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312 résultats pour “itinéraire d'enfance

Festival Paris en toutes lettres 2016 - Rencontre avec Sylvain Tesson

Publié le par Hélène

Vendredi dernier dans le cadre du Festival Paris en toutes Lettres, la maison de la poésie organisait une rencontre avec Sylvain Tesson. 

Pourquoi la marche ?

Après ma chute, j'ai passé plusieurs mois à l'hôpital, enfermé. A ma sortie, j'ai eu la possibilité de faire ce que j'aimais, marcher au grand air. C'était une issue pour moi, une lumière au bout du couloir. Cela me permettait d'accomplir une forme de rééducation et aussi de sortir de ma déprime.

Pourquoi la France ?

Souvent nous négligeons ce qu'on possède, qu'il s'agisse des lieux ou des êtres. Je vivais en France mais je ne connaissais pas mon pays. L'exotisme est comme la maladie infantile de la géographie. On demande à la distance de nous apporter ce que la vie ne sait pas nous apporter...

La deuxième raison est que je ne pouvais pas aller trop loin, j'avais besoin d'une marche douce, une aventure dans les  limites du raisonnable. Avant j'étais un ado attardé sans l'acné un peu fou dans ses aventures. 

Je voulais aller vers la mer pour finir mon parcours au bord d'une falaise. Je me sens bien au bord des falaises, devant cette géographie qui impose la nécessité de s'arrêter. 

Vous avez fait  des études de géographie ?

Oui, je suis un être superficiel qui aime ce qui se déploie, ce qui s'étend et ce qu'on peut observer sur un plan euclidien. 

Que sont les chemins noirs ?

Les chemins noirs sont les chemins les plus fins possibles sur la carte. Sur le sol ce sont des broussailles, des sentiers oubliés, des issues de secours. Et puis j'ai joué avec une analogie vague : les chemins noirs sont aussi les chemins intérieurs, les lignes de traverse qu'on suit dans son existence, nos replis, nos silences, dans une volonté de s'abstraire du brouhaha. 

René Frémi a écrit en 1964 "Les chemins noirs ", l'histoire d'un conscrit qui s'évade. Je ne pouvais pas utiliser le même titre, j'ai donc rajouté la préposition car je tenais à ce titre.

Dans votre roman vous parlez aussi de l'exode rural ?

L'exode rural a provoqué la disparition de tout un peuple, les ronces ont repoussé. La disparition des paysans est quelque chose qui existe vraiment. Comme l'enlaidissement du territoire dû au phénomène de décentralisation, d'industrialisation, de politique agricole commune, de périurbanisation, de reliement par les routes, de rocades, ronds points... Ce n'est pas un délire de vieux barbon, c'est une constatation de ce qu'il s'est passé. Alors oui de nouveaux paysans reviennent, à petite échelle mais pour l'instant c'est anecdotique.

Vous souhaitiez échapper aux écrans ? Sortir des radars ?

J'apprécie le terme de "dispositif", d'appareillage employé par Foucault, qui désigne le gouvernement qui règne sur une collectivité sous une forme intangible, impalpable. Le philosophe Agamben s'en sert en ajoutant une nouvelle donnée, il injecte la révolution numérique, les nouvelles technologies censées être à notre service mais qui sont en réalité nos maîtres. La technologie est un instrument dont on devient esclave. Je veux échapper à l'impératif de se soumettre à la nécessité de communiquer, de s'exhiber tout le temps, de réagir sur tout, tout le temps, c'est ce que j'appelle le brouhaha du monde.

La diagonale est un chemin noir, une vie hors des voies, une échappée du dispositif.

Dans Berezina vous employez aussi le terme de "escapisme". 

Il s'agit d'un comportement stratégique tactique et existentiel devant une situation qui consiste à fuir, à prendre la tangente. Il s'agit d'un principe de vie, dès qu'un obstacle ou une bifurcation se présente, il faut prendre la troisième voie : le demi tour. Comme les herbivores qui fuient pour survivre. 

Mon retrait au bord du lac Baïkal était un retrait du monde dans une forme immobile. Les chemins noirs sont un retrait en mouvement. J'aime la recommandation d'Epicure qui incite à dissimuler sa vie -ce qu'il  n' a pas réussi et a bien raté d'ailleurs vu sa notoriété à travers les âges ! Dans ma vie je ressens toujours cette oscillation entre nomadisme et sédentarité, Kerouac et Xénophon, la Sibérie et l'Indre et Loire.

© / Pierre chamboultout

Pourquoi la première fuite ?

La première fois je suis parti faire le tour du monde à bicyclette avec Alexandre Poussin . Pour nous, c'était ordinaire, à 20 ans c'est une banalité de vouloir partir, cela tient d'une force vitale. 

Quant à trouver une explication psychanalytique à mon envie de m'échapper, je n'y crois pas. On ne trouve pas toujours tout dans les mystères de l'enfance, je ne crois pas que tout ce qu'on devient est contenu dans l'enfance. Il s'agit davantage d'occasions, de signes présents sur le bord de la route.

@http://www.expemag.com/

L'écriture était-elle liée au voyage dés le départ ?

Lors du premier voyage j'ai écrit par hasard : un éditeur m'a proposé d'écrire le récit du voyage, le livre a connu un beau succès, du coup j'ai écrit un deuxième livre puis c'est devenu une discipline puis un besoin puis un dédoublement de la vie. L'écriture représente la possibilité de vivre une deuxième fois la journée. D'ailleurs je tiens depuis longtemps un journal intime dans lequel j'archive ma vie, ses faits, tous les jours. Et pour moi la fin du voyage n'arrive réellement qu'après la fin du travail d'écriture, quand je pose le point final.

Etes-vous tenté par une oeuvre d'imagination ? 

Je n'écris que ce que je vis, je ne suis pas un écrivain de l'imagination. Je suis un laborieux, je ne suis pas comme ces écrivains qui se laissent emporter par leurs personnages, moi si je crée des personnages ils s'endorment sur le canapé ! Non, je ne serai jamais un écrivain de l'imagination. Je suis doté d'un bon outillage sensoriel pour observer le monde et je m'en contente, et puis la vie est suffisamment surprenante en elle-même sans que l'on cherche à en rajouter.

Pourquoi toutes ces citations dans vos livres ?

Je suis encombré par la référence, c'est une maladie européenne de mettre entre soi et ce que l'on voit l'écran de la référence. Je voulais cette fois-ci faire exclusivement usage de mes sens, or cela a duré 30 secondes et j'ai vite réutilisé le nuage de fumée des références. 

Vous avez été rejoint par des amis durant la route.

J'aime l'idée d'une bandes d'amis qui voyage, je ne suis pas misanthrope. Par contre, deux jours me semble un bon intervalle de commerce avec mes semblables. J'aime l'image de la cordée d'escalade  : 50 mètres nous séparent, de temps en temps on se rejoint quelques secondes pour échanger quelques mots cela me semble vivable avec un ami.

Et le corps ? 

Il repousse... Avant j'étais en bonne santé mais je buvais tellement... Quand je suis arrivé dans le Cotentin, j'ai eu l'impression d'être debout, que la sève avait été ré-insufflée en moi. J'ai jeté au-dessus de la falaise le mauvais sort que j'avais vécu.

 

Sur les chemins noirs 

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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? de Jeanette WINTERSON

Publié le par Hélène

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♥ ♥

L’auteur :

Née en Angleterre en 1959, Jeanette Winterson a connu le succès dès la parution de son premier roman, Les oranges ne sont pas les seuls fruits (réédité aux Editions de l'Olivier en 2012). Couronnée de prix, elle devient une figure du mouvement féministe. Ses romans baroques, ses essais, notamment sur l'identité sexuelle (Le Sexe des cerises ou Powerbook), ont imposé sa voix singulière dans la littérature britanniqueNée en Angleterre en 1959, Jeanette Winterson a connu le succès dès la parution de son premier roman, Les oranges ne sont pas les seuls fruits (réédité aux Editions de l'Olivier en 2012). Couronnée de prix, elle devient une figure du mouvement féministe. Ses romans baroques, ses essais, notamment sur l'identité sexuelle (Le Sexe des cerises ou Powerbook), ont imposé sa voix singulière dans la littérature britannique.

 L’histoire :

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? Etrange question, à laquelle Jeanette Winterson répond en menant une existence en forme de combat. Dès l'enfance, il faut lutter : contre une mère adoptive sévère, qui s'aime peu et ne sait pas aimer. Contre les diktats religieux ou sociaux. Et pour trouver sa voie. Ce livre est une autobiographie guidée par la fantaisie et la férocité, mais c'est surtout l'histoire d'une quête, celle du bonheur. "La vie est faite de couches, elle est fluide, mouvante, fragmentaire", dit Jeanette Winterson. Pour cette petite fille surdouée issue du prolétariat de Manchester, l'écriture est d'abord ce qui sauve. En racontant son histoire, Jeanette Winterson adresse un signe fraternel à toutes celles - et à tous ceux - pour qui la liberté est à conquérir. (Quatrième de couverture)

 Ce que j’ai aimé :

Jeanette Winterson revient ici sur son enfance passée auprès d'une mère adoptive rigoriste obsédée par sa religion, l'Enfer, le Mal et toute leur bande... Une mère qui l'a mise à la porte parce qu'elle préférait les filles aux garçons.

La question de l'identité est au coeur du roman : comment trouver sa place dans ce monde quand le rejet, l'abandon ont été les seules mères identifiables...  Enfant adoptée, rejetée par sa mère adoptive, Jeanette Winterson n'a pu trouver de salut que dans la littérature, puis dans l'écriture.

« C’est vrai, les histoires sont dangereuses, ma mère avait raison. Un livre est un tapis volant qui vous emporte loin. Un livre est une porte. Vous l’ouvrez. Vous en passez le seuil. En revenez-vous ? » (p. 53)

« Je n’avais personne sur qui compter, mais TS Eliot m’a aidée.

Du coup, quand les gens disent que la poésie est un luxe, qu’elle est optionnelle, qu’elle s’adresse aux classes moyennes instruites, ou qu’elle ne devrait pas être étudiée à l’école parce qu’elle n’est pas pertinente ou tout autre argument étrange et stupide que l’on entend sur la poésie et la place qu’elle occupe dans notre vie, j’imagine que ces gens ont eu la vie facile. Une vie difficile a besoin d’un langage difficile – et c’est ce qu’offre la poésie. C’est ce que propose la littérature – un langage assez puissant pour la décrire. Ce n’est pas un lieu où se cacher. C’est un lieu de découverte. » (p. 55)

Elle évoque ici sa plongée dans l'enfer de la solitude, du manque d'amour source de ses souffrances, puis sa remontée rédemptrice vers la lumière de la vie, de l'envie, de l'amour... 

« En fait, nous avons droit à plus que deux chances – beaucoup plus. Avec mes cinquante années d’expérience, je sais à présent que le va-et-vient entre trouver / perdre, oublier / se souvenir, quitter / retrouver, est incessant. L’existence n’est qu’une question de seconde chance et tant que nous serons en vie, jusqu’à la fin, il restera toujours une autre chance. (p. 53)

La créativité lui permet de se tenir du côté de la santé en racontant une histoire à « la créature », son autre moi devenu fou.

"La vérité est une chose très complexe pour tout un chacun. Pour un écrivain, ce que l'on retranche en dit autant ce que l'on intègre. Que retrouve-t-on par-delà des marges du texte? La photographe cadre son sujet ; les écrivains cadrent leur univers. Mrs Winterson m’a reproché ce que j'avais intégré alors que j'avais plutôt l'impression que le jumeau muet de l'histoire était ce que j'avais retranché. Nous taisons tant de ces choses trop douloureuses. Nous faisons le vœu que ce que nous pouvons raconter apaisera le reste, l'atténuera d'une façon ou d'une autre. Les histoires sont là pour compenser face à un monde déloyal, injuste, incompréhensible, hors de contrôle. Raconter une histoire permet d'exercer un contrôle tout en laissant de l'espace, une ouverture. C'est une version mais qui n'est jamais définitive. On se prend à espérer que les silences seront entendus par quelqu'un d'autre, pour que l'histoire perdure, soit de nouveau racontée. En écrivant, on offre le silence autant que l'histoire. Les mots sont la part du silence qui peut être exprimée."

 Jeanette Winterson évoque sa remontée des Enfers avec subtilité et intelligence. 

 Ce que j’ai moins aimé :

Le ton est beaucoup moins caustique que dans « Les oranges », qui a ma préférence, celui-ci étant beaucoup plus sombre, plus centré sur l'introspection de l'auteure. Vingt-cinq ans séparent les deux écrits et c'est une Jeanette adulte qui a fait un travail psychologique poussé qui parle désormais et défend la jeune fille esseulée qu'elle était alors. La force qui s'échappait d'elle dans le récit "Les oranges" s'est craquelée, la menant vers une dépression sans doute nécessaire pour panser les blessures et rebondir plus haut. 

Premières phrases :

« Quand ma mère se fâchait contre moi, ce qui lui arrivait souvent, elle disait : « Le Diable nous a dirigés vers le mauvais berceau. »

L’image de Satan prenant congé de la guerre froide et du maccarthysme le temps de faire un crochet par Manchester en 1960 – but de la visite : duper Mrs Winterson – est théâtralement truculente. »

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Les oranges ne sont pas les seuls fruits de Jeanette WINTERSON

 D’autres avis :

Presse : Télérama Magazine littéraire

Blogs : Cathulu Clara Aifelle  

 Pourquoi être heureux quand on peut être normal, Jeanette Winterson, traduit de l’anglais par Céline Leroy, Editions de l’Olivier, 2012,

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Publié dans Littérature Europe

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Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de VIGAN

Publié le par Hélène

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Prix Renaudot des lycéens 2011

Prix France Télévisions 2011

 

L’auteur :

 

Delphine de Vigan est notamment l’auteur du best-seller No et moi, plus de 400 000 exemplaires vendus toutes éditions Prix des Libraires 2008, adapté au cinéma par Zabou Breitman, et des Heures souterraines (2009), près de 100 000 exemplaires vendus en édition première et traduit dans le monde entier. Elle faisait partie de la dernière sélection du Goncourt. Elle vit à Paris.

 

L’histoire :

 

« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. » Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.

 

Mon avis :

 

Rien ne s’oppose à la nuit est un roman dont on demeure prisonnier dès les premières pages amorcées. Il ferre le lecteur avide de connaître l’ensemble du portrait offert par Delphine de Vigan, impatient d’aller jusqu’au bout du malheur, pour, peut-être entrevoir ensuite une once d’éclaircie. Heureusement, Delphine de Vigan, entre deux chapitres consacrés à la souffrance liée à sa famille, désamorce l’angoisse en revenant au présent et en décrivant son propre processus d’écriture. Ces chapitres sont comme des bouffées d’air avant de retourner en apnée dans les pages plus dures.

 

La question que j’ai fini à me poser est « pourquoi s’infliger cette épreuve en tant que lectrice ? » Je conçois que l’auteure ait besoin de se délivrer, de rompre la malédiction, de comprendre :

 

« Je ne me suis jamais vraiment intéressée à la psycho-généalogie ni aux phénomènes de répétition transmis d’une génération à une autre qui passionnent certains de mes amis. J’ignore comment ces choses (l’inceste, les enfants morts, le suicide, la folie) se transmettent.

Le fait est qu’elles traversent les familles de part en part, comme d’impitoyables malédictions, laissent des empreintes qui résistent au temps et au déni. » (p. 283)

 

« A la fois pour moi-même et pour mes enfants – sur lesquels pèse, malgré moi, l’écho des peurs et des regrets- je voulais revenir à l’origine des choses.

Et que de cette quête, aussi vaine fût-elle, il reste une trace. » (p. 297) 

 

«  J’écris ce livre parce que j’ai la force aujourd’hui de m’arrêter sur ce qui me traverse et parfois m’envahit, parce que je veux savoir ce que je transmets, parce que je veux cesser d’avoir peur qu’il nous arrive quelque chose comme si nous vivions sous l’emprise d’une malédiction, pouvoir profiter de ma chance, de mon énergie, de ma joie, sans penser que quelque chose de terrible va nous anéantir et que la douleur, toujours, nous attendra dans l’ombre. »

 

Mais cette plongée en apnée m’a mise mal à l’aise, comme si je rentrais trop avant dans l’univers intime et psychanalytique de l’auteure, au risque de m’y perdre. Je n'ai pas saisi l'intérêt de cette plongée asphyxiante pour un lecteur lambda, je suis passée à côté du texte... 

 

 « Pourtant, toute tentative d’explication est vouée à l’échec. Ainsi devrai-je me contenter d’en écrire des bribes, des fragments, des hypothèses.

L’écriture ne peut rien. Tout au plus permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. » (p. 47)

 

Premières phrases :

 

« Ma mère était bleue, d’un bleu pâle mêlé de cendres, les mains étrangement plus foncées que le visage, lorsque je l’ai trouvée chez elle, ce matin de janvier. Les mains comme tâchées d’encre, au pli des phalanges. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Les heures souterraines

Autre : Annie ERNAUX

 

D’autres avis :

Yv Leiloona, Clara, Canel, Mango, Sylvie Emeraude Babélio

Rien ne s’oppose à la nuit, Delphine DE VIGAN, JC Lattès, août 2011, 440 p., 19 euros

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Après l'incendie de Robert GOOLRICK

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"L'amour n'est pas une histoire de passion pour finir. C'est une question de bonté."

Les parents de Diana Cooke sont propriétaires d'une maison de Saratoga, une des plus belles maison du Sud mais ils sont poursuivis pour des dettes colossales qu'engloutisse cette maison dans la famille depuis des générations. Pour la sauver et sauver sa famille de la ruine la belle Diana Cooke accepte de se sacrifier en se mariant à un homme riche capable d'éponger les dettes et d'entretenir la maison. Elle rencontre alors le fascinant capitaine Copperton.

"Il y avait quelque chose de grisant à se précipiter ainsi vers la fatalité, les yeux grands ouverts, en ayant tout prévu d'avance. Ou presque." p. 204

Cette rencontre va inéluctablement changer le cours de sa vie. Passés les premiers émois sexuels, la belle Diana se trouve désespérément seule face à un être qu'elle ne reconnait plus et qui l'effraie. Son sacrifice prend alors tout son sens...

L'incendie du titre est celui qui ponctuera cette vie de sacrifice, ce poids à porter au-delà des générations, cet attachement aux racines, qui est aussi propre aux gens du Sud :

"Les gens du Sud naissent avec une propension à la nostalgie et une tentation de vivre dans le passé, de s'y réfugier comme on enfilerait un pull tricoté par un être cher, et d'y vivre toujours. Mais il y a aussi chez eux ce désir constant, éternel de le déchirer, de briser les fers de l'histoire pour aller librement, de décrocher les portraits de famille pour en découper les visages. Ils se voient comme des fantômes dans des maisons de poupée en verre, tirant derrière eux le poids de tous ceux qui les ont précédés, dans cette longue chaine qui remonte à l'origine du temps." p. 300

L'intensité des personnages écorchés par la vie donne tout son sens à ce beau roman dans lequel les thèmes chers à Robert Goolrick reviennent comme un leitmotiv.

Cette édition est agrémentée de la nouvelle Trois Lamentations : Dans cette nouvelle inédite le jeune Goolrick nous parle de son enfance à travers le portrait de trois camarades de classe rejetées par les autres : une prolétaire, une obèse et la première fille noire scolarisée parmi les Blancs. Au milieu du tumulte de sa jeunesse, l'auteur mentionne ces actes de générosité gratuits qui sauvent le monde et donnent une raison d'exister :

"On en peut toucher tous les coeurs. On ne peut pas toujours donner à l'autre une raison de tenir bon. Mais parfois, disons une fois dans sa vie, on reçoit une lettre avec une photo des Rocheuses par un matin brumeux, et on sait que l'on va survivre au moins un jour de plus. Et que, ce jour-là, on reprendra tout de zéro.

Parfois au milieu du flot des petites choses, il en arrive de grandes. "

Cette nouvelle rappelle combien les beaux personnages de Goolrick illuminent de leur bonté les affres terribles de la réalité.

 

Présentation de l'éditeur : Editions Anne Carrière

Du même auteur : Féroces ♥ ♥ ♥ ; Arrive un vagabond ♥ ♥ ♥ ; Une femme simple et honnête ♥ ♥ ♥ 

 

Après l'incendie, suivi de la nouvelle Trois Lamentations, Robert Goolrick, roman traduit de l'anglais (USA) par Marie de Prémonville, Editions Anne Carrière, janvier 2017, 300 p. , 21.5 euros

 

Merci à l'éditeur.

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L'homme de la montagne de Joyce MAYNARD

Publié le par Hélène

♥  ♥ ♥

Ete 1979. Rachel, 13 ans et Patty 11 ans sont livrées à elles-mêmes : après le divorce de leurs parents, leur père est parti et leur mère a sombré dans une dépression la déconnectant de la réalité. Rachel et Patty qui se qualifient de "bizarres et un peu foldingues" profitent de cette liberté forcée pour arpenter la montagne avoisinante. Elles se balancent à des lianes, dévalent la montagne en roulés-boulés, trainassent dans la cabine rouillée d'un camion avec un sac de crackers, écrivent des histoires qu'elles se lisent à haute voix, jouissant pleinement de cette belle complicité entre soeurs. Elles se créent un monde à elles, ensemble, unies.

Mais un évènement va sonner le glas de ces sorties insouciantes : une jeune fille est retrouvée morte, assassinée par celui que l'on surnommera par la suite après la découverte d'autres corps "L'étrangleur du crépuscule". Le père des filles, inspecteur, est en charge de cette enquête très médiatisée. Vouant un amour sans failles à ce père absent, Rachel et Patty sont persuadées qu'il attrapera rapidement le coupable.

Au travers du portrait touchant de Rachel et de ses rapport fusionnels avec sa soeur, se profile l'adolescence et ses choix : faut-il assumer le fait d'être "bizarre", à part, ou choisir d'être populaire en papotant et en se vernissant les ongles ? Faut-il entrer dans la norme et avoir un petit copain qui vous pétrit les seins en s'imaginant être sensuel ou préférer courir les montagnes en faisant rire sa soeur ?

"Les filles de treize ans sont grandes et petites, grosses et maigres. Ni l'un ni l'autre, ou les deux. Elles ont parfois la peau la plus douce, la plus parfaite, et parfois, en l'espace d'une nuit, leur visage devient une sorte de gâchis. Elles peuvent pleurer à la vue d'un oiseau mort et paraitre sans coeur à l'enterrement de leurs grands-parents. Elles sont tendres. Méchantes. Brillantes. Idiotes. Laides. Belles." p. 238

Treize ans est aussi l'âge où l'on découvre son corps et sa sexualité, l'âge où on admire encore ses parents en les prenant comme modèles, mais où l'on comprend aussi qu'ils sont faillibles. Joyce Maynard saisit avec talent cet âge intermédiaire entre l'enfance et l'adolescence, ce moment où tout bascule et plus rien n'est sûr. L'intrigue policière n'est au fond qu'un prétexte pour peindre de magnifiques portraits d'adolescentes.

Ce que j'ai moins aimé : La fin est décevante.

Bilan : Un roman très sensible et touchant sur l'adolescence.

 

Présentation de l'éditeur : Philippe Rey ; 10-18

D'autres avis : Télérama  ; Chez Florence

 

Du même auteur : Les filles de l'ouragan

Vous aimerez aussi : The girls de Emma Cline

 

Lu dans le cadre du Blogoclub organisé par Amandine et Florence Le livre d'après

 

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L'arbre à bouteilles de Joe R. LANSDALE

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

L'auteur :

 

En 1972, à 21 ans, Joe R. Lansdale publia sa première histoire et avec sa mère, il publia un écrit sur la botanique , qui reçu le prix de meilleur article journalistique.

Ses débuts dans la littérature vont vers le western, la science-fiction, la bande-dessinée puis il glisse peu à peu vers le polar. Il a été couronné de nombreux prix (cinq Bram Stoker Horror Awards, l'American Mystery Award… ). Il est l'auteur de la série "Hap Collins et Leonard Pine" (L'Arbre à bouteilles, Le Mambo des deux Ours… ).

Il partage sa vie entre la littérature et un art martial de son invention, le Shen Chuan qu’il enseigne.

Lansdale vit à Nacogdoches avec sa femme Karen, qui écrit aussi, et ses fils Keith et Kasey. (Source : Babélio)

 

 

L'histoire :

 

Héritier de cent mille dollars et d'une petite bicoque dans un quartier délabré n'est pas si mal et l'oncle Chester a fait un beau cadeau à son neveu Leonard... Même s'il faut tout nettoyer, que le plancher est pourri et que les voisins sont ce que l'on pourrait craindre de pire. Même si retaper une maison pour la vendre et abattre des murs, c'est prendre le risque de découvrir des squelettes cachés... (Source : Babélio)

 

 

Ce que j'ai aimé :

 

Au centre du roman, un duo improbable qui fonctionne pourtant très bien : ungrand noir homosexuel et un blanc qui a fait de la prison, amoureux desfemmes. Amis envers et contre tout, ils se retrouvent dans cette enquête avec une maison sur les bras, maison ayant appartenue à l'oncle récemment décédé de Leonard. Une maison qui en plus de bénéficier d'un voisinage peu recommandable semble de surcroît cacher des secrets bien sombres... 

 

Les dialogues sont enlevés, drôles et pertinents :

 

« - Z'êtes beaux comme une salière et une poivrière tous les deux, dit-elle en collant son œil à son viseur. » (p. 112)

 

Et l'atmosphère est très juste : les noirs dans ces communautés ne comptent

pas, si des enfants noirs disparaissent, ce ne sera que justice pour les policiers du coin, ils n'enquêteront pas plus avant. Une réflexion sur le mal qui reste protéiforme et mystérieux, s'amorce également : à quoi tient le destin d'un meurtrier ? A une enfance torturée ou à un mal inhérent, tapi  en l'être humain et ne demandant qu'à s'épanouir chez certains êtres humains ?

 

Une très belle découverte que ce roman alliant humour et profondeur. La perspective d'avoir encore une dizaine de romans de cet auteur à découvrir est proprement jubilatoire pour moi...

 

Ce que j'ai moins aimé :

 

  • Rien...

     

Premières phrases :

 

« On était en juillet, on crevait de chaud, je m'occupais de mes boutures, et j'étais loin de penser à des histoires de meurtre.

Dans les champs de roses, tous les boulots sont nuls, les greffes, le bêchage, et le reste, mais le repiquage des boutures, c'est la punition qu'on réserve aux pêcheurs, en enfer. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Le mambo des deux ours

Autre : Fantasia chez les ploucs de Charles WILLIAMS

 

D'autres avis :

 

Babélio ; Dasola

 

 

L'arbre à bouteilles, une enquête de Hap Collins et Leonard Pine, Joe R. Lansdale, traduit de l'américain par Bernard Blanc, Gallimard, Folio policier, novembre 2004,  7.50 euros

 

 

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The girls d'Emma CLINE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"On a tous envie d'être vus"

A la fin des années 60 en Californie un été brûlant cloue au sol la jeune Evie Boyd, adolescente de 14 ans. La jeune femme qui vit seule avec sa mère traîne sa solitude dans la ville, errant ici et là sans parvenir à trouver un point d'ancrage. Il y a bine Connie, son amie d'enfance, mais cet été-là, même elle semble terne et sans intérêt. L'ennui et la solitude s'invitent aux côtés de l'adolescente mal dans peau. Jusqu'à ce qu'elle croise le chemin de Suzanne, une jeune femme marginale qui attire irrésistiblement la jeune Evie en mal de reconnaissance. Suzanne l'a regardée, Suzanne l'a vue, lui a parlé, Evie est conquise et suit Suzanne juqu'au ranch où elle habite avec d'autres filles. S'ouvre alors devant elle un autre monde mené par le charismatique Russell, leader du groupe de jeunes filles, personnage étrange qui veut bâtir une nouvelle société , "Sans racisme, sans exclusion, sans hiérarchie." loin des modèles bourgeois en place. Comme un papillon désarçonné par la lumière, Evie fuit sa réalité insipide pour se fondre dans cette communauté.

"Je commençais à remplir tous les vides qui étaient en moi avec les certitudes du ranch. Le chouette bagou de Russell : plus d'ego, débrancher l'esprit. Capter le vent cosmique à la place. Nos croyances aussi légères et digestes que les petits pains et les gâteaux fauchés dans ne boulangerie de Sausalito, pour nous empiffrer de fécule." p. 190 

Elle voit la liberté et le faste derrière la crasse et le délabrement du ranch, prête à tout pour intégrer le groupe et être reconnue, regardée, et ne plus être cet être fade, cette adolescente qui traîne sa jeunesse sans but et sans motivation. Et pourtant, elle risque de se brûler les ailes à vouloir trop s'approcher ...

Emma Cline s'inspire ici de la secte de Charles Manson et du meurtre de Sharon Tate, épouse du réalisateur Roman Polanski et de quatre de ses amis tués sauvagement par les émissaires de Manson dans leur villa de Los Angelès en 1969. Mais au-delà du fait divers, la jeune auteure parvient à capter avec une acuïté de vue époustouflante les dérives de l'adolescence, offrant des personnages avec une vraie profondeur psychologique. Tout est juste, au bon endroit, chaque mot est pesé, maîtrisé, chaque phrase porte presque en elle les contradictions de la secte.

Du grand art, une perfection rare pour un premier roman !

 

Présentation de l'éditeur : Quai Voltaire 

D'autres avis : Sandra ; Noukette ; Keisha ; Léa ; Valérie 

 

Merci à Sandra et à Arnaud qui ont su être convaincants et m'ont permis de découvrir cette pépite ! 

 

The girls, Emma Cline, traduit de l'anglais (US) par Jean Esch, Quai Voltaire, août 2016, 300 p., 21 euros

 

Une adaptation est prévue : 

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L'art de perdre de Alice ZENITER

Publié le par Hélène

 ♥ ♥ ♥

"Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître." Elisabeth Bishop

Pour Naïma l'Algérie dont est originaire sa famille n'est qu'une toile de fond à laquelle elle s'est peu intéressée. Son grand-père Ali, kabyle, a été taxé de "harki" mais il est mort avant de pouvoir livrer son histoire à la jeune fille. Hamid, son père est arrivé enfant à l'été 1962 et il refuse de parler de ce passé qui l'empêche de remettre les pieds sur son territoire. Sa mère, française, n'en sait pas beaucoup plus. Naïma comble peu à peu les lacunes de son histoire.

"C'est pour cela aussi que la fiction tout comme les recherches sont nécessaires, parce qu'elles sont tout ce qui reste pour combler les silences transmis entre les vignettes d'une génération à l'autre." p. 19

La première partie du roman se déroule en Algérie dans les années 30 à 50. Le jeune Ali assiste à l'arrivée progressive du FLN, aux choix des uns et des autres, puis à la violence qui peu à peu s'invite, la brutalité du conflit, les tribunaux improvisés dans les villages, les embuscades sur les routes, les "veuves de la libération" qui fleurissent. Ali et sa famille doivent fuir pour la France et rejoindre dans un premier temps un camp de transit, puis un hameau de forestage, avant d'être parqués dans une cité HLM en Normandie.

"L'Algérie les appellera des rats. Des traîtres. Des chiens. Des apostats. Des bandits. Des impurs. La France ne les appellera pas, ou si peu. La France se coud la bouche en entourant de barbelés les camps d'accueil"

L'écriture s'incarne parfaitement avec les personnages, permet de vivre pleinement cette tranche de l'histoire et amène à une réflexion profonde. Réflexion pesée sur ce qui fonde l'identité, sur le rapport à nos origines, sur ce qui nous construit. Sur les femmes qui ne choisissent pas :

"- J'en veux aussi à mon mari parce que si ce n'était que moi, je serais restée là-bas. c'est lui qui a voulu fuir. Nous, jamais on nous demande notre avis. On nous trimballe. Ils font des conneries entre hommes et après, c'est nous qui payons.

- Pauvres de nous...

Et elles soupirent en broyant les amandes sur le pays perdu par la faute des hommes." p.211

Sur les enfants qui ne comprennent pas ce passé qui s'échappe et meurt avec chaque ancêtre qui s'éteint.

"Tu peux venir d'un pays sans lui appartenir. Il y a des choses qui se perdent... On peut perdre un pays. (...) Personne ne t'a transmis l'Algérie. Qu'est-ce tu croyais ? Qu'un pays, ça passe dans le sang ? Que tu avais la langue kabyle enfouie quelque part dans tes chromosomes et qu'elles se réveillerait quand tu toucherais le sol ?" p. 432

"Un pays n'est jamais une seule chose à la fois : il est souvenirs tendres de l'enfance tout autant que guerre civile, il est peuple comme il est tribus, campagnes et villes, vagues d'immigration et d'émigration, il est son passé, son présent et son futur, il est ce qui est advenu et la somme de ses possibilités." p. 441

Sur ces émigrés perdus dans un monde qu'ils ne reconnaissent pas. 

L'art de perdre c'est celui de perdre un pays, une langue, des illusions, des biens minuscules mais essentiels, perdre pour avancer, et fonder une nouvelle vie, une nouvelle oeuvre, un nouveau monde, pour, enfin, peut-être, se libérer.

 

Présentation de l'éditeur : Flammarion

D'autres avis : Télérama ; Babélio

 

L'art de perdre, Alice Zeniter, Flammarion, 16 août 2017, 22 euros

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La face nord du coeur de Dolores REDONDO

Publié le par Hélène

♥ ♥

"La loyauté ce n'est pas tout se dire, c'est se dire l'essentiel."

Amaia Salazar, détachée de la Police forale de Navarre, suit une formation de profileuse au siège du FBI dans le cadre d'un échange avec Europol. Enquêtrice hors paire à l'intuition singulière, elle est repérée par l'agent Dupree qui se lance sur les traces d'un tueur en série qui profite des catastrophes naturelles pour camoufler ses assassinats. Mais Amaia comprend rapidement que les meurtres en question suivent une logique qui ne doit rien au hasard des cyclones. Alors que l'ouragan Katrina menace le sud des Etats-Unis et que tous les habitants fuient la région, l'équipe se rend sur place, persuadée qu'un nouveau meurtre s'apprête à être commis.

Le personnage d'Amaia porte l'essentiel du roman, sa profondeur, son intelligence, sa sensibilité liée à son passé et son enfance marquante, tout concourt à la rendre terriblement humaine. "Une perle rare, un être capable de raisonner avec toute la logique scientifique du monde, et aussi sensible à l'invisible que le Petit Prince." La face nord du cœur symbolise l'ombre tapie en chacun de nous, ce que l'être humain porte en lui de sombre ou de secret loin de l'image formée pour les autres. Tout le talent de l'autrice et d'avoir su incarner cette ambivalence de l'être humain en ce personnage lumineux.

L'autre atout majeur du roman tient dans l'intrigue mélangeant subtilement rationnel et surnaturel issue des croyances vaudous. La frontière est ténue entre les deux mondes et ce cyclone apocalyptique permet les résurgences des croyances ancrées dans le folklore de la région.

En effet, le décor est lui aussi inquiétant et fascinant : Katrina fait rage, et un paysage de désolation voit peu à peu le jour. Les habitants attendent les secours perchés sur des toits, ayant tout perdu, d'autres se réfugient dans des stades, les lois n'ont plus cours, le pillage s'organise, les dégâts matériels et humains liés à la puissance de l'ouragan sont considérables.

Dans ce paysage dévasté, ce qui sauve encore l'être humain tient justement en son humanité.

"C'était un fait indiscutable, vérifié dans tous les lieux où l'homme avait survécu, des champs de bataille aux camps de réfugiés, des hôpitaux militaires aux couveuses de nouveau-nés. Quand les consignes n'avaient plus de sens, quand l'épuisement s'emparait des corps et des âmes, quand continuer ou non faisait débat : il n'existait aucune force aussi rédemptrice que le contact humain."

Un roman envoutant et captivant !

Présentation de l'éditeur : Folio

Pour ceux qui connaissaient sa trilogie de la vallée du Baztan (constituée des romans suivants : Le gardien invisible, De chair et d'os, Une offrande à la tempête), il s'agit ici d'un préquel de la série (que je vais m'empresser d'aller découvrir...)

Publié dans Roman policier Europe

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Les beaux étés de ZIDROU et Jordi LAFEBRE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

"Te raconter ? Te raconter quoi, papa ? Le bonheur ça ne se raconte pas !"

Le tome 1 se déroule en août 1973. La  famille Faldérault part en vacances,  "Cap au Sud" une fois que le père aura rendu ses planches de Bd. Et c'est parti pour un voyage enchanté avec les chansons traditionnelles, le pique nique en chemin et son lieu attitré, les taquineries des frères et des sœurs, et surtout, l'insouciance de ces jours suspendus ... 

Car oui, c'est le bonheur que chante ces albums, un bonheur fragile, souvent caché dans les détails et dans les liens ténus qui relient les êtres mais un bonheur qui éclate, pur, pendant ce mois de vacances loin des aléas du quotidien. Alors peut-être que le couple bat de l'aile, que la tante est gravement malade, que le travail est difficile, mais ce qui importe avant tout, c'est de vibrer, et de retrouver l'insouciance de l'enfance et des vacances...

Le tome 2 remonte le temps, il se déroule en 1969 et relate cette fois-ci un séjour dans les calanques, avec toujours beaucoup de tendresse, de joie de vivre et de justesse dans ces planches qui fleurent bon les vacances.

Le Tome 3 est consacré à Mam'zelle Estérel, la 4L qui a accompagné les vacances de la famille Faldérault pendant des années. A l'heure de la vendre, ils se souviennent de ses premières vacances en compagnie de MamYvette et Gros Papy, les parents de Mado. Quand tous espèrent pique-niquer et aller camper au bord de la Méditerranée, Yvette-la parfaite comme la surnomme sa fille a prévu des vacances à St Etienne et a réservé dans un hôtel tenu par des belges pour ne pas "être dépaysés".

Tome 4 Le repos du guerrier : Cet été sera celui du grand changement : Pierre est devenu copropriétaire d'une villa toute neuve, clé sur porte, dans la campagne provençale ! En route ! La clé, ils l'ont - mais où diable se trouvent la porte et la villa ?...

Tome 5 la fugue : Pour se changer les idées, les Faldérault décident de fêter Noël au soleil !

Tome 6 Les Genêts : Dans le tome 6, suite à un dégât sur le pare brise, la famille se trouve bloquée, la voiture étant chez le garagiste. Ils sont hébergés par Esther et Estelle, deux femmes charmantes qui tiennent la ferme « Les Genêts ». Tandis que Pierre se prend pour Cézanne et que Mado regarde le bébé pousser, les enfants aident à sortir les chèvres et découvrent les charmes de la campagne. Mais ils apprennent aussi les secrets de la vie...

Cette série chante avec tendresse la joie de la vie en famille, parce que "C'est ça, une famille. Tu es content de voyager, de visiter d'autres pays, de rencontrer de nouveaux visages... mais en fin de compte, y a que dans ta famille que tu te sens vraiment chez toi ! " Ces liens particuliers ont raison de toute adversité et tout se termine toujours dans la concorde et l'harmonie.

Un bol d'air frais pour ce début d'été brûlant...

Présentation de l'éditeur : Dargaud

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