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311 résultats pour “itinéraire d'enfance

Shutter island de Dennis LEHANE

Publié le par Hélène

                                   

♥ ♥ ♥

"Au fond, tout est dans l’œil de celui qui regarde."

 

 L'auteur :

 

 Dennis Lehane est né en 1966 à Dorchester dans le Massachusetts.  Après des études à Boston, il part à l'université internationale de Floride. Tout en écrivant son premier livre (Un dernier verre avant la guerre), il vit de métiers divers (livreur, libraire, chauffeur). C'est également un ancien éducateur qui travaillait dans le secteur de l'enfance maltraitée. Ce thème reste très présent dans la majorité de ses œuvres.

Il vit aujourd'hui à Boston. Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues.

 

L'histoire :

 

Le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule ont été appelés sur Shutter Island, île abritant un hôpital psychatrique, car l'une des patientes de l'hôpital, Rachel Solando, a disparu.

Leur enquête commence alors, peu évidente : comment la patiente a -t-elle pu s'enfuir de sa cellule, fermée de l'extérieur ?

 Ce que j'ai aimé :

 

Il s'agit d'un roman policier à forte teneur psychologique. Non seulement parce que l'enquête se déroule dans le milieu psychatrique, mais aussi parce que chaque personnage est doué d'une profondeur psychologique saisissante...

 Les êtres sont bien plus complexes qu'ils ne le semblent au premier abord, et si cette thèse est l'une de celle qui fait l'intérêt des romans de Dennis Lehane, ici, elle est menée à son paroxysme...

 Ce roman policier est absolument original, je n'en connais pas d'équivalent.

 Non seulement l'intrigue est trépidante, mais les personnages sont passionnants, des romans à eux seuls. Le marshall est un être marqué par la guerre en Europe, par les camps, par la perte de sa femme, il est un homme qui voue sa vie aux autres pour oublier quelques instants la sienne. Et pourtant, il est impossible de renier totalement celui que l'on est ...

 "Au fond, c'est pareil qu'une voiture. Un engrenage se grippe, un boulon casse et tout le système se détraque. Vous croyez qu'on peut vivre avec ça ? (Il se tapota la tempe.) Tout est enfermé là-dedans et y a pas moyen d'y accéder. Vous, vous contrôlez pas grand-chose, mais votre esprit, lui, il vous contrôle, pas vrai ? Et s'il décide un jour de pas aller au boulot, hein ? 

(...) Ben, vous êtes baisé."

 Un grand roman...

 

Ce que j'ai moins aimé :

 

- Il faut savoir que ce n'est pas un roman policier classique et qu'il pourrait en déranger certains. Si vous êtes "Borderline", passez votre chemin...

 

 Premières phrases :

 

     " Le père de Teddy Daniels était pêcheur. Il dut céder son bateau à la banque en 1931 - Teddy avait onze ans à l'époque -, et il passa le reste de sa vie à trimer sur le bateau des autres quand ils avaient du travail à lui proposer, à décharger des marchandises sur les docks quand ils n'en avaient pas ou, lorsqu'il était rentré à la maison vers dix heures du matin, à demeurer de longs moments affalés dans un fauteuil, en contemplation devant ses mains, les yeux écarquillés et le regard sombre, marmonnant tout seul de temps à autres."

 

 Vous aimerez aussi :

 

 Du même auteur :  Ténèbres, prenez-moi par la main de Dennis LEHANE Gone, Baby, Gone de Dennis LEHANE 

Moonlight Mile de Dennis LEHANE

Autre :  Roman policier américain

 

Shutter island, Dennis LEHANE, traduit de l'américain par Isabelle Maillet, Rivages thriller, septembre 2009, 8.14 euros

 

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Le ciel se trouve sur terre de Ake EDWARDSON

Publié le par Hélène

                                                   ciel-se-trouve-sur-terre.jpg

   ♥ ♥ ♥

 

 L’auteur :

Åke Edwardson est né en 1953. Les Aventures d'Erik Winter ont été traduites dans plus de vingt langues; elles ont reçu des distinctions dans le monde entier, dont une nomination pour le Los Angeles Times Book Prize, et ont été adaptées pour la télévision (Présentation de l’éditeur)

 

 L’histoire :

Un climat d'angoisse éclipse à Göteborg les festivités de fin d'année. Tour à tour, des enfants sont enlevés quelques heures par un inconnu sans qu'aucun crime ne puisse être constaté. Alors qu'il enquête sur de violentes agressions touchant les étudiants, Erik Winter est sur le qui-vive. Jusqu'à ce que les deux affaires s'accélèrent brutalement... (Présentation de l’éditeur)

 

 Ce que j’ai aimé :

 Deux affaires aux allures étranges s’entremêlent dans ce nouvel opus des aventures de Erik Winter : la disparition momentanée d’enfants et l’agression d’étudiants dotés de cicatrices hors du commun par la suite. Pourquoi divers enfants racontent-ils être montés dans la voiture d’un homme qui les avait attirés avec des bonbons ? Disent-ils la vérité ou bien s’agit-il d’élucubrations d’enfants lovés dans des délires imaginatifs ? Et quels sont les liens entre ces étudiants agressés la nuit, et incapables de donner davantage de détails ?

 Ake Edwardson revient sur les blessures inoubliables de l’enfance, mais il pointe aussi les défaillances des jardins d’enfants, qui, par manque de personnel ne peuvent avoir l’œil partout alors que les pédophiles, eux, peuvent être à tous les coins de rue.

 Parallèlement, la vie domestique de Erik ronronne entre Angela et Elsa sa petite fille. Un nouvel opus passionnant des aventures de ce cher Erik Winter... 

 

 Ce que j’ai moins aimé :

-          Rien.

 

 Premières phrases :

« L’un des enfants se précipita du haut de son perchoir et atterrit dans le bac à sable, puis il éclata d’un rire bref. C’avait l’air amusant. Lui aussi voulait sauter, mais alors il lui faudrait sortir de la voiture, longer la grille et franchir le portillon pour grimper sur les barres jaunes et rouges. »

 

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Je voudrais que cela ne finisse jamais de Ake EDWARDSON ; Presque mort de Ake EDWARDSON

Autre : Roman policier nordique

 

Le ciel se trouve sur terre, Ake Edwardson, Traduit par Marie-Hélène ARCHAMBEAUD, 10/18, octobre 2012, 504 p., 9.10 euros

Série Erik Winter

 

1.      Danse avec l'ange, 2002/

2.      Un cri si lointain, 2003 /

3.      Ombre et soleil, 2004 /

4.      Je voudrais que cela ne finisse jamais, 2005 /

5.      Le ciel se trouve sur Terre, 2011 /

6.      Voile de pierre, 2006 /

7.      Chambre numéro 10, 2007

8.      Ce doux pays, 2007

9.      Presque mort, 2009

10.  Le dernier hiver, 2010

 

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La bicyclette rouge tome 2 Les roses trémières de Kim Dong Hwa

Publié le par Hélène

                                               bicyclette-rouge-tome-2.JPG

 ♥ ♥ ♥

  « Avec le temps, je réalise que ce n'est pas si mal de vieillir. On apprend à porter un regard plus indulgent sur la vie... »

 

L’auteur :

Kim Dong Hwa est un manhwaga coréen.

Il fait ses débuts dans l'illustration animalière en 1975, notamment pour les enfants. La qualité de son travail et de son dessin lui ont rapidement ouvert les portes de plusieurs maisons d'édition. Cela lui a permit de réaliser des histoires plus adultes, dont "La Bicyclette Rouge", qui lui valu beaucoup de succès.

Il est considéré en Corée comme l’un des plus brillants auteurs de sa génération ainsi que le créateur d'un genre de BD "adulte", à cause des thèmes qui y sont développés.

Ses principales séries sont "La Bicyclette Rouge", "Histoire couleur terre" (série terminée) et "Histoires de Kisaeng". Il est également l'auteur de 2 one shot : "La mal aimée" et "Les Nourritures de l'âme", édités tous les deux en 2008.

 L’histoire :

''Empruntez les nombreux chemins de campagne à la rencontre des habitants de Yahwari. Vous croiserez sûrement cette bicyclette rouge, celle du facteur, qui circule doucement en harmonie avec la nature''Avec la douceur de ces histoires courtes, Kim Dong Hwa est considéré comme l'un des plus talentueux auteur de manhwa dans le coeur des coréens.

 Ce que j’ai aimé :

 Ce petit village dans lequel se rend le facteur tous les jours est comme préservé du monde, à part, les habitants vivant dans une insouciance gagnée avec le temps. Leurs enfants sont partis, plus loin, à la ville, et ils attendent leurs visites avec impatience et bonheur, se réjouissant de retrouver leurs petits l’espace de quelques jours. Le reste du temps, ils se chamaillent, s’amusent, discutent de la vie, présente et de la vie passée et du plaisir d’être encore là, présent au monde et à la vie. Ces hommes et ces femmes nous offrent une belle réflexion sur la vieillesse, temps comme suspendu entre vie et mort, temps de l'épanouissement   :

« Dans ce village où il n’y a plus d’enfants, les anciens retombent en enfance à la première neige. Ils font des bonhommes de neige… Ils font de la luge… Et ils leur arrivent aussi de se chamailler comme des petits… » (p. 135)

 roses-tremieres-1.JPG

Quand deux vieillards partagent leurs rêves de jeunesse, ils esquissent une belle réflexion sur le bonheur : pour l’un il s’agissait de devenir extrêmement riche,  et pour l’autre de posséder un champ. A l’aube du grand saut, le deuxième a quelque peu changé son rêve :

 « Je me rends compte que j’ai un autre rêve depuis que j’ai vieilli. C’est de m’asseoir au soleil et de profiter de sa chaleur sans penser à rien. » (p. 52)

 Le facteur à la bicyclette rouge observe ce petit monde émerveillé, pleinement conscient de la chance qu'il a de connaître de tels grands sages...

  Ce que j’ai moins aimé :

   - Rien.

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : La bicyclette rouge tome 1 Yahuwari de Kim DONG HWA

 Autre : Manga, Manhwa

 

La bicyclette rouge tome 2 Les roses trémières de Kim Dong Hwa, Paquet, 2006, 13.50 euros 

   BD Mango bleu

 

Publié dans Manga - Manhwa

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TMLP Ta mère la pute de Gilles ROCHIER

Publié le par Hélène

                                           TMLP-Gilles-Rochier.jpg

♥ ♥

Prix révélation au festival d'Angoulême 2012

 

L’auteur :

 Son blog http://envraccity.wordpress.com/

 

L’histoire :

 

"On était une bande, égaré dans un quartier flambant neuf au début des années 70. Des terrains vagues, des bois, les routes pas encore finies d’être goudronnées. On faisait nos 400 coups. Il y avait les “plus grands” qui nous pourchassaient en mobylettes, pour nous en faire baver dans la forêt. On se chamaillait aussi avec les gamins des cités voisines. On se passait entre nous une compil K7 qu’on écoutait en boucle sur un gros poste. Il y avait des lieux qui avaient une aura de mystère, comme ce trou d’eau noire, dont on disait qu’il avait été formé par un avion venu se crasher. Il y avait aussi cet arrêt de bus qui nous terrifiait : la journée c’était notre point de départ vers le monde, vers Paris, mais le soir, surtout les derniers jours du mois, aucun d’entre nous n’y aurait jamais mis les pieds. La misère pousse à bien des extrémités et la rumeur voulait que pour boucler les fins de mois trop courtes, certaines femmes de la cité y passaient le soir... “Ta mère la pute”, faut pas croire, c’est pas sorti de nulle part comme expression.

Et puis il y a eu cette histoire avec la K7... et là, ça s’est mal passé."

tmlp2.jpg

 

Ce que j’ai aimé :

Cet album nous offre une vision tendre et crue de la banlieue, en montrant les mécanismes de la violence et de l'exclusion subtilement, par touches, sans avoir l’air d’y toucher, en évoquant ces cordes invisibles qui mènent au pire sans qu’on l’ait vraiment voulu. Ici, pas de pathos, pas de violence gratuite, tout est fondu dans le dessin en sépia.

Gilles Rochier a choisi de placer son récit au tout début des cités, quand l'optimisme était encore présent, quand ces lieux n'étaient pas encore des ghettos. Le regard neuf, innocent est respecteux pour ce monde en devenir... 

Il nous montre une forme de bonheur :

« Malgré tout ça, on vivait heureux pas riches pas beaux mais heureux. On fonctionnait et avançait avec des compromis on se démerdait en fait. »

Mais il s'agit dun bonheur qui peut basculer très facilement dans l'horreur, à cause d'un mot, d'un geste, d'un rien qui implose et détruit d'un souffle des vies linéaires. Car si la violence balbutie encore dans ces lieux utopiques, elle est pourtant sous-jacente, attendant son heure au fond des cours, affûtant ses armes en faisant les yeux doux à la misère sociale.

Entre enfance et adolescence, les personnages flirtent avec le danger et comprennent vite que tout ne finit pas avec des chansons. La simplicité du récit est là pour nous rappeler que le passage à l'âge adulte est souvent cruel...

 

Ce que j’ai moins aimé :

A mes yeux, cette bande dessinée était trop courte, pas assez scénarisée, je l'ai lu en quinze minutes…

De plus, je n'ai pas vraiment accroché aux dessins, question de goût sans doute...

 

D’autres avis :

Pénélope Bagieu

 David ; Oliv' ; Yvan ;

 

TMLP, Ta mère la pute, Gilles Rochier, 6 pieds sous terre éditions, 2011, 16 euros 

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 BD Mango bleu

Top-bd-2012

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Emily de Stewart O’NAN

Publié le par Hélène

emily

♥ ♥ ♥

 "Se pouvait-il que, même pour les gens d’âge mûr, la vie soit ainsi – déconcertante, inattendue, inconnue?" (Virginia Woolf)

  

L’auteur :

 

Stewart O’Nan est né en 1967 à Pittsburgh. Il a notamment publié aux Éditions de l’Olivier : Des anges dans la neige (1997), Un monde ailleurs (2000) ou Chanson pour l’absente (2010). Aussi virtuose dans le roman noir, la fiction pop que dans les récits plus intimistes, il consacre toute son œuvre à dépeindre la face cachée du rêve américain, celle du quotidien, des actes et des lieux ordinaires, cette vraie Amérique loin de ses propres légendes.

 

L’histoire :

 

Dans la vie d’Emily, il y a eu les repas animés, la ronde des jours et des choses à faire. Aujourd’hui, Emily est veuve. Ses enfants sont loin. Sa belle-sœur, Arlene, lui tient compagnie. Elle aime la musique classique, les musées, les petits déjeuners copieux du Eat’n Park. Sa santé est bonne. Elle ne manque de rien. À 80 ans, le temps rétrécit mais il semble infini.

 

Ce que j’ai aimé :

 

Emily est un roman tendre, doux, ouatiné, tranquille à l'image de son héroïne éponyme, une femme veuve de 80 ans qui considère sa vie quotidienne tempérée avec tendresse et sagesse. Ne nous y trompons pas : Emily est une vieille femme qui refuse de capituler devant la mort et qui ne souhaite pas attendre les bras croisés que la belle faucheuse vienne la chercher. Elle décide donc de reprendre ses derniers moments en main et d'achèter une nouvelle voiture pour gagner en autonomie et pourquoi pas, partir en virée avec sa copine Arlène… Elle rêve également devant une maison proche de celle de son enfance, elle fait des projets, elle VIT, encore, toujours...

 Des petits riens jalonnent sa vie paisible : son chien Rufus, ses sorties avec sa belle-sœur Arlène, compagne indispensable, une symphonie de Schubert, des appels à ses enfants pour prendre des nouvelles, leurs  visites, toujours trop courtes et laissant un sentiment d’insatisfaction dans l’air, les enterrements aussi, inévitables, une exposition de van Gogh, mille petits détails qui font de sa vie un ensemble cohérent paisible et heureux...

 Un très beau roman que la vieillesse, vu comme le début d’une autre aventure…

  

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Rien


Premières phrases :

 

« Tous les mardis, Emilly Maxwell remettait le peu qui lui restait de vie entre les mains de Dieu et celles, tremblantes, de sa belle-sœur, Arlene, et elles allaient en voiture au drive-in Eat’n Park, prendre un petit-déjeuner-buffet « deux-pour-le-prix-d’un ».

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Nos plus beaux lendemains

Autre : La tournée d'automne de Jacques POULIN

 

D’autres avis :

 

Blogs : Clara

Presse : L’express ; Libération ;Le Figaro  

 

Emily, Stewart O’NAN, traduit de l’anglais (EU) par Paule Guivarch, Editions de l’Olivier, mai 2012, 334 p., 22 euros

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Eva Moreno de Hakan NESSER

Publié le par Hélène

eva moreno

♥ ♥ ♥

 

L’auteur :

Suédois, Håkan Nesser est né en 1950. Ses romans ont remporté plusieurs prix et ont été largement traduits.

 

L’histoire :

Mikaela disparaît après avoir rencontré son père pour la première fois… dans un hôpital psychiatrique. Cet homme chétif a-t-il vraiment tué une lycéenne il y a 16 ans ? En vacances dans une petite ville suédoise, l’inspectrice Eva Moreno recherche Mikaela, croisée en pleurs le jour de sa disparition. Difficile de lézarder quand le père s’évapore à son tour et qu’un cadavre est retrouvé sous le sable !

 

Ce que j’ai aimé :

-          Eva Moreno est une héroïne de l’auteur qui était jusque-là restée dans l’ombre des autres personnages masculins créés par Hakan Nesser. Elle prend ici la première place, confrontée malgré elle à la disparition d’une jeune fille pendant ses vacances. Derrière le choix de s’occuper de cette enquête qui ne relève pourtant pas de ses attributions, se cachent des fêlures apparaissant en filigrane : elle est une femme entièrement vouée à son travail et peu douée dans sa vie personnelle, poursuivie par des démons tout droit sortis de son enfance. Se donner corps et âme pour rééquilibrer une autre destinée est dans ses cordes, régir sa propre vie amoureuse avec intelligence est au-dessus de ses forces.

 

« Toujours est-il que cette idée concernant le temps libre et l’éthique n’était pas vide de sens. Quand nous sommes pris dans l’engrenage de nos obligations habituelles, nous passons devant des mendiants aveugles, des enfants apeurés et des femmes battues sans faire attention. En revanche, si nous croisons une personne malheureuse lors d’une promenade tranquille sur la plage, notre réaction est différente. 

La morale a besoin de temps. » (p. 148)

 

-          L’intrigue débute sous des auspices assez classiques : la disparition d’une jeune fille, reliée semble-t-il au meurtre d’une autre jeune fille, seize ans auparavant. L’enquête avance sporadiquement, les éléments nouveaux apparaissent à bon escient, et seule la résolution finale de l’intrigue se révèlera originale.  

-          Ce roman bien ficelé permet de découvrir avec intérêt un auteur qui occupe le premier rang des auteurs suédois.

 

 Ce que j’ai moins aimé :

-          Ce genre de réflexion : « Mais qu’est-ce qui te prend ? Tes règles te vident le cerveau ? »

 

Premières phrases :

« Winnie Maas est morte pour avoir changé d’avis.

Plus tard, il ya ceux qui prétendirent que si elle était morte c’est parce qu’elle était à la fois belle et stupide. Une combinaison notoirement risquée.

Ou parce qu’elle était naïve et faisait confiance aux gens qui n’en étaient pas dignes.

Ou parce que son père était un salaud qui avait laissé sa famille à la dérive bien avant que Winnie soit capable de se passer de couches et de biberons. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le mur de silence

Autre : Roman policier nordique

 

D’autres avis :

Le vent sombre  : « Moins captivant que Funestes carambolages, Eva Moreno et son héroïne forte et indépendante raviront les lecteurs qui privilégient les constructions psychologiques crédibles à l'empilement plus ou moins sanglant de cadavres. »

 

Eva Moreno, Hakan NESSER, traduit du suédois par Agneta Ségol et Marianne Ségol-Samoy, Editions du Seuil, 2011,

POCHE : Eva Moreno, Hakan NESSER, traduit du suédois par Agneta Ségol et Marianne Ségol-Samoy, Points, janvier 2012, 384 p., 7.50 euros

 

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Ghost world de Daniel CLOWES

Publié le par Hélène

                                                ghostworld

♥ ♥ ♥

 

L’auteur :


Daniel Clowes est un auteur de bandes dessinées américain.

Il étudie le dessin de manière plutôt académique au Pratt Institute de Brooklyn mais se considère comme un autodidacte. Ne trouvant pas de travail à New York, il rentre à Chicago et fait ses véritables débuts d'auteur de bandes dessinées dans Love and Rockets n° 13 en 1985. En 1986, il publie son premier comic book chez Fantagraphics Books, Lloyd Llewellyn (6 numéros), qui sera suivi de Eightball (1989), qui paraît toujours et dans lequel seront prépubliées toutes les histoires à présent reprises en albums. Son dessin précis, ses ambiances fifties, ses allers-retours constants entre thèmes intimistes, fantastique, science-fiction, auto-fiction, etc., sont sa marque de fabrique. Dan Clowes est proche d’Adrian Tomine dont il est l'influence majeure.

Avec Ghost World ( adapté au cinéma) il détient le record des ventes de son éditeur, Fantagraphics Books (100 000 exemplaires). Il a remporté plusieurs prix pour son travail, notamment des Harvey Awards en 1997 et 2005 pour le scénario de Eightball. (Source : Babélio)

 

L’histoire :

Dans une petite ville des États-Unis, deux copines coincées entre la fin de l'adolescence et les premiers temps de l'âge adulte cherchent un sens à leur existence. Au long de leurs journées où il ne se passe pas grand-chose, elles oscillent entre l'envie de partir pour changer de vie et l'attachement à un quotidien banal auquel elles ont du mal à s'arracher. Histoire complète en 1 volume.

 

Ce que j’ai aimé :

Ghost world est un monde étrange, comme suspendu, dans lequel évoluent deux adolescentes, Enid et Rebecca. ghost-world.3.jpgElles croisent des êtres faméliques, des fantômes auxquels elles attribuent des vies hors normes.  corps qui se meuvent dans un monde fantôme trErrant de cafèts minables en cafèts minables, elles s’ennuient à deux dans cet interstice difficile placé entre l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Le portrait de ces adolescentes sonne étonnamment  juste, loin des  stéréotypes :

« Par exemple, je n’ai jamais vu un film avec de vraies filles. Au cinéma, les femmes jouent le plus souvent des rôles stéréotypés… La bosseuse à lunettes qui n’a pas de chance avec les hommes ou la garce vulgaire… Ce sont des stéréotypes à qui on n’attribue jamais une personnalité complexe ou bien constituée de multiples facettes. » ( extrait d’une interview  parue dans « Dangerous Drawings » )

Pour elles, les apparences sont primordiales, elles cherchent leurs styles, elles traquent leur identité, dans le dégoût d’elles-mêmes. 

« Avant mon projet d’aller à la fac, j’avais la secrète intention de ne rien dire à personne, de monter dans un bus et d’aller m’installer dans une ville au hasard, pour y devenir cette personne complètement différente…

-          Et puis ?

-          Et puis ne pas revenir tant que je ne serais pas totalement devenue cette personne. J’y pensais tout le temps.

-          Je ne comprends pas…

-          C’est parce que tu ne te détestes pas tout à fait. »

 Elles éprouvent des  sentiments indistincts, éprouvant de la difficulté à définir lesdits sentiments.  Seule leur amitié perdure. Puis la vie passe et chacun suit sa route, et la complicité d'hier s'effrite sans que l'on sache vraiment pourquoi. La vie file... 

 

Ce que j’ai moins aimé :

-          Rien.

ghost-world2.jpg

 

Ghost world, Daniel Clowes, traduction Sidonie Van Den Dries, Vertige graphic, 2010, 14 euros

 

BD Mango bleu

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Dragons et dragon de Marie SELLIER et Catherine LOUIS

Publié le par Hélène


dragons.jpg

♥ ♥ ♥ ♥

  De magnifiques contes pour célébrer l'année du dragon... 

 

Les auteurs :


Marie Sellier a été journaliste pendant plusieurs années, dont dix ans chez Bayard Presse jeune, avant de passer du côté de l'édition.

Voilà maintenant plus de quinze ans qu'elle explore, en direction des enfants, un champ vaste comme le monde, l’ART sous toutes ses formes, avec un enthousiasme qui ne se dément pas.

Cela se traduit par plus de quarante livres, quatre collections (L’Enfance de l’Art et Mon petit musée aux éditions de la Réunion des musées nationaux, Des mains pour créer aux éditions Paris-musées et Entrée libre aux éditions Nathan) et cinq films pour la télévision.

dragon et féeÀ tant côtoyer les grands peintres et sculpteurs, elle a eu envie de travailler avec des artistes contemporains. C’est ainsi que sont nés L’Afrique petit Chaka (RMN, prix sorcière et Octogone 2001) avec la complicité de Marion Lesage, Le rêve de Louis (RMN) avec le peintre Luc Gauthier, Les douze manteaux de Maman (Adam Biro jeunesse) avec l’illustratrice et peintre Nathalie Novi et >Miriam mafou métisse et L'histoire sans fin des Mafous et des Ratafous (Paris-musée) a

vec le peintre et sculpteur Diagne Chanel.


Catherine Louis est née en 1963 à La Neuveville. Après avoir suivi l'Ecole des Arts visuels de Bienne et l'Ecole dragon-ivre.jpg

des Arts décoratifs de Strasbourg (Atelier de Claude Lapointe), elle vit et travaille dans le canton de Neuchâtel.
Elle a illustré une centaine de livres dont certains sont traduits en allemand, italien, hollandais, anglais, tchèque, coréen et chinois. Son travail autour de la calligraphie chinoise lui a valu d'être sélectionnée pour la Biennale internationale de Bratislava 2005 et de figurer sur la Liste d'honneur d'IBBY 2006. Il l'a aussi conduite en Chine.
Catherine Louis a conçu sur son travail une exposition itinérante qui connaît un grand succès depuis 2003. A côté de ce travail d'illustratrice de livres pour enfants, elle collabore avec la presse enfantine, elle donne des cours aux adultes et crée des affiches culturelles, des décors de théâtre.


Leurs sites :dragon-jaune.jpg


http://charte.repertoire.free.fr/s/sellier.html
http://www.catherinelouis.ch/

Le livre :

 

Long en Chine, Yong en Corée, Rông au Vietnam ou Ryû au Japon, les dragons peuplent les contes d’Asie.
Marie Sellier a choisi d’en raconter quatre que Catherine Louis  qui nous a déjà donné La Naissance du dragon a enluminés de gravures colorées.
Chaque conte fait l’objet d’un livret qui, déplié, révèle au verso un dragon de près de deux mètres de long.

 

Mon avis :

Une pure merveille.

Les contes sont courts et tout à fait accessibles, mêlant subtilement surnaturel et magie.

Le travail sur les couleurs, sur le graphisme est magnifique transformant le livre en un objet ludique surprenant avec ses immenses dragons qui s'étirent au dos de l'histoire. dragon-tout-rouge.jpgLe terme d"enluminures"  prend ici tout son sens avec ce travail d'exception.


L'avis d'Anaïs 3 ans et demi :

 

"Je peux garder les petits livres ? Je les adore, je vais les regarder tous les jours..."

   

Dragons et dragon, Marie Sellier, Illustré par Catherine Louis, Picquier  Jeunesse, janvier 2012, 96 pages, 19,50  euros

 

Un immense merci à Isabelle Lacroze des Editions Picquier.

Publié dans Jeunesse Album

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Clair de femme de Romain GARY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Vous êtes là, il y a clair de femme, et le malheur cesse d'être une qualité de la vie."

 

Ce que j'ai aimé :

Un soir de désuétude, deux êtres vont se frôler, pour rompre un instant leur solitude et leur souffrance. Michel aurait dû être dans un avion en partance pour Caracas, loin de sa femme Yannik qui met fin volontairement à une maladie qui la ronge dans un appartement tout proche, mais il n'a pas pu partir, pas voulu, alors il erre dans cette ville qui porte les débris de son amour. Lydia lutte pour retrouver un amour perdu depuis un tragique accident de voiture qui a rendu son mari infirme. Yannik voulait que Michel rencontre une autre femme pour que l'amour qui les liait perdure avec une autre. Cette autre sera-t-elle Lydia ? 

La beauté du texte et des dialogues prend à la gorge et inonde le lecteur d'émotions diverses. 

"L'éphémère vit d'éclairs  et je ne demande aps au bonheur une rente."

"Le sens de la vie a un goût de lèvres."

De très belles réflexions sur le couple illuminent cette liaison entre deux délaissés de la vie :

"Comment veux-tu distinguer le faux du vrai, quand on crève de solitude ? On recontre un type, on essaie de le rendre intéressant, on l'invente complètement, on l'habille de qualités des pieds à la tête, on ferme les yeux pour mieux le voir, il essaie de donner le change, vous aussi, s'il est beau et con on le trouve intelligent, s'il vous trouve conne, il se sent intelligent, s'il remarque que vous avez les seins qui tombent, il vous trouve de la personnalité, si vous commencez à sentir que c'est un plouc, vous vous dites qu'il faut l'aider, s'il est inculte, vous en savez assez pour deux, s'il veut faire ça tout le temps, vous vous dites qu'il vous aime, s'il n'est pas très porté là-dessus, vous vous dites que ce n'est pas ça qui compte, s'il est radin, c'est parce qu'il a eu une enfance pauvre, s'il est mufle, vous vous dites qu'il est nature, et vous continuez ainsi à faire des pieds et des mains pour nier l'évidence, alors que ça crève les yeux et c'est ce qu'on appelle les problèmes de couple, le problème du couple, quand il n'est plus possible de s'inventer, l'un l'autre, et alors, c'est le chagrin, la rancune, la haine, les débris que l'on essaie de faire tenir ensemble à cause des enfants ou tout simplement parce qu'on préfère encore être dans la merde que de se retrouver seule."

Durant cette nuit d'errance Michel croise aussi la route du Senor Galba, dresseur de chiens émérite, qui attend la mort la "smrt" comme il préfère l'appeler parce que ces sonorités sont davantage en accord avec ce qu'elle est. 

Un très beau texte que je vous recommande en ce jour qui célèbre le 100ème anniversaire de la naissance de Romain Gary !

« Deux désespoirs qui se rencontrent cela peut bien faire un espoir ».

 

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien, j'en réclame encore !

 

Premières phrases :

"Je descendais du taxi et la heurtai, avec ses paquets, en ouvrant la portière : pain, oeufs, lait se répandirent sur le trottoir - et c'est ainsi que nous nous sommes rencontrés, sous la petite pluie fine qui s'ennuyait." 

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : La promesse de l'aube

 

Clair de femme, Romain Gary, Folio, avril 1982, 180 p., 6.20 euros

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La remontée des cendres suivi de Non identifiés de Tahar BEN JELLOUN

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

« Ce corps qui fut un rire

Brûle à présent.

Cendres emportées par le vent jusqu’au fleuve et l’eau les reçoit comme les restes de larmes heureuses. »

 

L’auteur :

 

Ecrivain marocain de langue française, Tahar ben Jelloun est né en 1944. Il a publié de nombreux romans, recueils de poèmes et essais. Il a obtenu le prix Goncourt en 1987 pour la Nuit sacrée.

 

Présentation :

 

« Ce corps qui fut un rire

Brûle à présent.

Cendres emportées par le vent jusqu’au fleuve et l’eau les reçoit comme les restes de larmes heureuses. »

 « Il est une douleur millénaire sui rend notre souffle dérisoire. Le poète est celui qui risque les mots. Il les dépose pour pouvoir respirer. Cela ne rend pas ses nuits plus paisibles.

Nommer la blessure, redonner un nom au visage annulé par la flamme, dire, faire et défaire les rives du silence, voilà ce que lui dicte sa conscience. Il doit cerner l’impuissance de la parole face à l’extrême brutalité de l’histoire, face à la détresse de ceux qui n’ont plus rien, pas même la raison pour survivre et oublier. » (Tahar Ben Jelloun)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Tahar Ben Jelloun rend hommage à tous les morts pendant la guerre du Golfe : aussi bien les soldats, les militaires que les civils. La mission du poète passeur de mots est dans cette transmission, dans cette dénonciation :

« Entre le silence meurtri et le balbutiement désespéré, la poésie s’entête à dire. Le poète crie ou murmure ; il sait que se taire pourrait ressembler à un délit, un crime. » (p.6)

Les illustrations  du peintre irakien Azzawi Harrouda nourissent intelligemment le texte du poète.

« Qui comptera nos morts ?

Tas de cendre oubliés au bord de la route

Membres épars dans les carcasses abandonnées.

Qui nommera ces restes ?

Nous ne sommes qu’épaves sans navire

Ombres du vent sur des collines perdues

Couchés sur flanc d’airain

Par le signe céleste. » (p. 35)

 Le texte se termine sur une note d’espoir finale :

« Cet homme est tous les hommes. Il a fait toutes les guerres. Il est mort plusieurs fois. Il ne cesse de renaître. Toujours le même, il croit à l’âme, à la pensée et aux choses : une prairie fleurie, un parasol pour l’amour, le rire et l’amitié, l’enfance et le courage…

Cela fait des milliers de jours et de saisons qu’il marche. On dit qu’il est atteint d’errance. On dit qu’il est fou. Sa bouche est fermée sur des siècles de mots. Ses yeux, grands et étincelants, restent ouverts. Ils voient loin, au-delà des murs et des montages. Au-delà de tous les silences. »

Les Non identifiés sont les palestiniens des territoires occupés, victimes de répression.

Les poèmes sont construits pour certains comme des notices biographiques. Ce sont des personnes appartenant à l’humanité ordinaire, des gens du peuple, inoffensifs, mères de famille, jeunes gens innocents. Et pourtant cette vie simple s’est terminée brutalement dans d’atroces souffrances, par une mort absurde.

Un très beau recueil sur les ravages de la guerre et son absurdité...

 

Ce que j’ai moins aimé :

-Rien

 

Premiers vers :

 

 

« Ce corps qui fut un corps ne flânera plus le long du Tigre ou de l’Euphrate

Ramassé par une pelle qui ne se souviendra d’aucune douleur

Mis dans un sac en plastique noir

Ce corps qui fut une âme, un nom et un visage

Retourne à la terre des sables

Détritus et absence. »

 

La remontée des cendres suivi de Non identifiés Version arabe de Kadhim Jihad, Edition Bilinge, Points, 8 euros

 

Publié dans Poésie étrangère

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