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1349 résultats pour “vie parfaite

Le livre d'un été de Tove JANSSON

Publié le par Hélène

  ♥ ♥ ♥ 

Le temps d'un été, la jeune Sophie partage quelques mois avec son père et sa grand mère fantasque sur une petite île, loin de tout, en suspens entre deux mondes, deux périodes floues qui l'ont laissée orpheline. Complices, la grand-mère et sa petite fille arpentent l'île, écoutent les hareldes, les oiseaux peuplant le lieu, sculptent des animaux avec des branches et des morceaux de bois, fabriquent des palais en allumettes, et discutent de Dieu, de respect d'autrui, de la vie qui palpite à leurs côtés.

Elles se fondent dans le paysage de cet été, en harmonie avec le lieu et ses habitants.

"Elle ressemblait à un énorme bécasseau quand elle se promenait, elle avançait lentement sur ses jambes raides, s'arrêtait souvent, tournait la tête à droite et à gauche, et examinait tout avant de continuer." 

La grand-mère est à l'orée entre la vie et la mort, et peu à peu elle rend hommage à cette vie qui palpite encore en elle, elle prend soin du monde et des personnes qui l'entourent, allant même jusqu'à faire le tour de l'île pour arroser ses plantes préférées quand le temps est à la sécheresse.  S'il lui arrive de perdre son dentier dans les pivoines, et de se disputer avec Sophie, elle est néanmoins celle qui éclaire l'île de sa présence révélatrice. 

"La grand-mère gravit le rocher tout en réfléchissant sur les oiseaux en général. Il lui semblait qu'aucun autre animal ne possédait leur pouvoir de dramatiser et de parfaire un évènement -les changements de temps et de saison, les multiples états d'âme que traversent les individus."

Ce court roman est une véritable hymne à "la beauté du paysage final de notre vieillesse dans un été qui s'achève ! Le silence se fait autour de nous, chacun part de son côté, et cependant nous nous retrouvons tous devant la mer, dans la paix du soir au coucher du soleil." 

Il évoque magnifiquement le bonheur qui s'immisce dans les interstices du temps et de la vie.

 

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Du même auteur : L'honnête tricheuse ♥ 

Publié dans Littérature Europe

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Pico Bogue tome 6 Restons calmes de Dominique Roques et Alexis Dormal

Publié le par Hélène

♥ ♥

Pico Bogue est un petit garçon très attachant, espiègle et intelligent. Dans ce tome il est en vacances chez son oncle Antoine avec sa petite soeur à la mer. L'occasion de saynètes profondément tendres et philosophiques.

 

Une série coup de coeur !

A partir de 9 ans

Présentation de l'éditeur : Dargaud

D'autres tomes : tome 1 La vie et moi

Publié dans Jeunesse BD

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Ramata de Abasse NDIONE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Il ne faut pas grand-chose pour toucher à l’extraordinaire. Parce que ses pas l’on mené au petit matin non loin de Dakar dans un village de pêcheurs, un homme croise le destin de Ramata, femme d’entre les femmes, déesse vivante, merveille de la vie. Cela commence par des gyrophares dans les dunes. L’air est doux, la patronne d’un bar pleure doucement. On vient de trouver dans sa cour qui donne sur la plage le corps étonnamment digne d’une vieille clocharde. Tout en elle est mystère, jusqu’à la lourde chaîne en or qu’elle porte autour du cou. L’ambulance partie, l’homme s’installe, paie une bouteille de vin, demande le nom de la morte. Phrase après phrase, il découvre, fasciné, la tragédie d’une vie mêlée à l’histoire plus ancienne du Sénégal…

Ce que j'ai aimé :

Ce roman est doté d'un souffle romanesque, d'un envol, comme si on écoutait un griot au coin du feu, un conteur exceptionnel qui suit ses personnages un à un, ses mots donnant vie à celui ou celle qu'il peint et ce dernier s'anime soudain devant nous, nous qui n'avons de cesse de découvrir ce qu'il va devenir. Cet art du conteur est indéniable.

« Au cours de sa longue narration, pêle-mêle, tour à tour, j’ai été ému jusqu’aux larmes, j’ai été content, j’ai souri, j’ai frémi, je me suis exclamé “Ndeyssane !” pour exprimer ma pitié, j’ai énormément appris, j’ai bandé, j’ai été attendri, j’ai songé à Dieu, à son prophète Mamadou, paix et salut sur lui, j’ai été circonspect, j’ai applaudi des deux mains, je me suis posé des questions, j’ai tremblé, j’ai eu la nausée, j’ai ri aux éclats, j’ai eu le cœur serré, j’ai dit bravo, je me suis égayé, j’ai été attristé, je me suis révolté (…) Bref, pas un seul instant je n’ai eu à m’ennuyer. »

Le conteur s'attache aux actes qui pèsent dans nos vies, à la corruption inhérente aux puissants, mais aussi au thème de l'excision réduisant les femmes à ne connaitre qu'un plaisir fugace.

Ce roman est profondément riche, et sa lecture rappelle combien l'art du récit puise sa source dans une littérature orale millénaire.

Présentation de l'éditeur : Folio

Publié dans Littérature Afrique

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Du côté de Canaan de Sebastian BARRY

Publié le par Hélène

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♥ ♥

  

L’auteur :

 

Sebastian Barry est né à Dublin en 1955. à la fois romancier, poète et dramaturge, il est reconnu comme l’une des voix les plus importantes de la littérature irlandaise d’aujourd’hui. Ses romans Annie Dunne et Un long, long chemin ont paru aux Éditions Joëlle Losfeld en 2005 et 2006. Le testament caché figurait sur la shortlist du Man Booker Prize 2008, et a obtenu le prix Costa Book of the Year cette même année. Il a également décroché en 2009 le prix Hughes and Hughes Irish Novel of the Year.

 

L’histoire :

 

Obligée autrefois de fuir l’Irlande et les siens avec son fiancé pour de mystérieuses raisons, Lilly Bere, à quatre-vingt-neuf ans, revit le chemin parcouru depuis son arrivée dans le Nouveau Monde – le «côté de Canaan» – au rythme des hommes de sa vie. D’une traversée clandestine à leur installation précaire à Chicago, le jeune couple n’aspire qu’à une vie normale. Mais c’est sans compter avec la menace sourde qui pèse sur eux, et qui va pousser Lilly, désormais seule au monde, à s’enfuir à Cleveland. Devenue employée de maison grâce à son amie Cassie, elle y est témoin des injustices et du racisme de la société américaine. Quand elle rencontre le séduisant et énigmatique Joe, elle croit enfin toucher le bonheur du doigt – jusqu’à une explosion pendant laquelle Joe disparaît… Ce n'est là qu'un des nombreux mystères de la vie de Lilly, racontée comme un thriller, et imprégnée d’une infinie douceur. (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

A l’orée de sa mort, une vieille dame se remémore les instants cruciaux de sa vie, ceux qui, mis bout à bout, forment un tout cohérent et significatif. Pour elle, se souvenir est essentiel à l’heure où elle vient de perdre son petit-fils, prunelle de ses yeux. En se plongeant dans le récit de sa vie, elle peut ainsi revivre intensément par la magie de l’écriture les beaux moments, les moins bons, et les tragédies incontestables.

 

« Et de penser, de me souvenir. Toutes ces sombres affaires, ces histoires englouties, comme des vieilles chaussettes dans une vieille taie d’oreiller. Sans plus trop savoir quel poids de vérité elles contiennent. Et des choses que j’ai laissées de côté longtemps, dans l’intérêt du bonheur, ou du moins du contentement quotidien dont j’étais autrefois maîtresse, j’en suis persuadée. Le plaisir d’un plat bien cuisiné, simplement le petit plaisir étrangement infini de voir, de contempler, un plateau de biscuits sortant du four. Comme si je venais d’achever le Parthénon, ou la sculpture de Jefferson dans le roc, ou peut-être le contentement, ressenti dans les muscles, de l’ours quand il sort un saumon de l’eau avec sa patte. Puissamment apaisant, profondément, et pour quoi d’autres sommes-nous ici, sinon pour ressentir ces minuscules victoires ? Pas les grandes victoires qui broient et tuent le vainqueur. Pas les guerres et les émeutes, mais la grâce salutaire d’une sauce hollandaise qui a échappé à toutes les possibilités d’un désastre culinaire et qu’on étale comme une prière jaune sur un gros pavé de cabillaud, victorieusement. » (p. 39)

  

 Là où le pathétique pourrait être de mise,  Lilly ayant connu dans son parcours différentes tragédies, la luminosité de la vieille dame, sa bonté et son intelligence permettent d’éviter tout pathos, et d’auréoler son récit d’une aura particulière. Est-ce l’approche de la mort qui lui donne cette force immense, ou bien l’amour qu’elle a porté à chacun des êtres qui ont jalonnés sa vie, qu’importe, quand seul compte le récit de ces destins individuels marqués par les guerres (guerre d'indépendance irlandaise, première guerre mondiale, guerre du Vietnam, puis la guerre du Koweit), par le racisme, par les actions de l’IRA…

 

Servi par un style fluide, Du côté de Canaan retrace un très beau destin de femme…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

Tellement fluide, que cela en devient presque banal et que je pense que cela ne le laissera pas un souvenir inoubliable.

 

Premières phrases :

 

« Bill n’est plus.

 

Quel bruit fait le cœur d’une femme de quatre-vingt-neuf ans quand il se brise ? Sans doute guère plus qu’un silence, certainement à peine plus qu’un petit bruit ténu. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Annie Dunne

Autre : Une seconde vie de Dermot BOLGER  

 D’autres avis :

 Blogs : Jérôme ; Mimi ; Clara ; Jostein

Presse : Lire ;Télérama  

 

Du côté de Canaan, Sebastian Barry, traduit de l’anglais (Irlande) par Florence Lévy-Paoloni, Editions Joëlle Losfeld, août 2012, 274 p.,  19.50 euros

 grand prix lectrices de elle

Publié dans Littérature Europe

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Quand nous serons frère et sœur de Sophie ADRIANSEN

Publié le par Hélène

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♥ ♥

Un beau conte moderne

 

L’auteur :

Sophie Adriansen écrit par tous les vents depuis longtemps, du long et du court. Elle tient depuis 2009 le blog Sophielit, finaliste du Prix des Bloggeuses de ELLE 2011, et contribue à plusieurs sites littéraires. Elle est est membre de la Société des Gens de Lettres et jurée littéraire pour les Prix suivants : 2012 Prix des lecteurs de l’Express / Prix Rive Gauche à Paris / Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro / Prix des Lectrices Terrafemina - Livre de Poche // 2011 Prix Rive Gauche à Paris / Prix Carrefour du 1er roman (comité présél.) // 2010 Grand Prix des Lectrices de ELLE / Prix Orange du Livre / Prix du Roman FNAC / Prix Carrefour du 1er roman (comité présél.) / 2009 Prix Carrefour du Premier roman

L’histoire :

« Il n’était tout simplement pas comme elle.

Il ne serait jamais son frère, c’était aussi simple que cela.

On ne pouvait se décréter frère et sœur par volonté commune ou désir profond, ni même décision unilatérale, et encore moins parce qu’on avait reçu un bout de papier l’affirmant. »

 

Louisa, la trentaine dynamique et urbaine, n’a jamais connu son père. Par une chaude journée d’avril, elle apprend la mort de celui-ci et découvre dans la foulée qu’il lui a laissé un conséquent héritage. Mais cet argent inespéré est soumis à une condition : elle doit cohabiter un mois avec un frère dont elle ignorait jusqu’à l’existence. Ne se doutant pas qu’elle prend un aller simple pour le début du reste de sa vie, Louisa fait sa valise et débarque à Lougeac, village du centre de la France où elle n’est pas la bienvenue et où les rumeurs vont bon train.

Quand nous serons frère et sœur est une ode à l’échange et à la simplicité qui met en scène l’étonnante rencontre d’une jeune femme enlisée dans son passé, que le mystère de ses origines a rendu méfiante, avec un homme concentré sur le présent, dans un récit servi par une écriture lumineuse. (Présentation de l’éditeur)

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Mon avis :

Quand nous serons frère et soeur est un livre lumineux  optimiste, un bol d’air pour cette jeune femme urbaine qui découvre un nouveau mode de vie, une nouvelle façon d’aborder le monde et la vie. Elle va découvrir un autre monde, d'autres relations et va peu à peu s'épanouir dans cette nouvelle opportunité. 

Petite réserve : la dichotomie entre vie à la ville, vie parisienne stressante et vie calme à la campagne me semble un peu caricaturale, de même que les personnages le sont quelque peu.

Mais il me restera surtout en mémoire après lecture l'impression d'avoir lu un conte tendre, moderne sur l’importance de tisser des liens.

« Tisser des liens, voici ce que je n’ai jamais été capable de faire. Avec moi, ils se sont défaits rapidement. La vie, ce n’est pas ça. Je compte sur vous pour faire mieux. » (p. 204)

Premières phrases :

« Les choses avaient un sens, au-delà des lieux communs qui affirmaient que rien ne survenait jamais par hasard. Et ce sens était à déceler dans l’environnement, à lire dans les éléments, à percevoir dans les attitudes. Il ne fallait négliger ni le langage des corps, ni les métamorphoses des objets, ni les changements météorologiques. Tout cela révélait de menus indices, envoyait d’infimes signaux.»

Vous aimerez aussi :

Du même auteur :  Je vous emmène au bout de la ligne de Rodolphe MACIA et Sophie ADRIANSEN

D’autres avis :

Ici : http://www.sophieadriansen.fr/crbst_13.html

 

Quand nous serons frère et sœur, Sophie Adriansen, Myriapode, janvier 2013, 18 euros

 

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Le fond du bocal de Nicolas POUPON

Publié le par Hélène

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♥ ♥  

 Dans l'enfer de Bocalcatraz...

 

  L’auteur :

 

Né en 1972 d'un père et d'une mère, Nicolas Poupon fête dès 1973 son premier anniversaire. Par la suite, il déçoit un peu et ne fait plus rien d'intéressant jusqu'à ses 19 ans. À cet âge, lui vient la grande pensée de sa vie : "Tant qu'à rien faire, autant faire quelque chose". Il choisit le dessin.

Très vite il rêve d'art, mais finit par échouer lamentablement dans le monde des petits éditeurs de Bande Dessinée. Cherchant à sortir de cette galère, le gaillard se met en 1997 à l'accordéon diatonique, où il se montre, il faut le reconnaître, particulièrement mauvais. Il décide donc de ramer encore un peu. En septembre 1999, il crache le feu pour la première fois et s'estime dès lors un homme accompli.

Soucieux de montrer à quel point la vie peut être riche, il étudie de très près les espèces aquatiques, plus particulièrement les poissons rouges, et décidant de faire profiter le monde de ses découvertes, il crée Le Fond du bocal.

Plus de 800 observations sont déjà consignées dans de nombreux carnets, contribuant ainsi à repousser les limites de l'univers connu.

L'encyclopédie du Bocal est désormais publiée sous la bannière politiquement incorrecte de DRUGSTORE, succédant aux courageuses éditions Le Cycliste, qui avaient su, en leur temps, braver les foudres de scientifiques rétrogrades pour soutenir les pertinentes observations de Nicolas Poupon.

Quel dommage que le commandant Cousteau n'ait jamais eu connaissance de cette bible aquatique de proximité, cela lui aurait évité bien des soucis, et des heures de travail inutiles. Malheureusement, la vie n'est pas toujours bien faite, les poissons rouges en savent quelque chose.
Certains en riront. Tant mieux pour eux. (Présentation de l’éditeur)

 

L’histoire :

Passer sa vie dans un bocal, y’a vraiment de quoi devenir fou…

 Certains n’ont qu’une issue : s’évader. Oui mais pour aller où ? D’autres refusent de se laisser aller au conformisme ambiant et décident de tourner carré ! De toute façon, les poissons de Nicolas Poupon sont fêlés du bocal et ne tournent plus rond depuis belle lurette. Faut dire : ce n’est pas une vie que celle de poisson rouge ! Quelle idée de les enfermer dans un bocal ?

 Le concept est simple comme bonjour, le trait épuré au possible, le contexte si réduit qu’on en arrive à s’étonner de le voir ainsi décliné. Et le résultat est là. L’humour de Poupon fait mouche !

 C'est drôle, souvent grinçant, laissant transparaître une jolie ironie, voire parfois du cynisme…

 Après une première publication, la série connaît un nouveau départ, dans une nouvelle version augmentée et corrigée, aux éditions Drugstore.

 (Présentation de l’éditeur)

 

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Ce que j’ai aimé :

Le fond du bocal est une série drôle et cynique, centrée sur la vie de poissons coincés dans un bocal et qui cherchent comment s'échapper et retourner à leur élément naturel : la mer. 

« Pour notre future évasion, rassurez-vous, j’ai plein d’idées.

Mais je ne vous cache pas que… Ce sera beaucoup, beaucoup plus facile, si on réussit à convaincre l’eau de venir avec nous. » (p. 8)

 

fond-du-bocal-canadair.jpg 

Leurs techniques sont  très inventives : utiliser un candair, ou un canard en plastique comme cheval de troie, se faire acheter à nouveau... 

Entre deux évasions, la vie de tous les jours s'écoule avec son lot de surprises (nouvel arrivant, chat qui rôde) et son lot de déceptions -jusqu'à preuve du contraire, ils sont toujours dans le bocal... 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 -          Rien, je suis fan, je veux les autres...

 

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 Vous aimerez aussi :

Simon’cat de Simon TOFIELD tome 1 Une calamité de chat

 

Le fond du bocal, tome 1, 2 et 3, Nicolas POUPON, Drugstore,  avril 2002, 10.50 euros le tome

 BD Mango bleu 

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La fille du cannibale de Rosa MONTERO

Publié le par Hélène

                                                fille du cannibale 

♥ ♥ ♥ ♥

"L'identité n'est pas autre chose que le récit que nous faisons de nous-mêmes." (p. 19) 

 

L’auteur :

 

Rosa Montero est une journaliste et auteure espagnole.

 

L’histoire :

 

Lucia Romero, auteur à succès de romans pour enfants, est sur le point de partir avec son mari Ramon pour Vienne. Mais celui-ci, parti aux toilettes, tarde à revenir. Lucia doit se faire à l´évidence : il a disparu. Quand elle reçoit une demande de rançon, elle comprend qu´il s´agit d´un enlèvement. Aidée de deux de ses voisins – l´octogénaire anarchiste Félix, et Adrian, vingt ans – elle mène l´enquête. Entre les confidences de Félix sur son passé de torero et la passion amoureuse qui la lie à Adrian, Lucia se pose des questions sur l´amour soumis au temps qui passe, la trahison… mais toujours avec une bonne dose d´autodérision et d´optimisme !

 

Ce que j’ai aimé :

 

- La fille du cannibale commence comme un roman farfelu habité par des personnages atypiques réunis par des circonstances pour le moins étonnantes : le mari de Lucia semble s'être bel et bien volatilisé dans les toilettes de l'aéroport, lieu romanesque au possible... Le vieux Félix, anarchiste et torero à ses heures va alors se joindre à Lucia pour mener l'enquête. Et si ladite enquête piétine, Félix va en profiter pour raconter sa vie et éclairer de sa sagesse d'octogénaire la vie de ses nouveaux compagnons. A l'inverse, le jeune Adrian incarne l'insouciance de la jeunesse qui file là où le vent le porte, et, pourquoi pas, dans les bras de Lucia.

 

Mais derrière cette insouciance apparente, se cachent des blessures inhérentes à la vie, des interrogations qui ne peuvent trouver de réponses car elles appartiennent aux mystères de la vie et de l'identité des êtres. Lucia est une femme lucide qui essaie de se construire en racontant, en se créant par le récit un être particulier :

 

"Mais moi, je suis persuadée que l'art primordial est celui du récit, parce que pour pouvoir exister, nous les humains, nous devons d'abord raconter." (p. 19)

 

Alors oui, quelquefois, elle ment, elle cache la vérité pour agrémenter sa vie d'un brin de folie, ou, paradoxalement d'un souffle de souffrance. Elle nous raconte le couple et son usure :

 

"Si je sortais avec Adrian, si je partageais ma vie avec lui, il arriverait probablement un moment o^j ele haïrais parce qu'il parle la bouche pleine, comme il était en train de le faire à ce moment-là, projetant des miettes de pain et des postillons partout. Mais, ce jour-là, même de telles cochonneries m'attendrissaient. Il n'est au monde pire arbitraire, injustice plus atroce que ceux du sentiment." (p. 177)

 

Le monde qu'elle cotoie lui apprend le mensonge, la trahison, la faiblesse de l'être humain sans arrêt tenté par le Mal, 

 

"Ce que vous disiez tout à l'heure, a ajouté Félix. A quoi pouvait servir de se comporter dignement. Eh bien, à nous donner la mesure de ce que nous sommes. Nous, les humains, voyez-vous, sommes incapables d'imaginer ce qui n'existe pas ; si nous pouvons parler de choses telles que la consolation, la solidarité, l'amour et la beauté, c'est parce qu'en fait, ces choses existent et font partie des êtres, de même que la férocité et l'égoïsme." (p. 380)  

 

Lucia va apprendre la sagesse, elle va comprendre que même la souffrance est nécessaire à la vie, car elle nous aide à rester vivant, l'absence de douleur nous tuerait en effet plus sûrement et rapidement que les symptômes salvateurs.

 

"Laisse-moi te parler des pingouins, ces oiseaux patauds qui habitent par millions la déserte Antarctique. Quand les petits des pingouins sortent de leurs oeufs, leurs paretns doivent les laisser seuls pour aller chercher de la nourriture en mer. Ce qui pose un grave problème, parce que les petits pingouins sont recouverts d'un duvet si léger qu'il ne suffirait pas à les maintenir en vie dans les températures extrêmement froides du pôle Sud. Alors les petits pingouins restent regroupés sur leurs îlots de glace, des milliers de pingouins qui viennent de naître serrés les uns contre les autres pour se tenir chaud. Mais pour que ceux qui se trouvent à l'extérieur du groupe ne gèlent pas, les petis pingouins tournent sans arrêt si bien qu'aucun n'est exposé aux intempéries plus de quelques secondes. (...) C'est une générosité dictée par la mémoire génétique, par la sagesse brute des cellules. Ce que je veux te dire à travers cet exemple, Lucia, c'est que ce que nous appelons le Bien est déjà présent au coeur même des choses, chez les animaux irrationnels, dans la matière aveugle.  le monde n'est pas simplement fureur, violence et chaos, mais il est aussi ces pingouins ordonnés et fraternels." (p. 422)

 

pingouins.jpg

 

"La vie est beaucoup plus grande que nos peurs. Et nous sommes même capables de supporter beaucoup plus que nous le souhaiterions. Alors, reste calme." (p.423)

 

Un très beau roman à savourer...

 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

  - Rien.

 

Premières phrases :

 

"La plus grande révélation que j'ai eue dans ma vie a commencé par l'observation de la porte battante de toilettes publiques. j'ai remarqué que la réalité a tendance à se manifester ainsi, absurde, inconcevable et paradoxale, si bien que de la grossièreté naît souvent le sublime ; de l'hooreur, la beauté, et de la transcendance, l'idiotie la plus totale."

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Instructions pour sauver le monde

Autre :  Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas JONASSON

  

D’autres avis :

 

Lecture commune avec Mango

Clarabel , Keisha

 

La fille du cannibale, Rosa Montero, Traduit de l'espagnol par André Gabastou, Editions Métailié, Collection Bibliothèque hispanique, 2006, 408 pages, 20 euros

POCHE : La fille du cannibale, Rosa Montero, Traduit de l'espagnol par André Gabastou, Points, mars 2008, 8 euros

 

12 d'Ys

 Catégorie auteurs espagnols contemporains

 

Publié dans Littérature Europe

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Forum Fnac et Rencontre avec Lola Lafon

Publié le par Hélène

Du 15 au 17 septembre, ce sont plus de 10.000 personnes qui se sont donné rendez-vous en plein centre de Paris à la Halle des Blancs Manteaux, réaménagée pour l'occasion en un lieu convivial et chaleureux.

Je n'ai malheureusement pu me rendre au forum que le vendredi pour l'inauguration et pour une rencontre avec Lola Lafon, n'étant pas disponible les autres jours (de l'inconvénient d'avoir des vies parallèles au blog...)

Mais ce court moment lors de l'inauguration fut un vrai plaisir, j'ai retrouvé Caroline et sa robe rouge éclatante (blog Cultur'elle), Benoit ( à l'ombre du noyer), Eva et son sourire éclatant (Tu vas t'abîmer les yeux), Miss Léo (Me, Darcy and I), Nicole (Mots pour mots), Caroline ( Carobookine), Valentine Layet et sa bonne humeur (Stock), des serveurs serviables, des petits fours addictifs, du champagne à volonté (grâce aux serveurs aimables), des anecdotes cocasses entre l'agonie de l'Iphone de Caroline et les doubles vie follement romanesques de certains collègues de Eva et Caro, bref j'ai passé un excellent moment de joie et de complicité !

 

Après Gaël Faye et son Petit pays de l'an dernier, le prix du roman Fnac a été décerné à Véronique Olmi pour son roman Bakhita dont j'espère vous parler prochainement (et retenez le conseil de Benoit : aller au-delà des dix premières pages assez poignantes pour ensuite admirer la profondeur du roman)

 

 

Lola Lafon, auteure de Merry, Mary, Patty, nous attendait ensuite pour une rencontre entre blogueurs.

Elle nous a raconté comment le sujet était venu à sa rencontre par le biais de cette célèbre photo dérangeante de Patricia Hearst :

"Mais je ne voulais pas raconter l'histoire de Tania/ Patricia. Personne ne sait réellement ce qui a bien pu se passer dans la tête de Patricia pour rallier la cause de ses ravisseurs. On ne sait pas l'expliquer et c'est cela qui est intéressant. Elle n'a pas parlé, sinon, elle aurait fini en prison. Adopter son point de vue m'aurait obligé à prendre position, ce que je ne souhaitais pas. Ce n'est pas non plus un roman historique, Geneva et Violaine sont des personnages inventés.

Par contre ce qui m'intéressait était le procès et la réaction des gens face à ce retournement d'opinion. Les gens n'ont pas accepté que cette jeune femme, icône américaine, issue d'une famille riche et médiatique, ait pu tourner le dos à une vie iconique pour adhérer à la cause du SLA. L'ironie de l'histoire étant que son propre père gagne un argent fou en vendant ses journaux avec cette affaire faisant sa une.

C'est intéressant de voir comment en disparaissant, des personnages font apparaitre d'autres personnages.

Patricia, en étant prisonnière a conquis sa liberté, elle a observé son monde de l'extérieur et a compris de quoi le FBI et l'Amérique était capable. Elle a alors ressenti un profond dégout de l'Amérique, et a été profondément blessée par l'indifférence, c'est cela qui la heurte. Pour moi,  elle n'est pas déterminée à faire la révolution, mais elle est déterminée à être libre, cela passe par là car ces gens traversent sa route. Il a suffit d'une torsion de la vie pour changer les choses, elle qui se destinait à une vie bien rangée, à n'être qu'une jeune femme vouée au mariage, le SLA a bouleversé sa vie.

Violaine aussi a son importance. Quand les femmes parlent peu, elles disent beaucoup avec leurs corps, leur corps témoigne de la privation ou du contraire. Violaine parle avec son corps et elle a ainsi le pouvoir d'inquiéter tout le monde. La virginité politique de Violaine est une chance pour Geneva, son propre passé politique lui bloquant la vision. Violaine pressent, ressent l'essentiel parce qu'elle est étrangère à son monde, extérieure. Il y a une nécessité d'être décalée pour comprendre. Cette rencontre la renforce, la muscle, par un effet miroir, elle aussi dira "je suis vivante". Mais je ne voulais pas que ce soit soudain. Je voulais montrer que c'était possible, que changer les choses même après 40 ans est possible. Chacun a cette possibilité dans sa vie, de changer, il se passe toujours quelque chose à un moment, une porte s'ouvre, mais c'est très cinématographique de se dire que pif paf, on change de vie de but en blanc, on largue tout, le changement est souvent long, pas immédiat."

 

Lola Lafon a aussi évoqué son choix de narration, ce "vous" qui peut déranger certains lecteurs :

"Ce "vous" permet au lecteur de prendre position. Comme une lettre, une adresse, il est chargé d'émotion aussi, accusateur. Cette mise en abyme de la notion de procès permet d'impliquer le lecteur."

Quant à la question de savoir si "un message" sous-tend le roman, la réponse est cocasse et profonde à la fois :

"Je n'ai pas de message clair à faire passer, sinon je ne serais pas auteure mais postière -ce n'est pas de moi-. La littérature est un espace qui ouvre des mondes plus vastes, plus de liberté, d'imaginaire.

On peut rester dans le même immeuble toute sa vie et avoir une vie de richesse, il faut faire l'effort de voir le minuscule. En cela, le paysage des Landes était pour moi évocateur car il est assez monotone, des plages, du sable, des forêts de pins, du sable, des plages. On se perd facilement dans ces forêts si on ne prête pas attention aux détails. Tous les chemins ne sont pas les mêmes. C'est à chacun de prêter attention aux détails pour trouver son chemin."

Merci à Lola Lafon pour sa gentillesse et son écoute bienveillante.

 

Pour conclure, ce forum fut une belle réussite, et ceci grâce à la Team chic et choc que je remercie chaleureusement : pour la Fnac, Julie, Audrey, Maurine, pour l'agence Anne et Arnaud, Anne, Arnaud, Anaïs, Vincent.

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Sens dessus dessous de Milena AGUS

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

"Parfois la vie est trop grande pour nous."

La narratrice habite dans un petit immeuble de la ville de Cagliari. Au-dessous de chez elle vivent Anna et sa fille Natasha et au-dessus, Monsieur Johnson, homme riche, ancien violoniste assez excentrique. Inévitablement, la route d'Anna va croiser celle de Monsieur Johnson, pour le meilleur et pour le pire.

"Toutes nos joies et tous nos malheurs résident dans les détails." dit un des personnages de cette joyeuse galerie de portraits. Aussi Milena Agus s'attache-t-elle à ces petits détails qui façonnent la vie, en laissant de côté les intrigues tonitruantes. Par le regard observateur de sa narratrice, son double, elle évoque juste les rapports humains, et la complexité de chacun. Les êtres se frôlent, chacun vient à l'autre avec son vécu, avec son passé et les leçons qu'il a pu en tirer. Ainsi après avoir vu plusieurs hommes de son entourage quitter leur femme pour une autre souvent plus jeune, la narratrice est persuadée que pour garder un homme il faut être une machine de guerre sexuelle. Mais les méfiances des uns et des autres se fondent et confondent dans les rencontres.

"Il dit que nous ne sommes jamais comme les autres voudraient que nous soyons. Nous pouvons en être très malheureux, jusqu'à en mourir. Ou bien accepter d'être à contre-courant, comme dans les comptines. (...) Etre bien avec soi-même, ne pas désirer être autre chose que ce que l'on est, ni plus ni moins." p. 76

Si les autres peuvent être sources de tristesse, ils sont aussi ceux qui peuvent nous sauver, des failles de chacun jaillit soudainement la lumière

"Bien sûr, j'imagine toujours l'immeuble en flammes, l'explosion d'une bonbonne de gaz, ou des assassins embusqués derrière la porte, mais je fais ce que Johnson junior m'a appris, un calcul de probabilités, en pourcentage. Il m'a fait remarquer que si les journaux racontent les faits divers, c'est bien parce qu'il est rare que des choses semblables se produisent. Sans quoi ils écriraient : "Aujourd'hui, aucun immeuble n'a explosé, rien n'a pris feu et personne ne s'est fait égorger en sortant de chez lui." Ce qui signifie que le monde est bon. Statistiquement bon." p. 78

Dans ce roman d'atmosphère, les petits riens de folie qui jalonnent la vie illuminent les vies des uns et des autres, entre rire et larmes. Puis quand la vie est trop lourde, reste la littérature, et sa capacité à transmuer tout cela en or.

 

Présentation de l'éditeur : Liana Levi

Du même auteur : Battements d’ailes ♥ ♥ ♥ ; Quand le requin dort ♥ ♥ ♥

Vous aimerez aussi : En attendant Bojangles d'Olivier BOURDEAUT 

 

Sens dessus dessous, Milena Agus, traduit de l'italien par Marianne Faurobert, Editions Liana Levi, 2016, 146, 15 euros

Publié dans Littérature Europe

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L'oeil du prince de Frédérique DEGHELT

Publié le par Hélène

                              

"Vivre, c'est chaque jour avoir de la chance."

Ce que j'ai aimé :

Voici le projet ambitieux de l'auteur :

"La place donnée au lecteur est celle d'être l'oeil du prince, c'est à dire d'occuper dans un théâtre cet angle de vue permettant de visualiser la perspective du décor sans déformation. (...) Et en l'occurence, dans le roman, seul le lecteur peut embrasser la perspective des vies successives des héros, des divers évènements à l'intérieur de leur destinée."

"Aucun évènement n'est en soi complètement positif ou totalement négatif. Il est chevillé à d'autres évènements qui vont en découler dans nos vies ou dans celles de nos proches."

Sur le papier le projet était prometteur. Autour de cinq destins, l'auteur brode son canevas.  Cinq  histoires prennent vie sous forme de journal intime : 

- Mélodie adolescente mature est intéressée par le cinéma, c'est une pauvre petite fille riche écoeurée par le monde de ses parents trop riches pour être profonds.

- Yann, endeuillé, part à l'autre bout du monde pour oublier, 

- Benoît, assiste au naufrage de son couple et retrouve simultanément un ami d'enfance

- deux résistants correspondent pendant la guerre et vont voir les liens s'intensifier.

- et enfin une vieille dame relie les récits entre eux, tel lecteur qui en sait plus long que les protagonistes.

Le lecteur est en effet le seul à connaître les liens qui unissent les personnages, et un autre secret de famille vient émaillier le récit dans le dernier chapitre.  

Ce que j'ai moins aimé :

Malheureusesement, l'auteur accumule les poncifs que ce soit sur :

- les riches, superficiels : riches à l'extérieur mais pauvres à l'intérieur, "Vides et comblés"

- la jeunesse, insouciante : "on n'est pas sérieux quand on a 17 ans."

- la guerre, méchante : "la guerre fait de bien vilaines choses des hommes, du souvenir et de l'aptitude au bonheur." "La guerre nous rend anormaux."

- La torture en temps de guerre, c'est mal : "Je ne pensais pas qu'on puisse ainsi torturer les femmes."

- Le mariage, qui s'érode inexorablement: "Les phrases du quotidien remplacent les vraies échanges."

"Depuis combien de temps n'avons-nous pas eu un fou rire ensemble ?"

- le deuil, long et douloureux

- l'infidélité, ravageuse

- l'amour, si rare "Y a-t-il encore une place pour l'amour dans ce monde ?"

- La vie éphémère quoi "Nos vies sont précaires."

De plus l'écriture est banale, plate, et n'est pas aidée par la forme du journal intime qui peut tomber facilement dans le mièvrerie adolescente.

Ainsi, le projet ambitieux du départ se retrouve avorté, enclumé par ces défauts. C'est dommage... 

Premières phrases :

"Je les ai brûlés. Je les ai relus d'abord, puis je les ai brûlés. Sans en oublier un seul. Je n'avais pas peur qu'on les trouve... Je voulais juste qu'ils disparaissent comme ont disparu les années pendant lesquelles je les ai écrits."

Informations sur le livre :

Babélio

D'autres avis :

Babélio

 

L'oeil du prince, Frédérique Deghelt, J'ai lu, septembre 2014, 14 euros

 

Merci à l'éditeur.

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