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1258 résultats pour “vie parfaite

Paradis avant liquidation de Julien BLANC-GRAS

Publié le par Hélène

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♥ ♥

  "Il y a des pays en voie de développement et des espèces en voie de disparition. La république des Kiribati est un pays en voie de disparition." (p. 10)

 

L’auteur :

Né en 1976 à Gap, Julien Blanc-Gras est journaliste de profession et voyageur par vocation. Il a publié trois romans, "Gringoland" (lauréat en 2005 du festival du premier roman de Chambéry et "Talents à découvrir" des librairies Cultura), "Comment devenir un dieu vivant en 2008", une comédie apocalyptique, et en 2011, "Touriste" (plus de 10.000 exemplaires vendus, lauréat du Prix J. Bouquin et du Prix de l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon, nominé au Prix de Flore).

L’histoire :

  Récit de voyage aux Kiribati, pays d'Océanie menacé de disparition par le changement climatique.
« Il y a des pays en voie de développement et des espèces en voie de disparition. La république des Kiribati est un pays en voie de disparition. Perdu au milieu de l’océan Pacifique, ce petit paradis semble promis à l’engloutissement par le changement climatique.
J’ai organisé ma vie autour d’une ambition saugrenue, le quadrillage méthodique de la planète. Moteur : toujours voir un pays en plus. Ce qui se profile ici, c’est un pays en moins. Je dois m’y rendre avant qu’il ne soit rayé de la carte. »

  http://www.audiable.com/livre/?GCOI=84626100083860 

Ce que j’ai aimé :

L'écriture de Julien Blanc-Gras est d'une fluidité très agréable pour le lecteur. Il émaille son récit d'un humour flegmatique de bon aloi, bref à travers son récit transparaît une personnalité intéressante, profondément humaine. C'est un amoureux de ceux qu’il rencontre, il est en totale empathie avec eux.

Il nous conte ici son voyage dans les îles Kiribati, îles en voie de disparition, menacées d'engloutissement en raison des changements climatiques.

« J’espère que nous n’aurons pas à quitter notre pays, mais je reconnais le poids de l’évidence. Il n’y a pas assez de place pour tout le monde. La terre rétrécit. Nous n’avons pas de futur. » (p. 233)

Notre globe-trotteur part ainsi à la rencontre des habitants de cette île du bout du monde et va passer quelques temps à leurs côtés, pour des rencontres enrichissantes, des personnes souvent pauvres, mais au fond plus heureux que nous, occidentaux. La comparaison finale avec Los Angeles où « tout sonne faux » est d'autant plus parlante :

« Je suis dans le pays le plus riche du monde et les SDF pullulent. Aux Kiribati, qui figurent tout en bas du classement, chacun a un toit.

Ce qui m’amène à ce cliché entendu mille fois à propos des régions où la misère serait moins pénible au soleil.

La formule, souvent prononcée de loin, est exécrable quand elle oublie les ventres vides et la souffrance des vies trop courtes. Cela dit, il n’est pas insensé de dire que le niveau de joie émanant du quotidien aux Kiribati est supérieur à celui d’une grande ville occidentale modelée par l’insatisfaction et noyée sous les divertissements. » (p. 248)

Ce que j’ai moins aimé :

 L’impression que cet écrit ne restera pas dans les mémoires, quelquefois je lisais certains chapitres sans que rien ne vienne s'imprégner sur mon esprit, si bien que je devais relire les mêmes passages plusieurs fois. 

 Premières phrases :

 « Le bout du monde se cache plus loin que prévu. On m’avait appris que les antipodes se trouvaient aux alentours de la Nouvelle-Zélande et comme c’est exact, je m’étais empressé d’y croire. Arrivé à Auckland, j’ai tout de même dû emprunter deux avions supplémentaires avant d’apercevoir ma destination. Il faut croire que la géographie est une science mouvante. »

 Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Touriste

D’autres avis :

Initiales http://www.initiales.org/Paradis-avant-liquidation.html

 Paradis avant liquidation, Julien Blanc-Gras, Au diable Vauvert, 17 euros

Publié dans Récits de voyage

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Déceptions et abandons du mois de juin

Publié le par Hélène

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Demain est un autre jour de Lori Nelson Spielman

 

Pitch :

À la mort de sa mère, Brett Bohlinger pense qu'elle va hériter de l'empire de cosmétique familial. Mais, à sa grande surprise, elle ne reçoit qu'un vieux papier jauni et chiffonné : la liste des choses qu'elle voulait vivre, rédigée lorsqu'elle avait 14 ans. Pour toucher sa part d'héritage, elle aura un an pour réaliser tous les objectifs de cette life list... Mais la Brett d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec la jeune fille de l'époque, et ses rêves d'adultes sont bien différents. Enseigner ? Elle n'a aucune envie d'abandonner son salaire confortable pour batailler avec des enfants rebelles. Un bébé ? Cela fait longtemps qu'elle y a renoncé, et de toute façon Andrew, son petit ami avocat, n'en veut pas. Entamer une vraie relation avec un père trop distant ? Les circonstances ne s'y prêtent guère. Tomber amoureuse ? C'est déjà fait, grâce à Andrew, à moins que...

Menée tambour battant, cette comédie romantique sur les rêves de jeunesse, les illusions perdues et la possibilité de refaire sa vie se lit d'une traite. Publié en avant-première en France, le premier roman de Lori Nelson Spielman sera bientôt traduit dans plus de vingt-cinq langues.

 

Mon avis :

Plus qu’une comédie romantique, je la qualifierais de comédie pathétique tant l’auteur tire sur la corde des bons sentiments. Pour une lecture estivale, elle est un peu trop triste à mon goût, jouant sur les sentiments de la mort de sa mère, sur la culpabilité, les regrets, la vie ratée, stop stop, de l’air, de l’aventure, voilà ce que je veux l’été, pas des larmes et des regrets ! Aventure que Road Tripes aurait pu m'offrir : 

 

Road-tripes.jpg

Road tripes de Sébastien GENDRON

 

Le pitch :

« Aujourd’hui encore, je ne sais pas pourquoi je suis monté dans cette voiture. Sans doute parce qu’un autre que moi en avait décidé ainsi. Je sais juste que la portière s’est ouverte, la portière s’est refermée. Entre les deux, j’ai eu le temps de m’asseoir et de boucler ma ceinture. »

Quand deux paumés décident de jouer aux cow-boys sur des routes où les pompes à essence ont remplacé les Indiens, cela donne une course folle et déjantée entre Bordeaux et Montélimar, soient 4000 kilomètres en dents de scie à manger des sardines à l’huile et des gâteaux secs, à foutre le feu aux forêts et à vider un fusil pour secouer le décor… Un polar délirant signé Sébastien Gendron, dans la lignée de Donald Westlake, Joe R. Lansdale et Christopher Moore.

 

Mon avis :

Vous me connaissez, je suis une pro des cow-boys, qui n’ont aucun secret pour moi… Et vous savez que récemment je suis tombée en amour de Joe R. Lansdale. So, ce roman avait tout pour me plaire. Sauf que les cow-boys sont tout sauf sexys et débordants de testostérone, que celui qui a fait la comparaison avec Joe avait dû abuser de substances illicites, et que l’ensemble était plus plombant que délirant !

 

Alex est d’accord avec moi

Keisha aussi a été un peu déçue

 

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Le garçon qui n’existait pas de Patrice Leconte

Pitch :

« Un jour, je traverserai la Manche à la nage, et ça leur clouera le bec à tous.” Voilà ce que je me suis dit un beau matin. Parce que, fatigué de n’être personne, j’ai envie de devenir quelqu’un, pour épater mes collègues de la banque où je travaille, mais surtout pour séduire Victoire, qui est la jeune femme la plus jolie que je connaisse. »

Le héros de Patrice Leconte possède le charme distrait et la poésie d’Antoine Doinel. Comme lui, il pense que les femmes sont magiques. Et comme lui, il va accomplir un exploit effarant pour gagner le cœur de l’une d’entre elles…

Une comédie sentimentale aussi cocasse que mélancolique.

 

Mon avis :

Cocasse ? Mélancolique ? Non ! Plutôt fade et sans grand intérêt, j’ai eu envie de donner des baffes au héros (anti-héros d’ailleurs) –oui je suis comme ça moi je donne des baffes à tous ceux qui ne ressemblent pas à des cow-boys. Franchement, ceux qui traversent la Manche à la nage… non !

 

Des avis contrastés chez Babélio 

 

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Le marin américain de Karsten LUND

Publié le par Hélène

        

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♥ ♥

Prix Gens de Mer 2009
Festival Étonnants Voyageurs

 

L’auteur :

 

 Karsten Lund est né en 1954. Parallèlement à son travail d’é­cri­vain, il est journaliste pour la chaîne de télévision danoise TV2. 

Le marin américain est son premier roman traduit en français. (Source : gaïa)

 

L’histoire :

 

 En l’an 1902, un trois-mâts fait naufrage au large de Skagen, à l’extrême nord du Danemark. Le seul survivant, un marin américain, aux cheveux et aux yeux noirs, est hébergé chez un jeune couple.

Le marin disparaît à l’aube, sans laisser de trace. Neuf mois plus tard naît un enfant qui ne ressemble pas aux autres. Tout au long de sa vie, Anthon sera surnommé Tonny, ou l’Américain, et devra supporter les rumeurs persistantes sur ses origines. Mais sa réussite en tant que patron-pêcheur de haute mer lui permettra de surmonter ce qui est un véritable handicap dans cette petite ville du nord, où chacun est blond et sait d’où il vient.

Un siècle plus tard, au cours duquel Skagen est passé d’un gros bourg de pêcheurs aux maisons basses à une ville riche de ses pêcheries industrielles et célèbre par les peintres qui s’y sont installés, un homme roule de nuit le long des dunes, dans le paysage lunaire, balayé par les sables. Il se sent investi d’un obscur devoir de réhabilitation et veut élucider le mystère qui plane sur les origines de son grand-père, ce secret qui pèse sur la famille depuis quatre générations.

Avec une douce ironie scandinave, Le marin américain raconte le destin d’hommes et de femmes ordinaires et remarquables, d’une époque révolue à la vie de nos jours, tout au nord du sauvage Jutland.

 Le marin américain est lauréat du Prix Gens de Mer 2009. (Source : Gaïa)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Un vieux phare veille sur le récit, balaie le paysage, il est le seul à tout savoir mais à ne rien dire. Car des secrets se terre au coeur du récit : secret de la naissance de Tonny, secret de la disparition du marin américain, secret que certains partagent et gardent jalousement pour ne pas créer d'étincelles. Le voile ne sera levé qu'à la toute fin du roman après la quête sans relâche du petit-fils de Anthon. Celui-ci revient en effet sur les lieux même où tout a débuté et il va enquêter à sa façon pour approfondir son histoire. Nous suivons donc ses pérégrinations, émaillées par des retours en arrière nous plongeant dans l'histoire passionnante de Ane et de Jens Peter.

 Le récit se situe dans la région sauvage du Jutland, région âpre où les hommes vivent de la pêche de génération en génération.  Les habitants sont des personnages forts et au coeur du roman se nichent des êtres qui s’aiment envers et contre tout. 

En toile de fond, de belles réflexions agrémentent le récit :

«Qu’en est-il alors de l’autodétermination de l’individu ? Où est la libre volonté ? dans les décisions anodines, sans danger. Dois-je peindre la porte en rouge ou en vert, acheter une Tuborg ou une Carlsberg. Dans les situations déterminantes et dangereuses, quelque chose d’autre, d eplus grand, décide. » (p. 404)

 Ce marin américain sait nous intriguer et nous envoûter...

skagen-2.jpg

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

Un peu long.

 

Premières phrases :

 

« Ma famille est issue d’un naufrage dramatique, survenu par une nuit d’hiver il y a cent ans.

L’histoire me tient en éveil dans l’Audi A8 qui me porte vers le nord. La grosse voiture roule au régulateur de vitesse, museau levé, et éclaire la route sur cinq cent mètres. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Les déferlantes de Claudie Gallay

 

D’autres avis :

Le point ; Dominique

 

Le marin américain, Karsten Lund, Gaïa, Roman traduit du danois par Inès Jorgensen,  mars 2009, 400 p., 24 euros

Le marin américain, Karsten Lund, Roman traduit du danois par Inès Jorgensen, Babel, janvier 2011, 9.70 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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Petits bavardages sans importance de Elizabeth BOWEN

Publié le par Hélène

                                 

                                         petits-bavardages-sans-importance-elizabeth-bowen

 ♥ ♥ 

L’auteur :

 

 Elizabeth Bowen était une romancière irlandaise.

Elle perdit sa mère à douze ans et fit à partir de quatorze ans son éducation dans un pensionnat anglais. Son père s'étant remarié quand elle avait dix-neuf ans, elle mena à partir de ce moment une existence indépendante, vivant l'hiver à Londres, l'été en Italie. 
C'est pour tenter d'améliorer ses revenus qu'elle se décide à écrire, après avoir abandonné sa vocation première de peintre. 
Rencontres (1923), son premier livre, publié alors qu'elle n'a que vingt-quatre ans, est un recueil de nouvelles, genre dans lequel elle passera maître par la suite. 
Quatre ans plus tard, en 1927, elle compose son premier roman L'Hôtel, écrit à Bordighera, et les caractéristiques de son talent s'affirment : une pénétrante intuition, une redoutable perspicacité, un curieux mélange de sympathie et d'ironie envers les petitesses humaines, un esprit caustique, un style incisif.
Elle continuera à publier, à intervalles espacés, mais régulièrement, romans et recueils de nouvelles constituant peu à peu une œuvre abondante et originale, que l'on a parfois comparée à celles de Jane Austen ou de Virginia Woolf. 
On peut citer Septembre dernier (1929), roman dont l'action se déroule en Irlande ; Vers le nord (1932) ; Le chat saute (1934), un recueil de nouvelles ; et surtout La Maison à Paris (1935) et La Mort du cœur (1938). (Source : babélio)

 

L’histoire :

 

 Dans ces nouvelles douces-amères, Elizabeth Bowen – qui fut comparée à Jane Austen ou à Virginia Woolf –, glisse derrière le paravent des bonnes manières l’indifférence ou la cruauté d’une amie, d’une sœur, d’une jeune nièce. Sous les conversations anodines couvent des passions inavouées, où parfois s’invite l’ombre d’un fantôme…(Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

 

 Elizabeth Bowen fait montre d’une maîtrise stylistique qui sert admirablement les portraits psychologiques de ses personnages. Ces derniers sont des êtres aux multiples mystères, complexes, cachés derrière les apparences des convenances. 

La jeune Contessina laisse M. Barlow la courtiser par lassitude et ennui. Mais sa jeunesse ne se cache pas loin derrière les minauderies...

Ann Lee, une jeune modiste accueille en parfaite professionnelle deux clientes, mais un invité inopportun va compliquer la situation, révélant aux deux femmes une vie personnelle complexe.

Dans "J'ai quelque chose  à vous dire", le jeune Terry semble profiter d'un moment d'intimité agréable allongé aux côtés de la belle Joséphine. Mais il ne faut pas se fier aux apparences, et la belle jeune femme étendue ne semble pas en grande forme... 

La subtilité de la psychologie des personnages met en valeur les recoins obscurs de l’âme humaine dans un éclair lucide aveuglant. Sous une conversation banale, se cachent des réflexions cruelles autour du badinage amoureux, de la découverte de la sensualité et de la séduction, de la complexité des sentiments amoureux, de la vie de famille, des rapports entre les êtres, et finalement des sombres profondeurs de l’humain.

Une poésie affleure entre les lignes :

 « Leur table se trouvait à côté d’une fenêtre ouverte ; une nuit d’un velours bleu sombre y pendait comme un rideau ; on pouvait sentir la présence endormie du lac, et sur l’eau quelqu’un se mit à chanter en s’accompagnant à la guitare. C’était une nuit de pouls enfiévrés, de battements de cœur oppressés, une nuit d’amour. Une nuit à poser les lèvres sur une peau satinée, chaude comme les grosses grappes de raisins mûrissant au soleil. Personne autour de lui, M. Barlow le savait, n’était capable ne fût-ce que d’entrevoir les possibilités d’une telle nuit. Tous ces couples mariés, ces gens nantis d’une famille – et jusqu’aux nouveaux époux – semblaient anémiques ; du reste, dès qu’une femme devenait l’épouse d’un homme, celui-ci cessai pour ainsi dire de se comporter en gentleman et se transformait en Joueur. » (p. 58)

 La comparaison avec Jane Austen n’est pas usurpée, Elizabeth Bowen est une grande romancière …

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

 Je ne sais s’il m’en restera grand-chose tant les nouvelles sont courtes et les conversations des protagonistes « sans importance », mais ce bref recueil m’a donné envie de découvrir plus avant l’œuvre de cette auteure.


Premières phrases :

 

 « « Votre imagination vous joue des tours. » s’écria Maurice.

Le reproche était amer. Il fourrageait dans ses cheveux, la dominant de toute sa taille, et ses mèches drues se dressaient, tremblantes, sur son cuir chevelu. »

 

Vous aimerez aussi :

 

 Du même auteur : Emmeline

Autre : Orgueil et préjugés de Jane AUSTEN

  

Petits bavardages sans importance, Elizabeth Bowen, traduit de l’anglais par Françoise Brodsky, Le livre de poche, Biblio romans, mai 2013, 168 p., 5.10 euros

 

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Compartiment n°6 de Rosa LIKSOM

Publié le par Hélène

                                     compartiment-n°6

  

 "Il y a des milliers et des milliers de vérités. Chacun a la sienne. J'ai maudit ce pays je ne sais combien de fois, mais je ne serai rien sans lui. Je l'aime." (p.112)

 

L'auteure :

 

Rosa Liksom est une écrivaine finlandaise née en 1958 dans un petit village situé près de Tornio en Laponie, sous le nom d’Anni Tylävaara. Liksom est un pseudonyme (signifiant « comme » en suédois). Rosa Liksom parcours l’Europe à partir de l’âge de 15 ans, commençant par la Scandinavie, la France, l’URSS où elle s’installe un temps. Serveuse dans des cafés pour « hippies-punk », dans les années 1980, Rosa Liksom profite des temps morts pour écrire des livres qui posent des questions : le refus du monde, l’exclusion sociale, l’espoir et l'amour dans un argot (celui des jeunes d’Helsinki) poétique. Son premier livre date de 1985 (Arrêt de nuit). Elle écrit surtout des nouvelles traduites dans une quinzaine de langues, mais elle a aussi publié un roman, Kreisland, non traduit en français. En parallèle à l’écriture, Rosa Liksom est également peintre. (Source : Babélio)

 

L'histoire :

 

En gare de Moscou, une jeune Finlandaise s’installe dans le train qui la mènera à travers la Sibérie, puis la Mongolie, jusqu’à la ville mythique d’Oulan-Bator. C’est avec Mitka qu’elle aurait dû réaliser son rêve, mais la voici seule dans ce compartiment n° 6, prête à traverser l’Union soviétique pour rallier les portes de l’Asie. Quelques instants avant le départ, un homme la rejoint et s’installe finalement face à elle. Vadim Nikolaïevitch Ivanov est une véritable brute qui s’épanche sur les pires détails de sa vie, sans jamais cesser de boire.


La jeune femme regarde défiler les paysages enneigés qui se répètent et se déclinent à l’infini. Alors que les villes ouvrières se succèdent, l’atmosphère du compartiment n° 6 s’alourdit à mesure que l’intimité disparaît. Les repas se partagent, de même que les angoisses et les violentes pulsions du grand Russe. Si la jeune femme se réfugie dans ses souvenirs pour ne pas céder à la peur, ces deux êtres que tout oppose rentreront à jamais changés de ce long voyage. (Source : éditeur)

 

Ce que j'ai aimé :

 

 

Le train brinquebale lentement à travers les paysages de la Russie, entraînant la jeune finlandaise vers le nord, vers la ville d'Outan-Bator. L'atmosphère se fait lente, comme suspendue entre deux décisions, entre deux amours, entre deux vies possibles. Le train est le symbole du passage, d'un temps et d'un monde à part, à l'orée du monde pour la jeune femme indécise. Les phrases sporadiques épousent les mouvements lancinants du train :

 

"Tout est en mouvement, la neige, l'eau, l'air, les arbres, les nuages, le vent, les villes, les villages, les gens et les pensées." (p. 158)

 

« La forêt jaillit, ce n'est plus Novossibirsk : une colline, une vallée, des broussailles. Le train se rue vers la toundra, vers l'inconnu, et Novossibirsk s'écroule au loin en un tas de pierres. Le train fonce dans la nature, gronde à travers le pays enneigé, désert. » (p. 93)

 

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Ce trajet est le prétexte de rencontres improbables possibles, comme cette confrontation avec l'homme qui partage le compartiment de la jeune femme, un alcoolique, désabusé, qui voit en la jeune fille fragile et discrète une oreille attentive. Le contraste est saississant entre ce russe, amoureux de la vodka, des prostituées, symbole du pays en déliquescence, et cette jeune femme diaphane, qui essaie de rester transparente et qui fuit dés qu'elle le peut pour découvrir les villes où le train fait des haltes. 

 

Rosa Liksom signe là un roman au charme nordique indéniable, cotonneux, typique des romans du nord...

 

 

Ce que j'ai moins aimé :

 

 - L'action est réduite au minimum, il s'agit davantage d'un roman contemplatif. 

 

 

Premières phrases :

 

« Moscou se recroquevillait dans le froid sec d'un soir de mars, se protégeant du contacte du soleil couchant, rouge et glacé. La jeune femme monta dans le dernier wagon, en queue du train, chercha son compartiment, le n°6, et respira profondément. Il y avait quatre couchettes, dont les deux du haut étaient repliées, avec entre elles une petite table ornée d'une nappe blanche et d'un vase en plastique contenant un œillet en papier rose décoloré par le temps ; le porte-bagages, à la tête des lits, débordait de gros ballots noués à la va-vite. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Le creux de l'oubli

Autre :  La nuit tombée de Antoine CHOPLIN

 

 

 

 

Compartiment n°6, Rosa Liksom, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, Gallimard Du monde entier, septembre 2013, 212 p., 19.50 euros

 

 

 

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L'envol du héron de Katharina HAGENA

Publié le par Hélène

 

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♥  ♥

« Peut-être que ce que nous appelons vie est un rêve et ce que nous appelons rêve est la vie, et qu'en réalité la caverne de Platon est une station de métro. » (p. 257)

 

L'auteure :

Katharina Hagena est spécialiste de l’œuvre de Joyce, elle enseigne la littérature anglaise et allemande à l’université de Hambourg.

Son premier roman «Der Geschmack von Apfelkernen», qui vient de paraître en France sous le même titre de «Le goût des pépins de pomme» (Éditions Anne Carrière, janvier 2010), a remporté un triomphe outre-Rhin. Deux cent cinquante mille exemplaires vendus. (Source : Babelio)

 

L'histoire :

Trois personnages sont liés sans le savoir par un secret tragique. Marthe recherche son fils mystérieusement disparu depuis des années. Ellen ne parvient pas à se remettre de la fuite de son amant qui l'a laissée enceinter. Andreas, l'ami d'enfance d'Ellen, hante les rues du bourgs de Grund sans prononcer la moindre parole... (Source : Babélio)

 

Ce que j'ai aimé :

Ellen veille. Souffrant d'insomnies récurrentes, elle qui est pourtant une médecin spécialiste du sommeil, elle veille, laisse ses pensées l'envahir, les souvenirs émerger, l'immerger. Ellen nous raconte. Sa fille, ses amants, son passé, Andréas, l'ami d'enfance, Lutz, le séducteur de l'adolescence, disparu mystérieusement, et les autres, ceux contre qui elle a cherché réconfort, amour et paix. Elle nous confie également les arcanes de son mal rongeur :

« Le sommeil est un antidote. Les patients n'ont aucune idée de tous les ravages et les loupés qui se produisent dans le corps pendant la journée : hormones, métabolisme, cœur. Le sommeil en guérit la plupart au cours de la nuit. Ce même cortisol qui, chaque nuit, m'éveille entre trois et quatre heures du matin et me contraint à me souvenir fait que mes souvenirs s'effacent et que je peux me rendormir. C'est aussi contradictoire que merveilleux et , lorsque j'y réfléchis, il me faut presque me dissoudre pour pouvoir complètement l'appréhender. » (p. 262)

Parallèlement, Marthe confie ses pensées et ses rancoeurs dans un journal intime, guettant dans l'ombre Ellen et sa fille...

L'atmosphère de ce roman, entre rêve et réalité, sommeil et veille est hypnotique. Elle rive le lecteur au pages et le tient éveillé, captivé, sommé de connaître le fin mot de cette histoire nostalgique. Le charme agit...

 

Ce que j'ai moins aimé :

Je m'interroge sur le manque d'originalité dans cette histoire (souvenirs, secrets enfuis dans l'enfance...) je ne pense pas qu'il m'en restera grand chose dans quelques mois... Je pense que cela est dû aussi à un aspect brouillon, déjà ressenti dans le Goût des pépins de pomme, l'impression que l'auteure ne sait pas bien où elle va, qu'elle avance dans un brouillard nébuleux opaque.

Bref un roman qui est certes agréable à lire, mais qui manque substanciellement de corps, d'intensité, trop flou encore pour retenir et l'attention, et la mémoire... 

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Premières phrases :

« Les signes sont partout, déjà, les signes postaux, timbres, tampons et codes-barres, l'écriture de l'expéditeur – imprimée ou manuscrite, avec imprimante laser, encre, stylo bille ou feutre.

L'emploi de machine à écrire est assez rare, plus fréquents sont les caractères derrière des fenêtres crissantes de papier transparent. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur :  Le goût des pépins de pomme de Katharina HAGENA

Autre : La chambre aux échos de Richard POWERS

 

D'autres avis :

Clara ; Mélo Aifelle

 

L'envol du héron, Katharine Hagena, roman traduit de l'allemand par Corinna Gepner, Anne Carrière Editions, août 2013, 292 p., 22 euros

 

rentrée littéraire2013 2

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Le gang de la clé à molette de Edward ABBEY

Publié le par Hélène

   

♥ ♥ ♥

"Tout patriote doit être prêt à défendre son pays contre son gouvernement."

 

Ce que j'ai aimé :

La magnifique nature sauvage des Etats-Unis, celles des canyons et des rivières infinies est peu à peu saccagé par la prolifération des installations liées au développement industriel : bases de lancement de missiles, lignes haute tension, voies ferrées, autoroutes. La nature est enlaidie, dénaturée, comme lors de la construction du barrage et de la centrale de Glen Canyon 1955. Le Colorado est canalisé et l'un des plus beaux canyons des Etats-Unis noyé sous les eaux de la retenue.

Quatre destins vont s'unir pour faire preuve d'"éco-activisme", nécessaire combat même s'il est sans espoir contre cette industrialisation à outrance : Doc Sarvis, chirurgien à ses heures, Bonnie Abbzug, juive assistante du doc, Georges Hayduke, des Forces spéciales du Vietnam, un homme "plein d'amertume" devant le spectacle des bulldozers dénaturant le paysage et enfin Seldon Seen Smith un mormon doté de 3 femmes et désolé lui aussi de la disparition des paysages idylliques des canyons englouti par le barrage de Glen Canyon "étranges ampithéâtres appelés Music Temple et Cathedral in the Desert". A quatre, ils vont lutter avec leurs armes, clé à molette et dynamite contre les géants de l'industrialisation.

"Tout ce fantastique effort - machines géantes, réseaux d'autoroutes, mines, tapis roulants, pipe-lines, silos, voies ferrées et trains électriques, centrales électriques de cent millions de dollars, dizaine de milliers de miles de lignes à haute tension et de pylones, destruction des paysages, de paturâges, de maisons, de lieux sacrés et de cimetières indiesn, empoisonnement du dernier réservoir d' air pur des Etats-Unis, assèchement de ressources en eau potable précieuse - tout ce travail éreintant, ces dépenses épuisantes et ces écoeurantes insultes à la terre, au ciel et à l'homme, pourquoi ? Tout ça pourquoi ? Mais pour éclairer les futurs immeubles de San Diego et de Los Angeles, pour illuminer les centres commerciaux et le sparkings à deux heures du matin, pour alimenter en énergie mes raffineries d'aluminium, les usines de magnésium, les fabriques de vinyle-chloride, les fonderies de cuivre, pour faire briller les tubes au néon qui justifient (pauvre justification) Las Vegas, Albuquerque, Tucson, Salt Lake City, les métroples amalgamées de la Californie du Sud, pour maintenir en vie cette gloire putréfiée et phosphorescente (de là toute gloire s'en est allée) appelée Centre-Ville, Vie Nocturne, Wonderville, USA."

Après quelques coups de maître, ils vont être traqués au fond des canyons qu'ils défendent et connaissent heureusement comme leur poche... Le rythme devient alors haletant jusqu'au final explosif !

Hymne à la désobéissance civile, cette épopée contée par un amoureux de la nature est à lire et à méditer sans tarder...

 

Ce que j'ai moins aimé :

- Quelques longueurs, légères...

 

Premières phrases :

"Lorsqu'un nouveau pont entre deux Etats souverains des Etats-Unis esta chevé, arrive l'heure des discours, des drapeaux, des fanfares et de la rhétorique techno-industrielle amplifiée par haut-parleurs. A l'adresse du public. La foule patiente. Le pont, orné de banderoles, d'oriflammes et de bannières flamboyantes, est prêt."

 

                          

@panoramio

 

Informations sur le livre :

http://www.gallmeister.fr/livres/fiche/58/abbey-edward-le-gang-de-la-clef-a-molette

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le retour du gang

 

D'autres avis :

Lecture commune avec Manu

Papillon ; Keisha 

 

Le gang de la clé à molette, Edward Abbey, traduit par Jacques Mailhos, Gallmeister, avril 2013, 552 p., 25 euros

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Le goût sucré des pommes sauvages de Wallace STEGNER

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

L’auteur :

 http://wallacestegner.org/bio.html

 

L’histoire :

 « Il engagea la décapotable sur le chemin, et Margaret se laissa aller contre son dossier pour regarder le ciel se déverser sur elle en une enveloppante cascade de bleu »: un couple, ébloui par la splendeur de l'automne, sillonne les routes du Vermont. A la faveur d'une halte aux abords d'un village isolé, Ross sort pinceaux et chevalet, Margaret ramasse quelques pommes sauvages et aperçoit la silhouette fragile d'une jeune femme venant à sa rencontre. Entre rêve et mélancolie, cinq nouvelles de Wallace Stegner au sommet de son art. (Quatrième de couverture)

 Ce que j’ai aimé :

Ce petit recueil de nouvelles datant des années 50 contient de véritables pépites :

Le goût sucré des pommes sauvages : Un couple découvre une région du Vermont du bout du monde, des hameaux abandonnés avec quelques habitants dont une jeune fille dans un « chemin fantôme qui se termine en cul-de-sac au milieu de nulle part. » (p. 19)

Le couple erre parmi ces fermes abadonnées, le mari peint pendant que sa femme se promène, nous conviant à une ballade hors du temps qui emmène le lecteur dans ce no man’s land.  

Une nouvelle qui nous enjoint à savourer le présent et le goût sucré des pomme sauvages...

 Jeune fille en sa tour : 

Un homme retourne sur les lieux de son adolescence, dans une maison habitée jadis par l’élue de son cœur, et aujourd’hui attribuée à un funérarium.

Entre remords et regrets, le bilan d’un homme qui se fait prendre au piège du passé  : « cela le tenaillait comme une souffrance » p. 47

« Il ne trouvait pas de consolation à se dire que l’on ne pouvait prendre aucune direction sans tourner le dos à quelque chose. » (p. 47)

Guide pratique des oiseaux de l’ouest :

Un homme de 70 ans observe les oiseaux dans une maison isolée sur la proue d’une colline californienne, quand il est sommé d’assister à un dîner mondain organisé par des voisins, dîner durant lequel un jeune pianiste doit se produire.

Une nouvelle sur les relations humaines et leurs complexités, et sur ce monde artistique : l'impression pour ce jeune pianiste d’être incompris perdurera longtemps après cette soirée.

L'auteur nous offre de très belles pages sur l’observation de la nature :

« Le soleil, très bas, commence à filtrer sous le chêne et m’aveuglede reflets intenses Du pied de notre colline deux grands eucalyptus s’élèvent au-dessus des houx et des yeuses, et els feuilles ovales et flexibles de leur cime, pas très loin en contrebas, tournoient comme autant de poissons éblouissants en papier d’aluminium. Dans le sous-bois la caille se remet à caqueter. Une hirondelle passe au-dessus de la terrasse, décrit une embardée à la poursuite d’un insecte et s’en va. » (p. 58)

Fausse perles pêchées dans la fosse de Mindanao :

Un homme va découvrir des caractère forts, téméraires, des vies de passion plus que de raison.

Génèse :

Ma nouvelle préférée de ce recueil, la plus longue aussi .

Il s'agit d'un western : un jeune anglais Rusty accompagne dans la Saskatchewan une équipe de meneurs de bétail « chargé de rassembler et ramener aux stations de fourrage des veaux que l’on ne pouvait laisser hiverner dans la prairie."

Il va connaître alors l'aventure dans toute sa splendeur mais aussi dans toute sa dureté. Il sera difficile pour lui de s’intégrer dans cette équipe de cow-boys aguerris, mais le temps et les épreuves feront leur oeuvre. Rusty ressortira grandi de cette belle aventure dans le blizzard...

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Bilan :

Un recueil avec deux nouvelles qui prennent l’ascendant sur les autres la première et la dernière et qui revèlent le grand talent de cet auteur « doyen des écrivains de l’ouest », maître pour les romanciers de l’école du Montana. 

Une très belle découverte !

 Ce que j’ai moins aimé :

  Comme dans tout recueil de nouvelles, certaines plaisent plus que d'autres...

 Premières phrases :

 « Ils roulèrent sur une chaussée égale, dont les bas-côtés avaient été creusés par la lame d’une niveleuse. Puis la route obliqua sur la doroite, et un écriteau peint cloué  à un poteau leur annonça : « Harrow. » Harrow, ils en venaient. Droit devant, en revanche, un chemin peu passant filait entre deux hauts talus pareils à des haies vives. »

 Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : La vie obstinée

D’autres avis :

 Lmda 

Babélio 

 

Le goût sucré des pommes sauvages, Wallace stegner, traduit de l’anglais (EU) par Eric Chédaille, Points, 302 p., 10 euros

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Les évaporés de Thomas B. REVERDY

Publié le par Hélène

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♥ ♥

« L’imaginaire façonne notre monde. Sans lui une forêt, ce ne serait jamais que des arbres. » (note de l’auteur)

 

L’auteur :

 Thomas B. Reverdy est un romancier français né en 1974, auteur de trois romans publiés aux éditions du Seuil.

Au cours de ses études de lettres à l'université, il travaille sur Antonin Artaud, Roger Gilbert-Lecomte et Henri Michaux. Il participe aussi à cette époque à la revue La Femelle du Requin, dont il dirige la publication du numéro 4 au numéro 12. Il obtient l'agrégation de lettres modernes en 2000. Il enseigne depuis dans un lycée de Seine-Saint-Denis, le lycée Jean Renoir.
Ses trois premiers romans, La Montée des eaux (Seuil, 2003), Le Ciel pour mémoire (Seuil, 2005) et Les Derniers Feux (Seuil, 2008), constituent une sorte de cycle poétique. Ils abordent les thèmes du deuil, de l'amitié et de l'écriture. (Source : Babélio)

 

L’histoire :

 Ici, lorsque quelqu’un disparaît, on dit simplement qu’il s’est évaporé, personne ne le recherche, ni la police parce qu’il n’y a pas de crime, ni la famille parce qu’elle est déshonorée. 
Partir sans donner d’explication, c’est précisément ce que Kaze a fait cette nuit-là. Comment peut-on s’évaporer si facilement ? Et pour quelles raisons ? 

C’est ce qu’aimerait comprendre Richard B. en accompagnant Yukiko au Japon pour retrouver son père, Kaze. Pour cette femme qu’il aime encore, il mènera l’enquête dans un Japon parallèle, celui du quartier des travailleurs pauvres de San’ya à Tokyo et des camps de réfugiés autour de Sendai. Mais, au fait : pourquoi rechercher celui qui a voulu disparaître ?
Les évaporés se lit à la fois comme un roman policier, une quête existentielle et un roman d’amour. D’une façon sensible et poétique, il nous parle du Japon contemporain, de Fukushima et des yakuzas, mais aussi du mystère que l’on est les uns pour les autres, du chagrin amoureux et de notre désir, parfois, de prendre la fuite. (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

 Dans ce roman, l'atmosphère est comme en apesanteur autour de la disparition de Kaze, « évaporé ». Parallèlement deux récits s’entrelacent : l’enquête de Yukiko, la fille de Kaze, accompagnée de Richard, détective privé et accessoirement amoureux transi de la jeune femme, et de l’autre côté Kaze qui rencontre le jeune Akainu, garçon perdu dans un Japon déstabilisé par le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima. 

Les deux récits nous offrent en contrepoint une peinture de la société japonaise entre yakusas, corruption des élites, conséquences du tsunami...

« La société japonaise est comme le pays, on est perché sur un volcan au milieu de l’océan, sur une île parcourue par des milliers de lignes de failles, et ça tremble, et ça craque de partout. »

Avec poésie et retenue l'auteur évoque des destins troublés, des hommes perdus dans une société qu'ils ne comprennent plus, englués dans des relations humaines complexes, dépassés par des enjeux incommensurables dans leur milieu professionnel.

« Ce qu’il aimait c’était rêver. Passer des journées à pêcher la truite en rivière, assister à des rodéos, partir dans le désert ou à la montagne, tout ce qu’on peut faire sans être vraiment là, tout ce qui se déroule, quand on le fait, un peu en dehors de nous, comme écrire un poème sans raison, juste par goût du miracle. »

Mais il nous parle aussi de renaissance, même si  « La vie est complètement hors de contrôle », l'optimisme peut prendre le pas et triompher des vicissitudes de la vie...

 

Ce que j’ai moins aimé :

 Les sentiments amoureux de Richard frôlant la mièvrerie m’ont semblé superflus et ridicules.

J'ai ressenti un problème diffus de construction, plus on avance et plus le tsunami et  Fukushima prennent de l’importance, l'ensemble n'est pas assez fondu à mes yeux.

 

Premières phrases :

 « Il est assis à son bureau, face au mur,, la tête dans les mains, penché sur les feuilles de papier à lettres couvertes de son écriture fine, au feutre noir. Il ne les voit plus cependant. Il a fermé les yeux qu’il avait flous, sans savoir si c’étaient des larmes ou de la fatigue. »

 

Vous aimerez aussi :

 Fukushima, récit d’un désastre de Michaël FERRIER

 

D’autres avis :

 Lecture Commune avec A girl

TéléramaClaraJosteinMarilyne ; Jérôme 

 

Les évaporés, Thomas B . Reverdy, Flammarion, 2013, 302 p., 19 euros

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Géographie de l’instant de Sylvain TESSON

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

 

L’auteur :

 Sylvain Tesson est notamment l'auteur de "Petit traité sur l'immensité du monde" et "Dans les forêts de Sibérie".

 

Présentation :

 "Géographie de l'instant" réunit les blocs-notes de sylvain Tesson parus dans le magazine "Grands Reportages" et divers journaux. Il y évoque ses voyages aventureux ou immobiles, ses rencontres, ses escalades, ses lectures secrètes et contemple les ravages commis par les hommes contre la nature, la douceur. Il y parle de la Russie, de l'Afghanistan, de Haïti, de l'Islande, de New York, de Paris. Il choisit le dégagement, l'humeur, la féerie, se confronte à l'absurde et aux ridicules de son époque. Avec un joyeux désespoir, ce nomade injecte de la couleur dans la grisaille du quotidien. "Géographie de l'instant" est un manteau d'arlequin sur lequel Sylvain Tesson trace les points cardinaux de son univers intime. C'est un pamphlet poétique contre la lourdeur du monde, révélant la part secrète d'un voyageur pour qui les retours sont des brûlures.

 

Ce que j’ai aimé :

 Sylvain Tesson ne se promène jamais sans un « bloc-notes » qui lui permet de consigner ce qu’il observe, ses pensées, des « éclats de kaléidoscope », qu’il a décidé d’agencer ensuite dans ce recueil : « De l’harmonisation de ces instantanés jaillira une géographie de l’instant ».

Les auteurs l'accompagnent dans ses voyages, de nombreuses citations émaillent ses récits et réflexions, nourrissant ses pensées, montrant qu'ainsi, il n’est jamais seul avec ses réflexions. Elles lui permettent de s'ouvrir l’esprit, de dilater l'idée pour mieux la saisir et la transcrire :

« J’aime les mots d’auteur. Ils sont comme les arbres au bord d’une route. Ils se tiennent là, plantés, sur le côté de notre chemin intérieur. » (p. 30)

« Elles sont la formulation d’une pensée qu’on a caressée un jour et que l’on reconnaît, exprimée avec bonheur, sous la plume d’un autre. »

De fait le lecteur apprend beaucoup en lisant ces anecdotes, comme l'auteur a appris e observant le monde, les plantes, les hommes, les animaux. Des tortues de Yumurtalik en Turquie par exemple, il a appris la persévérance : à leur naissance, ces petites bêtes bravent les prédateurs et les risques multiples pour se rendre dans la mer, et sur 1000 tortues une seule survivra.

« Désormais, lorsque devant moi se dressera un obstacle duquel je n’aurai qu’une infime chance de triompher, je viderai un verre à la gloire éternelle des tortues de Yumurtalik avant de foncer, tête baissée. » (p.46)

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  De cet alpiniste à qui il demande ce qu’il retient de son incroyable vie d’aventures, il apprend la présence :

« Rien ne m’a plus autant que de marcher au petit matin sur les chemins de la forêt de Fontainebleau. «  On court le monde pour chercher ce qu’on avait sous les yeux. » commente l’auteur.

Tout est enseignement, et surtout, tout l'enjoint à vivre ici et maintenant :

« Maintenir l’aiguille sismographique de sa conscience et de sa sensibilité dans l’intervalle de l’instant présent permet d’en éprouver, d’en accueillir toute la valeur. » (p. 160)

Un recueil érudit offert par observateur doté d’une acuïté d’observation aigüe. A recommander !

 

Ce que j’ai moins aimé :

- Rien  

 

Premières phrases :

« Tache grises dans le 93

Les Renseignements généraux ont établi la liste des cent soixante-douze « cités interdites » de France, où les lois de la Républoique ne sont plus en vigueur. Si un géomètre urbaniste se penchait  sur le sujet, il calculerait – cadastre en main – la superficie de ces zones de non-droit. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur :  Une vie à coucher dehors de Sylvain TESSON;  Dans les forêts de Sibérie de Sylvain TESSON

 

Géographie de l’instant, Sylvain Tesson, Editions des Equateurs, octobre 2012, 18 euros

Publié dans Récits de voyage

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