Fort de l'aura dont il bénéficie suite à la résolution de son enquête précédente (La carrière du mal ), Cormoran Strike est sollicité par un jeune homme perturbé nommé Billy qui prétend avoir été témoin d'un crime dans son enfance. Cormoran reste incertain devant la conduite à tenir face à lui. Il demande de l'aide à Robin qui vient de réintégrer l'agence après son mariage et tous deux sont sur les traces de Jimmy, le frère de Billy.
Ce que j'ai aimé :
L'enquête policière est efficace : elle tient en haleine son lecteur en le promenant entre les hautes sphères aristocratiques et les bas fonds londoniens.
Ce que j'ai moins aimé :
-L'intrigue autour de Robin et son mariage est tellement prévisible ! On se demande comment cette enquêtrice de talent peut se révéler aussi cruche dans sa vie amoureuse...
-La longueur peut rebuter (960 pages, il vaut mieux être prévenu ...)
Petit Pierrot est un rêveur impénitent. Il a pour ami un petit escargot et ensemble, ils philosophent sur la vie, en observant Madame La Lune, si attirante car inaccessible.
Pierrot a rencontré une petite Emilie qui est devenue son amoureuse. Ils se promènent dans des tableaux de Monet, s'interrogent et partagent un même univers peuplé d'étranges animaux.
Et quand Petit Pierrot se retrouve devant une porte fermée, il préfère ne pas l'ouvrir car "une porte fermée est une porte ouverte sur l'imaginaire", et petit Pierrot conserve jalousement son âme d'enfant plongée dans la Lune, et est peu enclin à rejoindre le monde lucide des adultes qui ouvrent les portes et savent tout...
En Syrie un vieil homme plonge au cœur d'une immense étendue d'eau. Il retrouve sous l'eau son village et sa maison d'enfance, engloutie par le lac El Assad, né de la construction du barrage de Tabqa en 1973. Sa création à l'époque a entrainé le déplacement de 11000 familles présentes dans la région et est devenu un point clé pour Daesh.
L'homme plonge pour retrouver son passé, les temps heureux avant la guerre, il revoit ses deux femmes, ses enfants partis se battre, il revoit les jours heureux et les jours plus sombres, la prison, les exactions de l'armée. Dans ce chant lancinant, chant de lamentations. il s'adresse à sa femme, les mots réunissant les vivants et les morts.
"C'est lorsqu'une espérance expire
Qu'une chanson de plus s'élève."
Il use d'une poésie en vers libres, entremêlée de poèmes syriens, parole de l'origine, parole simple, ses mots étant le parcours d'une pensée qui dérive et suit le cours de la vie, d'une pensée libre profondément humaine qui atténue la cruauté et la dureté des évènements. Espoir que les consciences soient secouées car "les monstres naissent dans la nuit", et l'humanité de chacun devrait être ébranlée. En éprouvant ce que d'autres vivent, aux côtés de Mahmoud, peut-être l'homme retrouvera-t-il enfin son humanité ?
L'autrice retrace ici son autobiographie, son enfance, son amour inconditionnel pour ses grands parents, les absences de sa mère, le père trop parfait chez qui elle redoute de ne pas être conforme à cette perfection. Elle utilise les repas comme points de repères, comme ponts entre elle et les gens qu'elle aime, insistant sur la fonction bienveillante qui réside au cœur du fait de cuisiner pour soi ou les autres. Le plaisir des saveurs, tout comme celui du partage vibre bien souvent au cœur des pages.
Mon avis :
Je me suis laissée abusée par la quatrième de couverture qui a - délibérément je pense - refusé de dévoiler l'importance du thème de la nourriture pour l'autrice :
"Dans De pain et de lait, Karolina Ramqvist explore ses madeleines proustiennes et nous invite à découvrir l’histoire culinaire et affective d’une famille sur trois générations. Elle se souvient de l’ivresse d’une orgie de clémentines, de la recette du riz au lait cuisiné par sa grand-mère et de l’amertume des crêpes laissées par sa mère pour le goûter qui lui signalaient qu’elle serait seule à la maison.
En retraçant son autobiographie par le prisme de la nourriture, Karolina Ramqvist interroge avec délicatesse ce qui l’a construite, et ce qu’elle tente de transmettre."
Je m'attendais donc à un roman léger mais j'ai découvert petit à petit les coulisses de cet amour excessif. C'est peut-être toute la subtilité de ce roman d'aborder un sujet grave sous un prisme tendre et bienveillant, sans accuser, sans condamner, en exposant seulement ses ressentis d'enfant.
Au coeur des forêts du New Hampshire, un lieu semble dévolu aux suicides : de nombreuses jeunes femmes se noient dans ce qu'on appelle là-bas "le lac des suicidées". Parmi elles, Clara Miller, journaliste qui s'était infiltrée dans l'entourage de Mike Stilth, rock star retranchée à quelques kilomètres de là, à Lost Lakes, dans un manoir transformé en forteresse. Peu de temps avant sa mort la jeune femme avait fait appel à Paul Green, reporter du Globe pour qu'il la seconde dans son enquête. Paul décide donc de continuer ses investigations pour prouver le lien entre Mike Stilth et les prétendes suicidées. Mais l'artiste est bien protégé, notamment par son attachée de presse Joan Harlow, prête à tout pour que la vérité reste enfouie.
Ce que j'ai moins aimé :
L'auteur s'intéresse ici au monde du show-bizz et montre l'envers du décor. Seulement le bon vieux "drogue, sexe et rock'n'roll" a pris des rides et rien de neuf n'émane de ces pages.
De plus, le roman fait le choix d'alterner les points de vue mais ce procédé narratif sonne ici de façon mièvre mettant en scène des personnages trop caricaturaux qui manquent d'âme sans être incarnés, ce sont juste des caricatures devenues monstres à cause de sévices connus dans leur enfance.
Au Sud de la frontière raconte l'histoire d'Hajime qui, à douze ans, se lie d'amitié avec sa voisine Shimamoto et restera marqué à jamais par cette relation qui marquait aussi son éveil à la sensualité. Plusieurs années plus tard, il épouse Yukiko dont le père, riche homme d'affaires, lui propose de le propulser gérant d'un club de jazz. Hajime semble épanoui dans cette nouvelle vie, jusqu'à ce que sa route croise à nouveau celle de Shimamoto.
Ce que j'ai aimé :
Le roman est nimbé sur la fin d'une atmosphère mystérieuse, presque fantastique, rappelant l'univers si atypique évoqué ensuite dans les romans de cet auteur emblématique.
Ce que j'ai moins aimé :
Le thème reste toutefois bien plus banal que celui des autres romans de l'auteur : l'obsession amoureuse et sexuelle d'un homme à qui tout réussit mais qui reste marqué par ses souvenirs d'enfance.
Bilan :
Pour ceux qui veulent découvrir cet auteur, je conseillerais plutôt Kafka sur le rivage.
Pour ceux qui aiment cet auteur et le connaissent déjà, il est toujours intéressant de découvrir ses œuvres de jeunesse. Présentation de l'éditeur : Belfond
Au gré de courts chapitres, Luis Sepulveda évoque ici ses souvenirs d'enfance, ses luttes pour les travailleurs, son amour pour la littérature, pour son pays, ses désillusions...
Il témoigne notamment de son admiration pour Salvator Allende, pour son pays natal le Chili, pour son pays d'adoption l'Espagne, bref de son amour inconditionnel pour le Sud. Il dénonce les dérives financières avant la crise, les spéculateurs, et fait preuve d'un engagement qui fait partie de lui-même, pour lui qui ne comprend pas ses amis qui se désintéressent de la politique. Il convoque à ses côtés les personnes qu'il admire : Pablo Neruda, Gabriel Garcia Marquez (Gabo), Tonino Guerra grand scénariste italien et mondial, et nous livre les déambulations de ses réflexions au fil du temps et des pages.
"Il m'est particulièrement difficile d'imaginer une littérature où le conflit entre l'homme et ce qui l'empêche d'être heureux serait absent. Je ne pourrais m'attaquer à la littérature, à l'écriture, sans la conscience d'être la mémoire de mon pays, de mon continent et de l'humanité." p. 21
Il veut témoigner à tout prix, pour ceux qui ne peuvent pas, pour les faibles, pour les muets, pour les morts... Quand il visite le camp de concentration de Bergen-Belsen il lit ces mots :
"Dans un coin de Bergen-Belsen, près des fours crématoires, quelqu'un, je ne sais qui ni quand, a écrit des mots qui sont la pierre angulaire de mon moi d'écrivain, l'oriigne de tout ce que j'écris. Ces mots disaient, disent et diront tant qu'existeront ceux qui s'obstinent à bafouer la mémoire : "J'étais ici et personne ne racontera mon histoire."
Je me suis agenouillé devant ces mots et j'ai juré à celui ou celle qui les avait écrits que je raconterais son histoire, que je lui donnerais ma voix pour que son silence ne soit plus une lourde pierre tombale, celle du plus infâme des oublis. Voilà pourquoi j'écris." p. 22
Certains textes sont plus comiques, comme "La première cigarette" racontant son expérience avec une jeune fille qui refuse de l'embrasser sous prétexte que ce n'est guère hygiénique...
"Tout en tirant sur ma cigarette, j'ai compris que la vie était complexe, que tout était complexe, même l'amour et les bactéries." (p. 105)
En filigrane apparaît l'homme Sepulveda, page après page, anecdote après anecdote, se profile un homme généreux, profondément humain, engagé, passionné jusqu'au bout de ses expériences...
Ce que j'ai moins aimé :
- Un peu décousu, nous passons de considérations politiques, économiques à des souvenirs d'enfance. Il manque une cohérence pour moi, un fil conducteur que ne fournit malheureusement pas le titre (en sachant que le titre original était "Escrituras en tiempos de crisis")
Premières phrases :
"J'ai six enfants, cinq enfants et une fille, tous adultes, ils m'ont fait cinq fois grand-père et, quand je parviens à réunir toute la famille autour de la table, j'aime qu'ils m'appellent viejo."
Ingrédients pour une vie de passions formidables, Luis Sépulveda, traduit de l'espagnol (Chili) par Bertille Hausberg, Métailié, avril 2014, 144 p., 16 euros
Depuis sa naissance sur le blog qui lui est entièrement dédié (http://petitpierrot.vefblog.net/), Petit Pierrot ne cesse de faire parler de lui.
Ce petit garçon imaginaire, créé par Alberto Varanda, a depuis conquis le cœur d’innombrables internautes. Qui ne craquerait pas pour les aventures magiques et surréalistes de Petit Pierrot, toutes empreintes de sensibilité, d’émotion, de douce naïveté et nous replongeant immédiatement dans les rêves de notre enfance ? Un savoureux conte, un bijou de poésie pour les enfants comme pour ceux qui le sont restés.
Ce que j’ai aimé :
On ne peut qu'être conquis par la tendresse et l'intelligence de ce petit garçon qui a comme seul compagnon un escargot qui parle –ou pas. Cet album est un très bel hommage au monde de l’enfance, à ces enfants curieux et poètes avant l'heure capables de s’inventer des amis imaginaires aux côtés de qui ils apprennent la vie.
« Et un escargot qui parle ça existe ? demande innocemment petit Pierrot.
« Toi seul le sais ! lui répond son ami escargot..."
Petit Pierrot a la tête dans les étoiles et aime errer dans un univers lunaire. Pour rejoindre la belle ronde, il fabrique un livre volant et s'envole alors en compagnie de son ami escargot, poussé par le pouvoir de l’imagination. Le poids de la vie lui est inconnu, il aime cueillir des fleurs, et compter fleurette à la jolie Emilie qui le rend tout aussi rêveur...
Un univers poétique qui plaira aux jeunes âmes rêveuses...
PriceMinister
– Rakuten s’associe aux Toiles
Enchantées pour offrir grâce aux blogueurs des
séances de cinéma aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés.
Du 03/02 au 28/02 un article publié sur notre blog ou site se transforme en un don de 15€
de PriceMinister – Rakuten aux Toiles Enchantées pour les soutenir dans leur merveilleuse démarche d’offrir gratuitement aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés les
films à l’affiche sur grand écran, comme au cinéma ! Je me joins donc à cette opération, en répondant tout d'abord au questionnaire sur le cinéma et l'enfance :
Quel est votre premier souvenir du cinéma ?
Il ne me semble pas que j'allais au cinéma étant petite. Mon premier souvenir doit dater de mes 12 ans, quand je suis allée voir "Danse avec les loups" avec
ma grand-mère qui s'évertuait à commenter le film en même temps : "Attention John là derrière des indiens !" ; "rôo ils vont s'embrasser..." Un chouette souvenir avec
cette mamie qui n'est plus là aujourd'hui...
Quel est selon vous le meilleur film pour enfants de tous les temps ?
Houlà encore faudrait-il que j'en ai vu 46000 pour comparer. Bref avec ma maigre culture dans ce domaine, je dirais "L'âge de glace". Parce que c'est drôle,
pas pathétique comme Bambi et les autres, intelligent, instructif... Je suis allée voir "Minuscules la vallée des fourmis" samedi dernier et j'ai aussi été conquise, par l'originalité du
concept.
Une machine à voyager dans les films vient d’être inventée. Vous avez la possibilité de vivre les aventures d’un de vos héros cinématographiques d’enfance, dites nous qui ? (ex :
Elliott dans E.T…)
Oh je peux aller chez les cow-boys ???? ;) Entre nous, j'ai vu pour la première fois ET il y a deux ans, et j'ai eu peur...
Dites nous en une phrase pourquoi vous aimez les Toiles Enchantées !
Les Toiles enchantées permettent aux enfants hospitalisés ou handicapés de vivre, pour un instant, comme les autres. En s'immergeant dans le film, en
vibrant pour des héros aux qualités humaines, en riant devant leurs déboires, en pleurant avec eux, en rêvant, ils se construisent un monde qui leur permet ainsi de supporter la douleur qui est la
leur. Un échappatoire, une île, un moment enchanté...
Vous aussi participez à la chaîne de solidarité en participants à #1Blog1Séancehttp://bit.ly/1d7Og1o ou
en faisant directement
un don si vous n’avez pas de blog.
Les Toiles Enchantées en quelques
mots
Depuis 17 ans, l’association Les Toiles Enchantées sillonne les routes de France pour offrir gracieusement aux enfants et adolescents hospitalisés ou
handicapés des séances de cinéma dans leur établissement, en projetant les films dont tout le monde parle, au moment même leur sortie en salle, voire parfois en avant-première, en présence des
comédiens ou des réalisateurs !
Grâce à cette
immersion dans des films de tout genre soigneusement sélectionnés, Les Toiles Enchantées permettent aux jeunes malades ou handicapés de briser leur quotidien, de s’évader, d’accéder à la culture
et au divertissement des jeunes de leur âge, et de « se sentir comme tous le monde ».
Les séances de cinéma aident aussi à lutter contre l’isolement et le découragement en créant des rencontres et des connivences entre les enfants au travers des projections.
Le “vrai” cinéma à l’hôpital, c’est un pied-de-nez à la maladie, une fenêtre ouverte sur la vie, en numérique
Des contes qui éclairent l’œuvre de Maryse Condé ainsi que sa personnalité.
L’auteur :
Maryse CONDE est une écrivaine guadeloupéenne. Elle est enseignante et journaliste. Son roman le plus connu est Ségou. Elle a obtenu de nombreux prix pour ses romans qui souvent traitent des thèmes liés à l’Afrique, et à la question de l’identité noire.
L’histoire :
Maryse Condé nous livre ici quelques scènes marquantes de son enfance en Guadeloupe dans les années 50. C’est une enfant rebelle qui se dessine, une enfant qui essaie de comprendre le monde qui l’entoure mais ne possède pas encore toutes les clés.
Aussi, elle cherche souvent des réponses auprès de son frère Sandrino qui lui délivre un jour cette phrase énigmatique « Papa et Maman sont une paire d’aliénés ». Ces parents sont en effet bien plus empreints de culture occidentale que antillaise, et c’est cette culture uniquement qui est inculquée aux enfants si bien que quelques années plus tard, quand un professeur demande à Maryse un exposé sur un écrivain de son pays, elle doit encore une fois se tourner vers Sandrino pour découvrir l’écrivain en question.
Ce que j’ai aimé :
-La question racialequi est au cœur de ces contes : l’enfant Maryse à peine consciente de sa couleur de peau, semble perdue face à ces subtilités d’adulte. Mille petits détails lui feront comprendre son erreur. Cette éclosion de sa lucidité est décrite par touches subtiles et évocatrices.
-Le deuxième aspect principal de ces contes concernela famille de Maryse, et surtoutses rapports passionnels avec cette mèrequ’elle aime tant, mais qui ne sait être à la hauteur de l’affection que son enfant lui porte. Cette mère qui aime répéter que Maryse n’est bonne à rien mais dont Maryse veut garder un souvenir heureux, comme celui de cette nuit qui les aura réuni pour quelques instants :
« Je glissai la main entre ses seins qui avaient allaité huit enfants, à présent inutiles, flétris, et je passai toute la nuit, elle agrippée à moi, moi roulée en boule contre son flanc, dans son odeur d’âge et d’arnica, dans sa chaleur. C’est cette étreinte-là dont je veux garde le souvenir. »
-Enfin Maryse évoque brièvementson rapport à l’écriture, son amour pour l’imaginaire, ses « rêveries éveillées » qui l’amèneront vers le roman.
Ce que j’ai moins aimé :
-Certains chapitres m’ont moins plu que d’autres, mais l’ensemble sauve les détails…
Premières phrases :
« Si quelqu’un avait demandé à mes parents leur opinion sur la Deuxième Guerre mondiale, ils auraient répondu sans hésiter que c’était la période la plus sombre qu’ils aient jamais connue. Non pas à cause de la France coupée en deux, des camps de Drancy ou d’Auschwitz, de l’extermination de six millions de Juifs, ni de tous ces crimes contre l’humanité qui n’ont pas fini d’être payés, mais parce que pendant sept interminables années, ils avaient été privés de ce qui comptait le plus pour eux : leurs voyages en France. »
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POCHE : Le cœur à rire et à pleurer, Maryse CONDE, Pocket, juin 2002, 154 p.