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312 résultats pour “itinéraire d'enfance

Alaska de Melinda MOUSTAKIS

Publié le par Hélène

                              

♥ ♥

Ce que j'ai aimé : 

Ce premier recueil de nouvelles de Melinda Moustakis nous présente des histoires originales reliées entre elles par cet amour des grands espaces, de la pêche, et des anecdotes savoureuses. Souvent les récits de pêche sont masculins, ici le point de vue féminin apporte un bol d'air frais dans cet exercice. Les femmes occupent en effet une place centrale dans ces nouvelles évoquant trois générations de femmes de poigne, devant lutter contre la dérive des hommes, contre les éléments naturels, contre la solitude, contre le grand froid d'Alaska, contre elles-mêmes. 

L'auteur établit ainsi un lien entre la pêche et les relations humaines : 

"Fishing and fishing stories taught me how to structure tension and anticipation." (Interview à lire ici)

Pour surmonter les épreuves, chacun doit s'attacher à des relations familiales fortes, comme les liens fraternels qui unissent Gracie et Jack, cette entraide qui pousse Gracie à rouler vers son frère en difficulté au milieu de la nuit même si la route est enneigée, parce que c'est le rôle des frères et des soeurs de veiller les uns sur les autres, surtout quand les parents font défaut. L'art d'éduquer les enfants est en effet difficile, et préserver les liens subtils qui courent entre les êtres l'est encore davantage... Certaines mères douées de clairvoyance savent prévenir leurs filles qu'à l'adolescence elle risque de les haïr, tout en leur précisant que cette période passera, parce que tout passe. D'autres restent démunies devant le laxisme de leurs enfants : 

"La colère, les hormones, la sensation d'être impuissant et jeune. Ils ont besoin d'un tel exercice, ou d'un tel exorcisme. Construisez un pont, as-tu envie de leur dire. Construisez quelque chose. Arrêtez de faire les gros yeux et de courber le dos. Construisez un monument à la grandeur de votre malheur. Sculptez une main géante qui lèverait le majeur en direction du ciel. Mais faites quelque chose."

L'enfance de Kitty et des autres est bercée par l'innocence, le bonheur de courir dans la neige avec cousins et cousines, mais aussi par les gifles, l'alcool, les angoisses devant des parents dépassés par la vie... D'où la nécessité de devenir un battant, pour conjurer le froid ambiant et réchauffer son propre coeur et celui des siens. 

Mélinda Moustakis écrit ici un premier recueil qui allie subtilement art de la pêche et des relations humaines...

Ce que j'ai moins aimé :

L'abondance de personnages et les changements d'époque permanents sont quelquefois déstabilisants.

Premières phrases :

"Tu as été conçue dans un mirador de chasse, disent-ils. 

Ce qui signifie : Nous n'avions pas d'autre endroit.

La cabane est envahie par les frères et soeurs de ma mère. Sur la cuisinière, une marmite de potée de pommes de terre en quantité suffisante pour nourrir vingt personnes. Voyez ma mère, le dos malmené contre la plate-forme en bois au mileiur des arbres. Voyez mon père, le doigt sur la détente -au cas où."

Informations sur le livre :

Gallmeister

Vous aimerez aussi :

Le site de l'auteur 

David VANN Désolations

 

Alaska, Melinda Moustakis, traduction de l'américain par Laura Derajinski, Gallmeister, octobre 2014, 216 p., 22.50 euros

 

Merci à l'éditeur

 

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Radeau d’Antoine CHOPLIN

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

« Pour les amoureux d’art et des silences qui en disent long. »

 

L’auteur :

 Antoine Choplin est depuis 1996 l’organisateur du festival de l’Arpenteur, en Isère, événement consacré au spectacle vivant et à la littérature.

Il vit près de Grenoble, où il concilie son travail d’auteur, ses activités culturelles et sa passion pour la marche en montagne. Il est également l’auteur de plusieurs livres parus aux éditions de La fosse aux ours, notamment Radeau (2003, Prix des librairies Initiales), Léger fracas du monde (2005) et L’Impasse (2006). Antoine Choplin reçoit le Prix France Télévisions 2012 pour "La nuit tombée". (Source : Babélio)

 

L’histoire :

 

 1940 En pleine débâcle, Louis, au volant d'un camion, fuit devant l'arrivée prochaine des Allemands. Sa cargaison est précieuse. Il transporte des tableaux du Louvre qu'il faut mettre à l'abri. Sur la route, il dépasse une femme. Les consignes du plan "Hirondelle" sont strictes. Il ne doit pas s'arrêter. Et pourtant... (Source : Babélio)

 

Ce que j’ai aimé :

 

1940. Un camion au chargement précieux sur une route déserte. Sur cette même route, une femme marche. Ils vont se rencontrer. SI Louis le conducteur hésite tout d’abord à s’arrêter, à cause de sa mission, le plan « Hirondelle », il va finalement passer outre les consignes et inviter la jeune femme à ses côtés.

De non-dits en paroles sibyllines, ils se découvrent, s’apprivoisent, se lient…

En peu de mots, Antoine Choplin dit l’essentiel. Il fait entendre aussi bien les sentiments que les silences, il dessine des silhouettes qui peu à peu prennent vie sous nos yeux émerveillés.

 « Il n’y a qu’à vivre, passer par ces instants. Rencontrer une femme sur la route, lui donner un bout de pain, sentir sans savoir les méandres d’un destin, partager la suite avec elle. Une nuit de guerre. Une nuit comme ça, entre un homme et une femme dans un camion, sur la banquette d’un camion, avec juste  la promesse des heures sombres à traverser ensemble.

Il est exalté par cette chose simple, aussi humaine. » (p. 13)

 

 L’histoire de Louis et Sarah est effectivement simple et lumineuse, ensemble ils vont construire un cocon d’art et d’amour en marge de la guerre.

 

 « C’est une drôle de chose les musées. En fait, une sorte de trahison. Quand on pense à toutes ces œuvres façonnées dans la solitude, souvent créées dans le dénuement, sans souci les unes des autres, et qu’on retrouve là, les unes à côté des autres, accrochées dans ces salons d’apparat à haut plafond, au parquet bien lustré, les musées, ce devrait être les ateliers d’artistes, avec leur vraie lumière, avec les chiffons salis et les odeurs de vernis. Alors là. » (p. 53)

 « Un roman charnel et incandescent. » (Télérama)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 - Rien.

 

 Premières phrases :

 

 « Il franchirait la Loire à Saumur. Emprunterait le même pont chargé d’enfance. C’était cette route-là aussi, vers le Berry de ses grands-parents, des premières vacances, des cousins éloignés et des courses de brouette, des cerises trop mûres bouffées par les oiseaux.

Quand il y pense, Louis. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur :  La nuit tombée de Antoine CHOPLIN ; Le héron de Guernica de Antoine CHOPLIN 

 

Radeau, Antoine Choplin, Points, septembre 2013, 128 p., 5.50 euros

 

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Shutter island de Dennis LEHANE

Publié le par Hélène

                                   

♥ ♥ ♥

"Au fond, tout est dans l’œil de celui qui regarde."

 

 L'auteur :

 

 Dennis Lehane est né en 1966 à Dorchester dans le Massachusetts.  Après des études à Boston, il part à l'université internationale de Floride. Tout en écrivant son premier livre (Un dernier verre avant la guerre), il vit de métiers divers (livreur, libraire, chauffeur). C'est également un ancien éducateur qui travaillait dans le secteur de l'enfance maltraitée. Ce thème reste très présent dans la majorité de ses œuvres.

Il vit aujourd'hui à Boston. Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues.

 

L'histoire :

 

Le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule ont été appelés sur Shutter Island, île abritant un hôpital psychatrique, car l'une des patientes de l'hôpital, Rachel Solando, a disparu.

Leur enquête commence alors, peu évidente : comment la patiente a -t-elle pu s'enfuir de sa cellule, fermée de l'extérieur ?

 Ce que j'ai aimé :

 

Il s'agit d'un roman policier à forte teneur psychologique. Non seulement parce que l'enquête se déroule dans le milieu psychatrique, mais aussi parce que chaque personnage est doué d'une profondeur psychologique saisissante...

 Les êtres sont bien plus complexes qu'ils ne le semblent au premier abord, et si cette thèse est l'une de celle qui fait l'intérêt des romans de Dennis Lehane, ici, elle est menée à son paroxysme...

 Ce roman policier est absolument original, je n'en connais pas d'équivalent.

 Non seulement l'intrigue est trépidante, mais les personnages sont passionnants, des romans à eux seuls. Le marshall est un être marqué par la guerre en Europe, par les camps, par la perte de sa femme, il est un homme qui voue sa vie aux autres pour oublier quelques instants la sienne. Et pourtant, il est impossible de renier totalement celui que l'on est ...

 "Au fond, c'est pareil qu'une voiture. Un engrenage se grippe, un boulon casse et tout le système se détraque. Vous croyez qu'on peut vivre avec ça ? (Il se tapota la tempe.) Tout est enfermé là-dedans et y a pas moyen d'y accéder. Vous, vous contrôlez pas grand-chose, mais votre esprit, lui, il vous contrôle, pas vrai ? Et s'il décide un jour de pas aller au boulot, hein ? 

(...) Ben, vous êtes baisé."

 Un grand roman...

 

Ce que j'ai moins aimé :

 

- Il faut savoir que ce n'est pas un roman policier classique et qu'il pourrait en déranger certains. Si vous êtes "Borderline", passez votre chemin...

 

 Premières phrases :

 

     " Le père de Teddy Daniels était pêcheur. Il dut céder son bateau à la banque en 1931 - Teddy avait onze ans à l'époque -, et il passa le reste de sa vie à trimer sur le bateau des autres quand ils avaient du travail à lui proposer, à décharger des marchandises sur les docks quand ils n'en avaient pas ou, lorsqu'il était rentré à la maison vers dix heures du matin, à demeurer de longs moments affalés dans un fauteuil, en contemplation devant ses mains, les yeux écarquillés et le regard sombre, marmonnant tout seul de temps à autres."

 

 Vous aimerez aussi :

 

 Du même auteur :  Ténèbres, prenez-moi par la main de Dennis LEHANE Gone, Baby, Gone de Dennis LEHANE 

Moonlight Mile de Dennis LEHANE

Autre :  Roman policier américain

 

Shutter island, Dennis LEHANE, traduit de l'américain par Isabelle Maillet, Rivages thriller, septembre 2009, 8.14 euros

 

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Clair de femme de Romain GARY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Vous êtes là, il y a clair de femme, et le malheur cesse d'être une qualité de la vie."

 

Ce que j'ai aimé :

Un soir de désuétude, deux êtres vont se frôler, pour rompre un instant leur solitude et leur souffrance. Michel aurait dû être dans un avion en partance pour Caracas, loin de sa femme Yannik qui met fin volontairement à une maladie qui la ronge dans un appartement tout proche, mais il n'a pas pu partir, pas voulu, alors il erre dans cette ville qui porte les débris de son amour. Lydia lutte pour retrouver un amour perdu depuis un tragique accident de voiture qui a rendu son mari infirme. Yannik voulait que Michel rencontre une autre femme pour que l'amour qui les liait perdure avec une autre. Cette autre sera-t-elle Lydia ? 

La beauté du texte et des dialogues prend à la gorge et inonde le lecteur d'émotions diverses. 

"L'éphémère vit d'éclairs  et je ne demande aps au bonheur une rente."

"Le sens de la vie a un goût de lèvres."

De très belles réflexions sur le couple illuminent cette liaison entre deux délaissés de la vie :

"Comment veux-tu distinguer le faux du vrai, quand on crève de solitude ? On recontre un type, on essaie de le rendre intéressant, on l'invente complètement, on l'habille de qualités des pieds à la tête, on ferme les yeux pour mieux le voir, il essaie de donner le change, vous aussi, s'il est beau et con on le trouve intelligent, s'il vous trouve conne, il se sent intelligent, s'il remarque que vous avez les seins qui tombent, il vous trouve de la personnalité, si vous commencez à sentir que c'est un plouc, vous vous dites qu'il faut l'aider, s'il est inculte, vous en savez assez pour deux, s'il veut faire ça tout le temps, vous vous dites qu'il vous aime, s'il n'est pas très porté là-dessus, vous vous dites que ce n'est pas ça qui compte, s'il est radin, c'est parce qu'il a eu une enfance pauvre, s'il est mufle, vous vous dites qu'il est nature, et vous continuez ainsi à faire des pieds et des mains pour nier l'évidence, alors que ça crève les yeux et c'est ce qu'on appelle les problèmes de couple, le problème du couple, quand il n'est plus possible de s'inventer, l'un l'autre, et alors, c'est le chagrin, la rancune, la haine, les débris que l'on essaie de faire tenir ensemble à cause des enfants ou tout simplement parce qu'on préfère encore être dans la merde que de se retrouver seule."

Durant cette nuit d'errance Michel croise aussi la route du Senor Galba, dresseur de chiens émérite, qui attend la mort la "smrt" comme il préfère l'appeler parce que ces sonorités sont davantage en accord avec ce qu'elle est. 

Un très beau texte que je vous recommande en ce jour qui célèbre le 100ème anniversaire de la naissance de Romain Gary !

« Deux désespoirs qui se rencontrent cela peut bien faire un espoir ».

 

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien, j'en réclame encore !

 

Premières phrases :

"Je descendais du taxi et la heurtai, avec ses paquets, en ouvrant la portière : pain, oeufs, lait se répandirent sur le trottoir - et c'est ainsi que nous nous sommes rencontrés, sous la petite pluie fine qui s'ennuyait." 

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : La promesse de l'aube

 

Clair de femme, Romain Gary, Folio, avril 1982, 180 p., 6.20 euros

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Ténèbres, prenez-moi par la main de Dennis LEHANE

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥ 

 

Un roman policier prenant et enrichissant.

 

 

 

 

L'auteur :

 

Dennis Lehane est un écrivain américain contemporain d'origine irlandaise. Ses cinq premiers romans (de Un premier verre avant la guerre à Prières pour la pluie) mettent en scène un couple de détective Patrick KENZIE et Angela GENNARO. Ténèbres prenez-moi par la main est le deuxième opus de la série, les romans les plus connus de l'auteur étant Mystic River et Shutter Island, (dotés d'autres héros) adaptés au cinéma.

  

L’histoire :  

 

A Boston, aux Etats-Unis la psychiatre Diandra Warren fait appel à Patrick Kenzie et Angela Gennaro : après avoir reçu un appel anonyme, elle reçoit une photo inquiétante de son fils Jason. Les deux détectives acceptent de l'aider à retrouver le mystérieux expéditeur, sans savoir que cela les mènera vers une enquête difficile et dangereuse.

 

Ce que j’ai aimé :  

 

-          Une intrigue passionnante.

-          Une réflexion enrichissante sur l’enfance, ses répercussions, et surtout sur le mal lové en chaque individu. Loin d’être manichéen, Dennis Lehane dépeint avec beaucoup de subtilité la psychologie des personnages.

-          Des héros attachants : la relation ambivalente qu’entretiennent Patrick et Angela apporte du piquant au roman…

-          Les multiples ramifications : sociologiques, psychologiques, philosophiques, politiques…

 

« Nous avons replongé le nez dans nos tasses en écoutant le présentateur rapporter l’appel du maire à des lois plus sévères sur la vente des armes à feu, l’appel du gouverneur à une application plus stricte des contrôles judiciaires. Pour qu’un autre Eddie Brower n’entre pas dans la mauvaise supérette au mauvais moment. Pour qu’une autre Laura Stiles puisse rompre avec un petit ami trop brutal sans craindre la mort. Pour que tous les James Fahey de ce monde cessent enfin de distiller la terreur en nous. » (p. 489)

 

Ce que j’ai moins aimé :  

 

-          Le prologue qui laisse supposer une fin tragique, alors que rien n’est aussi simple chez cet auteur…

 

Premières phrases :  

 

« Quand j’étais gosse, mon père m’a emmené un jour sur le toit d’un immeuble qui venait de brûler. Il me faisait visiter la caserne lorsque l’alerte avait été donnée, et du coup, je m’étais retrouvé à côté de lui dans la cabine de camion, tout excité de sentir l’arrière du véhicule chasser dans les virages, tandis que les sirènes hurlaient et que la fumée jaillissait devant nous en gros nuages bleus, noirs, épais. »

 

 

Vous aimerez aussi : 

 

De chair et de sang de John HARVEY

 

 

Ténèbres prenez-moi par la main, Dennis LEHANE, Payot et Rivages, fév. 2000, 395 p., 20.50 euros

POCHE : Ténèbres prenez-moi par la main, Dennis LEHANE, Payot et Rivages, Rivages Noir, mars 2002, 489 p., 9.45 euros  

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Nature morte de Louise PENNY

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ ♥

 

L’auteur :

 Vous trouverez sa présentation ici : http://www.louisepenny.com/louise.htm

 

L’histoire :

Un dimanche d'automne, le jour se lève sur le charmant village québécois de Three Pines, et les maisons reprennent vie peu à peu. Toutes, sauf une... La découverte dans la forêt du cadavre de Jane Neal bouleverse les habitants de la petite communauté. Qui pouvait bien souhaiter la mort de cette enseignante à la retraite, peintre à ses heures, qui a vu grandir tous les enfants du village et dirigeait l'association des femmes de l'église anglicane ? L'inspecteur-chef Armand Gamache, de la Sûreté du Québec, est dépêché sur les lieux. Il ne croit guère à un accident de chasse. Au cours de sa longue carrière au sein de l'escouade des homicides, il a appris à se méfier des apparences. Tandis que ses adjoints procèdent aux premiers interrogatoires, il s'abstrait du tumulte, s'assied sur un banc, clans le parc du village, s'imprègne des lieux et fait ce qu'il sait faire le mieux : il observe. Alors, lentement, à force d'attention, la perfection du tableau s'estompe. Des craquelures d'abord invisibles lézardent le vernis, l'œil averti devine les retouches, les coupables repentirs, les inavouables repeints. Bientôt, la fresque idyllique livrera ses terribles secrets... Avec ce premier volet des enquêtes de l'inspecteur-chef Armand Gamache, Louise Penny a concocté un roman plein de charme, de subtilité et d'humour, dans la plus pure tradition des grands maîtres de la littérature policière. (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

Nature morte est un roman d’ambiance : l’auteur nous plonge dans le monde ouatiné d’un petit village québécois tapi dans la campagne au pied de trois grands pins qui veillent sur les habitants. Ces derniers vivent là comme au sein d’une grande famille, persuadés de pouvoir faire confiance à leurs voisins devenus des amis. Certains se cotoient même depuis la plus tendre enfance, renforçant l’impression d’une communauté soudée, à l’abri des tourments du monde extérieur. Malheureusement le meurtre de Jane Neal, une habitante du village va remettre en question cette quiétude teintée d’idéal.

 L’intrigue bien menée brouille savamment les diverses pistes de façon à susciter l’intérêt du lecteur : s’agit-il d’une sombre histoire d’héritage ? d’un accident de chasse ? d’une vengeance liée à l’intervention de la vieille dame dans une récente altercation ? Les pistes sont nombreuses et sont explorées lentement mais sûrement par l’inspecteur-chef Gamache, homme de devoir et fin psychologue. 

 En effet les personnages sont bien campés, assez denses psychologiquement, apportant la touche de crédibilité nécessaire au plaisir ressenti par le lecteur qui découvre ce roman...

 Une auteure à retenir... 

   

Ce que j’ai moins aimé :

 -          Rien

 

 Premières phrases :

« Mlle Jane Neal se présenta devant Dieu dans la brume matinale du dimanche de Thanksgiving. Ce décès inattendu prit tout le monde au dépourvu. La mort de Mlle Neal n’était pas naturelle, sauf si l’on croit que tout arrive à point nommé. »

 

 Vous  aimerez aussi :

Du même auteur : la deuxième aventure d’Armand Ganache Sous la glace

Autre : les romans de Michel TREMBLAY ou de Jacques POULIN

 

D’autres avis :

 Richard Kathel DasolaJoëlle et Lystig.

 

Nature morte, Louise Penny, roman traduit de l’anglais (Canada) par Michel Saint-Germain, Actes sud, Babel, 438 p., 9.70 euros

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Ici ça va de Thomas VINAU

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

"C'est un livre qui a la prétention de l'aube, de l'horizon, du recommencement. Un livre comme certains matins. Parfois. Un livre qui veut croire." (p. 135)

 

 L’auteur :

Thomas Vinau est né en 1978 à Toulouse et vit au pied du Luberon à Pertuis. Son premier roman, Nos cheveux blanchiront avec nos yeux a été publié chez Alma en 2011.
Son blog : http://etc-iste.blogspot.com

 L’histoire :

 Un jeune couple s’installe dans une maison apparemment abandonnée. L’idée ? Se reconstruire en la rénovant. Tandis qu’elle chantonne et jardine, lui – à pas prudents – essaie de retrouver ses souvenirs dans ce lieu qu’il habita enfant. Ses parents y vécurent heureux, avant que la mort soudaine du père coupe le temps en deux. Dans ce paysage d’herbes folles et d’eau qui ruisselle, ce sont les gestes les plus simples, les événements les plus ordinaires qui vont réenchanter la vie : la canne à pêche, la petite voisine, les ragondins, la tarte aux fruits, l’harmonica.

 Ce que j’ai aimé :

Thomas Vinau nous offre des éclats de vie éclairés d'une aura particulière : il décrit la vie comme elle va, avec ses lenteurs, ses déceptions, ses musicalités, sa beauté et ses recoins sombres. Il ne nous raconte rien de plus que ce qu'il voit, juste la vie qui passe, juste le bonheur qui ondoie : 

 "Le soleil monte sur la berge. Sur les troncs. Les taillis. Puis les branches. Les feuillages, qu'il finit par percer. Certaines de ses flèches commencent à arriver sur la surface de l'eau. Elles éclatent en cristaux de lumière. Eblouissent. Eclaboussent. Bondissent dans mes pupilles." (p. 61)

 Son quotidien champêtre est doux et sans accroc, seules les blessures inévitables du passé affleurent au bord de ces journées passées dans les lieux même de son enfance. Blessures que l’on essaie de panser en se fondant dans la béatitude du temps qui passe. 

Thomas Vinau chante la beauté de la vie dans sa simplicité : nul besoin de fioritures, quand l'essentiel est de pouvoir dire à ceux que l'on aime « Ici ça va », comme un refrain rassurant qui n'en demande pas plus, comme une paix intérieure évidente, parce que finalement, le bonheur est peut-être dans ces mots, purs, simples et directs …

 "J'ai eu cette idée d'entrer dans l'eau à la manière du film Et au milieu coule une rivière. C'était beau. Romantique. Mais je ne pêche pas à la mouche. L'eau est glacée. Le soleil m'aveugle. Je me retrouve debout, les yeux fermés, au centre du courant. Cette scène n' a pas de sens. Je vais finir malade. Pourtant je me sens bien." (p. 62)

 

   Ce que j’ai moins aimé :

 - Rien  

 

 Premières phrases :

« Ici ça va. La maison n’est pas toute neuve mais elle est propre et les plafonds sont hauts. Au moment où Ema a ouvert la porte grinçante, dont le bois humide avait gonflé autour des gonds et de la serrure, il y a eu comme un grand silence de poussière et de souvenirs. »

 

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Nos cheveux blanchiront avec nos yeux

Autre : L’homme-joie de Christian BOBIN

 D’autres avis :

 Presse 

 Blogs : Clara  ;  Anne Antigone, Emeraude, Mimipinson Nadael, Philisinne

 

Ici ça va, Thomas Vinau, Alma Editeur, août 2012, 140 p., 13 euros

  challenge rentrée littéraire 2012

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Ces âmes chagrines de Léonora MIANO

Publié le par Hélène

ces âmes chagrines

 ♥ ♥

 "Quand je parlerais toutes les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit." (Corinthiens, I, 13, 1)

   

L’auteur :

 

Léonora Miano est née au Cameroun. Après avoir consacré une trilogie à l'Afrique avec L'Intérieur de la nuit, Contours du jour qui vient, prix Goncourt des Lycéens 2006, et Les Aubes écarlates (2009), elle est l'une des premières à avoir fait entrer la population afropéenne dans la littérature en publiant Tels des astres éteints (2008) et Blues pour Elise (2010).

 

L’histoire :

 

Né dans l'Hexagone, Antoine Kingué, dit Snow, n'arrive toujours pas à surmonter la rancoeur qu'il nourrit envers sa mère, coupable de ne l'avoir jamais assez aimé. Elle n'a pas hésité à le laisser en pension alors qu'il n'avait que sept ans et à l'envoyer passer les grandes vacances seul au Mboasu, ce pays subsaharien, où il ne s'est jamais senti à sa place. Tout ça pour une histoire d'amour qui a tourné court. Et puis, il est persuadé que son frère Maxime a reçu plus d'affection que lui.

Pour se venger de cette enfance malheureuse, Snow fait payer ceux qui l'ont fait souffrir, rêve de devenir une vedette adulée, une star dont la vie serait enfin brillante et facile.
Quand son frère lui annonce son retour au pays avec leur mère, Snow voit son univers s'effondrer. Sans plus personne sur qui passer sa rage, il se retrouve face à lui-même.
Débouté par cette existence qui ne cesse de se dérober sous ses pieds, il va être amené à renouer avec une histoire qu'il a toujours reniée, celle de ses origines subsahariennes, là-bas, au Mboasu.

 

Ce que j’ai aimé :

 

 Ces âmes chagrines est un roman qui peut étonner au premier abord tant il semble éloigné de l’univers léger et lumineux de l’auteur. C’est un roman qui parle de solitude, d’abandon, du manque d’amour destructeur, de dépression. Léonora Miano l’explique elle-même : il est basé sur un texte initial ancien, elle avait 30 ans alors et ressassait ses histoires familiales dans un climat de dépression latente. Nous sommes donc bien loin du monde de « Blues pour Elise ». 

 Néanmoins, si le personnage d’Antoine, être déstructuré par l’abandon de sa mère bien décidé à se venger sur les autres, est relalivement sombre, il s’achemine au fil du récit vers une rédemption libératrice et optimiste. Lénora Miano nous enjoint par ce récit à  «éviter l’enfermement, le ressassement de la douleur, éviter l’amertume,  essayer la résilience, essayer d’y croire » et nous offre une lueur d'espoir dans une société gangrénée par la solitude…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Le talent de Léonora Miano permet de ressentir au plus près l'étouffement étriqué dans lequel vit Antoine, si bien que j'ai quelquefois eu du mal à respirer...

 

Premières phrases :

 

« Les femmes venaient de descendre. Il les voyait depuis le balcon de la terrasse donnant sur le jardin privatif, avec ses arbustes élégamment taillés, ses toboggans et balançoires destinés aux enfants des résidents. Philomène, apercevant de loin les voitures du funiculaire qui glissaient le long du câble, avait demandé quel était cet engin. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Blues pour Elise de Léonora MIANO

Autre : Celles qui attendent de Fatou DIOME

 

Ces âmes chagrines, Léonora MIANO, Plon, août 2011, 280 p., 20 euros

 

 challenge 1% littéraire 

defi Afrika Choupynette

 

Je peux le faire voyager, avis aux amateurs...

Publié dans Littérature Afrique

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Les formidables aventures de Lapinot. Tome 0. Slaloms de Lewis TRONDHEIM

Publié le par Hélène

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♥ ♥

 

L’auteur :

Lewis Trondheim de son vrai nom Laurent Chabosy (né le 11 décembre 1964, à Fontainebleau, France) est un dessinateur, scénariste et éditeur français de bande dessinée.

 

La série :

Les Formidables Aventures de Lapinot est une série de bande dessinée réalisée par Lewis Trondheim.

La série met en scène des animaux à forme humaine. Le personnage principal est un lapin, Lapinot, entouré d'une bande d'amis (Richard, Pierrot, Titi, Nadia…). En alternance, les histoires se déroulent dans un environnement urbain habituel ou dans des mondes empruntés à des univers variés : westerns, Spirou et Fantasio, etc.(source : Wikipédia)

 

L’histoire :

Lapinot, Richard, Pierrot et Titi vont aux sports d'hiver. Au début, Lapinot a mal au cœur à cause des virages en bagnole. Après, ils ne peuvent pas faire de ski à cause du loup qui a déjà zigouillé trois skieurs. Après, ils peuvent en faire parce que le loup est parti, mais c'est coton de louer des chaussures et le reste parce que Lapinot chausse du 88 et Pierrot a "juste besoin de gants normaux à quatre doigts". Après, Richard descend tout schuss du matin au soir, et les autres, qui trouvent globalement que le paysage est pentu, comptent leurs abattis quand ils se ramassent. Le reste du temps, ils échangent des vannes poilantes, ils emballent les filles - mollement : Lapinot ne se sent pas d'entamer une relation en ce moment - ou ils jouent à des jeux idiots et dansent sur Cloclo : "Les sirènes du poort d'alee-xandrie chantencore la même méé-lodie…"  (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

Les formidables aventures de Lapinot peignent la vie simple de trentenaires : ce sont des êtres sans fioritures à cheval entre la vie adulte et les bouffonneries de l’enfance. Des personnages  dans lesquels tout un chacun se reconnaît :  ici évoluant aux sports d’hiver, on y rencontre celui qui veut dévaler les pistes –noires-  de la première à la dernière heure, celui venu pour se reposer et qui refuse de « s’exciter », celui venu avant tout pour lever des filles,  sur les pistes ou en boîte de nuit…  Des personnes capables de chanter « Etoile des neiges » à tue-tête –ou sa version actualisée assez étonnante… - et capable l’instant d’après de disserter :

 

« Il faut bien admettre qu’on est tous devenus des adultes responsables.

-          Ou en tout cas des adultes…

-          Légalement parlant ;

-          Mm… On est peu de chose…

-          Tu veux dire qu’on est plus que très importants

-          Le fait qu’on existe donne une dimension aux choses.

-          Le fait qu’on existe nous fait nous rendre compte qu’on est nous-mêmes d’une petite dimension. » (p. 31)

 

« Des gens meurent à chaque seconde ! C’est comme si tu découvrais que la mort existe vraiment parce qu’elle a été proche de toi… » (p. 46)

 

Slaloms est un album simple, sans prétention, et ses héros des êtres sympathiques avec qui on passe du bon temps.

 

Ce que j’ai moins aimé :

Ce n’est pas hilarant, on sourit tout juste, les aventures sont somme toute tellement banales que l’on pourrait leur reprocher de rester trop à plat…

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D’autres avis :

Babélio

 

Slaloms, Lewis TRONDHEIM, Dargaud, 2000, 46 p., 11.55 euros

 BD du mercredi de Mango 1

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La maison de mes pères de Jorn RIEL

Publié le par Hélène

    maisons-de-mes-peres.jpg

 ♥ ♥ ♥ ♥

  « Le bonheur, c’était la pipe ronflante de Pete et son bras lourd sur mon épaule. » (p. 217)

  

L’auteur :

 

Jorn Riel est un écrivain danois ayant vécu seize ans au Groenland. Il en rapportera une œuvre majeure, traduite en une douzaine de langues. Il vit aujourd’hui en Malaisie, histoire de décongeler, se plaît-il à dire.

 

L’histoire :

 

Agojaraq est un jeune métis eskimo vivant au sein d’un foyer haut en couleurs : il est entouré de ses cinq pères potentiels et de sa vieille nourrice Aviaja. Il nous conte avec truculence les aventures originales de ces drôles d’eskimos…

 

Ce que j’ai aimé :

 

-         Ce roman est comme un souffle d’air frais –voire polaire- qui nous emmène en voyage à la découverte d’un monde inconnu, aux mœurs tellement différentes des nôtres.

 

-         Jorn Riel met en avant la cocasserie des situations et la poésie des personnages qui peuplent le roman : l’arrivée d’un prêtre venu convertir les masses –et accessoirement s’enrichir en peaux- et édifiant bien laborieusement son temple gonflable à la seule force de ses poumons, les attaques inopinées de bêtes sauvages telles que les loups ou les ours, la libéralité des couples qui cherchent seulement à se réchauffer, les hallucinations de Small Johnson quand il est fortement imbibé…

 

-         Les habitants de ce bout du monde chantent avant tout un amour immodéré pour leur paradis sur terre :

 

« On peut en arriver à penser à la vallée de pavots de la baie de Hume, et au soleil du soir sur le fjord, et aux chiens et aux voyages en traîneaux et à la chasse. On peut penser aux cris des oies quand elles migrent vers l’est et aux cognements du plongeon glacial, et surtout aux premiers bruants des neiges, au printemps. » (p. 315)

 

Ils sont conscients de la fragilité de leur bonheur, menacé par la civilisation :

 

« Ca va être de plus en plus dur de garder nos principes. » remarque l’un des personnages. (p. 353)

 

 Le jeune Ago, parti se cultiver à l’étranger, en fera la douloureuse expérience…

 

-         C’est un roman tendre et enchanteur que nous offre Jorn Riel, un auteur qui aime profondément ses personnages, et je ne peux que vous le recommander chaudement…

  

Ce que j’ai moins aimé :

 

-         Rien, je suis fan !

 

Premières phrases :

 

« J’ai deux pères. En vérité, j’aurais sans doute dû en avoir cinq, mais les camarades s’étaient mis d’accord pour désigner Pete et Jeobald comme mes vrais pères, Samuel, Gilbert et Small Johnson plutôt comme un genre d’oncles. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : La vierge froide et autres racontars de Jorn RIEL

 Autre : Ciel bleu : une enfance dans le Haut Altaï de Galsan TSCHINAG

  

La maison de mes pères, Jorn RIEL, Traduit du danois par Inès Jorgensen, Gaïa, novembre 2010, 512 p., 23 euros

POCHE : 3 tomes en 10/18

 

Je remercie Béatrice Hentgen des Editions Gaïa pour cette immersion dans le Grand Nord Canadien...

 

rire copie

Publié dans Littérature Europe

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