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1346 résultats pour “vie parfaite

Les voyages d'Anna de Emmanuel LEPAGE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Je revois encore le jeune Abdellah nous servir le thé à la menthe dans le soleil couchant ; je sens encore le sable chaud du désert au creux de ma paume..."

Entre 1885 et 1910, Anna parcourt le monde en compagnie de Jules Toulet, le célèbre peintre voyageur. Pour le peintre, la belle jeune femme agit comme une muse, et bien souvent, il la prend comme modèle. Les années passent, puis Anna quitte un Jules qu'elle laisse désoeuvré. Aujourd'hui, alors qu'elle parcourt les carnets que Jules lui a laissés, Anna lui écrit la lettre qu'il a attendue toute sa vie.

Par le biais des dessins, elle revient sur les voyages qu'ils ont accompli ensemble à travers quinze pays, de Venise à l'Antarctique en passant par le Cameroun, le Maroc, le Mexique... Par ses lettres, elle retrace son histoire et livre son état d'esprit.

Emmanuel Lepage signe là un superbe carnet de voyage "scénarisé" entre le carnet et la bande dessinée, avec des textes écrits par Sophie Michel.

Ce que j'ai moins aimé : Malheureusement, pour moi, le style de l'histoire n'est pas à la hauteur des dessins : "J'ai connu toutes sortes d'amours, mais ai-je connu l'Amour avec un grand A ? " / " En fait, je le sais maintenant, tu étais venu me chercher, tu espérais que j'aie mûri, tu souhaitais plus que tout que je visse ton amour. Et moi... Je ne connaissais pas d'attache, je ne connaissais même pas d'attache, je ne connaissais même pas le mot "demain" et j'ai continué d'être le feu-follet que je suis toujours."

J'aurais aimé plus de poésie pour s'accorder aux dessins, mais je reconnais que la barre était haute !

A noter qu'il existe une suite : Les voyages d'Ulysse

 

Présentation de l'éditeur : Daniel Maghen

Du même auteur :  Un printemps à Tchernobyl ♥ ♥ ♥ Voyage aux îles de la Désolation ♥ ♥ 

 

Les voyages d'Anna, Emmanuel Lepage, Editions Galerie Daniel Maghen, 2005, 23 euros

 

C'était ma BD de la semaine hébergée cette semaine par Moka

 

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La saga de Grimr de Jérémie MOREAU

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Je n’ai pas de nom, pas de famille, pas de terres, pas de possessions. Pour eux, je ne suis personne. Mais je vais leur montrer qui je suis. Le temps d’une vie. Chacun de mes actes comme autant de pierres posées pour construire l’édifice final. Car ce qu’ils ne savent pas, c’est que j’ai un volcan dans l’âme."

1783, Islande. Grimr devient orphelin après l'éruption du volcan sur lequel dort ce pays âpre. Il doit se construire seul, mais sa force impressionnante ne passe pas inaperçue. Il rencontre Vigmar, un voleur de grand chemin qui le prend sous son aile et l'encourage à bâtir sa propre légende : "Tant qu'on n'est pas mort, il n'est jamais trop tard pour rattraper sa réputation." lui dit-il. Mais le destin s'acharnera sur cet être démuni en quête d'identité, incarné notamment par un émissaire de sa gracieuse Majesté du Danemark, pays dont l'Islande subit le joug arbitraire. Au-delà de ces dissensions, Grimr est doté d'une force herculéenne qui effraie et fascine à la fois. Est-il un troll ? L'incarnation du mal qui rôde ? Les grandes légendes se fabriquent aussi à partir des histoires qui courent... Grimr pourra-t-il être aussi remarquable qu'un héros de saga comme Erik Le Rouge ?

L'Islande gronde, se prépare la plus grosse éruption lavique de l'histoire de l'Islande, une éruption qui décimera un tiers de la population islandaise, il est temps que Grimr trouve sa place...

Un profond souffle épique parcourt les pages lumineuses de Jérémie Moreau. Le graphisme est magnifique, à l'image de cette île sauvage aux contrastes saisissants.

Un album coup de coeur qui vient de recevoir à juste titre le Fauve d'Or du meilleur album 2018 à Angoulême

 

Présentation de l'éditeur : Delcourt

D'autres avis : Découvert chez Noukette et Moka

Du même auteur : Le singe de Hartlepool

 

La saga de Grimr, Jérémie Moreau, Delcourt, septembre 2017, 25.50 euros

La Bd de la semaine est chez Moka

 

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Les furies de Lauren GROFF

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"C'est vrai, la plupart des opéras racontent des histoires de mariage. Mais rares sont les mariages qui ressemblent à un opéra."

Lancelot et Mathilde. Leur rencontre tient du mythe : alors que Lancelot court de conquêtes en conquêtes, le soir où il croise la belle Mathilde, il sait, intuitivement, qu'il ne la quittera plus. Il lui demande immédiatement de l'épouser et la légende veut que Mathilde accepte tout aussi rapidement.

Outrée par ce mariage, la mère de Lancelot lui coupe les vivres, et le jeune homme se retrouve au pied du mur avec ses aspirations théâtrales. Il se fait acteur, puis dramaturge. Soudés dans l'adversité, le couple passe sans encombres les orages, les dépressions, les périodes de doute. Mathilde reste aux côtés de son époux, épouse modèle d'un soutien indéfectible. Et pourtant, l'image modèle qu'ils renvoient a son revers...

"Question de point de vue. Après tout, vue du soleil, l'humanité est une abstraction. La terre, un confetti qui tourne. De plus près, une ville est un point lumineux parmi d'autres ; d'un peu plus près, des bâtiments étincelants se détachaient peu à peu."

Peut-on tout savoir de l'autre, est-ce souhaitable, à quoi tient le couple ? Les fondements restent souvent fragiles, basés sur un passé mouvant. Le roman met en avant l'antithèse marquante entre le personnage lisse et prévisible de Lancelot et la personnalité tellement complexe de Mathilde alors même que les apparences portent les projecteurs sur Lancelot et laisse dans l'ombre la timide Mathilde.

"Mais elle se promit à elle-même que jamais il ne découvrirait l'étendue de ses ténèbres intérieures, que jamais elle ne montrerait le mal qui l'habitait, qu'il ne connaîtrait d'elle que la lumière et le grand amour. Et elle voulait croire qu'il en serait ainsi toute leur vie."

Alors oui le thème est couru, et chacun sait que les apparences sont trompeuses, d'autant plus sous le vernis de ceux qui veulent imposer aux autres leurs brillantes réussites, mais Lauren Groff sait jouer des codes habituels pour nous mener au coeur du couple, dans son intimité la plus profonde. Porté par un style irréprochable, doté d'un souffle romanesque admirable, Les Furies a été choisi à juste titre comme meilleur roman de 2015 par Barack Obama, et fut le succès littéraire de l’année aux États-Unis.

 

Présentation de l'éditeur : Editions de l'Olivier ; Points

D'autres avis : Télérama ; France Inter ;

Blogs : Nadège ; Papillon ; Cuné et Cathulu 

Interview de Lauren Groff Humanité

 

Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babélio

tous les livres sur Babelio.com
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Sauveur et fils de Marie-Aude MURAIL

Publié le par Hélène

♥ ♥

"On ne sauve pas les gens d'eux-mêmes, Lazare. On peut les aimer, les accompagner, les encourager, les soutenir. Mais chacun se sauve soi-même, s'il le veut, s'il le peut. Tu peux aider les autres, Lazare. Mais tu n'es pas tout puissant."

Sauveur Saint Yves est un martiniquais de 1m90, psychologue qui reçoit des adolescents ressentant un profond mal-être : qu'il s'agisse de Margaux, 14 ans qui se taillade les veines, de Ella, 12 ans qui refuse d'aller à l'école et ne sait pas bien si elle a envie d'être une fille ou un garçon, de Cyrille, 9 ans qui fait encore pipi au lit, de Gabin 16 ans addict aux jeux vidéos et dont la mère est en dépression ou encore des trois soeurs Augagneur 5, 14 et 16 ans déstabilisées par la séparation de leurs parents et par les nouveaux couples que ceux-ci ont choisi de former, tous ont besoin de l'appui de Sauveur. Il essaie de les aider, de les sauver peut-être, même s'il sait que la tâche n'est jamais facile. Il leur montre le chemin, discrètement, avec intelligence, plonge en eux pour en faire ressortir le meilleur. Avec lui, les gens se sentent bien, mieux, en accord avec eux-mêmes. "Je suis tellement bien ici. Tellement moi." dira la petite Ella qui souhaitera continuer de venir, même après avoir compris l'origine de son mal-être.

Mais ce psychologue tellement apprécié efface les ombres des autres pour peut-être occulter ses propres démons. Il évite soigneusement de regarder en face la mort de sa femme, décédée dans un accident de voiture, laissant ainsi dans le déni leur fils, Lazare, 8 ans, un enfant plus mature que les autres. Heureusement, Lazare peut compter sur Paul, son meilleur ami.

Dans ce roman rayonnant, Sauveur réussit même l'exploit de rassurer le lecteur : oui la vie n'est pas facile, oui l'enfance est semée d'embuches, et l'adolescence de piques acérées, oui les parents peuvent être toxiques, mais il existe des personnes bienveillantes capables de nous aider, de nous aimer pour surpasser les épreuves. Il existe de belles personnes. Sauveur nous redonne foi en l'humanité. Et nous excuse d'être faillibles...

 

Présentation de l'éditeur : Ecole des Loisirs

D'autres avis : Repéré chez Noukette et Jérôme ; Eva ; Nadège ; Cathulu

 

Sauveur et fils, Marie-Aude Murail, Ecole des Loisirs, medium, avril 2016, 17 euros

Bonne nouvelle il sort en poche mi mai !

A partir de 13 ans

Publié dans Jeunesse Roman

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Le chagrin des vivants de Anna HOPE

Publié le par Hélène

"C'est la guerre qui gagne. Et elle continue à gagner, encore et toujours."

Novembre 1920. Le Soldat Inconnu doit être rapatrié depuis la France en Angleterre. Les préparatifs s'accélèrent pour accueillir comme il se doit cet hommage aux hommes disparus brusquement durant la guerre.

A Londres, trois femmes restent marquées par cette guerre meurtrière : le fiancé d'Evelyn a été tué et elle cotoie chaque jour des anciens soldats puisqu'elle travaille au bureau des pensions de l'armée, Ada espère toujours voir son fils revenir alors qu'il est tombé au front, Hettie accompagne chaque soir d'anciens soldats sur la piste du Hammer-Smith Palais pour six pence la danse. Le frère de Hettie est revenu de la guerre profondément marqué ; les destins de ces trois femmes s'entrecroisent au seuil de cette journée qui se prépare.

La guerre a laissé son lot de séquelles dans les âmes de ces hommes et de ces femmes. Si les hommes restent bien souvent ancrés dans leurs traumatismes, les femmes tentent de libérer la parole pour surmonter les douleurs.

"Je vois tellement de femmes, ici, qui s'accrochent, toutes. Qui s'accrochent à leur fils, à leur amant, à leur mari ou à leur père, tout aussi solidement qu'elles s'accrochent aux photos qu'elles conservent ou aux fragments d'enfance qu'elles apportent avec elles et déposent sur cette table."
Elle désigne le plateau d'une main.
"Elles sont toutes différentes, et pourtant toutes pareilles. Toutes redoutent de les laisser partir. Et si on se sent coupable, c'est encore plus dur de relâcher les morts. On les garde près de nous, on les surveille jalousement. Ils étaient à nous. On veut qu'ils le restent."
Il y a un silence.
"Mais ils ne sont pas à nous, poursuit-elle. Et dans un sens, ils ne l'ont jamais été. Ils n'appartiennent qu'à eux-mêmes, et seulement à eux. Tout comme nous nous appartenons. Et c'est terrible par certains côtés, et par d'autres... ça pourrait nous libérer."

Les femmes sont sur le devant de la scène dans ce roman, s'affranchissant peu à peu des carcans masculins. La danse constitue pour certaines un nouvel espace de liberté qui permet d'exorciser les démons effrayants de l'époque. Anna Hope a su créer des portraits de femmes profondément attachants qui chantent avec talent la vie plus forte que la mort...

 

Présentation de l'éditeur : Gallimard ; Folio

D'autres avis : Télérama ; Papillon ; Carobookine; Audrey ; Dasola

 

Le chagrin des vivants, Anna Hope, trad. de l'anglais par Élodie Leplat, Gallimard, Folio, août 2017, 432 p., 8.30 euros

 

Le mois anglais est aujourd'hui consacré à Anna Hope

 

Publié dans Littérature Europe

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Ecoute la ville tomber de Kate TEMPEST

Publié le par Hélène

Becky, Harry et Leon sont jeunes et errent désoeuvrés, perdus dans un monde qui des dépasse, tentant tant bien que mal de s'adapter, mais restant aussi en marge d'une société qu'ils ne reconnaissent pas. La ville de Londres semblent vouloir désespérément les rejeter, les laisser en périphérie, et ils sont comme condamnés à suivre des chemin de traverse, par le biais de la drogue notamment...

"Becky danse avec Charlotte et Gloria. Au sous-sol Pete examine la poudre jaune que Neville vient de confisquer à un gosse. Leon s'envoie en l'air avec une fille appelée Delilah. Harry boit sa bière sur son muret. Chacun cherche une étincelle qui donnera du sens à sa vie. cette miette de perfection fuyante qui fera peut-être battre leur coeur plus fort."

Ils avancent malgré tout en préservant en eux le souffle vital, l'envie, la passion qui les porte et les emporte loin, comme dans cette scène inaugurale durant laquelle ils fuient ensemble dans une voiture.

Un roman assez sombre entremêlant le sexe, la drogue - et très peu le rock'n'roll - qui inaugure l'entrée en littérature de Kate Tempest, rappeuse, poétesse et dramaturge anglaise qui signe ici son premier roman.

Ce que j'ai moins aimé : J'avoue m'être ennuyée, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, et l'intrigue est tellement ténue, proche du réel, proposant le portrait de plusieurs personnages qui défilent devant nos yeux et finissent par lasser.

Je reconnais l'éclat du style, la clairvoyance dans la psychologie de cette génération perdue, mais il m'a manqué un souffle romanesque.

 

D'autres avis : Télérama ; Eva ;

Présentation de l'éditeur : Payot et Rivages

 

Participation pour le mois anglais sur les blogs !

 

Publié dans Littérature Europe

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Demande à la poussière de John FANTE

Publié le par Hélène

"Tout le mal de par le monde n'était donc pas mauvais en soi, mais inévitable et bénéfique ; il faisait partie de cette lutte éternelle pour contenir le désert."

Dans les années 30 Arturo Bandini quitte le Colorado pour un Los Angeles idéalisé, teinté de l'auréole du rêve américain. Arturo est persuadé que la gloire l'attend après la publication de sa nouvelle "Le petit chien qui riait" dans une revue. Mais c'est une toute autre réalité qu'il va connaitre, la faim, ses privations, les rencontres de hasard avec des êtres tout aussi perdus que lui... Bandini est habitué à vivre dans ses fictions et quand il rencontre Camilla, une femme en chair et en os, il ne sait comment s'y prendre et saborde à plaisir cette relation qui, pourtant, prendra de plus en plus d'importance pour lui.

Au fil de ses déceptions et de l'aléa de l'existence, il comprend peu à peu que chaque être humain connait le même sort, prenant conscience de l'humaine condition propre à sombrer à tout moment à cause de sa fragilité pour redevenir poussière...

"Il y aura moults confusions, il y aura famine ; il y aura une solitude que seules mes larmes pourront consoler comme autant de petits oiseaux mouillés tombant soulager mes lèvres sèches. Mais il y aura aussi parfois consolation et beauté, beauté comme l'amour d'une fille disparue. Il y aura des rires, mais avec beaucoup de tenue le rire, on attendra tranquillement dans la nuit et on aura doucement peur de la nuit comme d'un prodigue et taquin baiser de mort." p.142

Un roman d'initiation aux accents autobiographiques placé sous le patronage de Charles Bukowski

"Un jour, j’ai sorti un livre, je l’ai ouvert et c’était ça. Je restais planté un moment, lisant et comme un homme qui a trouvé de l’or à la décharge publique. J’ai posé le livre sur la table, les phrases filaient facilement à travers les pages comme un courant. Chaque ligne avait sa propre énergie et était suivie d’une semblable, et la vraie substance donnait sa forme à la page, une sensation de quelque chose de sculpté dans le texte. Voilà enfin un homme qui n’avait pas peur de l’émotion.
L’humour et la douleur mélangés avec une superbe simplicité. Le début du livre était un gigantesque miracle pour moi. J’avais une carte de bibliothèque. Je sortis le livre et l’emportai dans ma chambre. Je me couchais sur mon lit et le lus. Et je compris bien avant de le terminer qu’il y avait là un homme qui avait changé l’écriture. Le livre était "Ask the Dust" et l’auteur, John Fante. Il allait toute ma vie m’influencer dans mon travail". Charles Bukowski, 1979, préface
 

Présentation de l'éditeur : 10-18

D'autres avis : Ys ;

Merci à l'éditeur

 

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Les bottes suédoises de Henning MANKELL

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Vieillir, c'est s'aventurer sur une glace de moins en moins solide." p. 200

Oui, le bandeau scande la filiation avec Les Chaussures italiennes, mais je vous rassure de suite, les deux romans peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre.

Fredrik vit seul sur une île de la Baltique. Il se réveille un matin dans sa maison en feu. De cette maison héritée de ses grands-parents, il ne reste rien. A 70 ans Fredrik s'installe dans une caravane au confort rudimentaire et se demande comment envisager la suite de son existence. Une journaliste venue l'interroger sur le drame pourrait lui redonner le goût de vivre, mais la belle reste fuyante. De surcroit, des sous-entendus laissent penser qu'on le croit responsable de l'incendie. Fredrik noie sa mélancolie dans les paysages de son île quand l'arrivée de sa fille Louise porteuse d'un secret ravive son envie de vivre. 

Doux roman mélancolique, Les bottes suédoises prend son temps, à l'image des bottes commandées par Fredrik qui tardent à arriver au magasin. En attendant, Fredrik se promène avec deux bottes de pied gauche, claudiquant dans sa vie ravagée. Il lui faudra du temps pour se reconstruire et appréhender les êtres qui l'entourent qui bien souvent constituent un mystère pour lui.

Cette belle réflexion sur le temps qui passe et sur la vieillesse nous prend dans ses serres pour nous relâcher ensuite, apaisés, prêts à regarder aux côtés de Fredrik vers des rivages harmonieux.

 

Présentation de l'éditeur : Seuil ; Points

D'autres avis : Télérama Babelio ; Antigone

 

Les bottes suédoises, Henning Mankell, Traduit du suédois par Anna Gibson, Points, 384 p., juin 2017, 7.9 euros

 

Et merci à Isabelle pour le prêt !

Publié dans Littérature Europe

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Mary Barton de Elizabeth GASKELL

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Ne rien convoiter sous les vastes cieux,

N'avoir à regretter aucune vilenie,

Non plus qu'une heure gaspillée,

Et comme une timide violette, en silence,

Exhaler vers le Ciel un suave parfum,

Pour le remercier de toutes ses bontés,

Puis ployer, satisfait sous la pluie purifiante." Elliott

Ce premier roman d'Elizabeth Gaskell peint le destin de la jeune et trop jolie Mary Barton dont le coeur oscille entre son ami d'enfance Jem Wilson et le fils du patron des filatures, Harry Carson. Jeune couturière vivant dans la pauvreté et le dénuement, si son coeur a tendance à la pousser vers Jem, ses rêves et sa coquetterie lui font espérer une vie prospère, comme une revanche sur la pauvreté actuelle, aux côtés de Harry.

En ces années 1839, la misère frappe durement les ouvriers, la faim taraudant les plus faibles et les menant aux portes de la mort. La moindre miette de pain est une bénédiction en ces périodes de disette. De plus, le contraste entre les ouvriers et ces patrons qui préfèrent ignorer les revendications des uns et des autres provoque les premières luttes syndicales. Le père de Mary Barton s'engage corps et âme dans ces luttes. Les revendications des syndicalistes veulent ouvrir une ère nouvelle : "Il était souhaitable que les ouvriers ne fussent pas seulement des ignorants se comportant comme des machines, mais des hommes éduqués, capables de discernement ; et qu'il existât entre eux et leurs patrons des liens de respect et d'affection, et pas seulement des contrats financiers ; en somme, il souhaitait que la loi gouvernant les rapports entre les deux parties fût conforme à l'esprit du Christ." p. 473

Au fil du roman, Mary mûrit et revient aux valeurs essentielles, éprise de justice, elle sera soumise à une dilemme bien plus grave que de simples hésitations sentimentales...

Vous l'aurez compris, malgré ses 600 pages, Mary Barton est un roman social prenant aux nombreuses ramifications.

« Audacieux pour son temps, accueilli avec intérêt par Dostoïevski, Mary Barton est éloigné de toute subversion, mais touche par son réalisme juste et sensible. »

Le Monde

 

Présentation de l'éditeur : Fayard, Points

D'autres avis : Télérama ; Claudia ; Kathel ;

Du même auteur : Nord Sud

 

Une lecture qui clôturera - un peu en retard- le Mois anglais pour moi

 

Mary Barton, Elizabeth Gaskell, Points, mars 2016, 595 p., 8.40 euros

Publié dans Littérature Europe

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Hiver à Sokcho de Elisa SHUA DUSAPIN

Publié le par Hélène

 ♥ ♥

Prix Robert Walser 2017

A Sokcho, petite ville de Corée du sud, une jeune franco-coréenne, s'occupe du ménage, de la cuisine, de la lessive et de l'accueil dans la pension du vieux Park. Sa mère est une coréenne qui travaille au marché aux poissons et elle n'a jamais connu son père, un français de passage. La jeune fille regarde défiler les locataires et accueille ainsi un nouvel arrivant, un jeune dessinateur de bandes dessinées venu tout droit de France. En demandant à la jeune femme de lui faire découvrir le pays, il vient rompre la routine des jours qui s'étirent sans fin dans la petite ville portuaire.

Par touches subtiles, l'auteure donne à voir un paysage hivernal qui gagne peu à peu les corps et les âmes. La ville portuaire désertée à cette période de l'année est comme le reflet de leurs âmes.

"Suintant l'hiver et le poisson, Sokcho attendait.

Sokcho ne faisait qu'attendre. Les touristes, les bateaux, les hommes, le retour du printemps."

La jeune fille et le dessinateur arpentent la ville, visitent mais laissent planer un malaise entre eux, dans cette atmosphère comme suspendue, un malaise qui ne trouve pas à s'exprimer. De plus, dans cette Corée du Sud toute proche de sa consoeur, le conflit entre les deux pays couve insidueusement sous le patin des jours.

"Les plages ici attendent la fin d'une guerre qui dure depuis tellement longtemps qu'on finit par croire qu'elle n'est plus là, alors on construit des hôtels, on met des guirlandes mais tout est faux, c'est comme une corde qui s'effile entre deux falaises, on y marche en funambules sans jamais savoir quand elle se brisera, on vit dans un entre-deux, et cet hiver qui n'en finit pas !"

Leur personnalité, leur histoire, leur passé, s'exprime alors autrement, par les dessins pour lui, par la cuisine pour elle. Cette rencontre ressemble à une bulle de douceur, les êtres s'observent, se comprennent, se découvrent, se frôlent ...

Puis la vie reprend son cours, titubant vers l'infini...

 

Présentation de l'éditeur : Editions Zoé

Vous aimerez aussi : Les années douces de Hiromi Kawakami

D'autres avis : Jérôme ; Kathel ; Aifelle ; Eimelle ; Clara ; Moka ; Noukette

 

Hiver à Sokcho, Elisa Shua Dusapin, Zoé éditions, août 2016, 144 p., 15.50 euros

 

Ma première participation pour Un mois un Editeur

 

Publié dans Littérature Asie

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