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1371 résultats pour “grand prix des lectrices

Le sourire du scorpion de Patrice GAIN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Tom, sa soeur jumelle Luna et leurs parents s'engagent dans les gorges de la Tara au Monténégro en raft accompagné de leur guide serbe Goran. Les paysages sont à couper le souffle et pourtant, une tension ne tarde pas à se faire ressentir. Quand des pluies diluviennes s'en mêlent, le drame n'est pas loin...

Tom doit alors s'adapter à un nouveau monde chancelant, le deuil, la solitude. Il avance dans le chaos, et finit par comprendre que le drame n'était pas un hasard...

Ce court roman est doté d'une force dramatique parfaitement maitrisée, avec une tension grandissant crescendo jusqu'à atteindre son point d'orgue lors d'une fin frappante. De même, l'auteur fait montre d'un parfait équilibre entre la beauté du pays, les paysages grandioses, et les êtres qui peinent à trouver leur place dans ces grands espaces isolés.

Le sourire du scorpion est un roman à l'atmosphère particulière, peut-être un peu lent pour ceux qui attendraient un roman policier haletant, mais il reste marquant !

Du même auteur : Terres fauves
Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

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Vous êtes tous mes préférés de Sam McBRATNEY et Anita JERAM

Publié le par Hélène

                       

 ♥ 

"Grand ou petit, nous vous aimons tous autant. C'est ainsi. Trois préférés. Vous êtes tous mes préférés."

 

Mon avis :

Chaque soir la maman ours borde des trois oursons en leur disant "Vous êtes les plus merveilleux oursons du monde" Seulement, un beau jour, ils doutent, sont-ils vraiment les plus merveilleux oursons du monde ? Puis le premier ourson se demande si le les autres oursons ne seraient pas mieux que lui...

                          

Un album très tendre pour aborder subtilement  le thème de la jalousie dans la fratrie.

Les dessins sont un  hymne à la douceur familiale et à l'amour inconditionnel des parents pour leurs enfants.

                Infos sur le livre :

Auteur : Ecole des loisirs 

 

Vous aimerez aussi :

Je t'aimerai toujours quoi qu'il arrive de Debi GLIORI

 

Vous êtes tous mes préférés, Sam Mc Bratney, Anita Jeram, Ecole des Loisirs, octobre 2004, 13.20 euros

Publié dans Jeunesse Album

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A bicyclette de SU Tong

Publié le par Hélène

♥ ♥

L'auteur d'Epouses et concubines livre ici ses souvenirs d'enfance dans la ville de Suzhou à la fin de la révolution culturelle. Il évoque sa première bicyclette, son poisson rouge, sa rue et sa marchande de glace, des légendes autour des rivières, le cinéma en plein air, des femmes emblématiques du quartier mais aussi les privations, l'école...

Suzhou  © Zakia Abadane

Par la suite, une réflexion sur l'écriture filtre dans les pages, l'auteur s'interrogeant sur la part autobiographique que met un écrivain dans ses romans.

"Par sa force, la fiction agit comme un filtre sur l'eau contenue dans le verre de la réalité pour en faire un verre d'eau pure. Ce verre d'eau purifiée, l'auteur le tient en main, et dans une certaine mesure, il en fait un élixir magique, qui prolonge indéfiniment la vie de son écriture." p. 120

Puis pour finir il dresse quelques portraits des commerçants du quartier.

Cet ensemble reste assez décousu, les nouvelles sont très courtes, et malheureusement, certaines sont sans grand intérêt. Une petite déception.

 

 

Présentation chez Picquier

D'autres avis mitigés également chez Babélio 

 

Merci à l'éditeur.

Publié dans Littérature Asie

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La boîte aux lettres du cimetière de Serge PEY

Publié le par Hélène

                                     

♥ ♥ ♥

"La poésie doit être simple. Elle défait les noeuds de la pensée. "

Ce que j'ai aimé :

Dans une écriture poétique hors du commun le jeune narrateur évoque ses souvenirs d'enfance autour d'une école libertaire située dans une ancienne porcherie. Il évoque sa tante Hirondelle borgne, sa mère qui boîte à cause de religieuses intolérantes et cruelles, sa grand-mère philosophe à ses heures, le maître d'école, les amis qui éveillent les enfants à la poésie, au monde. Les principes éducatifs permettent en effet un éveil au monde, au monde des mots, par lequel il appréhende ensuite un monde plus vaste. Le rapprochement sémantique de certains mots comme "boudin" et "bon dieu", "Moscou" et "mouscous" (les mouches) sont autant d'étrangetés qui peuvent faire sens. Les mots signifient et l'enfant, avec l'aide des adultes comprend combien ils sont précieux. 

Ainsi la poésie se rencontre au centre de son univers, par sa capacité à re-créer le monde : 

"La poésie commence quand on revient vivant d'un voyage pour le raconter. C'est la fraternité terrible que la poésie et la mort entretiennent ensemble. Orphée, c'est uniquement celui qui est capable de revenir. Le poète ets toujours un vivant." 

"La poésie est l'irruption, dans le présent, de tout ce qui a été absent. Elle est la capacité de saisir en plein vol les moments en train de disparaître."

Mais les mots sont aussi importants pour vaincre l'oubli, d'où cette boite aux lettres installée dans le cimetière pour établir un dialogue avec la mort. écrire à un mort suppose en effet que celui qui est sous la tombe "n'est pas tout à fait mort ou peut-être encore vivant." La boîte aux lettres existe réellement, elle est placée sur la tombe de Antonio Machado, poète, à Collioure. L'auteur en parle ici.

"La mort du poète est celle de la poésie qui doit sans cesse renaître de ses cendres pour se réinventer." 

L'éducation est aussi l'occasion de mettre en avant des valeurs : 

"Grand-mère avait dessiné un Christ à la peinture noire sur les pales du ventilateur fixé au plafond de bois de la salle commune. Quand le ventilateur tournait à fond, le Christ disparaissait. Elle disait que Dieu était une illusion d'optique, la même que celle provoquée par le ventilateur. Grand-mère le démontrait. Quand elle arrêtait le ventilateur, elle faisait récupérer au Christ son apparence d'homme. Quand elle el rallumait, il disparaissait. Grand-mère disait que la religion c'était ainsi : lorsqu'on fait tourner un homme ou son image rapidement il devient un dieu."

Valeurs humaines, valeurs liées à une histoire perturbée par la guerre d'Espagne. De nombreuses images permettent ainsi de comprendre la nécessité de l'action et ses moyens, comme celle du saumon qui remonte les rivières :

"Il faut transformer la fragilité que nous avons en un lieu de force qui fera trébucher l'ennemi."

Hymne à la poésie et à l'engagement, ce recueil d'une figure emblématique de la poésie-action est à découvrir pour porter un regard neuf sur le monde. Poésie et société sont intimement liés, le poème doit être déplacé hors du livre pour chanter sa puissance !

“ Jamais je n’ai cherché la gloire
Ni voulu dans la mémoire
des hommes
Laisser mes chansons
Mais j’aime les mondes subtils
Aériens et délicats
Comme des bulles de savon

J’aime les voir s’envoler,
Se colorer de soleil et de pourpre,
Voler sous le ciel bleu, subitement trembler,
Puis éclater.

Antonio Machado ,Chant XXIX, Proverbios y cantarès,

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien.

Premières phrases :

"Nous étions cinq. Et maman nous dit que nous allions être sept avec ceux descendus de la montagne. Et quand nous avons vu arriver Francisco le camionneur et Hélios l'aiguiseur de couteaux, Maman a ajouté que nous serions neuf. On traîna alors la table de la cuisine qu'on installa à côté de al table du séjour. Mon frère disposa de nouvelles assiettes et des verres autour du bouquet de fleurs."

L'auteur :

http://sergepey.tumblr.com/

Écouter ici son portrait sur France-Culture.

Infos sur le livre :

chez Zulma 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le trésor de la guerre d'Espagne

D'autres avis :

Yves 

 

La boîte aux lettres du cimetière, Serge Pey, Zulma éditions, mai 2014, 17 euros

Publié dans Littérature Europe

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La montagne secrète de Gabrielle ROY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Sa vie avait-elle d'autres buts que d'arracher un murmure en passant au vide effarant, à l'effarante solitude qu'il traversait ?" p 22

Gabrielle Roy raconte l'aventure d'un peintre - trappeur du nom de Pierre Cadorai qui se rend dans le Grand Nord canadien, puis à Paris et en Provence. La nature le prend à la gorge, il tente de restituer ses expériences sur les toiles, mais perd quelques unes de ces créations lors de ses errances. Il se laisse porter par ses rencontres de hasard, avec toujours au coeur cette recherche incessante du sens de son art et de sa propre vie.

Gabrielle Roy s'inspire en partie de la vie de René Richard, son ami et voisin de Charlevoix, et en partie de ses propres souvenirs, traçant le chemin de Pierre à partir de sa propre expérience en tant qu'artiste.  Elle s'interroge ainsi sur la quête artistique qui animent ces êtres insatiables.

@galerieDoucePassion

Porté par une écriture lumineuse, l'autrice rend hommage à ces êtres épris d'absolu, sans cesse en mouvement et qui n'ont de cesse de s'accomplir dans leur art.

Présentation de l'éditeur : Editions Boréal

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La fortune sourit aux disparus de Stephen SPOTSWOOD

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

A New York en 1946, la jeune Willowjean Parker sauve la vie de Lillian Pentecost, la détective privée la plus renommée de Manhattan. Lillian lui propose alors de devenir son alliée, voyant son avenir en cette jeune femme atypique ayant travaillé plusieurs années dans un cirque et sachant manier les couteaux avec dextérité. Will accepte et rapidement on leur confie leur première enquête en duo : il s'agit de découvrir qui aurait tué une jeune veuve de la haute société retrouvée morte chez elle tuée par une boule de cristal après une séance de spiritisme avec une voyante.

Ce "cosy crime" est frais, bien mené, avec des personnages atypiques comme Lilian atteinte de sclérose en plaques et Will jeune femme préférant les femmes. Cette équipe attachante nous entraine dans son enquête pour notre plus grand plaisir !

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Publié dans Roman policier Europe

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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? de Jeanette WINTERSON

Publié le par Hélène

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♥ ♥

L’auteur :

Née en Angleterre en 1959, Jeanette Winterson a connu le succès dès la parution de son premier roman, Les oranges ne sont pas les seuls fruits (réédité aux Editions de l'Olivier en 2012). Couronnée de prix, elle devient une figure du mouvement féministe. Ses romans baroques, ses essais, notamment sur l'identité sexuelle (Le Sexe des cerises ou Powerbook), ont imposé sa voix singulière dans la littérature britanniqueNée en Angleterre en 1959, Jeanette Winterson a connu le succès dès la parution de son premier roman, Les oranges ne sont pas les seuls fruits (réédité aux Editions de l'Olivier en 2012). Couronnée de prix, elle devient une figure du mouvement féministe. Ses romans baroques, ses essais, notamment sur l'identité sexuelle (Le Sexe des cerises ou Powerbook), ont imposé sa voix singulière dans la littérature britannique.

 L’histoire :

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? Etrange question, à laquelle Jeanette Winterson répond en menant une existence en forme de combat. Dès l'enfance, il faut lutter : contre une mère adoptive sévère, qui s'aime peu et ne sait pas aimer. Contre les diktats religieux ou sociaux. Et pour trouver sa voie. Ce livre est une autobiographie guidée par la fantaisie et la férocité, mais c'est surtout l'histoire d'une quête, celle du bonheur. "La vie est faite de couches, elle est fluide, mouvante, fragmentaire", dit Jeanette Winterson. Pour cette petite fille surdouée issue du prolétariat de Manchester, l'écriture est d'abord ce qui sauve. En racontant son histoire, Jeanette Winterson adresse un signe fraternel à toutes celles - et à tous ceux - pour qui la liberté est à conquérir. (Quatrième de couverture)

 Ce que j’ai aimé :

Jeanette Winterson revient ici sur son enfance passée auprès d'une mère adoptive rigoriste obsédée par sa religion, l'Enfer, le Mal et toute leur bande... Une mère qui l'a mise à la porte parce qu'elle préférait les filles aux garçons.

La question de l'identité est au coeur du roman : comment trouver sa place dans ce monde quand le rejet, l'abandon ont été les seules mères identifiables...  Enfant adoptée, rejetée par sa mère adoptive, Jeanette Winterson n'a pu trouver de salut que dans la littérature, puis dans l'écriture.

« C’est vrai, les histoires sont dangereuses, ma mère avait raison. Un livre est un tapis volant qui vous emporte loin. Un livre est une porte. Vous l’ouvrez. Vous en passez le seuil. En revenez-vous ? » (p. 53)

« Je n’avais personne sur qui compter, mais TS Eliot m’a aidée.

Du coup, quand les gens disent que la poésie est un luxe, qu’elle est optionnelle, qu’elle s’adresse aux classes moyennes instruites, ou qu’elle ne devrait pas être étudiée à l’école parce qu’elle n’est pas pertinente ou tout autre argument étrange et stupide que l’on entend sur la poésie et la place qu’elle occupe dans notre vie, j’imagine que ces gens ont eu la vie facile. Une vie difficile a besoin d’un langage difficile – et c’est ce qu’offre la poésie. C’est ce que propose la littérature – un langage assez puissant pour la décrire. Ce n’est pas un lieu où se cacher. C’est un lieu de découverte. » (p. 55)

Elle évoque ici sa plongée dans l'enfer de la solitude, du manque d'amour source de ses souffrances, puis sa remontée rédemptrice vers la lumière de la vie, de l'envie, de l'amour... 

« En fait, nous avons droit à plus que deux chances – beaucoup plus. Avec mes cinquante années d’expérience, je sais à présent que le va-et-vient entre trouver / perdre, oublier / se souvenir, quitter / retrouver, est incessant. L’existence n’est qu’une question de seconde chance et tant que nous serons en vie, jusqu’à la fin, il restera toujours une autre chance. (p. 53)

La créativité lui permet de se tenir du côté de la santé en racontant une histoire à « la créature », son autre moi devenu fou.

"La vérité est une chose très complexe pour tout un chacun. Pour un écrivain, ce que l'on retranche en dit autant ce que l'on intègre. Que retrouve-t-on par-delà des marges du texte? La photographe cadre son sujet ; les écrivains cadrent leur univers. Mrs Winterson m’a reproché ce que j'avais intégré alors que j'avais plutôt l'impression que le jumeau muet de l'histoire était ce que j'avais retranché. Nous taisons tant de ces choses trop douloureuses. Nous faisons le vœu que ce que nous pouvons raconter apaisera le reste, l'atténuera d'une façon ou d'une autre. Les histoires sont là pour compenser face à un monde déloyal, injuste, incompréhensible, hors de contrôle. Raconter une histoire permet d'exercer un contrôle tout en laissant de l'espace, une ouverture. C'est une version mais qui n'est jamais définitive. On se prend à espérer que les silences seront entendus par quelqu'un d'autre, pour que l'histoire perdure, soit de nouveau racontée. En écrivant, on offre le silence autant que l'histoire. Les mots sont la part du silence qui peut être exprimée."

 Jeanette Winterson évoque sa remontée des Enfers avec subtilité et intelligence. 

 Ce que j’ai moins aimé :

Le ton est beaucoup moins caustique que dans « Les oranges », qui a ma préférence, celui-ci étant beaucoup plus sombre, plus centré sur l'introspection de l'auteure. Vingt-cinq ans séparent les deux écrits et c'est une Jeanette adulte qui a fait un travail psychologique poussé qui parle désormais et défend la jeune fille esseulée qu'elle était alors. La force qui s'échappait d'elle dans le récit "Les oranges" s'est craquelée, la menant vers une dépression sans doute nécessaire pour panser les blessures et rebondir plus haut. 

Premières phrases :

« Quand ma mère se fâchait contre moi, ce qui lui arrivait souvent, elle disait : « Le Diable nous a dirigés vers le mauvais berceau. »

L’image de Satan prenant congé de la guerre froide et du maccarthysme le temps de faire un crochet par Manchester en 1960 – but de la visite : duper Mrs Winterson – est théâtralement truculente. »

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Les oranges ne sont pas les seuls fruits de Jeanette WINTERSON

 D’autres avis :

Presse : Télérama Magazine littéraire

Blogs : Cathulu Clara Aifelle  

 Pourquoi être heureux quand on peut être normal, Jeanette Winterson, traduit de l’anglais par Céline Leroy, Editions de l’Olivier, 2012,

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Publié dans Littérature Europe

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Yeruldelgger de Ian MANOOK

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

Un premier roman remarquable !

 

L’auteur :

 Ian Manook a sûrement été le seul beatnick à traverser d'Est en Ouest tous les États-Unis en trois jours pour assister au festival de Woodstock et s'apercevoir en arrivant en Californie qu'il s'ouvrait le même jour sur la côte Est, à quelques kilomètres à peine de son point de départ. C'est dire s'il a la tête ailleurs. Et l'esprit voyageur !

Journaliste, éditeur, publicitaire et désormais romancier, Yeruldelgger est son premier roman, et le premier opus d'une série autour du personnage éponyme qui nous conduit des steppes oubliées de Mongolie aux bas-fonds inquiétants d'Oulan-Bator.
Il vit à Paris.

 Interview ici : http://www.unwalkers.com/entretien-entretien-qui-me-tiens-ian-manook-du-pur-delire/

L’histoire :

 Le corps enfoui d’une enfant, découvert dans la steppe par des nomades mongols, réveille chez le commissaire Yeruldelgger le cauchemar de l’assassinat jamais élucidé de sa propre fille. Peu à peu, ce qui pourrait lier ces deux crimes avec d’autres plus atroces encore, va le forcer à affronter la terrible vérité. Il n’y a pas que les tombes qui soient sauvages en Mongolie. Pour certains hommes, le trafic des précieuses « terres rares » vaut largement le prix de plusieurs vies. Innocentes ou pas.

Dans ce thriller d’une maîtrise époustouflante, Ian Manook nous entraine sur un rythme effréné des déserts balayés par les vents de l’Asie Centrale jusqu’à l’enfer des bas-fonds d’Oulan-Bator. Il y avait la Suède de Mankell, l’Islande d’Indridason, l’Ecosse de Rankin, il y a désormais la Mongolie de Ian Manook !

 

Ce que j’ai aimé :

 L’inspecteur Yeruldelgger est un homme brisé par la mort de sa petite fille Kushi, un homme rongé par la culpabilité, haï par son autre fille Sara qui l’accuse d’être à l’origine de la mort de sa sœur et de la folie de leur mère. Quand un vieil homme lui confie l’âme d’une petite fille dont le corps vient d’être retrouvé enfoui avec son tricycle, il se jette corps et âme dans l’enquête, comme pour expier. Mais ses fantômes le rattrapent rapidement, tenaces. Il lui faudra alors puiser dans l’enseignement des moines du monastère de Yelintey, qu'il a fréquenté enfant sur les conseils de son père qui souhaitait préserver les traditions après la destruction des monastères par le régime.

« Les anciens affirmaient encore à voix basse, se méfiant des délateurs et des espions, qu’un seul moine avait réchappé à la razzia des révolutionnaires et continuait à enseigner, dans les ruines du temple, une pensée plus pure et plus limpide encore que le bouddhisme le plus intransigeant. Il se disait aussi que par deux fois les révolutionnaires étaient revenus en force pour revendiquer définitivement le superstitieux et que par deux fois ils avaient été défaits par ce que le seul survivant avait qualifié de force invisible et mystérieuse. » (p. 194)

Ian Manook nous montre ici une Mongolie partagée entre traditions et modernité, gangrénée par un nationalisme violent. Les traditions se perdent à Oulan Bator :

« Nous avions des espaces immenses, des coutumes et des légendes séculaires, et regarde ce que nous sommes devenus !

- C’est ce que la vie a fait de nous ! soupira la femme.

- Non, c’est faux, la vie ne fait rien de nous. A vie, c’est nous uqi la faison, à coups de renoncements, peurs, abandons, tricheries, colères ! C’est nous qui nous  empêchons d’en faire autre chose que ce qu’elle est. » (p. 480)

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© Pichugin Dmitry - Shutterstock

Dans les steppes néanmoins, les vieillards enseignent les traditions aux plus jeunes pour que ne meure pas l'esprit séculaire de la Mongolie. Yeruldelgger est un personnage qui tente de faire la jonction entre ces deux mondes, entre la violence qu'il cotoie au quotidien et l'âme de la Mongolie, faite de rites et animée par un souffle puissant et salvateur.

L’enquête que  mène Yeruldelgger, aidé par Solongo, médecin légiste et par Oyun son adjointe, le confronte à des groupuscules nazis, à des chinois en colère, à des hommes avides de pouvoir et d’argent, pour qui une vie humaine a bien peu de prix.

De rebondissements en secrets enfouis, le rythme se fait haletant pour ce thriller passionnant, époustouflant, pour un premier roman ! A lire absolument. 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 - Rien.

 Premières phrases :

 « Yeruldelgger observait l’objet sans comprendre. D’abord il avait regardé, incrédule, toute l’immensité des steppes de Delgerkhaan. Elles les entouraient comme des océans d’herbe folle sous la houle irisée du vent. Un long moment, silencieux, il avait cherché à se convaincre qu’il était bien là où il se trouvait, et il y était bien. »

 Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : sous le pseudo de Patrick Manoukian "Le temps du voyage, petite causerie sur la nonchalance et les vertus de l'étape" chez Transboréal ; sous le pseudo de Paul Eyghar "Les Bertignac" chez Hugo et cie.

Pour la suite des aventures de Yeruldelgger ce sera peut-être début 2014. On croise les doigts...

AutreLe dernier lapon d’Olivier TRUC ; Les roman de Galsan Tschinag :  Ciel bleu : une enfance dans le Haut Altaï de Galsan TSCHINAG

 

D’autres avis :

 Yves tout aussi enthousiaste... 

 

Yeruldelgger, Ian Manook, Albin Michel, octobre 2013, 542 p., 22 euros

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Tropique de la violence de Nathacha APPANAH

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Les mensonges et les rêves n'exitent plus. Seuls subsistent la vie et l'enfer des autres." 

Marie est une jeune infirmière qui suit l'homme qu'elle aime sur l'île paradisiaque de Mayotte située dans l'océan Indien. Mais leur relation ne dure guère. Un beau jour, à l'hôpital où elle travaille, une jeune mère lui offre comme en cadeau un bébé aux yeux atypiques : l'un noir l'autre vert. La jeune mère pense que cet enfant lui portera malheur car il porte la marque des djinns, elle refuse de l'élever et le laisse ainsi à Marie qui va couver cet enfant et l'aimer comme s'il était le sien. Elle le  prénomme Moïse et dans cette île où règne la misère, elle l'élève dans un monde relativement privilégié. Aussi, le jour où Moïse quittera ce monde de priviléges, il heurtera de plein fouet l'envers du décor... Mené par Bruce, jeune garçon qui règne sur le bidonville appelé Gaza, Moïse errerra avec ces enfants et adolescents livrés à eux-même, dans un monde hanté par la pauvreté et sclérosé par la drogue et la violence 

Natacha Appanah s'attache ici à décrire le désoeuvrement de ces jeunes appartenant à des gangs violents. La jeune femme a vécu elle-même à Mayotte durant deux ans et avait été frappée par le nombre d'enfants errant dans les rues. Souvent ces enfants avaient été laissés à Mayotte par leurs parents clandestins renvoyés à la frontière. 

"Le 101ème département, surnommé l'île aux parfums ou l'île au lagon, fait également face à une pression migratoire constante venue des Comores, de Madagascar et même de quelques pays africains. Presque 20 000 personnes ont été reconduites à la frontière en 2014 mais les kwassas kwassas continuent d'arriver tous les jours sur les côtes mahoraises. 597 embarcations ont été interceptées en 2014. On estime à 3000 le nombre des mineurs isolés qui vivent durablement dans le 101ème département de France, sans foi, ni loi." p. 112

Mayotte semble bien loin de l'image d'eldorado véhiculée par les agences touristiques ! 

"C'est Mayotte ici et toi tu dis c'est la France. Va chier ! La France c'est comme ça ? En France tu vois des enfants traîner du matin au soir comme ça, toi ? En France il y a des kwassas qui arrivent par dizaines comme ça avec des gens qui débarquent sur les plages et certains sont déjà à demi morts ? En France il y a des gens qui vivent toute leur vie dans les bois ? En France les gens mettent des grilles de fer à leurs fenêtres comme ça ? En France les gens chient et jettent leurs ordures dans les ravines comme ça ?"

Ce que j'ai moins aimé :

- La structure est déroutante, puisque le récit commence par la fin, et que sont alors déroulés les évènements qui ont mené à cette situation, sappant toute tension dramatique. 

- Plusieurs voix prennent en charge la narration dans des chapitres relativement courts, si bien que la psychologie des personnages semble peu approfondie, survolant seulement les situations. Les points de vue -quelquefois venus d'outretombe- sont comme détachés de la violence des faits évoqués. 

Bilan : Un sujet fort mais un ensemble qui manque malheureusement de puissance pour moi. 

 

Présentation de l'éditeur : Gallimard 

D'autres avis : Babélio

 

Un roman qui fait partie de la première sélection du prix Goncourt, de la première sélection du Fémina, ainsi que du Médicis. 

 

Tropique de la violence, Natacha Appanah, Gallimard, août 2016, 192 p., 17.50 euros

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Des hommes de peu de foi de Nickolas BUTLER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Nelson 13 ans passe ses vacances dans le camp de scout Chippewa dans le nord du Wisconsin aux côtés de son père, un homme peu affable. Nous sommes à l'été 62, les camps scouts sont synonymes de camaraderie, veillées au coin du feu, courses d'orientation dans la forêt. En théorie. Mais Nelson a peu de camarades, il reste exclu et cette année-là des soirées clandestines peu orthodoxes ont lieu... Nelson aura des choix définitifs à faire. 

Nous retrouverons Nelson à trois étapes de sa vie : en 1962, 1996 et 2019, toujours avec en toile de fond ce camp Chippewa, fondateur des valeurs américaines. Ces différentes étapes mettront en valeur les difficultés d'être père, mari, ami,bon patriote dans une Amérique en pleine mutation.  

Si la décence et la générosité sont promues et récompensées : "La récompense est de ne pas avoir à mentir, de n'avoir rien à cacher, de n'avoir honte de rien. Vous n'aurez jamais besoin de présenter des excuses." , suivre une ligne de conduite rectiligne reste difficile. 

"Les héros sont toujours gouvernés par le coeur ; les lâches par le cerveau? Ne l'oublie jamais. Les héros ne calculent pas, ne calibrent pas. Ils font le choix du bien." p. 284

Les années 2000 sont l'occasion d'une description assez pessimiste de l'Amérique actuelle :

"Les mariages ne durent pas, personne n'est innocent et les valeurs scoutes, à l'instar des autres valeurs morales, ne représentent au final que des Tables de la Loi archaïques, dont les mots se fondent dans l'obscurité, effacés par les pluies acides,la pierre retournant au sable qui la réduit en particules minuscules, sable à jamais mouvant sous nos pieds." p. 302

Dans un monde chaotique, comment garder la foi dans les valeurs fondamentales transmises par l'armée, le scoutisme ou l'éducation  ? Tel est sans doute le sens du titre tiré de l'Evangile selon Matthieu : "Jésus lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?" Il est souvent difficile de garder la foi...

Ce que j'ai moins aimé : La dernière partie consacrée à Rachel et notamment ce qu'il lui arrive à elle et Nelson semble un peu abrupt. L'auteur utilise cette expérience pour s'interroger sans doute sur le rapport hommes femmes en adoptant ici le point de vue féminin mais cela tombe malheureusement dans la caricature. C'est dommage ...

Bilan : Un magnifique roman profondément humain qui est prétexte à une myriade de questions essentielles : Qu'est ce qui fait de nous des gens bien ? Une belle personne ? Quel est le prix à payer pour être quelqu'un de bien ? A méditer...

 

Présentation de l'éditeur : Autrement 

Du même auteur Retour à Little Wing ; Rendez-vous à Crawfish creek 

D'autres avis :  SandrineEva Jostein ; Clara

Télérama

 

Des hommes de peu de foi, Nickolas Butler, traduit de l'anglais (EU) par Mireille Vignol, Autrement, août 2016, 535 p., 23 euros

 

Merci à l'éditeur.

 

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