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1260 résultats pour “vie parfaite

Sauveur et fils tome 2 de Marie-Aude MURAIL

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"La vie ne se déroulant jamais comme prévu, tout l'art de l'homme est de s'adapter."

Sauveur Saint-Yves est un psychologue antillais de 40 ans, 1,90 mètre pour 80 kilos. Il élève seul son fils Lazare de 9 ans et il a quelque espoir de reconstruire une famille avec Louise Rocheteau et ses deux enfants. Nous retrouvons dans ce tome ses patients, les anciens mais aussi de nouveaux : Ella qui hésite dans son identité sexuelle, Blandine qui se gave de bonbons, Gabin, occupant à l'occasion le grenier de Sauveur, Samuel, qui refuse de se laver... Ils nous parlent des difficultés de l'enfance et de l'adolescence, et comprennent peu à peu la nécessité de chercher une aide quand les poids sont trop lourds. Comme le dit Ella : "J'ai pas envie d'être là quand je suis dans la salle d'attente. Et quand je repars c'est comme si on m'avait enlevé un poids de cent kilos sur le coeur."

Sauveur apprend à ne pas s'imposer quelque chose dont on ne veut pas, il apprend la liberté, la libération des charges qui pèsent trop lourd. Il donne du sens dans un monde bouleversé. "Si le monde n'a absolument aucun sens, qui nous empêche d'en inventer un ?" Lewis Carroll

Mais toute la subtilité de Marie-Aude Murail consiste aussi à montrer ses failles, ses hésitations, ses déceptions. Il n'a pas la volonté d'être parfait et n'a pas les solutions à tout, mais par sa bienveillance et son écoute, cet homme sait apaiser les plaies, celles de ses patients, mais aussi celle des lecteurs...

 

Présentation de l'éditeur : Ecole des Loisirs

Du même auteur : Tome 1

D'autres avis : Au fil des livres ; Noukette ; Brize, Cathulu, Nadège, Pépita, Thalie

 

Publié dans Jeunesse Roman

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Le Clézio, l'homme du secret de Aliette ARMEL

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"J'ai toujours cru que la littérature c'était comme la mer, ou plutôt comme le vol d'un oiseau au-dessus de la mer, glissant très près des vagues, passant devant le soleil."

("Lettre d'Albuquerque" Le Clézio)

Le Clézio est un écrivain qui a su se prémunir naturellement de la notoriété et ses risques. La qualité de ses écrits est indéniable parce qu'il est cet homme qui écrit par nécessité, parce qu'il croit en la littérature et en ses pouvoirs :

"Elle [la littérature] n'était pas un monument érigé en souvenir d'univers disparus, mais une passerelle pour entrer dans une nouvelle manière d'exister : la musique de ses mots aiguisait la capacité à être attentif aux moindres frémissement de la vie, à en percevoir les sensations et les émotions."

Pour cet homme mystique dans le sens où il est passionné "par les expériences, par les vertus religieuses, par la foi, quelle que soit la foi.", l'écrit révèle. Aliette Armel rappelle ce qui fait le prix de l’œuvre de cet auteur et de son secret : "Non pas l'or et le pourpre des distinctions les plus prestigieuses et des couvertures de livres pompeuses, mais la singularité d'une existence nomade, en quête d'un sens dont les civilisations oubliées demeuraient dépositaires, et la richesse d'une écriture forgée au cœur de la nature et dans l'observation des rituels."

Elle revient sur ses rencontres avec cet homme insaisissable,  nous raconte sa propre découverte de son oeuvre, nous livre ses propres hésitations face à cet homme fascinant. En choisissant de présenter les écrivains par le biais de sa propre expérience, Aliette Armel choisit résolument l'humilité. L'auteure se place à sa propre hauteur de vue, et cela lui permet également de livrer son ressenti et ses émotions. Elle, qui a pourtant eu l'immense honneur de pouvoir assister à la remise du prix Nobel de littérature à J.-M. G. Le Clézio à Stockholm, ne se met pas en avant, et laisse juste transparaitre sa fascination pour cet écrivain aux multiples contours, si insaisissable.

Avec intelligence, elle nous enjoint simplement à retrouver cet homme mystérieux dans ses écrits. Ce que je vais faire de ce pas aux côtés de Bitna...

 

Présentation de l'éditeur : Le Passeur Editeur

Du même auteur : Pondichéry, à l’aurore  ; En compagnie de Marguerite Duras

De Le Clézio :  Désert Voyage au pays des arbres 

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La somme de nos folies de Shih-Li Kow

Publié le par Hélène

♥ ♥

À Lubok Sayong, petite ville au nord de Kuala Lumpur, les habitants sont habitués aux catastrophes naturelles, leur village étant inondé plusieurs fois par an. Ils ont su s'adapter au lieu, hauts en couleur, ils évoluent gaiement dans un monde tourmenté. Parmi eux, Beevi, décide de transformer la grande demeure familiale en bed and breakfast et embauche l’extravagante Miss Boonsidik pour l’aider dans sa tâche. Au même moment, à la mort de sa soeur, elle doit prendre en charge la jeune Mary Anne, débarquée sans crier gare de son orphelinat où toutes les filles s’appellent Mary quelque chose. A leur côté, telle une sentinelle, se tient Auyong, qui dirige l'usine de mise en boîtes de litchis.  

« Attention aux maladies véhiculées par l’eau, répétaient les gens de la capitale. Attention aux crocodiles et aux serpents. Attention de ne pas marcher sur la carcasse pourrie d’une bête morte. Gare au choléra. Gare aux tourbillons et aux courants. Ils publiaient des consignes de survies dans des journaux qui n’étaient pas distribués ici et qu’on lisait dans la capitale en sirotant un café latte frappé, bien installé chez Starbucks. Gare à la vie.»

Chronique d'une petite communauté, servi par deux voix, le roman oscille entre gravité et loufoquerie.   Entre cette tête de vache sanglante livrée à la mauvaise adresse, la voisine qui élève des sangsues, un poisson carnivore relâché dans un lac, ce chouette roman nous rappelle que nous ne sommes que la somme de nos folies, "racontées ou tues". Original et décalé, il est une des bonnes surprises de cette rentrée littéraire.

 

Présentation de l'éditeur : Zulma 

D'autres avis : Yves ; Leiloona

 

La Somme de nos folies, premier roman traduit de l’anglais (Malaisie) par Frédéric Grellier,  384 pages, 21,50 € • Paru le 23/08/18

Publié dans Littérature Asie

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L'amie prodigieuse de Elena FERRANTE

Publié le par Hélène

♥ ♥

Elena et Lila vivent dans un quartier pauvre de Naples à la fin des années cinquante. Elles deviennent rapidement amies, même si leurs vies ne prennent pas les mêmes directions : Lila abandonne l'école pour travailler avec son père cordonnier tandis que Elena va au collège puis au lycée, soutenue par ses professeurs.

Sur la toile de fond de leur enfance se dessinent des conflits entre les familles, entre bandes rivales, entre catégories sociales... Une rivalité sous-jacente se joue sous les sentiments pourtant sincères d'Elena pour Lila. A l'adolescence, cette jalousie se cristallise autour des études ou de la beauté, dans un va-et-vient lié aux déboires adolescentes.

Là encore, leurs destins prennent des tournures différentes puisque Lila décide de se marier avec un homme riche qui lui apportera une aisance financière ainsi qu'à sa famille, quand Elena continue ses études et hésite en amour.

Cette peinture vibrante d'une amitié indéfectible est le premier tome d'une tétralogie consacrée au destin des deux femmes.

Ce que j'ai moins aimé : A trop rester rivée uniquement sur les deux femmes, une lassitude finit par se faire sentir. Des intrigues secondaires auraient peut-être apporté un souffle romanesque supplémentaire bénéfique au roman...

Bilan : L'amie prodigieuse décrit avec talent le destin des deux amies qui se nourrissent mutuellement des bonheurs et déceptions de l'une ou de l'autre.

 

Présentation de l'éditeur : Folio

D'autres avis : Babélio ; Noukette

Vous aimerez aussi : la suite Le nouveau nom ; D'acier de Silvia Avallone

Sur l'identité de Elena Ferrante : Actualitté

 

L'amie prodigieuse, Enfance et adolescence, Elena Ferrante, traduit de l'italien par Elsa Damien, Folio, décembre 2015, 448 p., 7.99 euros

 

Lecture commune du Blogoclub

 

Publié dans Littérature Europe

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Albert sur la banquette arrière d'Homer HICKAM

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Peut-être que c'est ça, la vie. Toujours plus de mystères. On croit tout savoir mais on ne sait rien, ou pas vraiment."

Ce roman nous conte l'histoire plus ou moins vraie d'un mari, de sa femme et de l'alligator de sa femme. Homer est minier en Virginie et il est marié à Elsie, jeune femme aux rêves déçus qui est tournée vers son passé. Albert est leur alligator, offert comme cadeau de mariage par un ancien soupirant d'Elsie. Homer est lassé par ce mastodonte qui représente l'amour perdu d'Elsie et ne lui laisse comme alternative que celle du mari jaloux "c'est lui ou moi". Le couple décide donc de ramener Albert en Floride, accompagné dans leur farfelu voyage par un coq qui s'est invité à l'improviste.

S'ensuivent des aventures abracadabrantes : les charmants acolytes seront témoins dans une affaire de braquage, détenteurs d'informations sur une possible affaire de meurtres en série, complices de l'explosion d'une usine, suspectés de contrebande et de transport d'alcool perdu en mer... Homer devient joueur de base-ball professionnel, puis garde-côtes contre des trafiquants et voyous des mers, acteur, Elsie infirmière, pilote d'avion, tous deux essuient un ouragan en Floride et rencontrent en chemin Steinbeck ou encore Hemingway.

Mais derrière ces aventures hautes en couleurs, se cache l'essentiel :

"L'histoire de mes parents ramenant Albert chez lui racontait tout autre chose que leurs récits fantaisistes et leurs aventures de jeunesse. Il s'agissait d'un témoignage sur le plus beau des cadeaux de la Création, sur cette émotion étrange et merveilleuse que nous appelons, à défaut d'un meilleur mot, l'amour." 

Ce que j'ai moins aimé : un peu longuet d'une part, et d'autre part Elsie est détestable et on se demande durant toute la lecture pourquoi Homer ne la plante pas là avec ses rêves pitoyables ...

Bilan : un bon moment de divertissement.

 

Présentation de l'éditeur : Harper et Collins

D'autres avis : Babélio

 

Albert sur la banquette arrière, Homer Hickam, traduit de l'américain par Arnold Petit, Mosaïc, juin 2016, 448 p., 19.9 euros

 

Merci à l'éditeur

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Un beau mariage de Molly Keane

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Quelles pauvres choses désarmées la vie fait-elle de nous, avec ses tentations démoniaques !" p. 142

Les Sorrier vivent dans le domaine de Sorristown en Irlande depuis plusieurs générations. Le maître mot du domaine reste l'oisiveté dans laquelle se complaisent les habitants actuels : Roguey, Jer et leur soeur Maeve. Mais un évènement se prépare puisque la délicate Maeve doit épouser le Major Rowland Arthur Fountain, l'homme le plus populaire du comté de Westcommon, réalisant ainsi "un beau mariage". Les demoiselles d'honneur commencent à arriver, et l'équilibre apparent de cette bonne société vacille alors dangereusement ...

Molly Keane peint avec talent les sentiments humains et leur complexité, sachant traquer derrière les convenances le désir animal qui sème rapidement la panique dans l'équilibre fragile de cette bonne société. Les personnalités des uns et des autres ne sont pas toujours en adéquation avec leurs véritables sentiments et penchants, et la vertu elle-même dans toute sa splendeur en prend pour son grade. Dans le monde aigre-doux de Molly Keane, rien ne tient, tout file.

"Son propre coeur réclamait la justice, alors qu'il n'y a pas de justice, seulement des conséquences. Et les conséquences sont les choses les plus inconséquentes et les plus incalculables du monde. Elles peuvent tout aussi bien sauter par-dessus la tête du scélérat impénitent qui les a provoquées, et atterrir, lourdes de calamités, sur l'échine courbée d'une victime, dont le fardeau à porter est déjà au-dessus de ses forces." P. 294

Dans Un beau mariage, son premier roman, l'auteur insiste sur le mystère du mariage résidant sur des sentiments évaporeux qui peuvent s'envoler en quelques secondes ...

 

Du même auteur : Fragiles serments  ; Chasse au trésor 

Présentation de l'éditeur : Gallimard Editions de la Table Ronde

D'autres avis : Lettres d'Irlande et d'ailleurs

 

Un beau mariage, Molly Keane, traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff, La table ronde, 1997, 335 p., 8.70 euros

Publié dans Littérature Europe

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LOL est aussi un palindrome de Mathilde LEVESQUE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

- Madame c'est du gâchis que vous soyez prof.
- Ah.
- Vous auriez dû être avocate ou politicienne ou chef de gang, vous savez trop embrouiller."

 

Mathilde Levesque est agrégée de lettres modernes et docteur en langue et littérature françaises. Elle enseigne en zone sensible depuis 2011. Elle a recueilli ici les meilleures répliques de ses élèves de seconde, première et BTS du lycée Voillaume d'Aulnay-sous-Bois où elle enseigne depuis trois ans.

« Au début, je voulais juste garder une trace des échanges en classe qui m’avaient fait rire. Au fil de ces trois années, je me suis donc constitué un petit recueil de citations de mes élèves. C’est mon éditrice, ancienne camarade de classe, qui m’a proposé d’en faire un livre. Je me suis dit que c’était une bonne occasion de montrer que des élèves du 93 peuvent être aussi malins et intelligents que d’autres issus d’établissements plus favorisés », a expliqué Mathilde Levesque, dans une interview accordée à L’express.fr.

Et effectivement, l'ensemble est drôle et bien vu. Les rapports de complicité entre prof et élève sont flagrants, et pourront sans doute revaloriser un métier en perte de vitesse...

Quelques exemples :

En début d'année :

"Madame, "nous serons", ça s'écrit avec un s ou avec un t ?

- ...

- Ah mince... Vous savez pas."

 

 

Les occurrences bien connues de ceux qui côtoient les jeunes de "Madame, vous êtes sérieuse ?" ou les "Avouez" ou les tchip sont nombreuses :

-"A votre avis, quel enseignement peut-on tirer de l'histoire de Narcisse ?

-Qu'il faut avoir nager !

- ...

- Avouez !"

 

"-Mais Madame, comme dit le proverbe : "La vérité prend l'escalier quand le mensonge prend l'ascenseur, mais on verra bien là-haut".

- ...

- Avouez !"

Des questions essentielles :

"Madame, mais du temps de Zola, ils avaient des amendes quand ils conduisaient le tracteur en ayant bu ?"

» Pratiquer l’ironie ou l’auto-dérision avec les élèves, c’est leur enseigner comment ils peuvent prendre de la distance avec ce qu’ils entendent, ce qu’ils voient, ce qu’ils lisent… C’est finalement être capable de rire de tout, y compris de Ronsard et de Corneille! Une compétence essentielle. Quand ils quitteront le lycée, la plupart de mes élèves n’auront plus à faire des commentaires de texte; mais cette capacité à prendre du recul, que nous avons développée ensemble, elle leur servira toute leur vie. »

 

Présentation de l'éditeur : Editions First  Points

D'autres avis : Le Monde

 

Sorti en poche en septembre 2016 chez Points

Publié dans Jeunesse Documents

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Le long silence de Thomas MCGUANE

Publié le par Hélène

Thomas McGuane nous livre en ces pages des courts récits autobiographiques dans lesquels il évoque sa passion pour la pêche. En effet, les parties de pêche lui permettent de se découvrir pleinement humain en étant attentif au monde, il écoute et observe ce qui l'entoure avec acuité et sa présence au monde devient évidente. Que ce soit la chasse, l'observation des oiseaux, la pêche ou le bateau à voile "chacun de ces loisirs offre de magnifiques possibilités d'observer le temps, le paysage dans sa lumière changeante, le mouvement de l'eau." p.301

Les pêcheurs suivent le rythme des saisons, se mettent à l'unisson du balancement du monde et vivent ainsi des instants suspendus hors du monde ou au contraire profondément ancrés dans l'univers.

"Je suis bouleversé par la perfection des choses : le profil splendide de chacune des truites, la beauté angélique miniature des éphémères, et les eaux soyeuses et sauvages de le Big Hole River. Car c'est pour de telles choses que nous sommes déposés sur ce tas de boue en rotation." p.124

Bien campés dans leurs bottes comme dans le monde, ils apprennent à profiter du moment présent :

"Il trouva des signes d'immortalité dans la pêche et le long des rivières où des instincts humains ancestraux rencontrent la nature au paroxysme du cyclique et du mystérieux, où le comportement humain fait si clairement partie de la nature, où notre détachement, même de la brièveté de nos propres vies, est réconfortant." p. 332

http://pecheur.info/flyfishing-is-a-joke.html

Ce que j'ai moins aimé :

Partie de pêche après partie de pêche, j'ai fini par me lasser du vocabulaire technique, des détails et de l'aspect finalement très répétitif des récits.

Bilan :

De belles anecdotes à picorer pour se plonger dans l'univers lumineux de cet auteur, icône du nature writing américain.

 

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

D'autres avis : Le Bouquineur ; Lecture commune avec Electra

Du même auteur : Sur les jantes

Sur le même thème :  Dérive sanglante  ; Casco bay Mon Amérique 

 

Le long silence, Thomas McGuane, traduit par Anatole Pons, Gallmeister, novembre 2016, 376 p., 23.90 euros

 

Merci à l'éditeur.

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Pour Primo Levi de Mario RIGONI STERN

Publié le par Hélène

♥ ♥

Ce court recueil rassemble trois petites nouvelles en honneur de Primo Levi et d'un autre ami cher à l'auteur : Nuto Revelli. Ils sont trois garçons d'une vingtaine d'année en 1939 avec de nombreux points communs : l'expérience de la guerre, les camps pour Primo Levi et Rigoni Stern, la libération et les pérégrinations multiples avant le retour au pays. Tous trois éprouvent aussi une attirance magique pour la montagne. Mais surtout, tous trois ont choisi de témoigner, parce que l'écriture s'est imposée à eux comme une nécessité.

Pour eux écrire signifie continuer à résister "en s'acharnant pourtant à préserver, jusqu'à la limite de ses forces, l'étincelle sans cesse remise en cause d'une incertaine espérance." (Post-face de François Maspero)

Leur témoignage résonne dans l'âme du lecteur :

"Dans la présentation de l'édition scolaire, Primo écrit : "Je serais heureux si je sais que ne serait-ce qu'un seul de mes nouveaux lecteurs a compris combien il est dangereux, le chemin qui part du fanatisme nationaliste et de l'abdication de la raison." p. 24

Les nouvelles insistent sur la force de l'amitié reliant les hommes, la solidarité, l'amour du prochain qui sauve l'âme. Les pages de Mario Rigoni Stern rendent magnifiquement hommage à ses amis de coeur, sa ferveur leur redonne vie...

Ce que j'ai moins aimé : J'avais eu ce livre en cadeau, "pour célébrer le dixième anniversaire de La Fosse aux Ours, ce livre nous été gracieusement offert pour l'achat de deux livres Fosse aux ours". Aujourd'hui il est en vente 8 euros, ce que je trouve excessif pour un petit livre qui fait 49 pages, 59 si on compte la postface !

 

Du même auteur : Les saisons de Giacomo ; Hommes, bois, abeilles 

De Primo Levi : Si c'est un homme ; La Trêve

De Benvenuto Revelli : Le monde des vaincus ; Le disparu de Marburg

 

Pour Primo Levi, Mario Rigoni Stern, Traduction et postface de François Maspero, La fosse aux ours, 2012, 8 euros

Un mois un éditeur : La Fosse aux ours

 

 

 

La bonne Nouvelle du lundi chez Martine

Publié dans Littérature Europe

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Père et fils Intégrale de Erich OHSER

Publié le par Hélène

Fauve d'Angoulême 2016 Prix du patrimoine

Un père et son fils, aussi espiègles l'un que l'autre parcourt la vie avec désinvolture et bonheur dans cette bande dessinée muette, classique de la littérature jeunesse en Allemagne.

L'auteur est d'abord connu pour ses caricatures politiques puis pour ces aventures du père et du fils relevant de l'observation amusée du quotidien. A partir de 1935 la dimension critique et l'humour grinçant débordent, même s'ils restent cachés pour éviter la censure. Par exemple dans L'aventure au poisson rouge qui n'en était pas un, le poisson de plus en plus vorace finit par faire exploser le maison des protagonistes et peut être vu aussi comme une métaphore de la montée du nazisme qui, de petit parti sans importance, a crû jusqu'à détruire l'Allemagne. En 1937  les aventures de  Père et fils prennent une nouvelle tournure : grâce à un héritage les deux compères deviennent riches. Ils apprennent alors que l'argent ne fait pas le bonheur :  faute de savoir décortiquer un homard, le père et le fils quittent le château en colère et se retrouvent autour d'une simple saucisse dans la rue, comme au bon vieux temps. Enfin, dans la seconde série ils échouent sur une île déserte et vivent en Robinson.

L'auteur a sciemment renoncé à la parole pour insister sur la force des liens au-delà du langage, non verbalisables ce qui permet aussi de décupler la force des sentiments.

Une bande dessinée que l'on peut lire aussi bien comme des aventures désinvoltes que comme un manifeste politique d'un dessinateur devant écrire sous le nazisme...

Un petit bijou !

 

Ma bd de la semaine chez Mo cette semaine

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