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311 résultats pour “itinéraire d'enfance

Les petites épiceries de mon enfance de Lee MEKYEOUNG

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

""Essaie de vivre la vie comme elle vient" : je veux suivre ce conseil donné par mon père et mener une vie tranquille et ordinaire, à mon image et à l'image de es épiceries modestes et simples."

Alors qu'elle attendait son deuxième enfant, l'auteure déménage au fin fond de la commune de Toechon, dans le province de Gyeonggi. En se promenant dans le village de Gwaneum, elle tombe sous le charme d'une petite épicerie, attirée par cette beauté discrète qui s'ignore. Vingt ans plus tard, elle parcourt toujours le pays pour s'arrêter devant les petites épiceries, les prendre en photo pour les peindre ensuite, minutieusement. Dans ce recueil, elle nous livre ces merveilles, émaillée de brèves chroniques.

A travers textes et peintures, elle rend aussi hommage aux êtres modestes et simples qui vécurent avec nous à une époque donnée. Rares sont les épiceries qui survivent au fil des années. "Faisons attention aux choses qui nous entourent et qui nous sont familières. Peut-être leurs angles usés et arrondis par le temps cachent-ils une beauté que rien ne pourra remplacer ? En les observant attentivement, on peut y percevoir les traces du temps et de la douleur de la vie. Tel est le chemin qui mène à ces petites épiceries dans ma mémoire, elles qui suscitent en nous un bonheur attendrissant chaque fois que nous tournons au coin de la rue."

Dessiner toutes ces petites épiceries avant qu'elles ne disparaissent, devient ainsi comme une urgence et justifie son art. En les peignant, elles s'inscrivent dans la durée et continuent à vivre à travers l'oeuvre de l'auteure.

Avec délicatesse et modestie, Lee Mekyeoung nous invite à faire attention aux choses et à réfléchir à ce qui disparait tous les jours dans nos quartiers au nom du développement et du progrès. Chaque peinture est comme un fragment de bonheur, un hommage touchant à la vie qui passe, un souvenir éclatant dans le ciel de l'édition. 

 

Présentation de l'éditeur : Picquier

D'autres avis : Chinouk

 

Les petites épiceries de mon enfance, LEE Mekyeoung, traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Lucie Modde, Editions Philippe Picquier, octobre 2018, 208 p., 26.50 euros

Merci à l'éditeur !

Publié dans Littérature Asie

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Déception et abandon du mois

Publié le par Hélène

Roald DAHL Moi boy, souvenirs d'enfance

Roald Dahl raconte ses années d'enfance, les différentes écoles fréquentées, mettant en avant quelques anecdotes marquantes. Dans chaque établissement fréquenté, il insiste sur  les maltraitances rencontrées : « J’ai été horrifié par ce privilège accordé aux maîtres et aux grands élèves d’infliger des blessures, parfois très graves, à de jeunes enfants. Je ne pouvais pas m’y habituer. Je n’ai jamais pu. » p 117

J'ai de fait regretté qu'il n'insiste pas plus sur ses amitiés, sur sa famille. Je m'attendais de plus à un récit plus humoristique que cela.

Lu par un de mes élèves de 3ème qui a bien accroché au début, s'identifiant au narrateur, mais finalement à la moitié du livre, a perdu le fil.

François PLACE Le vieux fou de dessin

Quatrième de couverture : Il était une fois au Japon, au cœur du XIXe siècle, un petit vendeur des rues, nommé Tojiro. Le jeune garçon rencontre un jour un curieux vieil homme. C'est Katsushika Hokusai, le vieillard fou de dessin, le plus grand artiste japonais, le maître des estampes, l'inventeur des mangas. Fasciné par son talent, Tojiro devient son ami et son apprenti, et le suit dans son atelier…

Mon avis : je trouvais intéressant de faire découvrir Hokusaï aux plus jeunes, mais ce petit roman est un peu trop expéditif à mon goût, ne permettant pas de s'attacher au narrateur ni au peintre.

Mon élève, en 3ème également, a eu la même impression. Passionnée par le dessin de mangas, elle a été déçue. Néanmoins, cela a eu le mérite de lui faire découvrir Hokusaï qu'elle ne connaissait pas du tout. Le livre est plus adapté à un enfant de 9 ans qu'à une adolescente de 14 ans.

Truites et cie et John GIERACH

Les chroniques de ce recueil nous immerge dans le monde des pêcheurs à la recherche du meilleur emplacement, de la meilleur mouche, technique. De fait, si on ne s'intéresse pas vraiment à la pêche il est difficile de se concentrer sur ces histoires. Il me semble que j'avais déjà tenté la lecture de cet auteur avec le même résultat (ICI) : un manque d'intérêt prégnant !

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Eté de Mons KALLENTOFT

Publié le par Hélène

                                                ete-mons-kallentoft.jpg

 ♥ ♥

Un roman policier efficace 

  L’auteur :

 Mons Kallentoft est né en 1968 en Suède. Journaliste et auteur, il a déjà publié cinq romans qui ont reçu de nombreux prix. Été est le deuxième volume de la tétralogie des Quatre Saisons. Le premier, Hiver, est disponible en Points.

 L’histoire :

Linköping se consume sous le soleil brûlant. C’est l’été du siècle en Suède. De quoi perdre la raison, pense l’enquêtrice Malin Fors. Une adolescente est retrouvée nue dans le parc municipal, hagarde ; une autre, assassinée. Seul point commun : une peau irréellement propre. Pervers prudent ou rituel de nettoyage ?

 Ce que j’ai aimé :

 Les problématiques mises en place liées au délitement de la société apportent au roman une profondeur sociologique, psychologique : les prégugés sexistes et racistes se taille une part du lion dans un pays surtout connu pour son image lisse de société idéale...

 Mons Kallentoft évoque ici encore, comme dans son précédent opus Hiver l’influence des traumas de l’enfance sur les êtres et met en lumière les séquelles que peut laisser en l'être humain une enfance violente ou traumatisante.  

L'auteur s'ingénue à laisser des parts obscures dans l'histoire, il laisse des questions en suspens comme pour mieux souligner les pouvoir puissant de l'imagination capable de combler les vides et d'apporter des réponses partielles...

 Ce que j’ai moins aimé :

- L’appellation du « Mal » pour désigner le tueur est un peu trop manichéenne et grandiloquente à mon goût...

 - La quatrième de couverture dévoile un élément de l'intrigue qui ne se produit pourtant que dans la dernière partie du roman.

 Premières phrases :

 « Je ne vais pas te tuer, mon ange d’été, je vais seulement t’aider à renaître.

Tu dois retrouver la pureté de l’innocence. La saleté des vieilles histoires doit être évacuée, le temps doit se trahir et il ne doit rester que le bien. »

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Hiver

 D’autres avis :

Kathel Canel, Cathulu Emeraude Paul Arre ; Clara http://fibromaman.blogspot.fr/2012/05/mons-kallentoft-ete.html

 Presse : Télérama  

 

Eté, Mons Kallentoft, traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss, Le serpent à plumes,  2010, 440 p., 24 euros

POCHE : Eté, Mons Kallentoft, traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss, Points, mai 2012, 408 p., 7.60 euros

 12 d'Ys

challengeQuatreSaisons

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Le plus et le moins de Erri DE LUCA

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Les livres ne redoublent pas l'épaisseur des murs, ils l'annulent au contraire. A travers les pages, on voit dehors." (L'espace de personne)

Dans ces 37 petits chapitres autobiographiques, Erri De Luca évoque les thèmes qui lui sont chers comme l'enfance dorée et innocente, l'amour de la montagne mais aussi l'engagement politique, ...

Né dans les années 50 l'auteur a vécu de l'intérieur les bouleversements de son siècle, s'engageant toujours du côté des opprimés pour lutter à corps perdu contre l'injustice. Dans On ne loue pas aux Napolitains notamment, il évoque le sort des émigrés et les fausses promesses qui les précèdent :

"On m'avait dit qu'à New York les rues étaient pavés d'or. Quand je suis arrivé, j'ai aussitôt vu trois choses : la première, qu'il n'y avait pas d'or dans les rues ; la deuxième, qu'elles n'étaient même pas pavées ; la troisième, que c'était moi qui devrais les paver." 

Pourtant, chaque homme sur terre devrait se pencher sur le sort de ses contemporains, puisque tous, nous sommes des étrangers sur la surface de la terre. La fraternité est une valeur essentielle dans ce monde difficile physiquement et moralement, et il est du devoir de chacun de se révolter contre des situations inconcevables :

"IL EST DANGEREUX DE SE PENCHER AU-DEHORS, dit l'écriteau officiel des temps modernes. Il est nécessaire de le faire." (Pour un guide d'escalade)

Ces textes sont courts, évocateurs, mais essentiels. Parce que l'écriture est essentielle, comme pour ces femmes qui se racontent la guerre pour la réduire à une histoire. Il est important de se raconter des histoires, tant les récits recèlent des pouvoirs magiques.

Erri De Luca ne dit rien, il raconte seulement le temps qui passe, les souvenirs d'enfance, les souvenirs de lutte, mais entre les lignes émerge un monde dense et riche aux valeurs essentielles. Sa puissance d'évocation révèle tout son talent !

 

Présentation de l'éditeur : Gallimard

D'autres avis : Les échos ; Babélio 

Du même auteur Trois chevaux   ;  Le jour avant le bonheur  Le contraire de un  ; Le poids du papillon En haut à gauche  ;  Montedidio  ; La parole contraire

 

Le plus et le moins, Erri De Luca, traduit de l'italien par Danièle Valin, Gallimard, 2016, 208 p., 14.50 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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Stupeur et tremblements de Amélie NOTHOMB

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Amélie-san ayant vécu au Japon dans son enfance, décide de revenir dans ce pays fantasmé pour y travailler. Elle est alors embauchée dans la firme Yumimoto, en qualité d'interprète. Malheureusement cette expérience s'avère difficile, ne maitrisant pas les codes de la culture, elle multiplie les maladresses et chacune des tâches qu'on lui assigne se solde par un échec. Pourtant, Amélie-san ne se décourage pas, fascinée par Fumuki, sa supérieure hiérarchique, à la beauté parfaite, elle tente de mener à bien ses missions...

Dans ce roman autobiographique, Amélie Nothomb se concentre sur l'entreprise japonaise, les relations régies par une hiérarchie stricte, un système d'avancement long et contraignant, un dévouement pour l'entreprise, quitte à laisser sa vie personnelle de côté comme Fukumi :

« Non : s’il faut admirer la Japonaise – et il le faut -, c’est parce qu’elle ne se suicide pas. On conspire contre son idéal depuis sa plus tendre enfance. On lui coule du plâtre à l’intérieur du cerveau : « Si à vingt-cinq ans tu n’es pas mariée, tu auras de bonnes raisons d’avoir honte », « si tu ris, tu ne seras pas distinguée », « si ton visage exprime un sentiment, tu es vulgaire », « si tu mentionnes l’existence d’un poil sur ton corps tu es immonde », « si un garçon t’embrasse sur la joue en public, tu es une putain », « si tu manges avec plaisir, tu es une truie », « si tu éprouves du plaisir à dormir, tu es une vache », etc. Ces préceptes seraient anecdotiques s’ils ne s’en prenaient pas a l’esprit. »

Plus largement, l'innocence d'Amélie donne lieu à des situations cocasses liées à la différence de culture :

"- Ce qui est certain, c'est que si on en parle pas, il n'y a aucune chance de régler le problème.
- Ce qui me paraît encore plus certain, c'est que si on en parle, il y a de sérieux risques d'aggraver la situation. "

La personnalité attachante de Amélie-San permet de présenter des situations graves, humiliantes, avec humour, à passer outre les orages dégradants grâce à un esprit libre et fantasque.

"La fenêtre était la frontière entre la lumière horrible et l'admirable obscurité, entre les cabinets et l'infini, entre l'hygiénique et l'impossible à laver, entre la chasse d'eau et le ciel. Aussi longtemps qu'il existerait des fenêtres, le moindre humain de la terre aurait sa part de liberté. "

Un roman original qui marque les débuts en littérature d'Amélie Nothomb.

Grand Prix du roman de l’Académie française en 1999.

 

Du même auteur : Frappe toi le coeur

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La ballade du calame d'Atiq RAHIMI

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Une méditation sur ce qui reste de nos vies quand on perd sa terre d’enfance."

Atiq Rahimi livre en ces pages un portrait intime de son parcours en évoquant son exil, sa vie, son errance lui qui est "né en Inde, incarné en Afghanistan et réincarné en France". Ecrivain en mal d'inspiration, il évoque la difficulté de trouver ses marques dans son exil, et la nécessité de revenir vers ses origines qui l'ont construit pour mieux appréhender le présent. 

"Quand tu te perds dans un désert, disent les sages africains, cherche plutôt la trace des pas d'où tu viens.

L'origine est un repère, et non pas le but ni la fin." p. 59

Or quand les mots font défaut, l'auteur dessine avec ce calame, fin roseau taillé en pointe dont il se servait enfant pour tracer des lettres calligraphiées. La calligraphie a une immense influence sur sa vie, cet art a bercé son enfance. Lorsqu'il était élève à Kaboul, il devait déjà recopier des lettres divines que le jeune homme se plaisait déjà à déformer. Plus tard, quand l'inspiration fuyait, quand les mots se dérobaient le dessin, la calligraphie suppléait à ce silence intérieur. Il créera ainsi des callimorphies, dessins au fusain et au calame combinant la technique calligraphique perse et la gestuelle propre à la calligraphie japonaise, représentant des corps de femmes posés sur des lettres et des lettres sur les corps.

"En Chine, la calligraphie est en soi une religion, une spiritualité, parce que l'artiste, selon le grand maître François Cheng, "cherche à rejoindre l'immense par l'infime et à donner par là une présence à l'invisible."

Ou, comme confie Fabienne Verdier dans son entretien avec le sage Charles Juliet, c'est en pratiquant la calligraphie chinoise qu'elle a appris à peindre "la non-existence des choses"." p. 117

Essai autobiographique, réflexion sur l'exil, sur l'art et la calligraphie, La Ballade du Calame nous convie dans l'univers de cet auteur touchant dans ses hésitations. 

 

Présentation de l'éditeur : Editions Iconoclaste 

Du même auteur :  Terre et cendres Syngué sabour, pierre de patience

D'autres avis : Jostein 

 

 

La ballade du Calame, Atiq Rahimi, L'iconoclaste, août 2015, 185 p., 18 euros 

 

 

La maison de la poésie à Paris propose une exposition jusqu'au 25 octobre "Atiq Rahimi - "Callimorphies"" et une performance autour de cet essai le 10 octobre 2015 à 19h  

 

Maison de la Poésie

Passage Molière
157, rue Saint-Martin - 75003 Paris
M° Rambuteau - RER Les Halles

 

Infos et réservations

tél : 01 44 54 53 00
du mardi au samedi de 15h à 18h

accueil@maisondelapoesieparis.com

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Le blé en herbe de COLETTE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Deux adolescents parisiens, Phil, 16 ans et Vinca, 15 ans passent leur été dans la même maison familiale au bord de la mer en Bretagne. Ils découvrent l'évolution de leurs sentiments et désir, prenant conscience que cet été marquera la frontière entre enfance et adolescence. Phil rencontre une dame plus âgée et noue avec elle une relation charnelle, tandis que, dans l'ombre Vinca prend peu à peu conscience de son pouvoir d'attraction.

Rappelons que dans le contexte de l'époque - ce roman ayant été publié en 1923 - l'initiation sexuelle de deux adolescents était un sujet tabou. Tout est suggéré avec subtilité, en filigrane apparait peu à peu la perte du monde doré et innocent de l'enfance au profit d'une certaine forme de gravité liée à l'âge adulte, empli de compromis complexes.

"Je crève, entends-tu, je crève à l'idée que je n'ai que seize ans ! Ces années qui viennent, ces années de bachot, d'examens, d'institut professionnel, ces années de tâtonnements, de bégaiements, où il faut recommencer ce qu'on rate, où on remâche deux fois ce qu'on n'a pas digéré, si on échoue... Ces années où il faut avoir l'air, devant papa et maman, d'aimer une carrière pour ne pas les désoler, et sentir qu'eux-mêmes se battent les flancs pour paraître infaillibles, quand ils n'en savent pas plus que moi sur moi... "

En toile de fond, la Bretagne et ses paysages changeants eux aussi, la mer comme refuge annuel synonyme d'habitude et de sécurité, mais aussi la mer violente et surprenante...

"Une éclaircie retint l'averse dans la nue, entrouvrit au-dessus de l'horizon une plaie lumineuse, d'où s'épanouit un éventail renversé de rayons, d'un blanc triste. "

Présentation de l'éditeur : J'ai Lu

Du même auteur : Sido et les vrilles de la vigne ♥ ♥ ♥ ♥

Publié dans Littérature Europe

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L'odeur du café de Dany LAFERRIERE

Publié le par Hélène

"Da boit son café. J'observe les fourmis. Le temps n'existe pas." p. 16

Le narrateur, petit garçon, évoque ses vacances passées à Petit-Goâve aux côtés de sa grand-mère, Da. Ses souvenirs d'enfance oscillent entre jeux entre camarades, discussions enflammées avec les voisins, maladies qui le clouent au lit, mais surtout observation avide de tout ce qui l'entoure et crée un univers qui résonnera à jamais par la suite dans son âme d'adulte.

"La mer
Je n’ai qu’à me tourner pour voir un soleil rouge plonger doucement dans la mer turquoise. La mer des Caraïbes se trouve au bout de ma rue. Je la vois scintiller entre les cocotiers, derrière les casernes.

La bicyclette rouge
Cet été encore, je n’aurai pas la bicyclette tant rêvée. La bicyclette rouge promise. Bien sûr, je n’aurais pas pu la monter à cause de mes vertiges, mais il n’y a rien de plus vivant qu’une bicyclette contre un mur. Une bicyclette rouge. "

L'auteur dit avoir écrit ce livre pour :

"Ne jamais oublier cette libellule couverte de fourmis.

Ni l'odeur de la terre.

Ni les pluies de Jamel.

Ni la mer derrière les cocotiers.

Ni le vent du soir.

Ni Vava, ce brûlant premier amour.

(...)

Mais j'ai écrit ce livre surtout pour cette seule scène qui m'a poursuivi si longtemps : un petit garçon assis aux pieds de sa grand-mère sur la galerie ensoleillée d'une petite ville de province."

"Je fuyais l’hiver montréalais en remontant le cours de ma mémoire jusqu’à la source chaude de mon enfance. Je quittais aussi le bruit et la fureur que génèrent les métropoles nord-américaines pour me réfugier, au pied de ma grand-mère, sur cette petite galerie de Petit-Goâve. Comme il m’était difficile, à l’époque, de songer à vivre en Haïti avec ma famille, je me suis arrêté à Miami. On a trouvé la maison, dans un quartier tranquille de la ville, devant laquelle j’ai tout de suite planté un bougainvillier. Puis j’ai posé ma machine à écrire en face de la fenêtre qui donne sur la cour. Je n’avais qu’à allonger le bras pour caresser les feuilles de l’arbre qui se trouvait dans l’embrasure de ma fenêtre et dont le vent dans les feuilles faisait une musique qui me berçait à l’heure de la sieste. C’est dans un moment pareil que surgit le visage à la fois doux et ridé de ma grand-mère qui me souriait et, tout à coup, un grand soleil illumina la pièce. C’est pour la garder plus longtemps avec moi que je me mis à écrire L’Odeur du café. Cette odeur s’était infiltrée dans tous les recoins de mon enfance. Chaque matin, à Miami, je partais faire le tour du petit lac, pas loin de chez moi, en tentant de ramener au retour quelques images lumineuses d’une époque magique. Je revenais parfois bredouille, d’autres fois avec une pêche miraculeuse. J’avançais par petites touches. Un matin j’essayais de faire remonter à la surface tout le bruit de la rue Lamarre un samedi matin. Quelques jours plus tard, je décrivais la maison, le 88, où je vivais avec ma grand-mère, quelques tantes et mon chien. Puis ce fut la galerie où nous passions le plus clair de notre temps. Cette galerie, je la connaissais bien. Je pouvais me rappeler tout ce monde si grouillant mais invisible aux yeux des adultes qui s’y agitait. Ma grand-mère buvait constamment du café. Comment restituer de tels moments en apparence si naïfs, mais plutôt complexes quand on y plonge ? J’ai décidé de ne plus chercher une forme particulière, mais de permettre à cette montagne de détails et d’émotions de trouver sa forme définitive. La réalité impose son style. Je me mets dans l’ambiance de mon enfance et j’essaie d’écrire sans faire attention aux mots. En fait, je n’écris pas, je peins. Tout en rêvant de l’art de ces peintres naïfs dont les tableaux aux traits parfois grossiers et aux couleurs chatoyantes dégagent une énergie si primitive qu’on oublie tout esprit critique pour vivre le moment. Pour ma part, je souhaite que le lecteur cesse de lire pour traverser la page et venir flâner dans les rues de Petit-Goâve. Je suis sûr que si ses pas l’amènent à la rue Lamarre, Da lui offrira une tasse de café pour fêter les vingt-cinq ans de L’Odeur du café, le roman de son petit-fils. Il me trouvera sur la galerie, toujours fasciné par l’agitation des fourmis. Le temps n’existe pas. Et l’éternité guette Da."Dany Laferrière

 

Hommage touchant à une enfance simple entourée d'amour, ces scènes de vie nous rappellent combien les souvenirs d'enfant sont précieux...

 

Présentation de l'éditeur : Zulma

D'autres avis : Repéré chez Yves ; Télérama ; Nadael  nous parle de la version jeunesse ; Papillon ;

 

L'odeur du café, Dany Laferrière, Zulma, mai 2016, 240 p., 9.95 euros

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Cold in hand de John HARVEY

Publié le par Hélène

                                           cold in hand

 ♥ ♥ ♥ 

 

 

L’auteur :

 

John HARVEY est un écrivain britannique. Après avoir commencé sa carrière d’écrivain en publiant des pulps (des policiers et beaucoup de westerns), il lance écrit en 1989 un roman mettant en scène un policier d’origine polonaise du commissariat de Nottingham du nom de Charles Resnick. C’est le début de la célébrité. Son éditeur lui demande d’en faire une série. 10 aventures vont se succéder au rythme d’un roman par an entre 1989 et 1998. Resnick est un personnage très attachant, amateur de sandwiches, de jazz et de chats (il en a 4 avec des noms de jazzmen célèbres : Bud, Pepper, Dizzy et Miles) qui vit à Nottingham. (Source Wikipédia)

 L’histoire :

 Le jour de la Saint Valentin, Lynn Kellog, collègue et compagne de Charles Resnick, répond à un appel du central et se rend seule sur les lieux d’une rixe entre gangs rivaux. Une adolescente est tuée, Lynn est seulement blessée mais le père de la victime accuse Lynn d’avoir utilisé sa fille comme bouclier humain. Simultanément, l’enquête que menait Lynn sur une affaire d’homicide (le meurtre d’une jeune femme immigrée travaillant dans le monde interlope de Nottingham) s’enfonce dans une impasse : l’un des deux principaux témoins a disparu, alors que l’autre, craignant pour sa vie, refuse de parler.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Le personnage de Charles Resnick  est toujours aussi émouvant : amoureux du jazz et de Lynn, il profite pleinement des instants miraculeux que lui offre la vie, toujours prêt à foncer tête baissée pour défendre sa belle. Les autres personnages sont tout aussi bien campés et chacun croit fermement à la cause qu’il défend.

-          Les intrigues sont subtilement menées et mêlées.

-          Enfin, John Harvey nous offre une image bigarrée de Nottingham, cette ville qu’il veut représentative du Royaume-Uni, avec sa violence toujours sous-jacente.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Les scènes de bonheur conjugal entre Charles et Lynn ont eu tendance à m’énerver, mielleuses à la limite du sirupeux, jusqu’à ce qu’elles prennent tout leur sens dans la deuxième partie du roman.

 

Premières phrases :

 

«  C’était ce moment étrange, ni jour ni nuit, ni même véritablement le crépuscule, ù la lumière commençait à décliner, les phares de quelques automobilistes trop prudents allumant un reflet pâle, fugace, sur la surface luisante de la route, l’itinéraire le plus direct pour regagner la ville. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Coeurs solitaires

Autre : Ténèbres, prenez-moi par la main de Dennis LEHANE

 

 

Cold in hand, John HARVEY, Traduit de l’anglais par Gérard de CHERGE, Rivages thriller, octobre 2010, 364 p., 20 euros

 

 

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Jean-Marc, Yann (Moisson noire) ont également aimé.

 

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Publié dans Roman policier Europe

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En haut à gauche de Erri DE LUCA

Publié le par Hélène

                                                    en-haut-a-gauche.JPG

 ♥ ♥ ♥

  « Il y a toujours un saint en sentinelle pour une enfance silencieuse. » (p. 83)

 

L’auteur :

 

D'origine bourgeoise, il est destiné à une carrière de diplomate. Il s'y refuse, rompt avec sa famille et en 1968, embrasse le mouvement de révolte ouvrière. Il intègre le mouvement d'extrême gauche : Lotta continua, dont il sera dirigeant de la fin des années soixante au début des années soixante-dix.

Il multiplie les métiers manuels : ouvrier spécialisé chez fiat à Turin, manutentionnaire à l'aéroport de Catane, maçon en France et en Afrique, conducteurs de camions.
Bien qu'il se dise athée, il lit quotidiennement la bible et a appris l'hébreu ancien pour pouvoir lire et traduire les textes sacrés.

C'est un passionné d'alpinisme, sujet sur lequel il a écrit de nombreux articles..
Pendant la guerre de Yougoslavie, il s'engage comme conducteur auprès d'une association humanitaire, et convoie des camions de ravitaillement en Bosnie.

Bien qu'il ait commencé à écrire à l'âge de vingt ans, son premier livre ne paraît qu'en 1989, et obtient le prix Femina en 2002.

Il collabore au Matino, principal journal napolitain et à d'autres périodiques La republica, il manifesto).
Il vit actuellement près de Rome. (Source : babélio)

 

L’histoire :

 

 Publié en 1994, le recueil de nouvelles En haut à gauche semble contenir en germe nombre de livres à venir d’Erri De Luca. C’est d’abord l’enfance napolitaine, des pêcheurs taciturnes, une nature découverte avec l’école buissonnière. Puis, souvent d'inspiration autobiographique, de courts récits mettent en scène les années d’initiation ouvrière : le narrateur est né en bourgeoisie, il s'éveille à la solidarité des exploités. Surgissent des souvenirs de lutte, de sauvetages amoureux. Partout, le sacré. Erri De Luca excelle à transmettre la beauté des corps et des objets, la chair du monde et des livres. Chaque expérience devient une source d'enseignement que les mots viennent prolonger. (Source : Editeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Dans un style inoubliable et avec la sensibililté accrue qu'on lui connaît, Erri de Luca évoque son enfance puis le passage à l'âge adulte : l’école buissonnière, la solidarité entre les élèves, les leçons des grands maîtres que l’on admire et dont on retient les leçons, pour plus tard, quand on aura suffisamment mûri pour les recevoir, les petits métiers qu’il faut bien faire pour survivre, même s’ils sont ingrats, puis la guerre dont on ne se remet jamais totalement, les femmes qu’il est tellement difficile de garder, les dialogues avec le père, ses mots, ce qu’il a cherché à transmettre à son fils, ce qui les unit et les réunit pour l’éternité, au-delà de  la mort …

  Mais Erri de Luca chante aussi  l’amour de la montagne, de cette masse naturelle fascinante et sauvage, et, encore et toujours, l’amour des livres qui permettent ce partage lumineux d’une vie et de ses éclats…

  « Tu auras à nouveau tes livres, le seul endroit où l’expérience que l’on fait dans le monde trouve des mots d’accompagnement. » (p.115)

 « Ils connaissaient mes peines, mes besoins, mes mécontentements. En chacun d'eux il y avait une phrase, une lettre qui n'avait été écrite que pour moi. Ils ont été la vie seconde, qui apprend à corriger le passé, à lui donner une présence d'esprit qu'alors il n'eut pas, à lui donner une autre possibilité. Les livres sont des maîtres pour les souvenirs, ils les font marcher. Je les ai lus entièrement, je n'en ai laissé aucun à moitié, pour décevant ou présomptueux que fût un livre je l'ai suivi jusqu'à la dernière ligne. Parce que c'était beau pour moi de tourner la page lue et de porter mon regard en haut à gauche, là où l'histoire continuait. J'ai toujours tourné très vite la feuille pour reprendre à cette première ligne, en haut à gauche. » (p.118)

 Un très beau recueil

 

Ce que j’ai moins aimé :

   - Rien

 Premières phrases :

 « Durant une courte période de la scolarité j’évitai tout contact avec la physique. Je n’avais pas encore mes objections actuelles, je ne demandais pas de laisser en paix l’atome, lui qui suivant son intention originelle voulait être indivisible. Le terme consacré par Démocrite était une invitation au respect de la limite. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Trois chevaux  Le jour avant le bonheur , Le contraire de un  ; Le poids du papillon

Autre : de Mario RIGONI STERN Les saisons de Giacomo ; Hommes, bois, abeilles

 D’autres avis :

Presse : Libération ; Le matricule des anges

 En haut à gauche, Erri De Luca, traduit de l’italien par Danièle Valin, Folio, 2012, 128 p., 5.49 euros

   

Publié dans Littérature Europe

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