Deuxième plateau avec Romain Slocombe, Jean-Baptiste Del Amo, Gael Faye et Leïla Slimani
Leïla Slimani présentait son roman Chanson Douce paru chez Gallimard :
Présentation de l'éditeur :
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
Pourquoi ce titre ?
La chanson douce est destinée à endormir les enfants et je voulais montrer qu'il ne fallait pas se faire endormir par les gens trop gentils ou trop doux. Je me suis inspirée d'un fait divers pour ce roman : en 2012, à New York une nounou massacre les enfants qu'elle gardait avant de tenter de se donner la mort. Elle gardait les enfants depuis plusieurs années. On ne connait pas ceux avec qui l'on vit, l'intimité nous aveugle d'autant plus. Il faut rester vigilant, garder un regard aigü sur l'autre pour se protéger et aussi pour faire attention à lui.
Pourquoi commencer par la fin ?
Si j'avais raconté seulement l'histoire d'une nounou dans une famille, mon histoire aurait étéinintéressante banale et répétitive. Je n'aurais pas obtenu l'attention du lecteur. La scène violente initiale est là pour harponner le lecteur. Par la suite le lecteur sera attentif à toute l'histoire, il deviendra enquêteur, actif dans sa lecture, il en saura plus que les parents aveuglés par la gentillesse de Louise la nounou. Le monde des nounous est un monde dur, elles sont souvent exploitées, elles s'introduisent dans l'intimité des famille et entretiennent une relation particulière avec les parents. Ce sont des personnages romanesques.
Dans quel personnage vous reconnaissez-vous le plus ?
J'ai mis une partie de moi dans tous les personnages mais objectivement j'ai plus d'accointances avec Myriam car c'est avec elle que j'ai le plus de point commun , elle appartient au même milieu social que moi, elle est mère de famille comme moi, est maghrébine...
Est-ce que la mère est responsable du drame ?
Pendant l'écriture je voulais pas juger les personnages, je ne voulais pas faire leur procés. Pour moi la mère n'est pas responsable. Cette femme est face à plein de contraintes et ce sont là les limites du féminisme : les femmes se sont battues pour s'émanciper sauf que le monde d'aujourd'hui n'est pas adapté au résultat de cette émancipation. 70 % des tâches ménagères sont assurées par les femmes et ce sont souvent elles qui sont les plus déchirées entre travail et enfants. Dans mon roman la mère est dépassée, débordée et quand quelqu'un lui propose de l'aider et prend tout en charge c'est une chance pour elle. Lors du procés de la nounou dont je me suis inspirée pour le personnage de Louise, son avocat avait accusé la mère. J'avais été choquée. Mais c'est toute l'ambiguité de cetet société ce sont toujours les femmes qui sont dans une position difficile aujourd'hui. D'ailleurs la preuve vous m'avez posé la question de la responsabilité de la mère pas celle du père...
Gaël Faye présentait son Petit pays édité chez Grasset :
Présentation de l'éditeur :
En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…
« J’ai écrit ce roman pour faire surgir un monde oublié, pour dire nos instants joyeux, discrets comme des filles de bonnes familles: le parfum de citronnelle dans les rues, les promenades le soir le long des bougainvilliers, les siestes l’après-midi derrière les moustiquaires trouées, les conversations futiles, assis sur un casier de bières, les termites les jours d’orages... J’ai écrit ce roman pour crier à l’univers que nous avons existé, avec nos vies simples, notre train-train, notre ennui, que nous avions des bonheurs qui ne cherchaient qu’à le rester avant d'être expédiés aux quatre coins du monde et de devenir une bande d’exilés, de réfugiés, d’immigrés, de migrants. »
Avec un rare sens du romanesque, Gaël Faye évoque les tourments et les interrogations d’un enfant pris dans une Histoire qui le fait grandir plus vite que prévu. Nourri d’un drame que l’auteur connaît bien, un premier roman d’une ampleur exceptionnelle, parcouru d’ombres et de lumière, de tragique et d’humour, de personnages qui tentent de survivre à la tragédie.
Pourquoi ne pas plus évoquer la soeur ?
Je le regrette. Avant j'avais deux chapitres sur elle qui ont été coupés.
Le cercle vicieux de la haine peut-il s'arrêter au Burundi ?
C'est difficile, depuis l'indépendance ce sont des massacres à répétition. La reconstruction est difficile et cela restera compliqué tant qu'il n'y aura pas des dirigeants qui mettent en place des comités de réconciliation par exemple ou si les gens étaient condamnés comme au Rwanda. Au Rwanda les peines de prison ont eu un coté positif, le pays est reparti d'un bon pied. Au Burundi, nous sommes loin de cela, d'ailleurs la question ethnique revient sur le devant de la scène en ce moment avec le président actuel.
Quelle a été la réception au Burundi ?
Il y a eu 5 ou 6 livres seulement là-bas, il n'y a pas de librairies, beaucoup de gens ne savent pas lire et le livre est cher. Le Burundi est le pays le plus pauvre au monde, les habitants gagnet environ 30 euros par an. Donc peu de gens l'ont lu là-bas. Au Rwanda 40 livres ont été vendus. Par contre, le Burundi de la diaspora le remercie.
D'où vient le personnage de Laure, la correspondante de Gabriel ?
Je me souvenais qu'il y avait des correspondants quand nous étions en primaire. Je voulais que Gabriel sorte de son Burundi par intermittences, ces lettres sont comme une ouverture vers l'extérieur.
Quelle est la relation entre le titre du roman et le titre de la chanson "Petit pays" tirée de votre album?
Ce n'est pas la chanson la plus représentative du roman. Pour moi, ce serait plutôt "L'ennui des après-midi sans fin" qui contient les prémisses du roman. Cette chanson décrit une vie où il ne se passe rien, et met l'accent sur le sentiment d'ennui de l'enfance. J'ai voulu décrire ces moments qui ont précédé la guerre ensuite le roman est habité par les conditions d'exil et la guerre mais cette première partie liée à l'enfance indolente est celle que je voulais faire émerger.
Deuxième plateau avec Romain Slocombe, Jean-Baptiste Del Amo, Gael Faye et Leïla Slimani
Leïla :
pourquoi ce titre ?
ne pas se faire endormir par les gens trop gentils trop doux
chanson endort
inspiré par un fait divers à New York
enseignement : on ne connais pas ceux ave qui l'on vit
l'intimité nous aveugle d'autant plus il faut rester vigialnt garder un regard aigû sur l'autre pour se protéger et pour faire attention à lui
Gaël :
pourquoi ne plus évoquer la soeur ?
le regrette avant deux chapitres sur elle qui ont éé coupés
Que regrettez-vous dans votre livre ?
Romain :
assez peu de déchets, relit tout le temps, donc très travaillé. laisse ensuite les éditeurs pointer les choses
Leïla :
aurait aimé parler plus des femmes dans les squares, celles qui s'occupent des enfants
Jean-Baptiste :
réécrirait tout.
raison pour laquelle on écrit un autre roman, on continue
Leïla :
pourquoi commencer par la fin ?
si je racontais seulement l'histoire d'une nounou dans une famille histoire inintéressante banale et répétitive
pas d'attention du lecteur
scène violente initiale pour harponner le lecteur donc le lecteur sera attentif à toute l'histoire lecteur enquêteur lecteur actif
monde nounous monde des exploitées mond edur personnages romanesques
relation particulière squ'ils établissent avec les parents
Jean-Baptiste :
pourquoi évoquer plusieurs générations
car travail ainsi sur thématique du passage du temps et façon dont violance se transmet de génération en génération
Romain :
est-ce que cela était difficile de se mettre dans la peau de l'inspecteur comme les acteurs aiment jouer les rôles des méchants car plus excitant plus jouissif
écrivain endosse avec satisfaction rôle du méchant entre dans les personnages
n'aime pas trop romans classiques aime déstabiliser lecteur et aller à rebours du schéma habituel
pourquoi individu médiocre en temps de guerre ddangereux
Jean-Baptiste :
Roman peut-il faire changer les hommes ? Végétalien ?
non n'a pas cette ambition
littérature n'a pas pour vocation d'imposer une morale mais à mettre face à ses istuations et à nous faire poser des questions
s'est servi du lieu pour porter un message mais fiction lieu de questions
ce qui l'intéresse est plus la condition humaine que la condition animale
Gaël :
ercle vicieux de la haine peut-il s'arrêter au Burundi ?
difficile depuis indépendance massacre à répétition reconstruction est difficile
compliqué tant qu'il n'y aura pas des dirigeants qui mettent en place des comité de réconciliation par exemple ou si les gens étaien tcondamnés comme au rwanda
peines de prison au Rwanda coté positif est reparti d'un bon pied
Burundi loin de cla d'ailleurs la question ethnique revient sur le devant de la scène en ce moment avec le président actuel
Réception au Burundi ?
5 ou 6 livres seulement là-bas, pas de librairies, beaucoup de gens ne savent pas lire, livre cher
Burundi est le pays le plus pauvre au monde (30 euros par an)
peu de gens l'ont lu
rwanda 40 livres vendus
Burundi de la diaspora le remercient
D'où vient personnage de Laure ?
se souvenait qu'il y avait des correspondants enfant souvenir de primaire marquant voulait ue sorte de son Burundi par intermittences
ouverture vers l'extéireur
Leïla :
Dans quel personnage vous reconnissez-vosu le plus ?
une partie de moi dans tous les personnages
objectirvvment accointances avec Miriam car c'est avec elle que j'ia le plus de point commun (milieu, mère de famille...)
Romain : pourquoi cetet couverture ?
important pour le livre.
voulait travailler avec un graphiste Jean Rémond
faux photomaton d'époque femme vulgaire et aguicheuse en même temps, aguicheuse attire l'attention fille assassinée Marguerite
couverture qui attire les lecteurs
Jean-Baptiste :
pourquoi autant de sexualité dans les romans ?
il y en a dans tous mes livres
car la sexualité est un des grands questionnements de l'existence qqch qui nous lie nous habite mais cnstruit notre identité nosu constitue
Gaël :
relation entre son titre et le titre de la chanson "Petit pays"
ce n'est pas la chanson la plus représentative du roman. ce serait plutôt "L'ennui des après-midi sanf in" vraiment prémisse du roman vie où il ne se passe rien , enfance setiment d'ennui moments qui ont précédé la guerre ensuite roman habité par les conditiosn d'exil et la guerre mais cetet première partie liée à l'enfance indolente est celle que je voulais faire émerger.
Leïla
Est-ce que la mère est responsable du drame ?
pendant écriture ne voulait pas juger les personnages ne voulait pas faire leur procés
pour elle pas la mère responsable. cette femme est face à plein de contraintes : limites du féminisme : sauf que le monde d'aujourd'hui n'est pas adapté au résultat de cette émancipation 70 % des tâches ménagères sont assurées par les femmes ce sont souvent elles qui sont les plus déchirées entre travail et enfants
ici la mère est dépassée, débordée et quand qqun lui propose de l'aider et prend tout en caharge c'ets une chance pour elle
inspirée de Louise Woodworth
lors de son procés avocata avait accusé la mère avait été choquée
mais c'est toute l'ambiguité de ce ett société toujours femmes sont dans une position difficile aujourd'hui d'aileurs la preuve vous m'avea posé la question sur la mère pas su rle père
Romain :
pourquoi finir sur le personnage de Julie alors qu'elle n'est pas le personnage principal du livre ?
ne sait pas comment le roman se termine. laisse la structure et les personnages me guider, se mettre en place et choix de compostiiosn
Romain Slocombe pour L'affaire Léon Sadorski chez Robert Laffont :
Présentation de l'éditeur :
Le pire des salauds, le meilleur des enquêteurs.
Avril 1942. Au sortir d'un hiver rigoureux, Paris prend des airs de fête malgré les tracas de l'Occupation. Pétainiste et antisémite, l'inspecteur Léon Sadorski est un flic modèle doublé d'un mari attentionné. Il fait très correctement son travail à la 3e section des Renseignements généraux, contrôle et arrête les Juifs pour les expédier à Drancy. De temps en temps, il lui arrive de donner un coup de main aux Brigades spéciales, d'intervenir contre les « terroristes ».
Mais Sadorski est brusquement arrêté par la Gestapo et transféré à Berlin, ou on le jette en prison. Le but des Allemands est d'en faire leur informateur au sein de la préfecture de police... De retour à Paris, il reçoit l'ordre de retrouver son ancienne maîtresse, Thérèse Gerst, mystérieuse agent double que la Gestapo soupçonne d'appartenir à un réseau antinazi.
Après le succès de Monsieur le commandant, Romain Slocombe nous entraîne dans les abîmes de la collaboration et de la mauvaise conscience française.
Est-ce que cela était difficile de se mettre dans la peau d'un salaud ?
Comme les acteurs aiment jouer les rôles des méchants car c'est plus excitant, plus jouissif, l'écrivain endosse avec satisfaction le rôle du méchant. Je n'aime pas trop les romans classiques, j'aime déstabiliser le lecteur et aller à rebours du schéma habituel. Cela me semblait intéressant de m'interroger sur pourquoi et comment un individu médiocre devient en temps de guerre dangereux.
Pourquoi cette couverture ?
La couverture est essentielle pour un livre. Je voulais travailler avec un graphiste Jean Raymond Hiebler et j'ai cherché longtemps parmi ses photographies une qui pourrait convenir. Jusqu'à ce que je tombe sur celle-ci, un faux photomaton d'époque représentant une femme vulgaire et aguicheuse en même temps. Elle attire le regard. Elle représenterait dans le roman la fille assassinée, Marguerite.
Pourquoi finir sur le personnage de Julie alors qu'elle n'est pas le personnage principal du livre ?
Quand je commence à écrire, je ne sais pas comment le roman se termine. Je laisse la structure et les personnages me guider, se mettre en place et faire le choix de composition.
Jean-Baptiste Del Amo auteur de Règne animal chez Gallimard :
Présentation de l'éditeur :
Règne animal retrace, du début à la fin du vingtième siècle, l’histoire d’une exploitation familiale vouée à devenir un élevage porcin. Dans cet environnement dominé par l’omniprésence des animaux, cinq générations traversent le cataclysme d’une guerre, les désastres économiques et le surgissement de la violence industrielle, reflet d’une violence ancestrale. Seuls territoires d’enchantement, l'enfance – celle d’Éléonore, la matriarche, celle de Jérôme, le dernier de la lignée – et l’incorruptible liberté des bêtes parviendront-elles à former un rempart contre la folie des hommes?
Règne animal est un grand roman sur la dérive d’une humanité acharnée à dominer la nature, et qui dans ce combat sans pitié révèle toute sa sauvagerie – et toute sa misère.
Pourquoi évoquer plusieurs générations ?
J'ai voulu effectuer un travail ainsi sur la thématique du passage du temps et la façon dont la violence se transmet de génération en génération.
Vous êtes végétalien et vous en parlez dans le roman. Selon vous le roman peut-il faire changer les hommes ?
Non je n'ai pas cette ambition. La littérature n'a pas pour vocation d'imposer une morale mais plutôt de mettre face à ses situations pour que l'on se pose des questions. Je me suis servi du lieu pour porter un message mais la fiction est avant tout le lieu de questions. Ce qui m'intéresse est plus la condition humaine que la condition animale.
Pourquoi autant de sexualité dans ce roman ?
Il y en a dans tous mes livres car la sexualité est un des grands questionnements de l'existence, c'est quelque chose qui nous lie, nous habite et construit notre identité. Elle constitue l'être humain.