au chevet d’Alexandre malade avec sa grand-mère, l’empire l’appelle.

 « Pourquoi existe-t-il toujours une raison pour me traîner à nouveau dans le tumulte de l’histoire où aujourd’hui comme hier, je le sais, je ne serai que giflée ?... » (p. 23)

  Même en se terrant au fond d’un temple, l’Histoire la rattrape. Pourra-t-elle s’y soustraire ? C’est ce que vont tenter ces deux êtres qui aspirent enfin à la paix dans ce monde foncièrement violent et impitoyable. Et c’est ainsi seulement qu’ils pourront s’humaniser.

 La beauté du texte sertit un sujet tragique dans un écrin de soie et de sang, nous offrant ainsi un texte profond et fort. La vie et la mort se frôlent et se confondent dans un dernier combat pour l’oubli et la paix…

 

 Ce que j’ai moins aimé :

 -          Rien

Premières phrases :

« Au premier spasme, personne ne remarque rien, et ceux qui l’entourent rient encore. Il a un mouvement des épaules, à peine, comme pour se protéger d’un coup invisible, un geste infime qui se perd dans la cohue du banquet, il se plie légèrement en deux et porte la main à son ventre. »

 Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Le soleil des Scorta , Ouragan

Autre : Le voyage de Bilqis de Aliette ARMEL

 D’autres avis :

 Presse : sur le site de Actes Sud

Blogs : Kathel ; Jostein 

 

Pour seul cortège, Laurent Gaudé, Actes Sud, août 2012, 185 p., 18 euros

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 18/20

 challenge rentrée littéraire 2012 

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Incendies de Wajdi MOUAWAD

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Ne haïr personne, jamais, la tête dans les étoiles, toujours."

Quand le notaire Lebel lit aux jumeaux Jeanne et Simon le testament de leur mère Nawal, ils découvrent avec surprise qu'ils ont un frère et que leur père qu'ils croyaient mort est vivant. Leurs destins se trouvent bouleversés par ces révélations qui les poussent vers la découverte de leur identité. Ils remontent alors aux sources de leur enfance, lors de la guerre civile au Liban.

En 2011, lors d'une rencontre avec Josée Lambert, une photographe québécoise, Wajdi Mouawad entend parler de Souha Bechara, militante libanaise pendant la guerre civile qui a tenté, en 1988, s'assassiner Antoine Lahad, chef des milices chrétiennes du Sud Liban. Elle fut alors incarcérée pendant dix ans dans une prison. Ce témoignage et l'histoire de cette femme touche profondément Wajdi Mouawad : lui aussi a passé son enfance au Liban qu'il quitte à l'âge de 8 ans pour échapper aux conflits qui s'intensifient entre les communautés de son pays. A partir de cette femme, il imagine le portrait de Nawal. Nawal est cette femme qui cherche à casser le fil de la haine, le cercle infernal de la violence, parce que sa grand-mère lui a ordonné d'apprendre à lire et écrire pour sortir de la misère et de la haine.
"Nous, [...] les femmes de notre famille, sommes engluées dans la colère depuis si longtemps ; j'étais en colère contre ma mère et ta mère est en colère contre moi tout comme tu es en colère contre ta mère. Toi aussi tu laisseras à ta fille la colère en héritage. Il faut casser le fil. Alors apprends... apprends à lire, à écrire, à compter, à parler : apprends à penser. Nawal. Apprends."

"Nous n'aimions pas la guerre ni la violence, nous avons fait la guerre et avons été violents. A présent , il nous reste encore notre possible dignité. Nous avons échoué en tout, nous pourrions peut-être sauver encore cela : la dignité."

L'écriture est un moyen pour l'auteur de retrouver le monde, un monde arraché par la guerre, par l'Histoire, les mots permettant de se lover à nouveau dans le monde de l'enfance et de l'enchantement.

"J'ai compris qu'il fallait choisir : ou je défigure le monde ou je fais tout pour le retrouver."

L'importance de la parole, du dialogue est en effet au centre du récit. Quand Hermile raconte un élément clé de la vie de Nawal que les enfants ne connaissent pas, Jeanne demande pourquoi Nawal lui a raconté cela, à lui, et non à eux. A quoi l'homme répond "Parce que je lui ai demandé !". Les êtres se livrent à ceux qui écoutent, non à ceux qui redoutent la parole. Cette parole est nécessaire pour dire, pour comprendre. Les discussions entre Nawal et Nawda agissent comme un miroir : deux faces, deux choix face à la guerre. Deux personnages que l'on comprend, que l'on approuve et désapprouve, dont les arguments résonnent en nous. N'est-il pas préférable dans ce cas de  ne haïr personne, de ne pas prendre parti car "Tout parti est faillible et possible, aveugle et cohérent, rival et né d'un même sang." (postface Charlotte Farcet) ?

"Au journaliste qui me demandait quelle était ma position dans le conflit du Proche-Orient, je n’ai pas pu lui mentir, lui avouant que ma position relevait d’une telle impossibilité que ce n’est plus une position, c’est une courbature. Torticolis de tous les instants.
Je n’ai pas de position, je n’ai pas de parti, je suis simplement bouleversé car j’appartiens tout entier à cette violence. Je regarde la terre de mon père et de ma mère et je me vois, moi : je pourrais tuer et je pourrais être des deux côtés, des six côtés, des vingt côtés. Je pourrais envahir et je pourrais terroriser. Je pourrais me défendre et je pourrais résister et, comble de tout, si j’étais l’un ou si j’étais l’autre, je saurais justifier chacun de mes agissements et justifier l’injustice qui m’habite, je saurais trouver les mots pour dire combien ils me massacrent, combien ils m’ôtent toute possibilité à vivre.
Cette guerre, c’est moi, je suis cette guerre. C’est un «je» impersonnel qui s’accorde à chaque personne et qui pourrait dire le contraire ? Pour chacun le même désarroi. Je le sais. J’ai marché toute la nuit à la faveur de la canicule pour tenter de trouver les mots, tous les mots,tenter de dire ce qui ne peut pas être dit. Car comment dire l’abandon des hommes par les hommes ? Ébranlés, ébranlés. Nous sommes ébranlés car nous entendons la marche du temps auquel nous appartenons et aujourd’hui, encore, l’hécatombe est sur nous.
Il n’y a que ceux qui crient victoire à la mort de leurs ennemis qui tirent joie et bonheur de ce désastre. Je ne serai pas l’un d’entre eux même si tout concourt à ce que je le sois. Alors justement, comment faire pour éviter le piège ? Comment faire pour ne pas se mettre à faire de la politique et tomber ainsi dans le discours qui nous mènera tout droit à la détestation ?
Je voudrais devenir fou pour pouvoir, non pas fuir la réalité mais, au contraire, me réclamer tout entier de la poésie. Je voudrais déterrer les mots à défaut de ressusciter les morts. Car ce n’est pas la destruction qui me terrorise, ce ne sont pas même les invasions, non, car les gens de mon pays sont indésespérables malgré tout leur désespoir et demain, j’en suis sûr, vous les verrez remettre des vitres à leurs fenêtres, replanter des oliviers, et continuer, malgré la peine effroyable, à sourire devant la beauté. Ils sont fiers. Ils sont grands. Les routes sont détruites ? Elles seront reconstruites. Et les enfants, morts dans le chagrin insupportable de leurs parents, naîtront encore. Au moment où je vous écris, des gens, là-bas, font l’amour. Obstinément.
Je les connais. Ils ont trouvé une manière de gagner qui consiste à perdre et cela dure depuis 7000 ans (...) Ce qui est terrifiant, ce n’est pas la situation politique, c’est la souricière dans laquelle la situation nous met tous et nous oblige, face à l’impuissance à agir, à faire un choix insupportable : celui de la haine ou celui de la folie."

Wajdi Mouawad, Le Devoir,
juillet 2006, extraits.

Un texte essentiel, pur, dur, pour aller au-delà de la haine... Enfin.

 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud

Du même auteur : Anima

 

Publié dans Théâtre

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Forum Fnac Livres 2016

Publié le par Hélène

Dans le cadre du Forum Fnac Livres organisé pour la première année j'ai eu la chance d'assister à : 
Déjeuner avec Gaël Faye entre blogueurs :

Organisé par la Fnac et mené d'une main de maître par Julie Henry, ce déjeuner en petit comité nous a permis de rencontrer le lauréat du prix Roman Fnac, récompensé pour son roman Petit Pays. 

@http://www.majicmiju-photos.com/artists

Un homme profondément humain qui nous a raconté comment l'écriture a pu le sauver le jour où il a dû fuir son pays aux prises avec une guerre sanguinaire. Depuis, il a écrit des chansons, du rap, et s'est illustré sans ce domaine d'abord aux côtés du groupe Milk Cofee and Sugar, puis en solo avec son album Pili Pili sur un croissant au beurre.

Puis, ce roman, comme une évidence, qu'il doit à son éditrice de chez Grasset. Une éditrice qui lui a fait tout de suite confiance. Ce roman dans lequel il a voulu chanter son pays, le Burundi :

« J’ai écrit ce roman pour faire surgir un monde oublié, pour dire nos instants joyeux, discrets comme des filles de bonnes familles: le parfum de citronnelle dans les rues, les promenades le soir le long des bougainvilliers, les siestes l’après-midi derrière les moustiquaires trouées, les conversations futiles, assis sur un casier de bières, les termites les jours d’orages… J’ai écrit ce roman pour crier à l’univers que nous avons existé, avec nos vies simples, notre train-train, notre ennui, que nous avions des bonheurs qui ne cherchaient qu’à le rester avant d’être expédiés aux quatre coins du monde et de devenir une bande d’exilés, de réfugiés, d’immigrés, de migrants. »

A travers son personnage Gabriel, Gaël Faye raconte son chemin, son exil, son arrivée en France, son déracinement. Il y a  un an il s'est installé au Rwanda avec sa femme et ses deux filles, comme un retour aux sources, pour mieux connaître ce pays, autrement qu'au travers du prisme de la guerre. Il évoque avec tendresse ce Rwanda sur lequel chaque homme croisé pourrait être un roman à lui tout seul. 

Un grand homme profondément humain ... 

A lire sur son parcours Le Figaro , et à voir, ce documentaire de France ô : 

Balade littéraire en bus des années 30 avec Olivier Bourdeaut auteur du magnifique

En Attendant Bojangles

Le bus à lui tout seul vaut le détour, pétaradant, explosant et sentant bon l'essence fraîche...

Olivier Bourdeaut est étonnant, atypique, presque surpris par son succès, lui qui semblait avoir si peu confiance en ses écrits. Il faut dire qu'auparavant ses brèves carrières ne furent guère constructives : "Durant dix ans il travailla dans l’immobilier allant de fiascos en échecs avec un enthousiasme constant. Puis, pendant deux ans, il devint responsable d’une agence d’experts en plomb, responsable d’une assistante plus diplômée que lui et responsable de chasseurs de termites, mais les insectes achevèrent de ronger sa responsabilité. Il fut aussi ouvreur de robinets dans un hôpital, factotum dans une maison d’édition de livres scolaires – un comble – et cueilleur de fleur de sel de Guérande au Croisic, entre autres." (présentation Finitudes)

Il écrit En attendant Bojangles à l'été 2014, au fil de la plume en sept semaines acculé par son banquier. Auparavant il s'était déjà essayé à l'écriture, acculé par son frère cette fois, mais ce premier roman beaucoup plus sombre n'a jamais trouvé son éditeur...

@télérama

Il écrit actuellement un deuxième roman qui devrait sortir en janvier 2018 puis il s'arrêtera. Ce roman devrait s'inspirer de son expérience de cueilleur de fleur de sel au Croisic.

Un auteur très simple qui ne croit toujours pas à son succès...

A lire sur son parcours : L'express

Bel espace où déambuler, à taille humaine. De nombreux auteurs emblématiques de la rentrée littéraire, des signatures, des rencontres et tout cela gratuitement, ce qui laisse aussi la possibilité de rentrer et sortir du lieu comme on l'entend... Un rendez-vous beaucoup plus convivial que le salon du livre à nos yeux ! 

Côté librairie, étaient proposés les livres de la rentrée littéraire. Je suis restée raisonnable je suis repartie avec "Apprendre à vivre" de Edgar Morin, qui me semble être une base pour l'éducation, et "En attendant Bojangles" pour l'offrir.

En tant que blogueurs nous avons été accueillis comme des rois par l'équipe de la Fnac, Julie Henry en tête. Nous avions l'opportunité de rencontrer de nombreux auteurs, de déjeuner ou prendre un café avec eux, même à l'improviste, de se balader dans le bus avec eux...

Ce fut comme toujours un plaisir de croiser les blogueurs présents : Leiloona, Audrey, Noukette et Jérôme, Caroline, Stephie, Keisha, Séverine, entre autres.

 

Un beau rendez-vous littéraire que l'on aura plaisir à retrouver l'an prochain !!

 

Merci encore aux équipes : l'agence Anne et Arnaud, et les filles de la Fnac Julie, toujours disponible pour nous, Marine et Stéphanie.

 

Publié dans Divers

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Profondeurs glacées de Wilkie COLLINS

Publié le par Hélène

                                                                   

     ♥ ♥ ♥ ♥

Une plongée glaciale dans les profondeurs de l'âme humaine...

 

L’auteur :

  « Il a introduit dans l’espace romanesque les plus mystérieux des mystères : ceux qui se cachent derrière nos propres portes. » Cet éloge du grand Henry James s’adresse à William Wilkie Collins, considéré comme le précurseur du roman policier anglais et, plus largement, comme l’inventeur du thriller.

William Wilkie Collins est né à Londres en 1824. Soumis dès son enfance aux délires d’un père tyrannique (le peintre paysagiste William Collins), il se réfugie très tôt dans l’écriture, ce qui a le don d’irriter son géniteur, lequel met tout en œuvre pour tuer dans l’œuf cette « vocation absurde »¿ : on envoie le rebelle se former à la dure comme apprenti dans une fabrique de thé, puis on l’oblige à faire son droit. Même après sa mort, la figure du père continuera à tourmenter l’écrivain en exigeant par testament, et comme clause nécessaire pour hériter, qu’il lui consacre une « biographie officielle ». Ce devoir accompli en 1848, William Wilkie Collins intègre en 1852 la revue Household Words dont s’occupe Charles Dickens avec lequel il partage une passion commune pour le théâtre. Ces premières tentatives littéraires ne connaissent qu’un succès d’estime. Une nuit d’été 1855 pourtant, alors que Wilkie Collins, son frère Charles et le peintre Millais passent devant la grille d’une grande maison de Londres, une jeune femme en blanc, très belle, les supplie de lui venir en aide avant de disparaître. Fasciné, Collins mène l’enquête pour découvrir que cette femme, Caroline Graves, est séquestrée avec son bébé par un mari à demi-fou. Il la délivre et sera son amant jusqu’à sa mort. Ce qui aurait pu rester un fait divers romanesque inspire à Wilkie Collins l’intrigue de son premier chef-d’œuvre, La Dame en blanc, publié en feuilleton dans All the Year Round de novembre 1859 à octobre 1860. Le public ne s’y trompe pas : le succès est énorme et la foule s’arrache chaque livraison. Les romans qui suivront confirmeront le talent de conteur de William Wilkie Collins qui touche à la consécration avec Pierre de lune publié en 1868 et dont il se dit qu’il inspira fortement Charles Dickens pour son roman inachevé The Mystery of Edwin Drood. En proie à d’intenses souffrances nerveuses, de plus en plus dépendant de l’opium, Wilkie Collins se retire pourtant peu à peu de la scène publique et termine sa vie en reclus. Il meurt en 1889. (Source : Editeur)

 

L’histoire :

 « Deux années se sont écoulées depuis que les explorateurs partis d’Angleterre à la recherche d’un passage au nord-ouest ont dit au revoir à leur pays natal et au monde civilisé. L’entreprise a échoué. L’expédition arctique s’est perdue au milieu des glaces des mers polaires. Les excellents navires Wanderer et Sea-Mew, ensevelis dans ces vastes solitudes, ne sillonneront jamais plus les flots. »

Après un terrible hivernage au milieu de l’océan gelé, un équipage parti en 1845 et mené par Sir John Franklin est décimé par la faim et le froid. Dans cette longue nouvelle, à l’origine une pièce de théâtre écrite avec Charles Dickens, William Wilkie Collins livre le récit de ces gentlemen anglais soumis aux impératifs de la survie et révèle les profondeurs glacées de l’âme humaine. (Source : éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 En quelques mots, quelques phrases, le talentueux Wilkie Collins nous emmène dans son univers : nous sommes au XIXème siècle, au bal aux côtés de la frêle Clara attirée par le beau Frank mais torturée par un malentendu passé qui risque de bouleverser son univers.

Puis quelques pages plus tard, l’auteur nous plonge dans l’univers glacial des explorations polaires avec le départ de deux navires vers le pôle Arctique, lancés à la recherche d’un passage. Le beau Franck est du voyage, aux côtés du trouble Richard. Nous tremblons de froid et de peur à l'idée de rester enserrés dans ces régions inhospitalières, à la recherche de ce passage improbable qui s'éloigne inexorablement. L'auteur s'inspire ici de l'expédition Franklin débutée en 1845 et ayant pour but de découvrir un passage est-ouest au nord du continent américain, afin de rejoindre l'océan Pacifique par de nouvelles voies, celle de l'océan Arctique (pour en savoir plus : ici)

 

                           franklin-expedition-site-4787.jpg

L’aventure est au rendez-vous, mais aussi une analyse très fine de l’âme humaine capable du meilleur comme du pire. Quel sort est réservé aux courageux explorateurs fuyant pour certains des déceptions amoureuses, ayant laissé pour d’autres leur jeune future femme à terre…

Ses personnages troubles oscillent entre aspiration au bien et tentation plus sombre, ils sont tous habités par des forces qui quelquefois les surplombent. Réussiront-ils à lutter contre leurs démons intérieurs ou sombreront-ils dans la folie et dans la mort ?

Une très belle introduction pour ceux qui ne connaissent pas encore  l'oeuvre passionnante de Wilkie Collins.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 -          Trop court (160 pages)

 

Premières phrases :

 « Le maire de la ville et le conseil municipal donne un grand bal pour célébrer le départ de deux navires, le Wanderer et le Sea-Mew, qui vont vers le pôle Arctique chercher un passage au nord-ouest, et doivent prendre le large le lendemain, à la marée du matin. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Pierre de Lune

Autre : Persuasion de Jane Austen 

 

D’autres avis :

 

Cryssilda 

 

Profondeurs glacées, W. Wilkie Collins, Traduit par Camille Cendrey, Phébus libretto, avril 2008, 160 p., 8.10 euros

Publié dans Littérature Europe

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Rencontre Babélio avec Michel Jean

Publié le par Hélène

J'ai pu assister hier soir à une rencontre organisée par Babélio et animée par Pierre Krause autour du dernier roman de Michel Jean Tiohtiá:ke, roman qui met en scène des autochtones réfugié à Montréal.

Michel Jean est un journaliste, chef d'antenne et écrivain québecois. Sa grand-mère était autochtone et son grand père considéré comme blanc. Quand ils se sont mariés, ils ont dû quitter la réserve, ce que l'auteur considère à la fois comme un mal et un bien. Il a ressenti un manque inexorable éloigné de ses racines, un vide au creux de la poitrine, mais cela a permis aussi de les épargner puisqu'ils n'ont pas fait partie de ces autochtones envoyés au pensionnat.

Pourquoi situer l'action du livre à Montréal, est-ce une ville qui vous inspire ?

Je ne suis pas tellement inspiré par cette ville, je l'aime, entendons-nous, c'est une ville à l'activité foisonnante, multiculturelle, où il fait bon vivre. Mais c'est surtout l'aspect autochtone de Montréal qui m'intéressait. Je voulais décrire une situation que je voyais, alors que les gens qui vivent ici voient aussi ces autochtones mais ne comprennent pas forcément la situation. Malgré leur nombre, les québecois ont tendance à ignorer ou juger les autochtones, je voulais mettre en valeur ce peuple et comment ils sont devenus des itinérants quand ils sont partis des pensionnats ou ont quitté leurs réserves. Ils se retrouvent entre eux à Montréal car c'est là qu'ils sont le plus nombreux et ils ont besoin de se regrouper.

A Montréal ils se rassemblent dans le square Cabot, point de rassemblement autour duquel s'articulent les foyers pour femmes, les centres pour trouver de la nourriture. Cela crée des tensions par contre avec les gens qui habitent à proximité.

Vos personnages s'inspirent -ils de personnages qui existent ?

J'aime personnellement aller à côté du square pour regarder les gens. Les deux jumelles existent effectivement. Elie est inspiré par un homme que j'ai connu Raymond Hervieux, itinérant. Si mes personnages s'inspirent de personnes réellement rencontrées, ils n'ont pas la même vie. Raymond est décédé peu de temps après la parution du livre et je redoutais un peu la réaction de sa famille à la lecture, mais ils ont été très heureux, ils m'écrivaient. C'est important aussi de comprendre que si les itinérants sont dans la rue ils ont aussi de vraies familles qui ne les oublient pas.

 

Etes-vous le seul journaliste à vous intéresser aux autochtones ?

Nous ne sommes pas très nombreux à nous y intéresser car malheureusement selon les rédactions, ce n'est pas un sujet qui intéresse les gens. C'est un préjugé, ce n'est pas raciste. Il y a quelques temps quatre pères de famille autochtones avaient disparu, ils ont eu droit à une journée de recherche et à aucun journaliste alors que quelques temps plus tard un père et son fils blancs ont aussi disparu et eux ont eu droit à un hélicoptère, une couverture presse et des recherches poussées. Il faut savoir qu'une étude a montré que si vous êtres noirs ou autochtones au Québec vous avez six ou sept fois plus de chances d'être interpelés par des policiers. c'est une réalité.

Dans le milieu littéraire, jamais aucun roman autochtone n'a eu de prix. Ils ont eu des prix en poésie, prix considéré comme le moins prestigieux mais ce sont des blancs qui ont eu les "gros" prix. Le milieu littéraire est moins ouvert qu'il ne le pense. Kukum a obtenu plusieurs prix mais en France, pas au Canada.

Cela ne fait pas longtemps qu'on écrit des livres sur les autochtones. C'est seulement en 2012 pour ma part que j'ai abordé le sujet avec Atuk. Mais ce roman n'a pas eu beaucoup de succès. Un seul autre roman existait à cette époque Kuessipan de Naomi Fontaine. J'ai écrit Maikan l'année d'après qui n'a pas connu non plus beaucoup de succès. Puis j'ai enchainé avec deux autres romans qui ne parlaient pas de ce sujet. En 2016 j'ai participé à un recueil de nouvelles sur le sujets qui a bien fonctionné, puis en 2019 Kukum, gros succès de bouche à oreilles. Cela prouve que les lecteurs évoluent plus vite, ont plus d'intérêt.

Aujourd'hui il existe d'autres auteurs. Il existe un salon des premières nations dont l'importance augmente tous les ans. C'est une littérature émergente et vivante.

Les journalistes et le milieu littéraire sont en retard par rapport aux lecteurs qui lisent les livres.

Pourquoi cette difficulté au Québec d'accepter la littérature autochtone ?
Les québecois cherchent leur identité et ont tendance à laisser de côté celle des autres. Il est plus difficile d'être une autochtone au Québec qu'au Canada. Quand on est québecois on grandit entouré d'un milieu anglophone. A l'école on dit que la France nous a abandonnés avec le traité de Paris. Le français est une langue menacée, au Québec on est entouré d'anglais. La seule langue officielle au Québec est le français, on ne reconnait pas les langues autochtones parlées depuis des milliers d'années. Si on parle du droit des autochtones, les québecois ont l'impression qu'on délégitime les québecois. En se défendant finalement, ils font du mal.

Est-ce que les jeunes autochtones sont tout de même optimistes aujourd’hui ?

Malheureusement dans notre histoire, il y a eu un effet d'entrainement, un cycle infernal. Chassé des réserves pour être placés dans ces pensionnats, les autochtones sont aujourd'hui des itinérants avec tous les risques que cela comporte : absence d'emplois, décrochage scolaire, drogue, alcool. Arrêter cette spirale c'est comme arrêter un train en marche. Les blessures sont intergénérationnelles. Aujourd'hui certains jeunes s'en sortent, mais ce sera long, une seule génération ne suffit pas. On dit qu'il faudra sept générations  pour revenir à la normale. Il faut comprendre que nous sommes une société post-apocalyptique, nous avons vécu la fin de notre monde, cela est difficile de se remettre de cela. J'ai voulu écrire un roman optimiste, Elie fait partie de ces jeunes qui se lancent dans les études, la littérature autochtone est souvent pessimiste, je voulait montrer que quelquefois, ça finit bien !

 

A lire en ces pages : Kukum; Atuk, elle et nous  ; Tiohtiá:ke

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Anima de Wajdi MOUAWAD

Publié le par Hélène

 

 

♥ ♥ ♥ ♥

 « J’ai entendu le grand silence qu’il a produit en moi d’où ont émergé, comme le dirait un de ces animaux, cheval, mouche ou cochon, les cris de tous ceux qui sont morts dans le silence et l’oubli, enfants, femmes, bêtes et dieux, qui tapissent par couches épaisses les siècles et les ciels. » (p. 388)

 

L’auteur :

Né au Liban en 1968, dramaturge, metteur en scène, cinéaste, comédien, Wajdi Mouawad est l’auteur d’un quatuor de théâtre épique, Le sang des promesses (Littoral – Incendies – Forêts – Ciels), joué au festival d’Avignon en 2009. Incendies a été adapté au cinéma par Denis Villeneuve avec un grand succès (2011).

L’œuvre théâtrale de Wajdi Mouawad, récompensée notamment par le grand prix du Théâtre de l’Académie française en 2009, est disponible aux éditions Leméac / Actes Sud-Papiers.
Il est aussi l'auteur de deux romans : Visage retrouvé (Leméac / Actes Sud, 2002 ; Babel n° 996) et Anima (Leméac / Actes Sud, 2012). (Source : Editeur)

 

L’histoire :

Lorsqu’il découvre le meurtre de sa femme, Wahhch Debch est tétanisé : il doit à tout prix savoir qui a fait ça, et qui donc si ce n’est pas lui ? Éperonné par sa douleur, il se lance dans une irrémissible chasse à l’homme en suivant l’odeur sacrée, millénaire et animale du sang versé. Seul et abandonné par l’espérance, il s’embarque dans une furieuse odyssée à travers l’Amérique, territoire de toutes les violences et de toutes les beautés. Les mémoires infernales qui sommeillent en lui, ensevelies dans les replis de son enfance, se réveillent du nord au sud, au contact de l’humanité des uns et de la bestialité des autres. Pour lever le voile sur le mensonge de ses origines, Wahhch devra-t-il lâcher le chien de sa colère et faire le sacrifice de son âme ?

Par son projet, par sa tenue, par son accomplissement, ce roman-Minotaure repousse les bornes de la littérature. Anima est une bête, à la fois réelle et fabuleuse, qui veut dévorer l’Inoubliable. (Source : Editeur)

 « SANS LENDEMAIN. Peut-être parce que les récits naissants portent encore en eux leur promesse de puissance. Commencer pour s’arrêter quelques lignes plus loin est une manière de cogner le silex. La flamme ne jaillit pas du premier coup.

Pourtant, voici une dizaine d’années, une voix a surgi. Au-delà de ce qui était raconté, ce qui m’a happé fut cette voix qui disais-je. Cela n’était pas moi. Arrivant au bout du chapitre, je comprends, sans que cela ait été prémédité, qu’il s’agit d’une voix animale. Un homme, rentrant chez lui un soir après le travail, découvre sa femme sauvagement assassinée, étendue dans son sang, au milieu du salon. Un chat, leur chat, leur animal domestique, raconte la macabre découverte et l’évanouissement de l’homme. Au second chapitre, des oiseaux à la fenêtre de sa chambre d’hôpital tiennent la suite du récit.

J’ai poursuivi.

Anima est sorti du brouillard au fil des ans. Le temps fut nécessaire pour me permettre de voir et d’entendre ce qui s’y murmurait. Tant qu’il n’est pas conjugué, un verbe reste un infinitif. Seule sa fusion avec un sujet précis dans un temps donné le rend actif. Ainsi, ce roman me demandait de conjuguer un infinitif enfoui quelque part en moi. Il m’encourageait à marier entre elles les lignes de crête qui séparent et délimitent les mondes qui me portent : l’animal et l’humain, l’ici et l’ailleurs, les guerres d’aujourd’hui et celles d’hier, et la géographie nouvelle qui me renvoie sans cesse vers une autre géographie, terrible, effroyable. Certains êtres sont stratifiés de mondes lacérés, de terres déchirées, séparées en deux, plaques tectoniques de douleurs, exilées pour toujours l’une de l’autre, exilées de la parole, condamnées au silence et que rien ne saura jamais colmater sauf la dérive des continents qui les fera un jour se rejoindre à leurs antipodes. »

Wajdi Mouawad

 Ce que j’ai aimé :

Anima a cette particularité formelle d’adopter le point de vue d’animaux et non pas d’humains. Chaque chapitre est vu par un animal différent : chat, chien, mouche, lapin, boa, renard… Le style mime alors les mouvements et les attributs des animaux :

 Pour le canari :  « Ils s’assoient. Elle verse un liquide sombre dans des tasses posées devant eux. Je chante. Je passe d’un trapèze à un trapèze puis du trapèze à la pierre et la pierre au trapèze. Je chante. Il me regarde. Je chante. Je quitte le trapèze, agrippe mes pattes au grillage, use mon bec contre le métal, me retourne, la tête à l’envers, je chante. »

 Les phrases du serpent sont faites de circonvolution, alors que celles du papillon sont courtes, mimant les mouvements saccadés de ses ailes, tout comme celles du moustique aux actions très courtes et rapides, le poisson lui n’a pas de virgule,  le singe utilise des phrases très longues… Leur vocabulaire est riche, leur instinct sûr, leurs mots ont du sens,  contrairement aux humains pour qui les mots ne veulent plus rien dire, sont mensonges et cachent une réalité sans fond, innommable. Les animaux, témoins de l’instant ont accès à une forme de réalité entière.

 La trame du récit épouse les pas de Wahhch homme meurtri à la recherche du meurtrier de sa femme, mais aussi et surtout de son identité. La sauvagerie du meurtrier a éveillé en lui des souvenirs douloureux issus de l'horreur du massacre de Sabra et Chatila en Palestine, et le monde de Wahhch chancèle sur ses bases rendant toute vérité caduque. Il va devoir remonter aux sources du génocide et s'interroger sur les responsabilités individuelles et collectives inhérentes aux crimes pour pouvoir espérer, enfin, trouver ses propres mots...

Son road-movie le mènera notamment dans les réserves indiennes, zones de non-droit en butte à divers trafics louches. C'est là que les animaux rejoindront les hommes, sous l'égide de vieilles croyances indiennes selon lesquelles l'âme de l'homme s'incarne dans les animaux.   

 Porté par un style magnifique, tour à tour poétique et épique, Anima est un roman pluriel riche et profondément touchant : 

  « A quoi tu décides de tenir ? Et pourquoi ? Tu n’en sais rien. L’enfant, lui, tient à un morceau de tissu. C’est rien, mais il y tient. Il dort avec, il sort avec. Il y tient. Un morceau de tissu, une chevelure, une peau. Une femme. Des yeux. Un regard. Une femme avec des mots et une façon de mettre tous ces mots-là ensemble. Une façon de se taire et d’hésiter puis de marcher, d’embrasser. » (p. 132)

  « Etendu de tout son long sur le plancher graisseux d’un wagon plat sans parois ni recoins, il fixait le défilement du ciel au-dessus de sa tête et s’adonnait, bras levé, doigt pointé, au décompte des étoiles. » (p. 298)

  « Il m’a parlé du malheur qui fond parfois sur les humains et de la douleur engendrée par la permanence de la mémoire que rien n’efface, sauf la mort. Il a levé la tête et m’a indiqué l’étoile qui se tient fixe à la verticale du pôle et autour de laquelle tournent sans fin les constellations du ciel. « Aigle, Cygne, Ours, Dragon et Cheval. Tu la vois ? C’est l’étoile du Nord. Ainsi, malheurs, bonheurs, pertes et joies tournent pareillement autour de nos vies, et si aujourd’hui tu es malheureux, demain tu seras de nouveau heureux. (…) Je n’ai plus rien à craindre. J’irai jusqu’au bout des rails même si le brouillard me semble d’une épaisseur infinie. » » (p. 299)

 Art et parole s'entrelacent savamment pour réapprendre aux humains à trouver des mots nouveaux que comprendraient les âmes perdues ... 

 Ce que j’ai moins aimé :

 Ames sensibles s’abstenir... 


Premières phrases :

 « Ils avaient tant joué à mourir dans les bras l’un de l’autre,  qu’en la trouvant ensanglantée au milieu du salon, il a éclaté de rire, convaincu d’être devant une mise en scène, quelque chose de grandiose, pour le surprendre cette fois-ci, le terrasser, l’estomaquer, lui faire perdre la tête, l’avoir. »

 D’autres avis :

 L'Express ; France culture ;Lire  

 Anima, Wajdi Mouawad, Actes sud, septembre 2012, 400 p., 23 euros

 

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Déception et abandon du mois d'avril

Publié le par Hélène

Amours de Leonor de RECONDO

Présentation :

"Nous sommes en 1908. Léonor de Récondo choisit le huis clos d’une maison bourgeoise, dans un bourg cossu du Cher, pour laisser s’épanouir le sentiment amoureux le plus pur – et le plus inattendu. Victoire est mariée depuis cinq ans avec Anselme de Boisvaillant. Rien ne destinait cette jeune fille de son temps, précipitée dans un mariage arrangé avec un notaire, à prendre en mains sa destinée. Sa détermination se montre pourtant sans faille lorsque la petite bonne de dix-sept ans, Céleste, tombe enceinte : cet enfant sera celui du couple, l’héritier Boisvaillant tant espéré.
Comme elle l’a déjà fait dans le passé, la maison aux murs épais s’apprête à enfouir le secret de famille. Mais Victoire n’a pas la fibre maternelle, et le nourrisson dépérit dans le couffin glissé sous le piano dont elle martèle inlassablement les touches.
Céleste, mue par son instinct, décide de porter secours à l’enfant à qui elle a donné le jour. Quand une nuit Victoire s’éveille seule, ses pas la conduisent vers la chambre sous les combles…
Les barrières sociales et les convenances explosent alors, laissant la place à la ferveur d’un sentiment qui balayera tout."

Mon avis :

Autant j'avais aimé "Pietra viva", autant celui-ci m'a ennuyé. La froideur que de nombreux lecteurs reprochent à l'auteur m'est ici apparue clairement. Rares sont les émotions qui  transparaissent derrière le vernis des convenances, et pourtant le thème aurait pu être l'objet d'une psychologie plus fine. L'auteure s'attache surtout au langage du corps reflet des désirs sans doute mais ne témoignant pas nécessairement des sentiments. J'ai trouvé certains thèmes relativement prévisibles : comme cet amour maternel qui sauve l'enfant, car un enfant non câliné dépérit, de même qu'une femme non aimée meurt doucettement. De même cette image facile du corset qu'on serre et que l'on desserre par envie de liberté ? Et cette photographie qui glace les convenances n'est-elle pas un cliché de plus ?... Et cette fin encore plus convenue... Bref...Je suis passée à côté.

 

Si le rôle de la mer est de faire des vagues de KIM Yean-Su

Présentation :

Un jour, Camilla reçoit six cartons de vingt-cinq kilos qui contiennent toute son enfance. Entre un ours en peluche et un globe terrestre, la photo d’une jeune fille, petite et menue : celle de sa vraie mère avec un bébé dans les bras. Camilla a été adoptée peu après sa naissance par un couple d’Américains. Aujourd’hui elle a vingt et un ans et décide de partir en Corée à la recherche de sa mère.
Au fil d’une enquête aux multiples bifurcations, chacun livre sa version de l’histoire bouleversante de cette lycéenne de seize ans devenue mère, les rumeurs, les secrets, les tragédies, le mystère de l’identité du père. Peu à peu Camilla remplit les blancs de son passé, qui se confond avec celui de cette petite ville portuaire où elle est née, et toute sa vie s’en trouve changée.
Un roman riche en harmoniques, à l’imaginaire poétique et émouvant, enraciné dans la réalité sociale de la Corée d’aujourd’hui.

Mon avis :

Je n'ai rien trouvé d'extraordinaire dans le destin de cette enfant adoptée qui cherche ses origines, sujet lu et relu. De plus la narration à la première personne aplatit le propos en raison d'une absence de style.

 

Moi, Cheeta de James LEMER

Présentation :

Quand Cheeta prend la plume pour raconter ses mémoires, il est le plus vieil animal de cinéma vivant (76 ans et des poussières…) : pensionnaire d’une maison de retraite de luxe à Palm Springs (Californie), il a entamé une carrière de peintre abstrait, mais n’a rien oublié de son enfance dans la jungle africaine ni de sa carrière à Hollywood.

Devenu une star dès le premier Tarzan (1934), Cheeta porte un regard caustique et sans concession sur Hollywood, dont il va rendre compte des moindres travers. Ses années de gloire, les potins des stars, les studios et leurs mœurs dissolues, son addiction à l’alcool ou à la drogue (sa première banane lui rappelle a posteriori sa première dose de cocaïne). Drôle, léger, rythmé, divertissant, c’est le Hollywood Babylon de Kenneth Anger vu par un singe.

Cette saga est aussi le récit d’une « ascension sociale », avec son lot d’amertumes, de cruautés et d’humiliations, subies par un enfant perdu qui restera toujours un parvenu (troublant parallèle entre le singe et l’acteur Weissmuller, unis par une amitié quasi amoureuse !) L’auteur de cette fresque caustique sur les rapports hommes-animaux, dans la lignée de Vercors (Les Animaux dénaturés) ou de Roy Lewis (Pourquoi j’ai mangé mon père) parvient même à faire oublier qu’il s’agit des paroles d’un singe !

Mon avis :

J'avais déjà des réticences car un singe qui parle, cela va à l'encontre de mon esprit rationnel qui reste limité et hermétique à tout ce qui sort du naturel et du scientifiquement prouvé (les aliens, les elfes, Dieu, etc ...) Sauf que l'attachée de presse était enthousiasme et que sa fraîcheur m'a convaincue. Mais non, le singes qui parlent, ça ne fonctionne décidemment pas avec moi ! 

 

Lovestar de Andri Snaer Magnason

Présentation :

« Peu de temps après que les mouches à miel eurent colonisé Chicago, les papillons monarques furent saisis d’un étrange comportement. […] Au lieu d’aller vers le sud rejoindre leurs quartiers d’hiver, ils se dirigèrent vers le nord. » C’est ainsi que s’ouvre le roman, fable imaginative et pourtant étrangement familière, tenant à la fois de Calvino et des Monty Python.

Face à la soudaine déroute de toutes sortes d’espèces volantes, le génial LoveStar, vibrionnant et énigmatique fondateur de l’entreprise du même nom, invente un mode de transmission des données inspiré des ondes des oiseaux, libérant d’un coup l’humanité, pour son plus grand bonheur, de l’universelle emprise de l’électronique. Et développant au passage quelques applications aussi consuméristes que liberticides… Avec des hommes et des femmes ultra connectés payés pour brailler des publicités à des passants ciblés, le système ReGret, qui permet « d’apurer le passé », ou le rembobinage des enfants qui filent un mauvais coton. Autre innovation, et pas des moindres, en faveur du bonheur humain : les âmes sœurs sont désormais identifiées en toute objectivité par simple calcul de leurs ondes respectives.

Quand Indriði et Sigríður, jeunes gens par trop naïfs et sûrs de leur amour, se retrouvent « calculés », ils tombent des nues : leur moitié est ailleurs. Les voilà partis, Roméo et Juliette postmodernes contrariés par la fatalité, pour une série de mésaventures cocasses et pathétiques, jusqu’à ce que leur route croise celle de LoveStar lui-même, en quête de son ultime invention…

Mon avis :

Cette fois-ci c'est différent, il s'agit plus ou moins d'un romans d'anticipation, relatant des innovations qui pourraient voir le jour dans les siècles à venir. Mais là aussi je dois diagnostiquer une allergie prégnante... Laure avait beaucoup aimé, j'ai donc craqué. Je n'aurais pas dû, mon allergie est trop ancrée pour espérer guérir... 

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Les livres préférés de 100 écrivains français

Publié le par Hélène

En 2009, 100 écrivains français dévoilaient leurs 10 livres préférés pour Télérama.

J'ai répertorié les titres et auteurs les plus cités dans cette liste.

 

POESIE :

RIMBAUD : cité 11 fois

- Une saison en enfer cité par François Bégaudeau , Antoni Casas Ros ; Chloé Delaume ; Gaétan Soucy ; Yann Moix ; François Sureau 

- Illuminations cité par Philippe Sollers ; Yannick Haenel

- Poésies complètes cité par Jean-Baptiste Harang, Jean Hatzfeld , Tahar Ben Jelloun

 

BAUDELAIRE : cité 8 fois  Les Fleurs du malcité par François Cheng , Philippe Sollers ; Jean-Jacques Schuhl ; Patrick Modiano; Jean-Baptiste Harang ; Philippe de La Genardière ; Lyonel Trouillot ; Jean-Philippe Toussaint

 

André BRETON : cité 8 fois

- Clair de terre par Stéphane Audeguy ;

- Second Manifeste du surréalisme  parJean-Jacques Schuhl;

- Anthologie de l'humour noir  cité par Christine Jordis;

- Arcane 17  Philippe Forest;

- Nadja  Annie Ernaux et François Sureau

- Œuvres Antoine Volodine 

- Manifeste du surréalisme  Philippe Sollers ;
 

Rainer Maria RILKE : 7 fois

- Sonnets à Orphée et Elégies de Duino,  cité par François Cheng ;

- Elégies de Duino  Nathalie Léger ;

- Correspondance avec Lou Andreas-Salomé  Christine Jordis ;

- Le Livre de la pauvreté et de la mort  Xavier Houssin et Philippe de La Genardière 

- Les Cahiers de Malte Laurids Brigge  Sylvie Germain et Fabrice Gabriel
 

LAUTREAMONT : 4 fois Les Chants de Maldoror et les poésies cité par  Marie Darrieussecq  Yannick Haenel ; Philippe Sollers; Emmanuelle Pagano
 

THEATRE :

SHAKESPEARE : 9 fois

- Le Roi Lear, cité par Nathacha Appanah 

- Hamlet, par Stéphane Audeguy et Anne-Marie Garat

- Un volume au hasard des Tragédies  (éd. Robert Laffont-Bouquins) Pierre Assouline

- Le théâtre de Shakespeare François Cheng ;

- Richard III  cité par Catherine Lépront et  Gérard Mordillat ;

- Le Songe d'une nuit d'été  Patrick Modiano;

- Tout Shakespeare (ou s'il en faut un : Macbeth) Christine Jordis
 

CLAUDEL  : 5 fois

-L'oeil écoute (essai sur l’art) cité par Michel Crépu

-L'Echange  Maryline Desbiolles

-Partage de midi  Jérôme Garcin et Christian Gailly

-L'Annonce faite à Marie  Catherine Millet
 

Textes fondateurs :


HOMERE : 8 fois

- L'Iliade  (trad. Paul Mazon) Mathias Enard ; Maylis de Kerangal ; Jean Hatzfeld

- Odyssée cité par Claude Pujade-Renaud ; Pierre Bergounioux ; Yannick Haenel ; Pierrette Fleutiaux 

-  Iliade et Odyssée  Olivier Rolin 

 

LA BIBLE : 6 fois

 -Ancien Testament et Nouveau Testament cité par Stéphane Audeguy 

-La Bible François Cheng ; (trad. Lemaître de Sacy) Yannick Haenel ; Sylvie Germain

-Les quatre Evangiles Marie Rouanet

-L'Ancien Testament Catherine Lépront 
 

ROMANS

                                

PROUST : 32 fois

- A la recherche du temps perdu cité par Pierre Assouline ; Pierre Bergounioux ; Arnaud Cathrine ; François Cheng ; Catherine Cusset ; Charles Dantzig ; Maryline Desbiolles ; Annie Ernaux ; Eugène Nicole ; Yann Moix ; Olivier Rolin ; Régis Jauffret ; Fabrice Gabriel ; Jérôme Garcin ; Anne-Marie Garat ; Jean-Baptiste Harang ; (ou s'il n'en faut qu'un : Le Temps retrouvé) Christine Jordis ; Philippe de La Genardière ; Jean-Philippe Toussaint ; Éric-Emmanuel Schmitt ; Laurent Nunez ;  Hélène Lenoir ; Alice Ferney ; Philippe Forest 

- Le Temps retrouvé,  Frédéric Beigbeder ; Clémence de Biéville ;  Philippe Sollers ; Christian Signol ; Catherine Millet

- Du côté de chez Swann,  Michel Crépu ; Alain Fleischer 

- Albertine disparue de Proust Jacques Henric 

 

FAULKNER : 23 fois

- Le Bruit et la Fureur, Frédérique Clémençon ; François Bégaudeau  Maryline Desbiolles ; Annie Ernaux ; Alain Fleischer ; Yves Pagès ; Véronique Ovaldé 

- Absalon, Absalon Marie Darrieussecq ; Claude Pujade-Renaud ; Olivier Rolin ; Jonathan Littell ; et L'Invaincu Jean Hatzfeld ; Christian Garcin; Jean-Philippe Toussaint ; Catherine Lépront
- Les Palmiers sauvages  Agnès Desarthe

-Si je t'oublie, Jérusalem et Les Palmiers sauvages  Philippe Forest 
- Lumière d'août  Philippe Djian ; Gérard Mordillat 

- Tandis que j'agonise,  Alice Ferney ; Tierno Monénembo ;

- Sanctuaire  Hélène Lenoir 

 - La Ville,  Pierre Bergounioux ;

 

FLAUBERT : 22 fois

-L'Education sentimentale Catherine Cusset ; Jacques Chessex , Fabrice Gabriel ; Jonathan Littell ; Tristan Garcia ; Christian Gailly
-Correspondance  Marie Darrieussecq ; Hélène Lenoir ; Régis Jauffret ; Jean-Baptiste Harang ; Brina Svit

-Madame Bovary,   Daniel Arsand ; Annie Ernaux ; François Sureau ; Jérôme Garcin 

-Bouvard et Pécuchet  Laurent Nunez ; Yves Pagès ;  Gaétan Soucy

-Un cœur simple,  Jacques Chessex ; Tierno Monénembo 

-Salammbô  Emmanuelle Pagano ; Catherine Millet 
 

DOSTOIEVSKI : 16 fois

-Les Frères Karamazov,  François Cheng ; Catherine Cusset ; Philippe Djian ; Daniel Pennac ; Éric-Emmanuel Schmitt   ; Jérôme Ferrari

-L'Idiot,  Antoni Casas Ros ; Laurent Nunez ; Christian Garcin

-Crime et châtiment  Jean-Philippe Toussaint ; Patrick Modiano

-Le Rêve d'un homme ridicule  Lorette Nobécourt 

- Œuvres Antoine Volodine

- Souvenirs de la maison des morts  François Sureau

-Le Joueur  Michèle Lesbre

- Les Possédés,  Pierre Bergounioux 

 

Virginia WOOLF : 15 fois

- Une chambre à soi cité par Benoîte Groult ;  Anne-Marie Garat ; Chantal Thomas ; Nathacha Appanah 
-Mrs Dalloway,  Nathacha Appanah ; Agnès Desarthe ; Nathalie Léger 

-Journal  Geneviève Brisac ; Journal d'un écrivain Arnaud Cathrine ;

-Les Vagues Charles Juliet ; Annie Ernaux 

-Vers le phare Lorette Nobécourt  La Promenade au phare  Hélène Lenoir 

-Orlando  Catherine Millet 

-Les Années  Christine Jordis 

 

James JOYCE : 15 fois

- Ulysse  Yann Moix ; Catherine Lépront ; Régis Jauffret ; Yannick Haenel , Tristan Garcia ; Christian Gailly ; Philippe Forest ; Alain Fleischer ; Chloé Delaume ; Maryline Desbiolles Jacques Henric ; Eugène Nicole , Olivier Rolin ; Yann Moix
- Dedalus  Eric Reinhardt
 

KAFKA : 14 fois

- Journal  Nathalie Léger ; Pierrette Fleutiaux ; Jean-Jacques Schuhl ; Jean-Philippe Toussaint ; Christian Garcin

- Le Procès  Alain Fleischer ; Gaétan Soucy ; Eric Reinhardt

- Le Château, Pierre Bergounioux 

- Récits (tous, impossible d'en choisir un) Jonathan Littell 

- La Métamorphose  Claude Pujade-Renaud 

- La Muraille de Chine  Eugène Nicole 

- L'Amérique  Fabrice Gabriel

- Amerika ou le Disparu  Maryline Desbiolles
 

Samuel BECKETT : 14 fois

Molloy,  Pierre Bergounioux ; Patrick Deville ; Christian Gailly ; Jean-Philippe Toussaint ; Jonathan Littell
L'Innommable,  Frédérique Clémençon ; Christian Gailly ; Jean-Philippe Toussaint ; Jonathan Littell
- Le Dépeupleur et autres textes  Pierrette Fleutiaux ; Gaétan Soucy 

- Œuvres Antoine Volodine 

- Malone meurt  Jonathan Littell , Jean-Philippe Toussaint 

 

CELINE : 13 fois

- Voyage au bout de la nuit,  Philippe DJIAN ; Tierno Monénembo ; Jacques Godbout ; Jean-Jacques Schuhl ; Marc Lambron ; Jacques Chessex

- Mort à crédit  Philippe DJIAN ;  Jérôme Ferrari ; Annie Ernaux ; Alain Mabanckou

- D'un château l'autre  Yann Moix ;  Jacques Henric

- Guignol's Band  Yves Pagès

- Féerie pour une autre fois  Philippe Sollers

 

STENDHAL : 10 fois

- Le Rouge et le Noir,  Pierre Bergounioux ; Gaétan Soucy

- Vie de Henry Brulard  Jacques Henric  ; Florence Seyvos

- La Chartreuse de Parme  Jérôme Garcin ; Alain Fleischer ; Brina Svit, Christian Signol

- Lucien Leuwen  Claude Pujade-Renaud ; Catherine Millet

 

MELVILLE : 10 fois

- Moby Dick  Eugène Nicole ; Antoni Casas Ros ; Frédérique Clémençon ; Yannick Haenel ; Pierrette Fleutiaux

-Bartleby  Daniel Pennac ; Laurent Nunez ; et Moby Dick Jonathan Littell ; Sylvie Germain 

-Pierre ou les Ambiguïtés  Catherine Millet 

 

Mme de LA FAYETTE : 9 fois  La Princesse de Clèves,  Pierre Assouline ; Catherine Cusset ; Marie Darrieussecq ; Eric Reinhardt ; Alice Ferney ; Philippe de La Genardière ; Éric-Emmanuel Schmitt ; Régis Jauffret ; Florence Seyvos
 

TOLSTOI : 9 fois

- Guerre et paix,  Stéphane Audeguy ; Jérôme Garcin 

- Anna Karénine  Catherine Cusset ; Annie Ernaux ; Jean Hatzfeld ; Pierrette Fleutiaux ; Brina Svit

- Maître et serviteur  Christian Signol 

- Hadji Mourat  Jonathan Littell
 

Georges BATAILLE : 9 fois

- Somme athéologique  Yann Moix 

- L'Expérience intérieure  Lorette Nobécourt ; Philippe Forest;

- Le Bleu du ciel  Jonathan Littell ; Jacques Henric ; Jean-Jacques Schuhl
- L'Erotisme  Christine Jordis 

- La Littérature et le Mal, Jacques Chessex 

- Madame Edwarda,  Jacques Chessex 

 

LOWRY Malcom : 9 fois

- Au-dessous du volcan  Marie NDiaye; Tierno Monénembo ; Patrick Modiano ;  Anne-Marie Garat ; Patrick Deville; Gaétan Soucy ; Olivier Rolin ; Lorette Nobécourt 

- Ecoute notre voix, ô Seigneur  Jean Rouaud 

 

Primo LEVI : 9 fois

- Si c'est un homme  Catherine Lépront; Benoîte Groult ; Agnès Desarthe ; Clémence de Biéville ; Boualem Sansal

- Les Naufragés et les Rescapés. Quarante ans après Auschwitz  Jean Hatzfeld ;

- La Trêve  Marie Darrieussecq ; Jean-François Rufin

- Le Système périodique  Florence Seyvos;

 

GIONO : 9 fois

- Le Hussard sur le toit  Véronique Ovaldé ; Jean-Christophe Rufin ;  Christian Signol

- Noé  Maryline Desbiolles 

- Notes sur l'affaire Dominici, Jacques Chessex 

- Batailles dans la montagne  Emmanuelle Pagano

- Un roi sans divertissement,  Alice Ferney ; Sylvie Germain ; Jacques Chessex


CERVANTES : 8 fois Don Quichotte (trad. Aline Schulman) Tahar Ben Jelloun ; Pierre Assouline ; Eugène Nicole ; Jean Rouaud ; Catherine Lépront ; Tierno Monénembo ; Alain Fleischer ; Boualem Sansal
 

Jorge Luis BORGES : 8 fois

- Fictions,  Antoine Bello ; Patrick Deville ; Jérôme Ferrari ; Christian Garcin; Fabrice Gabriel ; Jean-Jacques Schuhl

- Œuvres, Tahar Ben Jelloun 

- L'Aleph  Jérôme Ferrari 

 

BALZAC : 7 fois

-Illusions perdues  Catherine Cusset ; Maylis de Kerangal ; Patrick Modiano
- Le Lys dans la vallée  Catherine Millet 

- Béatrix  Jacques Henric

La Duchesse de Langeais  Christian Gailly 

- Splendeurs et misères des courtisanes, Alice Ferney 

 

CAMUS : 7 fois

- L'Etranger  Nathacha Appanah ; Boualem Sansal ; Jacques Godbout 

- La Peste  Nathacha Appanah 

- L'Exil et le Royaume  Catherine Lépront 

- Le Premier Homme  Charles Juliet 

- Caligula  Gilbert Gatore

 

HUGO : 7 fois

- Les Misérables,  Clémence de Biéville ; Jacques Roubaud ; Benoîte Groult ; Anne-Marie Garat
- La Légende des siècles  Laurent Nunez 

- Les Contemplations  Jacques Roubaud ; Alain Mabanckou

 

DIDEROT :  6 fois

-Jacques le Fataliste  Éric-Emmanuel Schmitt ; Maylis de Kerangal
-Lettres à Sophie Volland  Claude Pujade-Renaud 

-La Religieuse  Emmanuelle Pagano 

-Les Bijoux indiscrets  Yves Pagès 

-Le Neveu de Rameau,  François Bégaudeau 

 

Gabriel GARCIA MARQUEZ :  6 fois

- Cent Ans de solitude  Pierrette Fleutiaux

- L'Automne du patriarche  Alain Mabanckou ; Lyonel Trouillot 

- Cent Ans de solitude  Boualem Sansal ; Jérôme Ferrari

- Œuvres Antoine Volodine
 

HEMINGWAY : 6 fois

- Le soleil se lève aussi  Véronique Ovaldé ; Marc Lambron 

- Le Vieil Homme et la mer  Alain Mabanckou 

- Au-delà du fleuve et sous les arbres  Jacques Henric 

- Pour qui sonne le glas  Jacques Godbout 

- Paris est une fête  Fabrice Gabriel
 

PASCAL : 6 fois Pensées  Charles Dantzig ; Pierre Bergounioux ; Jean-Philippe Toussaint ; François Sureau ; Philippe Sollers ; Yannick Haenel

 

 

 

Philip ROTH : 6 fois

-Le Complot contre l'Amérique,  Olivier Adam 

- Portnoy et son complexe  Olivier Adam ; Jérôme Ferrari 

- Pastorale américaine  Brina Svit ; Maylis de Kerangal

- The Ghost Writer  Jacques Godbout
 

ARAGON : 5 fois

- Les Voyageurs de l'impériale, cité par Clémence de Biéville

-  Aurélien,  Alice Ferney ; Éric-Emmanuel Schmitt 

- Le Paysan de Paris  Philippe Forest 

- Le Roman inachevé  Benoîte Groult


Roland BARTHES : 5 fois

- Fragments d'un discours amoureux  Laurent Nunez ; Arnaud Cathrine ; Michel Crépu

- Mythologies  Daniel Pennac

- La Chambre claire  Chantal Thomas 
 

Georges BERNANOS : 5 fois

- Journal d'un curé de campagne  Xavier Houssin

- Dialogues des carmélites  Sylvie Germain

- Sous le soleil de Satan  Jacques Henric

- Monsieur Ouine  Gaétan Soucy

- La Joie  Catherine Millet
 

Thomas BERNHARD 4 fois

- Maîtres anciens  Christian Garcin 

- Extinction  Alain Fleischer 

- Des arbres à abattre  Chantal Thomas  

- Béton  Hélène Lenoir 
 

Maurice BLANCHOT 5 fois

- L'Espace littéraire  Jérôme Garcin ; Philippe de La Genardière

- La Folie du jour  Jonathan Littell

- Le Très-Haut  Gaétan Soucy

- L'Instant de ma mort, Jacques Chessex

 

Varlam CHALAMOV : 5 fois - Récits de la Kolyma  Marie Darrieussecq; Marie Ndiaye ; Yannick Haenel ; Sylvie Germain ; Frédérique Clémençon
 

DANTE : 5 fois  La Divine Comédie,  Antoni Casas Ros ; François Cheng ; Eugène Nicole ; Jacques Henric ; Yannick Haenel
 

DURAS : 5 fois

- Le Vice-consul  Régis Jauffret ;

- Le Ravissement de Lol V. Stein  Laurent Nunez

- Un barrage contre le Pacifique  Agnès Desarthe

- Moderato cantabile  Hélène Lenoir 

- Le Marin de Gibraltar  Michèle Lesbre
 

Mikhaïl BOULGAKOV : 5 fois  Le Maître et Marguerite  Florence Seyvos ; Eric Reinhardt ; Sylvie Germain ; Jérôme Ferrari; Frédérique Clémençon

 

Cormac McCARTHY : 5 fois

- Méridien de sang  Jérôme Ferrari

- La Trilogie des confins (De si jolis chevaux, Le Grand Passage, Des villes dans la plaine)  Catherine Lépront

- La Route  Pierrette Fleutiaux ;  Frédérique Clémençon 

- Suttree,  Daniel Arsand


Flannery O’CONNOR : 5 fois

- Mon mal vient de plus loin  Marie Ndiaye ; Agnès Desarthe ; Geneviève Brisac ; Florence Seyvos
- Les  braves gens ne courent pas les rues  Gérard Mordillat 

 

NIETZSCHE : 5 fois

- Ainsi parlait Zarathoustra, Antoine Bello ; Lorette Nobécourt 

- Le Gai Savoir, François Bégaudeau ; Tahar Ben Jelloun ; Jean-Jacques Schuhl

 

ROUSSEAU : 5 fois

- Les Rêveries du promeneur solitaire  Nathalie Léger ; Eric Reinhardt

- Les Confessions  Eugène Nicole ;  Anne-Marie Garat

- Les six premiers livres des Confessions  Annie Ernaux 

 

LACLOS : 5 fois Les Liaisons dangereuses  Catherine Cusset ; Daniel Pennac ; Philippe de La Genardière ; Christian Gailly ; Éric-Emmanuel Schmitt 
 

SADE: 5 fois

- Les Cent Vingt Journées de Sodome,  Antoine Bello ; Antoni Casas Ros 

- Histoire de Juliette,  Jean-Yves Cendrey ; Régis Jauffret ; Chantal Thomas 
 

Je me propose cette année de lire ou relire plusieurs de ces classiques, si certains veulent tenter des lectures communes, ce sera avec plaisir... 

 


 

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