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312 résultats pour “itinéraire d'enfance

Champagne de Monique PROULX

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Champagne et campagne, même combat. Mêmes bulles d'allégresse. Même mot, fondamentalement. Qui sait encore qu'au Moyen-Age tout ce qui n'était pas la ville, tout ce qui était territoire sauvage s'appelait la champagne ?" p. 207

Au bord du lac de l'Oie dans les Laurentides se côtoient des amoureux de la nature venus se réfugier loin des contingences bruyantes et aliénantes de la ville. Lila Szach est la propriétaire de ce domaine qu'elle défend jalousement. D'autres écorchés de la vie sont venus se réfugier sur ces terres préservées : Claire qui écrit des scénarios, Simon et son kayak, Jérémie le neveu de Simon, Violette qui fuit l'horreur de sa vie. Autour d'eux rôdent les Clémont, prédateurs inquiétants.

En pleine nature, l'être humain a tendance à revenir à l'essentiel, à retrouver l'accord perdu avec ce qui l'entoure. Si Lila aime se rouler dans la mousse, Simon préfère se laisser porter par l'eau sur son kayak pour que ses soucis coulent dans les tréfonds du lac. Dans l'innocence de l'enfance, Jérémie quant à lui communique avec les esprits de la nature. La forêt devient à la fois lieu de guérison et d'émerveillement pour ces êtres déracinés, perdus dans un monde trop grand pour eux. 

"C'était l'été, comment avait-elle osé douter de l'été ? c'était l'été dans son infinie luxuriance, trente degrés à l'ombre et le soleil au zénith, c'était l'aboutissement grandiose de toutes les explosions commandées par le jeune roi été, et elle Lila Szach, mortelle si incomplète, on lui permettait de se rouler dans la jeunesse parfaite de l'été aux côtés des grives solitaires, des frédérics mélodieux, des rudbeckias, des marguerites foisonnantes, de la sève ruisselant aux doigts des épinettes, des petits chevreuils sur leurs pattes de deux mois, des vanesses amiral aux robes de satin noir et blanc, des maringouins à la musique aigrelette et des chanterelles recommencées, des sublimes chanterelles..." p. 180

Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Laurentides/Panorama

La nature qui entoure les êtres est aussi source d'apprentissage, ils retrouvent leur statut animal, avec ses pulsions, ses heurts, la paix intérieure ne s'offrant pas si facilement.  Mais ils prennent aussi conscience de la beauté du monde à préserver, à observer dans un amour inconditionnel pour l'infiniment petit.

"Elle se voyait affalée sur elle-même à dorloter sa noirceur et à en redemander et ça lui faisait soudain horreur. Quitte ça, quitte ça. Elle sortait de sa tête à grands coups de respiration et elle recommençait à voir et à entendre, les fougères, les monotropes et les pyroles, et tout ce temps la cigale qui n'avait pas cessé de l'interpeller ni les frédérics et les troglodytes de s'épuiser en récital, et elle se redressait vite au risque de s'occasionner des étourdissements - quel sacrilège d'ignorer les vrais spectacles réjouissants pour s'en inventer des douloureux, quel sacrilège et quelle sottise." p. 173

Cette nature millénaire leur apprend la vie qui passe et ne revient pas, comme les saisons, la mort qui les guette au détour d'un chemin, les épreuves de la vie, faites de hasards et d'aléas... 

Lila est comme la grande prêtresse des lieux, sauvage et humaine à la fois. Elle enseigne au petit Jérémie la sagesse , en transformant par exemple son "Faites que le mois d'août n'arrive jamais." en "Faites que je traverse le mois d'août sans encombre." "Tout était dit dans cette formule en apparence anodine. Ne crois jamais que les obstacles - en l’occurrence le mois d'août- vont se dissiper par miracle. Ne crois jamais que tu ne pourras pas les affronter." p. 175

Un récit magnifique aux confins du monde qui nous enjoint à ne pas perdre notre capacité d'émerveillement !

Présentation de l'éditeur :Editions Boréal 

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Où les roses ne meurent jamais de Gunnar STAALESEN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Le privé norvégien Varg Veum est appelé par la mère de la petite Mette, qui a disparu... vingt-cinq ans plus tôt ! En effet la date de prescription du crime approche et elle veut tenter un dernier recours pour découvrir ce qui a pu arriver à sa fille alors qu'elle jouait tranquillement sous les fenêtres de la cuisine.

Varg se lance alors dans cette enquête, difficile en raison des années qui séparent la disparition du présent. Il découvre que sous le vernis argenté de communautés, se cachent souvent des secrets inavouables...

Appréciant les enquêtes de Varg Veum, j'ai voulu découvrir les opus ayant obtenus les meilleures appréciations sur le site de Babélio, site que je consulte souvent car les avis restent assez justes. Et effectivement je n'ai pas été déçue, il fait partie de mes préférés avec Les chiens enterrés ne mordent pas et L'écriture sur le mur.

L'enquête est lente ce qui permet de faire connaissance avec chaque personnage pour en percevoir forces et faiblesses, et de s'immerger dans l'atmosphère douce amère du privé oscillant entre raison et aquavit. Les problématiques sont souvent sociales, puisque Varg Veum est présenté comme un ancien salarié de la Protection de l'Enfance devenu détective privé et la résolution de l'intrigue est souvent complexe et peu manichéenne.

Une série à découvrir pour ceux qui ne connaissent pas !

Présentation de l'éditeur : Folio

La série des Varg Veum dans l'ordre :
 

  1. Le loup dans la bergerie (Rocher en 1994. Gaïa Polar en 2005. Folio Policier en 2004)
  2. Pour le meilleur et pour le pire (Gaïa Polar en 2002. Folio Policier en 2004)
  3. La belle dormit cent ans (Gaïa Polar en 2002. Folio Policier en 2005)
  4. La Femme dans le frigo (Gaïa Polar en 2003. Folio Policier en 2006)
  5. La nuit tous les loups sont gris (Gaïa Polar en 2005. Folio Policier en 2007)
  6. Anges déchus (Gaïa Polar en 2005. Folio Policier en 2008)
  7. Fleurs amères (Gaïa Polar en 2008. Folio Policier en 2010)
  8. Les chiens enterrés ne mordent pas (Gaïa Polar en 2007. Folio Policier en 2011)
  9. L'écriture sur le mur (Gaïa Polar, . Folio Policier, 2012)
  10. Comme dans un miroir (Gaïa Polar en 2012. Folio Policier en 2013)
  11. Face à face (Gaïa en août 2013)
  12. L’enfant qui criait au loup (Gaïa en septembre 2014)
  13. Cœur Glacé (Gaïa en septembre 2015)
  14. Le vent l’emportera (Gaïa en septembre 2015)
  15. Où les roses ne meurent jamais (Gaïa en septembre 2018. Folio en 2019)
  16. Piège à loup
  17. Grande sœur
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Indiana de George SAND

Publié le par Hélène

♥ ♥

Indiana est une jeune femme mariée à un mari autoritaire et colérique, le colonel Delmare, et elle ne peut compter que sur le soutien de son ami d'enfance, Ralph. Elle mène une vie terne, jusqu'au jour où sa route croise celle de Raymon, séducteur invétéré. La jeune femme innocente se laisse prendre dans ses rets tant elle a besoin de se sentir vivre et palpiter.

Indiana est le premier roman de George Sand et à travers cette héroïne, elle peint la situation des femmes dans cette société du XIXème, entre un mariage décevant aliénant et un amant tout aussi décevant. La jeune Indiana est enfermée dans ses relations, mais elle se rend compte que sans les hommes, elle n'est rien. Ses tentatives de rébellion seront vite étouffées.

« Ainsi, je le répète, j’ai écrit Indiana, et j’ai dû l’écrire ; j’ai cédé à un instinct puissant de plainte et de reproche que Dieu avait mis en moi, Dieu qui ne fait rien d’inutile, pas même les plus chétifs êtres, et qui intervient dans les plus petites causes aussi bien que dans les grandes. Mais quoi ! celle que je défendais est-elle donc si petite ? C’est celle de la moitié du genre humain, c’est celle du genre humain tout entier ; car le malheur de la femme entraîne celui de l’homme, comme celui de l’esclave entraîne celui du maître, et j’ai cherché à le montrer dans Indiana. On a dit que c’était une cause individuelle que je plaidais ; comme si, à supposer qu’un sentiment personnel m’eût animé, j’eusse été le seul être infortuné dans cette humanité paisible et radieuse ! Assez de cris de douleur et de sympathie ont répondu au mien pour que je sache maintenant à quoi m’en tenir sur la suprême félicité d’autrui.
Je ne crois pas avoir jamais rien écrit sous l’influence d’une passion égoïste ; je n’ai même jamais songé à m’en défendre. Ceux qui m’ont lu sans prévention comprennent que j’ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, il est vrai, mais profond et légitime, de l’injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l’existence de la femme dans le mariage, dans la famille et la société. Je n’avais point à faire un traité de jurisprudence, mais à guerroyer contre l’opinion ; car c’est elle qui retarde ou prépare les améliorations sociales. La guerre sera longue et rude ; mais je ne suis ni le premier, ni le seul, ni le dernier champion d’une si belle cause, et je la défendrai tant qu’il me restera un souffle de vie. » préface de 1842

Les rares moments de bonheur connus par Indiana seront dans la nature, sur son île natale, l'île Bourbon, prétexte à des passages lyriques au romantisme brûlant.

Ce que j'ai moins aimé :

- Trop centré sur les émois et la naïveté de la jeune femme et sur les manigances de Raymon

- Aucun des personnages n'est réellement sympathique, Indiana trop frêle, Ralph trop effacé et hypocrite, Raymon trop fougueux et Delmare empli d'une violence sous jacente.

 

Présentation de l'éditeur : Folio

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La trilogie de Baztan de Dolorès REDONDO

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Le gardien invisible

Au Pays basque, sur les berges du Baztán, le corps dénudé et meurtri d’une jeune fille est retrouvé, les poils d’un animal éparpillés sur elle. La légende raconte que dans la forêt vit le basajaun, une étrange créature mi-ours, mi-homme… L’inspectrice Amaia Salazar, rompue aux techniques d’investigation les plus modernes, revient dans cette vallée dont elle est originaire pour mener à bien cette enquête qui mêle superstitions ancestrales, meurtres en série et blessures d’enfance.

De chair et d'os

À travers le Pays basque, dans la vallée du Baztán, des églises sont profanées. Alors qu’elle vient de donner naissance à son enfant, l’inspectrice Amaia Salazar est chargée d’enquêter discrètement sur cette affaire. Avec son équipe, elle doit aussi s’occuper d’une série de crimes conjugaux qui ont tous en commun d’horribles mutilations. Á chaque fois, le meurtrier s’est suicidé en laissant derrière lui une étrange inscription : TARTTALO. Pourquoi tous ces hommes laissent-ils ce même mot ? Que signifie-t-il ? Et pourquoi semble-t-il destiné à la jeune inspectrice ? La vallée du Baztán recèle encore de bien terribles secrets qu’Amaia devra affronter pour espérer enfin y vivre en paix…

Une offrande à la tempête :

Dans la vallée de Baztán, une petite fille décède étouffée dans son berceau. Alors que la police soupçonne le père d’être impliqué, la grand-mère attribue ce meurtre au génie maléfique Inguma, issu de la mythologie basque. Rapidement, cet étrange décès lève le voile sur une série de morts subites de nourrissons suspectes. L’inspectrice Amaia Salazar décide de se consacrer entièrement à cette nouvelle enquête, entre légendes mystiques et meurtres barbares, au risque de mettre de côté son rôle d’épouse et de mère.

Ce que j'ai aimé :

L'atmosphère créée au fil des tomes prend le lecteur dans ses rets, lecteur qui, rapidement fasciné, n'a de cesse d'avancer dans l'intrigue. L'autrice reprend en effet les personnages de la mythologie basque comme le basajaun pour nimber son intrigue d'une aura presque surnaturelle. Pour porter ses enquêtes, elle crée aussi un personnage principal attachant : Amaia est dotée d'un passé dense aux ramifications cruelles et révoltantes. Cette jeune femme prend de l'épaisseur au fur et à mesure, et dans le dernier tome elle apparait profondément humaine, fragile, touchante dans ses contradictions.

Ce que j'ai moins aimé :

Malheureusement les fins de chaque tome ne sont pas assez exploitées, elles sont expéditives, sans réel suspens. De plus, certains personnages sont laissés de côté alors qu'il aurait été intéressant d'exploiter leur histoire.

Il n'était peut-être pas nécessaire de proposer une trilogie qui a tendance à tirer en longueur.

Bilan :

Une série qui reste fascinante mais j'ai préféré néanmoins le préquel La face nord du coeur

 

Présentation de l'éditeur : Tome 1Tome 2 ; Tome 3

Du même auteur : La face nord du coeur

Publié dans Roman policier Europe

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Rencontres régionales du Goncourt des Lycéens (5)

Publié le par Hélène

A l'issue de ces rencontres régionales, j'ai pu recueillir les ressentis de Leïla Slimani et Jean-Baptiste Del Amo : 

Jean-Baptiste Del Amo 

Présentation de Règne Animal
Règne animal retrace, du début à la fin du vingtième siècle, l’histoire d’une exploitation familiale vouée à devenir un élevage porcin. Dans cet environnement dominé par l’omniprésence des animaux, cinq générations traversent le cataclysme d’une guerre, les désastres économiques et le surgissement de la violence industrielle, reflet d’une violence ancestrale. Seuls territoires d’enchantement, l'enfance – celle d’Éléonore, la matriarche, celle de Jérôme, le dernier de la lignée – et l’incorruptible liberté des bêtes parviendront-elles à former un rempart contre la folie des hommes? 

Règne animal est un grand roman sur la dérive d’une humanité acharnée à dominer la nature, et qui dans ce combat sans pitié révèle toute sa sauvagerie – et toute sa misère

Son ressenti sur ces rencontres :

"C'est l'occasion d'apporter quelque chose au lecteur et de rendre la  littérature vivante, de montrer aux élèves que les écrivains sont vivants ! La transmission est importante. J'ai apprécié leurs questions, différentes des questions habituelles des journalistes. 

J'ai été étonné par le fait que les élèves se questionnent beaucoup sur le rapport au réel, ils nous demandent beaucoup ce qui tient de l'imaginaire et ce qui est inspiré de nos vies dans nos romans. Ils veulent savoir dans quelle mesure nous nous sommes inspirés de la réalité. Cela prouve que les frontières sont de plus en plus floues entre réalité et imaginaire à notre époque. L'attrait pour la téléréalité va aussi dans ce sens. "

Jean-Baptiste a déjà été finaliste du Goncourt des lycéens en 2008 pour Une éducation libertine. Qu'avait il retiré de cette expérience ?

"J'avais été admiratif des lycéens capables de suivre un texte dense, littéraire jusqu'au bout, de le porter jusqu'à la fin. Je sais aussi grâce à cette expérience que l'on ne peut pas se fier aux réactions des lycéens lors des rencontres car Jean-Louis Fournier et son Où on va papa avait eu un franc succès et pourtant, Catherine Cusset avait emporté le prix pour Un brillant avenir, un texte très littéraire. "

Leïla Slimani pour Chanson douce

Son roman Chanson douce

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame. 

À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.

Ses impressions :

"J'ai apprécié d'écouter mes amis auteurs présenter leurs romans et répondre aux questions. Souvent nous nous croisons seulement,  nous sommes par exemple voisins de dédicaces, mais nous n'échangeons pas forcément, cela reste souvent passif. Ces rencontres permettent plus d'échanges entre nous.  

Les questions des lycéens sortent des questions des médias souvent très répétitives, là ce sont des questions ancrées et on se doit de fournir un effort dans les réponses. Par exemple, on ne m'avait jamais demandé si je pensais que la mère était coupable, et pourtant c'est une bonne question. Je pense que pour les journalistes, cela reste une question tabou.

Je ne connaissais pas le Goncourt des lycéens, je suis ravie d'y participer !"

 

Vous retrouverez les questions posées par les lycéens ici :

- Rencontres régionales du Goncourt des lycéens 1er épisode

Rencontres régionales du Goncourt des lycéens 1er plateau

Rencontres régionales du Goncourt des lycéens 2ème plateau 

- Rencontres régionales du Goncourt des lycéens : les réactions des lycéens et des enseignants

- Mon avis sur Tropique de la violence

- Mon avis sur  L'enfant qui mesurait le monde

- Mon avis sur Cannibales 

Prochainement en ces pages :

- Mon avis sur Chanson douce de Leïla Slimani

- Mon avis sur Continuer de Laurent Mauvignier

- Mon avis sur Laëtitia de Ivan Jablonka

Publié dans Prix littéraires

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Betty de Tiffany McDANIEL

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

"Ce n'est pas facile d'être une femme P'tite Cherokee"

Betty Carpenter, est la sixième de huit enfants. Avec son père cherokee et sa mère blanche, il s'installent dans le petite ville de Breathed, bien décidés à se fixer après quelques années d'errance. Mais l'intégration reste difficile, le monde ne les épargne guère. Heureusement, Betty est bercée par les histoires racontées par son père, conteur hors pair.

"Non seulement Papa avait besoin que l'on croie à ses histoires, mais nous avions tout autant besoin d'y croire aussi. Croire aux étoiles pas encore mûres. Croire que les aigles sont capables de faire des choses extraordinaires. En fait, nous nous raccrochions comme des forcenées à l'espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous. Alors seulement pouvons-nous prétendre à une destinée autre que celle à laquelle nous nous sentions condamnées."

Portée par la force de son père, elle-même se met à écrire des histoires, et quand ses écrits sont trop insoutenables, témoins de ce qu'elle vit, elle les enterre sous la terre dans des bocaux en verre. Mais son père lui a appris "la foi", l'espoir que tout va s'arranger. Quelques soient les brimades, l'injustice, Betty avance, aux côtés de Lint, un frère à part, Leland son frère aîné, violent et cruel, Fraya la soeur aînée, Flossie et ses rêves d'actrice, et Trustin qui dessine. Si la famille peut être une force parce qu'elle la porte et lui permet de passer outre l'adversité, grâce à des parents qui fabriquent un refuge, grâce aux histoires que l'on se raconte le soir sous les couvertures pour se créer un abri, grâce aux précieux "bonne nuit" de ses soeurs que Betty emporte dans son sommeil comme un talisman, cette même famille peut aussi être le foyer de démons. En effet, être femme dans un monde gouverné par les hommes peut s'avérer aliénant, ce que lui suggère sa mère "Parfois, je pense que l'univers est juste une lueur. La lueur d'une cigarette dans le noir. Toutes les étoiles, les planètes, les galaxies, les marges infinies. Tout cela est contenu dans le petit bout rouge d'une cigarette dans la main d'un homme qui, appuyé contre un mur pour suivre des yeux une fille qui rentre chez elle, sait déjà qu'elle n'arrivera jamais jusque-là."

La jeune Betty que nous suivons de sa petite enfance à ses 19 ans, en prend conscience peu à peu, mais elle a aussi hérité de la foi en l'humanité de son père. Elle puise dans ses racines cherokee, et apprend, comme le dit une légende indienne, qu'en chacun de nous cohabitent deux loups : l'un mauvais, l'autre bon, et que celui qui survit est celui que l'on choisit de nourrir et d'aimer.

Ainsi, elle se place du côté de la lumière et choisit de ne retenir que des scènes magnifiques comme sa danse aux côtés de sa sœur avec un drap pour conjurer le sort : "C'est pour ça que le monde ne s'est jamais arrêté, parce que quels que soient les changements ou les souffrances qu'elles subissaient, les femmes dansaient. Elles savaient que le monde devait continuer si elles voulaient voir toutes les bonnes choses découler de ce changement et de cette souffrance."

Et la lumière jaillit, au-delà des ténèbres...

Ce que j'ai moins aimé :

Les saisons passent et les malheurs s’enchaînent durant 720 pages, je ne vais pas vous mentir, certaines scènes fortes peuvent choquer la sensibilité de certains. Plus d'une fois, j'ai voulu abandonner, mais je me suis laissée portée par la lumière de Betty, pour ne finalement retenir de ma lecture que cet espoir, coûte que coûte, en un monde meilleur.

Bilan :

Un roman fort.

 

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Retrouvez ce roman dans votre librairie la plus proche

 

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Les affligés de Chris WOMERSLEY

Publié le par Hélène

                 

                        

♥ ♥ ♥

L’auteur :

 Chris Womersley est un écrivain australien, né en 1968 à Melbourne. Eclectique, il est l’auteur de romans policiers, de nouvelles mais aussi de recueils de poésie.

Il fit ses classes en tant que journaliste pour la radio. C’est également un voyageur passionné (Inde, Asie du Sud-Est, Amérique du Sud, Amérique du Nord et Afrique de l’Ouest.)

Il vit aujourd’hui à Sydney et publie pour la première fois en 2012 chez Albin Michel (Les Affligés).

 

L’histoire :

Australie, 1919. Alors que la Grande Guerre est enfin terminée, une épidémie de grippe espagnole ravage le pays.  Dans une atmosphère de fin du monde, des hommes en armes bloquent les routes et parcourent les campagnes pour imposer la quarantaine. 

Quinn Walker, un soldat démobilisé et hanté par ce qu’il a vécu, retrouve la petite ville de  Flint en Nouvelle- Galles du Sud, qu’il avait quittée dix ans plus tôt, après avoir été accusé à tort d’un crime effroyable. Persuadé que son père et son oncle le pendront s’ils le trouvent, Quinn décide de se cacher dans les collines avoisinantes. Il y rencontre une gamine mystérieuse, qui l’encourage à réclamer justice et semble en savoir plus qu’elle ne le devrait sur son supposé crime…

 

 Ce que j’ai aimé :

Dès les premières pages, Chris Womersley ferre son lecteur qui sait désormais qu’il ne pourra plus se défaire de son roman avant la fin. Son écriture va droit au but, sans circonvolutions inutiles, efficace, implacable, permettant aux éléments de se mettre en place rapidement.

 Quinn est un être marqué, marqué par la guerre qui vient de s’achever mais ne l’a pas laissé intact puisqu’il a  été physiquement marqué, gazé, mais aussi psychologiquement ayant cotoyé l’horreur. Mais sa vie porte surtout l’empreinte du drame qui s’est déroulé dix ans plus tôt : accusé par son père et son oncle d’avoir violé et tué sa petite sœur, il a dû fuir loin des siens pour se daire oublier.

Il revient sur les lieux de son enfance et du drame sans savoir lui-même précisément ce qu’il souhaite : que vérité soit faite, que sa mère croit en son innocence et lui pardonne, mais ce qu’il aimerait avant toute chose est que sa petite sœur adorée ressuscite et que la vie reprenne son cours comme avant l’horreur…

 Dans sa quête de rédemption, il va être secondé par Sadie, une petite fille espiègle, intelligente usant de sortilèges magiques pour survivre dans un monde hostile dans lequel rôde le Mal, incarné par un personnage peu recommandable lancé à ses trousses…

 Les affligés est un roman qui semble graviter en apesanteur tant il est pur et lumineux. Il nous parle de vengeance, de douleur, de deuil, mais surtout d’espoir et d’amour. Il restera longtemps en suspens dans nos âmes la dernière page tournée.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 -          Rien.

 

Premières phrases :

« Le jour où la petite Sarah Walker fut assassinée, en 1909, un ouragan déboula brutalement à travers les plaines de la Nouvelle-Galles du Sud avant de se déchaîner sur la minuscule ville de Flint. Un tel meurtre devait constituer le point focal de ces quelques journées d’agitation fébrile où presque chacun des deux cents habitants eut quelque chose à déplorer. »

 

Vous aimerez aussi :

 A la lueur d’une étoile distante de Mary McGARRY MORRIS

 

D’autres avis :

Blog : Clara ;  Nina ; Jérôme ; Jostein ; Véronique ; Yves

Presse : France Inter   

 

  Les affligés, Chris Womersley, traduit de l’anglais (Australie) par Valérie Malfoy, Albin Michel, mai 2012, 336 p., 20 euros

Publié dans Littérature Océanie

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Grizzly Park de Arnaud DEVILLARD

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Be bear aware

Arnaud Devillard partage ici le voyage qu'il a effectué avec sa compagne Cécile de Denver dans le Colorado à Glacier National Park, au nord du Montana. Le couple arpente les routes et visite les parcs nationaux avec toujours en tête la bearanoia. Là réside l'ambivalence des touristes des grands espaces américains : avides d'aventure, ils viennent voir des animaux sauvages sans penser que lesdits animaux sont effectivement sauvages et peuvent les réduire en pièces en cinq minutes. Les park rangers essaient de raisonner les touristes, en vain, ceux ci n'hésitant pas à s'agglutiner dés qu'un ours pointe son nez, et ce au péril de leur vie. Arnaud et Cécile suivent quant à eux les instructions des park rangers à la lettre : faire du bruit en marchant, éviter toute odeur forte, et si on se retrouve nez à nez avec un ours au détour d'un chemin ne surtout pas partir en courant, mais bomber le torse pour impressionner l'animal sauvage... Plus facile à dire qu'à faire me direz-vous ? Arnaud et Cécile en ont bien conscience, raison pour laquelle ils redoutent à chaque pas de rencontrer LA Bête ! 

Pour l'heure, point d'ours, mais des marmottes, des tamias, des biches, et surtout des paysages à couper le souffle ! Mais là encore le paradoxe du tourisme fait rage :  

"Avant d'y pénétrer, j'avais une vision très extrémiste du système des parcs ; naïve, je le reconnais. Des espaces inviolés, difficiles d'accés, où il serait aisé de se perdre, loin de tout et sans sa voiture. En réalité, il y a des routes, dans les parcs nationaux. Des parkings, des navettes, des abribus, des campings, des hôtels et la queue aux douches." p. 51

"C'est le paradoxe des parcs nationaux américains. Ils ont été inventés pour préserver des écosystèmes et des paysages de l'activité humaine, empêcher les forages, les exploitations minières et forestières. Or les zones naturelles alentour sont laides, saccagées. Mécaniquement, prolifère aux lisières des parcs nationaux tout ce qui est interdit à l'intérieur." p. 48

Les deux voyageurs peignent avec humour les moeurs américaines, ces hommes toujours en mouvement pour qui la voiture a tant d'importance : 

« La première chose qu’un touriste américain nous demande en arrivant à Yellowstone, c’est jusqu’où il doit rouler pour voir un ours ; la première chose que me demande un touriste européen, c’est où il doit aller marcher pour voir un ours »

Les passages humoristiques alternent avec des pages plus lyriques : 

"En reprenant la route, je ressens partout la torpeur crépusculaire qui s'est emparée du parc. L'impression est trompeuse. Plutôt que de torpeur, il s'agit de la sauvagerie véritable qui reprend ses droits et impose son rythme après avoir cédé à celui des hommes durant la journée. Les bruits du soir et de la nuit seront les siens. Les mouvements seront les siens. Les ours pourront arpenter les parkings qui, pour tout dire, n'existeront plus. Cette heure que j'apprécie tant envoie le message que nous n'appartenons pas à ce monde. En saisir quelques bribes me remplit d'une jubilation muette." p. 133

Le récit se teinte d'émotion quand l'auteur évoque ses souvenirs d'enfance de fils d'instituteurs et ses rapports privilégiés avec son père. C'est un peu pour lui qu'il continue à voyager, par fidélité pour cette passion qu'il lui a léguée. 

Un récit drôle et intelligent, placé sous l'égide de Pete Fromm et de Doug Peacock...

Mes réticences : un peu lassant sur la fin : promenade, peur de l'ours, voiture, puis repos bienvenu, camping déserté, pizza et bière, nuit agitée par la peur de l'ours, etc...

Bilan : Je veux y aller....

Parc national du Grand Teton

http://www.revamericatours.com/programmes/authentiques/ouest-sauvage/

 

Présentation de l'éditeur : Le mot et le reste 

D'autres avis : Repéré chez Keisha ; ChinoukLa buvette des alpagesNathalie 

 

Grizzly park, Arnaud Devillard, Le mot et le reste, 2013, 331 p., 20 euros

Publié dans Récits de voyage

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Mes seuls dieux de Anjana APPACHANA

Publié le par Hélène

                                                    

 ♥ ♥ ♥

 

 « Il y a tant de cruauté et de frustration sous le vernis des apparences distinguées. » (p. 9)

 

L’auteure :

 Originaire du sud de l’Inde, dans l’État du Kodagu, Anjana Appachana partage sa vie entre l’Arizona et Delhi. AvecMes seuls dieux, elle poursuit une investigation quasi sociologique de l’imaginaire indien, en y ajoutant cette ampleur intimiste, frémissante de nuances, qui nous rend si proches ses personnages. En rupture avec la respectabilité et les conventions, Anjana Appachana place le lecteur au cœur même de la sensibilité féminine indienne.

Vient de paraître, chez Zulma : L’Année des secrets. Ainsi que la réédition (poche) de Mes seuls dieux. (Présentation de l’éditeur)

  

L’histoire :

 Pleines d’inventions narratives, les nouvelles d’Anjana Appachana entrelacent enchantement amoureux et cruauté inconsciente, songeries amères et tendres, conflits cocasses ou tragiques. Elles nous font découvrir l’Inde du point de vue de la femme, de l’enfance vulnérable aux déboires des épousailles ; de la fillette qui s’invente une vie sentimentale en lisant Jane Eyre au moment où sa sœur aînée se marie, à celle qui porte une dévotion folle à sa mère — au point de la croire en communication directe avec le panthéon des divinités hindoues ! Les situations se répondent ; si bien qu'on éprouve le sentiment d'être dans l'espace multiple et concentré du roman, au sein d'une famille de la bourgeoisie indienne. 

D’une histoire à l’autre, on se laisse envoûter par l’univers d’Anjana Appachana.

 

Ce que j’ai aimé :

 Ce petit recueil de nouvelles nous plonge au coeur de familles indiennes en pleine évolution. Dans « Bahu » une femme mariée oppressée par sa belle-mère ressent au fond d'elle un profond besoin de liberté. Le couple ne lui apporte pas la satisfaction salvatrice qu'elle s'imaginait recontrer, au contraire, il fonctionne comme un carcan inconfortable :

« Les livres parlent de l’instant de la révélation, la soudaine et absolue prise de conscience de son propre malaise. En réalité ça ne se produit pas comme ça. Il n’y a pas d’instant unique. Chaque fois que vous cédez, vous vous persuadez que l’adaptation est indispensable au mariage. Inutile de contrarier les gens quand vous vivez avec eux. Il n’y aura pas de prochaine fois. Mais si, il y en a une. Vous cédez encore, et encore, et encore. (…) Insensiblement, mais irrévocablement, vous glissez dans le genre de vie qui est l’opposé total et affreux de tout ce à quoi vous croyez. Le genre de vie dont vous parliez avant le mariage (un temps de bonheur parfait en principe) en disant, jamais je n’accepterais une telle chose. Plutôt partir. Maintenant cette situation est la vôtre. Vous n’êtes pas partie. Vivrez-vous toujours comme ça ? » (p. 12)

 Au-delà du couple l'emprisonnement est surtout le fait d'une société percluse dans des moeurs rétrogrades oppressantes, à l'image des deux jeunes femmes de  « Prophétie » dont l’une est enceinte. La société indienne est comme leur université, une véritable prison qui ne leur permet pas de s'épanouir et es oblige à se cacher, à fuguer, à louvoyer sans cesse. Dans « Incantations » une jeune fille de douze ans est la confidente de sa sœur aînée violée qui n’ose en parler à personne à cause des risques qu'elle encourt : répudiation, honte, solitude... C’est à sa petite sœur qu’elle confie le dur fardeau de sa peine, un fardeau beaucoup trop lourd pour une enfant.

Anjana Appachanah peint un tableau sans fards de la société indienne, et des portraits émouvants de jeunes femmes tiraillées entre la modernité et l’appel de la liberté et la famille traditionnelle qui ne les comprend pas. Les hommes profitent de cette situation et bien souvent les femmes ne peuvent compter que sur leurs amies pour les épauler. 

 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 - J'ai moins aimé les deux nouvelles consacrées à un employé arrivant au retard à son travail : « Sharmaji » et « Sharmaji et les sucreries de DIwali »

 

Premières phrases :

« Ce jour-là c’était le premier film que l’on voyait depuis des mois. Nous n’avions plus jamais de temps pour ces choses-là. J’avais (bêtement) imaginé que mon mari et moi nous irions seuls tous les deux, mais la famille au grand complet décida qu’elle voulait nous accompagner. Si bien qu’à la fin nous étions sept : mes beaux-parents, ma belle-sœur, mon beau-frère, leur fils âgé de huit ans, mon mari et moi. Cela faisait un an que nous n’étions pas sortis juste nous deux. »

 

Vous aimerez aussi :

Une interview de Sarojini Sahoo dans l'Humanité sur la condition des femmes en Inde

 Du même auteur :  L’année des secrets d’Anjana APPACHANA

 

D’autres avis :

Loumina 

 

Mes seuls dieux, Anjana Appachana, nouvelles traduites de l’angais (Inde) par Alain Porte, Zulma, 2013, 8.95 euros 

♥ ♥ ♥ 
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Le parfum de Patrick SUSKIND

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

Histoire d'un meurtrier

 

L'auteur :

 

Patrick Süskind est un écrivain et scénariste allemand. Il est né le 26 mars 1949 à Ambach (code postal 82541) sur le lac de Starnberg (am Starnberger See), en Bavière près de Munich. Il étudie l’histoire (histoire médiévale et contemporaine) et la littérature à Munich et à Aix-en-Provence. Il travaille ensuite comme scénariste pour la télévision.

Il écrit une pièce théâtrale à un personnage : "La Contrebasse", qui sera jouée pour la première fois à Munich en 1981. Elle sera publiée en 1984. Cette pièce est jouée régulièrement depuis sa création en Allemagne et a été jouée à Paris avec Jacques Villeret, dans le rôle titre.
Le Parfum est son premier roman édité pour la première fois en 1985 à Zurich, sous le titre Das Parfum, Die Geschichte eines Mörders, puis traduit en français par Bernard Lortholary en 1986 avant d'être réédité par Fayard. Il vaut à son auteur un succès mondial. (Source : Babélio)

 

L'histoire :

 

Au XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus horribles de son époque. Il s'appelait Jean-Baptiste Grenouille. Sa naissance, son enfance furent épouvantables et tout autre que lui n'aurait pas survécu. Mais Grenouille n'avait besoin que d'un minimum de nourriture et de vêtements, et son âme n'avait besoin de rien.

Or ce monstre de Grenouille, car il s'agissait bel et bien d'un genre de monstre, avait un don, ou plutôt un nez unique au monde et il entendait bien devenir, même par les moyens les plus atroces, le Dieu tout-puissant de l'univers, car « qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le coeur des hommes ».
C'est son histoire, abominable… et drolatique, qui nous est racontée dans Le Parfum, un roman très vite devenu un best-seller mondial, et aujourd'hui porté à l'écran. (Source : éditeur)

 

Ce que j'ai aimé :

 

 Jean-Baptiste Grenouille est un être fascinant, à la fois diaboliquement écoeurant, mais aussi artistiquement attirant. Doté d'un nez exceptionnel, il devient un esthète en matière de parfum et élabore les plus envoûtants parfums du siècle. Mais son projet ultime liée à sa fascination des jeunes filles pures l'éloigne peu à peu des sentiers battus. 

 

Par un récit dynamique teinté d'humour, l'auteur, comme Grenouille avec ses flagrances, transforme cette plongée dans le monde d'un assassin en oeuvre d'art parfaitement calibrée. Il parvient également à nous faire sentir les parfums créés par cet homme hors du commun, mais surtout, il nous fait ressentir l'absolue nécessité pour Grenouille de tuer ses victimes innocentes avant qu'elles ne soient perverties par le monde et la société, pour leur offrir un écrin d'éternité dont il pourra s'enivrer jusqu'à pamoison. 

 

Profondément ancré dans la réalité de l'époque, le roman nous emmène au coeur du Paris du XVIIIème avec par exemple la destruction des maisons du pont au Change, les évolutions des parfumeurs, ou encore la révolution culturelle et scientifique qu'ont constituée les Lumières : 

 

« Dans tous les domaines,, on pose des questions, on farfouille, on cherche, on renifle et on fait des expériences à tort et à travers. Il ne suffit plus de dire ce qui est et comment c'est : il faut maintenant que tout soit prouvé, de préférence par des témoins et des chiffres et je ne sais quelles expériences ridicules. Ces Diderot, d'Alembert, Voltaire, Rousseau, et autres plumitifs dont le nom m'échappe, (...), ils ont réussi ce tour de force de répandre dans toute la société cette inquiétude sournoise, leur joie maligne de n'être satisfaits de rien et d'être mécontents de toute chose en ce monde, bref, l'indesdcriptible chaos qui règne dans leur tête. » p.74

 

L'originalité du sujet aux accents fantastiques a fait de ce roman un classique aux accents atemporels, l'un des romans les plus connus de la littérature allemande et qui a été adapté au cinéma en 2006.

 

 

Premières phrases :

 

« Au XVIIIè siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas de génies abominables. C'est son histoire qu'il s'agit de raconter ici. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le pigeon

 

Le parfum, Histoire d 'un meurtrier, Patrick Suskind, traduit de l'allemand par Bernard Lortholary, Le livre de poche, janvier 1998,5,60 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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