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1349 résultats pour “vie parfaite

Déception et abandon du mois

Publié le par Hélène

Un manoir en Cornouailles de Eve CHASE

Pitch :

Cornouailles, 1968. Pencraw, un grandiose manoir en ruine dans lequel les Alton élisent domicile l’été. Le temps semble s’y être arrêté et défile sans encombre. Jusqu’au drame qui vient bouleverser leurs vies et arrêter le temps à jamais.Cinquante ans plus tard, avec son fiancé Jon, Lorna roule à la recherche du manoir des Lapins noirs, cette maison où elle a séjourné enfant. Elle rêve d’y célébrer son mariage. Tout dans cette vieille demeure l’appelle et l’attire. Mais faut-il vraiment déterrer les sombres mystères de ce manoir en Cornouailles ?

Mon avis :

J'ai tellement peu adhéré au style et aux personnages que je n'ai pas même cherché à connaître quel était le mystère ou le lien entre les deux époques !

 

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Après l'incendie de Robert GOOLRICK

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"L'amour n'est pas une histoire de passion pour finir. C'est une question de bonté."

Les parents de Diana Cooke sont propriétaires d'une maison de Saratoga, une des plus belles maison du Sud mais ils sont poursuivis pour des dettes colossales qu'engloutisse cette maison dans la famille depuis des générations. Pour la sauver et sauver sa famille de la ruine la belle Diana Cooke accepte de se sacrifier en se mariant à un homme riche capable d'éponger les dettes et d'entretenir la maison. Elle rencontre alors le fascinant capitaine Copperton.

"Il y avait quelque chose de grisant à se précipiter ainsi vers la fatalité, les yeux grands ouverts, en ayant tout prévu d'avance. Ou presque." p. 204

Cette rencontre va inéluctablement changer le cours de sa vie. Passés les premiers émois sexuels, la belle Diana se trouve désespérément seule face à un être qu'elle ne reconnait plus et qui l'effraie. Son sacrifice prend alors tout son sens...

L'incendie du titre est celui qui ponctuera cette vie de sacrifice, ce poids à porter au-delà des générations, cet attachement aux racines, qui est aussi propre aux gens du Sud :

"Les gens du Sud naissent avec une propension à la nostalgie et une tentation de vivre dans le passé, de s'y réfugier comme on enfilerait un pull tricoté par un être cher, et d'y vivre toujours. Mais il y a aussi chez eux ce désir constant, éternel de le déchirer, de briser les fers de l'histoire pour aller librement, de décrocher les portraits de famille pour en découper les visages. Ils se voient comme des fantômes dans des maisons de poupée en verre, tirant derrière eux le poids de tous ceux qui les ont précédés, dans cette longue chaine qui remonte à l'origine du temps." p. 300

L'intensité des personnages écorchés par la vie donne tout son sens à ce beau roman dans lequel les thèmes chers à Robert Goolrick reviennent comme un leitmotiv.

Cette édition est agrémentée de la nouvelle Trois Lamentations : Dans cette nouvelle inédite le jeune Goolrick nous parle de son enfance à travers le portrait de trois camarades de classe rejetées par les autres : une prolétaire, une obèse et la première fille noire scolarisée parmi les Blancs. Au milieu du tumulte de sa jeunesse, l'auteur mentionne ces actes de générosité gratuits qui sauvent le monde et donnent une raison d'exister :

"On en peut toucher tous les coeurs. On ne peut pas toujours donner à l'autre une raison de tenir bon. Mais parfois, disons une fois dans sa vie, on reçoit une lettre avec une photo des Rocheuses par un matin brumeux, et on sait que l'on va survivre au moins un jour de plus. Et que, ce jour-là, on reprendra tout de zéro.

Parfois au milieu du flot des petites choses, il en arrive de grandes. "

Cette nouvelle rappelle combien les beaux personnages de Goolrick illuminent de leur bonté les affres terribles de la réalité.

 

Présentation de l'éditeur : Editions Anne Carrière

Du même auteur : Féroces ♥ ♥ ♥ ; Arrive un vagabond ♥ ♥ ♥ ; Une femme simple et honnête ♥ ♥ ♥ 

 

Après l'incendie, suivi de la nouvelle Trois Lamentations, Robert Goolrick, roman traduit de l'anglais (USA) par Marie de Prémonville, Editions Anne Carrière, janvier 2017, 300 p. , 21.5 euros

 

Merci à l'éditeur.

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Un mois un éditeur - La fosse aux Ours

Publié le par Hélène

Ce mois-ci Sandrine qui organise Un mois un éditeur nous propose de nous pencher sur les Editions La Fosse aux Ours. O joie, il s'agit d'une de mes maisons d'édition favorite, car elle édite des auteurs qui me tiennent à coeur comme Antoine Choplin, Thomas Vinau et Mario Rigoni Stern entre autres :

Vous trouverez déjà en ces pages :

Des romans d'Antoine Choplin à lire absolument (cliquez sur les couvertures pour accéder aux billets) :

 

 

 

Rigoni Stern :

 

 

 

Thomas Vinau :

 

 

 

Et aussi :

 

 

 

A lire aussi de Fusaro : Le colosse d'argile, une petite pépite lue avant le blog !

Ce mois-ci, je relirai donc des romans de Mario Rigoni Stern et je découvrirai le dernier titre de Antoine Choplin Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar.

Publié dans Divers

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L'amie prodigieuse tome 3 Celle qui fuit et celle qui reste d'Elena FERRANTE

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Cette subordination, je sentis que je n'arriverais jamais à m'en libérer et cela me parut insupportable. Je désirai- et je ne réussis pas à tenir ce désir en respect-que le cardiologue se fût trompé, qu'Armando eût eu raison , qu'elle fût vraiment malade et qu'elle mourût."

Le troisième tome de L'amie prodigieuse recouvre "l'époque intermédiaire" : les deux amies sont toutes les deux mariées avec des enfants et l'une comme l'autre se heurte aux difficultés pour mener de front vie de famille, vie de couple, et vie professionnelle. Si Elena pensait encore une fois supplanter Lila sur ce plan, elle s'aperçoit rapidement que le statut de mère n'est guère l'enchantement de chaque instant qu'elle imaginait... La concurrence intrinsèque à leur relation continue, même à distance, puisque Lila est restée dans son quartier et Elena "a fui". 

Elena fréquente l'élite intellectuelle quand Lila est ouvrière dans une usine. Les contrastes s'affirment, avec toujours une Lenu frôlant le conformisme face à Lila passionnée et vraie, à l'intelligence affinée.

Le contexte historique et social de cette fin des années 60 est marquée par les combats. L'engagement des uns ou des autres peut couter cher quand le fascisme se tapit dans l'ombre. Mais c'est aussi le prix à payer pour sortir l'Italie de ses années de plomb...

"Ce qu'il fallait faire, c'était s'en aller. Partir définitivement, loin de la vie que nous avions connue depuis notre naissance. S'installer dans un lieu bien organisé où tout était vraiment possible. Et en effet, j'avais décampé. Mais seulement pour découvrir, dans les décennies suivantes, que je m'étais trompée, et qu'en réalité nous étions prises dans une chaîne dont les anneaux étaient de plus en plus grands : le quartier renvoyait à la ville, la ville à l'Italie, l'Italie à l'Europe, et l'Europe à toute la planète. Et aujourd'hui, c'est ainsi que je vois les choses: ce n'est pas notre quartier qui est malade, ce n'est pas Naples, c'est le globe tout entier, c'est l'univers, ce sont les univers! Le seul talent consiste à cacher et à se cacher le véritable état des choses. "

Une saga au succès et à la qualité indéniable et qui fera prochainement l'objet d'une adaptation sur le petit écran, dans une coproduction entre Fremantle Media's Wildside et Fandango Productions. Chacun des quatre livres de la saga sera décliné en huit épisodes, dont les droits de diffusion ont été acquis, en France, par le groupe Canal +. Les deux femmes seront incarnées par des actrices italiennes, détaille la production, qui précise également qu'Elena Ferrante a participé à l'écriture de l'adaptation.

Le quatrième tome L'enfant perdue devrait paraître quant à lui à l'automne, il est déjà publié en Italie et aux Etats-Unis... Vivement !

 

Vous aimerez aussi : Le tome 1 ; le tome 2

Présentation de l'éditeur : Gallimard

D'autres avis : Télérama

 

L'amie prodigieuse tome 3 Celle qui fuit et celle qui reste, Elena Ferrante, Gallimard, janvier 2017, traduit de l'italien par Elsa Damien, 23 euros

 

Publié dans Littérature Europe

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Asta de Jon Kalman STEFANSSON

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Je suis sans doute tombé sur la mauvaise planète.

Ici tout est tellement bizarre." Sigbjorn Obstfelder

Au fil des errances de la narration éclatée, se profilent un à un les personnages : Sigvaldi, Helga et leur amour passionné, Asta lors de son séjour dans une ferme, sa rencontre avec Josef, Asta à Vienne, des années plus tard, déprimée, Sigvaldi encore, tombé de son échelle, qui se remémore son existence, le frère de Sigvaldi, poète à ses heures, Asta écrivant des lettres à son amour perdu ... Les époques se confondent et s'entremêlent parce que la vie n'est jamais aussi linéaire qu'on peut le croire, et que les  souvenirs ont tendance à s'interposer pour casser le fil trop droit du destin.

Chacun cherche une once de bonheur ou de répit, sans succès, parce que le monde est ainsi fait, parce que la société de consommation, le monde qui nous entoure et nous enserre est créé pour engendrer notre insatisfaction. "Voilà pourquoi le but de la publicité est de nous rendre insatisfaits du moment présent, de nous donner l'impression que nous passons à côté de quelque chose, que nous n'avons pas la vie que nous méritons."

Si la quête du bonheur reste vaine, il est urgent de vivre chaque minute intensément. Passer une soirée entre frères en ne pensant pas au dernier bus qui part sans nous, batifoler dans le foin frais odorant, étrenner une table plutôt solide, se gorger de la beauté du monde, faire rouler dans nos cœurs les mots doux et serrer dans nos bras les gens qu'on aime, tant qu'il est encore temps, avant qu'ils ne tombent d'une échelle ou d'un bateau, avant que la nuit ne tombe dans l'oubli. Ne pas oublier l'importance d'aimer, aimer ses enfants, aimer ses frères, ses sœurs, aimer ses parents, inconditionnellement, sans laisser les lettres d'amour sans réponse, sans penser que le mot est galvaudé et usé jusqu'à la corde ...

"La meilleure manière de contrer la mort, c'est de se constituer des souvenirs qui, plus tard, auront le pouvoir de caresser doucement et d'apaiser les blessures de la vie."

Et finalement, ce sera la pureté qui irradiera le destin de Asta et de ses proches :

"Mais il y a si peu de choses qui ne soient pas des erreurs ici-bas. Au contraire, les vérités du cœur ne font pas toujours bon ménage avec celles du monde. C'est cela qui rend la vie incompréhensible. C'est notre douleur. Notre tragédie. La force qui fait notre lumière."

Un roman lumineux qui fusionne les nuits sombres et les aurores boréales pour enfanter la beauté ...

 

Présentation de l'éditeur : Grasset

D'autres avis : Télérama ; Moka ; Karine ; Jérôme (qui vante depuis longtemps les mérites de cet auteur et que j'avais tout de même à moitié écouté puisque je me suis rendue compte que j'avais deux romans de cet auteur dans ma Pal, ô joie)

 

Lu dans le cadre des matchs de la rentrée Littéraire de PriceMinister #MRL18

Il s'agissait d'un choix de Moka que je remercie pour cette belle découverte ! Voici ce qu'elle en disait dans sa présentation pour les matchs :

"Un roman étranger / Une envie folle que vous croisiez à votre tour Ásta / Une histoire d’amour / Un peu de désamour / Un petit goût d’Islande / Un pavé de rentrée / Une odeur de vodka / Une plume poétique qui dit l’ailleurs et les autres / L’abandon, les retrouvailles et tous leurs absents. / Une fresque familiale qui se reflète dans un miroir brisé. / Ce concentré de drame et de désillusion. "

Publié dans Littérature Europe

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Enfin le royaume de François CHENG

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Forme brève, mais moins abrupte que le haïku, le quatrain ne s'en tient pas au lapidaire, il sait donner du rythme à la pensée, à l'émotion, à la surprise, il sait initier un questionnement, amorcer une méditation, esquisser un chant.
À la suite des poètes chinois des origines, mais aussi d'Omar Khayyâm et d'Emily Dickinson, François Cheng atteste ici du pouvoir singulier de ce mode d'expression resserré, pourtant si peu enclos, si ouvert aux résonances, aux errances fertiles, voire à une manière salutaire d'envoûtement simple. " (Présentation de l"éditeur)

 

«Car vivre

C’est savoir que tout instant de vie est rayon d’or

Sur une mer de ténèbres,

C’est savoir dire merci»

 

Présentation de l'éditeur : Folio Gallimard

 

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La traversée amoureuse de Vita SACKVILLE WEST

Publié le par Hélène

Quand Edmund Carr apprend qu'il ne lui reste que quelques mois à vivre, il décide de s'embarquer pour une croisière aux côtés de Laura, une jeune veuve dont il est épris. Mais les jours passant, il doute des sentiments de la jeune femme et se demande si elle ne tombe pas plutôt amoureuse du colonel Dalrymple, homme tellement séduisant. Peu à peu la jalousie le ronge.

Ce que j'ai aimé : Le chant mélancolique de cet homme qui apprend à se dégager de la vie petit à petit est relativement émouvant même si...

Ce que j'ai moins aimé : la personnalité assez égocentrique de Edmund ne m'a pas conquise....

 

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche ; Autrement

 

Publié dans Littérature Europe

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Printemps des poètes

Publié le par Hélène

Voyageurs du soir qui suivez la rumeur
Des vagues et l’étoile bleue des baies,
Gardez-vous de trop songer à vos songes
Et d’héberger pour longtemps les chagrins
Qui saccagèrent votre vie passée.
Il est au bout de la nuit une terre tout ensemble
Proche et lointaine que le jour naissant
Exalte d’hirondelles et de senteurs de goyave.
Un pays à portée de cœur et de sourire
Où le désir de vivre et le bonheur d’aimer
Brûlent du même vert ardent que les filaos.
Craignez de le traverser à votre insu :
Les saisons sur vos talons brouillent le paysage ;

Mais chaque pas est la chance d’un rêve.

Fatho Amoy, « Avis », Chaque aurore est une chance, Éditions CEDA, 1980.

 

Publié dans Poésie française

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La beauté des jours de Claudie GALLAY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Une vie ne suffit pas. Jeanne aurait voulu en avoir plusieurs, pour vivre tous les choix qu'elle n'aura pas faits, toutes les directions qu'elle n'aura pas prises."

Entre son travail à la poste, son mari Rémy et ses projets de rénovation de la cuisine, ses deux filles, Jeanne mène une vie bien réglée, bien calibrée. Ses rituels hebdomadaires ne changent pas : le lundi, piscine, le mardi macaron, le mercredi course et ménage, le jeudi bibliothèque, le vendredi cinéma, le week-end elle reçoit la visite de ses filles et le dimanche elle se rend au déjeuner dominical avec ses parents et ses soeurs.

Cet été-là, Jeanne regarde passer les trains et observe les silhouettes qui se croisent dans les wagons. Elle pense alors à la part de hasard qui régit nos existences. Et c'est par hasard qu'elle fait tomber le cadre contenant la photographie d'une artiste qu'elle admire : Marina Abramovic. Cette femme prête à prendre tous les risques la fascine profondément tant elle est à l'opposé du quotidien prévisible de Jeanne. Elle ressurgit alors dans sa vie, prenant une place de plus en plus prégnante, insufflant un brin de folie en l'esprit rationnel de Jeanne.

Marina Abramovic et Ulay sur la muraille de Chine

http://www.artwiki.fr/cours/art_video/abramovic_ulay.htm

Jeanne se replonge dans les interviews de l'artiste et lui adresse des lettres, comme une porte de sortie, comme une fenêtre qui s'ouvrirait sur un autre monde, d'autres possibles, d'autres choix.

"On devient artiste parce qu'on est sensible et parce qu'on est mal dans le monde. ce n'est pas une question de don mais d'incapacité à vivre avec les autre. Et cette incapacité à vivre crée le don." Marina Abramovic

"Etre artiste, tellement de gens veulent être cela. On veut tous... Mais l'envie de suffit pas. Il faut que ce soit une nécessité. Qu'on devienne fou si on ne le fait pas." Marina Abramovic

Et puis la beauté des jours jaillit, qu'ils soient prévisibles ou fous, ils contiennent leur îlot de beauté que l'oeil se doit de saisir. Oser, risquer le changement, loin de la peur qui fige, bousculer le monde pour que, soudain, les belles choses brillent.

"Je suis sûre qu'on n'oublie pas les belles choses quand on est de l'autre côté. Il reste forcément des trucs dans la mémoire, les abeilles qui butinent, les bêtes avec leurs petits, les chemins, tous les machins simples qu'on faisait. C'est les petits riens sans importance qui font les vies superbes. les bonnes copines aussi, hein..." p. 296

Dans ce magnifique roman, Claudie Gallay fait vibrer nos coeurs et prouve qu'il existe une utilité à l'inutile, que l'art peut transcender la réalité et toucher à l'essence du monde...

"Le premier homme de la préhistoire qui composa un bouquet de fleurs fut le premier à quitter l'état animal : il comprit l'utilité de l'inutile."

 

Présentation de l'éditeur : Actes sud

Du même auteur :  Les déferlantes  ♥ ♥ ♥ ; L'amour est une île  ♥ ; Une part du ciel  ♥ ♥ ♥ ♥ ; Dans l'or du temps ♥ ♥ ♥ ; Seule Venise ♥ ♥ ♥

D'autres avis : Nadège ; Leiloona

 

La beauté des jours, Claudie Gallay, Actes Sud, août 2017, 416 p., 22 euros

 

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L'enfant qui mesurait le monde de Metin ARDITI

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

De l'importance de se laisser surpendre par la beauté du monde

A Kalamaki en Grèce trois destins vont se croiser : celui du petit Yannis, perdu dans son autisme, celui de sa mère Marai, submergée par ce fils si différent des autres, et celui d'Eliot qui a perdu sa fille et s'installe sur l'île pour poursuivre ses recherches sur le nombre d'Or. 

Ces trois personnages sont des êtres désoeuvrés errant dans un monde qui les dépasse : Eliot cherche un sens à sa vie alors que la chair de son sang est morte en raison d'un accident stupide, il cherche à s'ancrer dans le monde et se sauve temporairement grâce au travail dans lequel il se lance à corps perdu pour mieux combattre la douleur. "Quand la mer n'est pas furieuse, nous sommes tous de grands capitaines. Lorsqu'elle se déchaine, le plus solide des trehandiri doit rentrer au port et s'ancrer. Et même en trois points." p. 23

Marai et son fils essaient aussi de s'ancrer dans le monde, mais pour Yannis, autiste, le monde est trop instable, soumis aux changements perpétuels, alors qu'il aimerait que la vie soit sans surprise, ordonnée, "Qu'il n'ait pas à affronter sans cesse des situations dont il ne savait rien, ou des gens dont il n'arrivait pas à prévoir ce qu'ils allaient dire ou faire et qui le mettaient dans des états d'immense angoisse." p. 57

Tous se raccrochent à leur environnement, ce lieu magnifique qui leur offre un semblant de stabilité. Mais un projet d'hôtel dans cet univers préservé risque de bouleverser leur équilibre. 

Ce que j'ai moins aimé :

- Au début du roman, des sauts temporels, des ellipses, des résumés sur plusieurs pages compliquent la chronologie. Des passages à l'imparfait couvrent plusieurs années, puis de nouveaux passages au passé simple donnent l'impression qu'enfin l'action a débuté, mais non, de nouveaux retours en arrière dans la vie d'un autre personnage bouleversent la narration ! L'action débute réellement au bout de 30 pages quand les personnages se rencontrent réellement. 

- L'auteur a voulu aborder trop de sujets qui lui tenaient à coeur, créant un trop-plein de problématiques : la beauté de la Grèce, l'amour de la philosophie, la situation économique de la Grèce, les luttes de pouvoir politique, le projet immobilier, l'autisme, le théâtre et la représentation, la religion, même la sexualité des prêtres ... 

Bilan : L'enfant qui mesurait le monde fait montre d'une belle poésie, c'est un récit touchant même s'il a tendance quelquefois à s'éparpiller au détriment par exemple du très beau personnage de Yannis, qui aurait mérité d'être mis davantage en avant car "Cet enfant porte en lui toute la douleur des hommes. L'immense solitude et l'impossibilité désespérante de s'ouvrir à l'autre."  A travers cet enfant, l'auteur nous éclaire sur le sens de la vie, sur notre capacité à nous émerveiller devant la beauté qui nous entoure, pour quelquefois, un instant, saisir le magnifique agencement du monde. Avoir cette impression tout à coup de tout comprendre. Pour mieux s'ancrer. Ici et maintenant. 

 

Présentation de l'éditeur : Grasset 

D'autres avis : Yves 

Du même auteur : Le Turquetto ;  La confrérie des moines volants  ; Juliette dans son bain 

 

L'enfant qui mesurait le monde, Metin Arditi Grasset, août 2016, 304 p., 19 euros

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